Chapitre 4 : "Ma chère et tendre Mildred"

Ma chère et tendre Mildred, 

 

Assis au bord du lac ce matin, Horace, le patron du magasin Herrington, est venu m’apporter une nouvelle qui m’a déchirée le cœur.

 

Le ciel était pourtant si doux en ce jour si sombre. Ma bien-aimée Céleste s’est jetée de la falaise. La pauvre n’a pas survécu, et je ne l’ai même pas cherchée lorsqu'elle est partie en furie de la maison.  

 

On l’a enterrée cette après-midi. Odette notre petite fille ne cesse de pleurer sa mère, elle a une colère envers moi, envers la vie, envers la mer qui lui a enlevé sa maman. C’est très dur de voir son visage autrefois si rayonnant devenir aussi sinistre, mais qu’est-ce que j’aimerais que tu la vois. C’est une enfant si vive, d'à peine six ans. Elle sait déjà cuisiner, reconnaître tous types de champignons, et pêcher comme une reine! Elle a un fort caractère, comme sa mère,... 

 

Si tu savais comme je regrette de ne pas lui avoir couru après l’autre soir après avoir découvert ton existence, ainsi que la multitude de lettres que je continue de t’écrire bien que je sais qu’elle ne te parviendront sans doute jamais. J’aurais tant aimé la retenir, la prendre par la main, lui dire que aujourd’hui c’était elle, et que toi tu appartiens à une vie passé, tu es le souvenir de ma maison, de mon amour de jeunesse, tu es mon seul lien à la terre. Je pense que j’étais un homme avec bien trop de secrets pour elle, je ne lui disait rien d’autre de moi que le fait que j’étais d’ailleurs. Je n’ai jamais cessé de t’aimer Mildred malgré les vagues immenses qui nous séparent, mais l’amour que je portais pour Céleste était si intense qu’il comblait un peu le vide que ton absence avait laissé dans mon cœur. Je suis déchiré de me dire que sa tristesse était si profonde qu’elle en est venue à se jeter du haut de la falaise, et celà par ma faute. Me dire qu’elle a préféré mettre fin à ses jours plutôt que de vivre dans un monde où je ne serais jamais entièrement le sien. 

 

Je me fais assaillir de questions par les habitants de Siavar, tous les jours depuis qu’on a retrouvé son corps dans la crique des fardeaux, on me traite d’assassin, on me menace de me retirer Odette parce que après tout, si je ne suis pas un assez bon mari pour garder ma femme en vie qu’adviendra t-il de ma fille? Les gens de Siavar n’ont jamais eu confiance en moi depuis que je me suis échoué lamentablement sur les rives de l’Oubliée, et la mort de ma douce Céleste ne va pas arranger mon cas. Je redeviens un étranger même pour les hommes qui me connaissent depuis maintenant plus de dix ans.

 

Un homme, arrivé de nulle part sur cette île au milieu de rien. 

 

Je t’embrasse, 

 

Magnus. 

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