Chapitre 4 : Du bleu et du vert.

Par Cléooo

Chapitre 4 : Du bleu et du vert.

 

Une fois les journalistes repartis, le calme revint autour de leur espace. Thibault et Gabriel furent séparés du reste du groupe. Ils n’avaient plus besoin d’attirer l’attention désormais. On ne renchérissait pas sur le Sommet.

Le maître avait emporté avec lui les restes du petit-déjeuner et il autorisa les deux garçons à grignoter en attendant la fin de l’événement. Thibault avait l’impression de flotter sur un nuage. L’angoisse qu’il avait accumulée pendant ces deux jours le quittait peu à peu. Il savait qu’il n’aurait pas dû autant se réjouir de sa situation, mais il ne pouvait s’en empêcher. Il jeta un coup d’œil vers Gabriel qui épluchait une orange à côté de lui. Le gamin coupa le fruit en deux et lui en tendit une moitié qu’il accepta spontanément. Un lien s’était indubitablement tissé entre eux.

À la fin de la journée, le maître détacha les quatre autres esclaves et ils se réunirent autour de Thibault et de Gabriel. Ils se disputèrent alors les quelques bouchées de nourriture que les deux garçons leur avaient laissées, et le maître s’assit à côté de Thibault, les regardant avec dégoût. Il agita la tête de droite à gauche avant de se râcler la gorge.

— Bien. Je vais vous donner les résultats finaux. Alors… Sans surprise, Thibault et Gabriel arrivent en tête. Respectivement 51 000 et 30 000 midas. Beau travail les garçons, le palais vous a acheté au triple de votre valeur initiale. Pas si loin derrière, Lyria. Félicitations ma belle, tu pars au Deuxième ! J’ai eu une très jolie offre de 22 000 midas pour toi. Ils t’ont pris pour ton talent de musicienne, c’est chouette, non ?

Thibault jeta un coup d’œil à la grande brune qui hochait la tête, l’air rassurée.

— Ensuite, et honnêtement je suis plutôt surpris : Taek. Tu as attiré l’œil d’une famille du Troisième et j’ai obtenu la belle somme de 12 000 midas en retour. C’est incroyable. Je me serai contenté du quart pour toi !

Le maître eut un rire gras alors qu’il fixait le décharné, lequel ne laissait rien paraître.

— Bon bon, reprit le maître devant son regard vide. En suivant, j’ai Cynthia, pour la somme décevante de 8 000 midas. Achat fait par le bordel « Aux Jolies Fleurs », ici même au Troisième. Ah non, ne me regarde pas comme ça ! Tu n’as fait aucun effort aussi… C’est moi qui devrais être fâché honnêtement, je te vends à perte. Tu as de la chance que tes petits camarades aient compensé pour toi !

La rouquine s’était mise à haleter, l’air horrifié. Puis petit à petit, elle sembla céder à une vraie crise de panique. Elle parvenait à peine à respirer et se mit à tirer sur son collier avec force. Le maître lui envoya une très brève décharge électrique pour la calmer. Après ça, elle pleurait en silence.

Thibault se mordit la lèvre, mais il eut tout de même un peu plus de mal à compatir pour elle cette fois. Il comprenait l’horreur qu’elle devait ressentir. Sa propre hantise avait été d’être acheté par un bordel… Mais il était vrai qu’elle n’avait fait aucun effort pour être mieux vendue. Déjà, elle avait essayé de s’enfuir, puis elle avait pleuré devant la grande-duchesse, et à chaque fois qu’un potentiel acheteur approchait… Qu’était-elle en droit d’espérer ?

— Et enfin, Nestor, reprit le maître comme si de rien été. 950 midas. Toujours plus que ce à quoi je m’attendais, alors je ne t’en tiens pas rigueur. Tu as été acheté par la société d’entretien des égouts du Troisième. Voilà voilà ! J’espère que vous êtes contents du résultat. Moi je suis ravi en tout cas. Je crois que c’est ma plus belle vente depuis que j’ai commencé dans le métier !

Il les balaya du regard avec un grand sourire. La rouquine, elle, était toujours effondrée.

Thibault laissa ses muscles se détendre. Il lui semblait qu’il pouvait relâcher la pression à présent. Il s’apprêtait à monter au Sommet. Le meilleur endroit possible de Délos. Il échangea un regard complice avec Gabriel.

Le maître leur indiqua bientôt qu’il était temps de repartir à leur tente. Les acheteurs passeraient les chercher plus tard dans la soirée, afin de profiter d’abord des festivités organisées pour clôturer la foire.

Quand ils eurent retrouvé leur tente, la rouquine fut de nouveau ficelée, cette fois contre l’un des poteaux qui maintenaient la toile. Thibault supposait qu’aux yeux du maître, elle seule représentait encore un danger. Il n’aurait pas voulu risquer qu’elle s’enfuie alors qu’il venait de la vendre. C’était sûrement plus prudent, car la jeune fille se trouvait toujours dans un grand état d’agitation.

 

Moins d’une heure après leur retour, un homme vint se présenter à la tente. C’était l’un des cadres de la compagnie d’entretien des égouts du Troisième et le maître fit lever le petit vieux et procéda à la transaction. Quelques instants plus tard, l’homme repartait avec son esclave.

Ce fut ensuite le tour du trentenaire, Taek. La famille, constituée d’un couple accompagné de leur fille, avait l’air très sympathique, et ils lui adressèrent un sourire bienveillant en l’approchant.

— Notre fils est mort l’an dernier, indiqua la mère de famille à Taek. Lui aussi, avait des gros problèmes avec la drogue… Il aurait ton âge maintenant.

Elle passa doucement sa main dans les cheveux éparses du trentenaire, qui écarquillait ses yeux aux pupilles dilatées. Il n’avait pas l’air de saisir à quel point il était chanceux… Un achat de pitié. Ces gens étaient venus pour lui donner une vie meilleure. Il y en avait toujours quelques-uns sur les foires… Thibault serra les dents. Il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain sentiment d’injustice. Le trentenaire n’avait aucun mérite à ce qu’ils l’aient choisi. Il s’était volontairement détruit et qu’il en soit récompensé le dépassait.

La petite famille repartit très vite, et quand ils eurent disparu, le maître secoua la tête d’un air désabusé. Visiblement, ce type d’acheteurs ne lui inspirait pas grand-chose.

Une nouvelle heure passa. Un silence nerveux s’était installé, entrecoupé par les gémissements ponctuels de la rouquine.

La personne suivante à se présenter à la tente fut un homme, vêtue d’une étrange tenue rose bonbon. Au cou, il portait un large nœud-papillon noir, qui tranchait avec le rose uniforme du reste de ses vêtements. Il avait passé une veste de costard sur son torse nu très musclé et un short couvrait ses cuisses jusqu’aux genoux. Aux pieds, il portait des escarpins si hauts que Thibault se demanda comment il parvenait à marcher. En plus de cela, il tanguait un peu, l’air passablement éméché.

— Je viens chercher la petite grosse, fit-il en gloussant.

Le maître eut un sourire indulgent envers l’homme et la désigna, toujours attachée à son poteau. L’acheteur éclata de rire en l’apercevant. Il l’approcha d’un pas incertain et fut rejoint par le maître pour procéder à l’échange de clé. L’instant suivant il repartait en adressant un signe de la main aux autres, traînant derrière la jeune fille à qui il avait passé une laisse rose, assortie à sa tenue.

Thibault passa une main nerveuse dans ses cheveux. Vraiment, il était soulagé de ne pas avoir été vendu à un bordel.

Quelques instants plus tard, une nouvelle personne passa le voile qui marquait l’entrée de leur tente. C’était l’esclave qui avait accompagné la grande-duchesse un peu plus tôt dans la journée et le corps de Thibault fut parcouru d’un étrange fourmillement. Il ne semblait pas très âgé, à peine une trentaine d’années. Malgré le collier qui indiquait clairement son statut d’esclave, il avança d’un pas très assuré, ce qui n’empêcha pas le maître de le scruter d’un air méchant.

— Je viens chercher les garçons que la grande-duchesse a acheté tout à l’heure, indiqua-t-il. Voici sa clé…

Il tendit l’objet au maître, qui ne le prit pas. Il continuait de fixer l’esclave avec une étrange expression.

— C’est une plaisanterie ?

L’esclave se figea.

— Une plaisanterie ? répéta-t-il.

— Ta maîtresse te laisse sa clé ? Tu connais son code ?

— En effet, approuva-t-il.

— A-t-elle plusieurs clés ? demanda le maître.

Un sourire malicieux apparut sur le visage de l’esclave.

— C’est la seule et l’unique, assura-t-il.

Thibault haussa les sourcils. Cet homme se baladait avec la clé le retenant prisonnier, et il en connaissait le code ?

— Tu te moques de moi, esclave ? fit le marchand en fronçant les sourcils.

Thibault lui jeta un bref coup d’œil. Il n’appréciait visiblement pas de voir un esclave libre de déambuler comme bon lui semblait. Ce dernier eut un léger rire devant la mine courroucée du maître, puis la seconde suivante, son expression devint mortellement sérieuse. Il toisa le marchand d’un air hautain, tout en repoussant une mèche de cheveux blond derrière son oreille.

— Attention, monsieur Lespar, dit-il d’une voix calme. Je suis au service de la grande-duchesse depuis plus de neuf ans et elle m’accorde la plus totale confiance. Je vous déconseille donc de me manquer de respect. Maintenant, je crois que nous devrions procéder aux formalités, si ce n’est pas trop vous demander. Je vous assure que vous ne souhaitez pas que la grande-duchesse se déplace elle-même pour cela.

Le maître entrouvrit la bouche, stupéfait, mais il ne bougea pas pour autant. L’esclave soupira alors et posa la clé contre son cou. Il manipula ensuite le petit objet et l’instant d’après, son collier tombait à ses pieds.

— Voilà, regardez. Je suis un homme libre. Pourrions-nous procéder à l’échange à présent ?

La mâchoire du maître lui tomba complètement.

L’esclave au service de Rebecca se baissa finalement pour ramasser son collier. L’instant d’après, il le refermait soigneusement autour de son cou, puis s’approcha de Gabriel. Le maître se hâta de le rejoindre auprès du gamin et de faire les manipulations permettant de transférer sa propriété à la grande-duchesse. Quelques secondes plus tard, Thibault était à son tour enregistré sur la clé et l’esclave impérial salua monsieur Lespar d’un bref signe de la main avant de faire signe aux deux garçons de le suivre à l’extérieur.

En lui emboîtant le pas, Thibault ne pouvait s’empêcher de repasser dans sa tête la scène dont il venait d’être témoin. Il avait été grandement soulagé à l’idée de monter au Sommet, mais il n’avait pas envisagé que la vie puisse y être aussi facile. Serait-il lui aussi libre de poser son collier quand bon lui semblerait ? Il laissa l’espoir enfler alors que l’esclave impérial les menait à travers les allées et que petit à petit, le bruit des tambours s’estompait.

Arrivés devant la porte d’entrée principale de la grande foire du printemps, leur guide leva un bras. Moins de dix secondes plus tard, une voiture d’un rare luxe s’arrêtait devant eux. Un chauffeur en sortit, ouvrit la porte arrière du véhicule, et s’inclina légèrement.

— Monsieur Ajax, énonça-t-il respectueusement.

L’esclave impérial le salua d’un hochement de la tête et fit signe à ses deux jeunes protégés d’entrer dans le véhicule.

— Vous allez être conduits au palais maintenant, leur indiqua-t-il. À votre arrivée, on vous mènera à un dortoir et vous pourrez prendre un peu de repos. Je vous y retrouverai demain, avant que vous ne débutiez vos formations. Rassurez-vous, vous avez assez de temps sur vos colliers pour tenir jusque-là. Tout est clair ? Eh bien, je vous souhaite le bonsoir alors.

Et sans attendre davantage, il referma la portière sur eux.

L’habitacle de la voiture était faiblement éclairé, mais la banquette était confortable. Thibault laissa reposer son dos contre le dossier tout en observant l’espace réduit dans lequel ils se trouvaient. Une sorte de vitre opaque les séparait du conducteur. À travers le verre teinté de la portière, il voyait les passants rire joyeusement. Il tourna finalement la tête vers Gabriel. Le gamin le regardait aussi.

— Merci Thibault, lança-t-il d’un ton empressé. D’avoir dit que j’étais spécial à la grande-duchesse. Je ne sais pas trop pourquoi elle y a cru, mais je te remercie.

Thibault ne sut que répondre. Il avait l’impression que le petit avait attendu toute la journée pour lui dire cela et il hocha la tête pour signifier que ça n’était rien. Il n’était pas certain de la raison pour laquelle il était intervenu à ce moment-là. Il savait juste qu’il avait vu le gamin pleurer et que ça l’avait dérangé. Dès la première seconde, quand il s’était retrouvé enfermé dans le fourgon, Gabriel avait ôté le bâillon de sa bouche. Peut-être Thibault s’était-il senti redevable, ou peut-être que l’intérêt incongru que le gamin lui avait témoigné l’avait touché.

— Je me demande ce qui serait arrivé si tu n’avais rien dit, reprit le jeune garçon. J’avais trop peur pour parler… Parmi les acheteurs, il n’y avait qu’un bordel qui avait fait une offre sur moi avant l’arrivée de la grande-duchesse. Je l’ai vu, sur la page de monsieur Lespar. Un bordel du Troisième, pour 3 000 midas. Et dire que j’ai été acheté à 30 000… ! Et toi à 51 000, c’est impressionnant…

— Si tu le dis…

Gabriel lui sourit.

— Je t’ennuie. Ça ne t’intéresse pas. Pardon, je me tais.

Thibault lui rendit son sourire.

— Non, ça ne m’ennuie pas. Je suis juste fatigué je crois… Ça a été deux très longues journées.

— C’est vrai, que tu as été interchangé ?

Thibault sentit ses entrailles se glacer. Le gamin avait dit cela sans méchanceté aucune pourtant. Il hocha la tête.

— Avec qui ? continua Gabriel, sans la moindre gêne.

— Mon grand frère, soupira Thibault. Ma mère préférait le garder lui plutôt que moi.

— Oh, je vois. Tant pis pour elle.

Gabriel s’appuya à son tour contre le dossier. Il paraissait content et Thibault retint un léger rire devant sa remarque. Tant pis pour elle, tant mieux pour lui ?

— Et toi, comment en es-tu arrivé là ?

— Mon père avait besoin d’argent, répondit-il aussitôt. Il voulait investir dans un projet de salle de paris avec des connaissances à lui. C’était le plus rapide, de me vendre.

— Ah…

L’embarras saisit Thibault. Que répondre à ça ? Lui, au moins, avait été vendu parce qu’il n’y avait pas le choix. Enfin presque pas le choix. Enfin il fallait vendre quelqu’un, en tout cas. Sa mère était ce qu’elle était, mais il ne pensait pas qu’elle l’aurait envoyé à l’esclavage si ça n’avait pas été nécessaire.

— Ouais… reprit le gamin. En fait, même dans un bordel, j’aurais été mieux loti que chez moi. Je me serais moins fait taper dessus. Mais là… C’est parfait. C’est mieux que tout ce que j’aurais pu souhaiter.

Thibault le dévisagea avec curiosité. Il fallait avoir eu une vie triste, pour être content de devenir esclave. Un élan de compassion lui vint et il tapota la tête du gamin.

— Tant mieux alors. J’espère que la grande-duchesse sera gentille avec toi.

Le gamin fixait le vide, mais un nouveau sourire lui monta aux lèvres. Il ne répondit pas. Thibault en profita pour observer par la vitre de la voiture et un mouvement brusque attira son regard. Un homme vêtu de noir venait de fendre la foule qui flânait sur les trottoirs. Le jeune homme plissa les yeux et se pencha pour suivre le rythme effréné de sa course. Sur le dos de la veste, dont la capuche dissimulait son visage, un grand cercle rouge barré retint son attention. Puis alors que la voiture s’apprêtait à tourner à l’angle de la rue, il aperçut du coin de l’œil ce qui ressemblait à un mouvement de panique.

— Tu as vu ça ?

Thibault s’était tourné vers Gabriel, mais le gamin lui lança un regard interrogateur. Un peu déçu, il se laissa retomber sur le siège.

— Ce n’était probablement rien, assura-t-il.

 

***

 

Au bout d’un moment, le conducteur arrêta la voiture afin qu’ils empruntent un monte-charge qui les mena au Deuxième.

Là-haut, l’atmosphère était incroyablement pure. La première bouffée d’air que Thibault inhala lui fit tourner la tête. Un étrange sentiment d’euphorie lui vint tandis qu’il regardait le paysage bizarrement vert. Tout semblait beaucoup mieux à cet étage qui logeait l’aristocratie, la crème de la crème de Délos.

À l’époque où la cité avait été bâtie, cet étage abritait les proches du fondateur, ancêtre direct de l’impératrice Solène, mais aux alentours de la gare, Thibault n’apercevait que de grands espaces, révélés par la luminosité des lampadaires qui diffusaient leur douce clarté sur le gazon. Il se sentit pousser des ailes. Il aurait préféré voir cet endroit en plein jour, mais le soir tombé n’entamait pas complètement son envie d’explorer la zone. Lorsqu’il fit un pas en direction d’un bosquet tout proche cependant, un nouveau chauffeur le héla pour attirer son attention. Il alpagua également Gabriel qui avait suivi Thibault d’un pas léger et les fit monter à bord d’un nouveau véhicule.

Le trajet suivant fut bref et le sentiment d’euphorie passa peu à peu. Bientôt Thibault se sentit somnolent, bercé par le trajet. Il avait appuyé son front contre la vitre de sa portière et quand le véhicule s’arrêta, il se redressa et constata qu’il avait laissé une trace grasse sur la paroi. Penaud, il y fit glisser son doigt et Gabriel se pencha alors par-dessus lui, et, avec son maillot de corps, entreprit d’essuyer la trace. C’était tellement inattendu que Thibault éclata de rire, sous le regard surpris de son compagnon.

 

Le dernier monte-charge de la cité se dressait devant eux quand le chauffeur ouvrit la portière de la voiture. C’était un édifice majestueux, à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre d’une machine faisant le lien entre le Deuxième et le Sommet.

Le chauffeur les y accompagna. Il fit glisser son laissez-passer dans une fente prévue à cet effet et la porte coulissa sans le moindre bruit. Si sur la paroi extérieure de l’immense ascenseur, le détail des gravures dorées était d’une finesse incomparable, l’intérieur était plus impressionnant encore. Des divans moelleux étaient disposés dans l’espace et un buffet froid avait été dressé. Quand la cabine commença à prendre de l’altitude, les deux garçons, à présent seuls, se dirigèrent vers les longues tables pour grignoter un peu de tout ce qui se présentait à eux. Ils n’eurent même pas le temps de profiter des divans que le voyage était terminé.

À la gare du Sommet, un homme en uniforme bleu et argent les attendait. Il avait des cheveux mi-longs d’un blond sable, noués en catogan, et une posture très droite. Il approcha d’eux et eut un sourire aimable.

— Vos noms ? demanda-t-il d’un ton doux.

— Thibault Junon.

— Gabriel Mars.

— Et je suis Tobias Torch, votre nouveau supérieur. Cela fait sept ans que je suis au service de Maîtresse Solène, j’ai la charge de ses nouveaux esclaves et de leur formation. Enchanté.

Il y eut un silence pendant lequel Thibault et Gabriel échangèrent un regard.

— Euh, je ne suis pas pour l’impératrice, indiqua le gamin aux yeux vairons.

— Comment ? fit Tobias Torch, l’air étonné.

— La grande-duchesse Rebecca l’a acheté pour elle-même, tenta alors d’expliquer Thibault. Moi en revanche, j’ai bien été acheté pour Sa Majesté… Je crois…

Leur interlocuteur adressa un sourire indulgent à Thibault, puis se tourna vers Gabriel.

— Je vois. C’est inhabituel. En fait la grande-duchesse ne possède qu’un seul esclave. J’ignorais qu’elle avait pour projet d’en prendre un autre, mais ma foi, le service d’Ajax est presque terminé après tout… T’a-t-il donné des recommandations particulières, Gabriel ?

— Il a simplement dit qu’on nous mènerait à un dortoir cette nuit et qu’il nous retrouverait demain…

Tobias les dévisagea longuement. Puis il haussa les épaules et leur fit signe de les suivre jusqu’à une nouvelle voiture, plus petite, mais de fine facture.

Ils roulèrent tranquillement jusqu’à une bâtisse immense, dont les contours se détachaient vaporeusement dans la nuit, découpés par la clarté de la lune. Il ne faisait pas si sombre ici et Thibault put distinguer que le palais s’élevait très haut dans le ciel. Un frisson d’excitation lui parcourut l’échine.

Quand ils eurent gagné l’intérieur du palais, Thibault ouvrit de grands yeux. Tout était de taille démesurée ici. Il avança timidement, fasciné par l’écho de ses pas frappant le marbre du hall immense où ils avaient pénétré. Malgré les lumières tamisées, il pouvait parfaitement discerner les peintures sur les murs. Elles représentaient le monde d’avant le cataclysme. Sur certaines on voyait de grandes surfaces d’eau, la mer, ou l’océan, quelque chose comme ça d’après ce dont il se souvenait de ses cours d’histoire, ou encore d’immenses bois et des choses qu’il avait plus de mal à identifier… Des montagnes dont il semblait s’écouler du feu, des étendues gigantesques de cailloux marrons formant des arabesques abstraites, des blocs de glace si larges qu’on aurait dit une terre blanche et stérile… On voyait aussi des bêtes qui avaient peuplées ses contes d’enfance. Des monstres improbables… Il y en avait un dont des branches paraissaient sortir de sa tête et encore un autre qui dormait suspendu à un arbre… Il paraissait presque impossible que ces choses aient réellement existé à l’époque de l’ancien monde. Ça avait dû être merveilleux de vivre à cette époque, plus de deux cent cinquante ans auparavant, quand la vie s’étendait encore au-delà des murs de Délos.

Sans leur laisser le temps de s’extasier sur les nombreux détails couvrant les murs, Tobias Torch leur adressa un geste et ils pressèrent le pas, le suivant vers une porte dérobée. Le passage était éclairé par une faible lumière bleutée et après qu’ils eurent marché quelques minutes dans cet espace lisse, leur guide s’arrêta devant une porte.

— Trois de vos camarades sont déjà présents, leur annonça-t-il à voix basse. Ils sont probablement endormis alors essayons de ne pas les réveiller.

Il posa un doigt sur ses lèvres, puis abaissa la poignée de la porte. Ce n’était même pas verrouillé. Grâce à la lueur qui émanait du couloir, Thibault parvint à distinguer la pièce : une quinzaine de lits remplissait l’espace, pour la plupart vides. Des lits dans lesquels on aurait pu tenir à deux. Avec des coussins moelleux et d’épaisses couvertures. C’était parfait. Thibault avança dans la pièce et choisit un couchage au hasard. Il ne fut pas surpris de voir Gabriel arrêter son choix sur le lit voisin, puis lui sourire.

— Bien, je vous souhaite bonne nuit et je vous dis à demain, chuchota Tobias.

Il referma la porte, les plongeant dans le noir total.

— Bonne nuit Thibault, murmura la voix de Gabriel à quelques mètres.

Le jeune homme se glissa sous sa couverture.

— Bonne nuit, Gabi.

 

***

 

« Ce n’était pas mon deeeeestin. Mais maintenant, que tu es là… Peut-être que deeeeemain. Je partirai, avec toi… Oh mon amour, si tu m’aaaaimes !... »

Thibault résista à l’envie de plaquer les mains sur ses oreilles. C’était la voix criarde de Calliope qui le réveillait ce matin. Elle résonnait dans toute la pièce. Il n’avait aucune idée d’où cela pouvait être diffusé… Pas moyen de baisser le son, cette fois. Pourquoi Solène aimait-elle tant ce genre de chansons ? Certes, le rythme était en général plutôt entraînant. Mais Calliope n’avait même pas une si jolie voix…

Il ouvrit les yeux et constata qu’une lumière tamisée éclairait la pièce. Il distinguait Gabriel, dans le lit voisin, qui s’étirait nonchalamment. Il en fit de même et se redressa dans son lit. Quelques secondes plus tard, Gabriel l’y avait rejoint et ils observèrent ensemble ceux qui s’éveillaient dans les autres lits de la pièce. Une, deux… Six autres personnes. Quatre garçons, deux filles. Thibault haussa les sourcils. Deux filles, strictement identiques… Des jumelles. Elles avaient la même longue chevelure blonde, les mêmes yeux bleus et la même expression apeurée. Il n’eut pas le temps de découvrir davantage les autres, car un instant plus tard la porte du dortoir s’ouvrit à la volée. C’était Ajax qui entrait, suivi de Tobias Torch.

— Bonjour à tous, fit le premier d’une voix veloutée. J’espère que vous avez bien dormi. Les garçons, dans un instant vous viendrez avec moi et les filles vous irez avec Tobias. Nous allons vous fournir vos uniformes réglementaires. Avant ça, je vais remonter vos colliers et vous prolonger de deux mois.

Thibault échangea un sourire avec Gabriel. Deux mois ! Voilà qui était de bon augure.

 Ajax s’approcha en premier lieu de son lit et commença par remonter le collier de Gabriel, puis ce fut le tour de Thibault, et bientôt chacun fut réhaussé de la durée promise.

— Allez, dépêchons maintenant !

Tobias partit de son côté avec les jumelles et les garçons suivirent Ajax dans le couloir. C’était un espace large, très aéré, dont le plafond peint de fibres d’or culminait haut au-dessus de leurs têtes. Ils marchèrent en silence derrière leur guide et firent rapidement une halte.

— La salle de bains se trouve ici, annonça l’esclave. Vous avez quinze minutes pour vous laver et vous coiffer. Vous me retrouverez ensuite ici. Des peignoirs sont à votre disposition à l’intérieur.

Il ouvrit la porte qu’il avait désignée et fit signe aux garçons d’entrer. C’était une pièce d’une propreté immaculée. Thibault s’approcha de la cabine de douche la plus proche et s’y faufila sans jeter un regard aux autres. Une fois caché derrière les parois floutées, il se défit de son pagne et entreprit de frotter fort chaque partie de son corps sous l’eau agréablement chaude. Le savon à disposition sentait bon… Il n’avait jamais utilisé un produit d’une telle qualité. Quand il eut terminé de se laver, il avait une peau parfaitement lisse, et à chacun de ses mouvements, il percevait des effluves sucrés qui lui mirent du baume au cœur. Il attrapa le peignoir accroché à la porte de la cabine, s’en revêtit, et s’assit devant une petite coiffeuse au-dessus de laquelle se trouvait un haut miroir. Son reflet lui renvoya une image inhabituelle. Il s’approcha de la glace pour s’observer plus en détail. Était-ce le savon impérial qui avait rendu ce résultat ? La peau de son visage était matifiée, et les traces d’acnés, évaporées. Il haussa un sourcil et sourit au reflet.

— Tu veux que je te coiffe ?

Thibault fit volte-face, rougissant. Il était un peu gêné à l’idée qu’on l’ait vu se sourire à lui-même.

— Pardon ? fit-il pour dissiper ce moment d’embarras.

C’était Gabriel, enveloppé dans un peignoir trop grand pour lui. Thibault eut l’impression que son cocard était moins visible qu’avant... Le savon impérial devait être magique.

— Il a dit qu’il fallait se coiffer. Tu veux que je te coiffe ?

— Euh…

Thibault se regarda encore dans le miroir. Des mèches de cheveux humides balayaient ses yeux, et il ne savait pas trop quoi en faire. La proposition de Gabriel était un peu bizarre et il hésita une seconde, avant de se tourner de nouveau vers lui qui attendait, un peigne à la main, l’air impatient de s’en servir. Thibault résista à l’envie de rire, en le voyant si prompt à se rendre utile. Il finit par hocher la tête. L’instant d’après, le gamin passait le peigne dans ses cheveux avec délicatesse. Il défit quelques nœuds, créa une raie propre sur le côté et lissa doucement ses mèches tombantes vers l’arrière de sa tête. Une fois son travail terminé, il s’assit devant la coiffeuse voisine et s’attaqua à ses propres cheveux, lesquels étaient beaucoup plus longs que ceux de Thibault. Le jeune homme se leva alors. Il lui prit le peigne des mains et s’essaya à lui rendre la pareille. Mais il n’avait pas la même finesse que le gamin. Deux ou trois fois, il vit la tête de Gabriel partir en arrière, entraînée par le peigne qui s’était bloqué dans des épis broussailleux. À chaque fois que cela se produisait, Thibault grimaçait, mais Gabriel restait impassible. Quand il eut terminé de démêler ses cheveux, il attrapa les mèches blondes, mais s’arrêta au milieu de son geste. Il n’avait aucune idée de comment le coiffer. Il avait déjà vu Donovan s’occuper des cheveux de ses sœurs, mais elles les avaient toutes beaucoup plus longs que ça. Et puis, il n’allait pas faire deux petites tresses à Gabriel comme Donovan le faisait à Zoë. Il aurait eu l’air ridicule…

— Je vais le faire, finit par dire le garçon, l’air amusé devant le désarroi de Thibault.

D’un geste assuré, il rassembla ses mèches en une courte queue-de-cheval.

— Désolé.

— Mais non, c’était gentil d’essayer, assura Gabriel.

Puis il se leva.

Les autres, dans la salle de bains, n’avaient pas échangé le moindre mot et les observaient en coin. L’un d’eux, un rouquin au visage rond, leur adressa un léger sourire auquel Thibault essaya de répondre, mais c’était sans conviction. Il sortit en premier de la pièce, suivi de Gabriel.

Ajax les attendait devant, assis sur une chaise de bois adossée au mur du couloir. Quelques secondes plus tard, les autres aussi étaient sortis et il se leva.

— Je vais vous donner vos uniformes, on va au vestiaire maintenant.

Ils le suivirent jusqu’à une autre porte et cette fois il entra avec eux dans la pièce. Un mètre à la main, il vérifia les mensurations des garçons, puis leur fournit leurs nouvelles tenues, les mêmes que Thibault avait déjà vu sur les esclaves impériaux : un pantalon bleu nuit resserré aux chevilles et une chemise d’un bleu plus pâle, dont le col et l’extrémité des manches prenaient une teinte argentée. Il y avait aussi une cravate assortie au pantalon. Après s’être changé, Thibault se tourna et se retourna pour se regarder sous toutes les coutures dans le miroir de sa cabine. S’il n’avait pas été si pleinement conscient que cette tenue était synonyme de son statut d’esclave, il se serait trouvé incroyablement élégant. En fait, malgré ça, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il n’avait jamais été si beau. Il avait le sentiment grandissant que la chance lui souriait enfin, après l’avoir si longtemps boudé.

Gabriel attira son œil quand il rejoignit le hall du vestiaire. C’était le seul du groupe de nouveaux à être vêtu différemment. Il portait une chemise vert menthe, sur laquelle une cravate du même ton se révélait à peine. Son pantalon était gris anthracite et retenu par des bretelles de la même couleur. Ajax, vêtu du même uniforme que le gamin, vint se poster à ses côtés.

— Pour ceux qui ne le savent pas, Gabriel, ici présent, n’entre pas au service de notre impératrice bien-aimée. Tout comme moi, il appartient à la grande-duchesse Rebecca. Nous allons les rejoindre toutes les deux dans quelques instants, mais j’aimerais que vous échangiez vos noms, et si vous en avez, que vous me posiez toutes les questions qui pourraient vous venir en tête. Autre chose : je ne devrais pas avoir à vous le dire, mais dans le doute, je vais quand même le faire… Ne parlez jamais directement à la grande-duchesse, ni à l’impératrice, à moins qu’elles ne vous aient elles-mêmes posé une question. Si tel est le cas, vous les adresserez toujours comme « Maîtresse Rebecca », ou « Maîtresse Solène ». Je serai intransigeant à cet égard.

Ajax attarda son regard sur Thibault, qui se sentit rougir. Il baissa les yeux. Au moins, l’esclave impérial ne fit pas remarquer devant les autres qu’il avait déjà transgressé cette règle, moins d’une minute après qu’il eut été sélectionné par la grande-duchesse.

— Maintenant, présentez-vous à vos camarades, reprit l’esclave de Rebecca.

Il désigna un garçon à la peau mate, qui parla d’une voix chevrotante :

— Je… Je suis Max. Je viens du Sixiè…

— Je me moque de savoir d’où vous venez, le coupa Ajax. Tout ce que vous étiez avant d’arriver ici, ça n’a aucune importance. Je veux juste que vous connaissiez vos prénoms. Est-ce clair ?

Le garçon hocha fébrilement la tête. Ajax désigna le suivant.

— Je m’appelle Théo.

C’était un blondinet à la mâchoire très carrée, qui semblait nerveux. Un brun à l’air endormi parla ensuite :

— Je suis Jenkins. Enchanté.

Lui, il n’avait vraiment pas l’air stressé par contre.

— Moi, je m’appelle Marcelino… fit alors le rouquin qui avait souri à Thibault dans la salle de bain.

Ajax grimaça.

— Ah oui c’est vrai… dit-il d’un ton contrarié. Ça ne va pas… C’est… trop long comme nom.

Le dénommé Marcelino ouvrit de grands yeux et Thibault se sentit embarrassé pour lui. Il ne pouvait pas faire grand-chose contre ça, le pauvre…

— Ce sera juste « Lino », reprit Ajax. Allez, suivant.

Le rouquin n’osa pas protester et se tourna vers Thibault.

— Je suis Thibault, déclara-t-il.

— Et moi c’est Gabriel, enchaîna Gabi.

Ajax hocha la tête.

— Et pour information, les deux filles se prénomment Féline et Félicie. Maintenant, vos questions s’il y en a.

Personne n’osa parler. Très franchement, même s’il s’était senti à l’aise, Thibault n’aurait pas su quoi demander. Tout était encore trop récent. Les questions viendraient sûrement, mais plus tard.

Ajax passa son regard sur eux et soupira bientôt devant l’absence de réaction.

— Très bien, pas de question. Eh bien, allons rencontrer vos nouvelles maîtresses.

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Eleonore B.
Posté le 11/08/2024
Bonjour Cléooo,

Comme toujours, ton chapitre est captivant et se lit d'une traite tout en étant riche en nouvelles informations ! L'introduction de nouveaux personnages est intrigante, et je me demande lesquels joueront un rôle clé dans le développement de l'histoire, en dehors de nos héros bien sûr.

J'ai particulièrement apprécié le passage sur "le monde d'avant". C'est toujours chouette d'en découvrir davantage sur l'univers que tu as créé.

Un petit point m'a un peu surpris (mais c'est peut-être intentionnel) : je m'attendais à ce que Gabriel et Thibault soient accompagnés par l'esclave royal dans la voiture. Aussi, c'est pratique qu'ils échangent librement sans être écoutés par le chauffeur (car j'imagine qu'ils sont isolés dans la voiture de luxe ?) Il me semble également étrange que ce soit eux qui annoncent, à la fin du voyage, pour qui ils travailleront, plutôt que ce message ne soit transmis par une autre personne.

Voilà voilà pour mes remarques :)
A bientôt !
Eleonore
Cléooo
Posté le 11/08/2024
Hello Eleonore ! Ravie de te retrouver ici et d'avoir ton retour :)

Alors pour te répondre, oui c'était intentionnel de les laisser seuls (en soit, avec leurs colliers, ils ne peuvent pas aller bien loin et ils sont fermés dans la voiture avec leur chauffeur, même si ce dernier est séparé d'eux avec une vitre), parce qu'Ajax (l'esclave impérial donc) doit faire le tour pour aller récupérer les autres "achats" de la grande-duchesse.
Il y a aussi un peu de facilité scénaristique de ma part bien sûr !

Pour ce qui est d'annoncer pour qui ils sont, c'est-à-dire qu'à la base, ils étaient tous censés être pour l'impératrice ! La grande-duchesse ne s'est pas embêtée à faire circuler l'information.

Je te remercie encore de ton retour, à bientôt !
(ps : comme tu n'avais rien mis à jour depuis un moment, je pensais que tu avais peut-être quitté PA, mais je vais me remettre à ton histoire du coup !)
Eleonore B.
Posté le 11/08/2024
Coucou, niveau réactivité tu me bats à plat de couture ! ;)

J'aimerai être plus régulière, j'ai eu quelques semaines off (je prends mon temps) mais je compte bien lire ton histoire (et continuer d'avancer sur la mienne ) !
J'ai vu que tu avais tout publié, bravo !!
Ne te mets aucune pression pour mon récit ;) Je lis ton histoire avec plaisir, pas seulement pour tes retours !

A bientôt!
Cléooo
Posté le 11/08/2024
Rassure-toi je ne me mets pas la pression héhé
Mais je reconnais que si je ne sais pas si on lit mes retours je rechigne à en faire xD
À très bientôt et bon courage pour ton histoire ♡
Libellya
Posté le 07/08/2024
Helloooo

Un chapitre mené avec toujours beaucoup de dynamisme, d'efficacité. On ne voit pas le temps passer. On sent la cruauté s'évaporer légèrement étant donné que Thibault semble se diriger vers une caste où les conditions sont beaucoup plus supportables et aussi parce qu'il se lie d'amitié avec Gabriel. Avec tous les mauvais traitements qu'il a reçu, un peu de soutien émotionnel ne peut que l'aider à alléger le poids de sa souffrance.
Les environs dont toujours très bien décrit de manière à ce qu'on visualise toujours bien les scènes. Je me demande comment l'Impératrice Solène et la Grande Duchesse vont les accueillir !

"Après ça, elle pleurait en silence" : pleura* conviendrait peut-être mieux ?

"Au bout d’un moment, le conducteur arrêta la voiture afin qu’ils empruntent un monte-charge qui les mena au Deuxième" : ce ne serait pas mieux de dire plutôt "afin qu'ils puissent emprunter un monte-charge" ?
Cléooo
Posté le 07/08/2024
Hello Lybellia :)
Merci pour ton retour et pour tes remarques !
Je note pour tes suggestion. Je me demande si la seconde n'alourdit pas la phrase en l'allongeant. À moins que tu ne suggères de s'arrêter à monte-charge et de supprimer "qui les mena au Deuxième" ?
Merci :)
Iphégore
Posté le 28/07/2024
Houba hop !

Notre Thibault serait presque heureux d'aller là où il va, alors que je pressens un enfer. Il n'arrive pas à non plus à commisérer la pauvre fille dont les nerfs ont craqué et qui a refusé sa nouvelle situation au point de saboter le peu d'avenir qui lui restait. Espérons pour lui qu'il n'aura pas besoin d'être fin psychologue là où il va :o

J'avoue ne pas avoir calculé la plus-value du marchand. Je me demande juste s'il a retranché le prix des colliers, parce que ça doit coûter une blinde, ces joujoux, et qu'il les laisse au client.

Il risque de déchanter, le nouveau jouet de la folle duchesse.

Nous avons le symbole de la faction adverse : un cercle rouge barré

Je me demande quand même si l'air pur est identique ou avoisinant entre le 1er et le 2e, alors s'il y a un apport inhabituel d'oxygène, ça peut les rendre euphoriques. Puisque tu insistes beaucoup sur la qualité de l'air dans les chapitres précédents, je pense que ce serait bien d'utiliser cette propriété pour expliquer/favoriser leur relâchement (sans avoir grand-chose à changer au récit)

Deux mois de crédits ? Voilà qui signifie qu'on ne peut pas se barrer ce l'étage, et qu'on peut y être mis au secret bien lonnnngtemps avant que quiconque ne s'inquiète d'éviter un mur qui explose :o Comment ça, je suis cynique ? C'est mon passé d'aventurier :D

Intéressant, d'asseoir un mec face à une coiffeuse. C'est inhabituel, ça pourrait mériter une petite phrase pour la comparer à celle de la maison, ou une réaction si c'est effectivement inhabituel pour le personnage. Ca fait partie des lignes qui bougent en ces temps modernes.

"Les autres, dans la salle de bains" -> Ah bon ? Il y a des autres ? Bon sang ! C'est vrai qu'ils sont mentionnés dans la réplique, mais ils disparaissent dans la narration. J'étais resté accroché aux deux garçons, j'avais oublié les autres.

Eh bien, ce n'est pas non plus le club med, il y a un écart entre la perception de Thibault et la sècheresse du dialogue final, qui rappelle qui est l'esclave. À voir ce que ça donne avec les deux folles, euh, maîtresses.



Petits trucs à vérifier :

que la grande-duchesse se voit -> voie

Peut-être Thibault s’était-il senti redevable, ou peut-être l’intérêt incongru qu’il lui avait témoigné l’avait touché. -> l'avait-il (pour la cohérence) ?

Lui au moins, avait été vendu -> on ne peut pas avoir de virgule entre le sujet et son verbe, il faudrait inciser complètement au moins ("lui, au moins, ") ou pas de virgule du tout

Ouais… fit le gamin -> de mémoire, il y a une virgule après les points de suspension pour ces cas-là, afin qu'on soit sûrs que ce n'est pas la suite du propos.

Je me serai moins -> serais

sa majesté -> Sa Majesté

qu’il prenait place derrière le volant -> place au volant (qu'on dit)

jusqu’à maintenant, semblaient -> pas de virgule entre sujet et verbe

datant sûrement d’un autre monde -> je suppose que c'est un jeu de mots choisi, mais avec la description qui suit, un "de l'ancien monde" me semblerait plus à propos. À goûter ;) Ah, on a "ancien monde" ensuite, qui pourrait devenir "à cette époque lointaine/mythique"

Sans leur laisser davantage le temps -> simplification possible en supprimant "davantage"

après qu’ils aient marché -> en théorie, c'est "eurent marché", parce que "après que" établissant une certitude, c'est un indicatif qui le suite. Toutefois, la faute étant devenue tellement courante, il n'y a que les grammairiens pour la pleurer

qu’il n’avait jamais été si beau. Dépité, -> pourquoi donc soudain dépité ? C'est un assez abrupt

ne parlez jamais directement à la grande-duchesse, ou à l’impératrice -> techniquement, en contexte négatif, les "ou" deviennent "ni", mais c'est fort peu respecté

Je serai intransigeant là-dessus. -> s'il a reçu depuis 9 ans une haute éducation, m'est avis qu'il dirait "à cet égard". Dans la dernière réplique, il n'y aurait pas le "alors" final. Dis-moi si ce genre de remarques t'intéresse
Cléooo
Posté le 29/07/2024
Hello hello ! :D Une nouvelle fois : merci beaucoup pour tes remarques !

Thibault, pas fin psychologue ? Oh oh !
Pas tellement, non xD Mais dans mon nouveau jet, j'essaye de le rendre un poil moins dur, même si sa compassion trouve assez rapidement des limites.

Remarque intéressante sur la plus-value. J'avais fait un tas de calcul à la base pour me donner un chiffre approximatif de ce qu'il pouvait toucher... Et finalement j'ai supprimé ce détail de la plus-value dans une modification récente, donc on s'en tient à ce que chacun a rapporté individuellement. Je crois que je ne vais pas assez loin dans le système monétaire de l'histoire pour m'étendre sur ce genre de détails.

Je note ta remarque pour l'apport d'oxygène qui rend euphorique. C'est marrant parce que je l'ai bien incorporé dans l'histoire, beaucoup plus loin en fait, mais ici je n'y avais pas songé. Au Deuxième et au Sommet, dans ma tête (parce que je ne crois pas l'avoir mentionné dans l'histoire) on est sur une qualité d'air relativement proche. Le niveau de qualité des Troisième et Quatrièmes sont aussi assez proches puis ça descend en chute libre.
Je vais en effet rajouter un petit quelque chose !

Je note aussi les autres garçons qui disparaissent à la narration x) Je vais retravailler ça !

Merci aussi pour toutes tes corrections !
"la faute étant devenue tellement courante, il n'y a que les grammairiens pour la pleurer"
pardon xD j'essaye de le corriger intégralement dans mon nouveau jet mais tu risques de le croiser souvent en continuant la lecture !

Et toutes tes remarques m'intéressent beaucoup. Je ne réfléchis pas assez à mes constructions de phrases et c'est top d'avoir un avis objectif. Merci !
Edouard PArle
Posté le 20/07/2024
Coucou Cleoo !
Très bon chapitre, j'aime beaucoup la manière dont est écrite cette histoire. Il y a très peu d'ellipses et on assiste à beaucoup de scènes de quotidien (qui servent clairement le propos de l'histoire en plus !) ce qui donne vraiment la sensation d'être toujours avec Thibault et Gabriel. Ca renforce l'identification et je trouve que l'on a souvent tendance à penser les mêmes choses que le narrateur ou du moins à le comprendre facilement. On se surprend à être heureux de cette vente d'esclaves alors que bon... Le palais a l'air d'être plutôt sympa pour ses esclaves, limite trop... Je reste assez méfiant, je serais étonné que le plus dur soit derrière Thibault.
Assez logiquement, ce chapitre de découverte permet d'élargir l'univers. Je suis curieux d'en découvrir les enjeux politiques (que je devine importants pour la suite de l'histoire).
Mes remarques :
"C’était un faible rayon de soleil qui perçait les nuages s’étant abattus sur lui." -> ce faible rayon de soleil perçait les nuages qui s'étaient abattus sur lui ?
"Après ça, elle pleurait en silence." -> pleura ?
"comme si de rien été." -> comme si de rien n'était
"C’était le moyen le plus facile, que de me vendre. Le plus rapide." je trouve la tournure un peu bizarre à l'oral, tu pourrais simplifier à mon avis
"une quinzaine de lits remplissait l’espace," -> remplissaient ?
J'attaque la suite !
Cléooo
Posté le 21/07/2024
Coucou Edouard ! Merci pour ton retour, il me fait très plaisir :) Ceci dit j'espère tu n'es pas fâché avec les ellipses parce qu'il y en aura quelques unes au sein de l'histoire ^^

Merci pour les remarques sur l'écriture, je vais faire les corrections :)
Edouard PArle
Posté le 21/07/2024
Non pas fâché du tout ahah Je trouve ça justement hyper intéressant ! A voir comment tu l'amènes...
Aylyn
Posté le 13/07/2024
Coucou,
je continue avec plaisir cette lecture.
La partie de la vente est bien menée et une fois encore oppressante surtout concernant la rouquine.
Après la vente, on change un peu d'ambiance (ce qui n'est pas plus mal ;-) ).
J'aime beaucoup la façon dont tu fais évoluer la dynamique entre Thibault et Gabriel. On comprend l'importance d'avoir une connaissance dans cette situation horrible qui est la leur et de pouvoir compter sur quelqu'un. Thibault semble ainsi se découvrir un rôle protecteur (ce qui change de la première impression qu'il donnait au début).
Le système d'étages entre les différentes strates de la société est intéressant et bien exploité.
Je me demande ce que tu leur réserves pour la suite ;-)
Cléooo
Posté le 13/07/2024
Re-hello ! Encore une fois merci beaucoup de ton retour qui me fait vraiment plaisir. Tu as tout à fait raison concernant Thibault, il a un comportement différent avec Gabriel qui devient un peu son repère dans cet inconnu où ils se retrouvent projetés. Je suis ravie que leur évolution te plaise :)
À bientôt ! 😊
Loutre
Posté le 23/06/2024
Hello ! Me revoici !

Un chapitre intéressant qui nous introduit dans un paysage un peu différent ! On sent bien la différence d'ambiance entre les étages inférieurs et ceux que tu décris désormais. En terme d'organisation, je me demande quel est le lien entre l'impératrice et la duchesse ? Peut-être que c'était dit dans les chapitres précédents. Sont-elles alliées politiques, proches amies, de la même famille... En tout cas, les esclaves de Rebecca et Solène semblent cohabiter ou travailler dans des zones proches, comme le suggère la répartition des esclaves. Tobias, au service de Solène, est informé des activités de Rebecca, ce qui montre une certaine coordination entre leurs services. Bref, plusieurs indices qui laissent à penser qu'il existe une certaine proximité entre les deux femmes ?

Je trouve que Thibault s'adapte quand même rudement bien à sa nouvelle vie et à son nouvel environnement. Dès son arrivée au palais, il s'efforce de comprendre son environnement et de trouver sa place, que ce soit en observant les détails du lieu ou en interagissant avec les autres esclaves. Je le trouve analytique. Il semble aussi se rapprocher de Gabriel (je remarque seulement maintenant qu'on a toutes les deux un Gabriel dans nos histoires xD). Ton Gabriel à toi semble par contre plus altruiste, plus enfantin, aussi. Je m'étonne de sa résilience, mais, étant donné certains détails disséminés çà et là dans les chapitres précédents, je crois deviner qu'il n'a pas eu une vie facile.

Pour le moment j'ai malgré tout toujours l'impression qu'on se trouve dans l'intro de ton récit. Je continue de me demander vers quelle direction tu souhaites aller... Ce qui me rend d'autant plus curieuse !

A bientôt, donc !
Cléooo
Posté le 23/06/2024
Coucou Loutre !

Merci beaucoup pour ton nouveau retour :)

Concernant la relation entre la grande-duchesse et l'impératrice : elles sont cousines, et la grande-duchesse est sa tutrice depuis la mort des parents. Je crois bien que c'est dit oui, mais j'y reviens également plus tard. Précisément, c'était la cousine de la mère de Solène, et sa seule parente de sang en vie, raison pour laquelle elle a sa tutelle (Solène avait 11 ans au décès de ses parents). Elles vivent ensemble au Sommet, elles en sont les deux uniques résidentes (en dehors des tonnes de domestiques ou esclaves qui les entourent). Il y a donc une réelle fusion entre qui sert qui, d'autant que Rebecca, elle, n'a officiellement que deux esclaves à son service : Ajax et Gabriel.

Concernant Thibault, oui, il s'adapte très vite. Trop vite ? Dans l'idée, je voulais le faire repartir "du bon pied". Dans sa famille, il était un peu le vilain petit canard, et là, il veut faire les choses biens. Il sait qu'il a eu de la chance en étant pas vendu ailleurs et il veut en tirer parti.
C'est implicite, parce c'était assez évident dans ma tête, mais je devrais peut-être le développer davantage !

Et oui, on a toutes les deux un Gabriel x) Ils n'ont pas le même caractère, non, je ne pense pas. Pour le moment dans mon histoire, le mien a 14 ans donc il est encore un peu jeune, d'où ce côté plus enfantin, mais mes personnages vont grandir et leur tempérament évoluera avec le temps.

Oui, on est encore dans l'intro du récit, à peu près jusqu'à la fin du chapitre 5, puis les choses vont évoluer !
Pour ce qui est de savoir dans quelle direction je vais... Héhé tu n'es pas la première à te l'être demandé à partir de ce chapitre. J'ai rajouté quelques indices en réécriture, mais je trouve que c'est trop tôt pour que je présente ça de manière trop évidente. Ce sera disséminé tout au long de la première partie du récit (qui termine au chapitre 15) avant de couvrir le vif du sujet en seconde partie (chapitre 16 à 30). Voilà pour la structure ^^

Merci encore, et je te dis à bientôt !
Loutre
Posté le 26/06/2024
Merci pour toutes tes précisions !

Vis-à-vis de la façon dont Thibault s'adapte, tu peux peut-être accentuer le trait pour qu'on sente davantage son désir de prendre un nouveau départ. Mine de rien, je me demande s'il n'y a pas un petit quelque chose à exploiter, côté mécanisme psychologique. A toi de voir, j'y pense juste comme ça, mais je me dis qu'il y a quelque chose de pathétique à être "content de son sort" quand on se retrouve vendu en tant qu'esclave.

C'est pas que c'est incohérent, je crois au contraire que ça pourrait tout à fait être une réaction humaine, mais je me dis qu'il y a peut-être quelque chose à exploiter. Notamment vis-à-vis de la fierté ou de la satisfaction à avoir été choisi par une impératrice. C'est une fierté ridicule mais à la fois, c'est peut-être un semblant d'humanité à laquelle Thibault que se raccrocher - parce qu'autrement il est privé de toute forme de liberté, de respect, etc (notamment dans les premiers chapitres). Comme ton personnage peut se montrer arrogant et pitoyable, je me dis que ça pourrait être un axe de développement, à ce stade. Donc... A toi de voir si ce sont des pistes qui t'intéressent. Si ça se trouve, c'est parfaitement hors de propos.

En tout cas je file lire la suite !
Cléooo
Posté le 26/06/2024
Je pense que je vais le développer oui ! Mais sûrement plutôt au chapitre suivant, parce que là on est un peu dans la suite de l'action, il n'a pas encore beaucoup de recul, et je pense qu'il y a qqch d'impressionnant à arriver au Sommet. Après tout, c'est l'étage plus inaccessible.
Ceci dit, je crois qu'on ne peut pas dire qu'il soit content de son sort dans les chapitres précédent. Plutôt qu'il est soulagé parce que ça aurait pu être pire.
Merci de tes remarques en tout cas ! :)
AnneRakeCollin
Posté le 08/06/2024
Eh bien, on en sait un peu plus sur la suite :)
Je me demande si on verra la rouquine plus tard !
Ajax est intrigant et on peut déjà se dire qu'une Résistance est en cours... avec la description de l'homme vêtu de sombre, et du symbole rond barré.
J'ai par contre eu plus de mal à comprendre, contrairement au chapitre précédant, la distance parcourue entre les étages jusqu'au sommet.
Idem pour la vue, est-ce que le fait de voir plus haut, permets de voir au delà des murs ? Au delà des nuages de pollution ?
On dirait une grande cité, donc on peut s'interroger sur le fait que, peut être d'autres cité/pays existent... est-ce qu'ils ont une culture similaire ou non ? Quel est le paysage autour de la ville ? Il me tarde d'en savoir plus :)
Cléooo
Posté le 08/06/2024
Hello ! Merci de ton retour ^^

Alors tu me dis que tu as eu du mal à comprendre la distance parcourue entre les étages. Peux-tu m'en dire un peu plus ?
Ici, au début du chapitre, ils sont au Troisième. Ils vont jusqu'au monte-charges le plus proche, traversent le Deuxième, reprennent un monte-charges et arrivent au Sommet qui est l'étage le plus haut :)

Quant à la vue de plus haut, étant donné l'épaisse pollution sur la cité, on ne voit pas grand chose des étages inférieurs, non. Et la cité étant construite au sommet d'une montagne (cela reviendra plus en détail plus tard) il n'y a pas de choses directement à côté. Je n'en dis pas plus, mais tout ça sera abordé plus longuement plus tard ! ^^
AnneRakeCollin
Posté le 08/06/2024
J'aimerai savoir quelle est la distance entre les deux monte charges afin de connaitre la superficie de chaque étage : est ce qu'ils mettent plusieurs heures à aller au plus proche ? ou c'est juste quelques kilomètres ? Ou vraiment à côté pour que les gens du Sommet puissent monter rapidement ? C'est pour se donner une idée de la dimension de la cité/agencement.
On a bien cette impression de distance entre le 6ème et le 4ème mais là beaucoup moins, c'est juste pour jauger la taille des autres étages. Je crois que tu peux te permettre de rallonger en descriptions

Sinon pas de problème pour la vue et la montagne, je suis de celles qui aiment que le récit se dévoile au fur et à mesure et qui ne préfère pas que tout soit explicité direct, du coup, le fait que tu n'en parles pas intrigue :)
Cléooo
Posté le 08/06/2024
Oh je vois ! Alors je n'ai pas calculé l'exacte superficie, mais le Deuxième est assez petit en comparaison du Sixième ou du Quatrième (c'est un étage réservé à l'élite) et le Sommet l'est encore plus. Je me pencherai sur la question de la superficie, je la trouve intéressante !
Pour te donner une idée, chose cette fois à laquelle j'ai un peu plus réfléchie, et qui apparaît dans un peu plus loin dans le récit, les trois étages les plus hauts représentent environ deux millions d'habitants sur une cité qui en compte dix millions.

Je me note tes remarques en tout cas !
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