Le Maître rentre comme à l’ordinaire. Je l’attends devant la porte qui mène au garage. L’urgence de lui dire que j’ai été possédée par elle rend l’attente insupportable.
- Tiens, Eri ? Qu’est-ce qu’il y a ?
J’ouvre la bouche, le cœur battant.
- Maî…
Je la referme, l’esprit confus.
Tais-toi.
- Je… Elle…
- Elle ?
- Elle est toujours invisible. La barrette. Je l’ai cherchée dans l’escalier mais je ne l’ai pas trouvée.
J’ai un vertige, mes pensées s’emmêlent. Il y avait autre chose que je devais Lui dire. Quelque chose d’important. Mais j’ai oublié.
- C’est normal, Eri, c’est moi qui l’ai retrouvée.
Je relève vivement la tête vers le Maître. Il fouille dans sa poche, un sourire sur le visage, et en sort une barrette rouge.
Merde.
Elle s’agite, elle sait qu’elle a perdue l’avantage. Mon cœur s’envole de joie quand je saisis l’objet. Il retrouve immédiatement sa place sur une mèche de mes cheveux crépus.
- Mais où l’avez-vous trouvée ?
Ses lèvres s’étirent.
- Un magicien ne révèle jamais ses secrets.
J’émets un bruit sec qui pourrait se rapprocher d’un rire.
- Merci mille fois Maître, vous faites tant pour moi.
- Je t’en prie, Eri, tu le mérites.
Le Maître est trop bon.
Je respire enfin, elle est à peine perceptible en moi, elle a perdu toute sa force. Ce soulagement immense me donne l’impression de flotter. Désormais tout ira bien.
~
C’est un faux. Il l’a rachetée.
Je me mets à trembler dans mon lit.
- Tais-toi ! C’est la vraie, elle est pareille !
Ce genre de babiole se trouve dans n’importe quelle boutique.
- Le Maître ne mentirait pas.
Que tu es naïve.
- Peu importe que ce soit un faux, il a quand même le pouvoir de te repousser, sorcière !
Sorcière ? C’est tout ce que tu as trouvé comme insulte ?
Un rire sinistre retentit dans ma tête. C’est l’électrochoc qui me donne la force de bondir la table de chevet pour attraper la barrette. Je la mets et aussitôt le rire se tait. Puisqu’elle me poursuit même dans le sommeil, je la garderai même pour dormir. Tant pis si je la perds, le Maître est un magicien, il la retrouvera.
~
Quelle misère, voilà qu’il a racheté le même modèle. C’était bien la peine d’aller se cacher sous une latte. Tant d’efforts gaspillés.
Cette gamine lobotomisée m’attriste, j’ai envie de la libérer. C’est pour ça que j’ai disparu. Mais voilà que la nouvelle marche tout autant que moi. Il faut que j’empêche ça, je dois négocier pour qu’elle aussi se cache. Ça ne devrait pas trop être dur, elle a dû se rendre compte qu’être accrochée à ce crâne malade allait la contaminer.
Allez, ma fille, je compte sur toi.
Quand le réveil sonne, les dernières brides d’un rêve étrange où j’étais une barrette se dissolvent. Je ne m’en préoccupe pas plus et m’affaire.
Le Maître se lève avec des cernes plus grandes que d’habitudes.
- Ça ne va pas, Maître ?
- Si, si. Rajoute-moi du miel.
Son ton est plus sec que d’ordinaire. J’obéis, le regard soucieux. Qu’est-ce qui le rend si nerveux ?
Je le regarde partir, l’air sombre. J’ai l’impression fugace que je ne vais pas le revoir sain et sauf, ce qui me mets dans tous mes états.
La journée s’étire fébrilement. Je suis en train de passer le balais dans le couloir quand j’entends une voiture pénétrer dans le garage. Je me fige. Ce n’est pas le moteur de la Rolls.
Je tourne la tête en tous sens, le pouls emballé.
Des pas retentissent dans l’escalier. Je les reconnais.
Séléné.
La rage m’envahit et je fonce dans la cuisine pour m’emparer du hachoir. L’instrument tremble dans mes mains. Elle semble s’agiter, mais la barrette rouge la repousse.
Je me glisse jusqu’à la porte et me poste contre le mur. J’attends quelques secondes.
Le battant s’ouvre avec un léger grincement. Une main diaphane apparait, suivie d’un bras et d’une poitrine généreuse. Je lance ma main en avant, la lame fend l’air.
Séléné pousse un bref cri.
Elle évite le premier coup et pare le second. Le hachoir s’échappe de mes mains alors que mon poignets se tord.
J’étouffe un hurlement de douleur.
La femme se fige soudain, me fixant avec des yeux exorbités.
- Erika Furchausen… souffle-t-elle.
Je sens son emprise se relâcher légèrement, j’en profite pour me dégager et m’enfuir.
- Attends, Erika ! hurle-t-elle en se précipitant à ma suite.
Je survole l’escalier, ses pas retentissent derrière moi. Je me réfugies dans l’armoire qui mène à ma chambre. J’ai à peine le temps de tourner la clé que Séléné heurte le meuble et commence à secouer la poignet.
Paniquée, je rejoins mon grener et me pelotonne dans mon lit.
- Erika !
Je me hérisse. Ce n’est pas mon nom. Je suis Eri, et c’est tout. Erika Furchausen est morte.
Séléné s’énerve sur l’entrée avant de renoncer. Je l’entends tourner longtemps au premier étage. Puis elle descend l’escalier menant au rez-de-chaussée.
Je me balance d’avant en arrière.
- Je suis Eri, je suis Eri… Le Maître va venir, Il va la chasser, la tuer… n’aies pas peur… Je suis Eri, je suis Eri…
J’attends longtemps comme ça, je n’ose pas sortir de mon refuge. Ce n’est que quand la voix du Maître m’appelle que mes membres douloureux se déplient pour courir vers lui.
Je lui saute dans les bras.
- Eri ? Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Séléné !
- Quoi, Séléné ?
- Elle est venue !
Le Maître reste silencieux, ses dents se serrent.
- C’est donc elle qui a volé mes clés.
Je sens son corps se tendre, je recule.
- C’est elle, tout est de sa faute.
Ses yeux gris se parent d’orage, il lance au mur un regard assassin.
- Écoute-moi bien, Eri. Nous allons recevoir un invité dans la salle du sous-sol très prochainement.
L’espoir teinte mon expression.
- Et ce sera Séléné.
L’excitation fait bondir mon cœur.
En face de moi, le Maître a un grand sourire qui me fait frissonner.
Séléné est donc un "traître"! Elle connait Erika mais qui est-elle vraiment? Va-t-elle se faire prendre avant d'avoir accompli sa mission.
Je me permets aussi de pointer quelques autres coquilles:
"les dernières brides d'un rêve..." --> bribes
"je suis en train de passer le balais..." --> il n'y a qu'un seul balai, pas de s!
A bientôt pour la suite!
Merci pour le relevage de coquilles ^^
Je me replonge dans ma PAL Paenne, et j'ai choisi de reprendre La barrette rouge où je l'avais laissée après les Histoires d'or : j'étais vraiment happée par les premiers chapitres.
Eeeet même tellement happée que je n'ai pas grand chose, en tout cas pour le moment, de constructif à écrire. C'était toujours aussi fluide, compréhensible, horrible, intelligent, intrigant...
Du coup je me permets de pointer quelques coquilles que j'ai repérées :
"qui me donne la force de bondir la table de chevet" -> il manque un "de"
"Puisqu’elle me poursuit même dans le sommeil, je la garderai même pour dormir." -> répétition de "même"
"je me réfugies" -> sans le S
"je rejoins mon grener" -> "grenier"
"n'aies pas peur" -> "n'ai pas peur"
A très vite !
Liné
Haha merci <3
Et merci pour les coquilles, c'est noté !
- Le hachoir s’échappe de mes mains alors que mon poignets (poignet) se tord.
Merci !
Merci <3
La tournure des évènements est de plus en plus intéressante, hâte de lire la suite !
Ça me fait très plaisir <3
Merci pour ta lecture et tes coms ! Je posterai la suite dimanche
Sinon par grener, veux-tu dire grenier ?
"Paniquée, je rejoins mon grener et me pelotonne dans mon lit."
Je vois que tu as bien apprécié, ça fait chaud au cœur ! Merci pour ta lectures et tes coms <3