Chapitre 39 : Julie – Distractions

Lorsqu’elle se reprit, Julie avait bien l’intention de faire du palais l’endroit le plus branché de cet univers. Les Vampires ne sortiraient jamais. Le dôme se viderait de ses occupants. Plus jamais un innocent ne souffrirait là-bas. Julie coupa la bulle de sécurité puis lança à voix haute :

- Tous les Vampires au palais ont-ils leur propre console permanente ?

« Non. Rares sont les gens à en avoir une. »

- Je veux que tous les Vampires qui arrivent au palais reçoivent une console. Elle doit leur proposer un accès à tous les films, toutes les musiques, tous les livres, tous les jeux vidéos, dans toutes les langues. Une chaîne cinéma proposera des films selon un programme défini dans des thèmes précis. Idem pour la musique. Les auditeurs seront invités à voter et à créer des listes personnelles, partageables avec les autres.

« Un réseau social interne au palais. »

- Exactement. L’accès ne sera possible que depuis le palais.

« Chris approuve. »

Julie sourit. Elle en tremblait d’excitation.

- Je veux que des sessions de jeux vidéos permettent aux résidents de jouer ensemble ou les uns contre les autres. Une soirée par semaine, disons le mercredi, une session de jeu sera réalisée devant du public, opposant les meilleurs joueurs de la semaine passée sur un jeu tiré au sort à la fin de la session publique précédente.

« Excellent. »

- Je veux des terrains de sport : basket, squash, tennis, stade, football, rugby. Je veux des matchs qui opposent des équipes qui se composeront d’elles-mêmes en fonction, par exemple, de l’origine, des préférences alimentaires ou de la couleur de peau, je m’en fous.

« C’est noté. »

- Je veux également des endroits pour se relaxer : piscine, jacuzzi, hammam, sauna, où on peut recevoir des massages. Je veux une salle de concert. Des Vampires qui aiment la musique, ça doit exister. Une salle d’exposition pour la peinture et la sculpture aussi. Bien sûr, les boutiques doivent proposer les outils spécifiques.

« Nous rajouterons le nécessaire. »

Julie réfléchit à ce qui aurait pu faire briller les yeux d’Elijah.

- Si vous pouvez faire un parc d’attraction à la Dysneyland, avec un max de sensations fortes, même pour un Vampire, ça serait super.

« Ça devrait être possible. Le défi nous intéresse énormément. »

- J’aimerais qu’une fête se tienne au palais une fois par semaine, pourquoi pas le vendredi. Elle devra proposer de la nourriture, des boissons, de la musique et une piste de danse. Le but est que les Vampires puissent se réunir, papoter, s’amuser ensemble. Aucun humain.

Julie grimaça. Les Vampires en manque de divertissement ne viendraient pas juste pour ça. Julie avait bien la solution miracle, la lumière qui attirerait les papillons, mais elle n’était pas évidente du tout à mettre en place. Que la lumière soit. Certes. Mais elle ne détenait pas le pouvoir du « que la lumière fut ».

- Chris se trouve-t-il à la salle du trône ?

- Non, répondit son IA qui avait compris qu’elle s’adressait à elle et pas aux ingénieurs qui devaient être en train de dresser la liste, de mettre en ordre, de répartir les tâches.

- Où est-il ?

- Le roi indique rarement sa localisation.

- Rarement ne veut pas dire jamais. Où est-il ?

- Je ne sais pas, dit l’IA.

- Réponds-moi ça dès le départ la prochaine fois.

- Demande de modification prise en compte.

Julie sourit. Dresser cette IA promettait d’être amusant. Un doute percuta Julia.

- Es-tu consciente d’exister ?

- Je suis une intelligence artificielle faible, répondit la voix métallique.

Julie soupira d’aise. Elle n’aurait vraiment pas aimé discuter avec une forme de vie artificielle.

- Mène-moi à la pouponnière, ordonna Julie.

- Vous n’avez pas l’autorisation d’y entrer.

- Je ne t’ai pas demandé ton avis.

- Demande de modification prise en compte, répéta la voix d’un ton agacé avant de faire apparaître un chemin en réalité augmentée.

Julie suivit la voie tracée pour arriver devant un mur arrondi disparaissant entre les arbres à droite et à gauche. Totalement lisse et ocre, il montait très haut. Julie toqua sur le mur avant d’annoncer :

- J’aurais besoin de parler à Chris.

Elle n’obtint aucune réponse mais n’attendait pas à en avoir une non plus. Elle leva les yeux vers le ciel, observant les branches des arbres remuant dans le vent. Comment détourner les Vampires de leur plaisir malsain ?

Malsain ? C’était leur instinct. Prédateurs, ils avaient besoin de chasser et au palais, le sang était livré en poche. Elle allait devoir mettre le paquet pour qu’ils veuillent venir jusqu’ici.

- Bonjour, Julie.

Elle sursauta. Captivée par le vol d’un papillon, elle n’avait pas entendu le roi s’approcher. Le mur derrière lui était percé d’une ouverture ronde.

- Bonjour, Majesté, répondit-elle poliment. Je vous remercie. Je ne m’attendais pas à ce que vous veniez aussi vite.

- Tu voulais ?

Julie sortit la télécommande de sa bulle de sécurité.

- Inutile, dit Chris. Entre, ça sera plus simple. Les pouponnières sont encore plus sécurisées que ce bidule.

Il s’écarta pour lui proposer de pénétrer l’antre de sa main gauche. Julie avança mécaniquement. La porte redevint mur. Julie frissonna. Même Baptiste n’avait pas le droit d’entrer ici.

- Tu voulais ? redemanda Chris.

Il ne semblait pas agacé le moins du monde qu’elle soit venue le voir.

- J’aimerais mettre en place une fête hebdomadaire au palais. Un truc assez simple : de la nourriture, de la boisson, de la musique, une piste de danse, dans le genre fête de mariage sans le déflorage de la vierge.

Chris acquiesça.

- Pour rendre l’événement attractif, surtout au début, j’ai besoin qu’une raison pousse les Vampires à venir. Une fois qu’ils seront sur place, j’espère que les installations leur donneront envie de rester.

- Tu as besoin d’une impulsion de base, comprit Chris.

Julie acquiesça. Elle se mordilla la lèvre inférieure.

- Je… Accepteriez-vous de participer à cet événement ? D’y être présent ? Que j’annonce que vous y serez ?

Chris la transperça des yeux. Elle osait convoquer le roi, lui ordonner de se trouver à un endroit précis, à un moment précis. Elle n’aurait pas dû, elle le savait. Chris plissa les paupières et se lécha les lèvres.

- Non, dit-il enfin. Tu n’annonceras rien. En revanche, je serai présent à la première occurrence et ensuite, de manière aléatoire, parfois là, parfois pas.

Julie sourit. Il utilisait là une méthode très connue des programmateurs des jeux vidéos : une récompense incertaine augmentait davantage la dopamine qu’un gain sûr.

- Merci, murmura-t-elle.

- De rien. Tu fais de l’excellent travail. Continue.

Le mur se troua de nouveau. Julie comprit le message sous entendu. Elle sortit.

- Vous avez pu entrer ! lui cria son IA dans les oreilles.

- Ta gueule. T’es pas ma pote alors fais pas genre.

- Demande de modification prise en compte, répondit la console d’une voix triste.

- T’es peut-être faible mais tu fais drôlement bien semblant.

L’IA ricana. Julie ronchonna :

- J’ai besoin d’ami, d’accord, mais je ne suis pas en manque à ce point.

La console ne répondit rien.

- Mène-moi jusqu’à Auguste.

- Il est avec les initiés, la prévint la console.

- Ça, c’est un avertissement pertinent. Je te remercie.

- Confirmation prise en compte.

Julie retrouva sans bonheur les huttes destinées au confort des adorateurs des Vampires. Auguste jouait aux échecs contre un homme qui transpirait à grosses gouttes.

- Je les bats tous à plat de couture ! se vanta Auguste dès qu’il vit sa mère.

- Évidemment, répliqua Julie. Ce sont des homo sapiens sapiens. Écoute-moi bien : vendredi prochain, il y aura une fête au palais. Je te conseille de t’y trouver. Compris ?

- Ouais, ouais, lança Auguste en accompagnant ses mots d’un mouvement aérien de sa main droite.

Il déplaça un cavalier avant d’annoncer :

- Échec et mat en trois coups.

- Impossible ! hurla l’autre avant de plisser les yeux.

- Bonjour, dit Cynthia en s’approchant d’elle.

La blonde portait toujours aussi peu de tissu. Julie l’observa s’arrêter à une distance respectable d’elle et poursuivre :

- Je tenais à vous remercier. Grâce à vous, nous sommes désormais nombreux à être appelés au palais et pas pour ouvrir les cuisses ou servir de dentier. Les cuisines sont remplies de commis. Les salons de massage des nôtres. Notre nombre a brutalement augmenté, ravissant nos coordonnateurs sur Terre. Nous peinons à organiser l’arrivée d’autant de gens mais bref. Je ne suis pas venue me plaindre, bien au contraire. Soyez bénie !

Julie s'en tordit d'inconfort. Elle était ravie que des humains n'aient plus à souffrir des Vampires mais les dociles la mettaient mal à l'aise. Elle observa son fils qui venait de commencer une partie avec un nouveau joueur. Julie s'éloigna. Auguste semblait avoir trouvé sa place. Tant mieux. Un poids de moins sur les épaules.

Comment réagirait-il quand ses amis mourraient, les uns après les autres ? Julie tressauta. Elle avait intérêt à faire en sorte de divertir autrement les résidents. Mais comment ?

Les nouvelles installations permettaient de rendre l'endroit agréable. Les compétitions sportives et virtuelles jouaient sur le côté compétiteur des Vampires mais cela restait des activités humaines. Julie allait devoir monter d'un cran pour remplir son objectif.

Les ingénieurs de Baptiste furent rapides. Dès le lendemain matin, son IA annonça à Julie qu’elle allait pouvoir remplir ses armoires de vêtements. Sous son regard ahuri, un double d’elle-même – nue – apparut devant elle au milieu de sa chambre.

- Proposition du tailleur, annonça l’IA et Julie-virtuelle se para d’atours, robes et ensembles qu’elle valida ou rejeta.

Bientôt, toutes les propositions lui faisaient briller les yeux. Chaussures et chaussettes se rajoutèrent.

- Sous-vêtement, demanda Julie en rougissant.

- Aucun ? proposa l’IA.

- Comment te permets-tu ? gronda Julie.

- Je ne fais que répéter la proposition du tailleur, se dédouana l’IA.

Julie secoua la tête en levant les yeux au ciel. Et puis, après tout, pourquoi pas. Ça faisait quoi ? Elle valida et son double virtuel disparut. En revenant ce soir-là, elle trouva des paquets devant sa porte. Tout trier lui prit toute la soirée et chaque matin, elle prit une bonne demi-heure à choisir ses habits, pour son plus grand plaisir.

Chris se présenta comme convenu à la fête. Julie s'y trouva également par politesse – et pour avoir une bonne raison de porter une superbe robe de soirée. Elle félicita les cuisiniers : les mets et les boissons ravissaient les papilles. Les Vampires se déchaînaient sur la scène, chacun voulant se prouver plus virtuose que son voisin dans l'usage d'un violon, d'une guitare ou d'un piano. Sur la piste de danse, les démonstrations de rock ou de valse valaient le détour.

L'entrée de Chris avait d'abord laissé un blanc puis l'activité avait repris et le roi s'était retrouvé sans cesse abordé par quelqu'un, poliment. Julie, depuis sa console, avait pu constater une soudaine utilisation des réseaux téléphoniques vers la Terre et en milieu de soirée, le nombre d'invités avait triplé. Tous venaient voir le roi. Ils en profitaient pour découvrir la nouvelle configuration du palais. La moitié des nouveaux venus restèrent, ravissant Julie.

Auguste n'avait pas fait son apparition. Cela aurait pourtant été une bonne occasion pour lui de discuter avec son père. Tant pis. Julie ne pouvait pas le forcer. Il était grand, maintenant.

Les jours passèrent. Julie profitait de la piscine et des contenus sans fin de sa console personnelle. Les films étaient tous en 3D, lumière projetée directement sur ses yeux, son dans ses oreilles. L'effet immersif était maximal. Ne manquait que le toucher.

- Auguste va finir par mourir, la prévint l'IA en coupant le film.

- Quoi ? De quoi tu me parles ?

- C'est soir de fête.

- Je sais, merci. Je n'aime pas y aller. Cet endroit est pour les Vampires.

- Auguste s'y trouve.

- Il est intouchable, rappela Julie.

- Personne ne le touche.

- Il va se suicider ? s'étrangla Julie.

L'absence de réponse de l'IA la fit bondir hors de son fauteuil confortable. Elle rejoignit la salle des fêtes en courant pour découvrir Auguste avachi sur le comptoir.

Son cerveau occulta totalement la musique et les danseurs, pourtant formidables. Julie se pencha sur son fils. Il respirait mais son haleine puait l'alcool à plein nez. Un verre de whisky se trouvait devant lui. Elle se tourna vers le barman.

- Il en a bu combien ?

- Beaucoup, répondit le barman.

- L'alcool est prohibé à Musawa. Auguste n'en a jamais bu de sa vie. Il ignore qu'on peut mourir en en buvant trop.

- Pas mon problème, répondit le barman. Je ne suis pas son père.

Chris – absent à cette soirée - n'en avait probablement rien à foutre non plus.

- Accepteriez-vous de m'aider à le porter jusqu'à mon lit ?

- Je n'ai pas le droit de le toucher, répliqua le barman.

Julie se souvint d'une réflexion de Chris, alors tournée vers Juliette, comme quoi les Vampires prenaient bien trop les règles au pied de la lettre au lieu de comprendre leur esprit.

- Sil vous plaît ? Il est trop lourd pour moi !

Le barman soupira puis fit le tour du bar. Il empoigna Auguste comme s'il ne pesait rien et le plaça tel un sac à patates sur son dos.

- S'il me vomit dessus...

Le barman ne termina pas sa menace. Il ne pouvait rien faire au jeune homme proche du coma éthylique.

- Merci, lui dit-elle tandis qu'Auguste ronflait dans le lit de sa mère.

Julie n'avait pas vu Auguste depuis près d'un mois. À sa connaissance, il vivait sa vie auprès des initiés et y était heureux.

Elle le veilla durant toute la nuit. À son réveil, il trouva un verre d'eau devant son nez. Il grommela mais en avala le contenu.

- Il y avait un anti-douleur là-dedans ? ronchonna-t-il.

- Non. Le meilleur remède contre la gueule de bois, c'est l'eau, en grande quantité.

Il avala volontiers le deuxième verre tendu.

- Tu viens me faire la morale ? grimaça-t-il.

- J'ai eu peur. L'alcool tue, figure-toi ! Un peu plus, et tu y restais !

- Tant mieux, répondit Auguste. Pourquoi voudrais-je continuer à vivre ? Pour voir mes amis mourir, les uns après les autres ? Pour que mes parents m'ignorent ?

- Tu as vu Chris ?

- Non. Il n'a pas daigné venir me trouver. J'ai essayé de voir Baptiste. Pas moyen d'entrer dans les laboratoires.

Julie ravala son "Je t'avais prévenu" qui n'arrangerait rien. Auguste grommela :

- Tu avais raison. C'est nul ici. Je veux retourner à Musawa.

- Tu ne peux pas, dit Julie.

- Pourquoi ? Fais les yeux doux au roi ! Il t'aime. Il va...

- Il m'aime ? s'exclama Julie. Je ne crois pas, non. Ça m'étonnerait. Il m'a confié une mission et pour l'instant, je piétine mais le roi n'a aucun sentiment pour moi.

- Pourquoi vous m'avez fait alors ? demanda Auguste.

Julie n'avait aucune envie de répondre à cette question.

- Tu dois arrêter de boire, ordonna Julie.

- C'est cool l'alcool. Ça me rend heureux. Ça me permet d'oublier.

- D'oublier quoi ?

- Que mon père me méprise. Que mes amis meurent. Que je me fais chier.

Auguste manquait autant d’occupation que les résidents du palais. Décidément, tout le monde lui demandait de l'animation. Elle se souvint des propos de Cynthia.

- Et si tu gérais les initiés ?

- Comment ça ?

- Cynthia m'a dit qu'ils n'arrivaient plus à gérer le flot rapide de nouveaux arrivants. Y a-t-il des fêtes de temps en temps ? Des rituels ? Des mariages ? Des moments plaisants ?

- Nul n'a envie de programmer des trucs. Ils savent qu'ils risquent d'être morts avant que ça ne se produise.

- Ce qui ne sera pas ton cas. Tu seras leur phare, leur bâton de marche. Tu leur donneras envie de vivre un jour de plus.

- À quoi bon, maman ? Ce que tu fais rend le palais attractif. Les initiés n'ont jamais été autant sollicités. Ils arrivent plus vite mais meurent aussi plus vite.

Julie grimaça. Les Vampires appréciaient en effet les lieux mais passaient une bonne partie de la journée à s'amuser avec les initiés. Le sport, les jeux vidéos, les films, c'était bien mais largement insuffisant.

- Le seul moment où ils ont la paix, ce sont les jeudis et vendredis soir.

"Compétition", pensa Julie. Une idée lui vint à l'esprit, terrible mais qui fonctionnerait merveilleusement. Sauf que Chris risquait de ne pas être d'accord.

- Les initiés ont besoin de quelqu'un qui prenne soin d'eux. Tu es la personne idéale.

- Je ne peux même pas les toucher ! répliqua Auguste. Le moindre contact et ils souffrent... ou meurent.

Julie plissa les paupières.

- En théorie, le poste t'intéresse-t-il ?

- Oui, répondit Auguste. Mais là, tout de suite, je vais dormir.

- Bonne sieste, répondit Julie avant de sortir.

Elle rejoignit la pouponnière où elle indiqua vouloir parler à Chris. Elle patienta en regardant les nuages passer dans le ciel artificiel. Ils avaient l'air tellement réels ! Les ingénieurs de Baptiste étaient vraiment doués. Rien ne laissait supposer la présence d'une nébuleuse rouge de l'autre côté.

Le mur disparut pour céder la place à Malika. Julie se recula d'un pas. Pourquoi la reine venait-elle à sa rencontre ? Elle voulait parler à Chris, pas à sa femme !

- Chris n'est pas disponible, expliqua Malika sans prendre la peine de saluer son interlocutrice. Est-ce urgent ?

Julie fronça les sourcils en réfléchissant.

- Vous êtes la chef de la sécurité ?

Malika acquiesça. Julie réfléchit à toute vitesse. Le roi faisait confiance à sa femme. Si elle acceptait, Julie pourrait considérer que Chris aussi. Julie sortit la télécommande de sa bulle de sécurité et l'activa. Malika ne la contra pas ni ne lui proposa d'entrer dans la pouponnière comme Chris l'avait fait. Julie ne demanda rien ni ne s'insurgea.

- J'ai une idée qui pourrait faire venir des Vampires au palais.

- Tant mieux pour toi, répondit Malika d'un ton las.

- Pour la mettre en place, j'ai besoin de l'assurance que Chris sera d'accord.

- Je ne peux pas parler en son nom.

- Mais vous le connaissez assez pour deviner son avis. Voilà : je voudrais monter un escape game au palais.

- Je ne sais pas ce que c'est, indiqua Malika.

- Un lieu clos dans lequel on entre volontairement mais dont on ne peut ressortir que si on résout des énigmes. J'aimerais que l'escape game soit difficile pour un Vampire, qu'il nécessite qu'il utilise toutes ses compétences physiques et mentales. Je ne peux pas faire ça parce que j'ignore vos limites.

- Qu'un simple humain soit destinataire d'une telle information est dangereux.

- D'où ma question : Chris serait-il d'accord ? De plus, peut-être que les laborantins Vampires aimeraient jouer. S'ils connaissent les défis, cela ne leur sera plus possible. Est-ce que vos filles pourraient être mes assistantes dans la confection des énigmes ? Elles sont tout le temps à me surveiller, de toute façon. Elles doivent s'ennuyer à mourir ! Autant qu'elles fassent quelque chose.

Malika plissa les yeux et transperça Julie du regard.

- Et puis, j'aimerais aussi savoir jusqu'où je peux aller avec le candidat en cas d'échec. Je voudrais que l'escape game soit vraiment difficile, que le Vampire puisse y passer plusieurs jours et que les vainqueurs soient adulés.

- La mort en cas d'échec, annonça Malika.

Julie en frissonna de partout. Tuer un Vampire ? La reine venait-elle vraiment de proposer cela ? Julie n'avait absolument pas prévu d'aller aussi loin !

- Chris ne sera pas d'accord, chuchota Julie, incertaine quant à la véracité de ses propres. Il est le roi du monde et donc, des Vampires. Il n'acceptera pas que je mette en place un jeu qui tue ses sujets !

- Au contraire. Il approuvera. Sophie et Elisa te prêteront main forte. Tu auras une sécurité maximale sur le contenu des épreuves. Tu as le droit d'apprendre des détails concernant les Vampires mais Sophie et Elisa se chargeront de la partie meurtre.

Julie avala difficilement sa salive. Elle avait du mal à y croire. Les lèvres de Malika s’étirèrent. Elle pencha la tête et souffla :

- Excellente, en effet. Je comprends le choix de Chris. Tu vas au bout des choses, c'est bien.

Malika disparut dans la pouponnière redevenue inviolable.

- Bon, on y va ? ronchonna Sophie.

Julie soupira. Travailler avec ces deux-là n'allaient pas être une partie de plaisir mais le résultat promettait d'être merveilleux.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez