Chapitre 4 : Auberge sous tension

Par Rouky

Lorsque nous traversâmes le salon, il ne restait plus qu’Henry Acampora. Il nous jeta un regard inquiet, mais ne pipa mot. Les autres avaient dû retourner dans leur chambre respective.
    Nous montâmes les escaliers menant aux mansardes et, avec un regard noir, le policier à l’entrée de la chambre nous ouvrit la porte, nous interdisant toutefois de pénétrer dans la pièce. Il nous faudrait donc observer depuis le seuil. 
    J’eu un haut-le-cœur en voyant la masse inerte recouvert d’un drap noir. Une certaine puanteur commençait se faire sentir, accentué par la chaleur de cette journée.
    Gallant s’accroupit à l’entrée. Curieux, je l’imitai pour voir à sa hauteur. Je remarquai son regard fixé sur un pistolet sous le lit, celui ayant apparemment servi à Larsen pour commettre son suicide. 
    Puis le détective releva les yeux, contempla les trentaine de toiles amoncelées dans la petite masure.
    -    Il y en a encore au grenier, lui expliquai-je. Monsieur Acampora le laisse entreposer là-bas sans rien lui faire payer.
    -    Pourquoi cela ?
    -    C’est qu’il apprécie... appréciait l’art de Larsen.
    -    Hmmm... Avez-vous l’impression que quoi que ce soit ait bougé ?
    -    Non, je ne pense pas... Non, tout est comme lorsque je suis entré. Il ne possède aucune affaire personnelle. Seuls ses toiles l’accompagnent.
    Le regard du détective s’attarda sur une toile non terminée, de taille large, et où se dessinait des traits de couleurs bleu, vert et rouge pastel. Il manquait toutefois la partie droite, que Larsen avait laissé inachevée.
    -    J’ai vu tout ce qu’il me fallait, déclara Gallant en se relevant vers le policier. Je vous remercie, monsieur. Dîtes-moi, les autres occupants sont-ils dans leur chambre ?
    -    Oui, fit l’agent en refermant la porte. 
    -    Pourriez-vous m’attendre en bas ? Me demanda Gallant. Je viendrai vous y rejoindre au plus vite.
    -    Euh... Oui, d’accord.
    Je redescendis vers le salon, tandis que Gallant toquait à la porte voisine de la mansarde du suicidé.
*
    Je buvais le thé à petites gorgées, seul dans la salle à manger. Quoiqu’un peu froid, le breuvage était particulièrement sucré. Bien loin des saveurs de Londres, cette petite collation me fit pourtant le plus grand bien. 
    Je restais ainsi un temps qui me parut interminable. J’entendais des bruits de pas à l’étage, quelques éclats de voix indistinctes, mais rien de bien précis.
    Alors que je commençais à somnoler sous la chaleur étouffante, quelqu’un se mit à descendre les escaliers tellement vite que je craignais qu’il tombe.
    Isen Gallant apparut devant moi, le souffle court, un grand sourire plaqué sur les lèvres.    
    -    Sur ce, jeune monsieur, me dit-il en effectuant une petite révérence, je dois vous laisser. Mais n’ayez crainte, je reviens rapidement. Le temps joue contre moi.
    Je n’eu pas le temps de répondre que mon interlocuteur sortit en toute hâte. Quelques instants plus tard, c’est Isabella qui vint me rejoindre. 
    Le visage rouge, les yeux gonflés, elle venait visiblement de pleurer. Inquiet, je m’approchais d’elle, prit ses mains dans les miennes.
    -    Allons, Isabella ! Lui dis-je avec douceur. Que vous arrive-t-il ? Est-ce Gallant qui vous a mis dans un tel état ?
    -    Ce satané détective ! Pesta-t-elle avec tant de hargne que j’eu un mouvement de recul. Qu’il parte d’ici, bien loin ! Plutôt que de fouiner dans des affaires qui ne le regardent pas ! Oh, je vous en prie, Monsieur Laon, faites-le partir...
    Elle se laissa choir contre moi, en proie à de violents sanglots. Je la laissai ainsi pleurer contre ma poitrine pendant plusieurs minutes, lui caressant les cheveux d’un geste tendre. Quand ses larmes se tarirent enfin, elle se redressa, se força à sourire.
    -    Excusez-moi, Monsieur Laon, je n’aurai pas dû me montrer aussi bouleversée. C’est juste que... avec toute cette histoire... je crains que plus personne n’ose venir dormir à l’auberge, vous voyez ?
    -    Oui, je comprends. Mais  ne vous inquiétez pas, je suis sûr que cette histoire ne peut que bien se terminer. Votre auberge n’en souffrira pas, je vous le promet.
    Elle m’offrit un sourire sincère, ce qui me fit chaud au cœur.
    Elle s’écarta de moi quand les autres occupants de l’auberge descendirent tour à tour. Henry Acampora se positionna près de sa fille, l’air troublé.
    Les frères D’Asande s’assirent de part et d’autre de la cheminée. Dorian croisa les bras, défiant quiconque de venir leur parler. Slavomir Beran, loin de se départir de sa mauvaise humeur, fronçait les sourcils en nous dévisageant.
    Nous restâmes ainsi pendant ce qui me parut être une petite demi-heure, plongés dans un silence que nul n’osait briser... du moins jusqu’à ce que Slavomir déclare d’une voix hésitante :
    -    Je suis innocent, vous le savez bien ? Je veux dire... S’il s’agit vraiment d’un meurtre... Sachez que je suis innocent.
    -    Allons, monsieur Beran ! S’écria Henry. Pourquoi en douterions-nous ? Evidemment que vous êtes innocent, comme nous tous ici présents ! Je suis certain que ce chenapan de détective a faux sur toute la ligne.
    -    C’est que... Reprit Slavomir avant de s’interrompre quelques secondes. J’ai eu des différends avec Bent, c’est certain. Il avait plus de succès que moi, je le conçois, mais je ne l’ai pas tué pour autant, vous voyez ? Je tenais juste à le préciser, au cas où...
    -    Il est étrange que vous souhaitiez inopinément clamer votre innocence, gronda Dorian en se levant. Pourquoi ce besoin de vous justifier alors que personne ne vous accuse de rien ?
Slavomir pâlit soudainement, se levant à son tour. 
    -    Non, je... Je voulais juste... Enfin, avec ce détective qui traîne, je me disais que... il valait mieux clarifier la chose... Eviter les malentendus...
    -    Est-ce de la culpabilité qui vous assaille ? Aboya Dorian en s’approchant du peintre, menaçant.
    -    Non, je-
    -    Vous avec toujours été silencieux jusque là, m’sieur le peintre, alors pourquoi ce revirement d’attitude, hein ? Qu’est-ce que vous avez fait à Bent ?! Si j’apprends que c’est vous, l’assassin, je vous promets que ma vengeance sera terrible.
    Slavomir s’écarta de quelques pas devant ce jeune colosse furieux. Henry et moi-même nous levâmes, prêts à calmer la situation, quand la voix brisé d’Eden s’éleva.
    -    Dorian ! Sanglota son jeune frère. Arrête ce cinéma, je t’en supplie... Bent est... est mort, alors honorons sa mémoire comme il se doit. Sa disparition me fait assez souffrir comme ça, je n’ai pas envie de vous voir vous entredéchirer, s’il te plaît...
    Dorian se précipita vers son cadet, l’enlaçant de toutes ses forces.
    -    Oh, Eden, pardonne-moi, dit-il d’une voix doucereuse. Tu as raison, nous devons honorer sa mémoire. Je suis désolé...
    Alors que le plus jeune sanglotait à n’en plus s’arrêter, mon cœur se serra. Oui, ce jeune homme considérait Bent Larsen comme le père qu’il n’avait jamais eu, et le voilà maintenant plongé dans une souffrance remuée par l’intervention d’un détective...
    Dans un silence funeste entrecoupé des sanglots d’Eden, nous restâmes dans le salon. J’ignore combien de temps s’écoula. C’aurait pu être dix minutes comme trente. Assailli de questions en mon for intérieur, j’en avais perdu la notion du temps.
La porte d’entrée s’ouvrit à la volée, et Gallant entra, suivis de l’inspecteur Favre. 
    -    Mademoiselle, Messieurs, commença le détective d’une voix sérieuse. 
Il s’interrompu, regarda les frères Eden D’Asande un court instant, et reprit comme si de rien n’était. 
    -    Après avoir mené ma petite enquête, je puis vous affirmer avoir déniché pour chacun d’entre vous un motif qui aurait pu vous conduire à l’assassinat prémédité de Bent Larsen. Je possède également un témoignage qui viendra appuyer mes dires.
    -    Quoi ? S’écria Slavomir, encore pâle de son altercation avec Dorian. Non et non ! Il n’y a pas eu de meurtre, c’est impossible !
    -     Je suis d’accord, renchérit Acampora. C’est une histoire tragique et sordide, alors cesse de vouloir jouer au détective, garçon, et laissons cette affaire de suicide !
    Gallant ne se démonta pas face à leur colère. Il se tourna vers Favre.
    -    Monsieur, dit-il, si les occupants de l’auberge et vous-même aviez l’obligeance de me suivre, je vous emmènerais dans un endroit qui vous prouvera que j’ai raison.
    Favre me lança un regard en coin. Comme j’acquiesçai discrètement, il hocha la tête à son tour.
    -    Bien, gamin. Emmène-nous là où tu veux, et prouve-moi que tu ne m’a pas simplement fait perdre mon temps. 
    C’est ainsi que nous suivîmes le détective Gallant au dehors

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Le Perce Val
Posté le 18/07/2025
Rehello!
C’est Timothée qui était là dans les trois premiers chapitres (changement de pseudo pour des raisons évidentes).
Ton texte s’approche un peu d’une pièce de théâtre, dans les allées et venues des personnages, dans les répliques (petites remarques formelles: tu n’utilises pas les bons tirets (pas grave) et pas de majuscules aux incises (pas grave non plus les deux se corrigent vite))Oui ça fait une très longue parenthèse 😅
L’hypothèse de ma sœur avance bien, on dirait!
L’ambiance est bien réussie. On sent dans Gallant une sorte de mélange marrant entre l’exubérance d’un Poirot et l’énigmatique Sherlock.
J’ai pas encore lu la suite mais ça me paraîtrait bizarre que le narrateur ne soit pas accusé sous prétexte « qu’il est copain avec l’inspecteur » Mais je vais attendre avant de juger🫣
C’est un sympathique policier (vraiment!) même si on sent deux trois maladresses de styles faciles à corriger (dis moi si tu veux que je les relèves précisément, pas de problème pour moi!)
Timothée ou Le Perce Val
Rouky
Posté le 18/07/2025
Re-salut ! ^^

Pour les tirets et les majuscules je l'ai appris un peu tard, mais j'avoue ne pas encore avoir trouvé la motivation de tout corriger ah ah ! Mais merci de ton honnêteté avec cette parenthèse ! ;-)

Merci pour la petite comparaison avec Poirot et Sherlock, ça fait toujours plaisir quand un lecteur s'aperçoit de la résonnance avec des personnages qu'on admire ^^ Malheureusement Gallant est bien loin d'être à leur hauteur !
Aaaah c'est frustrant de ne pas pouvoir te dire si ta sœur a oui ou non raison !
Oui je veux bien que tu relèves les maladresses, ça m'aiderai pour mes autres romans policiers ! ^^
Ah ah la signature des deux noms ;-)
axel
Posté le 25/05/2025
Il y a une chose que je ne comprends pas bien : le détective Gallant est-il allé interroger chacun des autres personnages ?
En tout cas, sa façon d'apparaître et disparaître donne un côté "pièce de théâtre" à ton histoire, un peu comme dans un vaudeville
Rouky
Posté le 26/05/2025
Bonjour !

Je n'y avais jamais fait attention, mais c'est vrai qu'il y a un certain côté théâtral.
Non, les interrogatoires arrivent plus tard, pour l'instant il tire surtout ses conclusions d'après ses sources et ses observations :-)
Hylm
Posté le 21/03/2025
Merci pour ce début d'histoire, j'aime bien jusque là :)
On sent vraiment l'inspiration agatha christie dans la construction, je vois même un peu d'Hercule Poirot dans Gallant.
C'est très difficile de se prononcer ou de donner un avis sur un roman policier avant la fin, mais je vais faire un petit retour de ce à quoi j'ai pensé pendant la lecture.
Je peux voir l'amour des affaires de detectives dans le style d'écriture, le lieu, les personnages, le crime et le detective, tout est mis en place en deux chapitres. J'ai trouvé ça assez rapide, ça colle très bien avec le format de lecture de plume d'argent où les histoires courtes sont souvent plus facile à lire et populaires, mais j'ai peur de rater certaines choses que j'aime dans une histoire de detective.
Peut-être qu'une précision sur la longueur prévue de l'affaire (un peu comme le nombre de pages dans une version imprimée) servirait à 'rassurer' sur ce début très dense en informations. Je n'ai par exemple pas eu le temps de retenir tous les personnages (je me dis que ce n'est pas catastrophique et que j'aurai le temps de les connaître plus tard) et on m'a plus 'décrit' leurs relations que fait vivre, c'est un peu dommage. Ca donne à l'histoire un côté plus 'puzzle' que roman, où on ne va pas s'attacher aux personnages, mais plutôt juste retenir un ou deux détails importants.
Le tout donne un peu l'impression d'expédier les banalités d'une histoire de detective (et aussi l'une de ses grosses difficultées), la mise en scène du meurtre, l'arrivée de la police et du detective. On sait que le detective va récupérer et devenir le moteur de l'enquête (et on sent que tu es fier(e) de lui) mais par comparaison la police paraît presque ridicule et triviale. Pour donner le meilleur exemple que je puisse trouver, j'ai l'impression de lire un chapitre de 'detective Conan' (que tu dois sûrement connaître) où tout doit s'enchaîner vite à cause du format, où le caractère hebdomadaire fait qu'on excuse un peu n'imorte quelle incohérence/facilité scénaristique lors de la mise en scène, parce qu'on ne peut pas le faire à chaque enquête. On oublie les personnages aussitôt que l'affaire est close, ça peut être un choix, mais dans ce cas là il faut assurer sur le mystère (jusqu'ici rien à reprocher mais tout se jouera sur la fin du coup).
Actuellement j'ai envie de me lancer dans le rôle de detective, j'ai faim d'informations, d'indices, de petits lapsus dans les dialogues pour me faire deviner les relations entre eux. J'avais envie de les connaître au chapitre 1, et maintenant qu'il y a eu le meurtre j'ai en plus envie de connaître le contexte.
Par-ci par là il y des petites erreur d'orthographe mais ce n'est pas catastrophique, c'est juste un peu dommage que le lecteur puisse buter sur elles et ralentir lors de la lecture.
Hâte de lire la suite et bon courage pour l'écriture.
Rouky
Posté le 21/03/2025
Merci beaucoup, ton commentaire me touche énormément ! Ah ah, je trouve ça génial que tu sois là deuxièmement personne à me dire qu'il y a le ressenti d'une ambiance Agatha Christie ! J'aime beaucoup cette auteure, et je me suis librement inspirée de l'ambiance de ses romans.

Je comprends ce que tu veux dire sur le fait que ça aille assez vite, que tout se met en place rapidement. Pour t'expliquer un peu, il s'agit là de la toute première histoire que j'ai écrite, donc la patte du débutant qui ne s'attarde pas assez sur des choses essentielles doit se faire ressentir. Mais également parce que j'ai toujours eu de la difficulté à écrire des histoires longues. Je bute sur les explications, l'intrigue, les mots, même quand tout est clair dans ma tête. Je préfère les histoires courtes, même si cela peut se faire au détriment de certaines choses.

En ce qui concerne l'approfondissement des personnages, j'aimerai te rassurer en te disant qu'il y aura justement plus de profondeur dans les chapitres suivants, mais je dois aussi avouer que tu risques d'être déçu à certains moments😅 peut-être manquent-ils en effet de profondeur.

Enfin, pour les erreurs d'orthographe, je ferai en sorte de les rectifier !

Encore merci pour ton commentaire, et bonne lecture pour la suite !😌
Rouky
Posté le 21/03/2025
J'ajoute ce petit commentaire parce que je me suis rendu compte de coquilles immondes dans mon premier commentaire ! Pour ma défense j'ai écris ma première réponse dans un train, avec un mal des transports, et sur un téléphone qui aime transformer ou "corriger" mes mots et tournures de phrases.

Désolée pour les immondices orthographiques !
Hylm
Posté le 21/03/2025
De rien pour le commentaire, je pense en refaire sur les prochains chapitres (peut-être pas à chaque fois) si ça t'aide.
Ne t'inquiète pas, le public de Plume d'argent est on-ne-peut plus compréhensible, amuse-toi avec l'écriture et c'est tout ce qui compte. De toutes façons tu ne plairas pas à tout le monde donc fait un machin qui te plaît à toi, si tu as des aspirations professionnelles profite de la commu pour modifier deux trois trucs si besoin mais tu n'as de compte à rendre à personne.
Pour les points faibles de description comme pour tout le reste y'a pas de solution facile ça viendra avec la pratique, n'ai absolument pas peur de te foirer, je ferai avec plaisir un super pavé encore une fois où j'essayerai de dire quels problèmes je vois
Et puis ne stresse pas sur l'orthographe je fais des fautes tout le temps, tout le monde fait des fautes tout le temps, et généralement bien plus que ce que j'ai vu dans ton texte.
Bon courage à toi, tu t'attaques au genre le plus dur à écrire et où le public est le plus aux aguets. Mais ça en vaut la chandelle, entre fans de Christie on sait à quel point un bon mystère est agréable.
Rouky
Posté le 21/03/2025
T'es super encourageant !
Encore un grand merci !!😌
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