Chapitre 4 : L’île de Janfrost

Après une petite heure de navigation, ils accostèrent sur une minuscule île.

- Nous voilà arrivés sur l’île de Janfrost.

Ewin se leva et contempla la petite île. Une maison sympathique faite de jolies briques roses culminait sur la colline au centre de l’île. Son toit, recouvert de tuiles bordeaux, formait une légère pente. La véranda, au rez-de-chaussée, s’illuminait sous la lumière du soleil qui s’y réfléchissait en éblouissant les nouveaux arrivants.

- C’est donc dans cette maison que je serais le plus en sécurité ? S’enquit Ewin, incrédule.

- L’île est située loin des côtes. De plus, elle n’est pas sur les cartes. C’est une île invisible et c’est l’une des propriétés de ta famille. Alors oui, tant que tu resteras ici, tu seras en sécurité.

- Je ne suis jamais venu sur l’île avant aujourd’hui pourtant. Comment peut-elle appartenir à ma famille ?

- Il y a plein d’endroits que possède ta famille et dont tu n’as pas conscience, crois-moi, dis Jim en sautant du bateau.

La porte, horriblement kitsche, de la maison s’ouvrit et un homme aux manières et à l’accoutrement outrancier s’extirpa de l’entrebâillement. À mesure qu’Ewin montait les escaliers menant à la maison, la vision de l’homme se précisa. Un haut-de-forme noir ornait sa tête. Un jabot de dentelle blanche était attaché au col de sa chemise à carreaux. Pour parfaire son allure excentrique, il avait choisi un pantalon de soie vert olive. Toutefois, le plus choquant dans sa tenue vestimentaire se révélait être les petites lunettes rondes aux verres fumés jaune qu’il portait sur le bout du nez. Soit cet homme voulait se faire remarquer par sa bizarrerie, soit il ne possédait aucun goût vestimentaire. Néanmoins, Ewin ne se préoccupait pas le moins du monde de la tenue fantasque de son grand-père. Il s’y était habitué depuis longtemps, et trouvait même cela amusant comparé aux tenues dantesques que son père avait l’habitude de porter.

Cela le rassura de voir un membre de sa famille après les évènements qui étaient survenus, et il se sentait de nouveau en sécurité.

- Papy Dagan, s’écria Ewin en lui sautant dans les bras.

Son grand-père l’accueillit d’un demi-sourire, mais le jeune garçon ne s’en formalisa pas et mis ça sur le compte de la retenue.

- Beau travail Jim, félicita Dagan en le remerciant d’un geste de la main.

Puis se libérant de l’étreinte de son petit-fils, il indiqua, du bout du doigt, un buffet disposé sur la terrasse. Une terrasse, fort sympathique, avec son bois jaune pâle de citronnier provenant du sud du pays.

- Qui a faim ? Demanda-t-il en posant la main sur son ventre.

Un calme apaisant régnait sur l’île. L’on pouvait entendre, si l’on tendait l’oreille, les cris haut perchés et nasillards d’une colonie de labbes. Il faisait extrêmement chaud et le thermomètre affichait des records. C’est pour cette raison que les grands labbes de l’île n’avaient pas encore migré vers les terres au climat plus tempéré du sud de Vaganz. Tournoyant dans le ciel et voltigeant au-dessus d’Ewin, cet oiseau majestueux aux longues ailes garnies de plumes brunes et noirâtres forçait l’admiration du jeune garçon. « Qu’est-ce que j’aimerais pouvoir voler comme eux » se surprit-il à espérer.

Ewin se découvrit légèrement et posa son manteau d’hiver sur une chaise. Son ventre se mit à gargouiller avec insistance face à la vue de toute cette nourriture, ce qui lui rappela qu’il n’avait rien avalé depuis le déjeuner de la veille.

Le garçon choisit donc de prendre une assiette et effectua un tour de table tout en élaborant, dans le même temps, un menu dans sa tête. Le buffet était bien garni, trop garni même ! Une dizaine de personnes auraient pu déjeuner à cette table, et les quatre habitants présents sur l’île ne viendraient jamais à bout de l’ensemble des mets proposés. Ewin devrait faire un choix, et il n’était pas facile. Salade composée au poulet ou carpaccio de bœuf à l’huile d’olive, il n’hésita pas longtemps et se décida à prendre les deux. Le plat principal fut un choix plus facile, une assiette parfaitement dressée contenant du tarrois ne laissait aucune chance aux autres plats. Le tarrois était une spécialité culinaire originaire des terres nordiques de Vaganz. Ce met consiste en de la viande grillée au feu de bois accompagnée par des marrons glacés. L’harmonie culinaire entre le chaud de la viande et le froid des marrons se révélait être exquis.

Cependant, Ewin ne fut aucunement tenté par les îles flottantes, éclairs au chocolat et autres desserts qui lui étaient proposés. Il n’aimait pas les desserts, ce qui amenait toujours la même observation chez les personnes qui le remarquait : « Comment ne peux-tu pas aimer les desserts ? C’est pourtant tellement bon ! ».

Pour sa part, Dagan opta plutôt pour du poisson frit accompagné de sa sauce citronnée, une tomate chaude et une salade de fruits exotiques. Il s’installa près de son petit-fils et fit comprendre à Jim sa volonté de se retrouver seul avec Ewin. Dagan engloutit la tomate d’une seule bouchée, dégusta la moitié de son poisson avant d’adresser la parole à son petit-fils.

- Sais-tu pourquoi on m’a envoyé en hôpital psychiatrique ? Demanda-t-il sèchement tout en s’essuyant la bouche avec une serviette en tissu.

- Euh… hésita Ewin.

La question avait été posée si brutalement et avec une telle franchise qu’il ne sut pas quoi répondre.

- Notre famille a trouvé mes méthodes trop… agressives. Ils ont préféré la passivité face à la menace grandissante de nos ennemis. Connais-tu l’emblème de notre famille ?

- Le flocon, s’écria Ewin.

- Très bien, le félicita Dagan.

- Touche au flocon et l’avalanche t’écrasera, récita le jeune garçon, comblé de pouvoir montrer l’étendue de ses connaissances.

- Je vois que tes parents t’ont enseigné un minimum de connaissances sur l’histoire de notre famille. Mais tu as encore beaucoup à apprendre, jeune homme, fit observer Dagan. La devise de notre famille, que tu viens de réciter par cœur, à un sens bien plus important que tu ne l’imagines. Le flocon symbolise chacun des membres, amis ou alliés de notre famille et l’avalanche représente notre force lorsque nous sommes tous réunis. Cette devise incarne l’abnégation que nous avons les uns envers les autres, expliqua-t-il.

Dagan se servit un verre de vin qu’il but en quelques gorgées. La mine sombre, il replaça ses lunettes.

- Trois ans après ta naissance, tes parents ont donné naissance à un autre enfant. Le jour de son premier anniversaire, il a disparu, commença Dagan.

- Comment ça ? Je n’ai jamais eu ni de frère ni de sœur, contesta le jeune garçon, sidéré par la déclaration soudaine de son grand-père.

- Pourtant, si.

- Tu as dit qu’il avait disparu, pourquoi personne ne m’en a jamais parlé ?

- Je me suis mal exprimé. Cet enfant n’a pas disparu. Il s’est fait kidnapper.

La gorge sèche malgré toute l’eau qu’il avait pu avaler en arrivant sur l’île, Ewin se croyait en plein cauchemar.

- Pourquoi tu ne m’en parles que maintenant grand-père ?

- Pour plusieurs raisons. La première est que tes parents ont toujours voulu te garder dans le secret, pour te protéger disaient-ils. Même si je n’étais pas d’accord avec eux, je respectais leur choix. Mais la raison pour laquelle je t’en parle aujourd’hui, c’est que le coupable de cet enlèvement et celui de l’assassinat de tes parents est la même personne.

L’esprit du jeune homme était tiraillé entre l’effarement et la colère.

- Qui est cette personne ? Demanda-t-il d’une voix froide.

- Je te le dirais en temps voulu.

- C’est un Auban ? S’avança Ewin.

- Ah, je vois. Jim a été plus bavard qu’il n’aurait dû, observa Dagan. Oui, c’est ce que je crois, mais je dois encore réunir des preuves.

- Et concernant l’enlèvement, y a-t-il eu des preuves ?

- Oui, répondit simplement Dagan.

- Et mes parents n’ont rien fait, avança Ewin en espérant au plus profond de lui qu’il se trompait.

- Tes parents se sont lamentés des mois durant sans jamais tenter de réparer cette terrible injustice, continua Dagan en serrant le poing. C’était pourtant évident que le coupable était Risven Auban, hurla Dagan en abattant son poing sur la table avec une violence et une haine effroyable, ce qui renversa le verre de vin sur son pantalon.

Les veines de ses tempes saillaient, ses sourcils froncés s’étaient tellement rapprochés qu’ils se rejoignaient en un mono sourcil. Comme si de rien n’était, il prit sa serviette, s’essuya, et reprit calmement.

- Excuse-moi pour ce léger excès de colère.

Se resservant un autre verre de vin, Dagan continua :

- J’ai alors décidé de prendre des mesures radicales et c’est à ce moment qu’ils m’ont enfermé, me jugeant trop dangereux.

- Je ne savais rien de tout cela, regretta Ewin.

- Non, tu ne savais rien, répondit durement Dagan. Et devant la faiblesse de notre famille, ces pourritures en ont profité pour se tailler la plus grosse part du gâteau en anéantissant la puissance et la richesse qu’avaient accumulé nos ancêtres.

- Qu’allons-nous faire maintenant ? Osa Ewin avec retenu.

- Nous partons en guerre ! Célestia est bientôt fini et je compte bien m’en servir.

Célestia, aussi connue sous le nom du « Château dans le ciel », était une forteresse gigantesque, de la taille d’une ville moyenne, qui lévitait dans les airs. Cette arme de destruction massive égalait en puissance de feu l’ensemble du dispositif militaire dont disposait le gouvernement. La construction de ce château avait été lancée il y a maintenant plus de deux siècles par les Hoffenhelm.

Trois années plus tard, les Auban avaient décidé à leur tour de débuter la fabrication d’une arme tout aussi puissante, la cité sous-marine de Bellona. De dimension similaire, Bellona demeurait, actuellement, la seule arme pouvant rivaliser avec Célestia au niveau de la puissance et représentait une force de dissuasion contre les Hoffenhelm.

- N’oublie surtout pas ce que je vais te dire, mon garçon. C’est lorsque tu te crois en sécurité que le danger est le plus proche. N’accorde ta confiance qu’aux personnes les plus proches, ta famille ou tes amis, et méfie-toi de tous les autres.

Dagan avala en vitesse la fin de son poisson puis se leva.

- Je dois retourner travailler. Profites-en pour faire un tour de la maison, conclu-t-il avant de disparaître à l’intérieur de la maison.

*

Ewin opta donc pour une visite approfondie de la maison sur la colline. Le bois environnant qu’il avait pu remarquer à son arrivée avait attisé sa curiosité et il se promit d’aller y faire une promenade dès que l’occasion se présenterait. De toute manière, il ne devait pas être de grande taille vu la petite superficie de l’île.

Après avoir refermé la lourde porte, Ewin mit les pieds dans un hall d’entrée étriqué, qui s’ouvrait sur un vaste salon à la décoration traditionnelle. Une longue table en bois verni, assortie de chaises au dossier de paille tressée, semblait tout droit sortie d’une autre époque avec ses motifs finement sculptés, recouverts d’une fine feuille d’or. Les plaintes du plafond contenaient des motifs similaires à ceux de la table, représentant diverses espèces d’animaux. Ewin remarqua très vite l’imposante cheminée qui trônait dans l’angle au fond de la pièce. Cela devait faire une éternité qu’elle n’avait pas été ramonée si on s’en référait aux traces de suie incrustées dans son socle. À côté de celle-ci, accroché au mur d’un simple clou, un tableau, au cadre rustique, peignait la maison rose sous un coucher de soleil. L’artiste avait su dépeindre les couleurs contrastées de la maison et les reflets du soleil sur l’eau. Ce tableau amena Ewin, pendant un court instant, dans un monde au paysage irréel empreint de magie. Dans le coin inférieur droit, le jeune garçon pu apercevoir une signature travaillée suivie de deux lettres en majuscules.

- N.H lut le jeune garçon à voix haute.

« Il faudra que je me renseigne sur ce peintre » songea-t-il.

Soudain, la porte qui donnait à la cuisine s’ouvrit, et une femme rondelette apparut dans l’embrasure. Malgré les talons qu’elle portait elle n’était pas très grande. Son tablier, beaucoup trop étroit, faisait ressortir ses formes arrondies. Des cheveux frisés englobaient son petit visage à la peau délicate et aux joues rebondies. C’était une femme énergique et expressive. On devinait une forme d’intelligence à travers ses petits yeux vifs. Un grand sourire fendit son visage joufflu lorsqu’elle remarqua la présence d’Ewin.

- Tu dois être le jeune Ewin, suggéra la gouvernante. Je m’appelle Marie, c’est moi qui m’occuperai de toi pendant ton séjour sur l’île, donc si tu as le moindre problème n’hésite pas à venir me voir. Ma chambre est au premier étage, la première à gauche quand tu montes l’escalier.

- D’accord, répondit Ewin en détournant à peine les yeux du tableau, comme hypnotisé.

- Ah, je vois que toi aussi, tu es fasciné par ce tableau.

- Connaissez-vous celui qui l’a peint ? S’intéressa aussitôt le garçon.

- Non, malheureusement. Mais il était très doué. Les couleurs, elles sont magnifiques, vraiment magnifiques. Et puis les coups de pinceau, regarde comme ils sont précis.

Elle parlait avec une rapidité étonnante. Les informations affluaient de toutes parts dans une pluie de mots. Elle lui expliqua ensuite les différentes règles de la maison, tout en nettoyant le plan de travail de la cuisine et en jetant, à intervalles réguliers, des regards du coin de l’œil pour vérifier qu’Ewin restait attentif à ses consignes.

- Surtout, ne rentre pas dans le bureau de Dagan, dit-elle pour finir, en posant son éponge et en jetant un regard oblique sur Ewin. Il n’apprécie pas d’être dérangé en plein travail.

Elle avait dit ces mots avec une telle fermeté, qu’Ewin comprit que c’était la règle la plus importante. La dernière chose dont il avait envie, c’était bien de provoquer l’une des colères noires de son grand-père.

- Des questions ? Demanda Marie en dévoilant, au moyen d’un grand sourire, ses grandes dents blanches.

- Non, répondit Ewin, en s’efforçant de rendre son sourire à la gouvernante. Ah si, savez-vous où se trouve ma chambre ?

- Oh oui ! S’exclama-t-elle en posant une main sur son front. J’ai oublié le principal. J’ai pris la décision de t’installer au deuxième étage. La chambre est un peu étroite, mais tu y seras tranquille. Tu pourras utiliser la douche et les toilettes du premier étage, termina-t-elle.

- Je vais installer mes affaires dans ma chambre tout de suite alors, répondit le garçon.

Ewin monta les escaliers en colimaçon, ses longues jambes élancées lui permettaient de gravir les marches deux à deux. Il déboucha sur un couloir, d’un blanc froid et impersonnel, qui lui rappela celui de l’hôpital. Un sentiment de malaise le submergea. Dans ce couloir glacial, qui paraissait être fait de papier, se tenaient cinq portes, similaires en tout point. Des portes parfaitement lisses au touché, avec pour seul relief, une poignée de métal ordinaire. Ewin se rappela que la première porte à sa droite était celle du bureau de son grand-père et celle à sa gauche, ouvrait sur la chambre de Marie. Il décida alors de pousser la porte qui lui faisait face au bout du couloir, et accéda dans une salle aménagée en bibliothèque. Les étagères, remplies de livres poussiéreux, étaient laissées à l’abandon. Au fond, une échelle en bois permettait d’accéder à ce qui devait être le deuxième étage, ou plus exactement le grenier.

Ewin se remémora les paroles de Marie « la chambre est un peu étroite, mais tu y seras tranquille ».

- Ça, c’est sûr que personne ne viendra me déranger dans ce trou à rats, pensa-t-il à voix haute.

Ewin se fit une image mentale de la gouvernante essayant de grimper, tant bien que mal, les échelons de l’échelle, et s’extirpant de la trappe jusqu’au grenier. En s’imaginant la scène, le garçon fut pris d’un fou rire qu’il mit quelques minutes à contenir. Lorsqu’il reprit son sérieux, il se résolut à progresser vers l’échelle. Elle semblait vieille et en mauvais état. Pour se rassurer, il se persuada que si la gouvernante avait triomphé de l’échelle, il n’aurait aucun problème à le faire.

La montée se révéla lente et laborieuse. À chaque grincement, Ewin ralentissait, de peur que l’échelle ne se brise sous son poids. Arrivé au sommet, il entra vivement dans le grenier et referma la trappe.

Il se trouvait à présent dans une pièce morne et obscure. Un jeu d’ombre parcourait la pièce, telle une gigantesque toile d’araignée. Le plafond, très bas, observait une forte inclinaison, de telle sorte qu’Ewin ne pouvait se tenir debout qu’au fond de la pièce. Le lit agencé dans un angle, était minuscule, à croire qu’il avait été fabriqué sur-mesure pour un nain. De toute manière, un plus grand lit n’aurait jamais pu tenir dans cette pièce bien trop étriquée. Ewin appuya sur un interrupteur et une faible lumière jaune éclaircit la chambre. Assez pour repérer un rideau taillé dans un tissu sale et déchiré au fond de la pièce.

Pris de curiosité, Ewin allongea le bras et tira d’un coup sec sur le rideau, manquant de le déchirer en deux. Ce qu’il vit derrière, réveilla l’âme de détective qui sommeillait en lui.

*

Un capharnaüm monstrueux! Des objets, tous plus anciens les uns que les autres, s’éparpillaient et s’entassaient aux quatre coins de la pièce. Ce bazar organisé rappelait à Ewin le magasin achalandé d’Ollivan, dans lequel les clients avaient pris l’habitude de côtoyer le surplus de marchandises qui s’amassait dans le moindre petit espace disponible. Les toilettes elle-même avaient été transformées en boutique de souvenirs.

Ewin porta son attention sur une panière débordante de vêtements de tous genres. Il se prit au jeu d’essayer ceux qui paraissaient à sa taille et entra tour à tour dans la peau d’un policier de Litury, reconnaissable à son uniforme violet et noir, puis dans celle d’un cavalier avec sa cravache, accompagné de sa bombe et de son costume à queue-de-pie. Il s’amusa ensuite à lancer des sorts sous son déguisement insolite de sorcier composé d’une majestueuse cape noire à capuchon et d’une baguette de bois. Il rangea la cape dans un large sac-à-dos de randonneur et projeta d’y stocker tout ce qu’il dénicherait d’intéressant dans ce bric-à-brac.

Absorbé par les trésors que recelait la pièce, Ewin passa l’après-midi à fouiller, à ranger et à utiliser et essayer tous les objets qu’il trouvait dans ce qu’il considérait comme la caverne d’Ali Baba. Sur son lit, s’accumulait l’ensemble de ses trouvailles, qui se constituait de la fameuse cape de sorcier, un harmonica, un bloc-notes, une corde d’escalade, une loupe et enfin une boussole. Il ressentait une immense fierté d’avoir déniché autant d’objets et les disposa dans son sac qu’il referma ensuite et plaça sous son lit.

Il se cherchait une nouvelle occupation, quand il entendit la voix criarde de Marie qui l’appelait juste en dessous de la trappe.

- À table mon garçon. Et ne traîne pas sinon ça va être froid.

Ewin n’avait pas faim. Il s’était trop goinfré au déjeuner et il éprouvait une certaine réticence à laisser son sac sans surveillance. De toute façon, personne n’irait fouiller dans sa chambre, et dans le cas contraire, qui pourrait bien s’intéresser à un harmonica ou encore à une boussole. Non, il pouvait descendre l’esprit tranquille. Pourtant le grenier continua de l’obnubiler.

Dans le salon, la table avait été dressée pour deux. Jim était déjà reparti sur le continent pour des affaires de sécurité et Marie, qui s’occupait du service, mangerait plus tard dans la cuisine. Voyant qu’Ewin avait la main légère pour se servir, Dagan lui recommanda de bien manger, car il fallait qu’il reprenne des forces.

- Demain, je devrais partir tôt. Je m’absenterais une petite semaine, précisa-t-il.

- Mais… Et moi, que vais-je faire ? Protesta Ewin, d’une voix étouffée.

Remontant les deux verres jaunes qui lui faisaient office de lunettes, Dagan accorda un bref instant d’attention à son petit-fils. Il parut réfléchir. À coup sûr, cela ne faisait pas partie de ses préoccupations.

- Tu pourrais t’instruire dans la bibliothèque, suggéra-t-il. Elle est truffée de livres sur l’histoire et la politique de Vaganz. Et puis… Oui, j’allais oublier ! J’aurais un petit test à te faire passer à mon retour.

- Un test sur quoi ?

- Tu verras. Ne soit pas pressé.

Une idée germa graduellement dans l’esprit du garçon. Au début, ce n’était qu’une supposition, sans grande importance. Puis, l’idée se renforça jusqu’à obséder ses réflexions. Sur quoi son grand-père allait-il le tester ? Ewin ne voyait maintenant plus qu’une unique hypothèse ; son grand-père lui imposait ce test car il souhaitait savoir si Ewin serait d’une quelconque utilité dans la guerre menée contre les Auban.

Il tressaillit d’effroi. Sa fouille dans le grenier l’avait tellement distrait, qu’il en avait oublié les évènements récents. Et ceux-ci explosaient dans son ventre telle une bombe à retardement qui venait d’exploser. Son cœur se vida de tout sentiment et un trou béant semblait avoir pris place au centre de sa poitrine. La crainte qu’un jour le visage de ses parents se troublerait puis s’effacerait lui arracha un violent frisson qui le parcouru, comme une décharge électrique, de la tête aux pieds.

Il ressentit soudain un besoin de vengeance, qui l’envahit et prit le dessus sur la peur et la tristesse, qui le torturait jusque-là. C’était la première fois qu’il ressentait autant de haine, probablement dû au fait qu’il connaissait maintenant le nom du coupable. Sa respiration, déjà entravée par la force de ses émotions, se fit encore plus saccadée. Ewin sortit de la maison et s’allongea sur l’herbe du jardin, afin de s’offrir un bol d’air frais. Il fixa les étoiles avec intensité et fit une promesse à ses parents à travers le ciel étoilé. Leur mort ne resterait pas impunie, il y veillerait et mettrait toutes ses forces au bénéfice de la cause qu’embrassait son grand-père, celle de se venger des coupables.

Après de longues heures passées à se retourner dans l’herbe froide mais douillette, et en mettant au point d’ingénieux plans guidés par la vengeance et la haine, Ewin finit par s’endormir sous le regard attentif de la lune.

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DraikoPinpix
Posté le 07/01/2020
Des informations en plus sur ton univers, c'est intéressant :)
J'aime le fait qu'Ewin réagisse face à la mort de ses parents, surtout sur les derniers paragraphes :)
clemesgar
Posté le 11/01/2020
Content que ce chapitre t'aies plu ;) Même si je sens chez toi une petit préférence pour l'histoire d'Aeryl (je comprends totalement ) ;)
En tout cas merci pour tes commentaires, ça a été vraiment constructif pour moi et ça ne peut que m'aider à m'améliorer.
Maintenant que tu es lancée, tu n'as plus intérêt à t’arrêter en chemin ^^ j'attends tes prochains commentaires moi !
DraikoPinpix
Posté le 11/01/2020
Effectivement, l'histoire d'Aeryl me plaît plus ;)
Je suis heureuse que ça puisse t'aider :) Et oui, je serai au rendez-vous pour les prochains chapitres, ne t'inquiète pas :)

J'en ai lu pas mal (je suis arrivée au 7). Si je ne commente pas, c'est parce que je n'ai pas de remarques très intéressantes à faire pour le moment (j'aime pas tellement poster des "c'est bien, continue. Je lis la suite") ou que l'avis reste le même. Mais je commenterai pour te faire savoir ma progression, la prochaine fois.

Normalement, je continue ma lecture tout à l'heure :)
DraikoPinpix
Posté le 11/01/2020
Effectivement, l'histoire d'Aeryl me plaît plus ;)
Je suis heureuse que ça puisse t'aider :) Et oui, je serai au rendez-vous pour les prochains chapitres, ne t'inquiète pas :)

J'en ai lu pas mal (je suis arrivée au 7). Si je ne commente pas, c'est parce que je n'ai pas de remarques très intéressantes à faire pour le moment (j'aime pas tellement poster des "c'est bien, continue. Je lis la suite") ou que l'avis reste le même. Mais je commenterai pour te faire savoir ma progression, la prochaine fois.

Normalement, je continue ma lecture tout à l'heure :)
clemesgar
Posté le 16/05/2020
Salut ;)
Je ne réponds que maintenant désolé,
Oui en effet, j'ai vu tes commentaires tout au long de mon histoire ;) Et bien sur si tu n'as aucune remarque très importante ne te sens pas obligée d'en écrire une !
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