L’huile essentielle de menthe, diffusée à outrance dans la pièce ouverte à des vents qui refroidissaient l’air sans parvenir à dissiper l’odeur, me piquait les muqueuses. Je tâchai de respirer profondément, par le pouvoir de l’abstraction. Aussi efficace qu’une plume lancée contre un mur de pierre.
Tout était difficile, ici. Les cours théoriques assommaient les matinées. Les exercices pratiques gonflaient les après-midi. A seize heures, nous étions libres. De quoi, excepté s’effondrer pour une sieste ? La nourriture était délicieuse, les lits confortables, voilà les seuls avantages. Et encore, dans quelques semaines, nous commencerions à dormir « au plus près des éléments ». Les Dévouéos ne nous avaient pas caché ce que cela signifiait : hamacs dans les arbres, mince matelas au fond d’une barque, sieste au fond d’un terrier… Il fallait déjà supporter le clapotis omniprésent des fontaines qui se répondaient les unes aux autres, les feux allumés partout alors que la luminosité et la chaleur étaient suffisantes, les rubans trop longs qui pendaient des poutres et caressaient la tête comme de vieilles toiles d’araignée, le tintamarre des carillons non accordés entre eux… c’était déjà insupportable dans toutes les salles du Temple, mais dans les chambres ? Comment étais-je supposéo dormir ? J’étais rompuo aux ronflements régulier de mon adelphe, pas à cette cacophonie sensorielle !
Aucun des mythes autour des Dévoués ne mentionnait une telle formation. On nous demandait de devenir biologistes, géologues, géographes, climatologues, astronomes, océanographes, à grandes pelletées de données scientifiques. A la rigueur, les activités pratiques, aussi excentriques fussent-elles, avaient le mérite de ne pas nous laisser immobiles sur des chaises et correspondaient au mysticisme du devenir Dévoué. Enfin, le ridicule s’imposait davantage, pour le moment. La danse expressive, les ateliers avec les yeux bandés et les oreilles assourdies, les manœuvres de mise en confiance des équipiers : je ne voulais pas être dans la tête de la personne qui avait inventé cela. La méditation était sans nul doute le rituel le moins étrange auquel on nous soumettait.
Sans parler des autres apprentis. J’étais alléo dans une école pour brunos avec mon adelphe. Même si l’Institut Culinaire était mixte, je n’avais pas l’habitude de côtoyer des blondus et des noiras d’aussi près, de façon aussi permanente. Ce n’était pas bienséant. Or la promotion entière s’asseyait dans la même salle de classe le matin. Nous avions beau ne pas toujours nous mélanger entre teintes, cela restait sulfureux. Le reste de la journée ne rattrapait pas ce scandale, puisque la pratique s’accomplissait entre équipages, autrement dit, en tête-à-tête entre quatre teintes différentes. Comble du malheur, le blanche de notre équipage était une ancienne blonde !
Heureusement, il y avait Alaina. Al ne cessait de se disputer, y compris avec moi quand je lui disais d’arrêter. Comme si se bagarrer à tout bout de champ allait rendre ses cheveux plus noirs que noirs.
- Gardez les yeux fermés et tendez les mains dans le prolongement de vos épaules, ordonna l’instructeura. L’objectif est que vous effectuiez une rotation dans le sens des aiguilles d’une montre, de façon synchronisée avec les mains de vos équipiers. Vous ne devez donc pas vous toucher.
Evidemment, la dernière consigne s’échoua contre le récif de la réalité. J’étirai mes mains de part et d’autre. Nous étions assis en carré, Lazar à ma gauche, Radu à ma droite. J’aurais préféré que ce fût Alaina, mais les professeurs adoraient nous positionner par ordre de saisons. Je cognais allègrement les doigts de le blanche.
- Lazar, tendez davantage le bras. L’objectif est de ne pas toucher vos camarades, certes, mais aussi de réaliser la rotation. Si vous gardez vos coudes contre vos côtes, ce n’est pas de la triche, c’est un échec retentissant. Et tenez-vous droitu !
Je retins un rire. Je finis par buter contre une main sur ma gauche, Lazar avait dû comprendre comment déplier son bras. L’instructeura se montra inflexible. A la longue, la douleur dans mes épaules étouffa les esclaffements qui naissaient dans ma poitrine. Si cela continuait ainsi, j’allais battre le record de Fusion la plus précoce. Non pas à cause de mon indéniable talent, mais parce que la souffrance générée par les exercices me propulserait dans le prétendu plan astral. Je ne pourrais même pas demander un massage à Alaina, cela ferait jaser même si al était dans mon équipage.
La professeura signa la fin de l’exercice et nous fit enchaîner sur un énième autre, dont la loufoquerie mériterait que quelqu’un se pose de sérieuses questions sur la santé mentale de sa créateura. Nous nous déchaussâmes, nous enfonçâmes jusqu’aux chevilles dans un bac de terre et dûmes imiter un arbre de notre choix. Pardon, ressentir l’essence dudit arbre. Je choisis le myrtillier rocheux et ne connus pas un franc succès. Etonnamment.
- Allez, ça ira pour aujourd’hui.
L’instructeura soufflait ces mots comme s’ils représentaient une faveur, alors qu’al avait usé de chaque seconde du temps imparti. Notre prétendue belle unité éclata dans le couloir quand Radu et Lazar partirent de leur côté, Alaina et moi du nôtre.
- Je ne sais pas comment Lazar fait pour supporter Radu.
- Je ne sais pas comment nous allons le supporter pendant quatre ans.
Nous sortîmes par une porte à ventaux et nous engageâmes dans le jardin inspiré des jungles des Îles Ewos et Teve. Dans certains sentiers, on ne voyait plus le bâtiment tant les lianes et les larges feuilles s’enchevêtraient. Une telle oasis n’était possible que grâce aux efforts continus des Saisonniers, en l’occurrence des Estivalas.
- Lazar non plus, ul est tellement timoréu. A croire qu’on lu réduirait en cendres si on s’approchait trop d’ul.
- Je ne suis pas d’accord, s’offusqua Alaina. Il y a quelque chose à sauver.
- Parce que tu lui as parlé ? Je veux dire, plus qu’un bonjour ?
- Moi non, mais ul traîne avec lu blondu de l’équipage de Stasha. Tu sais, la noira avec la harpe un peu bizarre ?
- Et ?
- Ul ne doit pas être si désagréable.
- Je ne sais pas si je me fie la parole d’una noira.
- Eh ! s’exclama mon amia.
- Mais non, pas toi, temporisai-je en cachant ma bourde derrière un ton farceur.
- Ul vient de l’Île Ley, reprit-al. Je me suis dit qu’ul pouvait peut-être nous aider pour la géographie du coin.
Al ri devant mon expression.
- Il doit bien y avoir des blondus dégourdius, signala-t-al. Il y a des équipages de Dévoués qui fonctionnent.
- Si ça se trouve, la plupart des exercices qu’on se coltine actuellement, c’est uniquement pour que Lazar recrache le balai qu’ul a avalé quand ul était petitu.
Alaina resserra sa longue queue de cheval. Ses cheveux arboraient encore une magnifique couleur corbeau. Encore aucune trace que la teinture fuyait et qu’al ne pouvait pas la refaire. On nous avait confisqué les produits nécessaires à notre arrivée. Des servantos voiléos nous avaient fait étaler nos affaires et avaient ôté tout ce qui ne leur convenait pas, au motif d’un règlement dont personne ne nous avait jusqu’alors parlé. Peut-être Alaina espaçait-al les lavages pour limiter la casse ? Je savais qu’al avait manqué de se battre avec la servanta chargéa de récupérer les objets délictueux. Les servantas savaient répondre à la violence physique, il n’y avait aucune chance que man amia ait pu conserver ne serait-ce qu’une pincée de poudre colorante.
- L'Archipel à Leocadia ? Le pneumatique arrive-t-il à destination là-haut ?
- Ha ha, très drôle.
- Ça te dit de faire un ping-pong ?
- Bof. Je sens que demain va être éreintant, je préfère ne rien faire, là. Tu n’as pas mal aux bras ?
- Non, ça va. La danse m’a bien renforcé les épaules, se vanta-t-al en gonflant son biceps. Qu’est-ce qu’on fait, alors ?
- C’est stupide qu’on ne puisse pas aller dans nos dortoirs ensemble.
- Il y a la bibliothèque, suggéra Alaina en jouant avec une branche qui s’aventurait sur le sentier.
- On ne peut pas vraiment parler, objectai-je en arrêtant ses manies avant qu’al ne brise le végétal.
Un silence plana, laborieusement comblé par nos pitreries autour de la branche qui finit par rompre. Il était normal de séparer blondus, brunos et noiras, mais Alaina, c’était Alaina. J’avais du mal à accepter que la règle ne faisait pas d’exception pour nous.
- Tu as hâte d’être demain ? demanda-t-al.
- Parce que tu as hâte d’escalader le Volcan ?
- Demain, lever à l’aube, c’est ça ?
- Retourne le couteau dans la plaie, je ne te dirais rien !
Les servants voilés nous réveillaient le matin, sauf quand nous étions déjà levés, ce qui était plutôt rare dans le dortoir des brunos. Sans surprise, quand le réveil fut programmé encore plus tôt que d’ordinaire, leur tâche fut d’autant plus compliquée. Le festival des ronchonnements dura jusqu’à ce que, techniquement parlant, nous fussions prêtos à partir. Habilléos, restauréos, soumisos au poids de nos baluchons, nous rejoignîmes les blondus et les noiras devant le Temple. On nous rangea par équipages, grand troupeau subdivisés en grappes de quatre individus mécontents de se côtoyer. Enfin, mécontents… ce n’était qu’une question de jours avant que nous entendions parler d’histoires de coucheries.
C’était notre première sortie hors du Temple. Ce dernier était déjà un sacré morceau à visiter et notre emploi du temps nous laissait peu de respiration pour aller voir ailleurs. Cependant, je doutais d’apprécier la sortie. Déjà, elle était à visée pédagogique. Ensuite, il avait plu durant la nuit. L’humidité dégorgeait du sol, spongieux et glougloutant sous les chausses. Puis, il faudrait marcher la journée entière, et même pas sur du plat. Certes, mon île natale était couverte de chaînes rocheuses, mais personne ne me forçait à les grimper ! Pour finir, il y aurait des « activités » à effectuer, par équipage, j’ignorais encore lesquelles et c’était sans doute préférable. Cerise sur le gâteau, des nimbostratus menaçaient de déverser leur rancœur à tout moment. D’ici là, l’air promettait d’être moite et lourd. J’adorais Alaina, mais je détestais l’été.
Le sentier semblait emprunté régulièrement. Il fallait y progresser un par un. Les quelques bribes de conversations s’étaient éteintes, soufflées par la raideur de la pente. Radu, en tête de notre équipage, ne se laissait pas distancer. El portait ses soixante-cinq ans d’un pas léger et sûr. J’étais en sueur dans ma tunique. Quel gâchis de retirer mes guêtres ! J’avais cousu juste l’avant-veille de nouveaux boutons et je n’avais pas eu le temps de suffisamment les exhiber. En plus, la poussière allait se coller sur mes mollets.
Nous pénétrâmes le stratus qui se prenait pour une écharpe à volcan. L’humidité accrue rendit l’air plus suffocant, inapte à refroidir mon corps en surchauffe. L’ascension dura longtemps, ponctuée de pauses didactiques sur la flore, la qualité de l’air, la densité du nuage. Finalement, il était heureux que nous fussions pris dans le brouillard. Cela nous épargnait des remarques doctes sur le paysage et ses compositions géologiques, géographiques et que savais-je encore.
Nous parvînmes à une série de grottes. Le calcaire d’une part, le mur de gouttelettes en suspension de l’autre, le monde me parut étouffant. Que n’aurais-je pas donné pour une brise légère et un fauteuil au sec ! Je n’aurais pas cru que l’Institut Vestimentaire me manquerait. Je me retournai, quêtant Alaina. Je vis essentiellement l’écarlate des joues de Lazar, la seule couleur vive du tableau. Ul semblait aussi mal en point que moi, quand man amia gambadait avec l’aisance d’une chèvre. Le constat me pinça le cœur. Al trichait-al avec ses pouvoirs ? Je reboutonnai ma tunique, défis les replis des manches afin qu’elles couvrent de nouveau mes poignets. Je surpris la pesanteur d’un regard. Unu blondu aux longues tresses cendrées dépassant de son bonnet me fixait. Ul ne se détourna pas instantanément quand je lu surpris. Le frisson qui serpenta le long de mon dos me donna envie de me couvrir d’un manteau. Je voulus me rapprocher d’Alaina, mes pieds demeurèrent figés. Comme si mes jambes ne m’appartenaient plus, fondues dans la roche. Des larmes remontèrent, sans parvenir à la surface, subitement gelées. Je ne devais pas montrer de faiblesse. Mon menton se releva, je fis un effort pour détendre ma mâchoire et mon front.
- Je suis déjà venu des centaines de fois, je ne comprends pas pourquoi les blanches sont forcées d’assister à tout ceci à nouveau.
Le ton pincé de Radu était horripilant et le blanche avait la faculté de le faire entendre à travers ses gestes. El scrutait actuellement ses manches, des fois que de nouvelles peluches se soient formées depuis la dernière inspection. Lazar affichait sa mine renfrognée qui ferait faire demi-tour au plus rayonnant des soleils estivaux. Ul n’avait sans doute pas prononcé un mot de la journée, gardait ses mains dans ses poches. Je me méfiais de l’eau qui dormait. Ul mettant tant de sérieux dans les cours qu’ul devait déjà connaître les mécanismes complexes du corps humain et savoir où frapper exactement là où cela me ferait mal et me rendrait inapte à m’enfuir. Représentaient-aouls ma meilleure chance contre des inconnus ? Ou l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres ?
- Nous sommes ici dans des grottes naturelles. Comme vous pouvez le constater au découpage de la roche, elles se sont ouvertes suite au décrochement de plaques entières du terrain. Nous sommes ici au-dessus du réservoir de magma du volcan. Quelqu’un se rappelle de la date de sa dernière éruption ?
Je me retournai. Personne ne me regardait. Je n’avais pas réussi à surprendre la personne qui me scrutait.
- Il y a deux cents. Deux cents ans, cela paraît long, mais cela ne l’est pas. Les humains ont la mémoire courte et l’herbe repousse vite. Mais si une éruption avait lieu demain, il resterait ensuite peu de gens dans l’Archipel pour convenir avec vous que le volcan n’avait pas l’air si dangereux, tout simplement car la majorité, dont vous, serait morte. Soit à cause des coulées de lave, soit à cause des projections de pierre, soit des conséquences diverses que cela entraînerait, à commencer par des tsunamis de forces diverses. Même l’éloignement de l’Île Soivre ne l’en protégerait pas entièrement. Voilà pourquoi la première mission des Dévoués est d’abord et avant tout d’ausculter en permanence le volcan.
Le laïus se prolongea un moment. Radu poursuivait son épluchage, Lazar écoutait avec une attention démesurée, Alaina se balançait de l’avant à l’arrière de ses pieds. Ma vigilance avait beau fureter de tous côtés, je ne parvins pas à découvrir d’où provenait la lourdeur sur mes épaules, les doigts transis sur ma nuque.
- Buvez un peu, nous allons repartir jusqu’au sommet.
- Quoi ? murmurai-je à man amia. Ce n’était pas la fin ?
- De toute évidence, cela ne ressemble pas au sommet ici, asséna Radu qui m’avait entenduo.
Sans me regarder, el prit place dans la file des marcheurs. Lazar me considéra, dédaigneusu, et le suivit.
- Ça va le faire, m’encouragea Alaina en leur emboîtant le pas.
Milenko apparut, surveillant les alentours. Ses cheveux étaient plus châtain foncé que véritablement brun. Ol les portait en carré, qui rebiquait derrière ses oreilles.
- Si tu veux, on reste derrière. Personne ne remarquera rien s’il manque trois ou quatre personnes.
Ol me désigna una noira et uno autre bruno qui paraissaient étudier la paroi.
- Et les exercices à faire à quatre ? opposai-je.
- Nos équipages les feront sans nous ou se recomposeront. De toute façon, ils sont provisoires, alors qu’est-ce que ça change ? Les profs penseront qu’on s’est perdus dans le brouillard, s’il y a des gens qui se plaignent. Quand tout le monde redescend, on se cache dans les buissons et on se mêle au groupe discrètement. Allez, décide-toi, il faut agir vite.
Je connaissais les deux brunos. Nous vivions ensemble depuis une semaine. Qu’en était-il de la confiance ? Cette association puait le traquenard. Je n’étais peut-être pas lo viséo, néanmoins je ne pouvais pas prendre ce risque.
- Je crois qu’il y a une voiture-balai, à cause du blondu avec sa canne qui tenait absolument à venir. En plus, vu le tintouin autour du volcan, je pense que les gens d’ici en connaissent chaque particule. Je ne pense pas que ton idée marche, Milenko. Ce sera sans moi pour cette fois.
- Serais-tu lâche, finalement ? essaya-t-ol de me provoquer.
- Non, je suis stratégique.
- Méfie-toi, c’est un truc de blondu.
Je lui accordai le point et m’engageai derrière les derniers apprentis. Je me retrouvai entre deux inconnus, unu blondu et una noira. Au moins n’était-ce pas çulle qui me dévisageait. Pourtant ma teinture tenait encore bien, j’avais vérifié ma chevelure, ul n’avait pas pu voir dans la luminosité trouble ce que je n’avais pas décelé en pleine lumière !
Je grimpai au rythme imposé, portant le poids et la glace autour de mon cou. La peur me galvanisait. La marche jusqu’au sommet me parut à la fois étonnamment courte et affreusement longue. Nous sortîmes progressivement du stratus. Un disque creusé au centre, verdoyant et parsemé de vieux rochers, émergeait de son écharpe duveteuse. Le soleil dardait des rayons bouillants. Une brise subreptice souhaitait une douce bienvenue. Le culmen surplombait tout l’Archipel, mais celui-ci restait masqué. Le volcan semblait seul au monde, isolé dans les nuages, et nous avec. Je me faufilai, feignant la nonchalance, jusqu’à retrouver Alaina.
- Tu étais où ?
Je lui fis signe qu’il n’y avait rien à dire. Al pinça les lèvres mais n’insista pas. Nous eûmes droit à un nouveau chapitre pédagogique et à la présentation des exercices. Ils s’annonçaient aussi farfelus les uns que les autres. Nous reçûmes en premier l’observation des roches au fond de la cuvette volcanique. Alaina dévala la pente en courant. J’étais tentéo de faire de même. La pensée qu’il faudrait remonter retint mon pas. Radu s’assit sur un des cailloux. El ne nous aiderait en rien, c’était clair. Lazar se tortillait pour scruter chaque renfoncement et excroissance avec une diligence qui compenserait peut-être la négligence de le blanche.
- Regarde, dit-ul à Alaina, il y a des marques qui ont l’air artificielles, ici.
L’interpelléa s’approcha. Lazar sursauta quand je fis de même. Qu’est-ce qu’ul avait à se reculer à chaque fois que je m’approchai ?
- C’est dans l’ombre, mais on dirait qu’il est écrit quelque chose, observa Alaina.
- Pourrais-tu mettre un peu de lumière ? demanda Lazar.
Alaina tenta de remuer ses doigts, de capter un peu de luminosité comme si un miroir avait été judicieusement positionné. Après un instant, la zone incriminée s’illumina. Le soleil semblait l’éclairer directement. Lazar palpa le rocher.
- On dirait que…
Ul n’eut pas achevé sa phrase qu’un morceau lui tomba dans les mains. Plus mou que le caillou, il portait des séries de traits sur une face.
- Ce côté-ci ne colle pas, constata-t-ul.
- Ce truc a dû être fixé par magie à la roche, supposa Alaina. Qu’est-ce que c’est et qu’est-ce que ça fait là ?
- Radu, as-tu une idée ?
- Non. Jamais vu cela, mais s’il y avait quelque chose de notable, je le saurais.
Radu avait suivi une première formation après son Bilan, échoué à devenir Dévoué et avait rempli son rôle de servante jusqu’à ce que ses cheveux blanchissent. El avait reçu une seconde chance, sans sembler se donner beaucoup de mal pour en profiter.
- Nous le montrons aux profs ? proposa Lazar lu lèche-bottes.
- Je propose de le remettre en place et d’en parler dans nos notes. Si les autres équipages ne le trouvent pas, nous aurons un avantage.
- Tu t’en sens capable ?
Alaina balaya mon inquiétude d’un revers de la main. Nous recopiâmes le code. La noira se consacra à la fixation de la matière indéterminée. Cela me parut prendre un temps fou, mais al y parvint. Lazar étudiait la suite de signes. Je voulus m’approcher de ses tentatives de traduction. Ul se recula. Je contemplai les environs pour me donner contenance.
Les équipages vaquaient à leurs tâches diverses, des cris et des rires résonnaient parfois. Certains équipages semblaient bien s’entendre. Cela n’était pas correct. Je compris soudain que mes mains tâtaient mes cheveux, commençaient à défaire les barrettes maintenant ma coiffure serrée, assurant qu’aucune mèche d’un brun trop sombre, d’un brun un peu trop noir pour être vraiment, véritablement, foncièrement brun, ne s’échappe. Je plongeai les coupables dans mes poches et ravalai mes larmes.
Nouveau chapitre,nouvelle couleur ! Interessant les blanches, plus âgés que le reste du groupe ! Il y a des rivalités entre les blondus, noiras et Brunos, mais ils finiront tous blanches s'ils vivent assez longtemps.
J'aime bien ces groupes de 4, obligés de s'entendre malgré leurs differences. Tout le monde se teint les cheveux on dirait? Leocadia parce qu'ol complexe d'être brun foncé, on lo comprend, c'est dur xD
Mais Alaina? Contrairement au blond et au brun, Ya pas 36mille façons d'avoir les cheveux noirs. Est-ce qu'al est brun foncé, aussi, ça expliquerait l'amitié des 2 alors que Leo a l'air très ferméo aux autres couleurs? Mais pourtant aols ont les pouvoirs de leur saison, donc j'imagine que c'est pas si simple de tricher. J'ai noté aussi (comme les persos) le prénom en a pour uno bruno. Mystère mystère...
J'arrive au bout de tes chaps, et j'ai passé vraiment un super moment ! La suite pour quand?
Alors au Temple personne ne se teint les cheveux (en tout cas, en théorie, c'est la règle), mais en dehors, oui, c'est hyper courant. Comme tu l'auras constaté, entre les trois catégories principales, y a des milliers de nuances... (parfois ma métaphore est un peu gros sabots, mais c'est pas ma faute si le monde est construit avec de gros sabots, jai juste recopié le principe).
Y a quand même des nuances de noir, tu prends les cheveux de quelqu'un qui vit au Soudan et quelqu'un qui vit en Chine, c'est pas vraiment le même noir. Et y a des bruns très foncés. C'est pas du tout aussi binaire, dans les faits, que noir/pas noir.
Concernant l'amitié d'Alaina et Leocadia, les réponses seront fournies très bientôt :p
Les autres chapitres sont écrits, mais j'ai oublié d'intégrer un élément, donc faut que je fasse ma ptite correction d'abord^^
J'ai une question, pour le moment les équipages s'appellent bêtement des équipages, qu'est-ce que tu penses de les appeler des vivaldi ? ça n'aura pas d'incidence dans cet univers, ce serait juste un mot inventé pour eux, mais pour certain.es lecteurices ça pourrait faire un clin d'oeil rigolo) Je trouve qu'équipage, ça fait vraiment plan-plan, c'était une solution de dépannage si je trouvais mieux. Mais est-ce que mon idée est mieux ? telle est la question !
Merci infiniment pour ton enthousiasme ! C'est très motivant ! (et toi, à quand la suite au chapitre 1 de ton histoire ? j'attends d'en avoir plus sous la dent pour lire 0:-) )