Chapitre 40 - N2

   Il s’est passé quelque chose d’étrange hier.

   Assis à même le sol au centre de mon symbole, j’ai ressenti comme des vibrations qui en émanaient. C’est techniquement impossible, je me trouve déjà au sous-sol et il n’y a pas d’étage inférieur. Ça a duré quelques secondes pendant lesquelles aucun autre bruit ou mouvement ne s’est fait entendre ni dans le couloir ni dans ma cellule. Pourtant, il s’est bien passé quelque chose. J’en suis persuadé.

   Sur le moment, j’ai dû me retenir de lever les yeux vers l’écran. Personne à ses côtés depuis des heures. Personne dans le couloir. Ça ne ressemblait pas à une de leurs blagues et je crois qu’ils ne s’en sont pas aperçus. Regarder l’écran n’aurait fait que les alerter.

   Aujourd’hui, je m’assois de nouveau au centre de la pièce et je pose mes paumes à plat sur le sol. Je ne sens que la froideur du béton. Je dois commencer à perdre la tête. Je m’allonge et je commence une série d’abdos. Compter m’évite de penser.

   Une fois tous mes muscles à chaud, je vais poser mes mains sur la surface de la porte. La toucher ne me fait presque plus rien. J’active mon don et j’essaye obstinément de tordre le métal. La force du champ magnétique prend le dessus.

   De rage, je projette mon corps tout entier contre la porte et je me retrouve éjecté au centre de la cellule. Le souffle coupé, ruisselant de sueur, je sens chaque fibre de mon corps se battre contre leur poison. Quelques spasmes m’empêchent de me relever, mais au moins je n’ai pas envie de vomir et je ne perds pas connaissance. C’est un progrès.