Chapitre 39 - Yi

   Nous nous regroupons sur le parking à six heures comme prévu. Paul a une sale tête, il me demande si je veux bien conduire aujourd’hui. David non plus ne semble pas dans son assiette, sans parler de Marina, qui a l’air de ne pas avoir dormi du tout. Sacha évite toujours mon regard et il n’y a que Kari et Diego qui tentent un sourire optimiste. Ils ne le gardent pas longtemps. Le voyage promet d’être joyeux avec cette ambiance.

   Une fois installé en voiture, Paul sort la carte et m’indique une direction générale. Il nous décrit du mieux qu’il peut l’image que lui avait envoyé la Voix : une cabane à côté d’un énorme acacia et le désert à perte de vue. Ce n’est pas très précis comme décor, ça pourrait se trouver n’importe où. Il avait essayé d’y aller en se téléportant, mais il est certain d’être arrivé au mauvais endroit.

   - S’il y a une cabane, ça ne peut pas être si loin de la civilisation. Il doit bien y avoir un village à proximité, aussi petit soit-il, dit-il en étudiant la carte.

   Nous longeons les montagnes et nous enfonçons de plus en plus dans le désert australien. En observant le paysage, une idée me vient.

   - Lorsque la Voix t’envoie une image, c’est une image en 2D ? Comme si tu regardais une photo ?

   - Oui, me répond Paul, un peu étonné par ma question.

   - Donc quand tu dis qu’il y a le désert à perte de vue, il pourrait y avoir le désert devant toi et une montagne derrière, non ?

   - Techniquement, oui.

   - À quoi ressemblait le lieu que tu as trouvé ?

   - Un bâtiment, mais pas le bon, et le désert tout autour de moi.

   - Le bâtiment de l’image, il avait des signes particuliers ?, intervient Sacha depuis le fond de la voiture.

   Paul réfléchit un instant avant de répondre.

   - Ce n’était pas un simple bâtiment au milieu de nulle part. Il était entretenu et utilisé, avec une porte relativement moderne.

   - Et le terrain autour ?

   - De la terre battue. Je vois le bâtiment au premier plan à gauche, l’acacia à droite, au moins quelques mètres plus loin. Et de la terre battue. Mais le terrain n’est pas complètement plat, il y a comme des bosses autour de l’arbre.

   - Des bosses ?

   - C’est tout ce dont je me rappelle. Cette image m’a été envoyée il y a plus de six mois.

   - Si nous cherchons un bâtiment utilisé, reprend Sacha, il doit être accessible. Il faut donc qu’on trouve un village ou une route qui y va.

   - Paul, l’interpelle David, tu as une connexion sur ton téléphone ?

   - Oui, pour quoi faire ?

   - Si on arrive à délimiter une zone sur la carte papier, on peut utiliser les cartes satellites pour voir où il y a un bâtiment qui ressemble à ta description.

   Paul se concentre sur la carte routière et en passe une autre à plus grande échelle à Diego et Kari qui essayent de délimiter un périmètre dans lequel se trouvent encore des bâtiments et des arbres. David se met à la tâche sur le téléphone.

   Dans le rétroviseur, je vois que Marina s’est endormie. À côté d’elle, Sacha garde le nez pointé par la fenêtre. Elle se tourne et croise mon regard, mais se dérobe aussitôt. Elle m’évite toujours comme la peste depuis hier matin. Et je n’ose même pas m’approcher d’elle.

 

 

   Après plus d’une heure de route, Diego annonce qu’ils ont réussi à trouver trois lieux qui pourraient correspondre à l’image de la Voix. L’un d’entre eux se situe à environ trente minutes de notre position actuelle, nous décidons de commencer par là.

   - Il y a trop d’arbres, affirme Paul alors que nous venons de passer un minuscule village qui n’avait pas l’air d’avoir beaucoup d’habitants au compteur.

   Nous avons quitté la route principale et nous avançons maintenant sur un chemin qui semble ne pas avoir été emprunté depuis quelque temps. Téléphone en main, David nous confirme qu’il s’agit de la bonne direction. Le bâtiment que nous finissons par trouver est entouré d’une clôture et la porte date de la même époque que les murs.

   - Il y a beaucoup trop d’arbres, insiste Paul en descendant tout de même de voiture.

   Nous allons jeter un œil et revenons tous bredouille. Le bâtiment est complètement vide et n’a définitivement pas été utilisé depuis plusieurs années. Aucune trace de présence dans le coin. Les traces de notre véhicule et de nos pas sont les seules sur la terre battue. Kari marque le lieu d’une croix rouge sur la carte et nous partons en direction du suivant.

   Presque trois heures de route plus tard, nous quittons de nouveau l’axe principal. Il n’y a aucun panneau au carrefour, mais David m’assure que nous devons tourner par là. Après plus de cinq cent mètres, nous commençons à apercevoir des constructions. David a perdu toute connexion sur le téléphone lorsque nous entrons dans le village complètement abandonné. Il n’y a aucune âme qui vive dans celui-ci, mais pas depuis si longtemps. Nous empruntons l’unique rue qui le traverse. De chaque côté, les maisons sont barricadées, les commerces aussi. L’enseigne de la pharmacie paraît moderne. Ce village a vraiment été abandonné il y a seulement quelques années.

   Une station essence se dévoile sur notre droite, le magasin est fermé, mais les pompes restent accessibles. Paul me fait signe de m’y arrêter.

   - Il n’y a pas de chaînes, fait remarquer David .

   - C’est exactement ce que je me disais, lui répond Paul. Et ça veut sûrement dire que quelqu’un les utilise encore.

   Je m’approche d’une pompe et Paul descend de voiture. Il décroche le pistolet à essence et l’insère dans le réservoir. Le compteur se déclenche. Nos regards se fixent sur les chiffres qui défilent, nous sommes tous persuadés d’avoir trouvé le bon endroit. Qui d’autre que des démons utiliserait les pompes à essence d’un village complètement abandonné ? Ils sont peut-être même responsables de cet abandon…

   Paul remonte en voiture et nous confirme que l’essence est venue tout de suite, ce qui, selon lui, veut dire qu’il y a du passage régulièrement.

   - Gardez les yeux ouverts, nous dit-il avant de me faire signe de continuer sur la même route.

   Tous aux aguets, nous avançons au ralenti en scrutant le paysage à la recherche de quatre murs et d’un acacia. Les arbres se font rares dans le secteur, on doit vraiment être sur la bonne piste. Sachant que nous n’avons aucune idée de ce dont nous nous approchons, nous restons en alerte et gardons le silence.

   Paul met soudain sa main sur mon bras.

   - Stop !

   - Quoi ?

   - Regardez devant, à une centaine de mètres.

   - C’est quoi ce reflet ?, demande Kari.

   - Aucune idée. Mais les formes à côté ressemblent bien à un bâtiment et à un arbre.

   - Est-ce que ça pourrait être une voiture ?, interroge David.

   - Possible. Si nous approchons d’un site qui appartient aux démons, rien ne dit que nous n’en trouverons pas sur place. On ne va pas rester sur la route principale.

   Sur la droite se dressent quelques montagnes et il semble y avoir plus de végétation entre elles et notre destination. Mon regard passe du volant au terrain à droite et Paul approuve d’un signe de tête.

   Je quitte le bitume et pars à travers champs. Kari pousse un cri, et dans le rétroviseur je croise le regard surpris des autres. Marina s’accroche au siège devant elle. David se met à rire. Diego se joint à lui et même Sacha sourit. Mes yeux restent fixés sur elle dans le miroir et Paul attrape brusquement le volant sans que je m’y attende.

   - Yi ! Regarde la route !

   J’ai failli nous faire rentrer dans un énorme rocher qui se tenait là, au milieu de nulle part. J’essaye de me concentrer de nouveau sur ce qui se passe devant moi plutôt qu’au fond de la voiture.

   Nous nous sommes bien rapprochés des montagnes et il y a plus de végétation par ici, et ce qui ressemble à une forêt d’eucalyptus pas très loin. En tout cas, il y a suffisamment d’arbres pour cacher notre arrivée. J’arrête la voiture à l’orée de ce bois, bien trop dense pour y passer un véhicule.

   Avant de quitter le Land Rover, Paul lance les consignes.

   - Prenez vos armes. On part en repérage. David, prends le téléphone pour faire des photos si besoin.

   Alors que nous sortons nos affaires du coffre, Kari reste en retrait. Paul se tourne vers elle avec un air interrogateur.

   - Je n’ai pas d’arme.

   Il semble franchement surpris, comme s’il avait oublié ce détail pourtant essentiel.

   - Tu restes derrière Marina. Et David, derrière moi. À tout moment.

   Nous partons dans le bois. Paul en tête, la carte dans une main, son pistolet dans l’autre, et David sur ses pas. Je suis avec Diego. Marina et Kari sont derrière nous et Sacha ferme la marche.

   Nous mettons un temps fou à avancer entre les arbres. Au moindre bruit, Paul nous stoppe d’un signe de main et scrute les alentours pendant plusieurs secondes interminables. S’il n’y avait que moi, j’aurais simplement couru à travers bois pour aller voir le plus vite possible ce qui se passe de l’autre côté.

   Après une éternité, on finit par apercevoir le bâtiment derrière les derniers arbres. Il n’y a qu’une prairie entre nous et notre destination. Pas de clôture, mais Paul nous arrête de nouveau en distinguant des mouvements près du bâtiment. Je les ai vus aussi. Il y a des gardes sur place. Paul nous fait signe de nous cacher derrière les troncs les plus proches.

   Pas plus d’une cinquantaine de mètres nous sépare des démons. Les éclats que nous avons vus de loin étaient bel et bien les reflets d’un véhicule, et même de plusieurs véhicules. Deux ou trois, garés au bord de la route par laquelle nous devions arriver.  

   Moins de dix gardes. De notre poste, nous en distinguons seulement six, mais il doit y en avoir de l’autre côté du bâtiment. Il s’agit bien de celui que Paul nous a décrit, avec une porte métallique moderne et l’acacia à droite, sous lequel il y a des buttes de terre. Je reste fixé un instant sur ces tas de terre qui me paraissent ne pas appartenir au paysage et qui en même temps ont un aspect familier. À mes côtés, Diego est en train de regarder la même chose.

   - Qu’est-ce qu’ils enterrent à ton avis ?, me chuchote-t-il.

   Il vient de mettre le doigt exactement sur ce à quoi je pensais. On dirait en effet qu’ils ont enterré quelque chose, ou même plusieurs choses, car il y a un certain nombre de tas, peut-être dix ou plus. Je hausse les épaules pour répondre à Diego. Il désigne à David ce que nous observons pour qu’il prenne des photos.

   Les gardes, jusque-là plutôt figés, se mettent soudain à se déplacer vers le bâtiment. Sans se presser, mais plutôt selon une routine bien particulière.

   Bruit de moteur.

   Sur la route, deux Jeeps arrivent et se garent à côté de celles déjà présentes. Huit hommes en sortent et se dirigent eux aussi vers le bâtiment. Les autres se tiennent maintenant les uns derrière les autres devant la porte. Chacun leur tour, ils s’avancent et lèvent un bras pour glisser quelque chose de haut en bas tout près de la porte. Puis ils partent vers les Jeeps. Les nouveaux venus font la même chose et rejoignent ensuite les postes de surveillance de leurs prédécesseurs. Exactement les mêmes positions.

   Il y a huit gardes, nous en sommes sûrs maintenant. Les autres quittent les lieux. Paul regarde sa montre. Nous venons d’assister à la relève.

   Nous restons quelques minutes de plus, mais rien ne se passe. Pas d’entrée ni de sortie du bâtiment, ce qui laisse penser qu’il n’y a personne d’autre que les gardes. Paul nous indique de repartir doucement vers l’intérieur des bois.

   Nous marchons en silence un bon moment, puis lorsque nous sommes à peu près sûrs d’être hors de portée, Marina interroge Paul.

   - À quelle heure est-ce qu’ils ont changé d’équipe ?

   - Onze heures. Avec les conditions météo du moment, ils doivent rester en poste pendant cinq heures, peut-être même plus.

   - Et ils ne sont que huit, ajoute Sacha.

   - C’est déjà beaucoup.

   - Mais c’est faisable.

   - Il va falloir nous séparer.

   - Et les prendre par surprise, ajoute David. Leur job est de monter la garde, ils ne doivent pas nous voir arriver.

   - On pourrait se téléporter, suggère Diego.

   Paul semble réfléchir à cette idée pendant un instant.

   - Ils sont huit, nous sommes sept.

   - Je peux en prendre deux, affirme Sacha d’un ton qui ne nous laisserait jamais penser le contraire.

   - C’est un bon plan, dit Paul avec optimisme. On va mettre ça au point.

   Nous rejoignons la voiture et Paul en sort son carnet et son crayon. Il se met à dessiner un plan rapide des lieux à l’aide des photos prises par David. Kari fouille dans son sac et en sort trois petits flacons.

   - Maintenant, je suis armée.

   Paul nous montre son dessin et nous explique le plan. Nous allons chacun attaquer un garde, sauf Sacha qui en aura deux. Pour son plus grand plaisir vu la tête qu’elle fait. L’idée est que nous nous téléportions près d’eux pour les surprendre et que nous les attaquions avant même qu’ils n'aient le temps de réagir. Certains pourront se téléporter vers un lieu un peu protégé, près de l’arbre, des Jeeps ou du bâtiment, mais les autres devront arriver juste derrière les gardes et agir tout de suite.

   Nous nous répartissons les rôles. Sacha, Marina, Diego et moi attaquerons directement les gardes puisque nos armes peuvent être utilisées à courte portée. Paul arrivera près des Jeeps, d’où il pourra tirer sur l’un d’eux et aussi protéger les arrières de Sacha lorsqu’elle en attaquera un second. Kari se téléportera avec David derrière l’arbre. De là, ils pourront chacun lancer un poison sur les gardes de chaque côté.

   Kari donne à David la poudre aveuglante. Elle garde pour elle celle qui paralyse, que nous n’avons pas testée, et par sécurité elle prend aussi celle qui provoque des grattements. J’ai presque envie de sourire à l’idée de ce qui attend celui qui va se prendre celle-là en pleine face. Il est prévu que Paul lui tire dessus juste après pour qu’il ne puisse pas nous identifier, on ne pourra donc malheureusement pas profiter du spectacle bien longtemps.

   Notre plan tient debout. Une fois les lieux libérés, nous aurons tout le loisir d’examiner les environs et d’aller voir ce qu’il y a de si précieux dans ce bâtiment pour qu’il ait besoin d’une telle protection.

   Nous répétons notre stratégie plusieurs fois pour nous assurer qu’il n’y ait pas de faille et nous travaillons un peu la téléportation sur de toutes petites distances pour ne pas rater notre coup. Tout le monde s’en sort parfaitement bien. Je crois que nous ne formons pas une si mauvaise équipe finalement.

   Après avoir pris le temps de manger - Paul a insisté pour que nous ne partions pas au combat sur un estomac vide -, l’heure de passer à l’attaque approche. Car cette fois-ci, c’est bien nous qui allons les attaquer et pas l’inverse.

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Eryn
Posté le 07/07/2020
Yess !
Bon ça se prépare ce plan d'attaque, j'ai vraiment envie d'aller voir la suite, pour savoir quand ils vont retrouver Alex !!
J'aime bien aussi l'idée de la visite d'un territoire désert, ils sont vraiment paumés au bout du monde !
Schumiorange
Posté le 08/07/2020
En effet, ça se prépare ! Lentement mais sûrement : )

La suite arrive bientôt, je vais essayer d'accélérer un peu le rythme, c'est un petit challenge !
Renarde
Posté le 06/07/2020
Coucou Schumiorange,

Ah, un peu d'action ! Et là, ils passent à l'attaque !

J'avoue que j'ai très envie d'un truc un peu badasse où ils les éclatent propre en ordre, mon amour du shōnen refait surface XD.

Sinon, très bon chapitre, pas grand chose à ajouter. J'ai juste trouvé un peu surprenant l'histoire de la pompe à essence. Ils partent sans payer ? Punaise, c'est mon éducation qui parle là XD
Ce que je veux dire, c'est que généralement, si tu ne peux pas payer à la caisse, tu dois d'abord insérer une carte et composer ton code avant de pouvoir retirer de l'essence (je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire). Je trouve surprenant de pouvoir retirer de l'essence ainsi, mais j'ignore tout du système de pompe à essence en Australie. En Suisse, ça ne serait pas possible. Ou alors, la bizarrerie d'un tel procédé serait soulignée.

Je fais tout un foin pour pas grand chose, mais c'est le seul truc qui m'a fait arrêter ma lecture et relire pour être sûre que j'avais tout saisi. Comme quoi... Le diable est dans les détails ;-)
Schumiorange
Posté le 06/07/2020
Salut Renarde !

Tu m'as bien fait rire avec cette histoire de pompe à essence ! : D
Je t'avoue que je ne sais pas non plus comment fonctionnent les pompes à essence en Australie... Je me suis basée sur mes connaissances dans le domaine en Europe et aux Etats-Unis, et la plupart du temps, quand tu payes à la caisse, tu payes après, et donc s'il n'y a pas de caisse (puisqu'ici le village est déserté), tu pars sans payer.
En Suisse aussi, non ? Enfin, partir sans payer n'est pas recommandé XD mais tu vas bien à la caisse après avoir pris de l'essence ?

J'aime bien ce genre de question, tu peux en faire tout un foin avec grand plaisir !!

Et l'action arrive bientôt ; )
annececile
Posté le 05/07/2020
Le "comite pour la Liberation d'Alex" fait des neuvaines pour qu'ENFIN les chaines tombent et le prisonnier soit libere au plus vite!!! On dirait qu'on y ait presque?

C'est un bon chapitre, c'est bien que tu continues de parler de l'humeur de chacun, dans un groupe, ca se passe comme ca!
Evidemment, tu nous laisses a un moment crucial, donc euh... j'espere que la suite arrive bientot!

Suggestion :
"Diego se joint à lui et leurs rires sont contagieux, même Sacha sourit." > il me semble que tu peux alleger cette phrase en coupant le milieu, qui n'est pas indispensable?

"avant même qu’ils N'aient eu le temps de réagir"

Bon courage pour la suite!
Schumiorange
Posté le 06/07/2020
On y est presque... Mais presque seulement ; )

Merci pour ton commentaire, ça me fait plaisir de te lire à chaque fois !

Et je vais faire les modifs tout de suite, cette phrase a bien besoin d'être allégée en effet...

J'ai bien avancé dans la relecture et j'ai même quelques chapitres d'avance, alors je vais accélérer un peu le rythme de mise en ligne.

A bientôt !
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