Nash se mit en route accompagné de la fille. Il commençait à remettre en question sa décision. Pourquoi ne pas tout lui révéler directement ? Pourquoi la laisser chercher alors qu’il avait déjà toutes les réponses ? Il ne voulait pas se l’avouer, mais il savait pourquoi. Il ne voulait pas la perdre. Ils ne s’étaient rencontrés que la veille, mais en quelques minutes, cette fille avait chamboulé son monde, remis en question toutes ses certitudes, ébranlé toutes les barrières de son passé qu’il avait érigé au fil du temps et qu’il pensait indestructibles. Il ne pouvait déjà plus la quitter. Il savait pourtant qui elle était.
Nash était égoïste. Et il le savait très bien. Il connaissait mieux le passé de la jeune fille qu’elle-même, mais ne pouvait rien lui dévoiler. Alors il la laisserait chercher. Il ne pouvait pas risquer de tuer dans l’œuf ce qui naissait entre eux. Il avait donc choisi le silence. Il avait agi pour ses intérêts plutôt que pour ceux de la fille. Et il n’en était pas fier. Mais c’était trop tard pour faire marche arrière.
Alors il l’avait aidée à rentrer dans le bâtiment par effraction et à voler son dossier. Il avait pris un air effaré quand elle avait découvert qu’on l’avait trouvé sur le perron un matin, qu’on connaissait son prénom grâce à son médaillon mais que son nom de famille leur était inconnu. Mais tout ça, Nash le savait déjà. Son faux cri de surprise lui laissa un goût amer sur la langue. Il devrait penser, dans un futur proche, à intégrer une troupe de théâtre… Comédie. Tout n’était que comédie. De la poudre aux yeux. Et il s’en voulait énormément.
En cet instant, tout ce qu’il voulait, c’était s’excuser auprès de Keïrah