Chapitre 4 : Où une équipe composée d’un valet de cœur, d’un chevalier-œuf et d’une rate nécromancienne se forme.
Case 23 : — Génoise-en-Givray —
— Le valet de cœur ?
— Oui, il en a après des tartes, je l’ai noté dans l’histoire du perso.
— Mais mort ?
— Oui, c’est aussi un mort-vivant. La reine lui a coupé la tête. À cause des tartes, mais il veut les récupérer. Ah et il se bat avec une hallebarde.
— Et je dois me débrouiller avec ça ?
— C’est vous le maître du jeu.
Mémé ne fit aucun effort pour dissimuler son soupir et gratouilla sa poule, qui avait élu domicile sur ses genoux. Malgré l’apparente mauvaise volonté de leur propriétaire, les cheveux de la vieille dame étaient d’un blanc cotonneux plutôt engageant.
Assis face à elle, à la table de la pièce à vivre, Alistair avait sagement posé ses mains l’une sur l’autre et la regardait droit dans les yeux. Enfoncée dans le fauteuil recouvert de patchwork, Robin s’empêchait de rire en mordant ses joues.
— Et bien… Nous avons donc un valet de cœur, voleur de profession, un chevalier-œuf et une rate nécromancienne avec un bâton-fourchette.
— Pardon, vous dites ? demanda poliment Alistair.
— Tu ne croyais pas être le seul à choisir des personnages idiots, j’espère ?
— Oh non, au contraire. Je les attendais.
— Alors, va me chercher mes dés. Ils sont à l’étage sur le palier. Robin, va me préparer un grog. Ça chatouille et ça gratouille par en bas. Je sens un rhume de fesses qui pointe. Je vais encore péternuer pendant des mois.
— Tu n’aurais pas dû t’asseoir sur ce banc avec la neige qu’il y a dehors, commenta sa petite fille en se levant de son siège.
Alistair, déjà debout, monta l’étroit escalier en colimaçon qui menait aux chambres. Il y avait là une commode et quatre portes, dont deux étaient ouvertes. C’était incroyable qu’une maisonnette aussi réduite puisse comporter autant de pièces.
Le jeune homme ne put s’empêcher de laisser trainer ses yeux.
Il y avait une salle de bain minuscule où une baignoire sabot en cuivre était collée contre un lavabo et des commodités. Sur une tablette en faïence, deux brosses à dents hérissèrent leurs poils à sa vue, bien décidées à ce qu’il ne s’aventure pas sur leur territoire.
La deuxième salle ressemblait à une chambre en plein aménagement. Il y avait un matelas jeté au sol, un bureau, quelques cartons fermés empilés les uns sur les autres et des dessins punaisés sur les murs. Beaucoup de dessins.
Intrigué, il se permit un pas dans la pièce, négligeant le bruit de la porte d’entrée qui venait de retentir au rez-de-chaussée.
Il y avait là des tas de croquis, représentant toujours deux personnages — parfois les mêmes, d’autres fois différents — qui se battaient plus ou moins héroïquement contre des créatures de poils et d’écailles.
Alistair ne réagit qu’en entendant les marches de l’escalier grincer.
Il rougit comme une tomate et recula, se retrouvant nez à nez avec Holly qui lui faisait la peau du bout de ses paupières plissées.
— Qu’est-ce que tu fous là ?
— Et toi ? répliqua Alistair.
— Je suis l’apprenti de Mémé. Et c’est ma chambre.
— Oh.
Il se raidit. Il pensait que Holly dormait chez ses parents. Il se serra nerveusement les mains ; comme il n’était pas un bon menteur et qu’après tout, il était en tord, il préféra être franc :
— Mémé m’a demandé d’aller lui chercher ses dés sur la commode. Sur le palier, j’ai aperçu les dessins sur le mur et j’ai eu envie de voir. Je m’excuse, c’était indiscret.
Holly avait toujours l’air en colère, mais il ne répondit rien. Il bouscula Alistair pour entrer dans sa chambre et y installa un nouveau carton. L'intrus osa poser la question qui le turlupinait :
— C’est toi qui dessines ?
— Oui. C’est mes persos et ceux de Robin.
Il y avait un peu de provocation dans sa voix. Holly se tourna à nouveau vers l’importun. Ses boucles rousses voilaient un peu son regard brun et Alistair ne put que constater avec un pincement qu’il était très beau. En tout cas, beaucoup plus beau que lui.
— Tu dessines bien, se contenta-t-il de répondre. Encore désolé pour l’intrusion.
Il prit les dés, posés en évidence dans une petite bourse sur la commode et redescendit dans la pièce à vivre où Robin et Mémé s’organisaient autour de la table pour que chacun ait sa fiche personnage, une plume et un encrier plein.
Le grog fumait devant la vieille dame ; Robin avait aussi fait une théière remplie d’infusion de cynorhodon, de verveine et d’épices. Trois tasses ébréchées ainsi qu’un pot de miel trônaient au centre de l’espace de jeu et la poule picorait du pop-corn, sous la chaise de sa maîtresse.
— Alors… dis Mémé.
Elle chaussa ses lunettes, rassembla ses notes, prit une gorgée du grog et injuria injustement Holly qui descendait à son tour des chambres.
— Dépêche-toi, idiot de disciple, si tu ne veux pas que je commence sans toi.
Le visage du jeune homme était fermé, mais il ne répliqua rien en les rejoignant. La vieille dame observa un à un les trois joueurs et renifla.
Robin ignorait Holly. Holly lançait des regards furieux à Alistair et celui-ci se ratatinait sur sa chaise.
Ça démarrait bien, cette aventure.
— Notre histoire débute sur la case de la Grande mer d’œufs embrouillés, qui comme chacun sait est le théâtre de luttes sanglantes afin de définir qui a la suprématie entre les œufs durs et les œufs coque.
Chacun hocha la tête gravement. On ne rigolait pas à propos de la Grande mer d’œufs embrouillés, qui à l’origine était une vallée verdoyante, mais les œufs durs et les œufs à la coque s’étaient tant entretués sur ses prairies que le fond de la combe s’était rempli de cadavres jaunes et blancs, progressivement réduits en purée par les factions des deux armées.
Les trois joueurs en déduisirent que l’histoire serait sérieuse.
— Le chevalier Mollet fait partie du camp des œufs durs. Il est un lui-même. Au début de notre aventure, il tombe d’un mur.
— Hein ? s’exclame Robin.
— Oui, chut. Écoute un peu. Mollet tombe d’un mur, car de l’autre côté, quelqu’un vient de lui faire les poches. Et là, pouh, les quelques pépettes que je lui avais distribuées lors de la création de ton personnage viennent de s’envoler, ma chérie.
— Quoi ? Et je ne peux rien faire ?
— Mais chut, je dois te lancer un sort pour que tu te taises ? Attends que j’aie placé tout le monde, après tu me feras un jet de perception. Mollet était en train de faire à peu près son boulot : garder la carabousse. Mais il était censé le faire debout contre la porte, pas sur ce mur où il se laissait somnoler. Maintenant, venons-en au voleur : son nom est Mandrin des bois, un valet plutôt filou, de race humaine qui vient de s’évader des prisons de la reine des œufs.
Holly lâcha un ricanement et Alistair le foudroya du regard.
— Le nom de mon perso te fait rire ?
— Non, mais c’est juste d’un commun.
— Quoi, tu en connais d’autres, des Mandrin des bois ?
— C’est bon, tout le monde a eu quelqu’un d’un peu gothique dans une de ses classes qui utilisait comme pseudo Mandrin des bois.
Alistair rougit, ouvrit la bouche, mais rien n’en sortit tant il était mortifié. Robin se racla la gorge :
— Oui, et bien il me semble que lors de notre première partie, ton perso s’appelait Capitaine Plateau, comme dans la bande dessinée.
Sachant que les bandes dessinées n’étaient jamais parvenues dans la case de Génoise-en-Givray que sous la forme de produits dérivés mal peints par les détenus de la Prison pour personnes distinguées, c’était vraiment pathétique.
C’était au tour de Holly d’être vexé comme un pou.
— Oui, et bien j’ai fait des progrès, figure-toi. J’avais douze ans !
— La ferme ! répliqua Mémé en lui donnant un coup de canne dans le tibia. On en arrive à ton personnage puisque tu tiens à en parler. Quand l’histoire commence, la rate Agougniasse, nécromancienne de profession, est enfermée dans les geôles des œufs durs…
Alistair et Robin rongèrent leur frein. Il n’y avait pas de quoi se moquer du nom de son personnage. C’était à la fois élégant et sobre.
— Robin, appela Mémé. Lance ton dé d’intelligence. On va déjà savoir si ton chevalier est assez malin pour se relever.
Holly arqua un sourcil :
— Et si on était un peu joueur s? Tu n’as qu’à lancer ton dé pour elle, Alistair.
La jeune fille leva les yeux au ciel.
— Et bien pourquoi pas ? Ta mesquinerie ne t’apportera rien de bon, Holly.
*
Pendant que le valet Mandrin des bois était en train de scier les barreaux de la cellule, la sueur aux tempes, la rate Agougniasse brandit son sceptre.
— La flamme astringente de Zagzard !
Aussitôt, la patrouille d’œufs durs qui se trouvait en haut des escaliers se cacha les yeux, éblouit par une vive lumière.
— Genre tous ? Ils sont tous éblouis ?
— Oh j’allais pas lancer un dé quatorze fois. Une patrouille, c’est comme un seul hère un peu crétin.
— Ne les laissez pas faire, Sergent Cocotte ! vociféra un œuf en armure, couché en travers des marches. Si elle réussit son sort, elle va s’enfuir.
— Taisez-vous, Mollet. Et relevez-vous, nom d’un petit bonhomme. Déjà que vous êtes responsable de tout ce grabuge. Un peu de dignité !
— Ah, mais je veux bien, mais je foire tous mes lancers de dé.
— C’est Alistair qui les a foirés.
— Ho.
— Recommence ?
— …
— 2
— Purée, tu as attrapé sa poisse.
— Je me sens tellement puni pour ma mesquinerie.
— La ferme Holly.
Le chevalier Mollet se contorsionna de façon pathétique en agitant ses minuscules bras et jambes, mais il ne parvint pas à se relever.
De rage, le Sergent Cocotte lui donna un coup de pied dans les fesses et son concitoyen vint dégringoler jusque dans les cachots.
— Je suis où ?
— Là, tu bouges de 10 pieds.
— Ouïe ! Aïe ! OUach ! RAaaaaaaaagrblbl !
Pendant ce temps, Agougniasse avait réussi à lancer son sort et un son inquiétant parvint des trois cadavres de soldats qui avaient été abattus près de leur cellule. Leurs coquilles étaient en train de se fendre ; un liquide doré et crémeux en sortit pour former trois blobs ondulants.
— Sergent ! chevrota un soldat. Elle a fait des flans avec les restes de nos camarades !
— Et bien, nous devrons les affronter !
— Mais d’où vient le lait, sergent ?
— Si c’est la seule chose qui vous pose problème dans cette histoire, soldat, vous n’êtes pas au bout de vos peines.
— Ah, Mémé, t’as cassé le 4e mur.
— Je suis le maître du jeu, je fais ce que je veux !
— Alors qu’est-ce qu’on fait, Sergent ?
— On les canarde avec des mouillettes ! Le beurre va les faire glisser !
Les soldats obtempérèrent et durant une poignée de secondes, on entendit plus que des hurlements hystériques : il y avait celui de Mandrin des bois qui venait de triomphalement scier son troisième barreau (celui qui leur permettrait de sortir de la cellule), puis celui d’Agougniasse qui envoyait ses flans au front et enfin, il y avait les glapissements du Chevalier Mollet qui n’arrivait toujours pas à se relever et roulait entre des cadavres tout en se prenant des mouillettes en plein visage.
— Bon, ça suffit.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je n’aurai pas cru ça de toi, Robin.
— C’est de ma faute si Mémé se moque de moi et si mes jets de dés sont nuls ?
— Bon, Agougniasse va intervenir.
— Hein ? Pourquoi ?
— Agougniasse est plus sensible qu’on ne l’imagine et ce spectacle pathétique commence à lui fendre le cœur. Elle va donner un coup de main à cet idiot pour se relever. Je lance mon dé. Et paf ! Un 20 naturel. Qu’est-ce que vous dites de ça ?
Bien qu’il soit un ennemi, la nécromancienne aida l’œuf dur à se remettre sur pieds en le soulevant par les aisselles, et son geste fut si précis, si élégant, que celui-ci tourna sur lui même avant de prendre la pose. La lueur d’une torche se refléta sur sa coquille, ce qui éblouit à nouveau ses adversaires qui arrêtèrent momentanément de gaspiller du pain.
Mandrin des bois les harangua :
— C’est bon, on peut sortir ! Viendez les nazes !
— Non, mais comment tu parles ?
— Pardon Madame, je me suis peut-être un peu trop identifié à mon menu fretin de valet.
Le Chevalier Mollet se montra du doigt d’un air perplexe :
— Moi aussi ?
La rate lui lança une œillade navrée.
— Et bien, vous êtes visiblement devenu un ennemi pour les vôtres au même titre que nous à présent.
— Quoi ?
— Sauf votre respect, ils vous mitraillent sans pitié.
Comme l’oeuf en restait, vous pardonnerez l’expression, comme deux ronds de flan, Agougniasse eut un geste d’impatience :
— Venez ou ne venez pas, mais décidez-vous vite. Je vous couvre encore une minute, mais pas plus.
— Ça va être le tour des œufs, je leur ai enlevé leurs dégâts. Ils ne peuvent pas passer parce que les flans-zombis bouchent le passage, mais ils devraient s’en débarrasser rapidement.
— Compris chef !
— Ne sois pas trop lèche-tutu, mon garçon.
— Pardon Madame.
Mandrin était déjà passé de l’autre côté de la fenêtre et contemplait la pente qui coulait jusqu’à la grande mer d’œufs embrouillés.
Pendant ce temps, la nécromancienne avait lancé un nouveau sort et les deux flans étaient en train d’enfler comme des baudruches. Toute la patrouille se mit à paniquer en reculant :
— Attention ! C’est une omelette norvégienne, ça va exploser !
La rate Agougniasse poussa le Chevalier Mollet par la grille de la cellule avant de se glisser à son tour par l’ouverture.
Tandis qu’une grande déflagration visqueuse retapissait l’intérieur de la prison, elle jaugea le vide avant de donner un coup de pied au derrière de l’œuf hésitant. Après quelques moulinets, celui-ci bascula la tête la première dans la pente. La rate lui bondit dessus au moment où il se mit à rouler et l’utilisa comme un tonneau pour augmenter sa vitesse.
— Alors si tu veux faire ça, tu vas d’abord me faire un petit jet de dextérité.
— Et hop ! 14 ! Ça passe forcément !
— …
— Non, mais s’il peut tenter cette action, je peux essayer de faire quelque chose aussi ?
— C’est honnête ! Un jet d’acrobaties ?
— PAF ! 17, il fallait que la chance tourne, Holly !
— Dépêchez-vous Mandrin ! Ils ne vont pas tarder à reprendre leurs esprits.
Les trois fuyards dévalèrent toute la pente, jusqu’au moment où le Chevalier Mollet eut un sursaut : il planta sa hallebarde dans le sol et d’un grand mouvement circulaire, se débarrassa de sa cavalière improvisée.
Il plissa ses petits yeux noirs, gros comme des têtes d’épingle.
— Madame, je ne suis point un canasson, mille-quenouilles, et si vous vous avisez de refaire la confusion, je vous arrangerai les moustaches à ma façon.
Agougniasse lui rendit son regard et ils se défièrent mutuellement.
Mandrin frappa dans ses mains.
— On se calme tous les deux.
— Oui, calmez-vous, ça devient ridicule.
— …
La rate se dégagea en grognant.
— Très bien. Maintenant, si vous m’excusez, je dois nous sortir de ce mauvais pas.
Elle étendit les bras et un énorme flan émergea majestueusement au milieu des flots baveux, comme une immense baleine sucrée.
— Messieurs, notre véhicule est avancé.
— C’est vraiment n’importe quoi cette session.
*
— Tu es sûr que je peux les prendre ?
Allistair avait l’air frileux à l’idée d’emprunter ce qui ne lui appartenait pas.
Robin le fixa avec sérieux avant d’appeler dans le salon :
— Holly ! Je prête tes patins à glace à Alistair. Ça te pose un problème ?
L’apprenti de Mémé apparut dans leur champ de vision en sirotant sa tisane, tandis que son rival d’on ne sait trop pourquoi se ratatinait sur place.
Le rouquin grimaça :
— Fais comme tu veux.
Robin ne lui répondit pas, se contentant de draper son manteau de laine rouge sur ses épaules pendant qu’Alistair nouait ses lacets et s’enroulait dans son écharpe. Mais Holly continuait à les fixer tout en dégustant sa boisson à petites gorgées régulière, appuyé contre la cheminée.
Alistair déglutit. Robin et Holly étaient peut-être fâchés, alors pourquoi était-ce lui qu’on foudroyait du regard.
De façon inespérée, Mémé le sortit de son embarras en houspillant son disciple :
— Alors je te vois bayer aux corneilles ? On a du travail. Maintenant que la partie est terminée, on va faire cette potion contre la goutte que me réclame cette vieille pénible de Mona Stère. Et quand on aura fini, tu lui amèneras et sur le chemin tu prendras du pain. Une bonne miche de pain aux mûres vieillit en fût de Blini, pas la baguette aux pissenlits que vend Stache et qui file la colique là !
Holly obtempéra docilement et s’éloigna, non sans défier Alistair d’un dernier coup d’œil furibond.
— On y va Mémé ! précisa Robin en ouvrant la porte.
Elle observa son compagnon d’un air critique.
— Tu n’es pas du tout assez habillé. Prends ça !
Elle lui tendit un gros pull de laine multicolore et des moufles ; Alistair s’emmitoufla avant de se glisser au-dehors.
La jeune fille tenait les deux paires de patins par-dessus de son épaule. Alors qu’ils marchaient en direction du lac, il la détailla.
Elle avait une belle nuque. Il aimait ça chez les autres humains, la grâce d’un cou, la courbe qu’il faisait avec les épaules et l’espace de peau tendre, derrière les oreilles. Son coeur se mit à battre un peu plus fort et il posa sa main dessus pour le calmer.
De façon très claire, Robin était intéressée par son amitié. De façon tout aussi visible, son animosité pour Holly avait plus de place dans sa tête que l’opportunité d’une amourette.
Soudainement, elle se tourna vers son nouvel ami :
— Ça s’est bien passé la session. On dirait que tu as fait ça toute ta vie !
— Oui, enfin, sauf jeter les dés, ça visiblement, il doit y avoir une notice que je n’ai jamais lue.
— Ce n’était juste pas de chance.
Il ne lui précisa pas que c’était lui qui avait tiré le dé le jour où toute sa famille était tombée sur la Forêt d’échelles, la case qui leur avait valu un énorme retour en arrière. Il éluda :
— Une malchance dont tu as profité.
Elle rit :
— C’est pas grave, j’ai bien rigolé.
Il hésita avant de demander :
— Est-ce que tu as choisi un personnage ridicule en forme d’œuf pour agacer Holly ?
— Ça se voit tant que ça ?
— Oui. Enfin, je veux dire non.
Il précisa :
— Ça se voit qu’il y a un peu plus que de l’aversion entre vous.
Ils étaient arrivés au bord du lac. L’air était froid et pur. Des stalactites brillantes coulaient des branches des arbres comme des tissus en lambeaux et Robin resta silencieuse. Alistair insista :
— Il m’a dit de me méfier.
La jeune fille s’assit et entreprit d’échanger ses bottines contre ses patins à glace. Elle répondit sans le regarder :
— Te méfier de quoi ?
— Et bien ce n’était pas très clair. Mais je crois qu’il ne m’aime pas trop et qu’il n’a pas envie que je traine avec toi.
Elle lui fit un sourire narquois en l’aidant à mettre ses propres patins :
— Va au bout de ta pensée.
— Il t’aime bien, non ? Il t’a demandé d’être sa copine et tu l’as éconduit ?
Robin ricana et s’élança sur la glace. La lame de ses souliers dessina un huit de neige poudrée avant qu’elle ne revienne devant Alistair pour lui faire ce regard froid qu’il apprendrait à reconnaitre comme un avertissement quand il touchait à ce que la jeune fille considérait comme ses affaires.
— Tu te trompes. Tu te trompes complètement. Et je ne veux pas en parler.
— Je suis désolé si j’ai été indiscret.
Elle se détendit et sembla regretter sa réaction :
— Non, c’est moi qui suis désolée si tu as l’impression d’être coincé dans quelque chose qui n’a rien avoir avec toi. C’est normal que tu t’interroges. J’ai été brutale, je te demande pardon.
Elle inspira profondément, comme pour lisser ce qui venait de se passer, avant d’ajouter :
— Tu te lances ?
— Juste comme ça ?
— Je vais te montrer.
Elle lui prit les mains — gants de cuir contre moufles de laine — et le tira doucement en avant, jusqu’à ce qu’il flageole sur ses jambes comme un faon nouveau-né.
Entrainé par Robin qui patinait en arrière comme si elle avait fait ça toute sa vie — c’était sans doute le cas —, Alistair se laissa traîner comme un âne mort, les muscles totalement crispés.
— Détends-toi. D’abord, je ne vais pas te lâcher. Ensuite, tu risques davantage de te faire mal si tu es bloqué. Ce n’est pas grave de tomber. Ça arrive aux meilleurs d’entre nous.
— Tu dis ça pour me consoler.
— Il y a deux ans, Mémé s’est fait un tel bleu aux fesses qu’elle n’a plus pu s’asseoir pendant deux semaines. Le docteur a dû venir tous les matins lui masser le derrière avec de la pommade. Et pourtant, elle gagne toujours la course de patin annuelle.
— Ah, donc on peut se faire très mal !
— C’est parce qu’elle a raté sa figure fétiche : l’envol du canard. Je ne pense pas que tu t’y risques aujourd’hui.
— Mais on peut quand même se faire très mal !
— Oui. Mais il faut tirer parti de tout. Après l’épisode de la pommade, le docteur est venu beaucoup plus souvent à la maison. Surtout quand je n’étais pas là.
Alistair ouvrit de grands yeux et rougit. Il ne savait pas comment il l’aurait pris si sa propre grand-mère s’était comportée d’une façon aussi indécente. Il tenta de se dépêtrer de sa gêne avec désinvolture :
— Si tu promets de me masser les fesses si je tombe, alors ça va.
Robin lui lança un regard sévère et il ajouta un peu trop rapidement :
— C’était juste une blague, j’aurai également dit ça si tu étais un conducteur de charrette…
Pour toute réponse, la jeune fille lâcha une de ses mains pour se positionner à son côté et elle accéléra. Alistair hurla comme un putois.
— Imite mes mouvements !
Il finit par obéir de façon pataude, jusqu’à ce que ses pieds dessinent à leur tour des V flageolants sur le lac.
— C’est bien ! Tu as compris le truc !
— On… on dirait bien.
Il était un peu moins sûr de lui que ce qu’il voulait montrer et ses doigts restaient grippés à ceux de Robin.
Il tracèrent des huit en silence au-dessus de la déesse endormie qui s’était débarrassée de son ski et appuyait à présent son visage contre la patinoire, mettant en valeur ses narines.
Alistair commençait à prendre confiance quand soudain un tourbillon de couleur rouge jaillit à leurs pieds, sous l’épaisse couche de glace.
— Ouah !
Il bondit en l’air et se cramponna à Robin. Ils virevoltèrent l’un autour de l’autre avant de déraper dans une pluie d’étincelles bleues.
La jeune fille atterrit sur les fesses tandis qu’Alistair chutait sur les genoux.
— Qu’est ce que c’est que ça ?
Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait de milliers de minuscules poissons écarlates qui nageaient sous la glace. Il se laissa couler de tout son long sur le lac figé, le cœur battant.
— C’était juste des poissons, murmura-t-il. Juste des poissons…
— Bouh, ils sont tombés, commenta un élan qui passait par là.
Robin lui fit un doigt d’honneur avant de se tourner vers Alistair :
— C’est ma faute. C’est moi qui les ai attirés. J’aurais dû te dire que ça pouvait arriver.
— Ce n’est pas grave. J’ai seulement été surpris.
— On dirait que c’est toi qui vas devoir me masser les fesses.
— Haha…
— Aïe…
Robin ôta un de ses gants. Ses paumes étaient écorchées et saignotaient. Aussitôt, Alistair se détourna, tandis que Robin lui lançait un regard perçant. Il se justifia :
— Désolé, je n’aime pas trop le sang.
— Comment fais-tu à la boxe ?
— On ne se fait pas saigner. Et puis si ça arrive, je m’éloigne. Je ne crains pas non plus au point de tomber dans les pommes.
Toujours songeuse, Robin remit son gant. Elle entoura ses genoux de ses bras et regarda les nuages.
— Je pense que je sais pourquoi Holly se méfie de toi. On accepte les caravaniers, mais il n’aime pas trop quand ils se mélangent avec les gens du village.
— Pourquoi ?
— Je suppose que tu as entendu cette histoire de vampires qui mordent des gens ?
Alistair rougit, avant de hocher la tête. Robin le regardait à nouveau ; un peu trop attentivement. Elle continua :
— Il y a quelque temps, on a eu une attaque ici.
Elle crispa ses doigts sur ses genoux.
— Et quelqu’un est mort.
*
La boulangerie de Blini avait l’aura la plus ensorcelante de tout le village. Plus que la bicoque tordue de Mémé, c’était dire ! Plusieurs mètres alentour, on pouvait sentir l’odeur tendre des briochocolats, des religieuses aux pralines et des Foire-Casedépart à la crème acidulée qui pétillait dans la bouche.
Holly était debout devant la vitrine et comme chaque fois depuis deux mois, il ressentit une étreinte douce-amère lui contracter le ventre.
La boulangerie gardait son aspect magique, avec la lueur dorée de la devanture qui se réverbérait sur la neige, ses effluves de sucre et de pain frais. Il se revoyait petit garçon, le nez écrasé contre la vitre, pendant que sa mère déposait quelques piécettes à la boulangère en échange d’une pâtisserie merveilleuse.
Toute sa vie, l’épouse de Blini avait ressemblé à une énorme meringue à la violette.
Maintenant, elle ressemblait à un tas de cartes de condoléances placardées contre un mur avec une couronne de fleurs.
Holly inspira et poussa la porte. Il n’y avait personne derrière le comptoir, mais le son d’une clochette avertit le boulanger de sa présence.
Blini émergea de la cuisine, saupoudré de farine de la taille aux sourcils.
— Ah Holly ! Salut ! Tu fais les courses pour Mémé ?
— Salut Blini. Comme d’habitude.
— Tiens, une miche aux mûres que j’ai gardées pour elle, c’est celui qu’elle préfère et il sort tout juste du four. Et une baguette que tu rapporteras à ta mère.
— Merci beaucoup.
Il paya le boulanger et hésita une seconde de trop avant de tourner les talons.
— Oui ? dit Blini.
— Non, rien.
Il s’en alla sans insister, le cœur battant.
À chaque fois qu’il voyait le boulanger, il y avait ce petit décrochage en lui. Il avait envie de lui demander comment ça allait. Comment ça allait vraiment, sans Ismène.
Alors bien sûr, Holly savait que ça n’allait pas. Mais c’était toujours réconfortant de dire à quelqu’un qu’on pensait à lui, que la vie ne continuait pas comme si de rien, non ? Ou bien est-ce qu’il fallait respecter le calme tranquille de Blini qui continuait chaque jour à faire son pain, son travail d’adjoint et de Mr Pipi avec le même flegme routinier, comme si c’était lui qui essayait de croire le plus fort qu’il ne s’était rien passé.
Holly croqua dans le quignon tout chaud et répéta dans sa tête très vite « miche aux mûres, miche aux mûres ». Il se sentit idiot d’être réconforté par des choses pareilles. Il devait encore déposer la potion contre la goutte chez Mona Stère avant de rentrer. Le jeune homme tâtonna dans sa besace pour vérifier qu’il ne l’avait pas oublié sur le plan de travail avant de partir. La fiole verte était là.
La maisonnette de Mona Stère se trouvait à deux pas de là, accolée derrière l’église du Dé unique, un petit bâtiment mignon de pierre brute, avec des tuiles d’ardoise violette et de petits vitraux que la mère de Holly qualifiaient de « croquignolets ».
Le jeune sorcier marcha jusqu’à la porte. Des traces de pas avaient déjà écrasé la neige devant le paillasson. Les empreintes étaient trop grandes pour être celles de Mona Stère, et légèrement tordues. Perplexe, Holly toqua à la porte. Celle-ci s’entrebâilla en grinçant, mais personne ne répondit. Il sentit confusément que quelque chose n’allait pas, ouvrit davantage le battant et appela :
— Mona ?
L’appartement avait une odeur d’infusion de bergamote. Il n’y avait personne dans le séjour tout en velours mauve et napperons au crochet. Hésitant, Holly sortit la fiole de sa poche et la déposa sur la commode de l’entrée, à côté du pot fourre-tout. Il allait partir quand il aperçut une marque sur le sol. Alarmé, il ouvrit la porte et entra.
Il y avait du sang par terre, en forme de pied, comme si quelqu’un avait marché dans une flaque d’hémoglobine en chaussettes. D’autres traces s’éloignaient en direction du couloir.
— Mona ! appela de nouveau le jeune homme, paniqué.
La prêtresse ne répondit pas, mais il vit quelque chose de sombre accroché au plafond. C’était poilu et moelleux comme une peluche. Ça avait de grands yeux orange comme des kakis et des dents de bébé blanches et minuscules.
La créature se jeta sur lui ; Holly hurla.
Globalement, je n’ai jamais joué à un jeu de rôle, alors j’ai par moment eu du mal à m’y retrouver. Mais j’ai beaucoup aimé le passage où le jeu prend le dessus et les personnages sont au second plan en italique. J’ai parfois eu du mal à saisir qui disait quoi et cela a nui à la fluidité de ma lecture.
Une correction « Alors… dit Mémé »
Enfin, ce début de chapitre léger, prend d’un seul coup une tournure plus sombre. J’ai carrément adhérent et j’ai évidemment envi de me jeter sur la suite.
Un petit truc qui m'a perturbée aussi sur le JdR : "Les trois joueurs en déduisirent que l’histoire serait sérieuse", ok, mais après "C'est vraiment n'importe quoi cette session" : j'arrive pas à déterminer si ça aurait dû être sérieux et qu'ils ont détourné le truc avec leurs persos débiles / les mauvais jets de dés, ou si c'était ironique que ça allait être sérieux, ou encore si ce décalage est accidentel.
Toujours sur le JDR, au niveau des relations entre les personnages, je me demande si l'animosité va vraiment pouvoir persister longtemps s'ils partagent ce genre de moments. Je sais bien que c'est réellement très compliqué le passif entre Holly et Robin, mais à partager autant de moments ensemble et surtout des moments de fun potentiel, si je projette cette situation dans la vraie vie, je pense qu'assez vite il y a un truc qui évolue dans les rapports, je ne sais pas forcément dans quelle direction mais... Bon, du coup je suis bien sûr très curieuse de voir comment ça va évoluer ! J'aime aussi beaucoup lire les impressions d'Alistair à propos de tout ça, qui reflètent très bien celles qu'on peut avoir en tant que lectrice non avertie ^^ J'ai adoré la scène du début dans la chambre avec les dessins, je l'ai trouvée très parlante dans la gêne, la rivalité, les échos du passé et tout ça. Et je suis d'accord avec Nothe aussi pour la scène de la boulangerie, super belle. J'ai l'impression que la narration prend ici tout son temps pour développer le ressenti de Holly et c'est vraiment très cool.
Bon la suite maintenant ! Je n'ai pas trop trop peur pour Holly mais je suis méga curieuse de savoir ce qui va se passer avec cette créature !
Je suis humaine, j'ai adoré la scène du jeu de rôle. Je me demande si ces histoires dans l'histoire ont un sens caché qui ne se révélera que plus tard, ou si c'est simplement gratuit, pour le plaisir de la digression et de l'ambiance. Te connaissant, la deuxième option ne m'étonnerait pas... Et en attendant, au-delà de l'humour et de la description de cet univers loufoque à souhaits, ça en dit pas mal sur les personnages et leurs réactions - notamment cette soit-disant animosité entre Alistair et Holly.
En tout cas, c'est encore et toujours un vrai régal, depuis l'intro. Je me demande comment toutes ces idées te viennent, si tu as une sorte de lâcher-prise au moment d'écrire qui te fait improviser sur ces petits détails qui créent l'univers loufoque, et si tu as le même sentiment de bien-être en écrivant tout ça que moi en te lisant...
A très vite !
Décidément, entre le coup de froid et ce gros bleu, pas en très bonne santé les fesses à Mémé ^^
Je découvre que j’ai peut-être un âge mental moins élevé que je pensais, parce que j’ai hurlé de rire en lisant le verbe « péternuer »…
A part ça, juste un petit commentaire pour te dire que j’ai dévoré « Ville noire » et « Le Livre des Vérités » (jusque-là, mes plus gros coups de cœur sur PA), et je suis très contente de découvrir (et d’adorer déjà) ton vœu de l’oye ! (Bien joué pour le titre, soit dit en passant ;) )
Je suis absolument fan de tes univers à la fois imbriqués les uns dans les autres et pourtant complètement différents, toujours orignaux, colorés, fascinants, et toujours aussi perchés (dans le très bon sens du terme ;) )
Ce monde-plateau de jeux c’est un coup de génie (géniale la mise en abyme dans ce chapitre, d’ailleurs!), et tes personnages sont aussi incroyables et immédiatement attachants et intriguants que dans tes textes précédents
Désolée, rien de très constructif, c’était juste pour te faire savoir que j’adore tes romans ! ^^
Cette partie de jeu de rôle était incroyable xD Bravo pour sa rédaction : c'était drôle et inventif. Un concentré de Lou dans une terrible bataille de mouillettes ! Et c'était une chouette façon d'unir Robin, Holly et Alistair... Même si ça ne rabiboche pas les uns et ne crée pas d'amitié avec l'autre, ils ont partagé quelque chose ♥
Ensuite, ce passage plutôt plein de poésie avec Robin. Malgré les maux de fesses et les parties de jambe en l'air de Mémé, il y flottait une atmosphère très douce. Le rouge du manteau de Robin sur la neige, leurs mains serrées, cette superbe image de poissons écarlate se répandant sous leurs pieds... Le lien avec la dernière partie est très bien fait !
Basculer dans quelque chose de sombre, un pied dans le deuil, c'était surprenant, mais tout en se fondant dans ce ton propre à cette histoire.
J'aime beaucoup le personnage de Robin. J'aime cette façon de sauter un peu à la gorge, mais de s'excuser aussitôt. Elle est sanguine, j'ignore si c'était voulu, mais ça fonctionne !
La suite, maintenant. Hop hop hop
Mais je suis trop curieuse, wesh, j'ai envie de savoir pourquoi Robin et Holly sont à ce point en froid !! Holly a vraiment l'air amoureux de Robin, mais je crois pas que le problème vienne d'une peine de coeur. è.é En tout cas je vote pour Robstair.
Et cette fin ! Gros contraste avec le début. :O Entre le passage tout triste à la boulangerie, et la scène d'horreur dans la maison de Mona Stère (ce nom....)... Est-ce que la bestiole est un yeti ? :p Y a pas assez de yeti dans les histoires. Mais te connaissant ce sera probablement quelque chose de bien plus bizarre.
BON ET ALORS QU'ARRIVE-T-IL A HOLLY ???
Pour l'instant j'aime beaucoup ce mélange d'humour décalé et de logique interne à ton univers ! On s'amuse beaucoup, mais on sent qu'il se passe des choses sérieuses en arrière-plan, juste dans le coin de notre œil, et ça m'intrigue très fort. D'ailleurs la fin de ce chapitre se montre plus franche, avec l'évocation de cette attaque de vampire et la découverte de cette flaque de sang par Holly. Ce qui est curieux, c'est que je ne sais pas du tout si je dois m'attendre à ce que la pression monte crescendo dans le prochain chapitre, ou à ce que cette découverte se termine par une pirouette humoristique 👀 Les deux marcheraient très bien vu la manière dont tu as planté le décor, du coup je suis impatiente de lire la suite !
Je me suis très vite attachée à tes personnages, surtout tes trois protagonistes. Alistair a un côté assez franc que j'aime beaucoup, et le caractère de cochon d'Holly est divertissant, huhu. (vu leur relation, il y aurait sans doute une blague à faire sur le thème boudin/cochon, mais je vais m'abstenir XD) Pour l'instant Robin a mon respect mais j'ai un peu plus de mal à la cerner. Il faut dire qu'elle parle peu d'elle-même, et apparemment pour de très bonnes raisons, donc 👀👀 hâte d'en apprendre plus !
En tout cas cette histoire s'annonce croustillante. Et sans doute assez longue, non ? Rien que le voyage lui-même promet énormément de rebondissements, vu le monde extraordinaire que tu as composé, et il se passe déjà tant de choses rien que dans la première case ! Quand j'ai lu le résumé, je ne m'attendais pas à ce qu'on reste si longtemps à Génoise-en-Givray, mais on peut dire que je ne regrette pas. ♥
Alors pour te répondre sincèrement, je crois que je suis incapable de faire du pur humour, donc il y a peu de chance que le prochain chapitre commence par une pirouette drôle XD (Je déteste quand les séries font ça, le truc qui t’enjaille en fin d’épisode pour dire « en fait non » à celui d’après). Non, c’est une histoire idiote, mais il est tant que les choses sérieuses démarrent un peu :).
Et je trouve que le regard que tu poses sur mon trio est très juste. Clairement Robin est très pudique sur elle-même, autant avec Alistair qu’avec les lecteur, mais j’espère que tu l’apprécieras parce qu’elle est celle par qui cette histoire à germée. J’espère que quand on en saura un peu plus sur ses secrets, on la trouvera plus attachante (j’ai l’air déçue, mais en fait, je dirai que pour le moment, tout se passe comme prévu XD).
Et pour le voyage, je pense passer seulement un ou deux chapitre par case une fois que le voyage aura commencé. C’est vrai que toute le première partie se passe au même endroit, mais j’avais besoin que les interactions entre les persos soient très claires avant le gros départ.
Je pense faire environ 32 chapitre (env 100000, 1200000 mots à la louche).
Gros bisous et merci infiniment pour ta lecture !
Quel super chapitre ! On sent bien l'odeur de neige et du vin chaud qui rappelle les soirées de Noël (:p)
Bon, ok, plus sérieusement, tu sais déjà ce que je pense de cette partie de JdR, perso je trouve que c'est une occasion merveilleuse de tisser des liens et de comprendre comment les personnages fonctionnent sans qu'ils ne disent un mot sur eux-mêmes. Même Mémé se retrouve dotée d'un caractère plus malicieux que ce qu'on pourrait d'abord imaginer. En plus, c'est souvent très vrai : les premiers persos sérieux des joueurs sont souvent des personnages qui en disent long sur eux-même, comme les premiers OCs que tu crée en tant qu'auteur. Donc je dévore ces sessions avec grand plaisir et j'ai vraiment hâte d'en voir davantage !
Allez, un truc sur lequel j'ai réfléchi : quand j'avais entendu le passage, ta lecture des dialogues était très vivante et le ton des répliques était très clair. Je trouve qu'à la lecture texte, ce ton disparaît un peu :/ Plusieurs phrases semblent être dites de manière un peu plate, par exemple "Ah et il se bat avec une hallebarde", "Agougniasse est plus sensible qu’on ne l’imagine et ce spectacle pathétique commence à lui fendre le cœur", "Mais je crois qu’il ne m’aime pas trop et qu’il n’a pas envie que je traine avec toi"... C'est un petit détail, et je sais que c'est aussi quelque chose sur lequel je peux être obsessif pour aucune raison, mais je dirais que ça vaudrait peut-être le coup de rajouter des virgules ou des emphases de temps en temps pour être sûre que le ton soit bien donné ? C'est quelque chose que j'avais aussi remarqué dans Le Livre des Vérités. Pour moi, ça donne un côté artificiel au dialogue qui n'est clairement pas voulu. Enfin, à voir si d'autres ont la même impression ! La lecture "dans la tête", c'est très subjectif.
En relisant les chapitrs précédents, je me suis aussi aperçu que Holly disait qu'il était sorcier du trait, ce dont je ne me souvenais plus du tout en lisant ce chapitre ! Ca explique les dessins, du coup, c'est super chouette. Est-ce qu'il crée de la magie en dessinant ? Est-ce que c'est un peu plus compliqué que ça et le dessin est juste un hobby ? J'ai hâte d'en apprendre plus maintenant que j'ai fait le lien !
Personnellement, j'ai beaucoup aimé la scène de patinage. Il y a un vrai émoi à se laisser entraîner par quelqu'un de plus confiant que soi qui je trouve ressort bien de la scène, et en même temps leur dialogue est assez léger pour que les pensées d'Alistair soient fondées : pour l'instant, on n'est pas sûrs de ce que Robin veut vraiment de lui. C'est aussi une scène qui reste très drôle (j'ai déjà commenté le "bouh, il est tombé" qui me fait encore rire x) Et les tentatives un peu pathétiques d'Alistair pour flirter sont vraiment parfaites, ça lui va tellement bien, ce côté surané, "j'ai lu ça dans un livre".)
Et là on arrive à LA scène du chapitre pour moi - je sais pas si c'est quelque chose que tu as vécu et que tu as très bien réussi à retranscrire, ou si tu as juste parfaitement mis le doigt dessus, mais pour moi c'est une scène qui m'a vraiment ramené sur terre, je la trouve EXTREMEMENT juste. La description de ce lieu auquel la nostalgie donne une aura dorée qui ne suffit pourtant plus trop, l'enchaînement des deux phrases pour décrire la boulangère morte (elle ressemblait à un tas de cartes, c'est tellement bien), et la réaction de Holly qui essaie d'échapper à ce froid en se rattachant aux petites choses du quotidien, j'ai tout trouvé très fort. Je pense que c'est un sentiment de gêne silencieuse qu'on ressent tous un jour ou l'autre, et l'hésitation de Holly est particulièrement vraie et tangible. J'ai vraiment beaucoup aimé ce passage.
J'ai aussi beaucoup aimé la description de la maison de Mona ! Je ne sais pas pourquoi, mais je l'ai vraiment très bien visualisée. Un petit truc peut-être, dans la manière dont tu décris le vampire, le fait d'utiliser le mot "peluche" donne l'impression que c'est vraiment petit, genre taille Furby. Je sais pas si c'était l'intention ? Après, j'y ai réfléchi, et si une araignée grosse comme mon ongle m'approche, je m'éloigne, alors si un truc de la taille d'un Furby me sautait dessus, je paniquerai sûrement aussi... Bref, à voir !
Enfin voilà !! Trop hâte de lire la suite comme tu le sais, je trouve que c'est le moment idéal dans l'histoire pour ajouter un peu de cadavres dans les placards. Ca fait du mystère, ça donne bien envie de tourner la page !
COQUILLES :
- "Et si on était un peu joueur ?" : je mettrais un S à joueurs ici, je crois que le on a vocation de nous, en tous cas le joueur tout seul me paraît étrange (à vérifier auprès d'Ery ?)
- "Elle a fait des flancs avec les restes de nos camarades !" : flans
On a effectivement déjà parlé du « bouh il est tombé » et du travail à faire sur la ponctuation.
Effectivement, comme tu l’as remarqué, j’ai rajouté le fait que Holly était un sorcier du trait, histoire que le lecteur comprenne qu’il n’y a pas que les sorciers de couleur. Tu devrais avoir très vite une démonstration de sa magie.
Et je suppose qu’en grandissant nous perdons tous des choses qui pour nous étaient synonymes de magie. Je ne suis pas sûre d’avoir jamais vécu exactement ce que vis Holly, mais sans doute des mélanges de ça.
Et tu en sauras plus sur la chauve-souris au prochain chapitre. Elle fait un plus que la taille d’un furby mais moins que celle d’une homme.
Merci beaucoup pour les coquilles, je vais corriger ça de ce pas !
Des poutoux et à bientôt !
Merci pour ce moment de lecture.
◊ Toute la partie du jeu de rôle, je me suis sentie plongée dans un mélange entre Stranger Things, Kamoulox et Kaamelott. C'était cocasse. J'ai pas compris grand-chose, mais c'était drôle dans l'ensemble. Peut-être que ça gagnerait à être un tout petit peu plus court.
◊ J'adore que Robin attire tout ce qui est rouge. L'image des poissons est belle.
◊ Intéressante, cette dynamique triangulaire pleine de mystères. Je suis paumée dedans.
◊ J'imagine tout à fait ce récit comme un livre pour enfants que les adultes liraient en cachette après l'avoir offert aux petits à Noël.
Pour la partie de jeu de rôle, j’étais un peu en roue libre. Je vais réfléchir pour le raccourcir ou non. J’attends souvent d’avoir plus de retours avant de modifier :) Je le note dans mes trucs à cogiter.
Et oui le triangle entre les trois personnages centraux est capital. Et il est pensé pour être un peu compliqué.
Pazr contre, je crois que tout le monde à tendance à voir ce texte pour un peu plus jeune qu’il ne l’est. Je le vois accessible pour les bons lecteurs de 12 ans, mais je vise plutôt du 16 ans dans l’ensemble. Il y aura potentiellement du sexe moyennement explicite et des morts donc on verra :).
J'ai profité que tu commences à poster pour touuut relire depuis le début, parce qu'il m'avait manqué des morceaux, et j'ai vraiment bien fait parce que ça a été un double plaisir <3
Je fonds absolument devant la douceur et la bizarrerie qui se dégagent de ce texte. Tu as toujours excellé dans l'art de juxtaposer des choses décalées et d'en faire des tableaux hyper originaux, mais là, en plus, le côté cosy et moelleux me donne envie de m'enrouler dans un plaid avec un chocolat aux marshmallows et de déguster ma lecture.
C'est toujours très visuel, j'ai plein de couleurs qui m'emplissent la tête, des odeurs, des petits éclats d'une vie qui a l'air très vraie malgré toutes ses excentricités. Et puis c'est peut-être bête mais je trouve que la saison y colle parfaitement, entre l'automne et Halloween.
Tes personnages sont déjà hyper attachants, mais pas seulement, et j'aime beaucoup qu'on découvre de la profondeur et des couches aux principaux comme aux secondaires, comme avec Blini ici. Ça donne encore plus d'épaisseur à l'univers.
La session de jeu de rôle était absolument épique, j'ai pas arrêté de rigoler xD Et concernant la grosse bête à la fin, je m'en fais quand même une image plutôt inquiétante, tout en étant très originale ! Vivement la suite !!
Je te fais de gros bisous et à bientôt en vraie ou sur nos textes