Chapitre 4 : L'intrus

La chose la plus importante pour un chasseur de primes était la discrétion. Tout chasseur se respectant se devait d'être invisible, d'avoir la capacité de se fondre dans la masse, et d'être imprévisible. Ne pas suivre ces trois préceptes, c'était risquer l'incompétence, voire la mort. C'était se soumettre à la tyrannie des grands chasseurs, qui écartaient dédaigneusement la concurrence à coup de trahison et d'argent. Et en cet instant, Orn, le Chasseur Impérial, appliquait ces trois préceptes avec une expérience et un talent dangereux. Vêtu de son armure noire, il ressemblait à un Death Trooper, l'élite des stormtroopers, connue pour sa redoutable efficacité. D'un pas léger, le chasseur passait outre les escadrons de soldats, les yeux fixés sur l'intrus capé. Il le suivait, blaster à la main, se fondant dans les murs sombres et lisses.

L'intrus marchait d'un pas rapide et assuré, s'arrêtant de temps à autre pour se cacher des passants. Encore une fois, Orn remarqua l'étrange aptitude de cet individu : malgré ses cachettes si peu discrètes, il arrivait à ne pas se faire remarquer. Jamais les soldats impériaux ne regardaient en sa direction. Le chasseur lui-même éprouvait des difficultés à garder ses yeux sur lui. Le couloir déboucha soudain sur deux voies. Le chasseur s’attendait à une quelconque hésitation de la part de l’intrus, mais celle-ci ne vint pas. Sans s’arrêter, le mystérieux personnage tourna à gauche, sachant exactement où aller. Le Twi’lek le suivit, intrigué et méfiant. Lorsque le traqué cessa sa marche déterminée un instant, Orn crut être démasqué. Activant son blaster, il le pointa silencieusement sur l’intrus, prêt à tirer. Ce dernier ne se retourna pas, mais enleva seulement sa capuche. Révélant un visage vieux et fatigué, l’homme avait de courts cheveux blancs, ainsi qu'une petite barbe bien coupée. Il regarda autour de lui, mais, pensant qu’il n’avait pas été remarqué, ne songea pas à vérifier derrière lui. Pendant ce temps, le chasseur eut tout le loisir de l’observer.

Le vieil homme était vêtu non seulement de sa cape brune, mais aussi d’une tunique blanche salie par le temps. Après un moment de sidération, Orn comprit qui était cet homme. Ces vêtements amples et blancs ne pouvaient appartenir qu’à un Chevalier Jedi. Le cœur du chasseur manqua un battement. L'incompréhension se saisit de son esprit en même temps. Les Jedi étaient censés être disparus, ils devraient ne plus être qu'une légende, un mythe pour ceux qui rêvaient de la Galaxie avant l'Empire. Cet homme était un fantôme, un simulacre de cet ancien Ordre qui avait régis sur la Galaxie d'autrefois. Il devait être mort avec ses frères. Pourtant, le voilà, qui se tenait droit, dans une Station Impériale. Le regard d'Orn glissa sur le flanc gauche de l'intrus par instinct. Un éclat argenté avait attiré son attention. Combattant les souvenirs s'imposant à lui, le chasseur reconnut aisément la poignée de l'arme mythique des Jedi. Le Twi'lek tenta vainement de contrôler la vieille haine qui bouillonnait en lui. Il devait se montrer patient s'il désirait capturer cet homme.

Soudain, le vieux chevalier se remit à avancer. Il se dirigea vers une passerelle suspendue dans le vide. Avec une grande précaution, l'individu se dirigea vers une fine ramification de la passerelle, où se trouvait un poste de contrôle. Ce dernier était composé en deux parties, la deuxième étant suspendue au plafond. Entre ces deux éléments, une lumière bleue témoignait d'un échange d'énergie. Orn suivit l'intrus, s'arrêtant au commencement du pont. Il observa avec rage le vieillard qui, à l'aide d'une manette, désactiva le réacteur. Presque aussitôt, une alarme se mit à retentir dans toute la Station. Comme deux soldats passaient en même temps, le chasseur se plaqua contre le mur et ne put voir ce que faisait l'individu.

"Sais-tu ce qu'il se passe ?" demanda l'un des soldats.

"Sans doute un autre exercice…," répondit l'autre.

Le Twi'lek leva les yeux au ciel. Décidément, les stormtroopers n'étaient pas des êtres très intelligents. Il se força à attendre patiemment malgré ses émotions explosives. Un bruit étrange attira les soldats dans sa direction. D'abord pris au dépourvu par ce son d'origine inconnue, Orn se cacha mieux, profitant de l'ombre d'un pilier pour se rendre invisible. Les stormtroopers se dirigèrent vers le bruit, laissant le passage libre. Après quelques secondes, le chasseur reporta son attention sur l'ancien chevalier, qui avait déjà quitté la passerelle.

S'engouffrant dans un nouveau couloir, l’intrus semblait sur le qui-vive, ressentant visiblement un danger proche. Il remit sa capuche et se dirigea vers un cul-de-sac, qui était en réalité une porte coulissante prenant tout le mur, mais elle était fermée, laissant donc le vieil homme pris au piège. Souriant dangereusement, le chasseur cessa sa traque et se révéla à l'intrus. Ce dernier se tourna vivement vers lui, puis s'empara calmement de son arme dont la lame n'était pas encore activée. Il regarda Orn droit dans les yeux, méfiant mais intrigué par cette personne casquée. Lui-même fut sujet à des vagues de souvenirs en voyant ce casque, issu d'un clone du cinq-cent-unième Bataillon. Le vieillard ne dit rien, contemplant simplement celui qui écumait de haine.

"Je crois que le Seigneur Vador va être heureux de te voir, Chevalier," cracha ce dernier, plein de rage.

D'un geste expert, il pointa son blaster sur l'intrus et pencha la tête, calculant du regard le Jedi.

"Je ne vais pas te combattre," répondit simplement le vieil homme d'un ton doux, presque paternel.

S'apprêtant à répliquer, Orn retint sa langue lorsque la porte derrière son ennemi s'ouvrit. Ce dernier ne se retourna pas, conscient du danger incarné par le chasseur, dont la haine frappait le Jedi de plein fouet. L'ouverture bruyante et lente révéla doucement le Seigneur Sith Vador, vêtu de noir. Dans sa main droite se trouvait son sabre-laser noir, tenu par une main ferme et implacable. Sa respiration résonnait dans le couloir silencieux, devenant omniprésente. Il s'avança d'un pas lourd. D'un geste sec, Vador activa son arme. La lame rouge apparut progressivement, éclairant le bras droit de l’Empereur. Orn n'avait rien vu d'aussi effrayant et menaçant. Le vieillard ne s'était toujours pas retourné. Prenant une grande inspiration, il ferma les yeux. Une larme coula le long de sa joue pour se perdre dans sa barbe blanche. Il saisit son arme de ses deux mains, comme s'il priait.

Une lame de couleur bleue surgit de la poignée grise. Orn ne savait pas où se mettre face à ces deux guerriers antiques. Malgré tout, il voulait absolument en découdre avec le chevalier. Alors qu'il s'avança vers l'intrus, son poignard prêt à être dégainé, le chasseur ressentit une force le repousser, l’éloignant avec fermeté du Jedi. Instinctivement, Orn tourna la tête vers Vador. Ce dernier, droit comme un piquet, avait la main tendue vers Twi'lek.

"Ce combat n'est pas le vôtre, Chasseur," dit-il avec une pointe de colère, sans cesser de fixer l’intrus.

À ces mots, le vieillard se retourna, affrontant celui qui, il y a longtemps, avait été son frère. En même temps, le Twi'lek baissa son arme, obéissant. Bien qu'il rêvât d'être celui qui tuerait le Jedi, Orn ne voulait pas mourir en tenant tête au Seigneur Sith. Il recula doucement, restant prêt à intervenir.

"Je t'attendais, Obi-Wan," reprit Dark Vador. "À nouveau, nos chemins se croisent… la boucle est donc bouclée."

Tel un prédateur, il se mouvait avec prestance, sûr de lui. Décrivant un cercle, il marcha vers son opposant, qui restait quant à lui immobile.

"Quand nous nous sommes quittés, je n'étais que l'élève… mais maintenant, je suis le maître," continua-t-il d'une voix posée et assurée.

Obi-Wan brandit son arme, prêt à se défendre malgré la tristesse qui l’enveloppait.

"Seulement un maître du Mal, Vador," répondit-il sombrement.

À cela, le concerné leva son épée ignifugée et l'abattit violemment sur son ennemi. Ce dernier para l'attaque, déviant le coup sur le mur. La lame s'enfonça dans celui-ci, perçant la matière sans aucun mal. Rattrapant le coup, Vador continua à abaisser son arme, toujours avec des mouvements brusques et violents. Son intention était claire : tuer. Obi-Wan, lui, était aux antipodes de son attaquant. Jamais il n’était le premier à frapper, se contentant seulement de se défendre contre la pluie de coups qu’il recevait. Soudain, les deux sabre-lasers se croisèrent, et les combattants se dévisagèrent, faisant jouer de leur force. Sans difficulté, le Seigneur Sith prit l’ascendant. Il baissa lentement l'arme de son ennemi. Ce dernier, se sentant en difficulté, retira son épée pour attaquer Vador pour la première fois. D'un mouvement en arrière rapide, il s'éloigna de son opposant, qui s'était protégé sans aucune difficulté. Orn restait immobile, captivé par ce combat d'une beauté sans nom.

Les couleurs des lames bougeaient au rythme des coups, se mélangeant puis se séparant. Elles devenaient troubles, puis d'un coup, elles étaient nettes. Le rouge contrastait avec le bleu, pas seulement en couleur mais aussi en action. Agressif, violent et brutal, le sabre-laser du Sith tentait à chaque mouvement d'arracher le Jedi à la vie. La lame bleue, quant à elle, barrait toutes les frappes de Vador, empêchant le coup fatal d'atteindre son propriétaire. Ses rares attaques ne se faisaient que si Obi-Wan n'avait d'autre choix. Les lumières dansaient dans cette valse mortelle de deux frères ennemis. L'un était le pilier d'un Ordre disparu, l'autre celui d'un Empire tout puissant. Et ce spectacle morbide était magnifique. La peur qui serrait le cœur du chasseur n'était pas aussi grande que la fascination qu'il éprouvait. Ses jambes ne voulaient pas bouger, ses yeux ne pouvaient se détacher des lames brillantes.

Soudain, l'éclairage du couloir se coupa. Dans son combat incessant, Vador avait cassé l'alimentation, dans un énième coup dévié par le Jedi. Seuls les sabre-lasers éclairaient désormais la salle. Quasiment invisible, le bras droit de l’Empereur faisait reculer son ennemi, qui se retrouva acculé contre un mur. Sans crier gare, Dark Vador lança son arme, qui tourna comme un boomerang vers Obi-Wan. Ce dernier se baissa d'un coup pour éviter l'épée qui se planta dans le mur. Le Seigneur Sith s'avança vers lui en tendant la main avant de la fermer, ramenant son arme à lui. Son sabre bougea dans le mur, avant de voler vers lui, comme attiré par un bras invisible. Vador l'attrapa au vol avec aisance. Pendant ce temps, Obi-Wan, qui avait désactivé son sabre-laser, se releva et se dirigea vers un autre couloir, marchant rapidement.

Orn se décida enfin à agir. Il courut vers son ancienne proie pour tenter de l'arrêter. Prenant son blaster, le chasseur tira volontairement à côté de sa tête. Le tir frôla la joue du Jedi qui se retourna, surpris. Le Twi'lek remarqua une porte à sa gauche, qui pouvait servir d'issue de secours pour le vieillard. D'un geste vainqueur, il visa le module de commande, condamnant ainsi la porte. À sa droite, une plate-forme était envahie par des stormtroopers qui mirent tous en joue Obi-Wan. Il était coincé, n'ayant d'autre choix que de vaincre Vador. Ce dernier marchait lentement vers lui, son sabre-laser éclairant son passage. Un sentiment de puissance s'imposa en Orn, qui sentait le Seigneur Sith derrière lui. Sa haine était revenue, comptant sur Dark Vador pour tuer le dernier Jedi. Il fit un pas de côté, et le Sith s'arrêta à son niveau. Pour quiconque, cette scène était effrayante. L'homme le plus craint de la Galaxie se tenait aux côtés du meilleur chasseur de primes, qui avait détrôné Boba Fett. Tous deux vêtus de noir, leur visage caché derrière des casques reconnaissables. Le rouge du sabre-laser dansait sur eux deux, et leurs vêtements étaient comme tachés de sang. Le vieillard les regardait tour à tour, ne sachant lequel allait le combattre. Doucement, il activa son arme dans un geste discret. Obi-Wan ne disait rien et était calme, attendant que quelqu'un agisse en premier.

D'un accord tacite avec Vador, Orn rejoignit les stormtroopers. À l'instant où il bougea, le bras droit de l’Empereur fondit sur son ennemi. Ce dernier étendit son bras devant lui, la main ouverte. Le Sith fut poussé par une force invisible qui le fit reculer. Tenant son sabre-laser de ses deux mains, il baissa la tête et lutta contre cette force. Sa cape se mouvait en même temps que lui, couvrant ses côtes. Vador n'avait reculé que de quelques mètres à peine, provoquant une moue de surprise chez le Jedi. Le Seigneur Sith se redressa d'un air impérial.

"Tu es devenu faible, vieillard," moqua ce dernier, s'avançant de nouveau vers Obi-Wan.

"Si tu me tues, mes pouvoirs dépasseront ton imagination," répondit le concerné d’un ton ferme.

Bien que cette phrase semblât être infondée, le vieil homme avait dit ça avec conviction. Son ennemi brandit son sabre-laser et l'abaissa lourdement sur lui. Encore une fois, le Jedi para le coup, mais plus difficilement que les autres fois. Malgré son expérience, son âge avancé l'empêchait d'être aussi endurant qu'avant. Il souffla bruyamment, se dérobant à une autre attaque brusque. Toujours sur la défensive, Obi-Wan se mit hors de la portée de son adversaire. Vador continua de s'avancer, sûr de sa victoire imminente contre le Jedi fatigué. Ce dernier regarda un instant derrière les stormtroopers, avant de fermer les yeux. Il prit son arme dans les deux mains et le tint droit. Sa garde était totalement baissée. Prenant ce geste pour une renonciation à la vie, le Seigneur Sith brandit son sabre-laser et, d'un coup sec et brutal, transperça son ennemi.

À l'instant où la lame toucha Obi-Wan, un cri retentit derrière Orn. Tous se retournèrent en un mouvement, et le chasseur aperçut trois personnes sur la plate-forme, qui n'appartenaient pas au personnel de la Station. Sans difficulté, le Twi'lek reconnut la princesse, qui avait été libérée par un jeune garçon brun vêtu d'un habit blanc presque grisâtre, et un autre homme, plus âgé, qui lui semblait familier. Sans attendre, Orn leur tira dessus. Il toucha le plus grand des trois à l'épaule et évita facilement les tirs du jeune intrus. Ce dernier visa un poste de commandes, ayant pour effet de fermer la porte reliant le couloir à la plate-forme. Le chasseur eut juste le temps de les voir se réfugier dans un grand vaisseau gris, puis la porte se referma sur lui. Les soldats étaient de l'autre côté, et Orn se retrouva donc seul avec Dark Vador. Ce dernier était agité, regardant autour de lui comme s'il cherchait quelque chose, la respiration sifflante. Le chasseur se tourna vers le corps d'Obi-Wan, ou plutôt vers ses vêtements. Orn s'approcha, ne voyant aucune masse donnant forme à la cape du vaincu. Comme si le corps du vieillard s'était volatilisé. Confus et dans l’incompréhension la plus totale, le Twi’lek se tourna vers Vador, cherchant une réponse.

"Kenobi…," murmura le Seigneur Sith.

Ce dernier était troublé, ressentant dans l'air la présence de celui qui avait été son maître. Le chasseur, lui, ne ressentait cependant rien de tout cela. Il se contentait de fixer les vêtements du Jedi et le bras droit de l’Empereur tour à tour, ne comprenant rien. Mille questions se bousculaient en lui, mais une satisfaction demeurait malgré tout. Le chevalier était mort, et avait rejoint ses semblables dans l'après-vie. En cela, tout était bien. Sa haine encore présente se calma, rassasiée par le sang versé. Orn détacha à nouveau son regard des habits pour le poser sur le bras droit de l’Empereur, qui avait désactivé son arme.

"Voulez-vous que je traque les intrus, Seigneur Vador ?" questionna-t-il, repensant à son vaisseau.

"Inutile. Nous avons tout prévu," lui répondit le concerné de sa voix dure.

Une fois ces mots prononcés, il tourna les talons, soulevant sa cape avec le mouvement, et se dirigea vers un autre couloir d'un pas hâtif. Maintenant seul, le chasseur rangea son arme, ajusta sa capuche, et emprunta le même chemin que Vador. Encore une fois, il était perdu dans la grande Station Orbitale. Il soupira, et avança, espérant trouver une âme charitable pour le guider. Le Twi'lek erra dans les différents couloirs, tentant de reconnaître le trajet qu'il avait pris en traquant le Jedi. Il lui semblait reconnaître la passerelle quand un des ingénieurs s’occupant du Vautour arriva. C’était le plus âgé des deux, celui qui ne se laissait pas impressionner par les chasseurs de primes et au contraire les haïssait.

"Votre vaisseau est réparé, Chasseur," lui informa l’ingénieur.

Ce dernier se mit à marcher à ses côtés pour le guider, tandis que Orn se contenta de hocher la tête, ravi de cette nouvelle.

"J’espère que vous ne l’avez pas abîmé…," commenta le chasseur.

À cela, l’homme pinça ses lèvres, le visage renfrogné par la remarque. Ils s’engouffrèrent dans un nouveau couloir lorsqu’il s’apprêta à répondre.

"Rares sont ceux qui doutent des mécaniciens Impériaux… Et vous me sembliez plutôt satisfait, tout à l’heure. Vous n’aviez rien à nous redire, ce qui n’est d’ailleurs pas étonnant.

— Beaucoup de choses peuvent changer en peu de temps," répliqua le concerné d’un ton froid.

L’ingénieur tourna sa tête vers lui, les sourcils froncés. Il n’appréciait pas les mercenaires hautains qui se croyaient tout permis.

"Vous avez raison… J’imagine que Fett vous a appris cela," dit-il, souriant de manière sournoise.

 

Orn s’arrêta net. Son pied crissa sur le sol noir et lisse de la Station. Une moue haineuse sur le visage, il mit sa main autour du cou du mécanicien et le plaqua au mur avec une force décuplée par la colère. L’agressé grogna sous l’effet de la surprise, le souffle coupé. Serrant sa main pour amorcer un étranglement, le chasseur approcha sa tête de celle de l’ingénieur. Ce dernier tenta vainement de se dégager de la poigne du Twi’lek, mais arrêta lorsqu’il se rendit compte que la main se refermait de plus en plus à chacun de ses mouvements désespérés.

"Je vous conseille de réfléchir avant de parler, ingénieur. N’oubliez pas à qui vous vous adressez…," siffla le chasseur, hors de lui.

L’ingénieur plaça ses mains sur le bras le retenant, et grimaçait de douleur. Il essaye de parler, sans succès. Satisfait de son effet, Orn le lâcha. L’étranglé tomba et leva la tête en direction de son agresseur, prenant une grande inspiration. Son expression de peur délecta le chasseur, qui le regardait de haut. Ce dernier croisa les bras et pencha la tête sur le côté, l’air vainqueur. Jetant un œil aux environs, il reconnut le chemin vers son vaisseau.

"Ce fut un plaisir de vous avoir parlé. En espérant vous revoir…," fit-il en laissant l’ingénieur par terre.

Orn se dirigea vers sa plate-forme, tout sourire. Il s’approcha du Vautour Couronné puis l’inspecta, vérifiant chaque recoin, à la recherche d’égratignures ou de défauts. N’en trouvant aucun, il tapota le Vautour, heureux de le voir en bon état. Son canon cassé était maintenant flambant neuf, et le vaisseau ne semblait pas avoir survécu à un tir destructeur de planète. Son inspection finie, il s’assura que le rayon tracteur allait être désactivé, avant de rejoindre Twik à l’intérieur.

"Tu en a mis, du temps," l’accueillit ce dernier.

"J’étais occupé à remettre à sa place un ingénieur.

— Si tu as encore tué quelqu’un, Vador va te le faire regretter…

— Rassures-toi, il est bien en vie. Je l’ai juste secoué," répondit Orn.

"Je n’ai pas besoin d’être rassuré. Au contraire, je suis déçu. J’aurais bien aimé te voir face à un Vador en colère…"

À ces mots, le chasseur fit une grimace d’appréhension.

"Content de savoir que tu souhaites ma mort…," grommela-t-il.

Enlevant son casque, le Twi’lek s'assit sur son siège et arracha son bandage. Il demanda au droïde un autre pansement. Après un soupir et un commentaire que Orn ne put entendre, le robot lui tendit une compresse propre. Le blessé couvrit une nouvelle fois sa plaie après l’avoir désinfecté. Ayant déjà eu une infection, le chasseur prenait grand soin de ses blessures, ne voulant pas revivre une période de souffrance et pleine de sang. Il se pencha sur le poste de commandes, regardant s’il avait reçu des messages. Sans surprise, personne ne l’avait contacté, et encore moins Erik. Ce dernier était très probablement mort dans l’explosion.

Orn soupira. Aucune mission ne lui a été assignée, il n’avait donc rien à faire. Prenant en considération l’argent qu’il avait gagné, le Twi’lek songea à la belle Nasha. Retourner à la Cantina lui semblait une bonne idée, en plus de lui offrir le divertissement dont il avait grand besoin après l’explosion d'Alderaan. De plus, le bar de Mos Espa recelait de mercenaires venant de tous les coins de la Galaxie. Les informations censées être secrètes y pullulaient donc, signifiant que le chasseur avait une chance de se renseigner au sujet des Chevaliers Jedi. Le guerrier tué par le Seigneur Sith n’était probablement pas le seul à avoir survécu au règne de l’Empire. S’il y en avait d’autres, Orn se ferait une joie de tous les traquer jusqu’au dernier.

"Twik, prépare-toi. Nous allons à Tatooine," prévint-il.

"Encore ? Pourquoi veux-tu retourner dans le trou paumé de la Galaxie ?

— Parce qu'ils ont des informations et de l'alcool.

— Et aussi parce qu'ils ont Nasha, j'imagine…," rétorqua le droïde d'un ton ennuyé.

Le chasseur leva les yeux au ciel avant d'entrer les coordonnées de la planète-désert.

"C'est une amie, rien d'autre. Et tu le sais.

— C'est sûr qu'à ta place, je n'aurais pas d'autre aventure avec quelqu'un…"

Le concerné accusa le coup. Il serra les dents avant de se tourner calmement et lentement vers son acolyte en ferraille.

"Encore un autre mot sur lui et je t'assure que je vais te vendre à des Jawas pour qu'ils te réduisent en tas de feraille," menaça-t-il.

Le droïde s'excusa à voix basse avant de s'asseoir aux côtés de son co-pilote, concédant avoir été trop loin. S'emparant des commandes, Orn vérifia que le rayon tracteur soit désactivé avant de démarrer le vaisseau. Une petite secousse les brusqua, puis le vrombissement particulier du Vautour se fit entendre. Le chasseur s'empara des manettes de commande, puis dirigea le vaisseau hors de la Station Orbitale. Ils contournèrent le champ d'astéroïdes provoqué par l'explosion de la planète royale. Ne pouvant s'en empêcher, Orn observa les débris. Au milieu des morceaux d'Alderaan qui flottaient dans l'espace, des carcasses de vaisseaux se mélangeaient à la danse effrénée des déchets, poussées par la gravité. Le Twi'lek crut reconnaître un instant l'engin de Morrh, un large vaisseau bleu. Sans émotion, il détourna le regard et demanda à son acolyte d'effectuer les calculs pour enclencher la vitesse-lumière. Seuls dans le vaste espace, l'ombre de la Station pesait derrière les deux mercenaires. Il semblait que, partout où elle se trouvait, une catastrophe avait frappé les vies environnantes. Symbole d'un pouvoir interdit, la lune impériale pouvait détruire tous ceux qui oseraient défier l'Empire.

 

Ravis de fausser compagnie à cette Station, Orn et Twik activèrent ensemble le saut en hyperespace, direction Tatooine, la planète-désert qui échappait inlassablement à l'intérêt de l'Empereur. Le chasseur espérait seulement que la pseudo-lune ne le suivrait pas une deuxième fois.

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SinnaraAstaroth
Posté le 16/05/2024
Alors, je suis assez surprise de la tournure que les choses ont prises. x) Du coup c'était pas la princesse, c'est notre cher Bibi ! (Obiwan Kenobi)

Toujours aussi curieuse de savoir pourquoi Orn a la haine contre les Jedi, mais faut se calmer quand même un peu. x) Trop de haine, trop de rage, trop de violence. Faut prendre un petit jus de Jawa-truc et on se détend !

Cela dit, je me demande comment va se dérouler sa traque des Jedi et s'il va être amené à faire des découvertes qui vont lui faire changer d'avis ou s'il va renoncer à son désir de vengeance.

Je trouve Orn aussi très émotif et pas toujours très réfléchi, c'est pas un reproche au personnage, juste un constat, ça le rend intéressant, mais du coup un coup il est traumatisé par la destruction d'Alderaan et horrifié par la puissance de l'Empire, et de l'autre il se sent pousser des ailes juste parce qu'il a combattu quelques minutes aux côtés de Dark Vador, et il semble oublier que quelques heures plus tard il n'était qu'un larbin sacrifiable à ses yeux. Après je peux comprendre que vu le charisme écrasant de Vador, t'es content de l'avoir de ton côté, mais bon la peur et la menace est aussi très présente.

Hâte de suivre les déboires de Orn et de découvrir son évolution au fil de l'histoire !
Solaq G.
Posté le 17/05/2024
Ah, ça, Orn est très, très émotif. Ses émotions sont son principal moteur d'action. Bon, après, il a une petite histoire avec les Jedi (spoilers !) et taper du Jedi lui remonte le moral ahah
En tout cas, j'espère que la suite te plaira !
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