Je n’argumente pas.
Toute ma raison est partie en vacances.
C’est proposé si gentiment, c’est une offre que je ne peux refuser.
Ma bouche retrouve la sienne comme un aimant et ma danse préférée commence. Je n’entends rien mis à part nos souffles. Le bruissement du reste de nos vêtements qui s’enlèvent dans l’empressement. Et pour la première fois de ma vie, je peux dire que je ne me prends pas la tête. Je ne pense pas. J’agis.
Rien de négatif, ne me vient. Le reste de mes vêtements glisse et pourtant je ne frissone pas. Je ne sur-analyse pas la situation et c’est exactement ce qu’il me faut. Le voir aussi pressé que moi me fait sourire largement. Son jean rejoint le sol dans un fracas à cause de sa ceinture.
J’attends patiemment qu’il soit prêt, le dévorant du regard. Comment est-ce que j’ai pu être aussi aveugle et ne pas véritablement le voir avant ? Je ne bouge pas. Parce que je ne sais pas quoi faire. Il revient vers moi avec un emballage brillant entre les doigts. Mais à l’inverse de d’habitude, il ne l’ouvre pas. Il me le tend. Je cligne des yeux, étant certaine d’halluciner et de ne pas bien voir la scène qui se déroule devant mes yeux.
Jamais au grand jamais, je n’ai fait ça.
Il ne dit rien, me laissant le temps pour réfléchir. C’est ce que j’aime avec Owen, je ne suis jamais pressée, ni même poussée. Je peux le faire, ça ne doit pas être si compliquée. Il reprend sa position sous moi et je m’amuse de le voir frissonner alors que je saisis son entrejambe et que je recommence les mouvements de mon poignet. Sa tête part en arrière dans un grand soupir.
Je me sens bien.
Si bien que j’ouvre sans trop trembler le préservatif. Ses mains se posent sur les miennes pour me guider et m’indiquer qu’il faut pousser le réservoir pour en chasser l’air.
Je me concentre sur ma tâche sans me laisser terrifier par la situation alors que je suis complètement nue sur lui. Une fois le travail terminé, j’appuie ma main sur ses abdos et me recule pour admirer mon œuvre. J’ai mis au moins cinq bonnes minutes à lui mettre alors qu’il ne lui aurait fallu que quelques secondes. Il a son foutu sourire en coin qui me donne envie de l’embrasser jusqu’à plus soif. Et je ne résiste pas à la tentation. Je tire sa tête à moi pour l’embrasser. Je sens que je perds une nouvelle fois le contrôle, tout devient flou. Nos mouvements sont brouillons et je pars vers un monde extraordinaire où Owen et moi existons seulement.
- Chevauche-moi, me dit-il avec sa voix rauque.
Et je reviens sur Terre.
Oh.
Est-ce que je n’entendrais pas la voix d’angoisse qui revient ? Mon cœur bat si fort dans ma poitrine que je suis certaine qu’il peut l’entendre. Je n’ai jamais fait l’amour avec Owen en étant au-dessus de lui. Et je suis complètement intimidée par cette éventualité. Mais je sais ce qu’il fait : il me laisse le contrôle.
Et même si je suis terrifiée au possible.
Que j’ai peur de faire une bêtise.
De louper quelque chose.
Je n’ai pas envie de fuir.
Il attend patiemment alors que je sens son membre dur appuyé sur mon ventre.
Je ne sais pas comment faire.
Je suis complètement dépassée par la situation.
- Owen… dis-je alors que je sens tout mon corps trembler tandis que sa main se glisse sur mes reins.
- Oui, trésor ?
- Je…
J’avale difficilement ma salive.
- Je ne sais pas… Comment faire. Est-ce que tu peux me montrer ?
Ses yeux se ferment alors qu’il pousse un long soupir.
- Si tu continues de me parler comme ça, je vais jouir avant d’être en toi.
Sans réfléchir, je balance mes hanches d’avant en arrière pour enlever une partie de la tension qui innonde mon corps. Lui arrachant un grognement plaintif.
Il prend son sexe dans sa main et m’aide à le diriger vers mon intimité. Mon coeur bat la chamade pendant que je descends sur lui centimètre par centimètre. Un cri m’échappe alors que la sensation d’étirement me saisit lorsqu’il est entièrement en moi. Ses mains sont sur mes hanches, me donnant une autre sensation de brûlure. Il gémit lorsque je prends appuie sur lui pour me soulever et me laisse retomber.
- Putain, crie-t-il en plantant ses ongles dans mes hanches.
Mes muscles internes s’accrochent à son érection tandis que je me fige.
- Quoi ? J’ai fait quelque chose de mal ?
Ma respiration est saccadée alors qu’il expire longuement avant de me répondre en s’étouffant à moitié.
- Tu es putain d’étroite comme ça.
- Tu me le dirais si c’était nul, n’est-ce pas ?
- Oh, ce n’est pas nul du tout. Fais-moi penser à autre chose.
Sauf que mon cerveau ne percute pas, je n’entends rien.
- Man-Man, vite. Fais-moi penser à autre chose.
Cette fois-ci, j’entends mais rien de logique ne me vient.
- Tu sais que les carottes respirent ?
Complètement perturbé par mes paroles insensés, il fait tout son possible pour ne pas rire. Je ne m’en formalise pourtant pas. La pression entre mes jambes est insoutenable. Er je sens une goutte de sueur couler dans mon dos alors que je me contrôle pour ne pas bouger tandis que je sens que mes plis s’étirent pour l’accueillir. Son rire me fait bouger de quelques millimètres, nous ramenant rapidement tous les deux sur la corde raide.
- Parle-moi donc de ces fameuses carottes qui respirent, me demande-t-il en conservant sa voix rauque.
J’ai dû mal à me concentrer et me souvenir de cette information que j’ai vu quand j’étais en cinquième.
- Comme toutes les plantes, la carotte absorbe du dioxygène et rejette du dioxyde de carbone donc techniquement elle respire.
- Ok, c’est bon tu peux continuer. Trouve ton plaisir, trésor, murmure-t-il.
Je ferme les yeux et tâtonne pour ne pas me laisser envahir par les questions.
- Owen, montre-moi s’il-te-plaît, j’ai l’impression de faire tout de travers.
Je pense m’arrêter parce que le flux de mes pensées commence doucement à prendre le dessus tout comme mes incertitudes. Mais il réussi à faire tout taire en m’embrassant avant de murmurer contre mes lèvres :
- Arrête de réfléchir, tu es parfaite comme toujours.
Ses mains se posent sur mes hanches, m’encourageant à me soulever avant de retomber si fort que l’on grogne tous les deux. Le désir que je ressens pour lui à cet instant n’a jamais été aussi fort. Je pense que je ne pourrais jamais me remettre de cette expression fièvreuse qui se dessine sur son visage. Je ne cesse de le chevaucher mais ce n’est pas assez, il m’en faut plus.
Et il le sait.
Puisqu’il m’incline dans une position me permettant de décupler mon plaisir en faisant frotter mon clitoris contre son bassin. Et je me rends compte de la châleur de ses mains et du rythme erratique de son coeur.
La pression dans mon ventre augmente.
Des gouttes de sueur continuent d’apparaître sur mon front, je sens mes cheveux me coller sur le visage par l’effort que je fais. Mes mouvements sont de plus en plus brouillons à mesure que je perds le fil. Nos respirations se mêlent alors que l’on se jette sur la bouche de l’autre, avalant un à un nos soupirs. J’ai l’impression que je vais défaillir dans ses bras, ma raison est perdue et je ne pense plus à rien alors que j’augmente la rapidité de mes mouvements.
- Oh, je m’écris alors que je perds mon souffle.
La pression dans mon ventre est à son apogée. Mon sexe se contracte autour de lui. Je m’effondre alors sur lui, cherchant désespérement ma respiration alors qu’il reprend le contrôle. Owen perd toute la retenue qu’il avait me faisant aller et venir encore plus vite et fort sur lui. Ayant pour résultat de me faire perdre la raison au moindre de ces à-coup. Ses mains s’enfoncent dans mes hanches me marquant jusqu’au plus profond de moi. Il met alors un dernier coup de rein en grognant mon nom dans mon cou.
Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça. Moi telle une poupée de chiffon sur lui. Lui me caressant le dos, me donnant des frissons. Ce n’est que lorsque nos respirations s’apaisent qu’il me fait glisser à ses côtés sans pour autant rompre le contact. Il m’emprisonne et me colle contre lui en passant son bras autour de ma taille. Mon coeur bat paisiblement alors que je m’autorise une pause bien méritée dans l’excitation constante de mon cerveau. Owen est mon casque anti-bruit, mon verre à moitié plein. Sa main a trouvé naturellement sa place sur mon ventre, le caressant tendrement comme s’il l’avait fait tout de sa vie.
Je suis sur le point de m’endormir lorsque son souffle chaud près de mon oreille attire mon attention.
- Je ne t’ai pas contredit tout à l’heure mais je n’en pense pas moins.
Interloquée, je me retourne pour lui faire face. Faisant trembler le lit sous mon poids et mes mouvements. Ma tête repose sur son bras et je suis encore une fois happée par la beauté de ses yeux et le désir que j’y lis.
- De quoi est-ce que tu parles ? je chuchote.
- Tu es stupide…
Je fronce les sourcils face à cette insulte gratuite. Et commence à ajouter de la distance entre nos corps, mais la pression qui exerce dans mon dos m’en empêche.
- De ne pas imaginer que je t’aime, dit-il en déposant un léger baiser sur mes lèvres.
Et je pensais que j’étais à bout de souffle lorsque je le chevauchais. Un écho étrange résonne dans ma tête et je ne peux m’empêcher de me demander si j’ai bien entendu. Est-ce que tout ça est réel ? Ma gorge devient sèche et malgré la douceur de ses gestes je n’arrive pas à être complètement apaisée. Je ne réponds pas et je me maudis de mettre retourner parce que je sais qu’il peut voir la tempête qui se dessine dans mes yeux. Comme des spasmes incontrôlables, ma bouche s’ouvre et se referme mécaniquement.
Il ment.
C’est certain.
Je ne peux m’empêcher de penser ça.
Il veut me faire plaisir.
Il ne pense pas ce qu’il vient de dire.
Personne ne peut m’aimer.
Je ne le mérite pas.
Et même s’il m’aime, ce ne serait que passager.
- Tu n’es pas obligé de dire ça, je lui murmure.
- Je sais, j’avais juste envie que tu le saches.
- Ok.
Et je me sens débile parce que je ne réponds rien d’autre qu’un pauvre ok.
Parce que je suis trop terrifée pour assumer que dès que je le vois j’ai des putains de papillons dans mon ventre.
Que sa déclaration a mis bien trop de baume sur mon coeur.
Que j’ai confiance en lui.
Que j’ai envie de m’abandonner à lui et de lui laisser les rennes de mon coeur.
Qu’il est le seul qui m’apaise.
A qui j’ai envie de donner une place définitive dans ma vie.
Putain.
Je l’aime.
La réalisation me frappe. Alors que j’énumère mentalement tous les signes avant-coureurs que je me suis efforcée d’ignorer. Comment j’aurais pu l’éviter ? Alors que c’est Owen. La chaleur qui avait quitté mon corps suite à son aveu, se propage une nouvelle fois dans ma poitrine. Ce n’est pas la proximité de nos corps qui fait battre mon coeur plus fort mais cette réalisation qui éclot au fur et à mesure.
Tout défile devant moi. Je ne suis pas actrice du moment. Mais je vois tout, tous nos souvenirs ensemble, les regards prolongés, les rires, les gestes tendres, les secrets partagés. Mentalement, je me le répète pour être certaine de comprendre la signification de ces mots : “je suis amoureuse”. Je ne suis pas encore prête pour l’assumer, pour dévoiler mon secret. Je lui offre alors la seule chose dont je suis capable.
- Tu sais ce que je n’aime pas ?
Surpris par ma soudaine prise de parole, il sursaute. Je profite du faible instant où sa poigne sur mes hanches se relâche pour le chevaucher, l’obligeant à me regarder dans les yeux. Je ne peux certes pas lui dire tout ce que je ressens mais je veux qu’il voit la sincérité de ce que je me permets d’avouer. Dès que je suis sur lui, je le sens une nouvelle fois dur contre moi.
- Non, dis-moi.
Je me concentre pour me forcer à ne pas faire des vas et viens pour enlever une partie de la tension qui commence à une nouvelle fois à apparaître.
- Je déteste les imprévus.
Il ne dit rien. Mais je sens sa main s’impatienter sur ma peau. A chaque fois, qu’il me touche mon coeur loupe un battement. J’ai l’impression d’être en feu.
Alors que je choisis mes mots avec précaution, sa main s’amuse avec mes seins. Les titillant alors que j’ai dû mal à me concentrer. Ils les englobent, les effleurent.
- Ne pas prévoir ce qui se passe sauf…
Il m’embrasse sous le point sensible de mon oreille alors que j’halète sous ses caresses. Sa bouche descend dans mon cou, aspirant ma peau entre ses dents. Il joue avec mes nerfs, suce et me goûte comme si j’étais la plus délicieuse des sucreries. Me marquant cette fois-ci physiquement.
- Sauf ?
Je ne sais pas comment il fait. Dès que je suis dans ses bras, j’oublie jusqu’à mon prénom. Alors suivre le fil de mes pensées alors qu’il me fait planer au-dessus de mon propre corps, c’est impossible. Ses mains ne restent pas immobiles jouant une nouvelle fois avec mon souffle. Elles remontent le long de mon dos puis passe par devant, suivant la courbe de ma poitrine. Puis, il entoure mon téton mais n’exerce pas assez de pression pour me faire passer de l’autre côté.
- Je sais plus ce que je te disais, tu me perturbes, dis-je en râlant.
Ce n’est pas complètement vrai. J’ai commencé une phrase mais je ne sais pas si mon coeur supportera de la terminer. Ce n’est pas les trois petits mots, mais c’est bien plus que j’ai offert.
Et mes hanches commencent à s’animer par elles-mêmes. Et son rire fait surface. Un rire sournois s’échappe de sa gorge me montrant que ce petit jeu lui fait plaisir et que mes supplications n’y changeront rien. Son souffle chaud danse sur mon cou avant que ses doigts finissent par pincer mes mamelons tendus que je ferme les yeux en gémisant.
- Très bien, dans ce cas j’arrête dit-il en stoppant instantanément la douce torture qu’il m’infligeait.
Mes mains s’envolent vers ses cheveux. Le forçant à me regarder et voir toute la haine que je ressens pour lui à cet instant. Il veut la suite de ma phrase et mon débile de cerveau ne trouve pas un mensonge. Il n’y a rien d’autre que la cinglante vérité.
Il souffle sur les pointes tendues, me faisant capituler.
- Sauf lorsque qu’on est passés d’amis à nous.
Tout le reste est flou à partir de ce moment.
Fossettes.
Sourire.
Draps qui s’enroulent autour de nos corps.
Orgasme.
Je crois que je rêve.
Sommeil.
Paradis.
Mais le réveil après un voyage si proche du paradis est difficile. J’aurais dû m’en douter. J’ai encore la tête dans le cul quand j’entends toquer à la porte. Owen ronfle doucement à mes côtés et je n’ai pas coeur de le réveiller. A l’instar d’un ninja, je me détâche de lui et me déplace dans la maison en faisant attention à ne pas marcher sur les planches bruyantes du parquet.
La panique ne vient pas, je ne veux juste pas parler à mes voisins. Les coups se répétent plus insistants cette fois, me faisant accélérer le pas. Je m’approche de la porte avec précaution, retenant mon souffle. J’approche mon oeil de l’oeillet pour voir l’intrus qui vient de rompre mon havre de paix.
Et la surprise me frappe.
Qu’est-ce qu’il fout ici ?
Trois coups plus fort.
Et j’avoue commencer à trembler de peur.
Il me met mal à l’aise.
Je me tâte à aller chercher Owen, mais je sais que ça ne ferait que le mettre en colère.
- Manon, je dois te parler. Ouvre la porte.
Et depuis quand il a le besoin de me parler ? Ok, voici le plan d’attaque. J’ouvre la porte, je lui dis de partir et je raconte tout ça à Owen. J’applatis mes cheveux en passant mes doigts dedans pour éviter le look je viens de coucher avec Owen et de taper la meilleure des siestes dans ses bras. Je souffle avant de glisser le loquet de sécurité, ouvrant la porte avec précaution.
- Bonjour Monsieur Geiler.
- Tu en as mis du temps, Manon, dit-il sur un ton glacial.
Sa voix est forte, trop forte. A ce rythme, Owen va rappliquer et je ne sais pas lequel des deux va gagner. Owen contre son père. C’est le combat auquel je ne veux pas assister. Il ne m’a jamais parlé de son enfance en détails, je n’ai que des souvenirs. Des cris, les dispustes ressemblant trait pour trait à ce que j’avais dans ma maison. Mais je ne sais pas jusqu’où ça allait. Je sais juste la haine que je vois dans le regard d’Owen lorsqu’on parle de son père. Ce n’est pas un regard remplit de désespoir mais de rage, de violence.
J’ai encore dû mal à affronter mes traumas mais je peux peut-être apaiser un peu les siens. Je me glisse à l’extérieur de la maison et referme la porte derrière moi. Il se recule et je n’aime pas la manière dont il me regarde, son assurance et le fait que je dois lever la tête pour le regarder. Il est grand, beaucoup trop grand et imposant. Je ne l’ai pas vu depuis des années et je pensais que c’était l’image exagérée que j’avais gardé en mémoire.
- Que voulez-vous ? Owen n’est pas…
- Le mensonge ne te va pas. Il est ici au lieu d’être à l’entrainement et de se concentrer sur son avenir. Je suppose que tu peux être fière de toi.
Mais mon traitre de regard se glisse sur la porte derrière moi, confirmant la présence d’Owen.
- Fière de ? Je suis navrée Monsieur mais je n’ai pas spécialement de temps à vous accorder et Owen non plus.
- Mais je ne suis pas ici pour Owen. Cette visite t’ait seulement destinée avec le point bonus d’avoir mon fils à proximité.
J’avale ma salive, je suis complètement gélée.
Figée sur place.
Je n’aime pas son regard rempli d’hostilité, son ton glacial. Il enfonce ses mains dans ses pochhes et me regarde de la tête aux pieds. Il ressemble à Owen, c’est troublant. C’est lui sans la douceur de son regard.
- Et donc tu es fière ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler monsieur. Et avec tout mon respect, je vous demande de quitter ma propriété.
- Ce n’était pas suffisant ? D’avoir gâché ta vie de famille ? Tu as voulu reproduire la même chose chez le voisin ?
- Ce n’est pas vrai, je rétorque mais ma gorge se resserre.
Il se rapproche de moi en faisant un pas en avant, me faisant lever la tête encore plus haut. Je n’aime pas ça. Vraiment.
- Ce n’est pas vrai, vraiment ? Rafraichis-moi la mémoire. Ta mère n’est pas partie de chez toi, pardon a été chassée de chez elle parce que sa propre fille ne supportait pas sa présence et ne faisait que de jouer l’enfant dépressive devant son père ? Elle n’était pas digne de l’amour de sa mère donc elle a voulut reproduire le même chemin avec mon fils. Qui se méfierait d’une enfant ?
- Ne mêlez pas ma famille à votre histoire. Je n’ai rien fait pour influencer Owen et votre famille.
- Ce n’est pas toi qui a planté la graine de la discorde ? Avant de te rencontrer, il aimait le basketball et allait faire sa carrière dans ce sport. Il s’entrainait tous les jours pour devenir un champion et me rendre fier. Tout se passait bien pour mon investissement et moi, mais on a rencontré un petit problème, n’est-ce pas ?
Il me fusille du regard, apparemment c’est moi le petit problème.
- Tu penses vraiment qu’il peut t’aimer alors que tu lui as privé de sa famille ? Alors que même ta mère n’en était pas capable ? Qu’il ne t’en veut pas ? Il ne t’aime pas et ne sera jamais capable de t’aimer parce que tu n’es qu’une fouteuse de merde.
J’avale ma salive et j’encaisse ce qu’il me dit. Je ne pleurais pas devant lui. Après c’est certain mais devant lui je me l’interdis.
- Et que penses-tu qui va arriver lorsqu’il va se rendre compte qu’en plus d’avoir brisé sa famille, tu brises mon rêve ? Il sèche des entrainements, loupe des matchs, ses statistiques sont en baisses. Son attention sur toi détériore ses capacités alors qu’il ne devrait penser qu’au volley. Ce n’est pas parce que j’ai accepté qu’il change de sport que je vais rester les bras croisés alors qu’il fonce tout droit dans le mur. Tu veux savoir pourquoi il réussit aujourd’hui ? Pourquoi il va y arriver ? C’est grâce à moi. Je le pousse et le soutien. Toi, tu n’es qu’un obstacle, une baisse de régime. Tu veux qu’il réussisse, non ?
J’ai envie de vomir suite à sa tirade.
La culpabilité me prend et pèse sur mes épaules.
Et si ce qu’il disait était vrai ?
Je le regarde alors que je lutte pour retenir la première larme.
- Maintenant, tu vas rompre avec mon fils.
- Pardon mais ce n’est pas à vous de décider.
- Tu as raison, ce sera ta décision. Tu l’aimes non ? Tu as déjà brisé le coeur de ton père en le privant de sa femme. Tu as fragilisé celui de mon fils en le privant de son père, est-ce que tu comptes vraiment lui briser en l’empêchant de continuer le sport qu’il aime tant ?
- Il n’arrêtera pas ! Il suivra tous les entraînements, s’entrainera encore plus, j’y veillerais.
Ma réponse semble l’agacer et il rit jaune.
- Est-ce que tu penses que ce sera vraiment suffisant ? Il ne connaît pas ses priorités contrairement à moi. J’ai investi énormément de temps et d’argent pour ce garçon et je refuse de voir mon rêve s’effondrer à cause d’une petite conne. Tu n’es rien, juste une gêne pour ton entourage. Tu n’es qu’une distraction passagère, personne ne peut t’aimer sur le long terme.
Il sait.
Tout le mal qui me ronge.
Owen lui a dit.
Il a partagé mon secret.
Personne n’est au courant mis à part lui.
Mon cerveau passe à la vitesse supérieure pour envisager toutes les possiblités. Et déceler le vrai du faux mais tout semble concorder. Owen doit m’en vouloir à mort, j’ai tout gâché pour lui tout comme pour mon père. Il ne m’aime pas c’est impossible, je ne suis qu’une sale gamine égoiste. Si Owen apprenait que son père est venu me parler, il lui dirait d’aller se faire foutre. Il déteste son père, il n’a pas pu mentir sur ça. Quoi que…
Il n’en parle jamais, c’est peut-être parce qu’il souhaite me mettre à l’écart de sa famille.
Parce que je l’ai brisé.
Avec mon discours débile d’enfant et qu’il faut réaliser ses rêves.
Son rêve, que je risque de gâcher parce qu’il ne s’y consacre pas pleinement.
A cause de moi.
Mon cerveau tourne. Je ne sais pas quoi faire. Qui croire.
- Maintenant, fais pour une fois quelque chose de bien, aboie-t-il.
Je secoue lentement la tête, sans s’avoir pourquoi j'acquiesce, avant de rentrer brusquement à l’intérieur.