Si la vitesse-lumière permettait de voyager de systèmes en systèmes rapidement, les trajets pouvaient s’avérer longs et fatigants. C’est pourquoi Orn dormait profondément sur son siège, profitant des trois jours en vaisseau imposés par la longue distance entre Tatooine et Alderaan pour enfin se reposer. Ronflant sans retenue, le Twi’lek n’avait plus rien du menaçant et cruel chasseur de primes. Il était indifférent à l’inconfort du siège en cuir, et soupirait de contentement. Twik, assis à côté, surveillait le Vautour Couronné et s’assurait du bon déroulement du vol. Avec ce qu’il s’était passé sur la planète des philosophes, il y avait fort à parier que Tatooine était agitée. Voyant qu’ils s’approchaient de la planète-désert, le robot sortit le vaisseau de l’hyperespace et enclencha une vitesse normale. Il s’empara ensuite des manettes et guida le Vautour vers un lieu discret.
"Hé, le fainéant ! Réveille-toi, on est arrivé," s’exclama Twik en tapant Orn sur l’épaule.
Ce dernier grogna de frustration, voulant dormir plus longtemps. Il bailla bruyamment et s’étira, étendant ses bras aussi loin que le vaisseau le lui permettait.
"La faiblesse des êtres organiques me surprendra toujours," commenta le robot.
Orn lui jeta un regard noir.
"Tu peux parler ! Si je n'étais pas là pour te donner de l'huile, tu serais rouillé depuis longtemps," rétorqua-t-il.
Ne trouvant rien à répondre, Twik fit tourner le vaisseau d'un coup, faisant tomber le chasseur de son siège. Avant que ce dernier puisse protester, le robot posa le Vautour sur la planète d’un geste expert. Cette manœuvre malmena encore plus le Twi’lek, qui perdit son équilibre à nouveau. Lorsque le vaisseau devint immobile, il se remit debout, regardant d’un air mauvais son compère.
"Si je meurs, ce sera ta faute," grommela-t-il.
"Je peux vivre avec ça sans aucun problème."
Orn se pinça le nez, à la fois désespéré et fatigué. Il prit son casque noir, le mit sur lui, puis remonta sa capuche, cachant ses excroissances typiques de son espèce. Le chasseur s’empara également de ses armes, une sécurité nécessaire pour quiconque se rendant dans une Cantina. Se préparant à sortir, il se tourna vers Twik.
"Garde bien le Vautour, d’accord ? Préviens-moi s’il y a quoi que ce soit.
— Ça fait dix-neuf ans que je travaille pour toi. J’ai l’habitude," répondit ce dernier d’un ton las.
Levant les yeux au ciel, Orn ouvrit la porte du vaisseau et sauta sur le sol de Tatooine. Du sable se souleva à l’impact, seul mouvement du vaste désert. Les gorges où le chasseur avait atterri étaient silencieuses, se dressant de toute leur hauteur, et aucun vent ne soufflait pour réveiller les grains sableux ornant la terre. Comme toujours sur cette planète, le jaune était l’unique couleur visible, bien que des teintes de rouge se faisaient voir de temps à autre. Le chasseur avança, sortant de la prison naturelle formée par les montagnes rocheuses. Il aperçut les deux soleils de Tatooine, leur éclat diminué par les poussières dans l’air. Il marcha un certain temps avant de localiser Mos Espa, une petite ville contrôlée par les Hutts. Le chasseur se dirigea vers un établissement situé non loin, la Cantina de Taar-Y. Le bâtiment blanc n’était pas grand, et la rondeur du toit était brisée par des tourelles, elles aussi blanches, qui servaient aux communications. Les murs étaient salis par le sable, et de nombreux impacts de balles, marques des habituelles rixes entre mercenaires. Il n’y avait pas de porte, mais seulement un rideau jaunâtre, sale également, abîmé de partout.
Emportant du sable avec lui, le chasseur de primes entra dans la Cantina, dont l’intérieur, tout aussi crasseux que l’extérieur, était rempli de monde. Çà et là, des tables et des chaises étaient utilisées, et une grande estrade servait aux charmantes chanteuses qui remplissaient la salle de leurs voix harmonieuses et entraînantes. À côté d’elles, des musiciens jouaient joyeusement de leurs instruments. Orn aperçut Nasha, parlant avec son employeur, Taar-Y. Ces deux-là étaient au comptoir rond, situé au milieu du bar. On apercevait, au-dessus de Nasha, la porte des chambres d'hôtes. La Twi'lek à la peau violette, écoutant Taar-Y, jeta un regard furtif au chasseur avant de remettre son attention sur le gérant. Elle fronçait les sourcils à ses paroles, comme si elle n'était pas d'accord.
Le chasseur s'était assis à sa place habituelle, près des chanteuses. Pour ne pas être embêté, il sortit son blaster et le posa sur sa table, sa main placée non loin. Orn écoutait avec attention les conversations autour, à la recherche d'informations. Beaucoup parlaient de la disparition d'Alderaan, mais personne ne semblait savoir quelque chose sur les Jedi. Le Twi'lek soupira et s'adossa contre le dossier de son siège. Il avait pensé pouvoir mieux comprendre la présence du Chevalier dans la Station Impériale en venant ici, mais il s'était visiblement trompé. Jetant un œil aux boissons sur le comptoir, Orn hésita à prendre un verre. Finalement, il se ravisa : il viendra plus tard dans la Cantina, sans son casque, pour pouvoir boire tranquillement. Derrière lui, Nasha tapa un coup sur sa tête pour le prévenir de son arrivée. Le chasseur grogna puis rigola, content de retrouver son amie.
"Tiens, tu es déjà de retour ? C'est rare que tu viennes si tôt ! Enfin… je ne plains pas," fit la jeune femme avec son entrain habituel.
"Disons que certains événements m'ont rappelé à quel point j'aimais l'alcool," répondit le Twi'lek d'un ton léger.
La mine jusqu'alors illuminée de Nasha s'assombrit, et ses yeux verts perdirent leur éclat.
"Alderaan, c'est ça ?" souffla-t-elle tristement.
Orn acquiesça de la tête, ne voulant pas dire plus que nécessaire. Son statut, en tant que Chasseur Impérial, le mettait en mauvaise posture ici ; tout en lui conférant une protection plus poussée que les autres chasseurs de primes.
"C'est… Je n'arrive pas à croire que l'Empire puisse faire ça. J'espère que les Rebelles réussiront à détruire cet engin.
— N'oublie pas à qui tu parles, Nasha," gronda-t-il, regardant autour d'eux.
La concernée leva un sourcil en signe de défiance. Elle avait toujours voulu rejoindre la Rébellion, mais en tant que propriété de Taar-Y, elle ne le pouvait pas. Orn le savait, tout comme Nasha, qui courrait un grand risque en parlant haut et fort de ses idées révolutionnaires. Malgré tout, la Twi’lek, hors d'elle, continuait à parler.
"Je n'arrive pas à croire que tu cautionnes cela. Sais-tu combien de personnes vivaient à Alderaan ?
— Plus de deux milliards. La situation est plus complexe qu'elle n'y paraît," répondit-il, blessé par cette accusation.
La femme soupira et s’assit sur une chaise à côté. Elle faisait face à Orn, son regard perçant planté dans le sien.
"Ne me regarde pas comme ça," fit le chasseur. "Ce n'est pas ma faute. J'ai failli mourir sur cette planète."
Nasha leva les yeux au ciel, mais accepta de changer de sujet, sachant pertinemment qu'elle ne pouvait rien faire. Avec professionnalisme, elle mit son sourire le plus espiègle sur son visage.
"Comme tu n'as pas l'air de travailler…tu n'as plus aucune excuse pour m'échapper.
— Nash'Amersu, ma réponse reste toujours la même.
— Tu ne sais pas ce que tu rates.
— Encore heureux !" s'exclama le chasseur.
À cela, les yeux de Nasha s'arrondirent, et son expression devint outrée. Elle frappa Orn à l'épaule, le faisant rire.
"Tu viens de perdre mon amitié, chasseur," cracha-t-elle sur le ton de la rigolade.
Le concerné mit sa main sur son torse, faussement blessé.
"Tu ne peux pas jeter des années de vie commune comme ça !
— Si ! La preuve, je viens de le faire. Mais je peux te pardonner, à une condition…
Le chasseur soupira, amusé. Il craignait de comprendre où la Twi'lek voulait en venir.
"Nasha…
— Pas de ‘Nasha’ qui tienne ! Allez, viens avec moi."
Sur ce, elle se leva de sa chaise, prit Orn par la main et le tira hors de son siège. Ce dernier, bien qu'il se laissât faire, devait bien admettre que Nasha avait de la force. Tiré par la jeune femme, il la suivit, sa main toujours dans la sienne. Des mercenaires tapotèrent le chasseur au dos ou aux épaules en signe de félicitations, et des rires, ainsi que des sifflements, fusèrent au passage des Twi'leks. Orn posa sa main libre sur son front. Sa réputation venait de prendre une dimension nouvelle, et cela ne lui plaisait pas. Il sentait qu'il allait entendre parler de cette scène lors de sa prochaine mission. C'était même fort probable que toute la Galaxie en aurait connaissance dès le lendemain. Nasha n'avait pas l'air de s'en soucier, baladant d'un air ravi son chasseur préféré. Elle ouvrit la porte au fond de la Cantina, et un couloir se révéla.
De chaque côté de l'allée, des rideaux cachaient des petites salles dont l'intérieur comportait un lit et une chaise. D'autres Twi'leks, toutes dans la même situation que Nasha, se baladaient, entrant et sortant tour à tour. Au fond du couloir, des employés étaient assis autour d'une table basse placée contre un mur. Des hommes à la peau bleue, des Pantoriens, jouaient au Sabacc, un jeu de cartes, avec quelques Twi'leks pendant leur temps libre. Tous étaient des esclaves travaillant pour Taar-Y. Les femmes Twi'leks étaient souvent vendues pour leur beauté par leur propre clan, tandis que les hommes Pantoriens étaient réputés pour être d'une beauté inégalable. Orn laissa son regard s'attarder sur un Pantorien. Il devait qu’il faisait honneur à la splendeur légendaire de son espèce. Son observation minutieuse et presque rêveuse fut interrompue par Nasha, qui le poussa sans cérémonie dans une des chambres.
Le chasseur soupira avant de se prendre le rideau en plein visage. Il râla puis se libéra du tissu. La Twi'lek, quant à elle, se plaça devant Orn, une expression indescriptible au visage.
"Je t'ai suivie, ai-je maintenant ton pardon ?" demanda le mercenaire, souriant à moitié sous son casque.
"En réalité, j'avais besoin d'un prétexte pour te parler en privé," lui répondit-elle, la mine soudain sérieuse.
Orn fronça les sourcils et croisa les bras. D'un mouvement de la tête, il lui fit signe de continuer.
"Taar-Y n'a pas aimé ce que tu as fait la dernière fois que tu es venu ici. Tu as mis un sacré bazar avec la capture de Rusk.
— Je ne suis pas le seul à faire ça pourtant.
— Non, c'est vrai. Mais tu es le seul à avoir un titre aussi détestable."
Orn baissa la tête. Sa main se serra de rage. Il savait que sa position était délicate, malgré la protection fragile offerte par l'Empire. Le chasseur marchait sur un fil extrêmement fin, et le moindre faux-pas pouvait le précipiter vers sa mort. Sa dernière erreur avait bien failli lui coûter la vie, il s’en rappelait très bien. Il ne pouvait pas se permettre de faire une nouveau faux-pas.
"Taar-Y est donc prêt à avoir des rétributions de la part de l'Empereur ?
— Non. Mais il est prêt à te forcer à montrer ton visage," lâcha-t-elle.
Le cœur du Twi'lek manqua un battement. L'espace d'un instant, son cerveau se stoppa, il ne ressentait plus rien, ne pensait plus. Puis il remit en marche, et la peur se mélangea à la colère. Son silence incita la femme à expliquer.
"Il m'avait demandé de t'enlever ton casque. Il s'était dit que, puisque nous sommes proches, ça serait simple pour moi de te le retirer devant tout le monde.
— Et, à la place, tu as décidé de lui désobéir pour me le dire ?" demanda Orn, méfiant et dubitatif.
Nasha hocha la tête avec sincérité et tristesse. Elle savait parfaitement ce qui l’attendait si Taar-Y apprenait ce qu’elle était en train de faire, mais la jeune Twi’lek savait que ses collègues la soutiendraient.
"Tu es la seule personne avec qui je suis réellement proche, la seule qui me voit comme un être vivant et non un objet," expliqua-t-elle en baissant la tête, sa main serrant son bras. "Je ne veux pas te faire ce qu’il t'a fait."
Orn rit sèchement à son évocation. Sa bouche fit un rictus haineux et triste, et il secoua doucement la tête. Il ne croyait pas un mot de la Twi'lek.
"Il n'a pas réussi, tu sais. Et je ne te crois pas. Tu n'es pas gagnante en faisant cela. Taar-Y n'est pas clément avec ceux qui lui désobéissent, et tu le sais. Au contraire, tu gagnerais gros si tu avais suivi ses ordres, s'il t’a véritablement donné ces instructions…," réfléchit le chasseur à voix haute. "Tu pourrais très bien me dire cela pour que je te crois et en profiter pour en découvrir plus sur mon identité. Peut-être même que tu comptes m'enlever mon casque, si je baisse ma garde avec ton histoire.
— Tu pars très loin, Orn. Je risque gros, tu l'as dit. Mais si je t'enlève ton casque, je risque de m'attirer ta colère, et tu es mon ami, je ne peux pas te faire cela. Je… je n'attends rien de tout ça. Je te préviens, c'est tout," dit Nasha, l'air désolé.
Le concerné soupira. D'un côté, il avait confiance en Nasha ; de l'autre, ce pouvait être un stratagème élaboré pour provoquer sa chute. Cette dernière théorie était la plus probable : les chasseurs de primes, les contrebandiers et les Rebelles profiteraient de la fin du règne du Chasseur Impérial. Cela, Orn en avait conscience. La logique dictait au Twi'lek de partir de la Cantina le plus rapidement possible, et de ne jamais revenir en ces lieux. Pourtant, son instinct lui intimait le contraire. Il regarda Nash'Amersu, qui le fixait en retour. Elle ne savait pas ce que le chasseur allait faire, mais elle était en paix avec elle-même. La femme avait fait ce qui, pour elle, était juste. Malgré tout, une peur subsistait en elle : Nasha avait beau connaître Orn, elle savait pertinemment que le chasseur n'hésiterait pas à la tuer s'il estimait cela nécessaire, bien qu’il n’en tirerait aucun plaisir.
"Qu'est-ce qu'il y a, derrière ce mur ?" demanda ce dernier, désignant d'un signe de la tête le mur derrière Nasha.
La jeune femme fut surprise par cette question soudaine et étrange. Elle se tourna vers le mur et réfléchit un instant, s'assurant de ne pas se tromper.
"Rien. Il donne sur une rue de Mos Espa. Pourquoi ?"
Orn soupira encore, regrettant déjà sa décision. Il s'approcha du mur et tapa doucement dessus pour déterminer son épaisseur. Comme le chasseur l'espérait, le mur était à la mode de Tatooine. Creux et mince, il n'isolait rien à part le son, et était facile à découper avec une lame bien affûtée. D'un geste rapide, il sortit son Petar Kyuzo, un de ses poignards. Léger et gris, l'arme était parfaitement adaptée à sa main. Il activa le Petar, et la lame se mit à briller d'une faible couleur rouge. Le poignard était désormais extrêmement coupant et efficace. Avec dextérité, Orn le planta dans le mur, qui fut transpercé avec une grande facilité. Il découpa tout un morceau, laissant un trou béant assez grand pour permettre à un humain de passer. Le chasseur se releva et se tourna vers Nasha, qui l'avait jusqu'alors observé, intriguée.
"Qu'est-ce que tu fais ?
— Quelque chose de très stupide," répondit le concerné, qui s'empara de la couverture du lit.
Nasha fronça les sourcils, et en souleva un lorsqu'elle vit que le chasseur se pencha à travers le trou qu'il avait fait.
"C'est-à-dire ?"
Orn arrêta son inspection et se retourna vers la femme, l'air grave. Il réfléchit de nouveau à sa décision, mais il savait que cette dernière était déjà prise. Cela allait à l'encontre de tous ses enseignements et des préceptes qu'il devait suivre pour survivre, mais peu lui importait.
"Te faire confiance."
Sans se soucier de l'incompréhension de Nasha, le chasseur l'enveloppa de la couverture, cachant ses vêtements légers d'esclave.
"Suis-moi," lui ordonna-t-il, passant à travers le trou.
La femme le suivit, inquiète du sort qui l'attendait. Les deux échappés se trouvèrent soudain en pleine rue. Au grand soulagement du Twi'lek, l'allée était vide et silencieuse. Il prit la main de Nasha et se dirigea dans un coin discret entre deux bâtiments jaunes. Le chasseur planta ses yeux dans ceux de Nasha, qui avait de plus en plus peur.
"Tu… tu vas me tuer ?" demanda-t-elle dans un murmure.
"Non. À partir de maintenant, tu fais partie de mon équipage. Tu es forte en mécanique, non ? Il va falloir aussi que tu changes d'habits…
— D‘accord… et je me débrouille," répondit Nasha, à demi-rassurée.
"Est-ce que les gens te reconnaissent à Mos Eisley ?
— Non. Je n'ai quasiment jamais quitté la Cantina."
Orn hocha la tête puis guida Nasha hors de Mos Espa, s'assurant à chaque détour de leur discrétion. En un tel temps chaud, peu de personnes étaient de sortie. Les rares individus rodant dans les rues ne se souciaient pas des deux figures encapuchonnées, une telle vue n'étant pas singulière. Une fois hors de la ville, le chasseur accosta un loueur de Dewbacks, des reptiles bruns à quatre pattes de deux mètres servant de monture sur Tatooine. Le marchand errait toujours à la sortie de Mos Espa, à la recherche de clients qui voulaient se rendre dans une autre ville. Après avoir intimé Nasha de rester à l'écart pour qu'elle ne soit pas reconnue, Orn négocia le prix pour une monture. Ces négociations furent rapides, facilitées par le travail et la réputation du Twi'lek. Payant de mauvaise grâce, le chasseur prit les brides du Dewback et l'amena près de la femme. Cette dernière grimpa sur le dos du lézard imposant sans difficulté et observa son ami faire de même. Il s'installa devant, prit les rennes et dirigea la monture vers Mos Eisley. Incitant l'animal à se mettre au trot, le Twi'lek s'assurait que personne ne les suive. De son côté, Nasha vérifiait qu'ils étaient sur le bon chemin, ses mains fermement agrippées sur la selle. Cette monture, originaire de Tatooine, n'avait pas une démarche agréable, malgré la fluidité de ses mouvements. Large et puissant, elle était adaptée à la rudesse du désert et n'éprouvait pas de difficulté à se mouvoir rapidement. Ainsi, les deux fugitifs arrivèrent à Mos Eisley à la tombée de la nuit.
Au loin, les deux soleils se baissaient à travers les nuages rouges pour laisser place aux lunes, astres nocturnes guidant les êtres qui sortaient lorsque l'obscurité se faisait reine. Allant au point de relais, Orn et Nasha laissèrent le Dewback au partenaire du loueur ; ce dernier guettant le moindre arrivant pour récupérer leurs bêtes. Réajustant sa capuche, le chasseur entra dans la ville, la Twi'lek non loin derrière lui. La rue était plus agitée que celle de Mos Espa, Orn était donc sur ses gardes. Si quelques regards se tournaient en leur direction, il était difficile de dire si cela était dû à la triste célébrité du Chasseur Impérial ou à leur attirail sombres et suspects. Nasha resserra la couverture autour de ses épaules et couvrit mieux sa tête, sentant tous ces yeux dirigés vers les deux amis. Le chasseur entraîna la jeune Twi’lek dans une petite allée peu visible où des étalages de vêtements étaient disposés. Xyrr, une humaine, s'approcha vers eux. Ses yeux bruns fixaient avec curiosité les nouveaux arrivants, et un voile noir cachait ses cheveux et son cou. Habillée avec des vêtements sombres et amples, sa peau, elle aussi noire, était totalement couverte, à l'exception de ses mains et de son visage rond. Un sourire flottant sur ses lèvres, elle posa son regard sur Orn.
"Qu'est-ce qui t'amène ici, Chasseur ?
— Mon amie a besoin de nouveaux vêtements," répondit-il d'un ton neutre.
Xyrr se tourna alors vers Nasha avant de sourire. Elle la prit par la main avec gentillesse et lui passa plusieurs habits, l’amenant à l’abri des regards indiscrets.
"Attends un peu ici, Orn," s'exclama la marchande. "Ta belle amie sera parée pour la vie à tes côtés, dans ton vaisseau."
Le concerné ne dit rien, trop étonné par la perspicacité de la vendeuse. Il croisa les bras et soupira sous son casque, ne sachant quoi faire pour tuer le temps. Xyrr était une vieille connaissance, qui l'avait suivi depuis ses débuts sous la tutelle de Jabba. Intelligente et douée, elle vendait officiellement des vêtements et officieusement des armes à ceux qui connaissaient le code. C'est à cette femme que Orn devait ses deux Petar Kyuzo, seules armes qu'il n'avait pas volées. La vieille marchande lui avait aussi donné une armure ancestrale Mandalorienne qu’il gardait en sécurité dans une grotte cachée sur Tatooine. Cette armure avait appartenu à Xyrr, qui n’en avait plus besoin depuis qu’elle avait abandonné sa vie de mercenaire. Après quelques minutes, elle réapparut avec Nasha, toutes deux souriantes.
Cette dernière avait des bottes noires de combat, un large pantalon avec différentes poches et une large ceinture cloutée, ainsi qu’un t-shirt blanc et une veste en cuir noire, également avec des poches pour ranger des outils. Sur ses mains et ses bras, la Twi’lek avait des bandages blancs, et d’autres étaient enroulés autour de ses lekkus. Sur sa tête se trouvaient également un couvre-chef en cuir adapté à sa morphologie : il couvrait le haut de son front et l’arrière de son crâne, avec des trous pour pouvoir faire passer ses deux excroissances situées à l’arrière de sa tête. Cette tenue sombre faisait ressortir sa peau pâle et violette ainsi que ses yeux verts, et lui allait à la perfection. Nasha semblait beaucoup plus à l’aise habillée ainsi, contente d’avoir abandonné ses vêtements d’esclave. Un petit sourire ornait son visage tandis qu’elle regardait Orn. Elle semblait véritablement elle-même, probablement pour la première fois de sa vie. Le chasseur ne put s’empêcher d’esquisser un sourire à cette vue. Il était heureux pour son amie.
"C’est parfait. Tu vas pouvoir travailler efficacement dans cette tenue," commenta-t-il.
Xyrr tourna autour de la femme pour une dernière inspection avant d’agiter sa tête pour marquer sa décision.
"Ça te va à merveille, Nasha.
— Merci,” répondit la concernée, un grand sourire maintenant sur ses lèvres.
"Combien veux-tu, Xyrr ?" demanda le chasseur, voulant connaître le prix pour pouvoir partir rapidement.
La marchande mit une main sur sa hanche et sembla réfléchir un instant.
"Pour la beauté apportée par Nasha, c’est gratuit pour cette fois.
— Très bien. Combien pour ton silence ?”
Orn ne voulait pas que le mot court qu’il ait une employée ou une associée. Cela mettrait en danger son amie, alors qu’elle fuyait déjà Taar-Y. Il souhaitait à tout prix que sa sécurité ne soit pas plus menacée qu’elle ne l’était déjà. Xyrr savait tout cela, et un sourire espiègle s’installa sur son visage.
"Chasseur, tu sais que mon silence vaut de l’or. Mais je t’aime bien, et je te connais depuis longtemps. Je ne dirais rien, sois-en assuré. Après tout, je vends des vêtements, pas des informations. Ne dis rien de mes activités et je ne dirais rien de ta vie. La confiance va dans les deux sens."
La vendeuse avait dit cela d’un ton léger, mais le chasseur perçut la menace à peine voilée. Il acquiesça avant de lui dire au revoir, imité par Nasha. Les deux amis quittèrent l’allée, remerciant une dernière fois Xyrr, qui agita sa main en signe d’adieu avec un sourire à l’intention de la Twi’lek. N’ayant que d’autres choix de faire confiance à la discrétion de la marchande voilée, ils sortirent de Mos Eisley rapidement pour ne pas éveiller les soupçons. Une fois hors de la ville bruyante, Orn se tourna vers Nasha.
"On va aller au Vautour Couronné, je te dirais ce qu’on va faire après."
La femme hocha la tête, et les deux se dirigèrent vers les gorges où était posé le vaisseau mythique. Ils traversèrent les dunes, assaillis par la froideur de la nuit. Comme tous les déserts, Tatooine était une planète chaude voire brûlante le jour, mais brutalement glaciale la nuit tombée. Le chemin semblait long avec ce climat qui mordait la chair. Malgré tout, les deux continuèrent leur chemin, déterminés. Nasha ne se retourna jamais, heureuse de laisser derrière elle une vie qui n’avait pas été la sienne. Avec Orn, un nouveau commencement se présentait pour elle. La Twi’lek allait enfin pouvoir quitter cette planète et découvrir la Galaxie. Peut-être même, ou du moins elle l’espérait, allait-elle rencontrer des Rebelles et pouvoir les aider. Avec un sourire d’une authenticité sans égale, Nasha entra dans le vaisseau rouge et noir, prête pour des voyages inoubliables à travers les mondes.
Et je suis content que Orn décide de la prendre avec lui finalement. Par contre, Nasha à quel moment elle n'a pas compris que Orn il était pas du côté des Rebelles et que c'est pas avec lui qu'elle allait lutter contre l'Empire ? x)
J'ai relevé pas mal de petites erreurs, je te les mets là si tu veux les corriger :
avant de remettre son attention sur le gérant => je crois que tu avais déjà utilisé cette formulation avant et ça m’avait un peu interpellée, il me semble qu’on dit plutôt « reporter son attention sur »
il viendra plus tard => il viendrait (concordance des temps, on est au passé donc on utilise le conditionnel à la place du futur)
je ne plains pas => je ne me plains pas (il manquait un mot)
ne voulant pas dire plus que nécessaire => ne voulant pas en dire plus que nécessaire
qui courrait => qui courait plutôt là il me semble, plutôt à l’imparfait, sauf si on parle au conditionnel, et dans ce cas ce serait plutôt « qui aurait couru »
Il devait qu’il faisait honneur => il devait admettre qu’il faisait honneur ?
une nouveau faux-pas => un nouveau faux pas (il n’y a pas de trait d’union il me semble)
à avoir des rétributions => à s’attirer les représailles, ce serait mieux exprimé, rétribution à le sens de paiement, salaire en français (mais en anglais retribution a effectivement le sens de représailles, d’où la confusion peut-être)
Puis il remit en marche => puis il se remit en marche
Son silence incita la femme à expliquer. => à s’expliquer (ou faut préciser expliquer sa situation, par ex.)
"Il m'avait demandé de t'enlever ton casque. Il s'était dit que, puisque nous sommes proches, ça serait simple pour moi de te le retirer devant tout le monde" => vu qu’on est dans un dialogue au présent, je mettrais plutôt le passé composé « m’a demandé » « s’est dit que »
Après avoir intimé Nasha de rester => Après avoir intimé l’ordre à Nasha de rester ou après avoir enjoint Nasha de rester
Les rennes => les rênes (pas les mêmes, les autres c’est ceux du Père Noël xD)
les deux soleils se baissaient à travers les nuages => descendaient ce serait mieux, « se baisser » donne plus l’impression de se pencher ou s’accroupir pour ramasser ou éviter quelque chose
leur attirail sombres et suspects. => sombre et suspect (singulier avec attirail)
le mot court qu’il ait une employée = le mot coure (subjonctif présent) ou courût (subjonctif passé) qu’il avait une employée
Et tu verras, Nasha est un peu une optimiste dans l'âme, elle aime bien voir le bien que pourrait faire les gens plutôt que le mal qu'ils font ahah