Dans le salon de stratégie, des raclements de bois contre le sol de pierre évoquèrent de nombreux mouvements simultanés de chaises et de fauteuils. Mirnos tapota le bras d’Amandrille avec urgence. Il fallait partir. Dans le plus grand silence, il replaça la pierre, le tapis, puis quitta la pièce. Arrivé en haut de la première volée de marches, il repartit de plus belle dans les couloirs, dévorant chaque méandre de quelques enjambées difficiles à suivre. Il avait toujours eu une belle vitesse de pointe, se souvint Amandrille en passant tout comme lui en respiration intermédiaire : un souffle un peu plus puissant, un peu moins de discrétion pour un peu plus d’endurance. Ils revinrent sur leur pas jusqu’à un certain croisement, où Mirnos bifurqua vers de nouveaux quartiers inconnus. Il repassa alors en respiration faible et ses pas se firent plus légers, tout en restant aussi rapides. Amandrille cala encore une fois son comportement sur le sien, et finit par détecter une présence proche. Lorsque Mirnos s’arrêta brutalement, elle n’en fut pas surprise, et se rangea tout contre lui dans ce qui semblait être une alcôve naturelle dans le mur du couloir. Le poste de garde était de construction naine, mais étant appuyé contre la paroi de l’aven dans lequel il était construit, on retrouvait par endroit la roche irrégulière servant de mur ou de sol.
Sommairement camouflés de la sorte, les deux jeunes nains attendirent que les pas se rapprochent puis s’éloignent d’eux, les frôlant à peine dans le couloir étroit. Puis ils se remirent en route, filant à vive allure jusqu’à ce que le bruit familier de l’ouverture d’une porte se fasse entendre.
– On est de retour dans ta chambre, déclara Mirnos.
– Oui, je viens juste de le réaliser. On a pris un chemin différent.
Amandrille prit les devants, laissant son guide sur le pas de la porte avant de l’inviter à entrer. Dans son élément, où elle était plus autonome, elle se sentait rassurée et parvint à retrouver, malgré les circonstances, son naturel. Elle grimpa sur son lit pour attraper une boîte à biscuits et un bol qu’elle alla remplir au petit filet d’eau qui courait le long de son mur, au-dessus d’une petite vasque.
– Tu peux t’installer sur la banquette, disait-elle tout en poursuivant les préparatifs. Je n’ai qu’une tasse, mais les carreaux d’as sont à volonté, ma mère en fait toujours pour tout le régiment et c’est moi qui en hérite dès qu’ils commencent à ramollir. Je les aime comme ça. Surtout les rouges.
Elle souleva le couvercle d’un pot qui décorait une petite niche creusée dans le mur à-côté de sa coiffeuse, et ne put s’empêcher de le caresser. Elle ne pourrait plus jamais le contempler, mais par bonheur, il était aussi doux que ce qu’il était beau. Son oncle le lui avait ramené d’une de ses excursions à haut risque en extérieur, d’un pays lointain où le soleil ne laissait à la fraîcheur de l’ombre que peu de place pour exister. Il lui avait raconté que le bois qui le constituait était celui de la coque d’un gros fruit poilu, ce qu’elle avait eu du mal à croire au vu de la taille et de la douceur de l’objet. Depuis ce jour là, elle avait idolâtré cet oncle mystérieux, qui avait la chance de parcourir le monde à la faveur de la nuit, se réfugiant pendant la journée dans des abris que la section d’exploration dont il faisait parti entretenait et construisait toujours plus loin pour leur rapporter des objets, des goûts et des histoires d’ailleurs. Elle avait rêvé de le suivre un jour dans ses excursions, et attendu l’âge requis pour passer les sélections pour la formation d’exploratrice en s’entraînant assidûment. Elle se souviendrait toujours des mots qu’elle avait eu de la part du recruteur, qui l’avait inspecté du regard et n’avait même pas voulu l’évaluer.
– Le métier d’explorateur requiert une très forte constitution : il faut une bonne résistance à la chaleur, au manque de nourriture et d’eau, à la sécheresse de l’air. Il faut pouvoir marcher durant des nuits et des nuits. Vous n’avez pas le physique nécessaire. Vous devriez passer les sélections pour les formations de secouriste, ils ont toujours besoin de nains aux petits gabarits, qui peuvent se faufiler partout.
Rouge de colère, elle avait quitté les quartiers des explorateurs pour aller du même pas se présenter auprès de la section la plus sélective, la plus prestigieuse : celle des éclaireurs. Elle avait sur le moment la ferme intention de devenir la meilleure éclaireuse, de faire parler d’elle dans tout le poste jusqu’à éveiller la convoitise du recruteur qui venait de la mettre à la porte, et enfin d’accepter ses plus plates excuses ainsi que son offre d’embauche dans la ligue des explorateurs. La réalité avait étrangement rattrapé ses espoirs, et comblé ceux de son père. Elle avait passé haut la main les sélections, et s’était révélée être une éclaireuse très douée. La fierté dans les yeux de ses parents, les félicitations et les sollicitations incessantes de la ligue des éclaireurs face au silence de celle des explorateurs, avait au cours des années eu raison de sa patience. Son rêve s’était effrité, et il n’en était resté que le noyau dur, l’intention première : voir le ciel. Elle avait commencé à assister aux levers de soleil au moment où elle avait renoncé à devenir exploratrice. En guise de nostalgie, elle ne s’autorisait qu’une pensée pour son oncle lorsqu’elle soulevait le couvercle de son pot en coque de noix de coco pour prendre une pincée de carmillade.
Elle soupira, puis lâcha la poudre rouge dans le bol qu’elle venait de remplir. En plus de colorer l’eau, cette mousse qu’elle cueillait sur les sols argileux et humides, qu’elle faisait sécher et qu’elle réduisait en poudre lui donnait un parfum acidulé dont elle raffolait.
Comme Mirnos n’approchait toujours pas, immobile sur le pas de la porte, elle tenta de le mettre à l’aise en s’asseyant elle même, en lui tendant sa tasse et en ouvrant la conversation sur le ton de la plaisanterie :
– On boit à ma première course dans le noir ? La prochaine fois que tu m’emmènes dans des couloirs inconnus, n’en profite pas pour venir te coller à moi dans les coins sombres !
Comme il ne réagissait pas, et qu’elle commençait à craindre de l’avoir vexé, elle reprit plus sérieusement :
– On a eu chaud, j’ai bien cru qu’on allait se faire repérer.
– En réalité, lui répondit enfin Mirnos d’un air gêné, on avait tout à fait le droit d’être là-bas. Ce sont les quartiers d’habitation de mon père et de ses hommes, et la chambre depuis laquelle on a espionné le conseil est la mienne.
– Mais alors, je ne comprends pas pourquoi tu m’as entraîné dans cette fuite ?
– Je voulais m’assurer que t’étais toujours aussi douée. Que t’avais rien perdu…
Comme il ne terminait pas sa phrase, Amandrille s’en chargea, agacée :
– Qu’en perdant la vue j’avais pas perdu mes réflexes ? Visiblement non.
Elle se sentait abusée et tournée en ridicule. S’en rendant bien compte, Mirnos tenta de se rattraper :
– Allez ! C’était drôle de courir ensemble ! Non ?
– Très drôle, répondit Amandrille d’un air sarcastique. Sort de chez moi maintenant.
– Amandrille, fais pas cette tête, me dis pas que tu t’es pas amusée ?
– Mais ça n’a rien à voir ! Et si, je m’amusais, avant d’apprendre que tu te servais juste de moi pour ta petite expérience.
– Ce n’était pas… commença-t-il en se faisant immédiatement interrompre.
– C’est ton père qui t’as demandé de vérifier si j’étais toujours apte au service ? Tu peux lui répondre que oui, je suis toujours valide, et prête à patrouiller dès ce soir !
Haussant lui aussi le ton, Mirnos se défendit :
– Pas du tout, arrête. Pourquoi mon père m’aurait demandé ça ? T’as pas l’air de comprendre. Tu fais des plaisanteries, tu bois ta carmillade… Mais ils veulent t’envoyer au sud ! Y aura plus de patrouilles ici, plus de sorties ensemble dans les couloirs !
– Tu te trompes, je suis sûre que ma mère a fait cette demande pour une bonne raison. Elle a un plan pour moi. Tout à l’heure, elle va me rejoindre, et elle me dira comment je peux rejoindre mon oncle Bastrian.
D’un air ahuri, Mirnos balbutia :
– Ah bon ? Mais, elle t’en a parlé avant ? Tu étais au courant de ce qu’elle allait demander ?
– Bien sûr, mentit Amandrille. Ma mère ne me laisserait jamais partir dans les Cavernes Racornies, qu’est-ce que tu crois ? Elle sait que c’est un endroit horrible. Mais elle ne pouvait pas dire au conseil qu’elle comptait m’envoyer avec les explorateurs, car je n’ai pas de titre officiel. Ne t’inquiète pas pour mes capacités, je serai partie demain, et tout ira très bien pour moi. Je vais réaliser mon rêve.
– Alors je suis content pour toi, assura Mirnos. Je ne te dérange pas plus longtemps, je crois que quelqu’un approche. Je vous souhaite de belles découvertes, exploratrice Berghün.
Comme elle lui trouvait une intonation triste qui répondait à sa propre hésitation, elle eut envie de le retenir, mais elle entendit en effet que quelqu’un approchait. Sa mère. Et il valait mieux qu’elle ne le trouve pas ici.
Elle jeta sa cape sur la banquette et sauta sous ses draps au moment où sa porte s’ouvrait. Faisant mine de sortir du sommeil, elle se redressa avec un sourire un peu bancal.
– C’est toi maman ? demanda-t-elle.
– C’est moi ma chérie. J’ai de bonnes nouvelles pour toi. La première équipe de sauvetage vient de rentrer, ils ont déjà commencé à creuser une galerie horizontale qui devrait rejoindre la deuxième salle de la suite de Desreum et n’ont pas rencontré de problèmes sur les trois premiers mètres. Ils estiment à cinq jours la durée maximale de l’opération !
– Cinq jours ! C’est beaucoup trop long ! se désespéra Amandrille.
– Non, la contredit sa mère, c’est une excellente nouvelle. C’est une opération délicate, et personne ne s’attendait à un tel délais. Ton père et ses hommes ont de l’eau, ainsi que leurs barres de survie. Dans de telles conditions, ils pourraient attendre les secours pendant plus d’un mois.
Il était de coutume qu’un nain des profondeurs, quelque soit son poste, ait toujours sur lui trois barres énergétiques supposément comestibles dont la recette avait dû être élaborée par l’un de leurs pires ennemis tellement elles étaient infectes.
– Quand on meurt de faim, on avalerait n’importe quoi, lui avait un jour assuré son père. Et comme c’est dégueulasse, on ne prend pas le risque que les soldats les boulottent au premier petit creux ! avait-il ajouté en riant.
Amandrille pensa au goût de vase et d’argile de la barre et se dit que oui, son père pouvait survivre, à condition que Desreum ne résonne pas comme lui. Parce que même si les dragons ne raffolaient pas des nains, quelques milliers d’années de jeûne avaient dû émousser leurs fines bouches.
– Ils vont réussir à maîtriser Desreum, dit-elle à voix haute pour s’en convaincre.
– Je l’espère aussi. À ce propos, il y a quelques personnes qui pensent que tu as peut-être joué un rôle – même si tu ne pouvais pas du tout le savoir – dans ce qui est arrivé ce matin.
– Comment ça ? demanda Amandrille le plus naïvement possible.
– C’est difficile à comprendre. Moi-même je n’en ai entendu parler que récemment. Il y a un dicton, ou plutôt une espèce de légende, qui serait – d’après ce que j’ai compris – transmise de génération en génération, et qui annoncerait le retour du règne des dragons. Je serais incapable de te la réciter, mais quoi qu’il en soit, certains pensent que Desreum pourrait t’utiliser pour déclencher une… sorte de… prophétie, et qu’il faut de toute urgence t’éloigner de lui.
– C’est n’importe quoi, tu sais bien que je ne ferais rien pour aider les dragons à s’échapper !
– Bien sûr que je le sais ! Mais tant que nous n’avons pas secouru nos hommes et qu’ils n’auront pas vu Desreum amoindri, les membres du conseil ne voudront pas prendre le moindre risque.
Amandrille voulait que sa mère arrête de tourner autour du pot. Elle inspira donc un bon coup, prête à entendre ce que sa mère avait à lui proposer :
– Et donc ? demanda-t-elle.
Sa mère se racla la gorge et prit sa voix la plus autoritaire pour déclarer :
– Tu vas te rendre dans le sud, dans les Cavernes Racornies, le temps que les nains d’ici se calment et reviennent à la raison. Ton père et moi, nous te rejoindrons dès qu’il sera sorti d’affaire.
Amandrille n’en croyait pas ses oreilles. Sa mère l’envoyait vraiment dans le sud !
– C’est de la folie maman ! Je peux pas aller là-bas, il fait chaud et sec, les nains y sont tout rouges et y a même pas de carmilles ! ajouta-t-elle en agitant sa tasse sous le nez de sa mère.
– Mais tu vas vite t’habituer, et les marchands te ramèneront des tas de carmillade ! lui répondit la voix brisée de sa mère.
– Maman ! Pitié dis-moi que tu as prévu autre chose pour moi !
Sa mère la serra contre elle en geignant :
– Il n’y a pas d’autres solutions, mais je te promets que ton père et moi te rejoindrons très vite, le plus vite possible ! Nous ne supporterons pas de vivre loin de toi, et aussi chaude et aussi sèche que soit la Caverne Rabougrie, nous y cuirons ensemble.
Amandrille se laissa câliner, puis écouta docilement ce que sa mère avait à lui dire.
– Fais tes bagages, chuchottait-elle. Demain matin, des longs marcheurs viendront te chercher pour t’emmener à la Caverne Rabougrie. Le conseil n’acceptera jamais de laisser partir ton père, mais dès qu’il sera sur pieds, nous nous enfuirons ensemble pour te rejoindre. Il faudra que tu n’en parles à personne pour que mon plan fonctionne. Et pour ce qui est de ta cicatrice à la main, je voudrais aussi que ce que tu m’as raconté reste entre nous. À partir d’aujourd’hui, nous devrons considérer les nains de la Caverne Clapotante comme notre ancienne famille et nous méfier d’eux. C’est bien d’accord ?
La jeune naine accepta chaque demande, répéta chaque consigne. Elle embrassa longuement sa mère, puis prépara calmement un bagage très sommaire. Dans son sac de survie, qui contenait trois barres énergétiques et une bonne lame, elle ajouta son bol en argile, son pot en noix de coco, et comme sa boite à gâteau en pierre était bien trop lourde, elle transféra tous ses carrés d’as dans un morceau de tissus propre. Puis elle attendit. Habituée aux insomnies, elle reconnaissait chaque heure de la nuit. Celle du passage des chauve-souris, celle où les derniers traînards rentraient lourdement de la brasserie, celle où seule la centaine d’écoulements audibles depuis sa chambre chantait à ses oreilles, celle du premier passage aux latrines de Marnille. Elle écouta passer toutes ces heures familières, puis elle mit sa cape sur son dos, son baluchon sur une épaule, et quitta sa chambre. Au milieu de la nuit, surveillant des deux oreilles la cité endormie, elle alla là où ses pieds l’emmenaient. Au seul endroit où elle pensait encore pouvoir se sentir bien.
Elle poussa son petit sac au-dessus d’elle tandis qu’elle escaladait le boyau qui menait à la sortie de la grotte, puis déboucha à sa suite dans la baume qui l’avait accueillie à chacune de ses fugues. Celle-ci était de loin la plus grave, et elle espérait bien que personne ne serait assez fou pour venir la chercher par ici au petit matin. Du moins, si elle était encore là.
Se sentant dépouillée de tout ce qui faisait sa vie, trahie par sa mère, sans nouvelles de son père, elle ne savait pas si elle était venue ici pour partir seule à la recherche de son oncle, ou pour se laisser brûler par le soleil qu’elle avait tant espéré voir un jour. Le second projet ne lui paraissait pas plus fou que le premier, et vu son handicap, les deux se rejoignaient inévitablement.
Sautillant de rocher en rocher, elle avança jusqu’à celui qu’elle affectionnait le plus. Alors qu’elle allait l’atteindre, un courant d’air puissant balaya la baume, et les ombres à ses pieds se mirent à danser. Déconcertée, elle fixa de son regard le rideau noir qui s’était déployé autour d’elle depuis sa rencontre avec Desreum, et vit qu’il était percé d’une multitude de petit points blancs et brillants.
* * *
Interloquée, les yeux rivés au ciel, Amandrille s’installa en tâtonnant sur sa pierre plate habituelle, n’osant pas quitter des yeux ces centaines de lueurs d’espoir qui y scintillaient, de peur de les voir disparaître. Elle n’osait ni cligner des paupières, ni réaliser ce qui lui arrivait. Mais une voix derrière elle la fit sursauter et rompit ce charme :
– Tu peux les voir, n’est-ce pas ?
Mirnos venait de déboucher à son tour dans la baume, et avançait vers elle. Elle lui fit une place à ses côtés, et d’une voix rauque qu’elle eut du mal à extraire des profondeurs de sa stupéfaction, elle demanda :
– Comment tu le sais ?
Il s’installa dans la même position qu’elle sur le bout de pierre qu’elle avait bien voulu lui laisser, et en portant également les yeux sur le ciel étoilé, il prit le temps de soupirer longuement avant de répondre :
– Ce que je me demande, c’est pourquoi je semble être le seul à l’avoir deviné.
Un peu outrée, Amandrille s’exclama :
– Parce que c’est… dingue ! Complètement improbable ! J’ai perdu uniquement ma vision nocturne, comment est-ce possible ? Pourquoi puis-je encore voir la lumière mais plus l’obscurité ? C’est contre nature.
Elle se maudit de sentir encore des gouttes stagner au bas de ses yeux. Les étoiles les plus proches de l’horizon éclatèrent en des dizaines de fuseaux qui se rejoignaient et se croisaient. C’est à la fois beau et incompréhensible.
Elle décrocha enfin son regard du ciel pour s’essuyer discrètement les yeux. Dans son mouvement, elle croisa le regard de Mirnos et en fut très gênée. L’avait-il déjà fixée avec une telle intensité, lors de leur escapade dans les quartiers de son père, alors même qu’elle ne pouvait pas le voir en retour ? Elle aimerait maintenant pouvoir prétendre qu’elle ne saisissait pas l’ampleur de l’attention qu’il lui portait.
Pour ne plus que leurs genoux se touchent, elle ramena les siens devant elle et les entoura de ses bras en demandant :
– C’est donc pour ça que tu es venu ? Pour vérifier ta théorie ?
Mirnos éclata alors d’un rire grave et sincère, lui assurant que ce n’était pas le cas. Quelque chose avait changé dans ses attitudes depuis l’époque où ils suivaient ensemble la formation d’éclaireur. Elle se souvenait d’un jeune nain droit comme une stalagmite, haut et hautain, le front toujours creusé par des airs angoissés. Il était un bon partenaire : toujours là où on l’attendait, toujours les mots qu’il fallait. Alors que faisait-il ici, maintenant ?
– Je voulais te voir une dernière fois, lui assura-t-il. Te dire au-revoir. J’espère ne pas t’avoir retardée. Tu dois avoir beaucoup de chemin à faire avant le lever du jour.
Mirnos déplia ses jambes et Amandrille cru qu’il partait. Dans un élan de panique inattendue, elle s’exclama :
– Je t’ai menti. Je n’ai aucune idée d’où est mon oncle. Je ne deviendrai jamais une exploratrice. Je n’ai plus qu’à rejoindre les cavernes du sud, ou bien à m’enfuir au hasard de la nuit en priant pour que je trouve une planque d’ici le lever du soleil.
Mirnos tourna vers elle un visage faussement vexé qu’il parvint à maintenir quelques secondes avant d’éclater à nouveau de rire.
– Je m’en doutais. T’as toujours été aussi forte pour disparaître que pour mentir, dit-il. C’est pour ça que je me suis planqué dans le couloir et que je t’ai suivie quand tu t’es enfuie. Sans que tu me remarques. Oui, j’en suis plutôt fier.
– Tu sais que j’ai une mauvaise oreille, répliqua sèchement Amandrille pour tenter d’éteindre le petit air satisfait et provocateur qu’il lui lançait.
– Tu parles, t’es rouillée oui, continua-t-il sur le même ton taquin. C’est ça de plus bosser en groupe avec moi, tu te laisses aller. C’est pareil pour moi, ajouta-t-il avec plus de sérieux.
Il continuait à la fixer, avec un air de connivence incompréhensible. Comme s’ils avaient tous deux partagés des souvenirs communs bien plus forts que de simples entraînements militaires, et qui l’autoriseraient à réduire ainsi à néant la distance courtoise qu’ils avaient entretenue entre eux durant des années. Elle crut que si elle ne répondait pas, il accepterait de changer de sujet, mais il se mit à raconter :
– J’ai toujours voulu sortir major de promotion. C’était le seul moyen pour moi d’échapper au commandement de mon père, en demandant la direction de ma propre unité. Je voulais – je veux toujours – prouver qu’il y a d’autres moyens de gérer ses troupes qu’en les maintenant sous pression, je ne supporte pas qu’on mette les soldats en situation de compétition permanente. Toi, tu semblais complètement insensible à tout ça, jamais un regard pour les classements, si ce n’était pour complimenter l’un ou l’autre de tes amis. Et pourtant, malgré ton indifférence et mon aversion pour ces jeux de pouvoirs, paradoxalement, c’est entre nous deux qu’il y a eu le plus de rivalité.
Amandrille poussa une exclamation excédée. Comment pouvait-il l’accuser d’avoir tenté de le concurrencer ? Il était sorti premier de la formation, loin devant sa jumelle qui occupait la deuxième marche du podium, tandis qu’elle avait modestement obtenu la huitième place. Elle le lui rappela, ce à quoi il objecta :
– Peut-être. Mais tu ne perdais jamais une occasion de me prouver que tu aurais pu me battre à plate couture s’il t’en prenait l’envie. Est-ce que tu imagines le stress que tu m’as fait vivre ? À tout moment, je m’attendais à ce que tu te décides enfin à montrer tes vrais talents, et à ce que tu me dépasses d’un claquement de doigts, avec un clin d’œil narquois.
Il parlait sur un ton dégagé, et même avec autodérision, mais ses accusations n’étaient pas moins blessantes. Puis il eut un haussement d’épaules et une mimique désolée, tandis que Amandrille se représentait la scène de cauchemar qui s’était déroulée dans sa tête toutes ses années. Elle demanda, choquée :
– Tu as cru que je me jouais de toi ? Que je faisais semblant d’échouer aux tests pour pouvoir t’écraser en beauté aux examens ?
– Bien sûr que je l’ai cru ! se défendit-il. Je n’ai pas compté les fois où, gamins, alors que tu avais de l’avance sur l’itinéraire, tu te cachais pour m’attendre et m’effrayer. Et notre premier exercice de traversée de plafond en suspension sur les mains, tu t’amusais à mettre des galets dans mes poches pour m’alourdir et pour que je sonne comme une clochette à chacun de mes pas…
Amandrille éclata de rire, en se remémorant ce moment :
– À la fin tu faisais plus de bruit qu’une résurgence en automne. L’instructrice Kerlira grimaçait tellement que c’est elle qui avait l’air d’avoir mangé des pierres !
– Arrivé chez moi, j’ai compté dix-huit galets, repris Mirnos. Dix-huit ! Je galérais tellement à me maintenir au plafond que j’ai pas réussi à en sortir un seul de mes poches, mais toi, va savoir comment, tu te tenais d’un doigt, explorais incognito toutes les corniches à portée de main pour y dénicher des cailloux, et trouvait encore assez d’énergie pour t’approcher de moi et me farcir comme un dindon.
Amandrille calma ses éclats de rire.
– Mais tu étais le seul à avoir réussi à traverser toute la salle, se remémora-t-elle. On a tous abandonné à mi-chemin, cette fois-ci. On avait quoi, dix, onze ans ? On était encore tout chétifs. Toi, t’avais tenu bon jusqu'à la fin, toi seul.
– Et moi seul, je savais que tu aurais pu y parvenir bien avant moi si tu n’avais pas gaspillé tes forces. Ces dix-huit galets, c’était pour moi dix-huit avertissements. Dix-huit façons de me dire « attention, je suis meilleure que toi ».
Elle resta bouche bée devant cette version-là des faits. Elle n’avait plus du tout envie de rire. En balbutiant, elle s’excusa :
– Je suis confuse, ce n’était pas du tout pour me moquer de toi, ou te rabaisser. Je m’ennuyais juste, et je m’en rends compte à présent : à chaque fois que je me cachais ou que je voulais faire une blague à quelqu’un, tu étais toujours la personne la plus proche de moi. Je t’assure, il n’y avait rien de personnel, et je suis vraiment, vraiment désolée que tu l’aies vécu comme ça.
Le sourire que Mirnos lui adressa en réponse était entier, sans une seule trace de remords.
– J’étais le nain le plus proche parce que personne d’autre n’arrivait à te suivre. Je ne t’en veux pas. Grâce à la crainte que tu m’inspirais, je suis devenu meilleur. Et je crois que toi aussi, à ta façon, tu as progressé. J’étais de plus en plus difficile à surprendre. Et plus je me méfiais de chaque recoin, plus j’étais à l’affût de chaque mouvement autour de moi, plus tu étais silencieuse et rapide au moment de bondir face à moi.
Il souriait toujours, mais Amandrille était bouleversée. Il essaya de la faire rire à nouveau en lui racontant encore quelques frayeurs ou quelques frustrations qu’elle lui avait causé, et son malaise grandissait. N’y tenant plus, elle l’interrompit avec gravité :
– En t’écoutant, j’ai l’impression de m’être acharnée sur toi.
– Un peu, confirma-t-il avec beaucoup de douceur. Et le pire, c’est que d’une certaine façon, ça va me manquer.
Amandrille reprit son souffle en portant à nouveau attention au paysage devant elle, qu’elle pouvait assez nettement distinguer grâce au ciel étoilé bien dégagé. Les plaines étaient immenses, aussi attirantes que d’habitude, et pourtant, l’idée de quitter sa caverne lui était soudain devenue insupportable. Avant, il n’y avait que la peur de se faire piéger par la lumière brûlante qui la retenait. Cette nuit, alors qu’elle avait eu l’impression d’avoir tout perdu, ce n’était pas la peur qui la maintenait clouée à sa pierre plate. Comme s’il avait lu dans ses pensées, Mirnos lui dit :
– Tu vas y arriver. Tu es faite pour l’extérieur, pas pour moisir dans ces cavernes humides. Jamais ils n’auraient dû te refuser chez les explorateurs. Quelque part, même si j’espérais le contraire, j’ai toujours su que tu ne ferais pas ton trou ici, parmi nous. Ta vie, quelle qu’elle soit, est là-bas.
Il s’était tourné vers elle, ne cachant rien de sa douleur. Elle avait beau vouloir lui demander pourquoi il vivait si mal cette séparation, pourquoi il avait tenu à venir lui parler ce soir, pourquoi il se permettait d’être si triste alors que sa propre mère n’avait pas même versé une larme en lui annonçant son bannissement, son corps noué lui disait qu’elle n’avait qu’à regarder en elle-même pour obtenir les réponses à ses questions. Sa souffrance était identique.
Elle se tourna vers lui à son tour, acceptant enfin la proximité qu’il recherchait.
– J’aurais voulu qu’on ait plus de temps, dit-elle sobrement.
Il comprit la portée de ses mots, avança lentement sa main pour parcourir timidement sa joue, son épaule, son bras.
– Je peux ? demanda-t-il en marquant un arrêt sur sa blessure.
Amandrille approuva, et il souleva sa main pour observer de plus près la plaie en forme de goutte d’eau.
– Cette brûlure, c’est ici que tu te l’es faite pas vrai ? demanda-t-il.
– Oui. Lumière directe, pas bon du tout.
Il eut un rire léger, tandis qu’il poursuivait son examen.
– Ta mère à dit que c’était Desreum qui t’avait brûlée. Si le conseil avait appris la vraie version, ils se seraient certainement rangés à l’avis de la vieille Céphraline.
Comme elle lui demandait de s’expliquer, il s’exécuta :
– Avant de venir te chercher, j’ai entendu une conversation entre Céphraline et mon père. Céphraline soutenait que Desreum avait senti ta proximité lors de tes rondes, que tu lui rapportais de tes contemplations d’aurore des gouttes de lumière, et que c’est ce qui lui avait redonné des forces et permis de sortir de sa suite. La médecin lui a parlé de la forme de ta brûlure, et cela a achevé de la convaincre que tu avais un lien avec la prophétie qui annonce la renaissance des dragons.
– Comme si je pouvais transporter de la lumière sur moi ! s’énerva Amandrille. La preuve que non : la lumière me brûle, comme elle brûle n’importe quel nain des profondeurs.
– C’est vrai, admit Mirnos en rapprochant encore plus sa main de son visage. Mais tu as quelque chose que les autres nains des profondeurs n’ont pas.
Il porta la main d’Amandrille à sa bouche, ferma le yeux et déposa un baiser sur ses doigts en prenant une grande inspiration. Sa voix se brisa lorsqu’il déclara :
– Ta peau sent le soleil.
C’est pour ça, comprit Amandrille. Ils m’envoient dans les cavernes du sud parce que je suis différente, parce qu’ils craignent que je sois cette goutte de lumière dont parle la prophétie. Dans les cavernes du sud, il n’y a pas de dragons du désert. Le climat y est trop sec, trop chaud, ils s’y plairaient trop et ne seraient pas assez affaiblis pour pouvoir être maîtrisés. Les cavernes racornies, très tortueuses, n’accueillent que des dragons des grands lacs, qui y souffrent de l’extrême sécheresse, et des dragons des pleines, qui aiment les climats frais, la rosée et courir sur de vastes étendues.
Mirnos embrassa à nouveau sa main et Amandrille cessa subitement de réfléchir. Il balaya ses cheveux d’un geste du poignet, et toutes ses pensées d’un seul baiser. Son esprit devint aveugle à toute autre préoccupation aussi longtemps que dura leur première étreinte.
Ils passèrent les heures suivantes à éviter de se faire des promesses, préférant s’échanger rires, confidences et baisers avec une insouciance délicate et urgente. L’un et l’autre n’avaient plus l’intention de se laisser intimider par le lever du soleil, qui serait bien grossier de venir les déranger dans leur intimité. Pourtant, les prairies devinrent grises, les étoiles reculèrent, les montagnes se découpèrent, noires sur un fond pâle. Amandrille n’avait jamais assisté au lever du soleil avec quelqu’un à ses côtés. C’était au moins deux fois plus beau. Dans sa main, celle de Mirnos frémissait d’appréhension et de fascination. Lorsque le premier rayon se fendit un chemin entre deux montagnes, il poussa un cri en portant son épaule devant ses yeux. Amandrille lui ouvrit ses bras, et il vint s’y blottir, le visage enfoui dans son cou.
– J’ai mis huit mois à supporter cette vision, lui dit-elle en resserrant ses bras autour de sa tête.
– Alors je suis pas prêt de te rejoindre, rigola-t-il à travers ses gémissements de douleur.
Le jour se levait vite, pourtant, aucun des deux jeunes nains n’esquissait un pas vers la grotte. Amandrille, comme toujours, était hypnotisée par le spectacle. Était-ce parce qu’elle était accaparée par la présence et la vulnérabilité de Mirnos, qu’elle protégeait de la lumière de tout son corps, qu’elle ne ressentait pour la première fois aucune douleur ? Les yeux grands ouverts, elle pouvait se focaliser sur chacun des détails de la plaine sans avoir à plisser les paupières. Un vallon, une colline, une forêt d’arbres blancs et pointus. Et était-ce des animaux en mouvement dans sa direction qu’elle percevait au loin ? Plus le rayon de soleil avançait vers elle, plus son souffle s’accélérait. Un espoir fou s’était emparé d’elle. Furtivement, à travers ses yeux plissés, Mirnos la regardait contempler l’horizon, le visage saupoudré d’une lumière jaune pâle. Jamais il n’avait vu quelles couleurs le jour pouvait bien donner à la peau d’un nain des profondeurs. Et il avait le sentiment important d’être le premier à le découvrir. L’amour qu’il pensait pouvoir ressentir pour elle depuis quelques mois s’abattit sur lui avec une implacable ironie, à l’instant où il aurait dû lui dire adieu. Il souffrait de plus en plus, ses yeux et sa peau lui semblaient en feu, mais il ne pouvait pas se résoudre à la laisser affronter seule cette dernière vérité concernant sa transformation. Car il avait bien compris ce qu’elle comptait faire.
Lorsque, comme la veille, le rayon de lumière escalada le rocher, Amandrille tendit sa main, pour l’inviter à s’y poser. Le rayon grimpa encore de quelques millimètres, et entra doucement au contact de sa peau. La jeune naine expulsa dans quelques rires émerveillés le souffle qu’elle retenait depuis le début de son expérience.
– La lumière ne te brûle plus, compri Mirnos.
Entendant la douleur dans la voix du nain, Amandrille réalisa soudain l’urgence de le mettre à l’abri. Le faisant profiter au maximum de l’ombre de son corps, elle l’escorta. Ils regagnèrent le fond de la baume, où régnait encore une obscurité relative. Mirnos s’assit devant l’entrée de la caverne, les deux jambes pendant dans le vide. Il ne tiendrait pas longtemps ici. Aucun mot n’existait pour se dire au revoir quand on ne le souhaitait pas.
– Tu penseras à moi ? demanda Amandrille.
– Sans doute un peu trop souvent, lui répondit-il dans un triste rire.
– Tu essaieras de ne pas penser qu’à moi, le taquina-t-elle avec toute la légèreté dont elle était capable.
Il essaya de se le promettre. Il n’était pas du genre à se laisser mourir de chagrin en attendant le retour de son aimée en soupirant. Pourtant, il le sentait, le grain de sable qui était entré dans son cœur ne pouvait qu’y grandir, roulant dans les flots des souvenirs qui y seraient brassés. Il s’imprégna une dernière fois de la vision des deux grands yeux gris d’Amandrille, aux pupilles noires qui ne savaient plus basculer, et repensa à la transparence magnifique qu’ils avaient lorsqu’ils plongeaient dans la lueur du jour. Deux billes magiques, aux mille reflets.
– S’il te plaît, dit-il avant de disparaître, malgré toutes les merveilles du monde que tu pourras découvrir, essaie de ne pas m’oublier toi non plus. Ma perle en couleur, ma goutte de lumière, ma pisolithe.
Plus je lis ton histoire et plus elle me plait, je trouve tes personnages très attachants et originaux. Les progrès dans l'attachement d'Amandrille et de Mirnos à la fois prennent leur temps (ce ne sont pas des chapitres courts que tu nous as offerts !) et d'un autre côté, c'est quand même hyper rapide (je veux dire, Amandrille ne calculait pas Mirnos la veille). Même dans le déroulement de l'histoire, on n'est qu'au début, classiquement l'histoire d'amour se révèle vers la fin du cycle narratif et pas au début. Mais ton histoire n'a rien de classique et j'adore ça, je ne sais jamais où tu vas m'emmener mais je te suis volontiers.
Aussi, tes chapitres sont certes longs mais se lisent très facilement et avec plaisir. J'ai beaucoup ri quand Amandrille s'est retrouvée à peloter les abdos de son camarade.
Merci en tout cas pour ce délicieux moment de lecture, j'ai vraiment hâte de lire la suite !
A très vite !
J'aime beaucoup les histoires d'amour, mais j'aime bien quand ça ne se passe pas tout à fait comme dans les livres en effet ;) Je vois Amandrille comme quelqu'un d'un peu sauvage, qui n'a pas l'habitude de tisser des liens avec ceux de son âge, mais qui dans un moment de vulnérabilité à laissé Mirnos l'approcher.
Bonne lecture et à bientôt :)
Par contre je ne comprends pas comment Mirnos a pu le deviner et pourquoi il pense que c’est évident ?
Aussi quand elle parle de couleur (dans sa maison avec les biscuits et son infusion par exemple), est-ce que ce serait pas l’occasion de mettre un peu de nostalgie sur son sens de la vue qu’elle pense avoir perdu ? :) et quand sa mère va lui parler de cette histoire de prophétie j’ai eu l’impression qu’elle parlait un peu de la pluie et du beau temps (c’est peut être exprès pour souligner que c’est brutal et précipité comme conversation et dans ce cas ça marche bien)
J’ai vu qq coquilles:
Sort -> sors (quand elle parle à mirnos sur le pas de sa porte)
Que Amandrille -> qu’Amandrille ?
Stress (ah je l’utilise tout le temps celui-ci mais c’est un terme qui fait pas très médiéval il me semble)
Y a plein de phrases que j’ai trouvé chouette et les barres « dont la recette avait dû être élaborée par l’un de leurs pires ennemis tellement elles étaient infectes » ça m’a fait rire
Encore un chapitre sympa à suivre, bravo :) à tout bientôt du coup ;)
En effet je réalise que Mirnos est perspicace à un point assez peu compréhensible ici. J'aimerais en faire un personnage de fin stratège, mais comme on ne doit pas le revoir tout de suite je ne l'ai pas suffisamment développé pour que cela semble crédible. Je vais retravailler ce passage.
Bonne idée pour les couleurs ! Et pour le dialogue avec la mère en effet je pense aussi que je me suis peu intéressé à ce personnage là, qui reste assez plat dans ses mots et ses réactions. Je vais y travailler.
Encore merci pour ton retour :)
J'espère que la suite de l'aventure sera à la hauteur alors !