Chapitre 4

Cet adolescent l'attaque comme ça, en plein jour ? Il n'y a peut-être pas de témoins aux alentours, mais le manoir lui-même est équipé de nombreuses caméras.
        –    Qu'est-ce que tu veux ? Demande Castelli d'une voix qu'il veut posée.
    Mieux vaut ne pas révéler qu'il est policier, sinon le jeune homme risque de prendre peur et d'enfoncer ce couteau pour de bon.
        –    Je veux simplement savoir, répond le garçon à voix basse.
        –    Savoir quoi ?
        –    Pourquoi vous n'avez pas appeler la police, quand vous avez découvert le corps ?
    Le coeur de Castelli rate un battement.
        –    De quoi tu parles ?
        –    Vous savez très bien. J'étais là, dans la forêt. Pourquoi ne pas avoir appelé la police ?
        –    C'est toi qui a tué ce garçon ?
        –    C'est moi qui pose les questions. 
        –    Qui te dis que je ne les ai pas appelé dans ma voiture ?
        –    Le temps que vous entriez dans ce manoir, je suis retourné dans la forêt. Il n'y avait personne. Je suis quasiment sûr qu'en leur parlant d'un cadavre, les flics auraient dû rappliquer aussitôt. Quand je suis revenu ici, votre voiture était encore là. Je n'avais plus qu'à vous attendre.
        –    Pourquoi avoir tué ce garçon ?
    Le jeune homme fronce les sourcils, presse un peu plus le couteau contre le torse de Castelli. Le sang du détective ne fait qu'un tour.
        –    C'est moi qui pose les questions ! S'emporte l'agresseur. J'ai tué cet enfoiré, mais ça, on s'en fout !
        –    Très bien, répond Castelli d'une petite voix. Tu as raison, je ne les ai pas appelé.
        –    Qu'est-ce qu'il y avait dans le sac poubelle que vous teniez ?
        –    Qu'est-ce que tu veux ? De l'argent ? Combien tu veux, hein ?
        –    Ferme-la ! S'écrie le jeune homme en mettant cette fois le couteau sous la gorge du détective. Je veux juste que tu me répondes, merde ! C’est pas si compliqué, si ?
    Castelli s'arrête littéralement de respirer. Il s'efforce de ne pas trembler pour ne pas effleurer la lame. 
        –    Un cadavre, lâche le détective. Il y avait un cadavre dedans.
        –    C'est impossible de mettre un corps entier dans un seul sac.
        –    Je l'ai découpé en plusieurs morceaux. Il y avait d'autres sacs dans ma voiture.
        –    ...
        –    Pitié, ne fais pas de bêtise avec ce couteau. Dis-moi simplement ce que tu veux, et je te le donnerai.
        –    Tu as peur de mourir ? Pourtant, tu l'as transporté jusque dans la forêt, la mort. Tu lui a déjà serré la main.
        –    Ecoute, je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement...
        –    C'était qui, la personne que tu as tué ?
        –    Pourquoi, tu vas me dénoncer à la police ?
        –    Je pourrai aussi bien te tuer...
        –    Ne fais pas ça ! Quel intérêt tu aurais à me tuer, hein ? Qu'est-ce que ça t'apporterait ?
        –    De la satisfaction. 
    Le temps semble s'être figé. Comment sortir de cette terrible situation ? Alors que Castelli retourne mille solutions dans sa tête, le gamin abaisse soudainement son arme. 
        –    Mais je ne te tuerai pas. On est pareil, je ne tue pas un semblable.
        –    ...
    La gamin ne dit plus rien, se contente de fixer Castelli comme s'il attendait une réponse précise de sa part. "Non", se dit Castelli. Lui et ce môme n'ont rien en commun, c'est absurde. Mais il doit entrer dans le jeu de ce taré s'il veut en réchapper.
        –    Mer... Merci, bafouille l'agent de police.
        –    Hmmm. Dis-moi, qui vit dans ce manoir ?
        –    Un homme... fortuné.
        –    Pourquoi t'es allé le voir ?
        –    Un interrogatoire.
        –    T’es flic ?
    “Eh merde” pense Castelli. 
        –    C’était à propos de quoi, l’interrogatoire ? Poursuit l’adolescent sans attendre de réponse.
        –    Sa femme enceinte est morte dans un accident de voiture.
        –    Il y a besoin d'un interrogatoire, pour ça ?
        –    Il est soupçonné d'avoir trafiqué les freins, ce qui aurait causé l'accident.
        –    Pourquoi ne pas l'avoir arrêté, alors ?
        –    Pas de preuves, pas d'arrestation.
        –    Mais les freins ont été trafiqués, non ? C'est pas une preuve suffisante ?
        –    La voiture est en trop mauvais état pour être sûr à 100%. Et ça reste insuffisant pour prouver son implication. Monsieur Rellik a notamment beaucoup de pantins à sa botte qui pourraient lui sauver la mise.
    Castelli est prêt à tout dévoiler, si cela peut lui sauver la vie. Plutôt un autre que lui.
    Mais, au moment où le nom de "Rellik" a été prononcé, le garçon s'est mis à jeter un rapide coup d'oeil au manoir, semblant l'analyser. Puis il se tourne à nouveau vers l'agent.
        –    C’est la famille Rellik qui habite là ? Les Rellik qui contrôlent tout dans cette foutue ville ?!
        –    Euh... Oui, c’est cela.
        –    Très bien... Ecoute-moi bien, le poulet. Tu vas te rendre au 99 Rue des Omnipotents. Vous y trouverez ma famille massacrée, c'est moi qui les ai tué.
        –    Que... Quoi ?!
    Castelli déglutit péniblement, il a dû mal à croire ce qu'il entend.
        –    Vous n'avez qu'à inventer un faux appel téléphonique pour expliquer comment vous avez fait cette découverte. Rendez l'affaire publique dans tous les journaux, de sorte à ce que même ce richard le sache.
        –    Pourquoi ?
        –    Je veux qu’ils sachent de quoi je suis capable.
        –    Et... et le gamin, dans la forêt ?
        –    Non ! S’emporte l’adolescent. Lui, tu le laisse pourrir, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un tas d’os !
        –    D’acc... d’accord.
        –    Je vais m'occuper de vous trouver des preuves... ou des aveux. Je ferai cracher le morceau aux Rellik. 
        –    Quoi ? Pourquoi faire ça ? Qu’est-ce que cela va t’apporter ? Et... Est-ce que... est-ce que tu vas me dénoncer ?
    Le gamin hausse les épaules, planque une main dans sa poche, l'autre tenant toujours le poignard. Castelli n'aura visiblement pas plus d'explications. Tant pis, il veut juste sortir de cette situation rocambolesque. 
        –    D'accord, dit-il en abaissant les mains. Je vais faire ce que tu dis, et toi tu t'occupes de... cette affaire.
    Le gamin ne prend même pas la peine de répondre. Il se contente de retourner sur ses pas, sans un dernier regard pour le policier.
    Castelli n'attend pas plus longtemps. Il monte rapidement dans sa voiture et démarre à toute vitesse.
    Prochaine destination : 99 Rue des Omnipotents.

*

    C'est une maison de l'horreur que découvre les policiers. Un carnage, un massacre d'innocents. Un frère, une soeur, et des parents sauvagement assassinés.
    Un coup de fil à la police, puis un autre, anonyme cette fois, aux journalistes avides de faits divers. Et voilà tout ce beau monde réunit devant la porte, à crier des ordres pour les premiers, à poser des questions pour les seconds. Mais aucune réponse pour qui que ce soit.
    Sur le seuil de la porte, Castelli, lui, est complètement blême et silencieux. 
    D'autres jours, il aurait supporter la vue de cette boucherie sans broncher. Mais, aujourd'hui plus que n'importe quel autre jour, il est incapable de regarder. Il a envie de vomir, de déguerpir chez lui et de s'y enfermer à double tour. Mais c'est impossible, et il le sait.
    Beltrame finit par rejoindre son collègue, lui pose la main sur l'épaule en un geste affectif.
        –    Comment ça va, gamin ?
     Depuis le jour où Castelli est entré au comissariait, Beltrame, de seulement 4 ans son aîné, lui a attribué ce sobriquet. Au début, Castelli trouvait ce surnom ridicule. Lui, un homme de 25 ans désormais, policier qui plus est, n'était plus un gamin depuis bien longtemps. Mais, en cet instant, il avait l'impression d'être redevenu un enfant fragile et apeuré, qui, après avoir commis une bêtise irréparable, cherche à toute fin à dissimuler son erreur.
        –    Oui, ça... ça va, bredouille Castelli.
        –    Bien... Bon, tu connais la procédure. Il va falloir que tu me répètes ce que tu as dis à l'agent au téléphone. Tu peux faire ça ?
        –    Oui.
    Beltrame agrippe doucement le bras de Castelli pour l'entraîner dans l’arrière-cour de la maison, loin des regards indiscrets.
        –    Vas-y, je t'écoute, dis l'aîné une fois à l'abri.
        –    Je... J'étais en train d'enquêter auprès de Thomas Rellik. Je suis sorti et, une fois dehors, j'ai reçu un coup de fil anonyme. C'était la voix d'un gamin m'ordonnant de me rendre ici pour y trouver sa famille massacrée. Il a refusé de me donner son identité.
        –    Et ensuite, qu'est-ce qu'il t'a dit ?
        –    Rien. Il a raccroché avant que je ne pose d'autres questions.
        –    Je vois... Pourquoi avoir refusé de décliner son identité, s'il te menait directement à sa famille ? C'est évident que tout ça allait nous mener à lui.
        –    Je... Je ne sais pas... Il voulait peut-être gagner du temps. 
        –    Oui, peut-être...
    Beltrame jette un coup d'oeil en biais à son collègue. Son regard est intense, semble attendre quelque chose de son partenaire. Ce dernier ne parvient pas à soutenir ce regard inquisiteur, et se contente de baisser la tête. 
        –    Van, dit Beltrame d'une voix douce. Je sens bien qu'il y a quelque chose qui te tracasse. Tu m'a l'air complètement effrayé. En temps normal, tu aurais déjà sauté sur cette scène de crime pour en analyser les moindres détails. Tu aurais fait dégager ces journalistes en les insultant de tous les noms, avant d'interroger tout le voisinage. Qu'est-ce qui se passe ? Je pense que tu en sais bien plus que tu ne veux le laisser paraître. Tu peux tout me dire, gamin.
        –    Je... Je n'ai rien... Il ne se passe rien...
    Sa gorge se serre, les mots s'arrêtent tandis que les larmes commencent à monter. Merde, il ne compte plus le nombre de fois où il a pleuré, aujourd’hui. Beltrame lui soulève délicatement le menton, plonge ses yeux dans ceux, humides, de son équipier. 
        –    Qu'est-ce qui se passe ? Réitère-t-il d'un ton doux mais sans équivoque. Tu peux tout me dire. Il ne va rien t'arriver. Je suis là pour te protéger, partenaire.
    Soudain, Castelli se sent faillir. Les sanglots explosent, le chagrin s’ouvre en une plaie béante. Beltrame l’attire à lui, l’enlace. Mais c'en est trop pour Castelli, qui s'effondre au sol, terrassé par la souffrance et le poids de la culpabilité.

*

    Kaleb a attendu plusieurs heures. Il a observé le jeune homme accueillir son invité, un policier. Il a assisté à toute leur conversation, et s'est fait discret quand l'agent est reparti. 
    Il comptait alors confrontéer son opposant, mais un majordome est sorti de nul part, prenant Rellik à parti.
        –    Monsieur, a-t-il commencé. Je pense que Madame devrait aller à l'hôpital. Les saignements n'ont pas arrêtés, et elle souffre énormément.
        –    Arrête de m'embêter avec ces bêtises ! Madame va très bien. Elle simule, voilà tout. Hors de question de l'emmener dehors, c'est compris ?
        –    Je... Oui, Monsieur. Je comprends.
        –    Bien. J'ai des problèmes plus graves à gérer pour le moment... Vous savez quoi ? Prenez votre journée, je ne veux plus vous voir ici.
        –    Monsieur ?
        –    Quoi ? Je ne suis pas un abruti, je sais me faire à manger. Et je pense que le nettoyage peut se passer de vous pour un jour, vous ne pensez pas ?
        –    Oui, Monsieur, certainement. Je vous laisse.

    "C'est une aubaine", a aussitôt pensé Kaleb. Cet enfoiré de Rellik allait se retrouver seul avec lui. Kaleb a donc encore attendu, caché à l'étage du manoir.
    Le majordome a mis une bonne heure pour se préparer, avant de claquer la porte en sortant. Rellik était parti se réfugier dans une pièce, un bureau que Kaleb n'allait pas tarder à rejoindre. 
Mais, en passant dans un couloir, un bruit de sanglots étouffés s'est fait entendre.
    Poussé par la curiosité, Kaleb s'est penché pour entendre la provenance des sons. Il a ouvert la porte aussi silencieusement que possible... et s'est figé. 
    Une femme est allongée sur le lit, le visage tourné vers la porte. Mais impossible pour elle de voir Kaleb. En effet, ses deux paupières sont tellement gonflées qu'elle doit être quasiment aveugle. En chemise de nuit, toutes les parties non recouvertes de son corps sont couverts d'hématomes. Ses lèvres éraflées saignent, tout comme son nez et ses tempes. Son ventre rond laisse aisément deviné son statut de femme enceinte, ce qui retourne l'estomac de Kaleb.
    Celui-ci contourne lentement la blessée qui pleure silencieusement, son corps parcouru de spasmes et de sanglots. Derrière, la vision est tout aussi horrifique. Le sang macule la chemise dans tout son dos. Kaleb ne connaît que trop bien les formes qui se dessinent sous la chemise de nuit arrachée de la pauvre femme : ce sont les sillons gravés par une ceinture.
    Se sentant soudain observé, Kaleb relève la tête. Sur le seuil, un jeune homme en costume flambant neuf observe l'étranger, l'effarement se lisant sur son visage. Un pas en arrière, puis deux. Doucement, comme pour ne pas défier le prédateur.
    Puis Thomas Rellik se retourne pour s'enfuir. 
    Kaleb se lance à sa poursuite.
    Ariane pousse un gémissement effrayé, aveuglée par son sang et sa douleur, mais entendant bien les bruits sourds autour d’elle.
    La porte d'entrée étant fermée à double tour, Thomas ne prend pas le risque de s'attarder sur cette sortie. Il monte à l'étage, fonce dans une pièce qu'il referme aussitôt en la verrouillant. Une seconde après, Kaleb est déjà dessus, se jetant de tout son poids pour l'ouvrir. 
    Cela lui prend à peine cinq secondes pour défoncer la légère porte en bois. Il pénètre alors dans un bureau richement décoré. Derrière la table qui trône au milieu, Thomas compose un numéro sur son téléphone, en proie à la panique.
    Kaleb s'avance rapidement vers lui, propulse le bureau contre le mur. Thomas se recule, mais pas assez vite. Kaleb lui agrippe le poignet qui tient le téléphone, le tord brusquement.
    Avec un couinement de douleur, Thomas lâche l'appareil qui vient se fracasser sur le sol en marbre. Kaleb fauche les jambes du millionaire qui tombe à la renverse. Le tueur à gages s'assoit à califourchon sur lui, plante les genoux dans les paumes du jeune homme, puis enserre sa gorge entre ses larges mains. 
    Thomas bat des jambes dans le vide, ne parvenant pas à atteindre sa cible. Ses mains prisonnières s'agitent dans tous les sens, tandis que son visage devient rouge. Kaleb serre de plus en plus fort, tente de craquer tout ce qui se trouve sous la peau fragile du millionaire, veut lui briser ses vertèbres. Ses yeux ne reflètent plus que de la haine, sa fureur encore imprégnée de la chambre d'Ariane.
        –    Pè... Pèr... Père... Pa...Pa...Papa... Articule Thomas avec difficulté.
    Face au dangereux silence de l'étranger assis sur lui, Thomas s'étouffe en répétant ses paroles.
        –    Papa... Pa... Papa...
    Cette fois, Kaleb prend conscience de ce que raconte l'homme sous lui. Alors, il se souvient de ce pourquoi il était venu : le père Rellik voulait sa peau, il lui a tendu un piège. Pourquoi son fils mentionne-t-il ce mot là, précisément, à cet instant ?
    Sa curiosité une nouvelle fois attisée, le tueur à gages desserre lentement son étreinte mortelle, mais ne se relève pas, les mains toujours posées sur la gorge du jeune homme.
    A moitié libéré, Thomas est pris d'une quinte de toux, à la recherche d'air vivifiant. Il tousse encore et encore, sous le regard accusateur de son agresseur. 
    Kaleb attend, sagement, que sa proie retourne à la vie. Elle qui s'est approchée si près de la mort.
        –    Qu'est-ce que tu racontes ? Demande le tueur à gages une fois que les toussotements se sont calmés.
        –    Je... Je vais devenir papa... Bientôt... Ne me tu... tuez pas, je veux voir mon... mon enfant.
    Sa gorge endolorie, chaque mot lui coûte un terrible effort. Mais son instinct de survie lui procure un sursaut d'adrénaline.
        –    Pitié, reprend-t-il. Pitié, ne me tuez pas. Je veux voir mon enfant naître.
    Kaleb agrippe les cheveux du millionaire, et place son visage à quelques centimètres du sien. Il peut sentir tout le corps trembler sous son poids.
        –    C'est toi qui as fais ça à cette femme, en bas ? Demande-t-il d'une voix terriblement calme.
        –    Je... Je...
        –    Réponds.
        –    Oui, c'est moi.
        –    Tu y as pris du plaisir ?
        –    Quoi ?
        –    Mauvaise réponse. 
Kaleb se redresse et, empoignant toujours les cheveux de l'ennemi, il lui assène un coup de poing de sa main libre.
    Thomas est pris d'un soubresaut, la douleur lui arrachant un cri tandis que du sang s'écoule de son nez.
        –    Putain ! S'emporte-t-il.
        –    Réponds-moi, enfoiré, et sans me mentir ! Est-ce que tu as pris du plaisir à tabasser cette femme ?!
        –    Oui ! Confirme Thomas, les yeux brillants de larmes.
        –    Espèce de bâtard... 
        –    Qu'est-ce que vous me voulez, à la fin ?!
    Kaleb esquisse un sourire mauvais, renforce sa position.
        –    Tu as peur de moi, gamin ?
    Thomas ne répond pas, mais l'effroi se lit clairement dans ses yeux. Toujours paralysé par le poids de son assaillant, il se contente de rester le plus immobile possible, malgré la douleur lancinante dans son visage.
        –    Bien, reprend Kaleb en lâchant sa prise. Tu vois cette peur ? C'est exactement ce qu'a dû ressentir cette pauvre femme en bas ! J'ai entendu ta conversation avec l'autre flic. Tu as assassiné ton épouse et son amant, et voilà que tu tabasses cette femme ? Tu me dégoûtes, sale merdeux. Tu aimes être au dessus des autres, hein ? T’aime ça, ce sentiment de puissance ? Ben moi je vais te faire descendre de ton piedéstal, espèce d’enfoiré.
        –    Je... Je n'ai pas... Je n'ai assassiné personne.
    Son ton se voulait ferme, mais sa voix déraille avant de s'éteindre. La haine qu'il apperçoit dans les yeux de son agresseur le paralyse de terreur.
A son grand étonnement, le tueur à gages se relève, fait mine d'épousseter sa veste. Lentement, tremblant de peur, Thomas l'imite. Il porte la main à son visage, où son nez continue de saigner. Il garde les yeux rivés sur son agresseur... et son coeur rate un battement quand l'assaillant sort une arme de sa veste, puis vise le millionaire en plein coeur.
        –    Où est ton père ? Demande Kaleb.
        –    Il n'est pas là ! Répond Thomas du tac au tac en levant les mains bien en évidence. Il va sûrement bientôt revenir ! Vous avez affaire avec lui, c'est ça ? Vous n'avez qu'à attendre patiemment qu'il revienne pour que vous puissiez-
        –    Le tuer d'une balle dans la tête. 
        –    Que... Quoi ?
        –    Tu m'as bien entendu, enfoiré. Je vais te buter toi, puis j'attendrai que ton père revienne pour le tuer à son tour.
    Thomas inspire longuement, avant d'expirer tout aussi délicatement. Ne surtout pas paniquer... Il doit trouver une solution, et vite.
        –    Pourquoi faites-vous tout ça ? Questionne le jeune homme.
        –    Ton père doit payer pour ce qu'il m'a fait. 
        –    Que vous a-t-il fait ? Quoi que sont ses torts, je suis sûr que je peux les réparer.
        –    Oh, vraiment ? Tu peux ressuciter ma petite-amie ? Et empêcher les autres tueurs à gages de vouloir me buter ?
        –    Vous êtes... un tueur à gages ?
        –    Oui. C'est ça qui te choque, et même pas que ton père soit un assassin ?
        –    Je sais que mon père a déjà payer pour... faire taire des gens.
        –    Pourquoi a-t-il essayé de me faire taire, moi ?
        –    Je... Je l'ignore. Mais si vous me laissez un peu de temps, je pourrai trouver la réponse. 
        –    Le temps, c'est précisément ce qui me manque. Tu n'as pas entendu, quand j'ai dis que des tas d'autres types veulent ma tête pour recevoir la récompense ?!
        –    Combien ?
        –    Quoi ?
        –    Cette prime s'élève à combien ?
        –    A 300 000. Ton père n'y est pas allé de main morte.
        –    Cette somme ne représente rien pour moi. Que diriez-vous si je payais la rançon pour vous offrir la vie ? J'offrirai une belle paie pour empêcher les gens de vous tuer !
        –    Oh, comme c'est généreux de ta part, merdeux. Okay, imaginons. Tu paies pour les conneries de ton père. Et après ? Le vieux rapplique ici, et remets une rançon sur ma tête.
        –    Non, je l'en dissuaderai.
        –    Et comment ?
        –    Je lui parlerai ! S'énerve Thomas en soupirant. Vous avez failli tuez son fils, il pourra bien vous concéder la vie !
        –    Ou alors il voudra se venger en me tuant. Pourquoi tu ne l'appellerais pas, pour qu'on règle tout de suite cette histoire ? Je veux des réponses.
        –    J'ai déjà essayé plusieurs fois... Il ne répond à aucun de mes appels, ni à mes messages... J'ignore où il est, ou ce qu'il fait. Mais il n'est jamais parti plus d'un jour sans me prévenir. Je suis certain qu'il va revenir ce soir !
        –    Très bien. Et pour mon amie qu'il a fait exécuté ? Comment tu comptes m'offrir réparation ?
        –    Je vous offrirai assez d'argent pour que vous n'ayez plus jamais à travailler de toute votre vie !
        –    L'argent achète tout, hein ? Même la mort ?
    Kaleb abaisse le pistolet, mais garde les yeux rivés sur le jeune homme. Ce dernier se calme un peu, mais sait bien qu'il n'est pas encore sorti d'affaires. 
        –    Alors quoi, on a plus qu'à attendre ? Demande le tueur à gages d'un ton ironique. T'as de la bière, dans ton frigo ?
        –    Je... Oui.
        –    Après toi, je te suis.
    Thomas hésite un instant. Mais quand Kaleb fait mine de relever le pistolet, le millionaire s'avance pour sortir de la pièce. Suivi de près par le tueur à gages, ils descendent au salon. Kaleb hésite un instant devant la porte entrebaîllée d'Ariane, où s'échappe encore quelques gémissements.
    Le voyant faire, Thomas tente de dire quelque chose, mais Kaleb le devance.
        –    Ferme ta putain de gueule. Je ne veux rien entendre de toi. Cette histoire est loin d'être finie, crois-moi.
    Docile, Thomas reste silencieux. 
    Il emmène Kaleb jusqu'à la pièce principale, mais s'arrête net en voyant un adolescent assis sur son canapé, en train de regarder la télévision. 
 

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