Chapitre 4

Par Zig
Notes de l’auteur : PFIOUUU ! Seconde mouture ! Il y a probablement des fautes, des maladresses et autres petites choses du genre, mais je corrigerai le tout demain ! Je sens que si je ne poste pas très vite je vais à nouveau tout effacer, pas satisfaite du résultat ! J'espère que vous arriverez à digérer ce gros chapitre ! Bonne lecture et n'hésitez pas à me donner vos avis !

La première fois qu'ils abordèrent Fort Malthus – à l'aube du quatrième jour de voyage – les cadets de Cole étaient si épuisés, si nerveux, qu'ils ne ressentirent ni soulagement, ni admiration devant l'architecture surprenante du bâtiment. Aussi laid et dissonant qu'une verrue sur la joue d'une charmante demoiselle, la forteresse déstabilisait par son aspect cubique et la saleté de ses murs, dont l'impressionnante hauteur donnait le vertige. Au sein de la troupe, seul Cole semblait connaître les lieux et ses mécanismes. Il mena ses soldats au pied des fortifications, et émit un long sifflement strident, qui s'éleva dans les airs à plusieurs reprises. Les jeunes gens se regardèrent, finalement intrigués, et Roy finit par demander :

« Il n'y a pas de portes, sergent ?

— Non, il n'y en a pas besoin, l'informa Cole. Je pensais que quelqu'un de votre origine connaîtrait le fonctionnement d'un lieu aussi célèbre.

— Ce n'est pas parce que je suis fils de capitaine que je connais les défenses du pays sur le bout des doigts.

— On entre par monte-charge, se souvint Sinead, rompant le silence qu'il maintenait depuis plusieurs jours. Les points d'entrée représentent autant de faiblesses qu'un ennemi pourrait exploiter en période de siège, du coup le constructeur a innové. »

Plutôt satisfait par la réponse, Cole gratifia son plus jeune soldat d'un sourire bienveillant. Jaloux de cette marque d'attention, Camille ne put s'empêcher d'ajouter.

« Ah oui, je me souviens maintenant ! Emeric Sémille-Kolback en parle dans son traité intitulé : Des lieux de défense et stratégies préservatives de l'Alybie.

— Merci pour l'annexe, sieur bibliothèque, le taquina méchamment Roy. Si on a besoin d'une info inutile, on saura où chercher, maintenant.

— Va falloir grimper là ? s'enquit Ichab, coupant toute possibilité de dispute.

— C'est un élévateur qui va s'en charger, précisa Cole. »

La nuance ne rassura pas le nomade, dont les longs doigts osseux se crispèrent sur les rênes de sa monture. Si Sinead montrait moins son angoisse, il n'était pas plus rassuré que lui : les deux hommes vivaient avec les pieds bien au sol – si on exceptait les excursions à cheval – et la perspective de monter dans une nacelle, à une altitude pareille, leur retournait l'estomac.

Malgré leurs appréhensions, l'aventure aérienne se déroula sans accroche – que se fusse à la montée ou à la descente – et les esprits s'apaisèrent. Au moins pour un temps.

Les jours qui suivirent montrèrent à quel point ce calme était de courte durée. Si les cadets eurent l'occasion de se reposer, cela n'adoucit pas pour autant les caractères, qui demandaient bien peu de choses pour s'enflammer. Cole – trop occupé à essayer d'obtenir des renseignements sur leurs objectifs – laissait souvent ses subalternes seuls, ce qui ne manquait pas de provoquer des disputes plus ou moins conséquentes. Ichab et Roy, plus particulièrement, se mangeaient le nez à longueur de journée. L'aristocrate supportait mal le manque d'éducation du nomade, et ledit nomade se faisait un devoir de provoquer le grand blond, simplement pour justifier une attaque plus physique. Roy finissait toujours par fuir, préférant le verbe au poing ; et Camille s'interposait avant que les choses ne dégénèrent. Sinead, de son côté, observait sans mot dire.

Alors qu'une énième dispute éclatait en plein repas – l'un des rares moments que Cole pouvait partager avec ses soldats – le sergent finit par déclarer, agacé :

« Je ne voulais pas en arriver là mais, cette fois, ça suffit. Puisque vous ne parvenez pas à faire fi de vos différences, on va scinder le groupe. Camille et Roy vous travaillerez sur du repérage à la bibliothèque, tandis que Sinead et Ichab prêteront main forte pour l'inventaire »

Ichab se tourna vers Camille, attendant quelques éclaircissements quant aux termes de vocabulaire qu'il n'avait pas compris. Comme les explications du rouquin n'aidaient pas son condisciple, Sinead se permit de faire la traduction en nomade, ce qui lui attira une remarque cinglante de Camille :

« Pas de mots nomades au sein de l'armée, rappela-t-il.

— Ça l'aide, justifia Sinead. Il ne risque pas de progresser par la volonté des Vents.

— De l’Éthique, rectifia à nouveau Camille. »

Sinead n'ajouta rien et haussa les épaules, s'écrasant comme il le faisait chaque fois. Roy – apparemment peu satisfait que la querelle n'aille pas plus loin – se sentit obligé de relancer la machine :

« Nous serions moins tendus si notre ordre de mission ne tardait pas autant à arriver. Je croyais que c'était pressé ?

— Ça l'est, mais le capitaine Cheshi me refuse une entrevue et je suppose que l'administration doit régler les problèmes habituels.

— Et on ne pouvait pas rester au camp, au lieu de servir de bonniche ici ?

— Ce sont les ordres, Hughes.

— Ils sont stupides.

— Et ce n'est pas votre rôle de les remettre en cause.

— Non, c'est votre rôle, mais vous ne faites rien ! Lorsqu'on m'a appris que je rejoignais la troupe d'un héros de la Ligne Verte, j'étais ravi mais...

— Un héros ? l'interrompit Camille, amusé. Nous n'avons pas étudié les mêmes livres d'histoire...

— Donc, les coupa Sinead, Ichab et moi on file à l'inventaire, et Roy travaille avec Camille à la bibliothèque. On se retrouve ici ce soir ? »

La mine sombre, les dents serrées, Cole mit un certain temps à réagir. De toute évidence Camille avait touché un point sensible.

— Oui, Connor.

— Bon. A ce soir alors. »

Et le Landais se leva, entraînant avec lui son camarade nomade.

***

Après plusieurs heures d'un tri intensif, Ichab laissa échapper un long râle né du fond de son sternum, et qui exprimait clairement ce qu'il pensait de sa corvée. A ses côtés, Sinead travailler soigneusement, pliant le linge avec une application presque ridicule. Il était concentré, faisant disparaître les faux plis, liant les bords pour qu’ils soient parfaits et que rien ne dépasse. Enfin satisfait de son arrangement, il s'intéressa aux états d'âme de camarade.

« Un soucis ? finit par demander le cadet, le nez de ses dossiers.

— Comment tu fais ? T'as l'air de pouvoir compter des heures...

— Je me concentre sur le moment présent, sans regarder ce qu'il reste à faire. »

C'était son truc, à Sinead, de toujours rester focalisé sur l'instant T, répétant des gestes simples et presque mécaniques, sans se poser de questions. Son étrange manière d'être faisait de lui un homme obéissant, discipliné, mais qui s’exécutait avec une telle nonchalance qu'il en devenait insolent.

« J'peux t'poser une question ? 

— Oui.

— Comment tu connais le badawiin ? »

— J'ai appris. »

Quelle surprise, Ichab ne s'en serait pas douté... A ce rythme ils ne risquaient pas d'avancer dans la conversation. Le nomade songea à son cheval qui, enlisé dans les marais quelques jours plus tôt, semblait faire du surplace. De la même manière, Sinead parvenait à engluer toute forme d'échange, au point de les rendre lourds et fatigants. Comme Ichab ne ressentait pas la profonde envie de se rapprocher de Roy ou de Camille, il s'obligea à relancer.

« Mais où ? C'est une langue interdite et on a massacré les almàlmun. T'es noble, en plus. Je pense pas qu'on vous fasse des cours sur les « parlés barbares ».

— Ma famille est issue d'une noblesse paysanne, on est plus isolés. Et mon père m'a appris.

— Il parlait nomade ?

— Oui. Il a longtemps travaillé dans le sud du Shaoui, auprès des Kinuu.

— Je suis Kinuu ! S'enthousiasma l'homme du désert.

— Je sais. »

Un peu déçu de ne pas créer la surprise, peu habitué à être si facilement répertorié – les habitants du Nord s'intéressant trop peu aux nomades pour mémoriser les différentes tribus – Ichab fit la moue, avant de demander :

« Comment tu le sais ?

— Les tatouages, répondit Sinead en indiquant les lobes. Vous êtes les seuls à tatouer, et non percer. »

Ichab toucha, un peu par réflexe, la zone molle au bas de ses oreilles. Ses doigts parcoururent distraitement les lignes d’encre qui labouraient la chair. Il les connaissait par cœur, chaque courbe, chaque point. Il ne possédait rien de plus précieux.

« adàt shr' sanawa...

— Le don des dix ans, traduisit Sinead.

— Le rituel de passage à l'âge adulte, confirma Ichab. Afqua, sura, ikhmà.

— Force, rapidité, sagesse. L'épreuve du corps, l'épreuve du sang, et l'épreuve du fer. Tu as réussi les trois ?

— Évidemment, j'étais le meilleur.

— Et humble avec ça... »

La remarque s'approchait tant de la taquinerie qu'Ichab en resta muet de stupeur, donnant un petit coup de coude complice à son partenaire.

« Mais c'est qu'on deviendrait moins timide.

— Je ne suis pas "timide", je n'aime pas les conflits, c'est tout.

— Je me demande ce que tu fous dans l'armée, souligna Ichab. »

Il comprit – mais trop tard – qu'il s'aventurait vers une zone interdite, un peu douloureuse pour Sinead. Son partenaire se referma comme les mandibules d'un bousier, et le Landais se retrancha derrière l'air mou qui le quittait rarement. Sujet sensible. Ichab se promit de ne plus le ramener sur le tapis.

« C'est ton père, qui t'a parlé des altqahi'd ?

— Je les ai lues dans ses livres, ceux qu'il a écrit.

— C'était un... euh... alkriya ?

— Intellectuel ? Non, juste un excentrique, je suppose. Il se passionnait pour beaucoup de choses, sauf pour sa famille, et ses terres. Je ne serais pas surpris de découvrir qu'on a une fratrie dans le désert. »

La voix de Sinead ne se chargeait ni de reproche ni d'aigreur. Comme souvent il exposait ses conclusions sur l'air du constat, avec l'effacement et la mollesse de ceux qui se fichent de tout, en permanence.

« Tu parles au passé ? C'est parce qu...

— … parce qu'il est mort, trancha le cadet sans la moindre émotion. Au début du conflit contre Kern, le roi a envoyé mon père pour... je ne sais même pas vraiment pourquoi, c'est flou. Quoiqu'il en soit il est parti entier, et seule sa tête nous est revenu. »

Ichab se souvint d'une discussion entre Roy et Camille. Durant la chevauchée qui les menait jusqu'au fort, les deux cavaliers avaient évoqué la filiation entre Sinead et un homme – plutôt célèbre, d'après la manière dont ils en parlaient – qui avait perdu la vie à la frontière, peu avant la bataille de la Ligne Verte. Peu intéressé par les ragots, Ichab n'avait prêté qu'une oreille distraite, sans faire le lien.

« Moi aussi j'ai perdu mon père, avoua-t-il.

— Comme le quart du pays.»

Soudain on ouvrit la porte, interrompant leur dialogue. Un homme de la garnison passa la tête par l'huis, claironnant avec une bonne humeur décalée :

« C'est l'heure de la pause, les petits gars ! Donnez-moi vos fiches, on s'y remet dans dix minutes ! ».

Sinead récupéra le feuillet d'Ichab – constatant au passage qu'il n'avait rien écrit – et confia les deux relevés au membre du fort. Les rapports en main, l'individu s'éloigna rapidement, faisant disparaître son énorme visage moustachu.

Les muscles tendus – à force de rester debout, dans un espace trop petit pour lui – Ichab se laissa tomber au pied d'un mur, en plein milieu des sacs de draps. Contre toute attente – vu son amour de l'espace interpersonnel – Sinead s'installa à ses côtés, les genoux contre sa poitrine, les bras entourant ses jambes. Il semblait fragile, recroquevillé de la sorte. La lumière blafarde éclairait son teint pâle et la noirceur de sa chevelure, faisant ressortir une jeunesse qu'Ichab avait tendance à oublier. Sinead paraissait si mature qu'on en négligeait son âge. A tout juste 21 ans, il était – et de loin – le benjamin du groupe.

Songeur, pris d'un sentiment fraternel qu'il ne repoussait pas, Ichab fouilla la poche de son pantalon, sortant un petit étui sans beauté. L'objet contenait d'épaisses feuilles duveteuses, d'un vert tendre et clair, dont Ichab s'empara avant de les mâchonner. Il en tendit deux à son camarade.

« Qu’est-ce que c’est ? demanda Sinead avec méfiance.

Laa Ta’ab. L’herbe qui maintient l’esprit en éveil.

— Non merci. »

Le nomade haussa les épaules, puis cala les malheureuses délaissées entre ses dents, auprès de leurs consœurs. A nouveau silencieux, Sinead s’adossa au mur et ferma les yeux. Son visage – généralement lisse et impassible – laissa fugacement entrevoir quelque chose de vaguement douloureux, la projection de pensées qui tournaient vite, et martelaient les murs de son crâne.

« Tu sais... On va être ensemble un moment. Si t'as besoin de parler...

— Ça va, je suis juste fatigué. »

Puis, après un très court laps de temps, Sinead ajouta :

« Et j'ai le mal du pays. »

Ce début de complicité – qu'il sentait naître avec Ichab – lui avait rappelé la douceur de sa maison. Le jeune soldat aurait tout donné pour être chez lui, dans les landes du Pô. A cette période de l'année, près du domaine familial, on débutait les récoltes. La tâche serait difficile – comme chaque fois – car les vents violents harcèleraient les hommes, menaçant les plantations pourtant solides. Juste après, une fois le grain stocké, on rentrerait préparer les conserves, en prévision de l'hiver ; et les parents serreraient fort leurs enfants, priant pour qu'ils ne meurent pas. Viendrait ensuite la neige, toute puissante et cruelle, qui couvrirait de blanc les plaines désertées.

Il voyait les pas de Cham sur le manteau vierge, et entendait les rires de Calach entre les murs froids.

Il se remémorait le visage mort de Sioban, et son tout petit corps dans le trou givré.

« Mon désert me manque aussi, murmura Ichab, rompant la chaîne du souvenir. Je ne l'ai pas vu depuis dix ans, et je ne sais pas si j'y retournerai un jour.

— On le traversera peut-être ?

— Le traverser et le vivre, c'est pas pareil. »

Le concept se révélait trop obscur pour Sinead mais il hocha tout de même la tête, par politesse, ou pour prouver qu'il s'intéressait aux autres, parfois.

« On se sent pas à l'aise dans ce groupe, hein ? On nous dit que, dans l'armée, faut jamais être seul, toujours s'entourer, wakhrun'. Je sais pas qui est le con qui a bavé ça, mais le type devait pas connaître Camille et Roy.

— Camille n'est pas ton ami ? l'interrogea Sinead, laissant presque éclore un sourire.

— On s'est collé le train parce qu'on n'avait pas le choix et parce que, entre marginaux, c'était le plus logique. Mais franchement on n'est pas du même monde, tous les deux. »

En effet... difficile d'imaginer l'érudit Camille partageant une chambre avec l'impulsif nomade. C'était explosif, au camp.

« Toi et moi par contre, poursuivit Ichab, on est un peu pareil finalement : pas d'ici. Notre monde s’est toujours réduit à une maison, une poignée de personnes et quelques terres autour. Puis tout s’est agrandi, trop vite. On n'est pas faits pour vivre comme ça, dans leurs règles et leurs magouilles. Ils seront toujours ce que je ne peux pas devenir.

— Le sergent s’y est bien fait, lui, fit remarquer Sinead.

— Cole est dans l’armée depuis qu’il sait marcher : c’est un ennemi. Il a cessé de suivre l'adwi el' tariq pour devenir un say'ha

— Tu es un peu dur... »

Ichab s’étira de toute sa longueur, à la manière d’un félin, puis frotta sa chevelure sombre, encore trop courte pour se rebeller. Il n’était pas vraiment beau mais son charisme attirait l’œil. Il se tenait toujours très droit, fier et perché au bout de ses interminables jambes, sûr de ses idées, confiant en son franc-parler, libre, malicieux et décalé. Pour rien au monde le nomade n’aurait avoué ses défauts, ses doutes et ses peurs. Peut-être était-ce ce qui faisait sa force.

« Je suis juste, finit par trancher le jeune homme. Cole s'est perdu et je n'ai pas envie de suivre un égaré. Il a échoué là où je réussirai.

— A retourner dans le désert ?

— A savoir qui je suis, et où je vais. »

Sinead le fixait bizarrement, maintenant, avec un petit quelque chose dans le regard qui touchait à l'amusement.

« Je constate que ton niveau de langue s'est amélioré très rapidement, s'amusa-t-il. C'est mon contact qui te révèle ? »

Ichab éclata de rire, un rire qui roula avec la force du tonnerre, et la fraîcheur d'une matinée d'automne.

« Je vais t'avouer un secret : ça fait longtemps que je maîtrise la langue, j'aime juste emmerder Camille.

— C'est toi que ça contraint le plus.

— Ouais, mais ça vaut le coup.

Ce type de facétie montrait tout ce qu'Ichab pouvait faire, par simple esprit de contradiction. Cependant, si le nomade jouait parfaitement les idiots, Sinead avait tout de même noté un détail qu'il ne manqua pas d'exposer :

— Tu ne sais pas écrire, n'est-ce pas ? Ni lire, je suppose.

— Non. Et je défie ce pays, de m'y forcer. »

***

Si la bibliothèque de Fort Malthus n'était ni grande ni bien dotée, elle avait l'avantage d'être isolée et calme – chose rare dans un bastion militaire aussi peuplé. Les soldats – dont la plupart ne savaient pas lire – s'y rendaient rarement hormis, peut-être, pour une petite sieste discrète sur un coin de table. Finalement, les seuls lecteurs sérieux étaient les gradés qui, en quête d'informations pour les campagnes ou la gestion, se déplaçaient jusqu'ici pour farfouiller dans les archives. Étant donné le faible nombre d'ouvrages présents sur les étagères, Camille et Roy se demandaient ce que Cole attendait d'eux.

« Je ne sais même pas ce que nous cherchons, déclara soudain Camille en laissant tomber quelques feuillets. Du repérage certes, mais sur quoi ? On ne sait même pas où on va.

— Cole voulait m'éloigner d'Ichab, lui répondit Roy en souriant. 

— En même temps il a ses raisons, vous pourriez faire des efforts tous les deux.

— Nous pourrions, mais ça ne serait pas drôle. »

Camille fronça les sourcils, donnant naissance à de petites ridules au dessus du nez. Il ne comprenait pas. En quoi leurs incessantes disputes étaient-elles « drôles » ? Ça n'avait rien d'amusant, pas de son point de vue en tout cas.

« Ce n'est pas un jeu. Nous avons besoin de gagner en cohérence, pas de nous disperser dans des conflits sans intérêt. Moi non plus je n'aime pas beaucoup Ichab, et Sinead encore moins, mais nous n'avons pas d'autre choix que de marcher ensemble. Au moins pour le moment.

— Oh mais détrompe-toi, j'aime bien Ichab. Je le trouve... divertissant ».

Et pour cause ! Le nomade n'avait pas la langue dans sa poche, et Roy devinait chez lui un potentiel énorme, probablement bien supérieur à ce dont était capable le sergent Cole. Une fois domestiqué, le nomade ne manquerait pas d'attirer l'attention de la capitale : un soldat comme lui pouvait se montrer précieux pour calmer les révoltés du désert. Devenir son ami serait utile.

« Divertissant ? Ce n'est pas un animal de compagnie...

— Je le sais. Pour qui me prends-tu ?

— Un privilégié racialiste ? proposa Camille sans hésitation. »

La surprise qui se peignit sur les traits de Roy n'était pas feinte, ce qui prit le rouquin au dépourvu. Ce dernier prit le temps de détailler le visage – agréable et harmonieux – de son partenaire, avant de poser une seconde question :

— Je me trompe ?

— Oui. Je ne prétends pas être quelqu'un de bien, ni posséder la meilleure morale de toute l'armée, mais je n'ai jamais vu les nomades comme des inférieurs.

— Alors pourquoi tu cherches Ichab ? En permanence ? Tu l'as même traité de « sauvage » !

— Je voulais voir comment Cole réagirait. »

Et ce qu'il avait vu confirmait ses soupçons : leur « chef » manquait de relief et d'autorité. Il laissait tout passer, faisant mine d'observer mais sans paraître tirer la moindre leçon de ces observations. Quelque chose clochait dans l'attitude de leur supérieur, quelque chose qui ne collait pas avec ce qu'il avait entendu dire à propos du sergent.

Quelque chose qui soulevait de nombreuses questions.

« Notre groupe ne fonctionne pas, reprit Roy. Et Cole ne fait rien pour améliorer les choses.

— Tu n'aides pas non plus, je te ferai remarquer.

— Parce que ce n'est pas à moi de le faire avancer. Si je ne peux pas avoir confiance en mon meneur alors comment vais-je faire quand je serais en danger ? J'ai déjà assez servi pour savoir ce qui arrive à ceux qui ne prennent pas leurs précautions.

— Ils meurent ?

— Pire : ils ne montent jamais en grade ».

De toute évidence les deux hommes ne partageaient pas le même sens des priorités. Camille avait rapidement compris que Roy était un ambitieux, mais au point de préférer le succès à sa vie... ça lui semblait déraisonnable.

« C'est une manière de voir les choses...

— C'est une vision de soldat, et de fils de soldat. Ce que tu n'es pas, n'est-ce pas ? »

Camille pouvait difficilement démentir : Roy avait raison. Né à Olia – la capitale – dans une famille de pêcheurs, Camille n'était entré de l'armée que par pur calcul. Sorti major de l'Ecole supérieure d'Olia, le citadin voyait s'ouvrir devant lui la voie, royale, qui menait aux entreprises et aux bibliothèques. Mais ça ne lui plaisait pas. Il voulait plus, désirait plus, un avenir que l'érudition ne pouvait lui offrir. La noblesse, la richesse, le pouvoir politique, toutes ces choses réservées aux aristocrates. Or il n'existait que deux façons d'accéder au vrai pouvoir : être né dans une bonne famille, et se distinguer dans l'armée, au point d'être anobli par le roi. C'est ce que Camille expliqua à son camarade, exposant les tours et détours de sa pensée, sans la moindre pudeur.

« Tu es un idiot, conclut Roy après avoir soigneusement écouté.

— Pardon ?

— Tu es un idiot, répéta l'aristocrate. Tu as déjà 24 ans révolu et tu es toujours cadet, tu penses vraiment réussir ? A cet âge-là j'étais déjà sur le front depuis sept ans, et Cole sergent. Tu es un pêcheur, Camille... intelligent, je le reconnais volontiers, mais un simple pêcheur. Et certainement pas un bon soldat.

— Je suis un linguiste, et un historien, se défendit le malheureux. Je parle bien, je connais l'étiquette, les règles de bienséances, les lois de nombreux pays... C'est utile, surtout dans un groupe d'éclaireur. J'ai ma chance !

— Une chance ? L'armée n'est pas la promesse d'une montée en grade rapide, elle est tout l'inverse. Tu es faible, et tu vas finir six pieds sous terre, ce n'est pas une chance c'est un requiem. Si tu veux mon avis tu ferais mieux de rentrer à Port Olia pour continuer tes études, ou reprendre le métier de ton père. Les pêcheurs vivent dans le sang de leur pêche, seras-tu capable de troquer ce sang contre celui d'un homme ? Parce qu'un soldat tue : ce n'est pas beau ni glorieux. Puis un soldat meurt. Il n'y a que les nobles pour crever dans la gloire et remplir les yeux de la patrie par des larmes. Les autres finissent dans une fosse commune. Tu m'as dit, juste un tout petit peu avant, que la mort te semblait être la pire chose dans l'armée. Tu n'as rien compris.»

Roy cessa de parler : il observait la réaction de son camarade. Perdu dans ses pensées, Camille feuilletait nerveusement les pages d'un vieux journal de guerre. A l'extérieur, on entendait le chant mélodieux des oiseaux, une sonate qui agaçait Camille au point qu'il les fit fuir en frappant sur les lourds volets de bois.

« Je ne suis pas un lâche, se défendit l'érudit avec fierté. Enfin... si. Si j'ai peur et, oui, la mort m'effraie, mais j'ai des rêves. Je ne veux pas être pêcheur, je ne veux pas passer ma vie le nez dans les livres, je veux avoir un rôle à jouer et une place pour moi, rien que pour moi. Pense ce que tu veux mais je te montrerai que je suis capable de me porter à ta hauteur.

— Commence par perdre du poids, se moqua Roy, sans pitié. Et songe à prendre quelques centimètres »

La pique déstabilisa Camille, au point d'en colorer ses joues et de noircir son regard. Roy pouvait bien se moquer, il lui montrerait...

— Parfois je me demande où va notre pays, poursuivit l'aristocrate. Il n'y a pas si longtemps les nomades étaient encore de vrais nomades, et les pêcheurs restaient des pêcheurs... Maintenant les fils de marins vont à l'école et pensent pouvoir rivaliser avec la noblesse. Les boutiques de « papa » et de « maman » ne sont plus assez bien pour eux et ils visent plus haut, dévorent Olivien du regard en espérant qu'il fera d'eux des héros, des nouveaux nobles, quitte à affaiblir le pouvoir des aristocrates de longue date.

— Tu as peur ? le provoqua Camille.Tu te sens menacé, peut-être ?

— Par toi ? Non. Au fond ce n'est pas une question de sang, ou de place sociale. Je suis supérieur à toi parce que je connais le fonctionnement de ce monde, pas parce que j'ai hérité de titres et de terres. Mon nom est une tâche plus qu'une médaille et si je réussis c'est parce que je suis meilleur que toi en tant qu'individu, pas en tant que membre d'une famille. »

Soudain, Camille ne put détacher son regard de Roy. S'il y avait bien une chose sur laquelle ils tombaient d'accord, c'était l'incroyable supériorité de l'aristocrate. Beau, charismatique, intelligent, éduqué, athlétique, Roy possédait tout ce que Camille désirait, et qu'il n'aurait sans doute jamais, ou du moins pas dans cette mesure.

Tandis qu'il fouillait sur les étagère, les doigts de Roy tombèrent sur un petit ouvrage qu'il ouvrit et feuilleta avant de stopper son geste, produisant un petit ricanement amusé.

« Quelque chose d'intéressant ? demanda Camille, essayant de penser à autre chose que leur échange.

— De distrayant, en tout cas, nuança le blondinet. »

Il montra à son partenaire une image des plus salaces qui – vu la manière dont elle était froissée – avait été touchée par bien des mains.

« C'est dégoûtant ! s'offusqua le rouquin.

— Moi je trouve ça très agréable, s'opposa Roy en glissant l'illustration dans sa poche.

— Tu ne vas tout de même pas...

— La garder ? Elle est très artistique, tu ne trouves pas ? J'aime les belles choses, moi. »

Dépité, Camille s'empara d'un ouvrage au hasard, priant pour ne pas tomber sur le même genre d'horreur. Il ne savait toujours pas ce qu'ils cherchaient – et pour cause, il n'y avait rien à trouver – mais cette discussion lui permettait de mieux comprendre Roy et, même si les deux hommes s'avéraient différents sur bien des points, il restait le camarade duquel Camille se sentait le plus proche.

« Tu as parlé du front tout à l'heure, rappela le rouquin, cherchant à en savoir plus. Tu es plus âgé que nous, et tu as déjà évoqué la bataille de la Ligne Verte alors... comment as-tu fini chez les cadets ? »

Un bref instant, les traits de Roy se durcirent, lui conférant un aspect inquiétant et profondément menaçant. Camille renonçait à l'idée d'en apprendre davantage, lorsque son confrère esquissa une réponse :

« Ma famille est... plus que simplement influente. Oh nous ne sommes pas encore au niveau des Connor, mais pas loin derrière.

— Parce que vous possédez fort Alvàr ? »

Roy hocha la tête, confirmant les dires de Camille.

« Tu sais certainement que fort Alvàr est le seul fort d’Alybie appartenant à une famille, et non au pays. Les capitaines en charge de fort Alvàr sont toujours les héritiers de la famille Hughes, ce depuis des générations. A l’époque où la défense du pays était encore faible, mon ancêtre à décidé de faire construire ce bastion, afin de surveiller le passage entre le sud et le nord. Déjà à l'époque la zone était sensible, et nécessitait une défense efficace, et imprenable. Es-tu déjà allé dans les montagnes, Camille ?

— Jamais, avoua le rouquin, qui s’interrogeait sur le but de ce long exposé.

— C’est un endroit hostile, au climat froid, très différent de la chaleur d’Olia. On y trouve des animaux terrifiants et surtout on s’y sent... petit, et abandonné. Il n’y a aucun commerce, aucun lieu de culte. Les seuls personnes capables de vivre dans la chaîne du Givre sont d’anciens nomades, sédentarisés depuis longtemps. Ils vivent en village et restent très sauvages. Grandir dans ce genre d'endroit forge le caractère, et fait de nous des hommes un peu rudes mais taillés pour l'armée. »

Roy fit une pause tandis que Camille attendait la suite, peignant dans se tête le paysage hostile des montagnes du centre. Il voyait des monts gigantesques, enneigés, aux crêtes acérées. Il frissonna, emporté par son imagination.

« Je ne suis pas si différent des nomades, reprit Roy avec amertume. Quand j’ai eu huit ans mon père m’a confié à une tribu des montagnes, pour qu’ils m’initient à leur art. J'étais si efficace, si en avance par rapport aux autres nobles, que mon père m'a envoyé chez les cadets. A mes quatorze ans.

— Quoi ? Mais c'est impossible !

— Impossible n’est pas Hughes. Je suis l’un des plus jeunes cadets non nomades de l’histoire du camp. Ce salopard s’est juste débarrassé de moi. Évidemment on m'a placé dans la cavalerie et, une fois mes années de formation terminées, on m'a envoyé en garnison à fort Del Màr, dans l'archipel de l'ouest. Au moment de la Ligne Verte j'ai rejoint les rangs. Je m'en suis sorti mais avec une sévère blessure à la jambe qui a mis du temps à guérir.

— Mais tu as refusé de quitter l'armée...

— C'est ça. J'avais perdu beaucoup de temps, et de capacités. Mon père m'a fait réintégrer l'école de la cavalerie régulière, et je suis reparti à zéro. C'était humiliant, et je n'avais pas ma place là-bas.

— Je vois, tu es dans la même situation que moi. Cette troupe d'éclaireur est ta dernière chance de briller avant de récupérer les rênes du fort.

— Je veux exister par moi-même, confirma Roy. Pas simplement récupérer les miettes laissées par mes ancêtres. »

Des ancêtres aux mains sans doutes couvertes de sang. Personne n’ignorait à quel point les grandes familles étaient gangrenées par la violence. Trahisons, meurtres, complots et autres activités peu morales faisaient partie intégrante de la vie d’un jeune noble. Roy n’avait pas grandi en ville et pouvait prétendre échapper aux petites tragédies qui formaient l’histoire nobiliaire. Sa dynastie n'en était pas moins malade, agonisante, comme la plupart des lignées de vieille noblesse, et Roy serait condamné à la poursuivre, s'inscrivant ainsi dans une machine infernale qui le broierait. Camille comprenait mieux pourquoi son camarade cherchait à vivre autrement, avant de plonger tête la première vers la folie.

« Ça nous fera du bien, finit par énoncer Camille avant de préciser sa pensée. Oui, ça nous fera du bien d'avoir quelqu'un d'expérimenté à nos côtés.

— Tu es sûr ? Tu es conscient qu'il n'y a qu'une seule place au sommet, et que nous sommes deux à la vouloir ? Contre tous les autres ?

— Et alors ? D'un côté il y a toi et moi, de l'autre Sinead et Ichab... Nous sommes condamnés à avancer ensemble pour un moment alors... pourquoi ne pas nous allier ? »

Roy n'était pas dupe, comprenait parfaitement le jeu mis en place par Camille. Le rouquin comptait bien se glisser dans son sillage, récoltant au passage les miettes laissées par Hughes. Un large sourire étira la peau parfaite de Roy et ses yeux – bleus marines – se mirent à briller d'un éclat plus vif, mâtiné d'intelligence.

« C'est une alliance politique, ou une amitié ?

— Peut-être un peu des deux ? précisa Camille. Les derniers roturiers anoblis étaient tous membres de grandes troupes d'éclaireurs mais pour briller il faut qu'on attire l'attention, et je ne compte pas sur Cole pour nous aider.

— Ma foi pourquoi pas mais je te préviens... Toi et moi c'est une amitié éphémère, je n'hésiterai pas à me débarrasser de toi si tu me ralentis.

— Ça me convient, je n'ai jamais eu d'amis sur le long terme et nos objectifs divergent. Disons simplement que nous aiderons discrètement notre groupe à rester sur les rails et après ça... chacun sa part du gâteau, et bonne chance pour obtenir la plus grosse. »

Satisfait par la clarté de l'arrangement, Roy tendit vers Camille une longue main calleuse, une main de travailleur. Toutes dents dehors, son regard franc et séduisant fixé sur son nouvel allié, Roy déclara avec amusement :

« A nous. A nous et à nos dents longues, qui se planteront dans la gorge de ce pays. »

Se prêtant au jeu, Camille prit la main qu'on lui tendait, et la serra.

« A nous, reprit-il. A nous et à ce pays que nous protégerons, jusqu'à ce que nous puissions lui prendre ce qu'il nous devra. »

Les deux paumes restèrent soudées un instant, la poigne ferme et les cœurs battants.

Alentour, la bibliothèque continuait d'offrir sa tranquillité calme, bien plus apaisée que les esprits des deux soldats; et les livres – qu'une brise légère agitait – tremblaient sous leurs reliures.

 

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Elie Langroi
Posté le 08/11/2020
Salut ! C’est un très bon chapitre, qui pose bien des indices vis-à-vis de ce qui va se passer dans le roman.
Pour moi, Cole attend que son équipe se connaisse mieux et préfère ne pas s’en mêler parce qu’il a un autre rôle à jouer… enfin… je ne sais pas. Je me dis qu’il est loin de ces disputes et de ces querelles qui mettent à rude épreuve le mental : je pense qu’il a besoin d’un calme relatif pour comprendre ce qu’on leur demande. Il a plus peur de la mission elle-même que des hommes qui l’accompagnent. Peut-être est-ce une erreur de sa part… mais c’est ainsi que je le ressens.
Ainsi, la première dispute dans laquelle Cole se retrouve entraîné, soulignant son statut de héros, montre bien qu’il n’aime pas se retrouver mêlé à tout cela… et surtout qu’il est capable de s’énerver aussi si on l’attaque : il sert tout de même les dents, preuve qu’il se retient, à mon sens, bien plus qu’il ne le montre.
Je peux aussi voir que Cole connaît son équipe, même si eux pensent que non. Il les sépare afin qu’ils puissent se reposer plus clairement et il sait qu’ils vont apprendre à se connaître en duo. Pour moi, cela en fait un bon chef d’équipe.
Peut-on supposer qu’Ichab ne sait pas écrire ? -> bon en fait le chapitre répond à cette question.
Sinead a franchement eu une enfance rigolote… mais est-ce son petit-frère (je suppose que Sioban est son petit-frère mais j’en sais fichtre rien) qui est décédé ? De froid, tout simplement, ou d’autre chose ? On peut supposer que c’est de froid car la neige est qualifiée de cruelle. Sinead est plus optimiste que les autres et il a dû puiser cela de sa vie passée.
Le fait est qu’Ichab est un marginal effectivement contradictoire. Je veux dire par là qu’il ne cesse de montrer que le fait d’être un marginal ne l’aide pas mais en même temps il joue sur cette marginalité. Je ne sais pas trop comment le comprendre et si je peux l’apprécier : il me paraît capable de mentir par simple humeur… alors peut-on lui faire confiance ?
Petite référence à Harry Potter peut-être non voulue : « ils meurent ? Pire ! Ils ne montent jamais en grade. »
Je trouve que l’alliance Roy/Camille est intéressante parce qu’elle met en avant deux visages du pays. L’aristocratie (que l’on comprend donc mourante et bien plus inquiétée par les puissances montantes que ce que ne le laisse penser Roy) et les ouvriers (Camille représentant donc ce désir de devenir puissant). Je pense que nous avons ici deux réponses sur ce qui pourrait arriver dans un avenir proche : Roy va vouloir se servir d’Ichab ET Camille vis-à-vis de leurs positions et ces deux-là en parleront certainement un jour… qu’est-ce qui découlera de leur discussion… je pense une nouvelle alliance.
Je pense que Roy se fait une fausse image de Cole et que ce dernier sait bien plus gérer les choses qu’il ne l’imagine. Je me doute qu’il doit savoir ce que mijote notre cher Roy (dans le fond, il doit savoir comment fonctionnent ces familles d’aristocrates) et doit savoir que Camille a besoin de répondants.
Camille est un rêveur, un optimiste : il pense que tout peut être réglé avec une bonne discussion et une réelle connaissance des choses du monde. Il devra à un moment prendre la réalité en pleine figure sous la forme d’un affrontement, certainement, durant lequel il devra tuer (ou simplement voir mourir quelqu’un).
« un soucis : « un souci »
« de camarade » -> « de son camarade »
« le nez de ses dossiers » -> « le nez dans ses dossiers » ou « sortant le nez de ses dossiers »
« et je défie ce pays, de m’y forcer » -> une virgule bien étrange
« je te ferai remarquer » : « je te ferais remarquer »
« jaloux de cette marque d'attention, Camille ne put s'empêcher d'ajouter. » : je ne pense pas que ce soit utile de le dire puisque sa manière de reprendre, avec sa connaissance, et la moquerie qui suit, prouve bien que ce n’était pas gratuit mais bien avec une arrière-pensée, qu’il fait cette remarque.
Zig
Posté le 11/12/2021
Hello !

T'es tellement fort pour voir venir les trucs, ça me fascine à chaque fois ! Tu cernes bien pas mal des thèmes qui me tiennent à coeur, et qui s'appuient sur des moments de notre propre histoire (montée de la bourgeoisie, lutte des classes, évolution des privilèges, industrialisation, etc.)

J'ai encore pas mal de choses à corriger dans la relecture (ceci est encore du premier jet ! Même si c'est le 4ème premier jet xD), et merci pour tes commentaires toujours construits et ton aide ♥
Carreaux
Posté le 22/06/2020
Et bien et bien, continuons la lecture Zig !
Et bien félicitations pour ce chapitre, les discussions et les dialogues sont super bien bâties et menées ! Il commence à y avoir des liens parmi tous ces protagonistes. Par contre il est sûr que j'ai très envie de casser la bouche de Roy xD Même si je doute pas qu'il y ait un énorme background derrière tout ça ! On commence vraiment à bien voir les personnalité de chacun dans ce chapitre.

Par contre je pense que tu devrais un peu plus décrire les lieux et tes décors, car pendant un moment j'ai bien cru qu'ils étaient arrivés dans un endroit très vieux et abandonné et là on découvre qu'il y a du linge et une bibliothèque habitée et entretenue.

Je continue à lire UwU
Zig
Posté le 23/06/2020
Coucou !

Trop contente de te voir là, à continuer de me lire ! Et avec une remarque extrêmement judicieuse, qui plus est, et qui recoupe celle des autres !

A l'origine j'avais des chapitres très différents sur les 4 premiers éléments, et à l'inverse il y avait beauuucoup trop de descriptions (je pense qu'on pouvait redessiner le plan du fort, à force xD), ce qui a donné naissance à un monstre énorme et branlant (pas branleur, attation, rien à voir).
Je pense qu'en voulant aller à l'essentiel, j'ai beaucoup trop amputé la description (je n'ai jamais été très douée pour le juste milieu xD)

Du coup je rajoute ton avis sur mon pitit carnet, et je pense à rajouter des éléments de descriptions de-ci de-là !

Merci beaucoup :
1) De me lire.
2) Pour ta remarquer plus que pertinente !
3) Ta gentillesse et ta bienveillance
4) De continuer de me lire...

Plein des bisouilles !
Elore
Posté le 16/06/2020
Hello Zig ♥

Je ne vais pas te mentir : j'ai eu SUPER PEUR en voyant la taille du chapitre. Et tu sais quoi ?

...

J'avais tort, j'ai même pas vu passer le temps en te lisant.
Ce chapitre se lis très facilement, tes dialogues sonnentvraiment bien (même lorsqu'il s'agit de longues répliques) et on sent l'amour et le travail que tu mets derrière tes personnages. J'ai vraiment aimé les scènes entre tes binômes, elles donnent corps à tes persos de façon très naturelle. Leurs interactions sont très humaines aussi, avec ce qu'il faut de méfiance et de causticité. C'est du tout bon, vraiment. GG ! ♥

Une petite remarque : j'ai été un peu déstabilisée par le fait que tu décrives l'extérieur de la forteresse mais sans parler de l'intérieur. J'ai aussi vu passer quelques coquilles mais j'ai oublié de les noter... (je me souviens de l'une d'entre elles mais je vois que Flammy l'a déjà relevée).

Un autre détail : j'écoutais l'ost de FMAB pour te lire et c'est si fitting ♥

Bref : beaucoup de love pour toi et ce chapitre. Je passe à la suite... :D
Zig
Posté le 18/06/2020
C'EST LE CHAPITRE DE LA MORT !

Et dis-toi qu'il a été réduit... il faisait presque 7k, à l'origine...
J'avoue que, même pour moi, c'est un mastodonte celui là ! Mais je ne me voyais pas du tout le tronçonner davantage, parce qu'il est essentiel dans la construction générale.

Slibb m'a aussi fait une remarque sur l'aspect très "vide", du fort. C'est définitivement quelque chose que je dois retravailler. Je suis tellement concentrée sur les dialogues et la cohérence générale que j'en oublie les "décors", et comme je ne suis pas très bonne en description, j'ai tendance à ne pas en mettre assez.

Je note de rééquilibrer ça en seconde lecture, merci beaucoup !

FMAB LA VIE. MI AMOR. Si un ost pouvait se marier, je l'épouserai.

Du love pour toi aussi, et pour tes commentaires ♥
Flammy
Posté le 15/04/2020
Coucou.

Ok. Ce commentaire va être purement non pertinent, tu es prévenu.

J'ADORE CE CHAPITRE <3 Vala, c'est dit. Franchement, le début avec la description, ça passe nickel. Le moment de flottement des premiers jours, ça passe, même si l'explication du moment de flottement vient un poil tard pour moi, elle vient assez rapidement quand même donc ça va.

Et ensuite, les deux duos... J'ai vraiment adoré ces passages-là ! Franchement, les deux discussions sont ultra bien menées, ultra intéressantes et les personnages prennent réellement vie et énormément de consistance ! Franchement, tu décris des personnages qui sont pas parfait mais qui s'assument, j'ai adoré en découvrir plus sur eux et de voir les relations qui commencent à se mettre en place. Franchement, c'est de loin mon chapitre préféré jusqu'à maintenant ^^

Juste une remarque :

"A ses côtés, Sinead travailler soigneusement" travaillait

Bref, franchement, bravo pour ce chapitre, j'ai vraiment aimé <3

Pluchouille zoubouille !
Zig
Posté le 16/04/2020
Coucou !

Haaaaan trop bien ! Comme tu avais lu la version précédente, ton avis est d'autant plus important, ça me permet d'avoir un retour sur l'évolution de la trame !

Maudit sois-tu, imparfait qui l'a échappé !

Encore mille fois merci, je suis contente que ce passage te plaise (c'est vrai que je l'aime bien aussi), et merci de continuer à me lire et à me commenter ♥
PetraOstach - Charlie O'Pitt
Posté le 20/03/2020
Hello Zig,
Avec ce chapitre j'ai réussi à revenir dans l'histoire et comprendre un peu plus l'identité des personnages présents. Roy est clairement insupportable :D
Le chapitre est plus long, mais il ne passe pas lentement par rapport au chapitre 2.
Je tiens à te féliciter pour tout le travail que tu fais sur les dialogues. Ce n'est pas si facile que ça de naviguer d'un personnage à l'autre en changeant la manière de s'exprimer à chaque fois.

(NB: J'ai encore eu un petit sourire avec le prénom de Sioban, j'ai toujours dit que si un jour j'avais une fille je l’appellerais Siobhan. C'est tellement rare que ça fait toujours plaisir de le voir de temps en temps.)
Zig
Posté le 21/03/2020
Hanlanlan merci pour cette pluie de commentaires, j'suis trop émue ;_;

Si tu quittes si violemment l'histoire il fait définitivement que je gère le soucis de ce chapitre 2 !

Je suis contente que ce chapitre passe mieux ! J'ai retravaillé dessus sur les conseils de Flammy (encore merci pour ça !), et ça me semble bien mieux, tu permets de le confirmer !

Merci, merci, merci

(Réponse NB : Marions Anor et Anore, et ils auront un enfant qui s’appellera Sioban !)
Alice_Lath
Posté le 17/03/2020
Eh ben, c'était intense comme chapitre mais fort apprécié car grâce à ça, je peux beaucoup plus facilement discerner les différents personnages et leurs caractères. Et l'herbe d'Ichab huhu, on l'a vuuuu, tu m'étonnes que ça le détende. Sinon, une super partie. Juste une remarque: tu mentionnes le fait que le fort est peuplé mais ce n'est pas l'impression qui s'en dégage. On a plutôt l'impression qu'ils sont dans un endroit abandonné haha
En tout cas, toujours aussi vivifiant!
Zig
Posté le 17/03/2020
Coucou Alice !

Vu comme j'ai sué sang et eau dessus, je suis contente qu'il fonctionne enfin ;_;
Ah mon petit Ichab ♥ Il aime bien els trucs un peu récréatifs, que veux-tu...

Et c'est une excellente remarque, sur le fort... c'est vrai qu'il est censé être plutôt bondé et qu'on a l'impression qu'il est vide... je vais vite rattraper ça par quelques descriptions bien placées, merci beaucoup !
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