Chapitre 4

Par Elohane

Les familles peuvent rendre visite une fois par mois, un Dimanche matin. Certaines viennent aussi le week end mais c’est informel. Ma mère n’est pas venu depuis qu’elle m’a laissé ici.

J’attends dans la pièce assez maladroitement, je ne sais quelle posture adopter au milieu de tous ces parents heureux de voir leurs enfants et de tous ces enfants heureux de voir leurs parents. La salle des visites est sûrement la plus large de toutes les salles, mais sûrement pas la plus haute, et je crois manquer d’air en voyant un pensionnaire enlacer sa mère.

Je desserre un peu ma cravate et vais attendre dans un coin de la pièce en attendant ma mère. Si elle vient bel et bien. En fait, elle ne m’a jamais confirmé le fait qu’elle viendrait aux visites.

Mais tout compte fait, est ce que je veux vraiment la voir ? Que lui dirais – je ? Elle est sans doute très occupé par son travail. Elle ne viendra pas.

Je commence à me frayer un chemin dans la foule pour sortir d’ici, et soudain je remarque une femme brune aux yeux bleus qui semble perdue. Elle porte une robe à fleurs et semble chercher des yeux quelqu’un. C’est ma mère.

Je vais vers elle, soulagé et un peu gêné. Je sens une étrange boule de chaleur dans ma gorge qui est vraiment désagréable. En allant vers elle, j’aperçois du coin de l’œil Neil qui parle avec ses parents.

  • Maman ?

Elle se retourne et son visage s’illumine quand elle m’aperçoit. Elle lève les mains, comme pour me prendre dans ses bras, mais s’arrête dans son élan et ceux – ci retombent le long de son corps. Je n’esquisse pas non plus le moindre mouvement vers elle. Nous sommes juste en face, nous nous regardons comme pourraient le faire de parfaits inconnus.

  • Salut maman. Qu’est ce que tu fais là ?
  • Comment ça ? C’est le jour des visites. Je peux bien aller voir mon fils.
  •  Je croyais que tu étais à ton nouveau travail.
  • J’ai pu me libérer pour une heure.

On sort de la pièce pour être un peu seuls loin du bruit. Les couloirs sont quasi vides. Tout le monde doit être avec sa famille respective. Je l’entraine jusqu’à l’extérieur et on s’assoit sur un banc. Il fait bon, les nuages ont laissés place à un ciel bleu et tout le monde a enlevé son blazer pour moins de chaleur.

  • C’est bien ici ? Tu t’es fait des amis ?
  • On s’habitue… dis – je sans répondre vraiment à la question.

Elle hoche la tête, l’air un peu triste et je m’en veux un peu.

  • Notre ville me manque. La maison me manque.

  Elle passe sa main dans mes cheveux et je ne bouge pas, la laisse faire.

  • Je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas être à la maison.
  • Tu ne peux pas ne plus aller au lycée. Aucuns ne sont adaptés pour toi Alex. Et mon travail me prend beaucoup de temps… Tu sais que c’est mieux ainsi.

J’aimerais le croire autant qu’elle… Mais j’ai du mal à le penser réellement.

  • Et… les professeurs sont gentils ? Continue t-elle comme je ne dis rien.
  • Ça va. Normaux.
  • Bon, tant mieux… Et tu manges bien ?
  • Mais oui, maman… Je vais bien. C’est bon.

Elle murmure quelque chose que je n’entends pas et me fais un bisou sur la joue. Je ne bronche pas et quand le directeur arrive pour la saluer, elle reste assise prés de moi. Ils discutent tous deux un moment puis il nous laisse seuls.

  • Cet uniforme te va bien.
  • Je ne crois pas non.

Elle n’insiste pas, et me parle de son patron, de son travail, de la maison et de la météo. J’écoute sa voix douce, sa voix de mère et je me demande si toutes les mères ont cette même façon de parler. Elle me raconte les courses qu’elle va faire et chaque détails de ses journées, comme si ça pouvait combler le temps qu’on passe éloignés.

Quand elle finit, elle me regarde et je comprends. Je commence alors à moi aussi lui parler, avec moins d’enthousiasme, mais c’est déjà ça. Je lui raconte ce qu’on mange, les horaires strict et les cours. Je lui parle de Neil et des professeurs, ainsi que du dortoir. Elle m’écoute attentivement et me pose beaucoup de questions.

  • Il faut que je rentre, déclare t-elle au bout d’un quart d’heure en regardant sa montre. Excuse moi mais je n’ai pas beaucoup de temps…
  • D’accord, dis – je simplement alors qu’elle se lève.

Sa main effleure mon épaule, elle me sourit et j’ai l’impression qu’elle est malheureuse en cet instant présent. Je reste assis sur le banc tandis qu’elle s’éloigne vers la grille, son sac à main pendouillant dans sa main.

Je reste assis sur le banc un bon quart d’heure, à juste regarder le ciel en attendant que les visites finissent et que toutes les familles s’en aillent. Les parents passent devant moi sans me voir, descendent le sentier qui mène à la route, remontent dans leurs belles voitures.

Je remonte dans le dortoir et me change avant que que celui-ci soit plein, puis vais prendre le repas du midi. A table, Neil me parle de sa sœur et de son chat, ainsi que de ses parents et il prend plaisir à me détailler leur discussion qui me parait bien insipide. Tout le long de sa tirade, je garde les yeux rivés sur mon assiette, le visage fermé. Il me demande deux fois si je vais bien et je réponds oui aux deux, puis m’excuse et quitte la table. Il me regarde partir, abasourdi, mais ne me suis pas.

En traversant le couloir, je comprends que tout cela était un peu trop pour moi. Revoir ma mère, essayer de lui pardonner et qu’elle m’enlace, cela, tout cela, m’étouffe.

Je désserre ma cravate et inspire et priant pour que mon cœur ralentisse. Ce n’est pas le moment de vriller. Vraiment pas.

Je me dirige vers la bibliothèque, cette pièce est apaisante. Les lumières tamisées et jaunâtres me font penser à la lumière de l’aube, et l’odeur de livre ancien qui y règne améliore ma respiration.

Seulement, je dois paraitre un peu affolé ou perdu quand j’entre, car le bibliothécaire me jette un regard et s’approche de moi, l’air bienveillant.

  • Ne me touchez pas, dis – je d’un ton sec quand sa main se pause sur mon épaule.

Il la retire aussitôt, l’air vexé et toujours soucieux.

  • Ça va mon garçon ? Tu n’as pas l’air dans ton assiette, dit il et sa voix n’est pas complètement stable.
  • Je…

Ma respiration se perds quelques secondes, siffle étrangement et je crois que ça parle suffisament pour moi.

  • Tiens, assis – toi, me dit il en m’indiquant une chaise tout prés.

Je fais un signe pour lui montrer qu’il n’a pas besoin de me soutenir jusqu’à la chaise, puis m’assois et déboutonne deux boutons de ma chemise. Mon visage est tout pâle et je ne comprends pas pourquoi mon corps s’affole autant. Qu’est ce qui a dégénéré ?

Heureusement, aucun élève n’est présent, tout le monde est en bas en train de dînner. Le bibliothécaire, Mr Olwes, se baisse vers moi, sourcils froncés.

  • Eh ben, ça à pas l’air d’aller fort. Tu veux que j’alerte le proviseur ?
  • Surtout pas, j’arrive à répondre en fermant les yeux pour reprendre mes esprits.

J’entends le sang pulser dans mes veines et parcourir mon corps, je peux aussi sentir la présence de Mr Olwes tout prés. Je n’aime pas la proximité d’autres corps. Je n’aime pas les bruits sourds et trop puissants, je n’aime pas les lumières vives. Tout ça me donne la nausée, et en même temps tout ça me rend différent.

  • Laissez moi, je peux me débrouiller, dis – je en rouvrant les yeux.
  • Tu es sur ? Tu devrais quand même aller voir l’infirmier.
  • Peut – être. J’irais si je ne me sens pas mieux.

Il n’a pas l’air satisfait mais ne se risque pas à insister.

  • Bon… Rejoins les autres alors. Ne reste pas seul.

Je me lève, vacille un peu mais j’ai assez d’équilibre pour ne pas aller m’écraser contre l’étagère de romans à ma gauche. Le bibliothécaire me suit du regard tandis que je quitte la pièce.

En allant à la salle de bain commune, pas une seule fois je ne songe à aller voir cet infirmier qui m’insupporte tant.

Au dessus d’un lavabo, je m’asperge le visage d’eau froide et cela suffit à me faire me sentir mieux. Je m’observe dans le miroir, croise mon propre regard bleu puis baisse la tête vers mes chaussures. J’ai cours de Littérature Anglaise dans 10 minutes, il faut que je me dépêche si je ne veux pas arriver en retard.

Lentement, je sèche mon visage, respire quelques goulées d’air et sors.

Une fois en cours, je vais m’asseoir comme d’habitude dans le fond, à côté de Neil. Celui-ci me regarde bizarrement et je lui demande pourquoi, peut être d’un ton trop agressif.

  • T’as pas l’air bien Alex.
  • Tant que ça ? J’ai fait un petit malaise, rien de grave.

Inutile de lui mentir.

  • Tu es sur que ce n’est pas grave ?
  • Sur.
  • Bon… Alors.

Il me sourit et me donne une tape amicale dans le dos. Je lui souris également, sans me forcer, me sentant déjà comme neuf.

Le professeur interroge Thierry, un garçon au premier rang, et pour une fois Neil ne me raconte pas sa vie de long en large. On reste tout les deux silencieux et seul le bruit du stylo sur la feuille nous parvient.

Le Lundi suivant, je me réveille à l’aube. Tout le monde dort encore, Neil également qui laisse échapper des ronflements phénoménaux. Le week end dernier, les pensionnaires pouvaient rentrer chez eux pour le passer avec leur famille, et rentrer le dimanche soir. Tout le monde avait hâte, et j’ai commencé à avoir hâte aussi, gagné par la fébrilité des uns. Mais ma mère m’a envoyé une lettre pour me dire qu’elle était très occupée au magasin et qu’elle ne pourrait pas m’accueillir. Bien sur, je n’ai pas été déçu. Je m’y attendais et finalement je n’avais pas vraiment envie d’y retourner et de revoir la maison et mon ancienne chambre. La pièce m’aurait paru habitée par des fantômes, pas des fantômes sous des draps blancs qui se promènent pour faire peur, mais plutôt les fantômes de mes souvenirs, ceux à discuter, assis sur mon lit avec ma grand-mère sans pouvoir m’endormir car j’avais trop peur. Elle me racontait alors des histoires, et ce n’était qu’après qu’elle ait fini d’en raconter plusieurs que je m’assoupissais.

Sa mort fut sûrement le jour le plus sombre de mon existence.

Quand j’eu quinze ans, cette chambre était l’endroit ou je passais toutes mes journées. Je n’étais pas adapté pour le lycée, jugé précoce, au dessus de la moyenne, et j’avais été donc déscolarisé.

J’ai toujours pensé qu’on renvoie un élève quand il est en dessous de la moyenne, pas au dessus. Mais certains adultes sont trop stupides.

Lorsqu’on m’a annoncé que j’étais renvoyé, j’ai d’abord été surpris, puis bizarrement aussitôt soulagé. Soulagé de ne plus devoir me promener dans la foule bruyante et étrangère de lycéens, soulagé de ne plus devoir conter dans ma tête les secondes puis les minutes qui me séparent de la fin d’un cours. Le lycée représente pour moi le malaise, l’ennui, la sensation de n’être pas à ma place.

Une fois renvoyé, je passais mes journées à lire ou composer de la musique. La seule chose de valeur, à la maison, était un piano. J’ai appris à y jouer tout seul, mais ma mère l’a vendu il y a quelques mois.

Perdu dans mes pensées, replongé dans mon enfance, je ne vois pas Julian arriver. Il porte son uniforme, déjà de si bonne heure alors que tout le monde dort encore dans le dortoir.

Mais je le porte aussi. Assis sur mon lit, je me redresse, étonné de le voir là.

Il pose son doigt sur ses lèvres pour me dire de ne pas faire de bruit et j’obtempère. Un léger sourire dévoile sa fossette.

  • Viens, chuchote t-il.

Il sors de la pièce et j’enfile mes chaussures en vitesse avant de le rejoindre. Il m’attend, adossé contre un mur, les bras croisés, sourire confiant.

  • Ou va-t-on ? Je demande en m’approchant.
  • Au Harly’s Park, fait – il en décroisant ses bras.

Il affiche un air sur de lui et fier de l’effet de surprise que cette réponse peut déclencher.

  • Es tu fou ?! Dis – je en m’arrêtant d’un coup.

Ses yeux gris ont l’air si confiants que ça m’agace. On est seuls dans le couloir, les seules personnes déjà réveillées se préparent pour partir chez elles.

  • Je ne veux pas y aller.
  • Alex, je t’en pris… Amuse toi un peu ! Tu es si seul, partout.
  • C’est faux.

Julian doit être aveugle pour ne pas remarquer Neil qui me suit partout pour me raconter sa vie.

  • Ho allez ! Keating est sympathique dans son genre, mais tu ferais mieux de rencontrer le grand monde.
  • Le grand monde ! Tu en parles comme si toi et tes amis êtes les étoiles montantes du futur. Un peu de modestie, Julian.

Il écarquille les yeux mais n’a pas l’air le moins du monde vexé. Je lui souris pour compléter mes dires et aussi lui exprimer le fait que je ne suis pas sérieux, et il sourit aussi.

  • Bon, ok. T’as raison. On peut aussi apeller Keating une étoile montante du futur, comme tu dis. A sa façon.
  • Et moi ? Je fais partit du grand monde ?

Il fait semblant de réfléchir.

  • Hmm… Je vais devoir y songer. T’évaluer.
  • M’évaluer… J’espère que ce ne sera pas trop dur pour moi.
  • Si ! Très dur !

Et sans ajouter un mot, il s’élance dans le couloir. Je le suis en courant, ma cravate me bat le visage tandis qu’on traverse la salle de chant vide à cette heure là et que je vais à sa suite dans l’escalier de colimaçon.

Mes cheveux blonds filent au vent, sur ma tête et sur ma nuque. Devant moi, il en est de même pour Julian. Nos deux corps si distincts mais si similaires en même temps, l’idée que je construis une sorte d’amitié avec lui, et qu’on est différents ; toutes ces pensées suffisent à me couper le souffle. On vient tout les deux de deux mondes opposés, on ne sait rien de l’autre et c’est aussi ce mystère qui me plait tant dans la situation.

Il sort des coursives et s’arrête de courir une fois dans la cour centrale, désertée.

  • Bon…, articule t-il, essouflé.

Il se plit légérement et pose ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. Je l’imite, ma respiration hâchée et mes joues me brulant. Je sens mes yeux me bruler, à cause du vent sans doute.

  • Pourquoi tu t’arrêtes ?
  • … J’ai été collé. Je n’ai pas le droit d’aller me promener à Harly’s Park, normalement. Et puis ce n’est pas l’heure pour aller là bas normalement…
  • Eh bien nous voilà bien avancés ! Dis – je en levant les yeux au ciel, hésitant entre l’exaspération et l’amusement. Grace à toi.

Mon rire, léger et fin, me fait l’effet d’une bombe. Je ne me rappelle pas la dernière fois que c’est arrivé. Ça doit faire des plombes que je n’ai pas pu entendre mon rire. Il est furtif mais valable. Julian me regarde, l’air un peu embêté, mais pas découragé pour autant.

  • Arrête de te moquer et regarde faire le pro !

Il va alors prés de la grille et commence à l’escalader. J’arrête de rire immédiatement et lance des regards autour pour vérifier que personne ne regarde.

  • Tu es fou. Arrête ça !

Je m’approche et lui tire le pied doucement pour qu’il redescende. Mais il se dégage et continue d’escalader tout en ayant l’air si sur de lui.

  • Ce n’est pas la première fois que je sors d’ici en douce, Alex.
  • Ça ne m’étonne pas…

Cependant, je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée. Un peu inquiet, je reste en dessous, juste au cas ou.

Je guette du regard le moindre mouvement aux alentours, mais heureusement personne ne vient. Je suis soulagé quand il atteint enfin le sol, de l’autre côté de la grille. Il époussette ses vêtements et me lance un regard provocateur, me mettant au défi de l’imiter.

J’ai envie de rentrer aussitôt à l’intérieur du dortoir et de ne plus jamais me laisser entrainer quelque part par Julian Llorim. Pourtant, quelque chose me retient ici. Je ne peux pas partir. Mais je balaie la grille du regard, persuadé que je vais rester embroché sur ce truc.

  • Dis donc, t’en mets du temps. Tu me rejoins ou tu restes planté là ?
  • J’arrive.

Je prends ma respiration. De l’autre côté, il me regarde d’un air un peu trop fier de lui que j’ai envie de lui faire ravaler.

  • Je prends mon temps, c’est tout.
  • Ok, dit-il en étouffant un petit rire.

Je lui lance un regard qui en dit long, et me décide à grimper. Je place mon pied gauche entre deux barreaux et le monte de quelques centimètres. Il ne glisse pas, correctement positionné, et je continue d’avancer en priant fort pour que personne ne soit en train de regarder par une fenêtre.

Que verrait – il alors ? Un blondinet escalader la grille de bon matin ? Ou un voyou en uniforme essayer de fuguer ?

  • Tu t’en sors bien.

Ce n’est sûrement pas pour ça que je vais le remercier.

Je poursuis la montée, et une fois en haut, jauge les cinq bon mètres qui me séparent du sol, puis entreprends de descendre en me retournant et en faisant la même chose. Mais un bouton de mon blazer se casse alors que la ficelle qui l’accrochait au vêtement se fait transpercer par une pointe dans la grille.

Julian se baisse pour le ramasser et le laisse dans son poing fermé. Je reprends mon souffle et continue jusqu’à ce que je sois assez prés pour sauter.

J’atteris parfaitement et il hausse les épaules.

  • Alors, tu vois que ce n’était pas si dur.

Je ne réponds pas et il me rend le bouton de mon blazer que je mets dans ma poche. Nous regardons la cour du pensionnat que nous avons quitté, puis sans un mot on se dirige vers l’opposé.

Nous longeons une route caillouteuse pendant une dizaine de minutes. Le soleil est déjà haut dans le ciel pour cette heure matinale, et il fait considérablement chaud. Nous allons marcher à l’ombre des pins pour nous protéger des rayons ardents. On avance côte à côté, silencieux. Seul le son de nos pas sur le gravier vient briser la petite bulle de paix qui nous enveloppe.

 

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