Chapitre 40 - Owen

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le quarantième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Elle était bizarre quand je suis parti, après sa semi-déclaration j’ai bêtement cru qu’on avait avancé.

 

J’ai vu la vulnérabilité dans son regard, qu’elle tente de dissimuler dès que les ombres la submergent. J’ai vu qu’elle cherchait ses mots et qu’elle luttait pour ne pas se renfermer. Voulant me donner tout ce qu’elle pouvait, luttant contre son instinct et la peur profondément enracinée en elle. Une brique de sa muraille est partie, tout comme la tension de ses épaules lorsque je lui ai avoué mes sentiments.

 

Mais à notre réveil, tout a changé.

 

Elle était distante.

 

Ne répondait que par des phrases courtes, si ce n’était pas des mono-syllabes. 

 

Je m’en veux. 

 

Je n’aurais pas dû la pousser. 

 

J’ai été impatient, gourmand. Je la voulais entière.

 

Elle ne m’a pas repoussé lorsque je l’ai embrassé sur le pas de porte. Mais j’ai senti sur ses lèvres un goût étrange comme celui d’une fin. Je n’arrête pas de me répéter que j’ai halluciné. Que l’on approche enfin de notre happy end. 

 

Ma copine m’évite. 

 

Enfin ma copine, elle s’étranglerait si je l’appelais comme ça devant des personnes. Mais c’est ce qu’elle est pour moi. 

 

Elle fait semblant d’être occupée mais tout le monde dans l’équipe voit bien que quelque chose se trame. Ce n’est pas dans ses habitudes de louper un entrainement alors plusieurs c’est fortement suspect. C’est vrai, qu’elle doit réviser à l’approche des partiels mais depuis tout ce temps cela ne l’a jamais empêché de venir me voir ou de répondre à mes messages.

 

Je me suis même pointé chez elle, à l’improviste. Mais je suis resté comme un con devant la porte à ne pas savoir la démarche à suivre. Le coach n’étant pas là, la seule personne qui pouvait m’ouvrir était Manon elle-même. 


 

L'entraînement du jour est une horreur. D’habitude, les claquements des balles de volley-ball m’apaisent. Mais mon esprit est ailleurs et je suis complètement désynchronisé avec le rythme de l’équipe.Comme si je pouvais être encore plus nul, ma performance décline. Des passes maladroites, des attaques mal coordonnées, une série de maladresses inhabituelles. Rien ne va. 

 

On siffle une pause et tous les joueurs se dépêchent de rejoindre le banc pour se reposer et s’hydrater. Je l’entends brièvement. Je suis dans une sorte de flou où toutes les actions se font autour de moi en accéléré. Je ne suis tellement pas attentif que je sursaute lorsqu’Elyas bondit à mes côtés en faisant une roulade. 

 

- Daichi, qu’est-ce qui se passe ? me dit-il en faisant abstraction de son souffle court. 

 

Instinctivement, je remets ma casquette de capitaine et me redresse.

 

- Rien, la balle ne doit pas m’aimer aujourd’hui, c’est tout.

 

Elyas n'insiste pas. Mais ça ne l’empêche pas de me fixer et de faire un bref signe de la tête en direction de la personne derrière moi. Et je me prends une vilaine tape dans le dos me faisant presque basculer en avant. 

 

- Bah alors, tu chies de travers Wenou ?

 

Ce surnom.

 

Pourquoi il l’utilise maintenant ?

 

- Je suis pas d’humeur Isaac, lui dis-je avec un ton plus sec que je ne voulais.

 

Lorsque je rentre dans les vestiaires, je balance sans aucune délicatesse la serviette autour de mon cou. Je me laisse tomber sur le banc et prends par réflexe mon téléphone. Et c’est encore pire qu’avant. Parce que j’avais raison. Son SMS me le confirme : “Je suis désolée Owen mais je pense qu’on devrait arrêter de se voir.”

 

Je relis le message. 

 

Chaque mot est un coup de poignard.

 

Les gars entrent à leur tour dans les vestiaires et je fais mon possible pour garder un visage impassible. 

 

Putain. 

 

Elle vient de rompre avec moi.

 

J’avais beau m’y attendre, je n’en suis pas moins dévasté. Et j’ai plus que du mal à me contenir lorsque je croise les regards curieux des gars. Je dois lui parler et comprendre ce qui se passe dans sa tête. Est-ce qu’elle a peur parce qu’elle trouve que l’on va trop vite ?

 

Je serre mon téléphone et compose son numéro. Seul la tonalité me répond. Et je recommence, une, deux, cinq, dix fois. Ce n’est que lorsque les points de suspension me symbolisant que Manon m’écrit un message que je stoppe cette ronde infernale. Le temps est suspendu. Je peux presque voir les hésitations, les mots non dits qui flottent entre nous.

 

“Il faut que tu arrêtes de m’appeler, c’est fini.”

 

Comme si je n’avais pas compris la première fois. Je lui réponds frénétiquement en priant pour que le correcteur automatique fasse bien son travail vu mon impatience. 

 

“Non, ce n’est pas fini.”

“Pas avant que je le décide.”

“Répond et dis-moi ce qui se passe”. 

 

Le temps passe. Je n’arrive pas à la comprendre, à la lire, si je ne la vois pas, si je ne l’entends pas. 

 

“Laisse-moi partir, Owen. Je n’ai pas envie de bloquer ton numéro.”

 

Je ne pensais pas pouvoir souffir d’avantage, mais tous ses messages enfoncent encore plus profondément le couteau dans la plaie. 

 

“Tu ne le feras pas..”

 

“Ne me cherche pas.“

 

“Fais-le et je viendrais chez toi.”

 

“Votre message n’a pas été distriubé à son destinaire.”

 

Mais c’est qu’elle l’a fait ! Je n’arrive pas à y croire. 

Le chemin en direction de sa maison est étrangement vague, je ne fais que me répéter ses messages “Je suis désolée”, je murmure comme si cela pouvait me donner une explication. Lorsque j’aperçois la lumière à la fenêtre de sa chambre, un chox électrique, un froid s’insinue dans mon estomac. Je lis et relis les messages comme si je pouvais effacer les mots en me concentrant suffisamment. Mais la froideur des lettres lumineuses sur l’écran est aussi implacable que la réalité qui me frappe. 

 

Je sors de la voiture bien décidé à avoir les réponses à toutes mes questions. La chance semble me sourire puisqu’elle ouvre la porte pile quand je m’apprête à cogner à plusieurs reprises. Elle est à quelques millimètres de moi et je vois le moment où elle réalise notre proximité suivi instantanément par de la tristesse dans son regard.

 

Mais qu’est-ce qui a pu se passer ? 

 

- Qu’est-ce que tu fais là, Owen ? dit-elle en déglutissant. 

- Je voulais voir ma copine et comprendre pourquoi elle m’évite et vient de rompre avec moi au téléphone.

 

Elle ne me regarde pas dans les yeux et semble hésiter avant de me répondre. 

 

- Je n’ai pas rompu avec toi, on a jamais été ensemble. 

 

Aïe. 

 

Putain, ça fait encore plus mal en face à face.

 

- Ne joue pas sur les mots, Man-Man. Pourquoi tu ne me dis pas ce qui te tracasse ?

- Tout va bien, maintenant pars. 

 

Sauf que je vois le mensonge se dessiner sur son visage. Elle ment. En long, large et en travers. Et le pire c’est son regard alors qu’elle me demande de partir. J’y lis le regret, la tristesse et son état émotionnel ne fait que renforcer mon idée que quelque chose ne va pas et mon agacement. 

 

- Non. 

 

Je dis non comme un enfant qui ne veut pas aller se coucher. Je ne veux pas la laisser même si chaque instant à ses côtés me fait encore plus souffrir. Je ne veux pas renoncer à elle. Je ne veux pas la laisser une seule seconde et la laisser imaginer que je pars définitivement. J’étais, je suis et je serai là. Pour toujours et à jamais et même si elle ne s’en rend pas encore compte. 

 

- Mais pourquoi tout le monde croit pouvoir faire ce qu’il veut ?, baragouine-t-elle. 

- Donne-moi une bonne raison et je pars.

 

Mais je reviendrais. 

 

- Je veux que tu partes. 

- Tu mens, tente encore. 

- C’est la vérité, on ne devrait pas se voir.

 

Je secoue la tête montrant que ça ne suffit pas. 

 

- Devrait ce n’est pas je ne veux pas. 

 

Manon est d’habitude si facile à déchiffrer mais à cet instant je ne trouve rien qui pourrait m’expliquer son comportement et son souhait de m’écarter de sa vie. 

 

- Merde, laisse-moi faire le bon choix, je fais ça pour toi. Je te dis que ce n’est pas bien, ça ne vaut pas le coup. On ne doit plus se voir alors arrête de vouloir me tirer les vers du nez. Je ne changerais pas d’avis. 

- Man-Man, je ne comprends pas… De quoi tu parles ?

 

Elle ferme les yeux si fort que j’ai peur pendant quelques secondes qu’elle va définitivement se mettre à pleurer. Et mon coeur se brisse en mille morceaux. 

 

- Très bien, alors j’utilise mon voeu. Tu ne dois plus m’approcher jusqu’à nouvel ordre. Oublie tout ce que me concerne, je ne veux plus de toi dans ma vie.

 

Une fois qu’elle a terminé son coup de grâce, une minuscule soupir lui échappe. En faisant ça, elle sait que je ne peux pas résister. Je n’ai qu’une seule parole. Et je lui avais promis son putain de voeu après sa victoire au cerceaula, à cet instant je ne pouvais pas me douter qu’elle allait l’utiliser pour me chasser de sa vie. Elle ne me regarde pas dans les yeux, alors que l’agacement monte de mon côté. 

 

- Tu sais quoi, Man-Man ? C’est vraiment lâche d’utiliser ton vœu pour m’éloigner de toi. 


Et mon coeur me fait mal alors que je me retourne en titubant. Plus rien ne fonctionne chez moi. Mon coeur, mon cerveau, tout est resté sur son porche. Je dois jouer au volley-ball ou boire pour anesthésier la douleur. Je ferai peut-être les deux. Mais là, je dois m’éloigner au plus vite de cette maison.

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