Chèru Lazar,
J’espère que tu ne fais pas tun blondu et que tu t’accroches. (Oui, tu es unu blondu, mais ce n’est pas une raison pour coller aux stéréotypes. Sinon, tu n’as plus le droit de dire que tu es contre.)
Comme je le craignais, la direction a confirmé le caractère pérenne de ton remplacement par Junine. Cela me fait douter de mon enthousiasme de te savoir sur l’Île des Dévoués, à apprendre comment sauver le monde. Ce serait incroyable que tu réussisses, que tu reviennes et qu’on reforme notre duo légendaire. Nous réparerions le réseau pneumatique comme personne encore ne l’a fait !
Pardonne-moi mes divagations, mais Junine n’est franchement pas rigolotu. Et tu devrais voir san noira, aouls forment le couple le plus plombant de l’Archipel. Je m’étonne que notre île n’ait pas déjà coulé.
Je te raconterais bien les réparations épiques que je me farcis dans la forêt Afaitable, mais je dispose de peu de temps. Mes aventures trépidantes te parviendront dans une autre lettre. J’espère que tu apprécies cette maîtrise du suspens.
Ce que tu me décris me soulage de n’avoir pas été prisu avec toi, si jamais j’avais eu une once de rêverie à cet égard dans un recoin oublié de mon cerveau. Tes camarades d’équipage ont l’air d’être charmants. J’ai envie de leur refiler Junine, histoire de réunir les chaleureux entre eux. Au moins ça se passe bien avec les autres blondus, profite de ça. Çut Arucelu et ses talons, c’est effectivement un peu bizarre. C’est à se demander si ce n’est pas unu transteinte, sauf que je n’ai jamais entendu parler de transteinte automne-été. De blondu à noira, ou inversement, c’est quand même un sacré fossé. Après, pour ce que j’en sais… Vu le tableau, je doute que tu puisses faire lu difficile ? N’est-ce pas aussi normal, dans un certain sens, que les gens aptes à devenir Dévoués soient des gens qui sortent de la norme ? Si c’est la seule personne qui est sympa et avec laquelle tu peux travailler, je te dirais d’accepter sa compagnie. Il sera toujours temps de s’en éloigner si ul a des comportements bizarres. Enfin, plus bizarres encore que ces talons. Tu vois ce que je veux dire.
Je ne me figurais pas la formation des Dévoués ainsi. J’admets que je ne me la figurais pas beaucoup, pour commencer. Ça n’a pas l’air si terrible, mise à part cette somme énorme de connaissances à intégrer sur l’Archipel. J’aurais cru qu’on vous ferait travailler davantage sur vos pouvoirs, plutôt que d’avaler des manuels scientifiques. Je suppose que c’est pour que vous n’utilisiez pas votre magie bêtement. Ça serait dommage, non ? « Je suis super fortu ! Mais je fais n’importe quoi ! » Ce n’est pas comme ça qu’on va réussir à survivre entre deux tremblements de terre. Donc étudie bien, d’accord ? Si c’est pour être unu Dévouéu idiotu, je préfère que tu rates. Mais réussis. Si je marque dans mon dossier pour l’Aquarium que je suis amiu avec unu Dévouéu, cela fera bien.
J’ai évité le sujet jusqu’à présent, mais puisque tu ne l’abordes pas toi-même : comment ça se passe avec tes parents ? Vous vous écrivez ? T’es-tu décidéu à leur avouer que tu as travaillé à l’Office Pneumatique pendant un an et demi ? Prévoient-aouls de te visiter dans ton académie des Dévoués ? Est-ce seulement possible ? Ne te fais pas d’illusions si tu comptes sur ma venue, mes vacances sont juste avant le printemps (si jamais tu as déjà oublié tout ce qui concerne l’Office Pneuma).
Je dois y aller, je te dirai dans ma prochaine lettre pourquoi je suis aussi précipitéu aujourd’hui. Je te l’ai dit : des aventures prodigieuses !
Je t’embrasse,
Crois en toi petit lézard,
Rokas
PS : c’est bientôt l’automne ! Notre saison !