Chapitre Quatre : L’erreur
- Pourquoi vous fumez ? demanda Clémence.
La jeune fille était assise sur les genoux de Sébastien. Ils se trouvaient avec Baptiste, perchés sur les escaliers de la Cour Blanche. Florian et Ludovic n’étaient pas encore là. Quelques jours avaient passé depuis l’après-midi dans le cabanon.
- Là est la question, fit Baptiste en louchant sur la cigarette qu’il tenait.
- Tu vois ma belle, commença Sébastien en passant son bras autour du cou de la jeune fille, ça, c’est un vrai poison. On le sait. Mais tu vois, quand tu en arrives au point de vouloir fumer, c’est que tu es vraiment à l’agonie.
- Cancer à quarante ans, lança le frère. Mais bon…On ne peut plus s’arrêter…
- Séb’, tu m’enfumes ! pesta Clémence.
- Désolé, s’excusa le jeune homme sans l’être.
- Et en plus, vous puez la cigarette.
- Que veux-tu…commencèrent les deux frères.
- Et en plus, vous vous ruinez !
- Je crois que c’est plus la peine d’en placer une, remarqua Baptiste.
- Et en plus, vous avez les dents jaunies !
Clémence ouvrit de force la bouche de Sébastien et jeta un coup d’œil à sa dentition. Elle recula la tête, étonnée.
- Ah non…tiens, c’est bizarre ça…Pourquoi t’as pas les dents jaunes ?
- Parce que je les blanchis.
- Ah !
Baptiste et Sébastien ne dirent rien et se contentèrent d’aspirer leurs tabacs respectifs.
- Bon Séb’, je change de place, avertit la jeune fille.
- Va va. Baptiste est plus confortable.
Clémence attrapa Baptiste par le cou et s’assit sur ses genoux. Aussitôt, elle se mit à jouer avec sa cravate.
- Tu as mis la noire, aujourd’hui, remarqua-t-elle.
- Ouais.
- Je l’aime bien.
- Oh oh, Clémence, tu vas bien ? Tu es bien installée ? appela la voix de Ludovic.
La jeune fille tourna la tête et vit le jeune homme avec Florian qui étaient en bas des escaliers.
- Très bien, répondit-elle, j’allais demander à Baptiste de me faire un streap-tease !
- Attends-nous, on monte voir ça !
- Tu veux ? demanda Clémence au jeune homme.
- C’est pas la peine de lui demander, il est toujours d’accord pour ce genre de choses ! s’exclama Sébastien.
- Bien sûr, approuva le frère.
- Génial ! s’écria la jeune fille.
Elle défit doucement la cravate de Baptiste alors que Ludovic pouffait de rire. Florian et Sébastien regardaient la scène d’un air amusé.
- Tatatata…tatatata…chantonna Clémence. Qui veut la cravate ?
- Moi ! s’écria Ludovic.
La jeune fille lança la cravate au jeune homme qui se la mit autour du cou.
- Hey ! Fais gaffe ! prévint Baptiste. C’est ma cravate !
- Tais-toi ! fit sèchement Clémence.
Elle se mit à déboutonner la chemise. Baptiste se laissait faire, tout sourire.
- Tatatata…tatatata…
- La chemise ! La chemise ! La chemise ! réclama Ludovic.
- Baptiste est vraiment fou, confia Sébastien à qui voulait l’entendre. On est au beau milieu de mois de mars et il se laisse dénuder par Clémence !
- Et voilà ! s’exclama la jeune fille.
Elle jeta la chemise sur Ludovic, qui devint totalement hystérique.
- J’ai froid ! hurla Baptiste.
- Toute la Cour Blanche admire ton magnifique torse poilu ! se moqua Sébastien.
- Je ne suis pas poilu !
- Roh, n’est pas honte, c’est viril !
- Heureusement, parce que toi, tu t’épiles le torse et ça, c’est pas viril ! lança Baptiste à son frère. Et en plus, ça déchire sa race quand tu t’épiles !
- Au moins, j’ai pas de poil !
- Tu parles !
- Je suis certain que Ludo’ fait pareil que moi !
- Ah non, moi je m’épile seulement entre les sourcils ! dit Ludovic.
- Bon, tu continues ? demanda Florian à Clémence.
- Non, j’ai peur qu’il attrape une pneumonie.
- De toutes façons, cet été, on le jettera tout nu dans la piscine, rétorqua le frère.
- Génial ! s’extasièrent les autres membres du groupe, excepté le brutalisé.
Clémence se colla contre Baptiste -qui changeait rapidement de couleur- afin de le réchauffer.
- Ça va, tu vas supporter ?
- Bien sûr, répondit le jeune homme, occupé à fixer une jeune fille brune plus loin.
- Y’a tout le monde qui se fout de ta gueule, remarqua Ludovic en enroulant ses mains dans la chemise de Baptiste pour les réchauffer.
- Y’a même une fille, assise dans l’escalier d’en face, qui te montre du doigt à ses copines !
- Pas grave.
Florian observa ce groupe et dévisagea chaque fille qui le composait. Elles étaient quatre. Trois d’entre elles parlaient avec animation tandis que la dernière semblait perdue dans ses pensées. Elle portait une grosse écharpe autour du cou, si grosse qu’elle aurait pu l’étouffer ; son menton était enfoui dans la laine et ses mains perdues dans les poches de sa doudoune. Elle leva soudainement ses yeux encadrés par des lunettes grises et aperçut Florian. Aussitôt qu’elle le vit, elle détourna son regard et fit mine de parler avec ses copines.
- Hey, Flo’ ! Qu’est-ce que tu regardes ? demanda Ludovic.
- Rien…lâcha le jeune homme distraitement.
- Si tu le dis.
- Baptiste, tu me fais trop pitié ! s’exclama Clémence. Lulu’, passe-moi la chemise que je lui remette !
- Et la cravate, rajouta le jeune congelé.
Clémence aida Baptiste à remettre sa chemise, puis lui noua en vitesse sa cravate autour du cou.
- Ah ! Pas comme ça ! Laisse ! Tu sais pas le faire ! hurla le jeune homme.
- Rolala, t’es chiant ! Je change de place moi !
La jeune fille se leva à nouveau, et s’assit sur les genoux de Florian.
- Oh, et moi ? demanda Ludovic, d’un air faussement furieux.
- Après.
- Non, maintenant !
- Ah non, c’est mon tour, maintenant ! s’énerva Florian.
- Je suis plus confortable que toi !
- C’est pas vrai !
- Et je suis le plus musclé d’entre nous !
- Ça, c’est vrai, remarqua Clémence. Mais bon, je reste un petit moment avec Flo’, puis j’irai avec toi.
- Mouais.
- Moi, je ne la veux pas finalement, fit Florian. Clém’, va t’asseoir sur Lulu’.
- Pourquoi ?
- Mauvais souvenirs.
La sonnerie sonna la fin de la récréation et Florian détala comme un lapin.
- Où est-ce qu’il va encore ? demanda Sébastien.
- On n’avait pas prévu de sécher le cours de maths ! Il aurait pu nous le dire ! railla le frère.
- Allez, on s’en fiche, il reviendra tout seul, lança Clémence.
Elle prit son sac et se leva de l’escalier. Elle était peinée par les paroles de son meilleur ami. Les autres membres du groupe s’approchèrent d’elle.
- Clémence, tu sais qu’il est encore affecté par votre rupture d’il y a quatre ans, fit Ludovic en le prenant dans ses bras.
- J’aurais peut-être pas dû rompre.
- Il serait quand même parti en Angleterre. Puis, tu avais de bonnes raisons, non ?
- Non, j’avais simplement trop peur.
- Tu sais ce que tu vas faire, chérie ? demanda Sébastien. Tu vas aller le voir. Il doit être au C.D.I. normalement. C’est pas un matheux, tu le trouveras pas en train de bosser, mais en train de dormir. C’est un glandeur.
- Et les cours ?
- T’inquiètes, on dira à la prof que t’avais tes règles, que tu avais mal au ventre et que tu es donc partie à l’infirmerie, rassura Baptiste qui a toujours un scénario plausible en tête.
Clémence n’en écouta pas plus et dévala les escaliers, à la poursuite de Florian.
- Ah pauvre fille ! soupira Ludovic. Flo’ lui en fera voir de toutes les couleurs !
- Au fait, on va en boîte samedi soir ? demanda brusquement Sébastien.
- Euh…
- Tu comprends, on a envie de draguer, ajouta Baptiste.
- Faut voir. On demandera à Clémence et Florian.
- Vite alors, comme ça, on grattera des sous aux parents.
- En attendant, on devrait peut-être aller en cours. Je ne sais pas, mais j’ai comme la très nette impression qu’on est encore en retard…
Les trois amis se précipitèrent jusqu’à leur salle de classe pendant que Clémence cherchait encore Florian dans tout le lycée. Elle le trouva enfin au C.D.I., assis sagement contre un rayon rempli de dictionnaires -dont l’un menaçait de lui tomber sur le crâne- en train d’écrire sur son bloc-note. La jeune fille s’assit à côté de lui et jeta quelques coups d’œil sur la page, bien qu’elle sût pertinemment qu’elle n’y verrait rien.
- Qu’est-ce que tu écris ? demanda-t-elle doucement.
- À ton avis…
- Ok, je reformule. Tu écris sur quoi ?
- Sur toi.
- Je m’en doutais.
- On va mettre les choses au clair Clémence, déclara Florian en lâchant son stylo. Pourquoi t’as cassé ?
- Parce que…
- Parce que j’avais fait quelque chose de mal ?
- Non, pas du tout.
- Tu ne m’aimais pas ?
- Non, c’est pas ça.
- Alors, je comprends pas.
- Tu étais mon premier.
- Ouais, et alors ?
- Et j’étais ta première.
- Ouais, et alors ?
- Je pensais que ça finirait un jour, et j’avais pas envie.
- Mais Clémence, si on s’aimait, ça pouvait pas se terminer.
- Si, justement. Je voulais pas qu’on se sépare, et tu vois, c’était la bonne solution, puisqu’on est toujours ensemble. On s’aime, mais en meilleurs amis. Et ça, ça peut pas se détruire.
- Tu as raison, sourit Florian.
Je me souviens de toi près de moi
Tu m’embrassais pour la première fois
J’ai cette image gravée dans la tête
Je me souviens des premiers rendez-vous
Comme de la plus belle image de nous
Je n’ai jamais voulu que tout s’arrête
Oh tu sais, je donnerais n’importe quoi
Pour une minute de plus,
Pour un dernier regard
Pour redonner une chance
À notre belle histoire
Pour une minute de plus,
Être avec toi ce soir
Sentir encore ta présence,
Je veux encore,
Je veux encore y croire,
Pour une minute de plus
Je me souviens de nos dernières nuits
De mes silences, de ta jalousie
On s’aimait trop pour ne pas se détruire
Je me souviens de t’avoir dit aussi
On est trop jeunes, on n’a rien compris
Mais aujourd’hui, j’ai changé d’avis
Oh tu sais, je donnerais n’importe quoi
Pour une minute de plus
Je ferais n’importe quoi
Pour une minute de plus,
Pour un dernier regard
Pour redonner une chance
À notre belle histoire
Pour une minute de plus,
Être avec toi ce soir
Sentir encore ta présence,
Je veux encore,
Je veux encore y croire,
Pour une minute de plus
Pour une minute de plus
Pour une minute de plus
Pour une minute de plus
Avec toi…
Pour une minute de plus
Pour une minute de plus
Pour une minute de plus
Avec toi…
Regarde-moi, je suis loin de toi
Si ça ne marche pas, on en reste là
Mais laisse-moi y croire
Pour une minute de plus,
Pour un dernier regard
Pour redonner une chance
À notre belle histoire
Pour une minute de plus,
Être avec toi ce soir
Sentir encore ta présence,
Je veux encore,
Je veux encore y croire,
Pour une minute de plus
Je veux encore,
Je veux encore y croire
Pour une minute de plus
Pour un dernier regard
Je veux encore y croire
Pour une minute de plus
Je veux encore,
Je veux encore y croire
Pour un dernier regard
Je veux encore,
Je veux encore y croire
Je me souviens toujours de nous
De toutes ces images qui me rendent fous
Tu m’as donné
Plus que je ne méritais
Je n’ai que mes souvenirs
Dans ma mémoire
Que des pleurs et des rires
Tout est fini
Je m’y ferais jamais
Oh je veux encore,
Je veux encore y croire
Pour une minute de plus
- C’est pas un peu long ? demanda Clémence, le bloc-note dans les mains.
- Non mais je t’explique ; il y a des phrases qui sont dîtes par une seconde voix en même temps que la première.
- Mais à part ça, j’aime beaucoup. C’est un style différent de Plaisirs Solitaires.
- Ouais, mais fais gaffe, ça reste du rock.
- Au fait, samedi, vous venez me chercher à mon cours ?
- Bien sûr. À 15h30, c’est ça ?
- Oui. Avec ta mère, ça va ?
- Bof, fit Florian. Tu sais, on se parle pas du tout, donc on peut dire que ça va. Puis, elle s’est mise à sortir le soir.
- Ah bon ?
- Ouais, va savoir où elle va.
- Elle a peut-être un amoureux…
- Laisse-moi rire, s’esclaffa le jeune homme.
- Arrête Flo’ ! Et si un jour tu te retrouves avec un beau-père sur le dos ?
- Manquait plus que ça, tiens ! Si ça arrive, ma mère ne me verra plus de sa vie entière !
Pendant toute l’heure, Clémence et Florian parlèrent de tout et de rien. La conversation pouvait porter sur la musique, sur la cuisson d’un steak haché, sur les autres élèves qu’ils répugnaient ou bien sur leurs amis. L’heure passa vite, et bientôt, ils furent dans l’obligation de rejoindre Baptiste, Sébastien et Ludovic et de se rendre au prochain cours. Clémence partit en vitesse à l’infirmerie récupérer un mot d’absence -qu’elle n’eut aucun mal à se procurer puisque étant aussi bonne comédienne que Baptiste.
Florian fila dans la direction opposée. Il passa devant une salle d’examen où se déroulait un exposé préparé par les Secondes. Il vit derrière la grande fenêtre une de ses connaissances et s’approcha pour lui serrer la main. Alors qu’il jetait en même temps un petit coup d’œil à l’intérieur de la salle, il aperçut la jeune fille à l’écharpe qu’il avait vu le matin même. Elle était proche de la fenêtre et était appuyée à une chaise. Elle dévisageait Florian. Lorsque leurs regards se rencontrèrent à nouveau, la jeune fille détourna la tête et s’empressa d’aller ranger sa chaise dans un coin de la salle. Il put mieux l’observer, sans qu’elle s’en doute. Elle avait un visage régulier, ni ovale, ni rond. Ses yeux n’étaient ni clairs, ni foncés et ses cheveux étaient d’un châtain ni sombre, ni terne. Elle n’était pas très bien habillée. Ses lunettes donnaient à son visage un air très sérieux qui ne lui allait pas. La connaissance à qui il avait serré la main continuait à lui parler, mais il ne l’écoutait pas. Il était trop occupé à regarder la jeune fille. Voilà qu’elle se rapprochait timidement de la grande fenêtre. Ils étaient si proches…
- Florian ! appela la voix de Clémence, derrière lui.
- Mmmh…quoi ?
- On a cours !
- Pas grave.
- Allez viens !
Elle l’agrippa par le bras et l’entraîna dans un bâtiment. Il eut à peine le temps d’apercevoir la jeune fille qui avait passé la tête par la fenêtre et qui le regardait partir.
- Et merde !
- Quoi ? s’étonna Clémence.
- Rien.
- Tu pourrais être plus gentil avec moi aujourd’hui.
- ‘Scuse-moi ma puce, dit Florian en la prenant par les épaules. Je suis juste un peu fatigué. T’inquiète pas, c’est rien.
Florian oublia vite la jeune fille à l’écharpe. Il oublia que sa mère sortait presque tous les soirs. Il oublia sa conversation avec Clémence. Il oublia tellement de choses durant quelques jours, qu’il oublia même qu’il devait sortir samedi après-midi avec le reste du groupe. Il était trop fatigué pour faire des efforts de mémoire. Qu’est-ce qui le fatiguait tant ? Il n’en savait rien C’était peut-être lié à son moral. Le samedi matin, il dormit jusqu’à onze heures. Il fut réveillé par un appel de Ludovic.
- Allô Flo’, ouais c’est Lulu’ ! Ça va ? s’exclama une voix à l’autre bout du fil.
- Putain, tu fais chier Ludo’, répondit Florian d’une voix rauque.
- T’as l’air de mauvaise humeur.
- Sans déc’ ?
- Bon, je voulais te rappeler qu’on passe te prendre à 15h00, qu’on va ensuite chercher Clémence à son cours de danse moderne à 15h30, qu’on passe dans le magasin de son grand-père parce qu’il y a une grosse urgence, et qu’après on…
- Stop ! Je sais tout ça, merci.
- Petit menteur. Tu te rappelles qu’on va en boîte ce soir ?
- Hein ? Comment ça « on va en boîte ce soir » ?!
- Ben…on va en boîte…ce soir, répéta Ludovic.
- Oh non !
- Oh si ! Ça te fera du bien !
- Je suis trop crevé, je peux pas.
- Mais si, mais si !
- Lulu’, je déconne pas. Je serais incapable de tenir debout sur une piste de danse !
- Bah, tu resteras assis à côté de Clémence alors !
- Clémence ne peut pas rester assise quand il y’a de la musique ! Je vais rester tout seul !
- Mais non.
- Si !
- Bois un café bien serré, là, tu n’auras plus sommeil !
- Et comme ça, je suis excité comme un pou ! Non Ludovic, je ne viens pas en boîte avec vous ce soir !
- Roh allez, si tu viens pas, on n’y va pas !
- Vous faîtes vraiment chier votre monde !
- Oui, je sais. On n’est pas potes pour rien !
Florian se cogna le front avec sa main. Il retomba dans son lit, exaspéré par Ludovic.
- Flo’ ? T’es encore vivant ? J’ai entendu un gros « pouf ».
- Non, je me suis suicidé.
- D’accord, rappelle-moi quand tu seras au Paradis !
- Ça marche…
- Ciao !
- On est arrivé, déclara Baptiste en poussant une grosse porte.
Florian, Sébastien et Ludovic le suivirent à travers les couloirs de la Maison de la Danse, à la recherche de Clémence.
- C’est bizarre, je croyais qu’elle bossait la danse au Conservatoire de Lyon, fit Florian, étonné.
- Elle a quitté le Conservatoire pour venir ici. Elle pensait qu’il y’avait plus de possibilités ici que là-bas, expliqua Sébastien.
- En tout cas, on peut dire que ça sent la transpiration ! lança Ludovic, d’un air détaché.
- T’as raison, ça sent les filles qui sautent dans tous les sens !
Baptiste, visiblement connaisseur, les entraîna tout au bout d’un couloir, près d’une salle dont la porte était ouverte. Le jeune homme passa la tête à l’embrasure de la porte.
- Ouah, y’a une blonde bien foutue ! s’exclama-t-il.
- Montre ! Montre ! cria le frère.
- Je crois que c’est la prof, confia Ludovic.
- Merde…c’est pour ça qu’elle a des rides !
- Moi, je ne tape pas des vieilles, même si elles sont bien foutues !
- Excusez-moi de vous interrompre, mais j’aimerais avoir si Clémence est là, annonça Florian.
- Ouais, elle est au milieu. Elle danse.
- Elle danse vachement bien, d’ailleurs !
- Poussez-vous, je veux voir !
Florian bouscula ses amis pour pouvoir regarder Clémence. Elle était bien au centre de la grande salle, face à un miroir qui s’étendait le long du mur, et elle dansait. Quelques filles la prenaient pour modèle et l’imitaient. Si la jeune fille dansait déjà très bien lorsqu’il fut parti en Angleterre, elle s’était encore améliorée depuis, et Florian pouvait constater qu’elle était devenue une « professionnelle ».
- Et après, on se demande pourquoi elle ramène des zéros et des deux en maths…railla Sébastien. C’est sûr que si elle passe son temps à danser ou à faire de la musique, elle n’ira pas loin à l’école !
- De toutes façons, fit Ludovic, ses parents préfèrent qu’elle étudie la musique.
- Elle a trop de la chance ! Nous, quand on ramène un zéro, on a les parents sur le dos durant toute une semaine ! protesta Baptiste.
Quelques minutes plus tard, le cours se termina et un troupeau de jeunes filles quitta la salle en trottinant. Clémence sortit la dernière, dégoulinante de sueur, et ignora les autres membres du groupe.
- Hey la miss ! hurla Baptiste.
- On est là !
- Youhou !
- Arrêtez de faire les idiots tous les deux ! lança Clémence aux deux frères. Vous allez me faire honte !
- Mais euh ! pleura Sébastien.
- La vache ! s’esclaffa le frère.
Florian, Ludovic et Clémence se regardèrent entre eux, mais avant qu’ils ne purent dire quoique ce soit, les deux frères explosèrent de rire, sans qu’ils en sachent la raison.
- Baptiste et Sébastien, les grands mystères de la vie…soupira Florian.
- Je vais à la douche, je reviens dans dix minutes, annonça Clémence.
- On peut venir avec toi ? demanda Sébastien.
- Va te faire !
- Bien répondu, chérie, s’exclama Ludovic.
La « chérie » en question décampa en vitesse vers les vestiaires, et le reste du groupe dut l’attendre une bonne demi-heure, le temps qu’elle se lave, s’habille, se coiffe et se maquille.
- Elle avait dit dix minutes ! grogna Baptiste en regardant sa montre.
- Et ça fait une demi-heure qu’on poireaute ! compléta Sébastien.
- Je suis témoin, précisa Florian.
- Ah les filles…la ponctualité, c’est pas vraiment un truc qu’elles connaissent…En plus, elle devait me donner son crayon noir pour le contour des yeux, pesta Ludovic.
- Tu te maquilles toi ? s’étonnèrent les autres membres du groupe.
- J’aime bien le noir autour des yeux, ça fait style !
- La Minute Mode de Ludovic, s’exclama Baptiste. Aujourd’hui, la Minute Mode pour Homme propose aux hommes, aux vrais, de mettre du crayon noir autour des yeux pour que ça fasse style ! Faîtes ressortir l’éclat de vos yeux ! C’était la Minute Mode pour Hommes présentée par Ludovic, un Homme, un vrai.
- Ta gueule !
Ludovic frappa un peu Baptiste pour « passer le temps » jusqu’au retour de Clémence. Lorsque celle-ci arriva -lavée, habillée, coiffée et maquillée- elle fut surprise de voir les deux jeunes hommes se battre entre eux, Sébastien en train de dessiner sur le mur, et Florian endormi par terre.
- Holà ! Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda-t-elle, confuse.
- Ah, te voilà enfin ! s’exclama Sébastien en rebouchant son feutre. On t’attendait.
- Mon Dieu ! Mais qu’est-ce que t’as fait ?!
- T’énerves pas…j’ai dessiné un petit cochon. Tu retires la tapisserie de la chambre des parents, tu en verras plein. J’en dessinais beaucoup quand j’étais petit. Ils sont plus vivants quand ils sont dessinés sur les murs. Mais bon, j’ai perdu l’habitude. Merde ! J’ai oublié la queue !
Il déboucha à nouveau son feutre et dessina une queue en tire-bouchon à son petit cochon. Satisfait, il signa son œuvre : « Sébastien, du Groupe ».
- Ben oui, comme on n’a pas encore trouvé de nom pour le groupe…Clémence ?
Clémence restait muette et abasourdie devant le mur blanc où le petit cochon de Sébastien était exposé à tous les regards.
- Je nage en plein délire…fit-elle d’une petite voix.
- Bon, les enfants, arrêtez de vous battre ! lança Sébastien.
- Ma cravate ! Ma cravate ! brailla Baptiste. Touche pas à ma cravate !
- Je vais te la faire manger ta cravate ! menaça Ludovic qui tirait sur la cravate, même si son ami devait en être égorgé.
- Stop ! hurla Clémence. Vous allez réveiller Florian !
Baptiste et Ludovic se turent. Florian dormait encore, allongé de travers à moitié sur le sol et à moitié contre le mur. Ses cheveux bruns lui retombaient sur le front et lui donnaient l’air d’un ange. Clémence s’accroupit à ses côtés, et tenta de le réveiller doucement.
- Florian…chuchota-t-elle, en caressant sa joue.
- Putain, il écrase celui-là, remarqua Baptiste.
- Je comprends pas pourquoi il est autant fatigué…
- Cherche pas Ludo’, il doit sûrement regarder les films interdit aux moins de 18 ans qui passent à des heures pas possibles, expliqua Sébastien.
- Réveille-toi Florian…continua Clémence, ne prenant pas compte des propos de ses amis.
Après d’autres tentatives, Florian finit enfin par se réveiller. Lorsqu’il fut remis sur pied, il dit :
- On va en boîte ce soir.
- Tiens, tu t’es décidé, railla Ludovic.
- Ouais, mais je ne resterai pas jusqu’au petit matin, je vous préviens.
- Génial ! On va bien s’amuser ! s’exclama Clémence. Allez venez, bande d’idiots !
Elle prit la main de Florian et Ludovic et les entraîna au dehors de l’établissement, suivie de Baptiste et Sébastien qui commentaient les graffitis sur les murs du couloir.
- Merde, y’a déjà un petit cochon ! Attends, je vais le raturer !
- Rature bien, conseilla Baptiste à son frère.
- Ouais, t’inquiètes pas.
Sébastien s’approcha du mur, son feutre diabolique à la main. Un petit bout de sa langue sortit de sa bouche, montrant ainsi sa grande concentration. Il ratura rageusement le petit cochon de l’adversaire et rajouta à côté un « connard » en majuscules. Ravi, il déguerpit avec Baptiste pour ne pas être remarqué.
- J’espère que ton grand-père me fera une fleur.
- Tu le connais, Ludovic, il n’y a pas plus avare que lui !
Le groupe venait d’arriver devant le magasin du grand-père de Clémence. C’était un magasin d’instruments de musique et d’accessoires.
- La dernière fois, il m’a fait payer mes cordes cinq euros de plus ! râla Baptiste.
- Je sais, je sais, et qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Mon grand-père ne m’écoute jamais !
Florian, Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien entrèrent dans la boutique. Un vieil homme était assis devant son comptoir, occupé à lire un magazine. La jeune fille alla le saluer, tandis que Ludovic s’aventurait dans le fond du magasin suivi du reste du groupe. Elle passa ensuite devant un piano et fut tentée d’en jouer quelques notes. Hélas ! Un son perçant vint lui arracher le tympan.
- Papy ! hurla-t-elle.
- Quoi ?
- Combien de fois je t’ai dit d’accorder tes instruments si tu veux réussir à les vendre ?!
Le grand-père haussa les épaules et ne répondit pas. Il replongea dans sa lecture alors que Clémence soulevait le couvercle du piano à queue. Elle y plongea la main pour accorder l’instrument. Elle savait très bien que son grand-père ne faisait jamais attention à l’état de sa marchandise. Seul ce qu’il pouvait en retirer l’intéresser.
- Clémence, y’a Lulu’ qui te réclame, dit Florian qui revenait vers elle.
- Je suis occupée…grinça-t-elle en plongeant son second bras dans le ventre du piano.
- Il dit que c’est urgent.
- Il me fait chier.
- Je sais.
- Il peut pas attendre ?
- Non.
- Ben, il attendra quand même.
- Clémence ! hurla la voix de Ludovic au fin fond du magasin.
- Quoi ? répondit la jeune fille sur le même ton.
- Viens !
- Attends !
- Je peux pas !
- Moi non plus, figure-toi !
Ludovic dut quand même patienter, puisque Clémence ne décida de venir juste après sa tâche terminée. Lorsqu’elle arriva devant lui, il tenait deux cymbales dans chaque main. Embêté, il les souleva une à une devant la jeune fille.
- Je prends laquelle ? Celle-là ou…celle-là ? Une ride ou un crash ?
- Je ne sais pas moi.
- Aide-moi à choisir, « steuplé » !
Clémence prit les baguettes qui étaient en exposition et essaya les cymbales, l’une après l’autre. Elle recommença plusieurs fois avant d’être convaincue de son choix.
- À ta place, je prendrais la seconde. Elle a une sonorité différente de l’autre. Ça rend vraiment bien. Écoute, dit-elle en frottant la cymbale avec un balai.
- Je pense pareil que toi. C’était pour savoir si on était du même avis. On prend le crash alors.
- Ouais.
- Génial, ça va révolutionner notre musique. Maintenant, il faut que ton grand-père me fasse une fleur.
Malheureusement, le vieil homme resta de marbre face aux jeunes adultes et Ludovic s’obligea donc à payer sa cymbale sans la moindre réduction.
- Où est Sébastien ? demanda Florian.
- Au fond du magasin, il m’a dit qu’il signait un autographe, répondit Baptiste.
Effectivement, Sébastien était bien au fond du magasin, son feutre encore une fois à la main. Un petit cochon était visible sur le mur, identique à celui qu’il avait dessiné sur celui de la Maison de la Danse.
- Qu’il est beau, mon petit cochon, dit-il tout haut, d’un air satisfait.
Et à côté de son dessin, il signa encore une fois par un « Sébastien, du Groupe ».
- Ton grand-père devrait me remercier. Si un jour, on devient hyper connu, il va y avoir pleins de filles qui vont venir dans son magasin pour admirer mon petit cochon.
- Je le crois pas…soupira Clémence.
- Ça m’étonnerait qu’on devienne célèbre, fit Ludovic.
- Pourquoi ça ? demanda Baptiste.
- On joue d’abord pour nous, ensuite pour se faire entendre et comprendre, et après pour les autres, expliqua Florian. Le succès, c’est peut-être chouette, mais c’est pas important, et c’est encore moins notre priorité.
- Tu as raison, approuva le reste du groupe.
Le soir arriva très vite, et par l’occasion, la sortie aussi. Ludovic, Clémence, Sébastien et Baptiste vinrent chercher Florian chez lui. Ce fut sa mère qui leur ouvrit la porte et qui les accueillit.
- Bonsoir, dirent en cœur les quatre adolescents.
- Bonsoir, répondit la mère d’une voix très douce, vous êtes venus chercher Florian ? Il est encore dans sa chambre.
- Nan, je suis là.
Florian regarda sa mère, visiblement outré.
- Alors ça, je le crois pas ! À eux, tu leur souris, tu leur parles gentiment, et pas à moi !
- Florian, ne commence pas !
- Gniagniagnia ! Bon, on se casse, ciao ! Venez les gars !
Florian poussa ses amis dehors et referma la porte derrière lui.
- Ben dis donc Flo’…commença Sébastien, tout en avançant dans la rue.
- Quoi ?
- Tu n’as pas a reproché à ta mère d’être sympa avec nous, termina Ludovic, toujours aussi franc.
- Mais vous êtes témoins ! Elle est gentille avec vous, et jamais avec moi !
- Et nous, on est gentil, et toi tu ne l’es jamais avec elle, lança Clémence.
- Bon, les leçons de morales, pas pour aujourd’hui, s’il vous plait. Je suis fatigué.
- Ça va, ça va, on te laisse tranquille !
Ils finirent par arriver devant la discothèque. Il y entrèrent et prirent place à une table non loin de la piste de danse. Clémence se cala contre Florian sur une banquette, et Ludovic, Sébastien et Baptiste s’assirent en face d’eux. Ils appelèrent un serveur pour commander à boire.
- Un gin pour moi, annonça Baptiste.
- Non deux, j’en veux un moi aussi, corrigea Sébastien.
- Et vous les enfants, vous prenez quoi ? demanda Ludovic à Clémence et Florian.
- Whisky-Coca, répondirent-ils.
- Alors, ça sera trois Whisky-Coca, dit Ludovic au serveur.
Les boissons arrivèrent très rapidement, et une demi-heure plus tard, une seconde commande fut passée. Florian dormait à moitié, ce qui ne l’empêchait quand même pas de vider son verre quand l’occasion se présentait. Vers onze heures, il n’était toujours pas allé danser -malgré les protestations de Clémence- et continuait à vider tous les verres qui lui passaient sous le museau. Le reste du groupe n’était pas plus sage, et même la jeune fille buvait.
- Ludo’, remonte ta manche, s’exclama Sébastien, je vais te tatouer un petit cochon sur le biceps !
- Nan, je préfère à la nuque !
- Bah tourne-toi alors ! Et fais attention à mon gin, t’as failli le renverser !
Et c’est ainsi que Ludovic laissa Sébastien lui dessiner un petit cochon sur la nuque… Baptiste, lui, passait son temps accoudé au comptoir, à papoter avec le barman, à boire ou à draguer les filles.
- Et tu vois mec, dit-il au serveur, le truc dans un groupe de rock, c’qu’il faut tou-jours, mais alors tou-jours suivre le batteur. Sinon t’es dans la merde. Mais alors, vraiment dans la merde, j’te l’dis moi.
- Tu fais partie d’un groupe de rock ? demanda le barman, intéressé.
- Ouaip ! Y’a aussi Flo’, Clém’, Ludo’, et mon p’tit frère. On est génial, tu sais ! vanta Baptiste, son verre à la main.
- C’est cool, ça ! C’est quoi le nombre du groupe ?
- Ché pas…on aimerait un truc genre Décibel ou une connerie genre Les Imprévus. Non, le mieux, moi j’dis, c’est de prendre un nom qui sonne super bien comme Madame Kay ou Comme des garçons, mademoiselle ; le problème c’est qu’on a une fille dans le groupe et que ces noms sont déjà pris, alors ça le fait pas trop. Tu m’suis ?
- Je crois.
- Il nous faut trouver un nom qui tue tout…lança Baptiste, les yeux pleins d’étoiles.
Pendant qu’il rêvassait, Sébastien et Ludovic faisaient un bras de fer. Sébastien avait beau grincer des dents et forcer de toutes ses forces, c’était Ludovic qui avait l’avantage. Sur la banquette d’en face, Florian était presque allongé sur les manteaux du groupe, et Clémence était assise tout contre lui. Sébastien et Ludovic ne se rendirent pas compte directement que les deux adolescents se rapprochaient dangereusement, jusqu’à l’arrivée d’un jeune homme devant leur table.
- Tu veux danser avec moi ? proposa-t-il à Clémence.
La jeune fille pouffa, gênée par la proposition. Florian fronça les sourcils et enlaça maladroitement Clémence comme pour marquer sa propriété.
- Va te faire, elle en a rien à foutre de toi, cracha-t-il.
- Oh, pour qui tu te prends pour me parler comme ça ?! Elle fait ce qu’elle veut, elle n’est pas à toi !
- C’est ma copine, et si tu t’approches d’elle, je peux t’assurer que je vais te déchirer la gueule rapido !
Le jeune homme, voyant que Florian était absolument capable de ce qu’il avançait, préféra s’en aller. Baptiste rejoignit l’ensemble du groupe, excité.
- Ouah, ça a failli péter, à ce que j’ai vu ! Baston ! Baston ! Baston !
- J’ai soif, lança Sébastien.
- Bon, on repasse une commande alors ?
- Ouais.
L’énième commande arriva très vite et les verres furent vidés aussi rapidement qu’ils étaient venus. Les membres du groupe commençaient à chanceler bien qu’ils soient assis. Sébastien n’arrivait plus à dessiner correctement ses petits cochons sur la table ; Baptiste ne savait plus où se trouvait sa cravate et passait inlassablement ses mains dans ses poches ; Ludovic avait la tête renversé et scrutait le plafond d’un air perdu. En ce qui concerne Florian et Clémence, ils se racontaient des secrets dans le creux de l’oreille puis se mettaient à rire bêtement. Mais le verre qu’ils avaient bu tous les deux ce soir-là, était peut-être le verre qu’il ne fallait pas boire…
En conséquence, tout se passa très vite. Florian passa son bras autour du cou de Clémence, ce qui obligea la jeune fille à se baisser davantage. Le jeune homme s’empara aussitôt de ses lèvres, dés qu’elles furent à sa portée.
Baptiste lâcha sa cravate, Sébastien laissa tomber son feutre sur la table et Ludovic releva la tête, stupéfait. Tous les trois observèrent le couple s’embrasser, puis perturbés, ils se regardèrent mutuellement. Ils plongèrent leurs visages entre leurs mains et se mirent à jurer.
- Putain mais à quoi ils jouent ? murmura Ludovic.
- Mais c’est pas vrai ça, je croyais qu’ils devaient rester amis !
- Pas si fort, Baptiste ! souffla Sébastien.
Les adolescents jetèrent quelques coups d’œil au couple. Clémence ne bronchait pas et se laissait embrasser, et Florian s’était lancé dans un baiser très explicite.
- Je commence à être écœuré…confia Ludovic.
- T’es pas le seul…
Florian et Clémence cessèrent de s’embrasser et regardèrent leurs amis. Le jeune homme se releva péniblement.
- Bon, nous, on va y aller. On est fatigué.
- Oui, approuva Clémence en tirant sur son manteau sur lequel était assis Florian.
- On va chez toi ? demanda l’intéressé.
- Si tu veux…
Le couple se leva, lança un bref « à lundi » et sortirent de la discothèque, main dans la main.
- Je ne veux pas savoir…s’exclama bruyamment Baptiste. Je ne veux pas savoir ce qu’ils vont faire chez Clémence, je ne veux pas !
- J’ai plein d’images d’eux qui me traversent l’esprit, ça me traumatise, fit Sébastien en rongeant un ongle.
- S’ils font une connerie cette nuit ou même s’ils ressortent ensemble, on peut dire adieu au groupe, remarqua doucement Ludovic.
Les deux frères le considérèrent gravement, médusés.
- Tu ne veux pas dire que…commença Sébastien.
- S’ils font ce que je pense cette nuit…continua le frère.
- On est foutu parce que le groupe sera détruit, conclut Ludovic. Vous comprenez, Florian et Clémence ils s’aiment, on est d’accord sur ce point. Le problème, c’est qu’il ne peut pas y avoir une histoire d’amour dans un groupe de musique, que ce soir un groupe de rock ou pas. Ça poserait trop de problèmes. S’ils décident de ressortir ensemble, notre groupe, il n’existe plus.
Sébastien et Baptiste ouvrirent grand la bouche, mais aucun son n’en sortit.
- Je vais avoir des nausées…soupira Baptiste.
- Bon, pour me changer les idées, je crois que je vais aller draguer le beau mec là-bas. Ciao les gars ! s’exclama Ludovic.
Le jeune homme se leva, son verre à la main, et disparut du champ de vision de Baptiste et Sébastien. Les deux frères se firent face et ne dirent aucun mot. Ils étaient trop préoccupés par les conséquences que pourrait engendrer l’histoire d’amour de Florian et Clémence.
- Il me faut un autre verre. Je veux boire, réclama Sébastien.
- Bois tout seul, moi je vais me vider aux toilettes, déclara Baptiste, vert courgette, en se levant brutalement.
- Attends-moi, je viens te tenir la porte !
Ils passèrent la nuit dans les toilettes pour dames à faire des cauchemars éveillés…
"La minute mode" ^^, ça m'a bien fait rire !
Le début d'une histoire entre Clémence et Florian ? Je m'interroge.
Quant à Clémence et Flo... ils ont déjà eu une histoire ensemble mais ressentent encore quelques sentiments forts vis-à-vis de l'autre... Enfin bref, je ne vais pas te raconter l'histoire. ^^" Faut que j'aille au dodo, je sais même plus ce que je raconte ! x)
Bisous, et merci à toi pour tes commentaires. :)
^^ Mdr !!! loool ... C'est tout mimi comme occupation, dessiner des petits cochons sur les murs. De vrai artistes ... xD
Reponse de l'auteur: ah ouais, les ptits cohons, je sais pas comment ça m'est venu à la tête m'enfin...c'est Séb quoi, faut pas chercher ! XD