Lohan était resté trois semaines dans cette auberge miteuse. Le temps de se laisser pousser la barbe et de faire grandir les rumeurs.
Quand il quitta le village pour Rivola, il était méconnaissable, du moins l’espérait-il. Il avait tressé ses cheveux et les avait plaqués en arrière comme un marchand calbien le ferait. En plus de cela, il avait acheté une tenue de paysan à un villageois afin de faire croire qu’il cherchait à se fondre dans la foule.
Il mit une demi-journée à atteindre Rivola. La première chose qu’il fit en passant les remparts fut de trouver un magasin de vêtements où il acheta une tenue colorée. Il déposa ensuite Nuit auprès d’un palefrenier dont l’écurie était adossée aux murs de la ville. Puis il cacha ses vêtements nouvellement achetés ainsi qu’un couteau dans une rue adjacente en espérant qu’un voleur ne les trouverait pas avant qu’il n’ait fini son œuvre.
Une fois ses préparatifs terminés, il se mit à déambuler dans la cité, faisant mine d’éviter les grands axes. Il fut très vite repéré.
Les pèlerins étaient souvent insultés ou maltraités durant leur voyage car étant les parents de Maudits. Mais la plupart du temps, les auteurs de ces méfaits étaient des citoyens dont la disparition inquièterait les autorités. Un étranger, en revanche…
C’était bien la première fois que son origine servait dans un plan, Lohan ne put retenir un sourire. Mais il le fit disparaître bien vite, il ne fallait pas que ceux qui le suivaient dans l’ombre se rendent compte de quelque chose.
Il tourna à l’angle d’une rue et se retrouva dans un cul-de-sac mal éclairé. Parfait. Il se retourna, feignant la surprise et la frayeur, pour se retrouver face à deux hommes qui l’empêchaient de sortir. Lohan recula d’un pas, il entendit quelqu’un se glisser dans son dos.
— Qu’est-ce que vous me voulez ? lança-t-il d’une voix tremblante.
Ils ne répondirent pas, le jeune homme sentit un bras l’entourer. Il dut lutter contre le réflexe qu’il avait de mettre à terre l’impudent. Au lieu de ça, il se débattit vainement et poussa un cri. Quelqu’un vint recouvrir son nez d’un tissu. Une étrange odeur chatouilla ses narines tandis que le monde se mettait à tourner.
L’inconscience, ce n’était pas prévu, réalisa-t-il.
Il y sombra.
*
Il s’éveilla doucement, bien trop doucement. Il sentait qu’on le trainait, un sac de lin sur la tête. Il entendait des voix indistinctes. Lutter contre cette langueur insidieuse était difficile, plus qu’il ne l’aurait cru. Quand le sac fut arraché de sa tête, il n’avait pas encore retrouvé tous ses moyens.
Il était dans une pièce sans fenêtres, à genoux devant cinq hommes, dont Claudius. Le chef de la Faction Argentée était tout le contraire d’Adhara, vieux et banal.
Il porta un regard haineux sur Lohan qui peinait à maintenir son dos droit.
— Qui es-tu ? siffla le vieil homme.
Son interlocuteur fit mine de ne pas pouvoir répondre.
Claudius se leva d’un geste sec pour tourner autour de lui. Il le fixait trop, il risquait de le reconnaître. Lohan baissa les yeux et se concentra. Il devait contrôler ses ombres, les contrôler au maximum.
— Qui es-tu ? entendit-il.
— Je… suis… Farouk Falel… balbutia le prisonnier.
— Est-ce vrai que tu as frappé un pèlerin il y a de cela trois semaines ?
Lohan ferma les yeux, il devait sentir les ombres. Heureusement, la pièce était peu éclairée, ce qui lui permit de les étendre sur le sol. À cet instant il reçut un coup à la tempe.
— Réponds !
Par réflexe, les ombres se dressèrent et fondirent sur Claudius.
— Qu’est-ce que…
— C’est l’Ombre ! cria un des rebelles.
Lohan bondit sur ses pieds, priant pour qu’aucun n’ait un pouvoir capable de contrer le sien. Claudius tomba à terre, le ventre percé d’un trou béant, les ombres se lancèrent sur les autres. Malgré une lumière étrange qui sortait de la main d’un des hommes, il ne subit pas de contre-attaque. En un instant, tout était fini.
Mais les cris avaient probablement attiré des gardes. Lohan se colla contre le mur, face à la porte. Il entendit des pas, deux rebelles entrèrent dans la pièce. Ils se figèrent de terreur face au spectacle des cinq corps sanguinolents, ce qui permit à Lohan de se glisser derrière eux pour leur faire subir le même sort.
Encore des meurtres, souffla une voix dans sa tête. Encore et toujours.
Il parvint à la faire taire et sortit de la pièce, prenant soin de refermer la porte derrière lui. Personne d’autre ne venait, les couloirs étaient vides. Il fallait qu’il trouve une sortie, mais il n’était pas assez conscient lors de l’aller pour reconstituer le chemin.
Il ferma les yeux, luttant contre les vertiges qui le faisaient vaciller. Il n’y avait aucune fenêtre, il devait se trouver sous terre. Il n’y avait qu’un seul moyen de trouver la sortie.
Lohan étendit ses ombres à leur maximum. Une chape sombre et silencieuse se glissa dans tous les couloirs, recouvrant le sol d’un noir de néant. Là où la lumière d’une lampe se faisait trop forte, elles avaient du mal à progresser. Ainsi, il put percevoir l’endroit où il y avait le plus de lumière.
Le jeune homme mémorisa le chemin tandis que ses ombres refluaient. Il s’élança malgré le décor qui tanguait et la fatigue qui alourdissait ses membres. Il parvint, le pas incertain, jusqu’à un escalier. Le jour éclatant filtrait au travers de la porte en haut des marches. Cependant, deux rebelles en barraient la route. Et ils avaient parfaitement vu Lohan approcher. Ils dégainèrent leurs armes en appelant des renforts.
L’exécuteur lança ses ombres en une déferlante sombre qui frappa les gardes. Ils furent étouffés par une masse informe de ténèbres.
Tu aimes ça, tuer, hein ?
Lohan enjamba les cadavres avec difficulté. Il jeta un regard torve vers l’escalier, barrière qui semblait infranchissable. Mais des bruits de pas derrière lui le firent frissonner. Pris d’un regain d’énergie, il gravit les marches et poussa la porte. Un restaurant bondé s’offrit à ses yeux. Il slaloma entre les tables en tentant d’avoir l’air normal, mais les clients ne lui prêtèrent aucune attention. Il finit par émerger dans l’air suffocant de Rivola. Il ne put s’empêcher de soupirer de soulagement. Comme il le pensait, il était près des remparts.
Il se fondit dans la foule, espérant que les rebelles n’oseraient pas le poursuivre à découvert.
Tu ne sais que tuer.
Il serra les dents et fixa son attention sur le décor. Il parvint à retrouver l’endroit où il avait caché son déguisement. Les riches habits et le couteau camouflés sous un chariot cassé étaient toujours là. Lohan entreprit de se changer et de se raser dans une ruelle déserte. Ces deux tâches monopolisèrent son attention, il put ainsi chasser la voix insidieuse.
Il rejoignit la grande avenue pour rallier les écuries, se baladant d’un air faussement guilleret. Il attirait l’attention avec son pourpoint bleu vif et sa couleur de peau, et c’était justement le but. On soupçonnerait moins un riche marchand étranger qui se pavanait qu’un homme rasant les murs. Une fois parvenu aux écuries, il récupéra Nuit. Il la fit venir à l’abri des regards, entre le bâtiment et les remparts. Elle renâcla dans cet espace exigu, mais il l’ignora. Il se changea de nouveau. Il se sentait mieux dans sa cape noire. Mieux et coupable.
C’était dans cette tenue qu’il avait tué Asha.
Il repoussa cette pensée et grimpa en selle.
Il vérifia plusieurs fois qu’il n’était pas suivi. Une fois que ce fut sûr, il sortit de la ville. Alors que la cité se faisait petite derrière lui, sa conscience revint le marteler. Il ne put retenir un frisson nerveux.
Il avait tué. Encore.
C’était nouveau, cette sensation.
Ça lui faisait mal.
*
— Tu seras toujours la bienvenue ici.
Clervie hocha la tête avec sourire exagéré. Amaya, elle, était réellement débordante d’affection. Près d’elle, il y avait Angelus. Sa seule existence faisait bouillir le sang de la guérisseuse, mais elle devait arrêter de se voiler la face : elle était trop faible pour oser le tuer.
— Il faut bien que je m’occupe de ma propre maison, aussi, dit-elle. Je suis ermite, vous savez.
Amaya lui serra les mains.
— Tu me diras, un jour, pourquoi tu as choisi cette vie reculée.
Je ne l’ai pas choisie.
— Quand je reviendrai, promis. Au revoir tout le monde.
— Au revoir madame ! s’écria Lucio.
Elle lui ébouriffa les cheveux et salua les villageois qui se pressaient pour assister à son départ. Ils lui étaient redevables désormais, et c’était une bonne chose. Redevables d’une Maudite en plus, quelle ironie.
Clervie se détourna et reprit son chemin vers les montagnes, un sac d’osier sur le dos. Elle avait refusé la mule que lui avait proposé Angelus.
Elle avait réellement le but de rentrer chez elle, mais elle voulait faire un petit détour avant ça. Pour cela, elle suivit un ruisseau alimentant le lac Lémence pour se diriger vers sa source.
Asha avait été tuée, les prêtres étaient formels. Mais elle avait peut-être ressuscité encore une fois. Seul l’enfant qu’elle portait, cet être indispensable, avait péri. Clervie serra les dents. Ce simple fait aurait dû lui donner le courage de mettre fin aux jours d’Angelus.
La pente le long du ruisseau était douce, mais avec son chargement, la jeune femme se sentit vite essoufflée. Elle décida de faire une pause, jetant un œil au soleil qui se couchait déjà. La perspective de passer une nuit seule dans la forêt, hors de sa maison, lui donna un léger frisson. Mais ce n’était pas de la peur. Des souvenirs radieux, plus pressants ces derniers temps, l’inondèrent. Elle ne se laissa pas envahir, elle lutta. Mais ils l’assaillaient avec tant de nostalgie.
Elle se leva et reprit sa route, espérant que l’effort viderait son esprit. Ce qu’il ne fit que partiellement.
Soudain, Clervie se figea. Elle avait aperçu, en face d’elle, la lumière d’un feu. Les flammes étaient lointaines, mais dans l’obscurité elles paraissaient éclatantes. La guérisseuse décida de s’approcher pas à pas. Elle connaissait les capacités des Sylviens, elle savait qu’elle prenait un grand risque. Elle doutait qu’Asha lui offre un accueil chaleureux.
La forêt nocturne grouillait de vie et de mélodies diverses. Pourtant, elle sembla brusquement silencieuse quand un vagissement retentit dans l’air. Clervie étouffa un cri et s’adossa un arbre pour éviter de s’effondrer. Elle entendait une voix murmurer des paroles apaisantes, elle aperçut les contours d’une tignasse ébouriffée. Il n’y avait pas de doute, Asha était vivante. Mais pas seulement elle.
Le cœur affolé, la Porteuse s'éloigna. Les villageois lui avaient pourtant assuré que celle qu’ils avaient sacrifiée n’avait pas encore donné naissance à son enfant. Clervie sentit les larmes poindre, ses jambes tremblaient.
Il était vivant. Vivant. Vivant !
Un sanglot lui secoua le corps, elle se mit à courir le long ruisseau, faisant le chemin en sens inverse.
L’enfant était vivant.
Elle s’arrêta, essoufflée. Elle se mit à fixer la lueur désormais presque invisible du feu d’Asha.
Cela changeait tout. Pour elle comme pour la jeune mère.
*
Après plusieurs semaines de voyage, le col de Bergonosh fut en vue. Les Sylviens décidèrent de faire une pause avant de le franchir. Ils bivouaquèrent près d’une rivière.
— Allez, on va se laver ! lança Keira une fois qu’ils eurent installé le camp. Ou les proies vont nous sentir arriver depuis l’autres côté des montagnes !
Elle poussa Kurtis en avant.
— Doucement ! protesta-t-il.
— Un peu d’entrain, enfin !
Il finit par se laisser faire et se déshabilla en soupirant. Oèn arriva alors, un grand sourire aux lèvres.
— Mais c’est que tu commences à avoir du poil sur le torse ! s’exclama-t-il.
Kurtis ne put s’empêcher de rougir.
— Oh, ça va, hein…
Oèn enleva sa tunique et ses parures ostensiblement lentement devant Keira qui retenait avec peine ses gloussements.
— On se lave, on a dit, siffla Ealys avec un demi-sourire.
— Oui, oui.
Alors que Keira faisait tomber son dernier bracelet, elle fut soulevée par son compagnon qui la jeta dans la rivière. Quelques gouttelettes fraiches éclaboussèrent Kurtis qui frissonna. Keira émergea de l’eau, les joues écarlates et les yeux plein d’éclairs. Oèn se plia de rire en voyant son visage furibond, il ne remarqua donc pas la main mouillée qui lui attrapait la cheville. Il fut tiré dans la rivière avec un cri ridicule.
— Les Hekaours sont chahuteurs, dis donc, remarqua Ealys en choisissant de se baigner un peu plus loin.
— Ce n’est pas nouveau, souffla Kurtis en parvenant à afficher un sourire.
Il suivit sa sœur, évitant les gerbes écumes qui volaient autour de Keira et Oèn. D’autres Sylviens crasseux s’approchèrent pour les imiter. Les berges de la rivière furent recouvertes de vêtements et de parurent tandis que ses eaux se mirent à bouillonner.
— Elle est froide, grimaça Ealys en s’immergeant.
Kurtis ne put qu’hocher la tête, il pénétra dans l’onde en serrant les dents.
Il ne vit pas venir l’attaque. Oèn se jeta soudain sur lui pour lui enfoncer la tête sous la surface. L’eau glacée frappa la peau de son visage, il ferma la bouche, il ne voyait que les bulles tourbillonnantes. Ses poumons commencent à lui faire mal.
Enfin, la pression sur son crâne s’évanouit et il remonta à la surface en aspirant une grande goulée d’air.
— Doucement, gronda Ealys. Si tu abîmes mon frère, je te maudis sur cent générations.
— Il était trop lent, se justifia Oèn.
Kurtis tremblait de tous ses membres.
— Je suis désolé, ce n’est qu’une cervelle d’asticot, dit Keira en l’entourant de ses bras.
Le jeune garçon se figea en sentant sa peau, sa poitrine contre lui. Un puissant frisson qui n’était pas dû au froid le traversa. Ça ne lui faisait pas ça, avant.
— Ça va ? s’enquit Keira.
Il se dégagea en bafouillant, les joues en feu.
— Attaque de câlins ! cria Oèn en coulant sa compagne qui se débattit en riant.
— Vous voulez pas vous calmer, un peu, les jeunes ?! s’exclama un Teac.
— Ouais, on voudrait se baigner tranquilles, nous ! renchérit un autre.
— C’est bon, on arrête, lança Oèn d’une voix désagréable.
Kurtis décida de s’éloigner avant de subir un nouvel assaut. Il fit quelque brasses, observant les poissons qui se faufilaient entre deux rochers. L’eau n’était pas si froide, finalement. Il s’éloigna du groupe, inspirant l’air de la forêt. Tout était paisible et chantonnant ici. Il s’allongea sur le dos pour fixer le ciel souverain. Il ferma les yeux, accueillant la caresse brûlante du soleil sur sa peau. Tout était paisible, ici, mais il ne parvenait pas à l’être. La distance avec sa terre natale se faisait sentir, et son voyage sanglant dans le passé n’arrangeait rien. Ces derniers jours, le regard d’Aedan sur lui était plus lourd.
La fraîcheur de la rivière se rappela à lui. Il se redressa et se rendit compte qu’il s’était beaucoup trop éloigné. Il remonta le courant en tremblant. Les rires et les exclamations des siens l’appelaient.
Lorsqu’il rejoignit le camp, gelé, la majorité des Laevis étaient sortis de l’eau.
— Kurtis ! On commençait à s’inquiéter, le rabroua gentiment Ealys en lui tendant une couverture.
Il se frictionna la peau avec, reconnaissant.
— Désolé, je n’ai pas vu le temps passer.
Alors que la chaleur regagnait peu à peu ses membres, son regard dériva vers la rivière.
Il eut un temps d’arrêt en voyant son père s’aventurer prudemment dans l’eau.
La première chose qu’il vit, ce fut l’aigle majestueux qui déployait ses ailes sur ses omoplates, mais une autre marque attira son attention. Il ne l’avait pas remarqué jusqu’alors. Aedan ne participait pas aux fêtes, il ne le voyait presque jamais nu. Et les rares fois où il l’avait vu, il n’avait sans doute pas fait attention. Mais à la lumière de ce qu’il savait sur son passé, la cicatrice complexe que son père portait le torse se fit gigantesque. Le jeune garçon toucha sa propre marque, bien plus visible que celle d’Aedan. Le signe qu’il avait enfreint une loi sacrée. Une honte inscrite sur son corps.
Kurtis ne savait pas trop pourquoi, mais il avait soudain envie de pleurer. Il se retint et, à la place, se roula en boule dans sa couverture.
Il était une mauvaise personne. L’espace d’un instant, il avait trouvé cela injuste.
*
Asha berçait Eryn, les oreilles aux aguets. Le feu qu’elle nourrissait éloignait les prédateurs, mais il valait mieux être prudente, en particulier lorsque la nuit était aussi noire.
La jeune femme avait emmené sa fille avec elle à la chasse afin de pouvoir s’éloigner de la maison et ainsi traquer de plus grosses proies. Mais les pleurs du nourrisson risquaient de faire fuir les animaux. Tous les soirs, Eryn se mettait à crier pour une raison inconnue, il était alors impossible de la calmer sans la bercer continuellement. Asha laissa un soupir s’échapper entre ses lèvres. Emporter son bébé avec elle n’était peut-être pas une si bonne idée.
La jeune mère perçut soudain une présence étrange. C’était comme l’âme d’un humain, pourtant quand elle tendait ses sens vers elle, elle se dérobait comme le souvenir d’un rêve au réveil. Elle sentit son cœur accélérer son rythme et se figea. Ce faisant, elle cessa de bercer Eryn qui se remit à pleurer.
— Là, là, souffla Asha.
Entre deux vagissements, elle crut entendre des craquements de brindilles. Il y avait quelqu’un, c’était certain. Pourtant, l’enchantement était censé repousser quiconque s’aventurait sur son territoire.
Tout en continuant de bercer Eryn qui se calmait doucement, elle se redressa et fouilla l’obscurité du regard sans rien déceler. Les battements de son cœur frappaient ses tempes. Le danger se faisait plus grand quand elle avait ce petit être fragile dans ses bras.
Asha, même si elle avait l’impression que le visiteur s’était éloigné, décida de rebrousser chemin. Pour le dîner, des champignons feraient l’affaire.
Une douce aube caressait le paysage quand la jeune femme revint chez elle. Eryn s’était endormie, bercée par les pas de Flaé que sa mère avait retrouvé en chemin.
Malgré la torpeur qui habitait ses membres, Asha ne se reposa pas et alla chercher des plantes et des racines pour remplir son ventre. Après quoi elle s’accorda une petite pause, sombrant vite dans un sommeil réparateur à la chaleur bienfaisante du soleil du zénith. Malheureusement sa sieste fut gâchée par Eryn qui réclamait la tété. La jeune femme se plia aux gémissements en se frottant les yeux.
Elle travailla quelques peaux de lièvres tant que sa fille resta éveillée. Mais dès qu’elle la vit fermer les yeux, elle s’empressa de s’allonger contre elle pour profiter de ce moment de répit. Elle glissa son pouce dans la paume serrée de son bébé, et se sentit immédiatement sereine. Elle s’endormit, un sourire sur les lèvres.
*
— Asha.
Cette voix qu’il l’appelait, elle était si familière. Si tendre. Un flot de souvenirs vint clapoter aux portes de son esprit. Ils étaient là, tout proches. Elle sentait leur présence, elle entendait leurs voix l’appeler.
— Asha, entendit-elle de nouveau.
Cette voix, c’était celle de Keira. Le cœur de la jeune mère fut transporté par ce nom doucereux. Elle se leva et marcha jusqu’à sa porte. La nuit était chaude, accueillante.
— Asha, on est là.
Cette fois, c’était Kurtis qui avait parlé. Les larmes vinrent aux yeux de la Sylvienne qui s’élança dans l’air hypnotique. Ils l’appelaient, encore et encore.
— Asha, viens, résonna la voix de Ealys.
— J’arrive ! s’écria-t-elle.
Elle traversa la forêt, elle s’était mise à courir.
— Asha.
Elle reconnut la voix de son père, son cœur bondit.
— Je suis là !
Sa phrase se perdit dans un tremblement. Elle les avait retrouvé. Ils étaient là, tous là. Keira, Aedan, Kurtis, Ealys, Moïa, Oèn, Artis, Aelig… Ils étaient venus la chercher. Ils ne l’avaient pas oublié.
Ils tendaient leurs bras, et elle ne sut plus où donner de la tête. Les larmes dévalaient ses joues, elles renvoyaient la lumière des étoiles en reflets éphémères.
— Vous m’avez manqué, tellement manqué, murmura Asha en étreignant tour à tour ses proches. Je suis désolée d’être parties, je voulais… je voulais changer les choses… mais je me suis surestimée…
Les mots se pressaient sur ses lèvres, il y en avait trop. Elle coupa court aux explications, préférant se perdre dans la chaleur des bras qui l’accueillaient. Après avoir embrassé sa famille, elle se tourna vers Artis.
— Toi aussi tu m’as manqué, petite rêveuse, dit son amie.
Asha marque un temps d’arrêt face à elle.
— Mais… tu es morte…
— Bien sûr que non ! Ne m’enterre pas si vite !
Pourtant, malgré ses mots, son corps se transformait. Sa peau se recouvrait de plaques rouges et brunes, ses prunelles devinrent laiteuses. Son tatouage-totem disparut sous des chairs brûlées.
— Si, tu es morte.
Asha balaya l’assemblée du regard. Déjà, les visages se diluaient, les corps s’évaporaient. Mais la forêt, elle, restait intacte. La jeune femme cligna des yeux et tapa le sol du pied. Les dernières bribes du rêve s’effilochèrent. Pourtant, le décor resta inchangé.
Elle se figea. Elle était éveillée, mais elle n’était pas chez elle.
Elle comprit, son cœur s’emballa.
Elle se mit à courir en sens inverse, se repérant aux traces peu discrètes qu’elle avait laissées à l’aller. Ses pas frappaient le sol avec rage, son regard fixait le point de fuite.
Elle atteignit sa maison, essoufflée, mais ne prit pas le temps de reprendre sa respiration. Elle ouvrit la porte à la volée.
Tous ses muscles se contractèrent face à ce que ses yeux constataient.
Eryn avait disparu.
Il y a quelques chapitres, tu disais qu'Asha était rentrée chez elle. Quand tu parlais de Frontière, je pensais qu'elle était retournée dans son village sylvien natal et je m'étais étonné qu'elle n'y trouve personne. Là, Clervie a quitté la colonie humaine et, en rentrant chez elle, elle tombe sur Asha quia toujours de gros problèmes de discrétion (je me demande combien de morts il lui faudra pour lui mettre un peu de plomb dans la tête). La "maison" qu'Asha a rejointe est-elle finalement son taudis au bord du lac juste entre la colonie de ceux qui l'ont tuée une fois et la maison de celle qui l'a forcée à avoir des relations sexuelles non consenties? Ou je ne comprends vraiment rien du tout?
Rien que pour emmerder tout le monde, je ne veux pas détester Clervie! :p Elle est entièrement au service de sa prophétie et doit croire à la justesse de ses actes. Faire avoir un enfant à Asha et Lohan servait ses plans (elle a eu vachement de bol de trouver un Porteur et une Sylvienne ensemble) et je comprends qu'elle en veuille à Angelus d'avoir tué Asha qui portait l'enfant qui représentait ses espoirs mais maintenant qu'elle a enlevé Eryn, elle va la ramener chez elle? L'élever comme son enfant? D'un côté, c'est pratique, Asha sait où elle habite, elle pourra retourner la chercher! XD
Finalement, il est dur de trouver de véritables méchants dans l'affaire. Personne n'est tout blanc, ni tout noir. Chacun traîne ses casseroles, mais bizarrement, on arrive à trouver à chacun des excuses à ses actes.
Je suis contente que tu dises cela sur Clervie/les méchants, parce que mon but ^^ Clervie est un personnage dont on découvrira les raisons sous peu, ce qui fait relativiser sur la manière dont on la voit. J'ai de la sympathie pour elle personnellement ^^
J'avais oublié qu'Asha avait érigé une Frontière autour de son camp, bon, elle a quand même un peu pensé à sa protection. Je l'accable, mais bon, je mets ça sur le dos de l'intrigue: il fallait qu'elle meure une deuxième fois, elle devait perdre son enfant, Eryn devait se faire enlever pour faire avancer l'histoire. Je sais que si tous les personnages étaient des génies et ne faisaient aucune erreur, il ne se passerait rien.
Come tu dis, Clervie ne m'est pas antipathique. Heureusement qu'elle n'a pas tué Angelus, car je pense que les pélerins auraient eu vite fait de la soupçonner et, en l'examinant un peu, de trouver sa Marque.
Haha oui des personnages parfaits ce serait ennuyeux^^
Ne t'inquiète pas, je comprends que DE ne soit pas facile à lire, surtout si on ne lit pas tout d'un coup. Ça prouve que tu attentif aux détails ^^
C'est sûr qu'elle se serait fait soupçonner très vite
- Il avait tressé ses cheveux et les avait plaqué (plaqués)
- Lohan enjamba mes (les) cadavres avec difficulté.
- La guérisseuse décida de s’approcha (s’approcher)
- Clervie étouffa un cri et s’adossa un (à) arbre
- elle se mit à courir le long (du) ruisseau,
- depuis l’autres (l’autre) côté des montagnes !
- Les berges de la rivière furent recouvertes de vêtements et de parurent (parures)
- — Je suis désolé, (désolée, c’est Keira qui parle)
1 -
- Elle sentit son cœur accélérer son rythme
- Je suis désolée d’être parties, (partie)
- Asha marque (marqua)
un temps d’arrêt face à elle.
- son corps se transformait (.) Sa peau se recouvrait de plaques
- ses prunelles devinrent laiteuse. (Laiteuses)
- Son tatouage-totem disparut sous des chairs brûlée. (Brulées)
Remarque
1- Asha laissa un soupir s’échapper entre ses lèvres. (Je trouve cette phrase lourde, mal formulée)
J'étais sûûûûûre que ce n'était qu'un rêve, les dialogues en italique nous mettent sur la piste haha 😭 Tout ça pour lui voler son enfant 😠 Et on ne connait qu'une seule personne qui aurait pu faire ça... 🙄
Probablement pour la même raison qu'elle a créé cet enfant, d'ailleurs, cette histoire de légende etc ! Mais laisse le à sa mère ! Tu l'as obligée à porter ce fardeau, forcément qu'elle s'est attachée à cet enfant, c'est pas maintenant qu'il faut le lui reprendre ! 😠😭
Bref, pour l'instant je me dis qu'il existe un lien entre Asha et sa fille qui va l'aider à la retrouver 😬😅
J'ai très hâte de voir ce qui va se passer haha !
Haha oui y a pas trop de suspens sur le kidnappeur
Well, contente que ça te plaise ! Big révélation is coming ! (oui je fais une crise d'anglicisme ne t'inquiète pas)
J’adore tes com’ toujours aussi drôles
Laisse moi te dire pour commencer que j'ai été RAVIE en reprenant ma lecture : je m'étais arrêtée quand Asha allait rejoindre sa tribu, je m'attendais à lire des retrouvailles émouvantes... et niet ! j'ai ragé !
En plus, cette chère Clerpute a encore frappé è.é CA VALAIT LE COUP DE REPRENDRE LA LECTURE HEIN !
(je plaisante ! j'ai beaucoup aimé ces trois chapitres... mais j'étais bien dégoutée quand meme xD)
Je sais toujours pas ce qu'elle veut la Clerpute, c'est quoi son délire avec le bébé, qu'est-ce qu'elle veut en faire, pourquoi CE bébé ?
Le fait qu'elle ait pas réussi à tuer le mari d'Amaya... je t'avoue que je déteste cet homme autant qu'elle-même alors qu'elle le tue ou l'épargne ça me dérange pas xD
Je crois que j'ai une confusion par rapport aux "Maudits" : est-ce que tu dis ce que c'est exactement ? Je croyais que c'était la manière dont les humains appelaient les Sylviens, mais j'ai aussi l'impression que un Maudit est un Sylvien né avec la marque... est-ce que le sens du mot "Maudit" change selon si la personne qui l'emploie est un humain ou un sylvien ?
Et aussi, j'ai complètement adoré le capitre avec Var et le petit Aedan. Tellement triste, et tellement mignon au début <3 j'adore Var. Je ne sais pas si c'est un perso du présent qu'on connait... ni ce que les Sylviens lui ont fait. (c'est pas bien mais j'ai tellement rigolé quand il tue le corbeau pour le manger) je suis fan de ce perso ! je me demande pourquoi les humains le pouchassent. Je veux son spin off !
bravo pour ces trois beaux chapitres ! j'ai aussi aimé les moments en famille à la rivière, avec notre sanglier préféré xD
XD je vais le prendre pour un compliment
C'est parce que le bébé est un Sang-Mêlé, rappelle-toi ce qui a été prophétisé dans le prologue de cette partie...
XD
Les Maudits ce sont tout simplement les Porteurs de la Marque. La première appellation est plus utilisée, la seconde sert plutôt pour les rebelles qui trouvent que "maudit" est trop péjoratif. Et le sens du mot est le même quelque soit le locuteur.
Cool qu'il t'ait plu <3 par contre, je pensais l'avoir mis, mais ça ne peut pas être un perso du présent : il a été tué par les Sylvien. Désolée... cette scène n'est pas montrée, je voulais pas surcharger de flash-back. Du coup je pensais que je l'avais bien spécifié....
On verra pour le spin-off XD
Merci pour ta lecture et ton com' <3
Ò.Ó
Je suis outrée puissance outrance. Comment ça le bébé a disparu èOé Je rejoins Sorryf, Clerpute c'est son nouveau nom hein. Ze la déteste maintenant. Elle pense ptete agir pour le bien commun, mais c'est pas une raison suffisante. BOOOUUUUUUUUH ELLE EST NULLE.
Je réfléchis comme un enfant de 7 ans 'w'
Merci pour ton com', il m'a fait rire <3
Bon, reprenons nos esprits. Inspirons. Expirons. Voilà. Et commençons réellement ce commentaire. (oui, on est plusieurs dans ma tête XD)
Coucou !
Comme d'habitude, tu gères carrément les personnages. Je m'attache de plus en plus à l'obscur Lohan, je lui trouve un côté sympathique-malgré-lui. J'aime aussi beaucoup le sensible Kurtis et évidemment, la douce Asha... MAIS Lohan est mon préféré de tous ! Je le trouve particulièrement bien travaillé.
J'ai hâte de découvrir la suite (par pitié ne tue pas Eryn) ton écriture super fluide et l'excellence de ton imagination !
Que ta licorne t'emmène jusqu'aux étoiles !
Pluma.
Coucou !
Haha contente qu'ils te plaisent^^ Tu le trouves bien travaillé, pourtant j'ai du mal avec ce perso XD
Merci <3
Que ton dragon enflamme ton imagination !
PS : j'ai appelé ma licorne Jildaza !
C'est un très joli nom XD Ça vient d'où ? ;)