— Une glace ?
— Avec plaisir, mon amour.
Suite à l’acte courageux posé par Graham, il avait pu revoir Jasmine. Il l’avait invitée à dîner et, deux jours plus tard, les deux tourtereaux se retrouvaient assis à une table, l’un en face de l’autre, à jouer les amoureux.
Les choses s’étaient passées un peu trop spontanément entre eux, mais face à la détermination de Jasmine, Graham ne pouvait rien faire d’autre. Lui aussi était très attiré par la jeune femme, et il n’avait pas vraiment le temps de faire dans la dentelle.
Néanmoins, malgré toute cette précipitation, le sympathique trentenaire ne voulait pas s’engager officiellement. Du moins, il ne le pouvait pas. Sa conscience le lui interdisait.
Mais, après avoir maintes fois procrastiné sur le sujet, il s’était enfin décidé à passer à l’acte et à tout dire à Jasmine sur son état de santé.
Il fallait bien qu’il en parle. Il le savait. Graham devait être honnête envers celle qu’il aimait, avant que les symptômes de sa maladie ne le devancent et ne mettent tout en péril.
— Hum ! C’est délicieux.
— Ah ! Tu… tu trouves ?
— Oui ! Aussi délicieux que le charmant bellâtre qui me l’a proposé.
— Ah ! Merci, ma puce.
— Je t’aime, Graham.
— Ja… Jasmine… Kof ! Toi et moi, il faut qu’on parle… kof, kof !
— Qu’est-ce que tu as ? Tu t’étouffes ? C’est la glace, c’est ça ?
Après avoir toussé à plusieurs reprises, Graham s’effondra sur le banc du parc où il s’était arrêté avec Jasmine.
— Gra… Graham ? Mon chéri ?
Après avoir tenté en vain de le ranimer, Jasmine appela une ambulance. Quelques minutes plus tard, c’est allongé dans un lit d’hôpital que Graham reprit connaissance.
— Kof, kof !
— Tu… tu es réveillé, mon cœur ?
— Euh… Excusez-moi, qui êtes-vous ?
— Pardon ?
— Moi, je suis Graham Barnes.
Quand tu te mets à la place de Jasmine, le choc émotionnel...
Et le pauvre Graham.
Dans ce genre de moment, on aimerait avoir quelqu'un à en vouloir, à accuser, à détester... Pourtant, ce n'est pas toujours évident. Chose qui renforce nos sentiments de confusion et de douleur.
Me revoilà ! Ce passage est à la fois tendre et tragique, où la légèreté du début contraste puissamment avec la brutalité du retournement final. L’émotion est sincère, la chute bouleversante, et on sent tout le poids du non-dit qui rattrape Graham. L’écriture capte avec justesse la fragilité de l’instant, entre amour naissant et fatalité. C'est vraiment poignant.
Tes dialogues sont toujours drôles et incroyablement légers quand on pense à la situation dans laquelle Graham se trouve...
Hâte de voir la suite !