Les pensées de Loreleï se tournèrent vers lui. « Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. »
Chris comptait sur elle. Hors de question de laisser tomber. Elle n’était pas « les autres », ces pimbêches prétentieuses et hautaines, infidèles incapables d’obéir. Pour lui, Loreleï comptait bien se surpasser.
Elle passa en revue toutes ses précieuses connaissances, emmagasinées pendant toutes ces années. Loreleï parcourut l’immense encyclopédie que contenait son esprit.
Elle tenta une première approche : priver la plante de lumière. Peut-être celle-ci s’éloignerait-elle une fois dans un environnement peu propice. Loreleï projeta autour d’elle une encre noire de sèche, totalement opaque, jusqu’à perdre totalement de vue l’océan autour d’elle. L’algue ne broncha pas.
« Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. »
Loreleï repartit à l’assaut. Un poison. Loreleï diffusa différents produits chimiques dans l’eau, surtout dans son torse. L’algue ne broncha pas.
« Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. »
Priver la plante d’oxygène. Loreleï projeta un liquide huileux en elle et autour d’elle, repoussant l’eau. L’algue remua, déchiqueta les chairs de Loreleï, s’énerva, griffa mais ne lâcha pas prise. Loreleï laissa l’eau revenir, l’huile s’éloignant au gré des courants de fond. L’algue se calma.
« Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. »
Donner trop d’oxygène à la plante. Loreleï puisa tout l’oxygène présent dans l’eau autour et en elle avant de créer une bulle d’air autour de son cœur. La plante lâcha immédiatement prise pour reculer afin de retrouver son élément liquide.
Loreleï ne se permit pas de prendre le temps de hurler de joie. Elle s’extirpa de l’algue retenant ses bras et ses jambes, la déchiquetant au passage et se moquant de le faire. Enfin libre, elle s’éloigna un peu avant de se tourner. L’algue jaune vif remuait péniblement sans chercher à la rejoindre. Loreleï soupira d’aise.
Partir. Il fallait partir. « Pas sans mes sœurs, pensa Loreleï. Elles sont peut-être hautaines et prétentieuses mais nul ne mérite de vivre un tel enfer. » Elle repéra une statue un peu à sa droite. À peine s’approcha-t-elle que l’alarme retentit. Sa sœur venait de la dénoncer. Loreleï n’attendit pas une seconde : elle bondit vers la surface.
Les sirènes furent très rapides et la poursuite la prouvait perdante. Ils allaient bien plus vite qu’elle ! Mais comment faisaient-ils ? Loreleï peinait et eux filaient.
L’un d’eux planta ses dents dans sa queue. Tel un petit lézard, elle se débarrassa de l’organe touché avant de se transformer pour prendre l’apparence de ses ennemis. Son aérodynamisme en fut largement amélioré.
La course poursuite reprit. Loreleï sentait les remous derrière elle. Ils ne la lâchaient pas. Lequel tomberait à court d’énergie en premier ? Son radar indiqua à Loreleï que certains de ses poursuivants cessaient la nage. Ils étaient encore tellement nombreux et Loreleï perdait son énergie à une vitesse folle.
Ils étaient nourris au sang de Vampire ! Comment vaincre de tels démons ? Loreleï comprit qu’à ce jeu-là, elle perdrait en premier. Seule solution : changer les règles du jeu. Les amener sur un terrain non familier.
Elle toucha enfin au but. Dans un bond prodigieux, elle jaillit hors de l’eau pour atterrir sur une plage de galet. Elle se blottit au sol et imitant le caméléon, prit la couleur de la pierre.
Les Vampires sirènes sortirent la tête de l’eau puis échangèrent sans s’approcher. Ils paraissaient décontenancés mais pas abattus pour autant. Loreleï comprit qu’elle n’avait pas encore gagné. La petite île où elle venait de trouver refuge était cernée de sirènes. Si un humain avait fait le tour de l’îlot pieds, cela ne lui aurait pris que cinq minutes. Pas de plantes. Pas d’animaux. Loreleï ne risquait pas de trouver de quoi se nourrir ici.
Elle préféra rester cachée et immobile. Qui sait, peut-être finiraient-ils par lâcher l’affaire ? Loreleï les surveillait, espérant qu’ils partent pour constater que, au contraire, ils s’approchaient.
L’un d’eux, plus téméraire que les autres, grimpa sur la plage, glissant que les galets. Il trembla un peu puis se redressa et se mit à scruter la plage. Ses camarades le suivirent et bientôt, les galets grouillèrent de sirènes glissantes mal assurées mais aux dents acérées prêtes à frapper.
Une onde virevoltante se répandit soudain. Dans l’air, cela ressemblait à un sifflement strident très désagréable. La femelle Vampire apparut sur la plage, magnifique avec sa peau bleutée, ses yeux indigo et ses longs cheveux blonds. Elle glissait sur les galets tel un basilique, avançant sans difficulté.
Caly scruta la plage, passant sur Loreleï, dans un silence total. Les Vampires s’étaient figés. Leur reine observa encore puis son regard se fixa sur Loreleï. La prêtresse du mal se sut démasquée. Comment ?
- Tout être vivant vit, s’amusa la blonde dont la voix porta dans l’air, un son mélodieux et souple, aérien, dans un anglais à l’accent londonien. Un rocher n’a pas de sang qui coule. Toi, si.
Loreleï retint ses tremblements de terreur. Son adversaire pouvait tout aussi bien bluffer. Pourtant, elle s’approchait doucement, son regard braqué sur elle.
- Serais-tu une lâche ? Montre-toi !
Loreleï lâcha l’affaire. Elle reprit sa forme de naissance, se fichant totalement de sa nudité. La blonde sourit, dévoilant des canines acérées.
- Tu es cernée, ma jolie. Je vais te violer puis te bouffer.
Loreleï avala difficilement sa salive. Et dire que le père s’en faisait pour sa sœur, qu’il craignait que le sine condicione la fasse souffrir le martyre. Vu le nombre de Vampires crées, Caly l’avait perdu depuis longtemps. La femme de Néanderthal se portait bien, trop bien même. Elle contrôlait des milliers de Vampires tueurs. Loreleï frissonna, consciente de se trouver dans une situation délicate. Afin de trouver des forces, elle ne put empêcher ses pensées de se tourner vers…
- Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège, ricana Caly en écho aux pensées de Loreleï. Mais dis-moi, petite fille, où est-il, ce père protecteur ? Hum ? Je vais te le dire : bien au chaud dans son palais. Il ne lèvera pas le petit doigt pour toi. Une de tes sœurs prie sans relâche depuis des années et tu sais quoi ? Chris ne l’entend pas. Où était-il quand nous l’appelions de nos vœux et de nos mots ? Bien à l’abri auprès de sa chère Malika. Où était-il quand Félix s’est introduit dans notre groupe pour mieux le détruire ? Où était-il quand Paul a arraché le cœur de David ? Qu’a-t-il fait ? Rien ! J’ai été obligée de venger Oumou et Kol moi-même tandis qu’il restait caché dans son palais doré.
Loreleï sentit le piège se resserrer. La tenaille prenait forme. Elle chassa la terreur et se força à rester concentrée. Alors que Caly ne se tenait plus qu’à cinq pas devant elle, Loreleï se baissa.
- Je ne suis pas Chris. Ta soumission m’indiffère, précisa Caly.
Ramassée, Loreleï prit son élan et bondit. Elle utilisa une immense quantité d’énergie pour sauter le plus haut possible, se libérant ainsi d’un maximum de poids. Il fallait être léger pour voler.
Ses ailes de peau rouges se déployèrent, sa longue queue battit l’air pour stabiliser sa direction et Loreleï s’échappa telle une fusée. Caly cria avant de la rejoindre, des ailes de plumes blanches scintillant autour d’elle. La vision avait de quoi terrifier : ange aux dents tranchantes et aux yeux d’un bleu cristallin, elle annonçait la mort.
Les sirènes, médusées, étaient restées au sol, observant l’ange cristallin poursuivant la démone rouge et noire. Loreleï ne s’en sentit pas tirée d’affaire pour autant. Caly la pourchassait. Loreleï n’eut de cesse de monter. Son énergie diminua rapidement, allégeant son poids. Derrière, Caly gagnait du terrain. Loreleï monta plus haut, toujours plus haut.
Le soleil se couchait à l’horizon. Le moment était idéal. Loreleï savait cela possible en théorie. Le vivre en pratique la terrifiait. Survivrait-elle à l’atterrissage ? Rien n’était moins sûr.
Loreleï pouvait sentir le souffle de Caly sur le bout de sa queue lorsqu’elle quitta l’atmosphère terrestre pour se retrouver dans l’espace. Loreleï avait calculé sa sortie avec précision. Inutile de continuer à battre des ailes : il n’y avait plus d’air pour la porter. Le cri de Caly cessa d’un coup.
Loreleï se laissa porter dans ce silence terrifiant. Tournant la tête, elle vit Caly s’éloigner, tenter de rattraper son angle de sortie, en vain. Dans l’espace, les règles n’étaient plus les mêmes. Loreleï avait choisi un angle proche de la courbure de la Terre pour que la gravité l’y ramène au plus vite. Caly, qui la poursuivait, n’avait pas pris la peine de s’y attarder. Bien sûr, elle retomberait elle aussi sur la planète bleue mais bien après Loreleï.
Les deux adversaires s’éloignaient l’une de l’autre, leurs regards se dévorant l’une l’autre. Loreleï percuta l’atmosphère en grimaçant. La chute promettait d’être rude. Restait maintenant à y survivre malgré le peu d’énergie restant.
Il fallait ralentir la chute mais pas trop afin de conserver son avance sur Caly et se donner le temps de disparaître. Elle déploya ses ailes fines pour compenser son entrée. Elle atterrit en pleine nuit sur la terre ferme. Son premier réflexe fut de devenir une femme blanche et de rejoindre la ville la plus proche. Changer de sexe lui aurait assuré une bien meilleure couverture mais les auras disparaîtraient et elle tenait à garder cet atout incomparable.
Simple humaine parmi d’autres, ouvrant bien les yeux, elle craignait à chaque instant de voir apparaître la sirène aux dents acérées. Elle se fondit dans la masse grouillante, devenant une simple serveuse dans un fast-food ayant du mal à terminer ses fins de mois.
Loreleï ne croisa aucun Vampire, nulle part. Elle profita de ce moment de répit pour réfléchir. Elle repensa à Chris. Il voulait retrouver Caly pour lui ôter son sine condicione. Vu le nombre de petits que la femme préhistorique avait, nul doute qu’il avait disparu depuis longtemps. Il tenait à s’assurer qu’elle allait bien : de ce point de vue là, aucun souci. Elle était reine de son royaume sous-marin. Il voulait s’excuser. Loreleï tiqua. Si Chris s’aventurait sous l’eau, il perdrait, aussi doué soit-il, et son armée de prêtresses du mal ne lui serait d’aucun secours. Contre ces sirènes se nourrissant de Vampires, elles ne valaient rien.
Loreleï eut soudain très peur pour son père. Il ne pourrait jamais contrer Caly qui gagnait rapidement en puissance. Chris avait immunisé les terriens ? Caly n’en avait cure : elle avait crée ses propres créatures avant de les transformer. Brillant !
Mieux encore ! Au lieu de s’emmerder, comme Malika, à les porter un par un, elle avait opté pour un mode de reproduction plus rapide. Loreleï se rendit dans sa salle de bain, petite pièce sans prétention. Des œufs… C’était une idée à explorer. Et si Chris augmentait largement la rentabilité de Malika ? Et si au lieu de gagner une prêtresse du mal par an, il en obtenait des milliers ! Il lui serait alors plus facile de choisir, de ne garder que les plus dociles, les plus puissantes, au lieu de devoir toutes les conserver faute de mieux.
Loreleï ferma la bonde et mit un peu d’eau chaude dans la baignoire avant d’écarter les cuisses. Des centaines d’œufs apparurent. Créer des gamètes mâles fut plus difficile. Loreleï se retrouva incapable de choisir le sexe des petits. Il y aurait des pertes, sans aucun doute, mais cela n’importait pas. Loreleï ne comptait pas garder les bébés. Elle ne faisait que tester la faisabilité de son idée.
Elle parvint à éjaculer la semence masculine puis reprit sa forme de naissance, heureuse de retrouver sa peau d’ébène. Elle plaça un chauffage dans la salle de bain et attendit. Une semaine après, tous les œufs étaient morts. Loreleï comprit que ça ne serait pas si simple. Caly devait choisir avec soin l’emplacement. L’aspect sirène de ses petits était peut-être voulu : nécessaire pour que ce mode de reproduction fonctionne.
Loreleï réalisa de nombreux tests, charmant son propriétaire pour qu’il lui fiche la paix avec son loyer et lui donne même l’argent nécessaire à payer l’électricité et l’eau.
La température de l’eau, son contenu, la quantité d’œufs, elle testa tout. Elle s’entraîna tellement qu’elle parvint même à ne créer que des spermatozoïdes X, lui offrant la certitude de n’obtenir que des filles.
Sa première réussite fut une fécondation réussie. Les bébés existaient, bougeaient dans leur coquille molle transparente. L’un d’eux brillait comme une étoile. Loreleï fut éperdue d’amour pour cette créature. Elle ne la quitta plus des yeux et lorsque ses sœurs autour d’elle se mirent à mourir, Loreleï prit peur. Elle fut incapable d’endiguer l’inévitable et la vie s’évanouit quelques heures à peine après avoir émergé.
Loreleï ne décoléra pas. Cette vie innocente ! Il devait exister un moyen. Caly y arrivait, pourquoi pas elle ? Loreleï se plongea dans sa mémoire parfaite, tentant de déceler le moindre indice : température de l’eau, courant, contenu, environnement, tout pour y parvenir.
Retourner là-bas serait bien trop risqué. Loreleï ne pouvait se le permettre. Elle passa de longs jours à fouiller ses souvenirs, se lança dans de nouvelles tentatives, hurlant à la mort lorsque les étoiles s’éteignaient.
Elle finit par admettre que sa baignoire n’était probablement pas l’endroit idéal. Elle ne maîtrisait pas assez de paramètres. Elle utilisa des couveuses dont elle améliora elle-même le fonctionnement.
De nombreux essais furent nécessaires. Heureusement, ce mode de reproduction là était rapide et facile. Elle pouvait pondre autant qu’elle voulait, aussi souvent qu’elle le voulait. Naturellement, elle devait beaucoup se nourrir pour compenser mais les humains, nombreux autour d’elle, n’en souffrirent pas.
Loreleï se trouva des techniciens humains pour l’aider à concevoir une machine toujours plus perfectionnée mais resta seule dans les étapes test. Elle envoyait les résultats neutres, dépourvus de sens, à des équipes de chercheurs un peu partout autour du monde.
La destruction de San Francisco par une bombe nucléaire, événement dramatique revendiqué par des terroristes extrémistes, l’agaça prodigieusement. Une des équipes les plus brillantes se trouvait là-bas. Le dernier prototype aussi. Elle fut considérablement ralentie par cette folie destructrice. Mais pourquoi les humains s’auto-annihilaient-ils de cette façon ?
La première fois qu’une étoile survécut une semaine, Loreleï explosa de joie. Sa peine de perdre la fillette n’en fut que plus grande. Chaque décès la plongeait dans des abîmes de douleur. Son âme s’en retrouvait martyrisée.
Le temps de survie augmenta doucement. Un mois. Deux mois. Une saison. Deux saisons. Trois fillettes, fœtus bien visibles à l’intérieur de leurs coquilles transparentes rouges, bougeaient. Deux pieds, deux mains, une tête, un corps, elles étaient parfaites. Leur scintillement ravissait Loreleï qui ne les quittait pas des yeux.
Elles restèrent un an entier dans leur œuf. Les yeux ouverts, elles suivaient Loreleï. Elles réagissaient également aux sons. Loreleï comprit qu’elles survivraient. Ses filles, des prêtresses du bien, l’arme ultime dont Chris rêvait.
Sauf qu’elles n’avaient pas le droit d’exister. Loreleï n’avait pas le droit de se reproduire, sauf avec le père. Celles-là n’étaient pas ses enfants. Si Chris apprenait leur existence, il les tuerait. Et même s’il les acceptait, il les mettrait à la pouponnière et elles finiraient aussi corrompues que les autres. Loreleï ne le supporterait pas.
Elle élèverait ses filles elle-même. Elle leur enseignerait tout. Elle ferait d’elles les parfaites ombres du roi. Chris serait fier. Elle lui apporterait trois gardiennes obéissantes et soumises. Elles ne le décevraient jamais.
Loreleï montra l’exemple. Chaque jour, elle priait à voix haute, répétant matin, midi et soir « L’adoration au père ». Puis, elle récitait des textes scientifiques écrits par Baptiste, ou théologiques. Elle leur montrait des images, des vidéos soigneusement sélectionnées.
Soumaya sortit la première, perçant sa coquille molle d’une simple poussée. Loreleï la sortit du cylindre rempli de liquide et la petite fille prit sa première inspiration. Qu’elle était grande ! Elle marcha deux mois plus tard.
Fary fut la deuxième, Amya la troisième. Ses trois filles à la peau ambrée ressemblaient en tout point à des êtres humains… en dehors de l’absence de nombril, bien entendu. Pourtant, Loreleï le savait : elles n’appartenaient pas à la catégorie des homo sapiens sapiens.
Elles évoluèrent psychologiquement bien plus vite que n’importe quel terrien. Leurs capacités cognitives et motrices s’affinèrent. À trois ans, elles raisonnaient déjà comme des pré-adolescentes. Elles savaient toutes les trois lire et écrire.
Loreleï fuyait les lieux modernes et le monde. N’importe quelle caméra pourrait la trahir, elle, ou ses filles. Or, il était trop tôt pour revenir à la maison. Elle voulait d’abord que ses filles soient dignes du père, qu’il soit fier de l’éducation qu’elle leur aurait fournie.
Les fillettes ne pouvaient cependant pas demeurer loin de tous et de toutes. Elles devaient se confronter au monde, aux gens, aux autres enfants. La théorie ne suffisait pas. Loreleï se déplaçait sans cesse, ses trois jumelles sur les talons. Leur esprit leur permit d’apprendre une dizaine de langues. Elles étaient joyeuses et espiègles, élevées avec amour sous la surveillance d’une mère ultra attentive et présente, pieuse et ferme.