Chapitre 4

Par Yvane_

 

Après le départ improvisé de l’Agent, Keïrah attrapa machinalement un balai, pour enlever les saletés imaginaires qui reposaient sur le sol.

Elle repensait à la scène qui venait de se dérouler. Comment le Sergent et elle avaient-ils pu avoir une vision ? Elle était… Spéciale. Elle le savait. La cérémonie, puis ça… Qu’est-ce que ça voulait dire ? La petite voix dans sa tête lui criait de s’enfuir pour trouver des réponses, mais c’était impossible. Sa petite chambre était surveillée de tous les côtés.

Mais oui ! C’était ça la solution !

         Minuit moins dix ; Dans la maison à louer de la vieille Linette, tout le monde dormait. Tout le monde, vraiment ? Si l’on était équipé de bonnes lunettes et d’une bougie, on pouvait voir une ombre se mouvoir dans une des petites chambres. Keïrah – car c’était bien elle – s’était rappelée que la pièce était équipée d’un petit cagibi dans la charpente, une sorte de grenier, où passait le conduit de la cheminée. Il devait sûrement y avoir une trappe pour y accéder !

         Elle passa un bon quart d’heure à tâtonner le plafond, à la recherche d’une poignée, d’une encoche ou n’importe quel indice. La jeune fille finit par trouver un anneau en fer dans le coin du plafond. Quand elle tira dessus, un nuage de poussière la fit tousser. Le garde posté devant la fenêtre eu un petit sursaut, mais ne se retourna pas. Keïrah poussa un soupir de soulagement. A la force de ses bras, elle se hissa, non sans difficulté, dans l’ouverture. Quand elle eut grimpé, elle alluma la bougie qu’elle avait prise dans sa poche. La petite pièce avait servi de débarras. Des cageots remplis de babioles étaient empilés dans tous les coins. La jeune fille trouva rapidement ce qui l’intéressait : le conduit de la cheminée. Une ouverture étroite y était visible. Elle s’y glissa avec quelques difficultés mais arriva tout de même à s’introduire dans le passage.

         En prenant, d’un côté, appui sur la paroi avec son dos, et de l’autre, avec ses pieds, elle remonta lentement dans la vieille cheminée, pour finalement en sortir, barbouillée de suie.

C’était ça son plan ! Il y avait bien des gardes de tous les côtés, mais pas au-dessus du bâtiment ! Et maintenant, elle était libre.

Elle s’agrippa aux branches du vieux saule qui surplombait une partie du toit, et entreprit de descendre de l’arbre. Mais arrivée à la jonction entre le tronc et les branches, elle entendit quelqu’un chanter. Elle tourna la tête, à droite, à gauche, mais ne vit personne. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle vit le Sergent, assis en bas de l’arbre ! La mélodie venait de lui. Elle ne mit pas longtemps à reconnaître la chanson : c’était celle que Sahïrkta avait chanté pour elle ! Comment pouvait-il connaître cet air ?

         Elle s’assit confortablement sur la branche pour écouter. Quand l’ALR eu fini, il soupira et dit tout haut :

-Je sais que vous êtes là. Ce n’est plus la peine de rester cachée.

Keïrah se pétrifia. Elle n’osa plus bouger.

-Je ne vous veux pas de mal. Descendez, ou je monte vous chercher.

Voyant qu’elle n’avait pas d’échappatoire, la jeune fille sortit de sa planque à contre cœur et s’assit à côté de lui.

-Qui êtes-vous ? lui demanda le jeune homme.

Keïrah le regarda, ne comprenant pas pourquoi il lui demandait cela.

-Vous le savez déjà !dit-elle.

-Qui êtes-vous vraiment ?

-Je pensais, commença-t-elle, être une fille normale, et puis il y a eu la cérémonie, j’ai été choisie, ce qui est d’ailleurs vraiment très étrange, ensuite j’ai eu cette vision étrange, comme si j’avais vu l’avenir, alors que je ne maîtrise même pas la maäjy… En fait je n’en sais absolument rien.

Le Sergent sembla méditer sa réponse.

-Moi, dit-il, ce que je sais, c’est que vous n’êtes pas une Volmaäjes. Cette affaire est injuste, vous n’avez pas reçu la récompense qui vous était pourtant attribuée de droit, sous prétexte que vous êtes une femme. Mais je ne peux pas contredire, malheureusement les lois de notre roi. Ce que je peux faire, par contre, c’est vous aider à trouver des réponses.

-Et pourquoi le feriez-vous ? questionna la jeune fille après un certain temps.

Le jeune homme, en la regardant dans les yeux, lui répondit d’une voix grave et mystérieuse :

-Il est sûrement mieux pour nous deux que je ne vous dise pas tout pour le moment.

Un silence s’en suivit. Que cachait le Sergent ?

-Avez-vous eu la même vision que moi hier ? lança Keïrah.

Il hocha la tête.

-Et je ne sais absolument pas ce que cela veut dire, ajouta-t-il.

Leurs deux têtes se tournèrent simultanément l’un vers l’autre, pour se retrouver à quelques centimètres d’écart seulement. Ils ne restèrent qu’une fraction de secondes dans cette position, mais elle parut durer des heures, des jours peut-être. Keïrah vira au rouge tomate, se releva en s’écartant vivement de l’Agent, et demanda :

-Où allons-nous maintenant ?

-Je vais laisser un mot aux gardes, leur disant que… Que j’ai dû vous  amenez à l’hôpital ! Mais nous n’aurons pas beaucoup de temps avant qu’ils se rendent compte du subterfuge. Pour commencer nos recherche, nous allons nous diriger à l’endroit où vous avez grandi…

La jeune fille termina sa phrase :

-L’orphelinat des Roses d’Eau.

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