Chapitre 4

Par Enoxa
Notes de l’auteur : Hey ! Les chapitres prennent un peu beaucoup de temps à être écrits pour de multiples raisons (flemme, beaucoup de devoirs à rendre et de révisions à faire, etc...). Ajouté à cela le fait que je m'accorde un peu de temps libre à côté aussi, surtout pour éviter de me concentrer que sur cette histoire : je veux vraiment prendre du plaisir en l'écrivant et pas que cela devienne une corvée. Du coup, le tout prend du temps pour sortir '^^. Mais j'ai promis que je posterai un chapitre par mois au moins à une amie, donc je vais tenir mon engagement ! Merci d'être encore là. (Au passage, je vais être honnête, les chapitres sont déjà écrits jusqu'au 12, c'est juste que je veux respecter la politique de Plume d'argent, l'équilibre entre les publications et les commentaires. Ces derniers, je ne veux pas les bâcler ni en poster juste parce qu'il faut, sans rien apporter aux autres auteurs-auteures.) Voilà, voilà ! Bonne lecture !

Les armes à feu, une découverte tombée du ciel, sont un danger certain. Certes, depuis qu'elles ont été trouvées dans d'anciennes ruines, elles ont fait progresser les civilisations humaines. Alors même que nous étions perçus comme étrangers à cette planète, nous avons réussi à nous imposer comme peuple à part entière parmi d'autres possédant des intelligences, des forces supérieures aux nôtres. Avec ces armes à nos côtés, les guerres d'antan nous ont permis d'investir de nouveaux territoires sans partage. Les Nains, les Trolls, les Elfes… Tous les autres habitants de cette planète ont peur de cette puissance destructrice. Les échanges commerciaux se sont fait plus méfiants, la réglementation plus stricte, la peur d'une invasion proche planant dans l'air. Pour éviter que les tensions ne deviennent incontrôlables, la fabrication de ces armes a été interdite et leur possession par des civils proscrite. Seulement, ils n'ont pas banni son utilisation pour les forces de l'ordre. Une erreur selon moi. Une terrible erreur que l'on payera tous un jour ou l'autre.

Extrait de Politique détraquée

de Mila Ondromél

[Version originale]


 

Je me précipite vers la sortie. Ma vue se trouble légèrement ; les bords de mon champ de vision se colorent de rouge. Je serre les dents, poussant le battant. Le vent froid me fouette le visage en guise de bienvenue. Je soupire de soulagement. Je suis dehors ; rien de mieux qu'un peu d'air frais pour se remettre les idées en place. Ma respiration ralentit. Ce n'était rien. Juste une migraine… juste une de ces stupides migraines. Et ma maladresse : j'ai dû marcher sur la photo et la déchirer, voilà tout. Un sourire soulagé se dessine sur mes lèvres. C'est fini pour aujourd'hui. Je vais rentrer, me poser sur le canapé avec une tasse fumante de tisane. La soirée se déroulera dans le calme le plus complet. J'ai rempli mon quota de migraines hallucinatoires pour la journée. Il n'y a rien dans ce café. Oui, c'est fini… Je suis tranquille. Aucun mal ne peut m'arriver. Je me monte juste la cervelle avec des idées farfelues.

Criii !

Je me fige. Mon cœur rate un battement. Je sens mes lèvres trembler, mes jambes faiblir. C'est juste mon imagination. Non ? J'avale difficilement ma salive. Mes yeux dérivent lentement vers la vitrine du café derrière moi.

Deux yeux noirs luisants me fixent.

Un cri m'échappe. La peur envahit mes veines. Je coure. Boum ! Boum ! Je survole les rues. Des mèches folles. Boum ! Boum ! Mon cœur bat violemment contre mes côtes. Je continue de courir. Toujours plus loin. Tac ! Tac ! L'impact de mes chaussures sur les pavés. Le souffle commence à me manquer. Je cours à l'aveuglette. Boum ! Boum ! Le vent me fouette le visage, rougit mes joues. Il faut fuir. Fuir loin de cette chose. Ces yeux noirs. J'accélère la cadence. Ce n'est pas réel. C'est une hallucination. Mais… Dans la moindre parcelle d'ombre qui entre dans mon champ de vision, je les vois. Luisants. Je me mords la joue. Encore. Encore un peu plus loin. Je vous en prie !

Les pavés défilent sous mes yeux à vive allure. Si vite que mon pied rencontre un obstacle. Je trébuche. La douleur. Les pierres m'écorchent la peau ; un filet de sang coule le long de ma jambe. Boum ! Boum ! Mon cœur bat la cadence furieusement. Presque douloureusement. Je serre les dents, haletant de tout mon être. Le souffle me manque. Ma vision est floue et la tête me tourne. J'ai le vertige alors que j'ai presque mon nez enfoui dans le sol. J'amorce un mouvement. Vaine tentative. Je n'ai pas la force de me relever. Alors je reste là, étalée sur les pavés. Une poupée désarticulée. Mon corps se soulève au rythme de ma respiration saccadée. Les secondes s'écoulent. Mon cœur bat toujours aussi fort. Boum ! Boum ! Tambour tonitruant dans la tête. Mes yeux papillonnent. Mon esprit glisse vers le noir. Juste quelques secondes… Non ! Il ne faut pas. Pas ici. Essaye de reprendre un peu la situation en main, Sol'. Je prends de grandes inspirations. L'air emplit mes poumons, en caresse les paroi avant de s'en échapper. Calme-toi. Quelques minutes passent. Peu à peu, la cadence ralentit. Finalement, ma respiration revient à la normale.

Alors une nouvelle sensation lui succède. Mes muscles brûlent. Je sens la douleur se réveiller dans mes membres après ma course folle. Le feu se propage le long de mes veines. Puis, il finit par se concentrer vers mon genou. Le sang continue d'en goutter. Je serre les dents et puise dans mes réserves d'énergie pour m'asseoir. Je contemple alors l'ampleur des dégâts. Ma chute a salement amoché mon pantalon. Un trou béant juste au niveau de mon genou. Le tissu est déjà imbibé de sang. Mes doigts tracent les contours de la coupure. Je grimace légèrement. Ce n'est que superficiel ; rien de très grave. Il faudra cependant couvrir rapidement la blessure pour éviter une infection. Je fouille mes poches et en retire un mouchoir froissé. Délicatement, je tamponne le surplus de sang sur ma peau. Des picotements. Je grimace légèrement. Un mal pour un bien, comme on dit.

Mon regard parcourt alors les alentours. Je suis à la limite du village ; les maisons n'existent plus ici. Les lieux ont été abandonnés à Mère Nature. L'herbe folle ondoie au fil du vent. Quelques fleurs sauvages en fin de vie se dressent en solitaire. Les arbres sont plus imposants, presque effrayants. Ils semblent se réunir en cercle autour de moi. Leur branches tordues et nues sont tendues dans ma direction. Mais c'est toujours mieux que… Je me force à prendre de grandes inspirations. Le café est loin derrière moi. Trop loin pour que quoi que ce soit m'arrive. Des sueurs froides coulent le long de mon dos. Ces yeux noirs… Ils paraissaient si réels… Mes paupières se ferment. Je sens des larmes se former aux coins de mes yeux, mes poings se serrer.

– Rien ne s'est passé là-bas. Absolument rien ! J'ai juste imaginé cette… créature. Oncle Orléo disait toujours que j'avais une imagination fertile.

Mon cœur se calme. Oui, c'est ce qui s'est passé. C'était encore une de mes hallucinations cette masse mouvante sous les meubles. Juste une hallucination. Je souffle un bon coup, évacuant le stress accumulé. Ma vie n'était pas en danger. Ce genre de pensées, il faut que j'arrête d'en avoir. S'inquiéter pour un rien, je laisse ça à Harion. Un sourire se glisse sur mes lèvres en pensant à mon ami. Un peu trop anxieux sur les bords, perfectionniste aussi… peut-être même maniaque en fait. Mais il faut bien reconnaître que… les souvenirs défilent. Il sait comment me rassurer. Comme Aldena. Comme oncle Orléo.

Éclair de lucidité. Je prends mon visage dans mes mains. Le poids des souvenirs sur mes épaules. Oncle Orléo… Ces derniers jours, j'étais tellement obnubilée par la mort d'Aldena que j'en ai oublié l'autre personne la plus importante de ma vie. Je l'ai chassé de mes pensées comme un malpropre. Mon regard se pose sur ma hanche droite. Un revolver. Éverine. Le dernier souvenir que j'ai de mon bienfaiteur. Je sens mes larmes revenir. Il me l'a offert pour que je puisse me protéger. Ce genre d'arme coûte un bras. Alors même que je n'étais encore qu'une inconnue pour lui, il me l'a donnée sans s'en mordre les doigts. Il aurait pu la revendre et avec cet argent s'offrir une vie confortable à la capitale. Mais non.

Comment ai-je pu l'oublier ? Comment ? Alors que je me remémore ses paroles sans m'en rendre compte ? Alors même que son cadeau si précieux est pendu à ma hanche à longueur de journée ? Je suis irrécupérable. Je me mords la lèvre. Que reste-t-il d'un mort si ce n'est le souvenir qu'il laisse derrière lui ? Sans ça… c'est comme si… il n'avait jamais existé. C'est comme si je l'avais tué une deuxième fois. Ce cadeau, je dois... Le souvenir de la mort d'Aldena. Des sanglots se bousculent dans ma gorge. La culpabilité revient à la charge. Si je m'étais forcée… ce soir-là… J'aurais pu tirer. J'aurais pu. Alors pourquoi ? Pourquoi suis-je si… moi ? La peur me désarme si facilement. À quoi bon avoir la « merveille du siècle » à portée de main si je n'ose même pas l'utiliser ? Pardonnez-moi. Pardonnez ma faiblesse d'esprit et de corps.

Cette fois je pleure pour de bon. Je ne retiens rien. Je laisse mes larmes dévaler mes joues. Tous mes remords, mes regrets, mes peines et ma douleur, je les jette à la face de cette nature indifférente. Les sanglots se bousculent dans ma gorge. Ma poitrine tressaute. Le tonnerre gronde au loin. Pardonnez-moi… Les larmes creusent des sillons sur mes joues. Elles coulent sans barrière. Elles lavent ma peau de cette odeur macabre. Je me recroqueville sur moi-même. Mon cœur me fait mal. C'est de ma faute. Ils ont tous les deux disparu par ma faute. Ils sont morts, enterrés. Si je n'avais pas…

Les minutes passent. Peu à peu, le flot tarit. Je retrouve un peu de calme. Mon corps est encore agité par de faibles soubresauts. Je sèche maladroitement mes yeux bouffis. Je me sens… vidée. Plus légère aussi. Mais... Ils ne voudraient pas que je pleure en leur mémoire. Seulement, tout a lâché. Même ces dernières volontés, je ne peux pas les satisfaire. Mais à quoi je m'attendais au juste ? Moi, Solfiana Dorlémon ? Réussir à cocher une case juste pour une fois ? N'espérons plus de miracle. Je renifle un peu.

Soudain, le froid m'envahit. Une nouvelle bourrasque me fouette le visage. Je resserre les pans de ma veste contre mon corps maigre. Ma mâchoire se crispe en sentant ces désagréables picotements sur mes joues. L'hiver ne saurait tarder ; ses flocons laiteux plongeront le paysage en hibernation, reflétant les rayons du Soleil de manière éblouissante. À cette pensée, mon regard dérive vers le ciel. De la barbe à papa grise le cache, parfois ponctuée de taches blanches. Un gribouillis de cendres et de crème. Il ne fait vraiment pas beau aujourd'hui. Comme tous les autres jours en fait. Un soupir m'échappe. Encore une fois. Je ferai mieux de rentrer maintenant, avant que les fermiers ne reviennent.

Lentement, ignorant la vague douleur dans ma jambe, je me traîne sur le chemin du retour. Les rues sont vides. Vide de monde, vide de son. Seule ma respiration hachée brise le silence. Je suis seule. Je marche seule. Mes yeux papillonnent. Je lutte pour les garder ouverts. Les pensées défilent dans mon esprit. Et dire qu'il y a une semaine, j'étais embusquée dans un buisson à attendre que le C.M. se dévoile. Le même silence flottait à ce moment-là. Pourtant, maintenant, je n'ai pas l'impression que c'est le cas. La chasseuse un jour, la proie aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est moi que les regards cherchent. On ne fait plus attention à un petit C.M. en dehors de sa zone. Je n'aurais jamais cru que j'aurais préféré une journée de traque plutôt que de repos. Oui, ce silence oppressant est insupportable. Au moins, pendant ce temps-là, elle était avec moi. Le rire d'Aldena me manque. Il était toujours là pour apporter un peu de chaleur. Seulement… Seulement, il est parti, envolé. Jamais plus je ne l'entendrai. Je secoue ma tête. Arrête de penser à ça.

J'arrive enfin devant mon chez moi. Une demeure à deux étages accompagnée d'un grand jardin, tous deux dans un sale état. Je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au cœur en la voyant. Quand j'étais encore une Trappeuse, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de m'en occuper… J'en paie maintenant le prix : la belle maison n'est plus qu'une ruine manquant de s'effondrer à chaque seconde qui passe. Il y a tant de souvenirs gravés dans sa pierre. Tant de rires qui ont résonné entre ses murs. Je ne la vendrai pour rien au monde. Mon foyer, mon refuge. L'un des rares liens qui me restent du passé.

Je soupire et m'engage dans la minuscule allée menant à la porte. Je passe devant une barrière délabrée, des rosiers ratatinés. L'odeur du bonheur ne sent plus que la cendre aujourd'hui. Si j'en avais encore, j'essuierais une larme au coin de l’œil. Je me claque mentalement. Tu es trop sentimentale aujourd'hui, Sol'. Il faut te montrer forte pour une fois. J'insère mes clés dans la serrure. Un clic rassurant me répond ; la porte s'ouvre en grinçant légèrement. Mon regard fait un rapide état des lieux. Rien n'a changé. Pas le moindre grain de poussière ne s'est déplacé. Mon chez moi comme avant l'accident. Je tends l'oreille. Je ne sais pas ce que j'espère entendre. Peut-être des bruits de pas ? Peut-être un signe que tout ce qui s'est passé n'était qu'un vague cauchemar ?

Craaac !

Je me retourne d'un coup, face à l'allée. Vide. Seules les feuilles mortes la traversent. J'aurai juré avoir entendu quelque chose pourtant… Je lâche un soupir. Encore mon imagination qui me prend de court. Je rentre à l'intérieur de la maison. Quel bonheur d'être de retour chez soi. Tant d'objets familiers, tant de souvenirs heureux… J'inspire un grand coup, m'imprégnant de cette odeur boisée qui règne perpétuellement en ces lieux. Rapidement, mes doigts frigorifiés reprennent vie. C'est comme si à travers ce simple geste, toute la chaleur qui m'a fait défaut ces dernières vingt-quatre heures investissait à nouveau mon corps.

Je me débarrasse mollement de ma veste en la lançant sur le canapé et me dirige vers la cuisine. Un carrelage vieilli brun, des meubles en bois, une cuisinière à gaz et un monte-plat encastré dans un mur. Je laisse mes doigts virevolter sur le mobilier. Je pourrais énumérer le moindre objet de cette pièce. La texture du bois lisse sous mes doigts. Le velouté des rideaux en dentelle. Le bronze brillant des casseroles. Mais je m'égare. D'une étagère, je retire une trousse de premier secours. À peine ouverte, l'odeur de désinfectant agresse mes narines. Je tousse, m'éventant avec une main.

– Comment un objet que l'on utilise quotidiennement peut-il avoir une odeur aussi démoniaque ?

Ce n'est qu'un murmure, mais il me paraît faire l'effet d'un coup de tonnerre dans la maison silencieuse. Je me frotte les yeux. Je sors une bouteille d'alcool, des cotons-tiges et une bande blanche de la trousse. Le tout est posé sur la table à manger. Je me penche alors pour ouvrir une commode sous le lavabo. Une pile de vêtements noirs. Les mites ayant infesté les étages supérieurs, il ne restait plus qu'ici pour entreposer les vêtements de rechange. Je soulève quelques nuages de poussière, parfois même des moutons avant de trouver un pantalon. Un peu usé, mais je n'ai pas vraiment le choix. Je n'ai pas les moyens d'en acheter des neufs.

Retirant celui que je porte, j'expose à nouveau ma blessure. Le plus délicatement possible, je tente de m'en occuper. Je grimace à la sensation de brûlure, mais il faut bien désinfecter. À coup sûr, celle-là laissera une cicatrice. Soigneusement, j'enroule la bande blanche autour, clôturant mon travail avec une épingle à nourrice. Je sens mes veines pulser sous le bandage. Le sale boulot est fait. Maladroitement, j'enfile le nouveau pantalon. Une autre étape difficile : j'essaie de ménager ma jambe blessée. C'était tellement plus facile à deux. Pas besoin de sautiller sur place, essayer de rester en équilibre tout en faisant remonter le tissu. Non, juste un bon moment à la maison entre sœurs. Un vague sourire. Aldena me traitait de tous les noms quand je désinfectais ses plaies. Ces moments me semblent si lointains.

Une fois rhabillée, je retire ma ceinture de l'ancien pantalon pour la remettre à ma taille. Mes doigts effleurent la crosse d'Éverine. Je me fige. Cette sensation… Le métal qui glisse sous les doigts. Je n'ai jamais empoigné ce revolver en dehors des entraînements de tir. Et encore. Quand je l'ai entre mes mains, je tremble. Une telle puissance de feu, capable de mettre fin à une vie en un battement de cils, c'est terrifiant. Je n'en suis pas capable. Je n'ai pas le cran pour tirer. Même si ma vie était en jeu, j'oublierai probablement que j'ai une telle arme à ma hanche. Mon regard effleure les délicates fleurs gravées dans le métal. Malgré l'affect que je lui porte, il serait peut-être temps de la remiser au placard, non ? Le temps semble ralentir. Puis, je secoue la tête. J'y réfléchirai plus tard.

Je soupire, me frottant les yeux. Un bâillement m'échappe. Retournant dans le salon, je m'écroule sur la canapé. Mes muscles protestent face à ce soudain relâchement. Je n'en ai cure. Cette journée a été trop forte en émotions pour moi. Mon regard se fixe sur le plafond de lambris. Que me réserve demain ? Quelque chose de plus calme j'espère. Je sens mes paupières lourdes s'abaisser, mais je lutte encore pour rester éveillée. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour laisser mes pensées vagabonder encore un peu ? Mais mon esprit glisse déjà dans la torpeur. À peine le temps de souffler, que mes yeux se ferment. La nuit m'emporte avec elle.

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