Il était déjà deux heures de l'après-midi lorsque Norbert se trouvait dans sa chambre d’hôtel, assis dans le mini salon acoustique pour ne pas déranger la décoration du lit. Il attendait avec impatience l’arrivée de Sharon, son invitée. Dix minutes de retard, mais pour lui, c'était déjà trop.
S’ennuyant à lire des romans de bonnes femmes, le Norvégien décida de passer un coup de fil à Sharon. Vingt-cinq minutes étaient déjà écoulées, mais il ne s’en était pas rendu compte.
Pan, pan…
Le message annonça que le numéro que vous essayez de joindre est indisponible pour le moment, veuillez rappeler plus tard.
- Zut ! s’exclama-t-il.
Deux minutes plus tard…
Pan, pan…
Le même message.
- Crotte ! s’énerva-t-il.
Cinq minutes plus tard…
Pan, pan…
Le numéro que vous essayez de joindre est déjà sur la ligne, veuillez patienter s’il vous plaît.
- Oh mince ! Super ! Je vais attendre, s’exclama-t-il, presque satisfait.
Pan, pan, pan, pan, pan…
- Allô, Sharon, répondit-il enfin, heureux d’entendre sa voix.
- Oui, Norbert, c’est toi ?
- Oui poupée, retourna-il avec un soupir de soulagement.
- Tu n’es pas fâché contre moi, j'espère ? demanda Sharon d’un ton timide.
- Pas du tout ! Que t'est-il arrivé alors ?
- J'ai été retardée au travail par mon patron. Il a convoqué toutes les hôtesses de l’aéroport.
- Rien de grave, j’espère ?
- Non, juste quelques réformes pour améliorer le service à cause des plaintes de passagers. Des broutilles.
- Ah d'accord ! Et tu viens quand ?
- Je viens de sortir de l’aéroport. Donne-moi trente minutes pour rentrer et me changer. Ensuite, je te rejoindrai pour passer la soirée ensemble, si tu es d'accord.
- Hun ! pensa Norbert, un peu embêté, mais il acquiesça. D’accord, trente minutes, pas plus.
- Bien ! À tout de suite.
- D'accord, à tout de suite, termina-t-il avant de raccrocher.
« Ah ! » soupira le blondinet, un sourire malicieux se dessinant sur ses lèvres. « J'avais presque oublié que les femmes ne gèrent pas bien le temps. Ha, ha, ha ! Tant pis ! J’aurai quand même ce que je veux ce soir. Je compte bien séduire cette métisse. Elle pourrait être mon meilleur coup ici en Belgique. Surtout que je ne me suis pas vraiment amusé depuis mon arrivée. Si je m’étais arrêté à cette "réceptionniste de malheur", j’aurai cru qu’un mauvais sort pèse sur moi. Mais non, je n’ai pas de poisse, juste mon charme. Et quoi qu'il arrive, je vais me faire plaisir. Je ne vais pas rater cette occasion de passer un bon moment. Ha, ha, ha ! »
…
Vingt minutes plus tard, la situation n’avait pas beaucoup changé. Sharon n’était toujours pas là et Norbert, fatigué, s’était involontairement endormi. Il avait besoin de récupérer après ses séances de sport et ses galipettes dans la baignoire avec Katrine.
Ni la lecture, ni le fait de prendre un bain chaud pour se préparer à accueillir sa prochaine invitée ne l’avait pas aidé à lutter contre la fatigue qui menaçait déjà son corps.
Coucou, coucou !!!
Cinq heures sonnèrent et Norbert se réveilla. Son premier réflexe fut de regarder l’heure. « Oh non, s’écria-t-il, dix-sept heures. Et toujours pas de Sharon. Ce n’est pas possible ! » Après avoir vérifié la météo, il se précipita vers le téléphone, qui se trouvait de l’autre côté du lit.
Pan, pan…
Le numéro que vous essayez de joindre n’est plus en service.
« Merde ! » s’écria Norbert, frustré. Il semblait que Sharon l’avait fait faux bond. C’était vraiment "pas de bol" pour lui. Il avait prévu de continuer à explorer la Belgique pour séduire de jeunes femmes, mais il se retrouvait à ne faire cela qu’avec une seule, et c’était plutôt elle qui s’amusait.
- Toc, toc, toc, toqua une jeune femme à la porte.
Dans un élan d’espoir, Norbert se précipita pour ouvrir, espérant que ce soit Sharon.
- Salut toi, s’exclama la jeune femme qui se tenait derrière la porte, déjà ouverte, avec une bouteille de champagne à la main.
- Ka… ka… Katrine ? balbutia-t-il, déçu.
- Oui, c’est moi, répondit-elle gaiement, vêtue d’une courte robe rose décolletée et de talons de cinq centimètres, montrant qu’elle était prête pour une soirée agréable.
Son accoutrement trahissait ses intentions.
Norbert était sidéré. Encore une fois, c’était le même schéma : un rendez-vous annulé et en échange une visite surprise de "sa réceptionniste préférée".
- Mais que fais-tu ici ? demanda-t-il, intrigué par sa présence inattendue.
Sa patience était à bout.
- Eh bien, j’ai demandé à finir le travail plus tôt aujourd’hui et j’ai apporté une bouteille pour qu’on passe du bon temps ensemble. Hihihi !
Folle ! Oui, folle ! Cette fille ne pouvait pas se passer de lui. Elle était devenue accro aux festivités que le jeune norvégien présentait sous ses draps. Pourtant, Norbert n’était pas du genre à vouloir passer une seule nuit avec une femme. D’ailleurs, de temps en temps, il lui arrivait même de renouveler ses bonnes expériences. Cependant, pour lui, Katrine était une erreur de parcours.
- Merci pour ton intention, mais je suis vraiment très fatigué, donc je ne pourrai pas.
- Ne t’inquiète pas, on ne fera pas grand-chose, juste quelques massages, tenta-t-elle de le convaincre. Ensuite, je partirai.
- Non, non, non, non, non ! Pas encore toi et tes massages, répondit Norbert fermement. Il n’avait plus envie de tomber dans le même piège. Je suis épuisé, Katrine. Pas maintenant. Va-t’en.
Katrine, déconcertée par son comportement, était plongée dans un état de perplexité.
- Mais quoi ? Qu’est-ce que tu as ?
- Je suis très fatigué, comme je te l’ai dit ce matin. Le sport, le voyage, nous deux… je n’ai pas eu le temps de souffler depuis, expliqua-t-il, artificiellement.
- Je comprends, mais laisse-moi juste entrer. Histoire qu’on discute un peu, puis je pourrai partir si tu le souhaites, avança-t-elle, réalisant que ce n’était probablement pas le bon moment pour passer à l’acte.
Katrine ne voulait pas abandonner après les efforts qu’elle avait fournis pour être là.
- J’ai dit « non », hurla Norbert dans un excès de colère avant de refermer l’entrée brutalement, laissant Katrine, choquée, devant la porte de sa chambre.
C’était trop pour lui, semblait-il.