Chapitre 5 -- Harmonies inaudibles

Par Capella

Le Jardin du Sommeil n’aurait, en cette matinée, pas pu être mieux nommé. Emily n’avait qu’une envie, se laisser choir par terre. Sentir l’herbe contre son visage, la lumière du soleil d’aube perçant doucement dans sa strie – mieux encore dans les jardins du Cor du Sommeil, car la marque au plafond – au plus précisément au sol pour les gens du Moderato-haut – commençait à ce lieu, à la façon d’une crevasse au loin. En bref, Emily voulait se laisser reposer dans ce monde plus clément que celui qui s’amusait à la tirailler comme un chat et sa souris.

Même ici, le Cor qui était occupé à jardiner, paraissait plus calme, plus doux. Son regard devait lui être adressé de façon acérée, restait qu’il était de l’autre côté d’une barrière de cheveux roses.

« Mon Cor, nous partons dès à présent vers le château. Voudriez-vous bien m’accompagner ? »

L’intéressée se tourna vers elle. Impossible pour Emily de savoir si elle considérait tout son attirail – épée à la ceinture, quelques explosifs de lumières pour l’accompagner, ainsi que ses araignées mécaniques cachées à l’intérieur de ses vêtements et ceux d’Armand – ou son visage.

« Déjà ? Vous étiez censés me prévenir une fois que les gardes sont venus pour la première fois.

— Disons qu’entre le moment de la première attaque et la venue d’un des Cors s’est écoulé relativement peu de temps… »

Quand ces mots lui parvinrent, Aria se figea au milieu d’un mouvement, les paumes ouvertes autour d’une rose. Elle s’était sclérosée avec tant de brusquerie qu’il n’aurait pas été étonnant de voir ses cheveux se hérisser en prime.

« Vous vous en êtes tous sortis ? Le plan peut-il encore suivre son cours malgré leur venue ?

— Oui… Certes, Séon a grandement voulu abandonner après ce que mère a fait à Armand ; il savait que cela était un avertissement pour lui, mais je suis parvenu à le convaincre que tout irait bien. Je gagnerai, et sous mes ordres, le Cor de la Maladie devra guérir Armand. »

Tandis qu’Armand traduisait ces mots à Aria, il finit par se tourner vers sa maîtresse, perplexe. « Les Cors ne décident pas avant la Reine ?

— Oui… Oui, mais ça ira. Je veux dire, ils décident officieusement, mais ils ne pourraient aller contre moi si je deviens leur souveraine et non simplement leur princesse. Et puis, le Cor de l’Émotion sera toujours du côté de son dirigeant, et naturellement, Aria aussi, dans notre cas. »

Armand réfléchit un instant, les bras ballants, le visage inquiet, mais il acquiesça, doucement. « Tu as raison. » Il marqua une pause. « Ceci étant, le Cor du Sommeil pense qu’il serait judicieux de partir dès à présent.

— Oh, ça… C’est tout ce que je demande », sourit Emily.

Avec sa tranquillité coutumière, Aria se leva. Elle fit quelques pas en direction du Ré et de son Opéra, puis adressa un dernier regard à son champ de fleur. Enfin, décidée, elle ouvrait la marche.

Comment fait-elle pour ne pas marcher sur ses cheveux ? Je ne cesse de me le demander, fut la première chose à laquelle pensa Emily en marchant sur ses talons, devant à son tour éviter d’écraser le voile naturel qui trainait dans le dos de l’enfant.

Les regards surpris adressés à Emily s’étaient un temps calmé, à mesure que la semaine avait filé. Elle était remontée en flèche depuis la veille, avec l’apparition de Symphonie. Désormais, elle était à son faîte, maintenant que la princesse marchait accompagnée d’Aria. Mais mille songes en esprit, révisant le plan, les mots à dire, les choses à faire, Emily n’eut aucun regard pour les deux qui l’accompagnaient.

Ce fut dans le Nuage qu’elle prit la peine de souffler un coup, admirant un peu la vue du paysage depuis l’ascenseur qui le traversait. Enfin, elle sentait tout de même les regards de ceux qui partageaient la cage d’ascenseur braqués sur elle. Faute de pouvoir parler à Aria à la vue de tous, elle tremblait nerveusement de la jambe tout en se rongeant l’ongle du pouce.

À destination, ils marchaient à une allure dont la tranquillité fut imposée par la douceur de celle qui les accompagnait. Le voyage jusqu’au palais lui parut durer une belle éternité.

Armand attira son attention. « Ce soir, que dirais-tu d’une tarte tatin ? »

Elle fronça les sourcils, perplexe. « Pourquoi me parles-tu de ça maintenant ?

— Car nous n’avons rien d’autre à faire, non ? Qu’est-ce que tu aimerais manger, ce soir, en dessert ?

— Je ne sais même pas si on aura le temps de s’occuper du dessert ce soir, tu sais… Que j’arrive ou non à obtenir ce que je veux d’ailleurs.

— Tu n’as pas tort ! En tout cas, moi, je serais sûrement plus sur du chocolat. Oh, je devrais prendre un carré de chocolat noir dans les cuisines. »

Cette fois, Emily fit une belle grimace à entendre pareille horreur. « Quitte à parler de desserts, choisis-en au moins des bons, pitié…

— Ce n’est pas ma faute si ton palais est incapable de goûter aux bonnes choses, mais pas grave, ça en fera plus pour moi.

— “Plus pour toi”… Je ne vois pas avec qui d’autre tu pourrais partager ça de toute façon.

— Ceux qui ont… du bon goût ? Je dis ça au hasard, je me trompe peut-être.

— De ton point de vue détraqué, la vie doit être très belle, en tout cas.

— Soit, propose-moi de meilleures idées.

— Oh que j’en ai, de meilleures idées, oui. »

Face au chocolat noir, de son crible, ce n’était pas ce qui manquait. Elle entreprit donc de faire la liste de tous les desserts qu’elle lui préférât, et ce fut à Armand de couper court à leur discussion, quand ils atteignirent les portes du palais. Ce dernier s’élevait en hauteur sur quatre étages, superposition de carré rétrécissant à mesure que l’on grimpait. Derrière, contre le mur rocheux de la cité, une horloge comtoise, démesurément grande – en vérité d’à peu près cent mètres de haut – trônait, arc-boutée là. Au pied de l’entrée, enfin, Séon attendait, une capuche rabattue sur son visage anxieux.

La tête pleine de tartes, de fraises, de confitures et de fruits, elle se sentit autrement plus fraîche.

« Tout va bien se passer, Séon. Vous êtes là pour négocier une entrevue avec le Roi pour plaider votre cause. S’il refuse, il ne vous fera aucun mal en même temps, ne l’oubliez pas.

— Oui, oui… Finissons-en. »

Elle se tourna vers l’Opéra et le Cor. S’assurant qu’ils étaient prêts d’un mouvement de tête, elle décida d’avancer. Fière, altière et morgue, elle avançait au sein des jardins royaux, sous le regard des nobles bien plus mitigés que celui du peuple. Si ces derniers ne réservaient à la princesse que de la surprise, les premiers paraissaient parfois plus craintifs, chagrins, ou écœurés, pour certains d’entre eux. Ceux-là étaient minoritaires, mais Emily s’assurait toujours de leur réserver un joli sourire plein d’orgueil.

Quand l’un des Mesurr qui gardait le château se redressa brusquement, ses lèvres s’agitant tandis que son regard froid était porté vers elle, Emily s’arrêta.

« Quelle est… » Il eut un coup d’œil pour Aria, hésitant, mais bien vite, il se retourna vers Emily. « Quelle est la raison de votre présence ici, princesse Emily ? Le roi nous a demandé de surveiller vos gestes. » Armand avait traduit pour la forme, mais le plan voulait que la réponse vienne de toute autre.

Aria s’avança ainsi. Il ne fallut à Emily que l’ombre de quelques secondes pour que le garde condescendit à les laisser passer sans se montrer trop sourcilleux.

Ils étaient à présent de retour au château de Moderato. Ses murs de cuivre-chant, vanille, et ses couloirs pétris d’autres chemins, tel un labyrinthe. Sur ses pieds, le tapis absorbait ses bottines aussi bien que l’aurait fait un nuage, et l’odeur familière de citron qui était diffusée par les aérations des plafonds lui caressa les narines avec beaucoup de délice.

Elle vit Armand se précipiter à ses côtés, l’inquiétude tirant sur ses traits, s’efforçant au mieux de ne pas le laisser voir.

« Ce n’est pas normal que les gardes aient accepté de nous laisser passer avec une simple phrase du Cor. Il y a Séon avec nous et pourtant… »

Mais Emily le coupa d’un mouvement de bras impérieux. « Reste derrière. Harold pourrait traîner quelque part, et s’il nous voit signer… Oui, définitivement, tiens-toi tranquille.

— Mais… Oui, j’entends, mais…

— Ne discute pas. Allez. »

Armand, penaud, regagna son dos pour y marcher comme une suite et non un ami.

Ils gravirent les escaliers menant aux étages les plus hauts, là où se trouverait la salle du trône, sinon les appartements du Roi. Arrivé au troisième, il leur fallait trouver un nouveau hall pour accéder aux marches menant au quatrième, l’étage le plus important des Terres de Ré. Là où en plus du reste se trouvait aussi sa chambre.

Quand elle sentit Armand taper son épaule, elle se retourna, excédée et prête à le rabrouer, pour découvrir la figure brune et aux yeux écarlates de celui qui marchait vers eux. Harold Mi fixait la princesse d’un œil beaucoup trop froid pour un corps humain.

Assez proche, il se courba bien bas, adressant une expression d’intense respect au Cor du Sommeil, puis dériva, avec lenteur, sur la jeune femme.

« Le conseil, ainsi que votre père le Roi seront ravis de vous savoir de retour parmi nous, » signa-t-il. Et alors, ses lèvres s’étirèrent peu à peu, jusqu’à former un sourire. Il finit par révéler des dents blanches tandis que ses yeux se plissaient de malice. « Votre absence s’est fait sentir. Votre jeune frère sera tout aussi soulagé de vous savoir ici. »

Emily partagea son rictus. Puisqu’il arborait son expression de victoire, elle ne comptait pas le laisser sans s’en tirer avec le dernier mot.

« Oh… Vraiment ? Je ne viens que faire un tour, dire à mon père que la future Reine voulait prendre le thé avec son Roi qui commence à se faire vieux, voilà tout !

— Quelle prévenance ! »

Il redressa les manches de sa robe grise, fermée par une ceinture de soie bleue. « Il sera plus que touché de votre sollicitude.

— Plus que par celle de son vautour qui, au sein de l’armée, s’amuse à harceler sa pauvre fille.

— Vous avez le “harcèlement” facile, ma princesse ! Je ne fais que vous reprendre pour vos petites incartades. Mais après tout, n’importe qui peut fauter. Au moins, je me rassure en sachant que vous n’iriez jamais jusqu’à prononcer des mots qui pourraient vous valoir de terminer au cachot le temps que Kyss atteigne l’âge adulte ! Vous êtes énergique, mais pas sotte, et cela, c’est fort bon à savoir ! gesticula-t-il avec un sourire plus que féroce.

— Oh, par tous les Chants, jamais ! Et vous, j’espère que vous ne serez jamais mon ennemi, pour lorsque je serai sur le trône !

— Je resterai votre vénérable chef des armées, si cela vous tracasse. »

Armand l’attrapa par l’épaule et la poussa à reculer. Elle se laissa entraîner, voyant Harold et son indéfectible sourire lentement disparaître à l’angle d’un couloir.

J’ai hâte de pouvoir le faire déchanter, celui-là, pensa la princesse avec un rictus sinistre.

Ils atteignirent les escaliers et gagnèrent alors le dernier corridor, celui de la famille royale et de toutes les salles les plus éminentes du palais. Et ce fut de l’une des portes que se précipita un jeune garçon, fondant vers elle les bras écartés.

« Emily ! signa-t-il, un radieux sourire sur le visage. Je suis trop content de te voir ! »

La jeune fille eut un sourire nerveux, prise de court par cette apparition qui ne savait définitivement pas choisir son moment. Des cheveux roux, bouclés, courts, et des yeux argentés. Âgé de cinq années, il avait bien les allures d’un prince, avec sa grande robe bleue bouffante en guise de mise.

« Kyss… Que fais-tu là ? demanda-t-elle.

— Monsieur Harold m’a prévenu que tu étais rentrée ! »

Elle vit le concerné apparaître à l’embrasure de la porte de la chambre de l’enfant.

« J’ai jugé indiqué de prévenir votre frère. Il est tellement heureux de vous voir ! Avouez que j’ai bien fait ! »

Emily serrait la mâchoire, son sourire crispé attestant qu’elle se retenait de foncer sur le chef des armées pour l’étriper. Venait-il vraiment d’user de son Chant familial pour entrer dans la chambre de son petit frère simplement pour l’embêter ? Pire, ne l’ayant pas vu passer à côté d’elle, il avait donc fait le détour par une fenêtre pour entrer par l’autre. Si cela n’était pas du harcèlement, alors elle serait plus que ravie d’en lire la définition à un moment moins marqué par l’urgence.

Elle baissa son regard vers Kyss à force de le voir bouger dans tous les sens. Il semblait inquiet.

« Ça va ? Pourquoi tu étais partie ? »

À cause de toi, se vit-elle répondre à l’intérieur de sa tête, lorsque les mots lui apparurent en gras. Et avec eux, la déception. Sa naissance était la cause de tous ses soucis. S’il n’avait pas existé, elle n’aurait jamais eu à batailler autant, à vivre hors du château, chassée pour avoir annoncé ce qui lui revenait de droit.

Elle baissa les yeux, posa sa main sur la tête de Kyss avant de la caresser, en gestes tendres.

Pourquoi m’arrive-t-il de te détester, toi qui es si mignon…

Une main sur son épaule. Armand lui adressa un sourire doux à côté d’elle, à son tour, lui frottant délicatement l’épaule pour la rassurer. Recomposée, elle tournait le visage, non pas vers l’enfant, mais sur Harold.

« Et donc, pourquoi m’arrêter, puis m’envoyer mon petit frère, sinon pour admirer le spectacle ?

— Je suis ra-vi que vous me posiez la question ! » fit-il en s’approchant d’un bond vers Emily. Son visage était si proche du sien qu’il était incapable de voir ses mains. De fait, il recula. « Ce cher Séon a eu l’amabilité de nous prévenir de votre tentative de coup d’État… Mais, le terme étant très peu ragoutant, appelons cela une petite fête surprise. Malheureusement, les trois Cors prennent le temps de s’habiller, je leur fais gagner du temps pour que vous ne vous retrouviez pas à les voir en train de se changer pour les habits de fête ! »

Le temps s’était figé. Les yeux écarquillés, le visage blême, elle se tourna vers Armand, le découvrant avec des prunelles aussi rondes que les siennes. Quand elle vit Harold secouer la main pour attirer son attention, elle n’osa pas l’ignorer.

« Faites vite, peut-être arriverez-vous avant eux jusqu’à votre père… »

Armand tendit sa main vers Emily, mais cette dernière s’était déjà élancée en avant.

Je ne vais pas le laisser gagner.

Elle courut à bride abattue vers la salle du trône, déjà essoufflée, la panique lui faisant cracher trois fois plus d’air que de coutume.

Je ne vais pas les laisser gagner. Je ne vais pas les laisser me réduire à une moins que rien parce que je ne peux pas chanter comme eux !

Mais elle se fit interrompre dans son trajet pour la troisième fois. Un jeune homme, penché sur le double battant menant au trône, se dressa le premier, inquiet. Des cheveux opalescents, une robe aux rayures arc-en-ciel, des iris pas moins iridescentes. Le Cor de l’Émotion. Il parla, nerveux, et à côté de lui, le Cor de la Maladie se prenait d’un petit rire. Pour compléter le tableau, des cheveux longs – ou court ? –, des yeux… Un visage, mais, qu’elle oublait, aussitôt qu’elle posait les yeux sur lui, à la façon d’un visage qu’elle verrait au beau milieu d’un rêve. Celui-là était le Cor du Souvenir.

Dans son vêtement coloré, Melodi, l’émotion, était le plus extravagant. Dans sa tenue masculine et sa taille longiligne, Symphonie, la maladie, était la plus austère. Dans son vêtement tout de blanc parsemé de broderies argentées, Octave, le souvenir, était le plus noble.

Les lèvres remuèrent, on lui adressait des regards, on lui parlait parfois comme si elle était capable de les entendre. Elle sentit son cœur s’accélérer, la panique la gagner. Quand Armand et Aria apparurent derrière elle, une vague de soulagement réapparut ; ses oreilles étaient revenues.

« Traduis, pitié ! »

Il acquiesça, et au même instant, les Cors approchaient d’eux. Aria fit un pas en avant, plaçant sa paume à hauteur de poitrine, et son doigt, prêt à tourbillonner pour façonner son instrument à vent.

Emily se tourna vers Armand et le saisit par les épaules, le pressant des yeux.

« Heu, oui, pardon ! Je… » Il prit le temps de reprendre ses esprits. « Elle a dit que s’ils faisaient un pas de plus, elle les endormait tous.

— Oulah non ! Non, non ! Tu ne devrais pas ! s’affola Melodi.

— Et tu ne le feras pas, renchérit Octave.

— J’abonde à mon tour, termina Symphonie. »

Ce fut cette dernière qui se tint devant la plus petite d’eux quatre, lui adressant un sourire maternel et des yeux aimants.

« Si tu sors ton cor, je saisis le mien. Peut-être souffleras-tu la première. Peut-être pas. Veux-tu prendre le risque ? Cela serait amusant d’essayer, après tout… je vais te dire un secret, Aria, mais tu gagneras, dans un duel entre nous deux. » Elle se pencha vers la concernée et Armand l’imita, pour ne pas perdre une miette de ce qui allait se dire. « Tu nous viseras tous les trois, et je n’aurais le temps de me défendre, car je compte bien m’en prendre à ta princesse. Une maladie fulgurante. Un tétanos ? Elle ne pourra pas entendre le craquement de ses dents qui se brisent dans la pression de sa mâchoire serrée », conclut-elle d’une lippe chagrine, une main sur la joue.

Emily eut du mal à avaler sa salive tandis que les gestes d’Armand étaient de moins en moins confiants.

Symphonie posa une main sur l’épaule d’Aria, et doucement, elle la força à se retourner. « Ma chérie, je te ramène dans tes jardins. Tu n’as rien à faire ici. Cela se voit sur ton visage, que tu préfères le soleil et les fleurs à l’ennui des châteaux. »

Elle fut lentement menée hors du palais par la Maladie, empruntant leur couloir en sens inverse, n’opposant pas la moindre résistance, son expression toujours dissimulée derrière son voile capillaire.

Et en même temps, à quoi bon réagir ? Trois Cors contre la jeune dernière assistée d’une princesse sans pouvoir, et d’un Opéra qui, à la moindre violence contre l’une de ces éminentes personnes, passait sous le fil d’une épée en l’instant. Qu’Emily eut donné les ordres le menant à la violence n’y changerait rien.

Tout en douceur, hésitante, la princesse fit glisser sa main le long de son ventre pour décrocher l’une des boules qui exploseraient en gerbes de lumière aussi brisée sur le sol. Elle se crispa, se souvenant de la trahison de Séon ; elle avait perdu le Ré qui pourrait faire fonctionner sa machine.

Bien. Soit. Un couteau. Je lance un couteau, mesure de dissuasion et de diversion. On fuit et on revient plus tard. Mieux armés, et sans se laisser surprendre par le fait que les Cors nous attendront. Oui, on endort tout le monde directement… Non, ça n’affectera pas l’entièreté du château, à cette distance. Oui, voilà, on avisera. On a le temps, d’aviser. Le temps, c’est le plus important. Je n’ai qu’à fuir à Pianissimo, ou Mezzofort, peu importe. Ah, voilà ! Je vais m’allier avec d’autres maisons majeures !

Elle touchait la boule de cuivre et, d’un geste brusque, la décrochait de sa ceinture.

Puis une douleur fulgurante poigna dans sa cuisse. Elle tomba à genoux, blême, lâchant sa bombe lumineuse qui roula le long du couloir, jusqu’aux pieds de Symphonie, qui considérait la scène avec un sourire. Emily baissa le regard sur sa cuisse ; une épine de cuivre-chant dépassait ; elle appartenait à son père. Les portes de la salle du trône n’étaient pas ouvertes, d’ailleurs ?

La jeune femme se sentit soudain veule, toute volonté ayant quitté son corps. Il ne s’agissait pas là de l’œuvre d’un quelconque poison, mais d’une compréhension.

Elle bataillait pour devenir Reine, alors même qu’elle serait à jamais incapable d’entendre ses assaillants chanter contre elle.

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Cléooo
Posté le 07/05/2024
Hello Capella :)

Nouveau chapitre intéressant, par contre, si je peux me permettre, j'ai l'impression que par moment tes transitions d'un paragraphe à l'autre ne sont pas claires ! Par exemple un personnage n'avait plus l'air d'être dans les parages et en fait si. C'est peut-être voulu, par rapport au fait qu'Emily ne les entend pas revenir, mais ça me perturbe un peu.

La chute est pas mal, on va enfin rencontrer le roi ! J'ai hâte de voir l'échange.

Au global, dans ce chapitre, ce que j'ai le plus aimé c'est les retrouvailles avec le petit frère. En fait je trouve ça vraiment top que cette opposition entre les deux soit surtout (uniquement?) ressentie par Emily, ne serait-ce que dû au jeune âge de son frère. Et puis c'est trop mignon qu'il lui dise qu'elle lui a manqué ! Ça me fait peine pour lui, qu'il se retrouve au milieu de tout ça. Là je trouve vraiment que ça donne du relief à l'histoire.


Je passe à quelques remarques ciblées :

" – mieux encore dans les jardins du Cor du Sommeil, car la marque au plafond – au plus précisément au sol – " -> j'ai relu cette phrase encore et encore mais je n'arrive pas à la comprendre, tu pourrais m'expliquer ce que tu voulais dire ici ?

"— Oui… Oui, mais ça ira. Je veux dire, ils décident officieusement, mais ils ne pourraient aller contre moi si je deviens leur souveraine et non simplement leur princesse. Et puis, le Cor de l’Émotion sera toujours du côté de son dirigeant, et naturellement, Aria aussi, dans notre cas. »" -> en fait, si je comprends bien, les Cors forment une sorte de groupe de conseillers auprès du roi, et quand il y a décision importante à prendre, la majorité l'emporte en fonction du camp dans lequel le Cor de l'Émotion penche ? Ou bien est-ce que je simplifie un peu trop la chose ?

"De cinq ans, il avait bien les allures d’un prince, avec sa grande robe bleue bouffante en guise de mise." -> Il a cinq ans ? C'est bizarre comme tournure, je trouve. "Du haut de ses cinq ans" me semblerait mieux, ou simplement "à cinq ans".

Petite remarque sur le passage où on rencontre les Cors :
Les descriptions des Cor de l'Émotion et du Souvenir sont assez proches l'une de l'autres, ça m'a fait beugué à la lecture. Tu utilises les mêmes adjectifs, opalescent et arc-en-ciel, et je ne savais plus qui était qui.

Voilà pour ce chapitre, à bientôt, et bons partiels ! :)
Capella
Posté le 08/05/2024
Coucou ! Merci pour le commentaiiiiiiire ! Les transitions de paragraphe en effet, je vais voir à la correction si je peux arranger ça dans les faits.

" – mieux encore dans les jardins du Cor du Sommeil, car la marque au plafond – au plus précisément au sol – "
En fait c'est que le jardin du Sommeil est dans la partie haute de Baryton, donc le plafond de la grotte, sauf que pour ceux qui s'y trouvent, avec la gravité inversée, le plafond c'est le sol... Je dois juste rajouter cette mention du coup, et ça devrait être bon.

Pour la phrase des cinq ans oui c'est bizarre, à la rigueur si je veux vraiment la garder "de cinq années" me semblent déjà plus compréhensible ? Je verrais haha

Les Cors c'est compliqué, ce sont même pas des conseillers. Juste que s'ils veulent un truc le Roi est sur le papier pas censé pouvoir parler au-dessus (dans la saga je mets en avant que pour régler le problème, suffit que le Roi pousse le Cor à penser comme lui, mais dans VR, c'est pas le cas ; si les Cors disent Emily c'est ciao, eh ben Emily c'est ciao en gros.

Encore merci pour les encouragements et pour la lecture ! Yeey !
Daichi
Posté le 06/05/2024
Un bon chapitre, j’ai bien aimé, bien que court (héhé je change pas). Dans l’ensemble il ne se passe paaaaas grand-chose. On marche jusqu’au château, on parle de gâteaux, on rencontre Kyss et les Cors, cliffhanger, fin.

Je dirais que jusqu’ici, tes fins de chapitres étaient les passages les plus intéressants – mais, j’irais plus loin en disant que c’est presque les seuls passages réellement intéressants, sauf ton premier chapitre.

Je te dirais si ça empire ou pas – c’est pas rédhibitoire pour l’instant, malgré quelques ajustements bienvenus.

Globalement, on a un peu plus de lore, et de personnages présentés. Le scénar n'avance pas, mais y'a du contenu malgré tout.

Je vais citer les passages que je n'ai pas trop aimé :


"Je veux dire, ils décident officieusement, mais ils ne pourraient aller contre moi si je suis leur souveraine."
-> Ça, tu vois, le lecteur n’y croit pas une seule seconde. Surtout après la fin du chapitre précédent. Difficile du coup de m’embarquer là-dedans.

"Quand l’un des Cappela qui gardait le château se redressa brusquement, ses lèvres s’agitant tandis que son regard froid était porté vers elle, Emily s’arrêta.
« Quelle est la raison de votre présence ici, princesse Emily ? Le roi nous a demandé de surveiller vos gestes. » "
-> Étonné qu’il ne soit pas chamboulé par la présence d’un Cor pile devant lui.
Si tu veux garder ce genre de scène, fais se demander Emily "Tiens, on dirait que Symphonie leur a ordonné de ne pas réagir en présence d’un autre Cor", par exemple.
Sinon, tu changes : le garde panique un peu et bégaie.
Attention : je sais que tu parles de la réaction du garde juste après. Mais, elle est un peu "à côté" de ce que j'explique ici. Je ne sais pas si c'est méga clair...

"S’il te voit à mon niveau, il va encore profiter pour t’accuser et me forcer à te remplacer."
-> S’il est là pour traduire, ça serait bizarre qu’il soit constamment derrière non ? (D'ailleurs, étonnant qu'il n'ai pas déjà été remplacé, leur relation doit être assez connue.)

"Ce cher Séon a eu l’amabilité de nous prévenir de votre petite fête surprise, malheureusement, les trois Cors prennent le temps de s’habiller, je leur fais gagner du temps pour que vous ne vous retrouviez pas à les voir en train de se changer pour les habits de fête !"
-> Hmmm, je ne comprends pas bien… A mon avis, il faudrait éclaircir ce passage. Garde en tête que comme le plan d’Emi&cie nous est inconnu, on ne peut même pas interpréter les paroles de Harold.
Capella
Posté le 07/05/2024
""Je veux dire, ils décident officieusement, mais ils ne pourraient aller contre moi si je suis leur souveraine."
-> Ça, tu vois, le lecteur n’y croit pas une seule seconde. Surtout après la fin du chapitre précédent. Difficile du coup de m’embarquer là-dedans."

Pourquoi ils n'y croiraient pas ? Emily est princesse, pas souveraine ; jusque-là on sait pas si on veut à l'encontre du Roi ou pas

Sinon pour Armand je pense que de toute façon dire "tu es trop familier avec lui" n'est pas un critère recevable, là où "il ne sait pas où est sa place" vu que c'est SA faute à lui, on pourrait les critiquer pour ça. Ce genre de nuances, je pense -- que je peux changer ou arranger un peu oui
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