Leurs parents partis, les jeunes gens se retrouvèrent seuls avec leurs invités. Il sembla à Surielle que la tension montait d’un cran. Ils étaient tous méfiants. Les impériaux étaient en terrain allié, mais les générations précédentes avaient été ennemies.
Un faux pas serait désastreux au niveau diplomatique et Surielle se rappela rapidement pourquoi elle avait refusé d’opter pour la même carrière que sa mère alors que le silence s’éternisait.
–Comment as-tu fait pour te mettre dans cet état ? demanda Axel en avisant les tâches de terre sur les vêtements de sa sœur. Ta sortie ? Ça s’est… bien passé ?
Peu désireuse d’aborder le sujet devant de parfaits inconnus, Surielle bafouilla.
–Oui. À peu près. Enfin… je n’y retournerai pas, je pense.
–Il y a un garçon ? s’invita Shaniel, les yeux brillants.
–Comment l’as-tu su ? questionna Surielle, suspicieuse.
–Il y a toujours un garçon, rétorqua Shaniel en haussant les épaules. À moins que tu ne préfères les filles ? Pour ma part, je n’ai pas encore tranché le sujet.
Rayad soupira.
–Shani, il faudrait que tu penses à autre chose qu’à tes histoires d’amour romantique…
–Orssanc, marmonna Shaniel, tu ne songes vraiment qu’à ton devoir. Profites de l’instant !
–C’est notre avenir qui se joue Shani ! Comment peux-tu être si…désinvolte ? Notre père est mort ! Nous ne savons même pas qui a pu survivre ! Nous ne savons rien !
–Je comprends que l’attente te frustre, tempéra Alistair en posant une main apaisante sur son bras. Mais nous ne pouvons plus rien y faire.
Rayad se renfrogna, conscient que son ami avait raison, se refusant pourtant à l’admettre.
–Tu es chez les Mecers ? demanda Alistair à Axel, espérant changer les pensées de Rayad.
Le Massilien portait l’uniforme noir typique des Envoyés.
–Oui ! sourit le jeune homme, ravi que la conversation s’oriente sur un terrain moins glissant. Enfin, je viens juste de passer le concours d’entrée.
–Félicitations, répondit poliment son cousin.
–Que fais-tu de ton côté ? questionna Surielle avec curiosité.
–Je suis lieutenant chez les Maagoïs.
–Tu suis les traces de ton père, lança Axel sans réfléchir.
–Comme toi, lui retourna Alistair.
–Comment est-ce, dans l’Empire ? Il y a beaucoup d’ailés ?
–Peu. Essentiellement des enfants d’anciens esclaves. Certains nous détestent parce que nous avons rejoint l’Empire. Et ils sont encore nombreux chez les nobles à en vouloir à mon père d’être un proche de l’Empereur Dvorking, Orssanc garde son âme. Tu as des ailes magnifiques, d’ailleurs. D’où te viennent-elles ?
–Magnifiques, vraiment ? Elles viendraient des phénix, d’après mes parents. Je les déteste.
–Pourquoi ?
Les trois impériaux ne purent masquer leur surprise.
–Tu le sauras si tu quittes le Palais, répondit Surielle avec amertume. Je n’ai pas ton écarlate, mais de loin il s’en rapproche. Ton père… n’est pas très aimé, ici. Pour les Massiliens, il reste un traitre.
Alistair resta silencieux un moment. Mettre les pieds ici, à Valyar, au cœur des douze Royaumes… il ne s’était pas attendu à un air si pur, loin de la pollution des cités impériales. Il avait comme l’étrange sensation d’être enfin rentré chez lui. Pouvait-on ressentir l’exil alors qu’on ne l’avait pas vécu ? Était-ce que qui expliquait les accès de mélancolie de son père ?
–Crois-tu que mes ailes soient un passe-droit sur Druus ? dit-il doucement. Mes frères et moi sommes des cibles depuis notre naissance. Plusieurs assassins ont déjà tenté de prendre ma vie. Et il y aurait eu bien plus de tentatives, si je n’avais pas eu l’amitié du prince Rayad. Mes ailes sont ce que je suis. S’ils ne peuvent les aimer, qu’ils les craignent.
Rayad sourit.
–Toi, tu n’as jamais cherché à gagner mes faveurs autrement que par ta loyauté, tu as toujours exprimé ton opinion avec franchise.
–Qu’il ne puisse mentir aide, renifla sa sœur. Imagine si tu interdisais le mensonge à la Cour ! Ah, comme les petits nobles se trouveraient bien embêtés !
–Il y a un monde entre ne pas mentir et dire la vérité, dit Surielle. Des subtilités qui vous échappent.
Alistair acquiesça, presque malgré lui.
–Tu sais bien que c’est impossible, Shani, rétorqua Rayad en croisant les bras. Et puis, mentir reste bien pratique, avoue-le. Ou vas-tu m’apprendre que cela ne t’ait jamais arrivé ?
La jeune princesse ne lui répondit pas, clairement contrariée.
Surielle réalisa qu’il lui incombait d’éviter que la situation ne dégénère. Les impériaux tentaient d’être polis mais il y avait eu trop de tensions entre leurs parents pour que la conversation soit facile. La moindre parole les ramenait au passé. Eraïm qu’elle détestait cette tâche qui lui retombait sur les épaules ! Ses parents n’auraient jamais dû les laisser seuls.
–Venez, je vais vous montrer où vous dormirez ce soir. Comme ça, vous n’aurez pas à demander après le repas.
Surielle les conduisit dans son salon. Il était bien plus petit que celui de ses parents, mais lui permettait de recevoir des amis – en théorie, parce que jamais elle n’avait invité quelqu’un à pénétrer chez elle. Elle craignait trop de les décevoir, de les impressionner, de leur rappeler qu’elle n’était pas n’importe qui, mais la fille ainée de la Souveraine des douze Royaumes. Certes, Surielle n’avait aucun droit sur la succession, car après le douzième, ce serait le premier Royaume, Mouligraï, qui prendrait la tête de la Fédération, mais la fonction de sa mère lui conférait un certain prestige. Il lui était encore difficile de discerner ceux qui tenaient réellement à son amitié, et ceux qui ne cherchaient qu’à se servir d’elle pour faire leur chemin dans le cercle fermé des Seyhids.
Sa dernière déconvenue lui avait laissé un goût très amer et l’avait forcée à se retrancher davantage en elle-même.
Et là, elle allait dévoiler toute son intimité à des gens qu’elle connaissait à peine, juste parce que sa mère lui avait demandé et qu’elle n’avait pas osé lui rappeler qu’elle détestait ça. La jeune ailée contint sa colère, força ses poings serrés à se décrisper, calma sa respiration.
–Voilà ma chambre, dit Surielle en poussant une dernière porte.
La décoration était sobre, et le grand lit occupait l’essentiel de la pièce. De rares cadres rompaient l’uniformité des murs gris.
Un secrétaire se trouvait dans un coin de la pièce, et plusieurs papiers étaient rangés dans des boites soigneusement fermées à clé. Surielle ne faisait plus confiance à personne.
Shaniel fit le tour de la pièce, s’arrêtant un instant près des fleurs posées sur le chevet, jeta un coup d’œil dans la salle de bain, petite mais agréablement agencée.
–J’imagine que ça n’a rien à voir avec le confort d’un palais impérial…
–Ça ira, ne t’en fais pas. Merci, Surielle. J’ai l’impression que ça te coûte.
–Je n’ai pas l’habitude de prêter ma chambre, avoua Surielle. Ah, si jamais, il y a une porte dérobée qui communique avec la chambre de mon frère.
Elle s’avança pour montrer la poignée, camouflée dans le mur grâce à un effet d’optique.
–Par contre, je vous déconseille d’ouvrir la porte-fenêtre. Contrairement à mon frère, je n’ai pas de balcon. Sans ailes, vous risquez une chute fatale.
*****
Assis près de sa sœur, avec Alistair à sa droite, Rayad aurait presque pu se croire de retour au Palais de son père. Il appréciait qu’on les ait laissés ensemble ; la Souveraine avait agi avec tact. Son père n’avait apparemment pas menti.
Son père… Rayad n’en avait jamais été très proche. En tout cas, pas autant que la Souveraine semblait l’être avec ses enfants. L’empereur était plutôt formel, distant dans ses rapports.
Rayad comme Shaniel en avaient été peinés, plus jeunes. Avant de comprendre que c’était le seul moyen qu’avait trouvé Dvorking pour les protéger. Les manigances de son ancienne favorite, l’Iku Idril so Baradiel, l’avaient conduit à se croire stérile. À son insu, elle lui avait fait ingérer des substances détruisant ses cellules reproductrices. Lorsque la traitrise du Grand Prêtre d’Orssanc, l’Arköm Samuel, avait été dévoilée au grand jour, lorsque son Iku s’était révélée être sa complice, Dvorking avait été fou de rage. Satia, qui n’était pas encore Souveraine des Douze Royaumes, avait lutté à ses côtés, avec l’aide du Messager Lucas qui avait prêté serment de la protéger. Leur victoire avait eu un goût amer pour l’Empereur, conscient des années perdues. Les phénix survivants du massacre perpétré par l’Arköm Samuel, alliés de Satia, lui avaient fait un don exceptionnel : un flacon rempli de leurs larmes, aux bienfaits miraculeux.
Grâce à ces larmes, Dvorking avait pu devenir père. Mais l’effet n’était que temporaire. Malgré les efforts des meilleurs médecins de l’Empire, jamais il n’avait réussi à concevoir d’autres enfants.
Rayad et Shaniel lui étaient plus précieux que tout.
Raison pour laquelle le Commandeur Éric s’était empressé de sortir Shaniel et Rayad de l’enfer des combats, dès qu’il était apparu que la situation était désespérée. Camouflés sous d’amples capes, Rayad avait traversé les couloirs jonchés de cadavres, la main de Shaniel serrée dans la sienne. Si Rayad avait eu une formation martiale et avait participé à plusieurs campagnes contre des contrebandiers et autres bandes de mercenaires, Shaniel n’avait jamais connu les combats de masse. Contrairement à son habitude, elle était restée silencieuse.
À l’extérieur, une navette les attendait, Alistair aux commandes. Ils avaient volé bas, filant au ras du toit des maisons, sous le seuil de détection des radars. Le Commandeur était resté sourd à leurs demandes d’explications ; la navette s’était posée en périphérie de la ville, près de la Porte.
Il avait fallu des années avant que la Fédération et l’Empire se fassent suffisamment confiance pour établir un lien durable. La Souveraine avait fini par accepter qu’une Porte soit construite pour relier leurs deux systèmes solaires. Une première étape dans l’établissement de relations commerciales.
Un Prêtre d’Orssanc était présent pour l’activer. Rayad en avait été étonné. Le culte d’Orssanc avait été démantelé à la suite de la chute de son Grand Prêtre. L’Empereur Dvorking ne connaissait pas la demi-mesure pour anéantir ceux qui avaient osé s’opposer à lui : les Temples avaient été détruits, leurs membres tués ou exilés, le culte totalement interdit. Pour les besoins des Portes, il avait fallu former de nouveaux Prêtres. Cette fois-ci, l’Empereur avait été fermement décidé à surveiller de près les religieux. Plusieurs hommes de confiance avaient été infiltrés au sein du nouveau clergé, pour éviter toute dérive.
Le Commandeur les avait retenus quelques instants pour leur expliquer leur mission. Trouver la Souveraine Satia, la convaincre du sérieux de la situation dans l’Empire, lui demander de l’aide. L’assassinat de l’Empereur n’était que la façade d’une menace bien plus sérieuse. Les Stolisters étaient nombreux, lourdement armés, possédaient une milice capable de rivaliser avec les Maagoïs, l’élite de l’armée impériale, dont plusieurs garnisons avaient été empoisonnées. Plusieurs des Familles étaient ciblées également, mais le Commandeur Éric, tout comme le Seigneur Jahyr de Nienna, présent sur place, avait été incapable de leur donner davantage de détails.
Puis les Stolisters avaient jailli, tout proche. Le Commandeur avait juré avant de les pousser au travers de la Porte. Alistair avait suivi peu après. Ils n’avaient eu que le temps de voir le seigneur Jahyr presser un détonateur avant que le chatoiement disparaisse, les condamnant à rester sur le sol de la Fédération, brûlants de questions sans réponse.
Rayad savait son ami Alistair inquiet. Son père était connu pour sa loyauté sans faille à l’égard de l’empereur Dvorking, Orssanc garde son âme. Sa famille serait en première ligne pour subir des représailles de l’ennemi. Il aurait préféré rester aux côtés de son père, mais obéirait à ses derniers ordres de les protéger.
Rayad songea à sa mère, Iris. Était-elle en vie, ou morte comme son père ? Sa mère jouissait d’une vie douce à la cour ; son titre d’Impératrice avait attiré la jalousie des Iko, les concubines impériales. Elle avait été Iku, première parmi les Iko, favorite en titre ; à la naissance de Rayad et Shaniel, elle avait été nommée Impératrice. Son statut lui valait des appartements particuliers, loin du harem : toute une aile du Palais impérial lui était réservée, et elle avait sa propre garde rapprochée. Iris ne participait pas à la vie politique, par contre elle s’était assuré que Rayad et Shaniel grandissent entourés d’affection. Elle était toujours disponible pour leurs questions, savait être à l’écoute, se montrait bienveillante. Régner sur les Iko ne l’intéressait pas, et elle se moquait des manigances qui se nouaient dans son dos. En revanche, Iris se montrait impitoyable avec ceux qui causaient du tort à ses enfants, leur père compris.
Rayad ne se souvenait plus vraiment du moment où son père avait commencé à superviser son instruction. Les meilleurs précepteurs étaient venus des neuf planètes de l’Empire pour lui inculquer les notions fondamentales.
À douze ans, il avait été nommé héritier du trône. Un nouveau statut qui lui permettait d’assister son père lors de ses réunions. Il avait d’abord détesté de devoir se borner à écouter ; au fil des années, il avait été autorisé à donner, puis affirmer, son opinion. Dvorking l’écoutait toujours avec patience. Il rectifiait sa vision quand des points lui avaient échappés, pointait des détails que Rayad avait occultés. Peu à peu, il l’initiait au pouvoir qui serait un jour le sien.
Le reste du temps, Rayad côtoyait de jeunes Seigneurs de son âge. Issus des Neuf Familles qui se partageaient le pouvoir sur les Neuf Mondes, tous avaient à cœur de gagner son amitié. Rayad avait été inexplicablement attiré par le seul qui restait à l’écart, le regard sombre, peu désireux de se lier. N’importe qui devinait son identité rien qu’avec les deux ailes écarlates dans son dos ; Alistair était le fils ainé du Commandeur des Maagoïs, Éric aux Ailes Rouges, devenu Éric d’Iwar, Seigneur du Septième Monde, en récompense de sa loyauté suite aux évènements tragiques survenus avant la naissance de Rayad.
Rayad avait affiché son soutien à Alistair plusieurs fois, sans en être remercié pour autant. Alistair s’imaginait que Rayad était mû par la curiosité, cherchait à s’attirer ses bonnes grâces.
La tentative d’assassinat qui les avait visés tous les deux avait été un déclic. Ils avaient chèrement défendu leur vie, s’étaient soutenus mutuellement : cela avait scellé le début d’une forte amitié. Depuis, ils étaient presque aussi inséparables que Rayad et Shaniel.
Le soir, Rayad retrouvait avec joie sa jumelle. Si en public Shaniel apparaissait comme une jeune femme étourdie et superficielle, parlait fards et onguents avec ses homologues de la noblesse, en privé elle recevait une éducation aussi complète que Rayad. La fleur avait des épines, comme avaient découverts des assassins à leurs dépens. Ses talents d’observation étaient bien meilleurs que ceux de son frère. Peu lui échappait ; elle savait arborer un masque mondain lors des bals et autres fêtes ; tout en notant qui conversait avec qui, qui complotait contre qui.
Leur union était leur force ; et Rayad savait qu’il pourrait compter sur elle le jour où il deviendrait Empereur. Évidemment, il savait qu’il y aurait des difficultés. Les tentatives d’assassinats se montraient plus inventives les unes que les autres et il avait déjà vu le Commandeur Éric s’arracher les cheveux de frustration. Les Stolisters avaient-ils été derrière ces machinations ? Le Maitre-Espion Fayais leur avait assuré que les commanditaires étaient différents.
Savoir que tout ceci n’était plus était une déchirure. Les flammes et les hurlements d’agonie des serviteurs lui revenaient en mémoire. Son père à terre, le regard éteint ; le Commandeur n’avait pas hésité une seconde après la mort de Dvorking. Il n’avait pas tenu compte de leurs faibles protestations pour les mettre en lieu sûr. Rayad et Shaniel étaient trop hébétés, trop sous le choc pour résister davantage.
Qu’avait-il eu en tête en les envoyant ici, si loin de chez eux ? Rayad avait étudié ces mondes. Ils étaient bien plus primitifs que les planètes de l’Empire. Quelles ressources pourraient-ils lui apporter ? Rayad n’avait que trop conscience que le temps lui était compté. Sa place était dans l’Empire, pas sur le sol de la Fédération. Quel avait été le plan du Commandeur ? S’était-il joué d’eux, avait-il obéi aux derniers ordres de son père ? Être ainsi tenu dans l’ignorance était frustrant au possible. Rayad était trop habitué à se tenir au courant des évènements via un simple coup d’œil sur son poignet.
Le jeune prince reporta son attention sur leurs hôtes. La Souveraine et son époux étaient célèbres jusque dans l’Empire, et il se souvenait de les avoir rencontrés plusieurs fois. Avaient-ils leurs propres plans, eux aussi ? Comptaient-ils les utiliser ? Ils occupaient les deux extrémités de la table, savaient garder un œil sur chacun pour épier leurs réactions.
En face de Rayad se trouvait Surielle. Comment pouvait-elle être si différente d’Axel ? Le jeune garçon était si sérieux que Rayad ne trouvait pas étonnant qu’il ait été admis chez les Mecers. La benjamine, Lysabel, était le parfait mélange de ses parents. Les yeux violets de sa mère, les ailes blanches de son père. À douze ans, elle était encore une enfant. Ce devait donc être Axel qui avait hérité du redoutable pouvoir de sa mère. Le Don de maitriser le feu. Le violet sur ses ailes était étonnant ; à côté de l’orangé de Surielle, il paraissait fade. La jeune femme restait un mystère pour Rayad. La flamboyance de ses ailes se heurtait à la froideur de son regard bleu-acier. Elle aurait pu être le portrait de son père. Était-elle dépourvue du moindre pouvoir ? Il ne la connaissait pas assez pour poser la question.
–Vous avez déjà le mal du pays ? demanda Satia quand ils arrivèrent au dessert.
–Je ne sais pas, répondit Rayad avec hésitation. Tout était tellement soudain, si confus… J’ai encore du mal à admettre que mon père n’est plus. L’Empire est peut-être à feu et à sang, et nous sommes incapables d’avoir des nouvelles !
–Le Commandeur ne vous aurait pas envoyé ici sans raison, dit pensivement Lucas. Il poursuit certainement un but plus précis.
–Qu’il nous dise lequel aurait été plus utile, se renfrogna Rayad.
Éric n’est plus lié ? demanda Lucas à son Compagnon.
Non, en effet, répondit Iskor. Je ne sais pas si c’est par dépit ou pour éviter d’être reconnu par d’autres Massiliens, mais il n’a repris personne après s’être débarrassé de Nyx.
Pour le coup, réussir à le joindre aurait été utile, songea Lucas.
Veux-tu que je me rende auprès de lui ?
En dernier recours. Il aurait pu le demander explicitement aux jeunes. Qu’il n’en ait rien fait montre que la situation est loin d’être aussi optimiste que ne le pense le prince Rayad. Je refuse de te mettre en danger sans raison.
Les phénix avaient frôlé l’extinction, vingt ans plus tôt. Ils étaient encore trop peu nombreux pour que Lucas risque la vie d’un seul d’entre eux. Surtout celle de son Compagnon. Le souvenir de la mort de son précédent Compagnon, où il avait manqué de basculer dans la folie, était trop fort pour qu’il l’oublie un jour.
Et nous chérirons toujours son souvenir, dit Iskor qui avait suivi le fil de ses pensées.
–Je sais que vous souhaitez agir immédiatement, déclara Satia. Mais sans plan d’action, sans savoir comment rejoindre l’Empire, toute opération me semble prématurée. Nous avons besoin d’informations supplémentaires. Demain, j’irai trouver nos ambassadeurs. Voir avec eux quelles solutions nous aurions pour vous permettre de rentrer chez vous, si vous y tenez. Même si j’ai du mal à vous renvoyer ainsi au cœur des combats…
–Ne pourriez-vous vous détacher d’un régiment ou deux ?
–Pas sans l’accord de l’Assemblée, hélas. Nous ne pouvons agir dans la précipitation. Accordez-nous du temps.
Rayad acquiesça par politesse. Les politiciens étaient tous pareils. Exiger d’eux une action rapide était au-delà de leurs compétences. C’était la principale différence entre le régime démocratique de la Fédération et le régime autoritaire de l’Empire. Son père tranchait dans les débats dès que les discussions s’enlisaient ; ici, ce n’était pas possible.
Il imaginait très bien les choses. Des discussions, encore des discussions… et pendant ce temps, son peuple souffrait. Ses villes brûlaient. Son Empire périclitait. Il devait récupérer son trône au plus vite. Les Stolisters auraient tôt fait d’annoncer sa mort et de s’emparer de ce qui lui revenait de droit. Rayad ne comptait pas les laisser faire. Certes, il n’avait que dix-huit ans, et selon le droit impérial, il était tout juste majeur. Pour autant, il était l’héritier légitime et ne comptait pas abandonner son dû sans combattre.
Dès qu’ils eurent terminé le dessert, ils prirent congé. Rayad avait conscience d’être à la limite de l’impolitesse mais il ne souhaitait pas s’attarder. Il savait tout ce qu’il y avait à savoir. Maintenant, il n’avait plus qu’à préparer ses plans.
*****
Profites de l’instant !
→ Profite de
Comment est-ce, dans l’Empire ? Il y a beaucoup d’ailés ?
→ Je pensais que Axel avait dit cette phrase (alors que visiblement, vu la suite, c’est Surielle). Il manque un insert ici.
Elles viendraient des phénix, d’après mes parents. Je les déteste.
→ Elle déteste ses parents ? (Je sais que ce sont ses ailes mais la phrase manque de clarté).
Était-ce que qui expliquait les accès de mélancolie de son père ?
→ « ce » à la place de « que » je suppose
–Qu’il ne puisse mentir aide
→ Même exilé à l’autre bout de l’empire, il ne peut pas mentir ? Ouah ! Respect Eraïm !
Ou vas-tu m’apprendre que cela ne t’ait jamais arrivé ?
→ ne t’est jamais arrivé
Contrairement à mon frère, je n’ai pas de balcon. Sans ailes, vous risquez une chute fatale.
→C’est super bizarre. Cet étage est pour le souverain et c’est plutôt rare qu’il y ait des ailés dans sa famille, non ? Pourquoi avoir réalisé une telle construction ?
Les phénix survivants du massacre perpétré par l’Arköm Samuel, alliés de Satia, lui avaient fait un don exceptionnel
→ Les phénix survivants ont fait un don exceptionnel à qui ? A Satia ? A l’arköm Samuel ? Honnêtement, si je n’avais pas lu le roman précédent, je n’aurais jamais compris que c’était à Dvorking.
Raison pour laquelle le Commandeur Éric s’était empressé de sortir Shaniel et Rayad de l’enfer des combats, dès qu’il était apparu que la situation était désespérée.
→ Là encore, j’ai dû relire plusieurs fois pour comprendre qu’il s’agissait d’un flashback et comme dans le roman précédent, la concordance des temps ne va pas ensuite (mais tu as l’habitude).
La Souveraine avait fini par accepter qu’une Porte soit construite pour relier leurs deux systèmes solaires.
→ Il n’y en avait pas déjà ? Comment l’Empire faisait-il pour atteindre la Fédération avant ? Et puis, les habitants (Fédération et Empire réunis) savent construire des Portes ? J’en suis sur le cul.
Un Prêtre d’Orssanc était présent pour l’activer.
→ Les portes peuvent aussi être activées par un prêtre d’Orssanc ?
Dvorking ne connaissait pas la demi-mesure pour anéantir ceux qui avaient osé s’opposer à lui : les Temples avaient été détruits, leurs membres tués ou exilés, le culte totalement interdit. Pour les besoins des Portes, il avait fallu former de nouveaux Prêtres.
→ Si tous les anciens ont été massacrés, il ne reste personne pour former les nouveaux…
Plusieurs hommes de confiance avaient été infiltrés au sein du nouveau clergé, pour éviter toute dérive.
Le Commandeur les avait retenus quelques instants pour leur expliquer leur mission.
→ Entre ces deux phrases, il y a en fait des années d’écart (tu sors du flashback dans le flashback pour revenir au premier flashback et crois-moi, c’est chaud de te suivre).
Rayad savait son ami Alistair inquiet.
→ On est revenu au présent là ? Je n’en suis pas certaine. Ce n’est pas clair.
elle s’était assuré que Rayad et Shaniel
→ assurée
Il avait d’abord détesté de devoir se borner à écouter
→ Le « de » est de trop
Il rectifiait sa vision quand des points lui avaient échappés
→ échappé.
À douze ans, il avait été nommé héritier du trône.
→ Encore une monde patriarcal. Le mec est l’héritier. La fille peut crever. Ne change surtout pas ! C’est très réaliste. Triste, mais réaliste.
La fleur avait des épines, comme avaient découverts des assassins à leurs dépens.
→ avaient découvert des
il se souvenait de les avoir rencontrés plusieurs fois.
→ Le « de » est de trop
même si j’ai du mal à vous renvoyer ainsi au cœur des combats…
→ Cette phrase est très mal tournée pour une politicienne de haut vol. « Vous renvoyer au cœur des combats serait inconsidéré » ou un truc du genre. Je suis incapable d’écrire une phrase de ce genre mais une IA pourrait te fournir plusieurs possibilités ou des pistes.
Merci pour tes remarques (ça se doit que c'est un 1er jet ? ^^). Purée ouaip toutes ces incohérences qui trainent ! Déjà juste la mise en page manque d'aération (quel pavé à lire, chapeau !), bizarre d'habitude j'y fais attention.
Pour la porte-fenêtre au 13ème étage... ma foi j'ai habité un immeuble au 10ème qui en avait plein :) Après, oui, il y a un garde-fou (et je crois que là aussi), disons juste qu'on ne peut pas sortir en désescaladant le bâtiment (enfin, c'est ultra risqué). Mais ici je ne le précise pas (et il faudrait), ça serait stupide de mettre une ouverture bam comme ça vers le vide (quoique ça faciliterait les assassinats façon accident ^^).
Comment est-ce, dans l’Empire ? Il y a beaucoup d’ailés ?
→ Je pensais que Axel avait dit cette phrase (alors que visiblement, vu la suite, c’est Surielle). Il manque un insert ici.
-- > alors là c'était bien Axel mais sur la suite c'est bien Surielle et il manque l'insert, bien vu.
Les flashbacks s'enchainent mal ouaip, et le manque de découpage / sauts de paragraphe n'aide pas du tout. J'arrangerai cela.
On reste aussi sur un système patriarcal yep, même si j'espère le faire évoluer petit à petit.
Et oui pour la phrase de politicienne, j'ai pas toujours le bon ton là-dessus j'avoue.
La Porte entre l'Empire et la Fédération... vu qu'elle est détruite quand ils arrivent (d'ailleurs pourquoi celle de la Fédération est détruite alors que c'est l'autre qu'ils sont sauter, et pourquoi elle était construite dans les jardins du Palais... et comment ils ont pu la construire, en fait... AH AH AH. Faut que j'étoffe le background ou que je trouve un autre moyen de les faire arriver. Un phénix impérial ça pourrait aussi être une idée, tiens. Bref tu as bien raison de pointer que tout ça est bancal, je vais y réfléchir).
Idem pour les Prêtres... hum. Faut que je précise que certains des Anciens ont genre prêté allégeance et obéissance totale à l'Empereur, histoire qu'on en épargne un ou 2. Mais le culte est considéré comme moribond, de fait, très peu de Prêtres, ça ne fait plus rêver, tout ça tout ça. (et le dire et/ou le sous-entendre, ça serait bien mieux, oui ^^).
Bon, va y avoir du boulot là aussi :)
Merci tout plein !