La gare de Lyon s’était parée d’une nouvelle façade, plus majestueuse qu’auparavant.
Sur le quai, admirative, Bérénice contemplait la grande verrière et ses armatures d’acier qui encadraient un paysage bien différent de celui qu’elle venait de quitter. Les cheminots s’affairaient, les voyageurs allaient et venaient, et tous ces individus évoluaient dans les volutes de vapeur qui s’échappaient des locomotives. Le soleil accablait la foule comme une chape de plomb, étourdissant les âmes et excitant les esprits. Au rythme effréné de la gare, Bérénice découvrait Paris au moment de l'exposition universelle de 1900.
Les découvertes scientifiques étaient allées trop vite pour elle et elle se sentait déjà dépassée par la modernité de ce monde. Jamais encore elle n’avait vu autant de machines, entendu autant de sifflets et senti aussi fort l’odeur âpre du charbon. Elle scrutait tout, étudiait chaque individu.
— Nous irons d’abord au ministère. Ensuite, nous pourrons nous installer. J'ai hâte de prendre possession de nos appartements, fit une voix masculine devant Bérénice.
C’était un jeune homme raffiné : costume sombre, haut-de-forme immaculé et épais foulard rouge autour du cou.Tout en lui respirait la noblesse ou la haute bourgeoisie. Il était aussi long que fin, dépassant d’une tête la foule. A ses côtés se tenait son domestique, mais Bérénice ne distingua pas son visage. Il lui répondit avec un accent étranger :
— Je vous le demande une dernière fois… Êtes-vous sûr de pouvoir lui faire confiance ?
— Bien sûr que non… Je le sais bien, mais où serait l’amusement ?
Sur le quai, Bérénice ne put s’empêcher de sourire en entendant cette remarque, mais prise dans ses rêveries, elle le bouscula :
— Oh ! Mille excuses ! D’avoir le nez trop en l’air, je ne vous ai pas vu ! lança-t-elle.
Le jeune homme se tourna vers Bérénice, souleva son chapeau poliment et poursuivit sa route. A sa suite, une domestique rondelette dodelinait sur ses courtes jambes, quelques mètres en arrière, déséquilibrée par un lourd bagage.
Avec humeur, Bérénice se surprit à surveiller pour la énième fois la grosse horloge de la gare. Ses aiguilles prenaient un épouvantable plaisir à lui rappeler que le chauffeur qu’elle attendait depuis une heure l’avait bel et bien oubliée. Elle jeta un coup d’œil au message laissé par Hubert :
« Le chauffeur des Lépine viendra te prendre à treize heures tapantes. Ne sois pas en retard, ton hôte a l’air d’être ponctuel. Donne-moi de tes nouvelles, ma petite Bérénice. Je pense à toi. »
— Treize heures tapantes qu’il avait dit… Il a de l’humour.
C’en était assez ! Bérénice attrapa sa valise tombée au sol et traversa d’un pas décidé le grand hall. Elle passa devant l’espace où se construisait le restaurant de la gare, réalisé pour l’inauguration de l’exposition universelle. Elle se fit la réflexion :
— J'arrive au moment où Paris sera la ville la plus bondée du monde. Un jeu d'enfant pour retrouver un meurtrier. Et Hubert qui disait que je n'étais pas un chat noir.
Un instant, Bérénice s’arrêta devant un miroir. Elle s’y vit, alors qu’elle enfonçait avec vigueur son canotier sur la tête. Elle avait dû troquer les caftans portés en Égypte pour une robe bleue sobre. Autour d’elle, les passants étaient si lisses, pâles et élégants. Avec ses manières gauches, sa peau brunie par le soleil et ses vêtements usés, elle détonnait.
Bérénice atteignit l’esplanade de la gare sur laquelle les voitures patientaient, les unes à la suite des autres. Paris s’étalait devant ses yeux : les boulevards haussmanniens, les grands platanes en feuilles, la foule des badauds. Elle était à la fois frappée de stupeur et d’émerveillement.
— Pousse-toi !
— Ah !
Un coup violent s’abattit contre son épaule, la projetant contre le sol. Dans sa chute, Bérénice se heurta à sa valise et son sac roula contre les pavés. Surprise, aucun son ne s’échappa de sa bouche. Elle eut le souffle coupé. La tête contre la chaussée, elle reprit ses esprits.
Devant elle, courrait la domestique qui accompagnait le noble. Sur son front perlait de grosses gouttes de sueur. Elle tenait ses jupons de ses mains potelées et criait après un garçon, bien plus rapide et agile qu’elle. Cet enfant était agrippé à l’une des malles de la domestique. C’était lui qui l’avait fait tomber.
— Petit vaurien ! Rends-moi ça ! Tu ne sais pas à qui tu as affaire ! Si j’étais ta mère je te pendrais par les pieds, petit voyou. A l’aide ! A l’aide !
La domestique s’époumonait tellement qu’elle ne parvenait plus à soutenir le rythme de course de l’enfant.
— Maudit gosse ! Reviens ! Je vais t’apprendre les bonnes manières, moi !
Icare s’échappa de la besace de Bérénice et roula sur le sol à quelques mètres de sa propriétaire.
Il déploya ses ailes qui laissèrent entrapercevoir, à qui avait la vue fine, maintenue sous une carapace de fer, une pierre couleur bleue. De ses yeux de verre, il fixa Bérénice et s’élança dans les airs.
— Non, Icare ! s’écria Bérénice.
Le voleur cavalait, bondissait, réalisait quelques acrobaties, et par mégarde, s’accrochait parfois à quelques passants. Le colibri plongea vers la foule. Icare attaqua du bec en frappant fort dans le thorax, une fois, puis une deuxième fois. Le souffle court et à terre, le voleur s’agita vainement pour le faire fuir, en poussant des cris de rage.
— Va-t’en sale oiseau de malheur ! Oh, mais dégage ! Lâche-moi, lâche-moi, j’te dis !
Il abandonna les affaires de la domestique, trop accaparé à se débarrasser d’Icare. Ce dernier becqueta ses cheveux, y prenant un malin plaisir. Le gamin se protégeait le visage. Quelques passants s’esclaffèrent tandis que des forces de l’ordre, alertées par le bruit, se dirigeaient à l’aveugle vers la scène.
Victorieux, Icare revint à tire-d’aile vers Bérénice qui se releva, épousseta ses robes et se précipita vers la domestique. Icare relâcha la valise entre les mains tendues de la bonne puis se posa sur les épaules de sa maitresse. Reprenant son souffle, soulagée, elle s’exclama :
— Oh, madame est drôlement douée avec son oiseau. Quelle force !
— Il est stupéfiant, n’est-ce pas ? répondit Bérénice tout en flattant le cou d’Icare.
— Quelle misère si j’avais perdu les bagages de mon maître.
— Auriez-vous un petit quelque chose pour le récompenser ? Même s’il ne peut pas manger, ça l’attriste de ne pas faire comme les vrais oiseaux.
Médusée, la domestique dévisagea Bérénice et l’oiseau mécanique, avant de se reprendre
De l’autre côté de l’esplanade accouraient l'homme au foulard rouge et son valet.
Ce dernier, plus âgé que Bérénice de quelques années, dénotait autant qu’elle dans cet ordre parisien. Il dégageait un aspect assez farouche que son sage costume de domestique s’efforçait de modérer. Plus petit que son employeur, sa stature était digne d’un boxeur. Rien de ses longs cheveux attachés en arrière, de son épaisse barbe, ou encore de sa peau sombre n’intimida Bérénice plus que ses yeux… aussi incroyables que les eaux bleu-noir du lac Baïkal en hiver. Les passants s’efforçaient de le contourner.
Le second homme semblait avoir grandi trop vite. Ses longues jambes, ses bras interminables et son cou sans fin s’achevaient par un haut de forme qui renforçait encore davantage cette impression de grandeur et de fragilité. Son visage, lisse et imberbe, exprimait pourtant une force et une volonté que son sourire amusé ne parvenait pas à masquer. Il avançait vers Bérénice, le front vers l’avant, comme un soldat fonçant vers la bataille.
— Un voleur dans les environs, Marta, et il sera forcément à vos trousses. Je vous l'ai toujours dit… vous êtes faite pour l’aventure ! lança-t-il une fois arrivé à leur niveau.
Icare mordilla l’oreille de Bérénice avec impatience. Cet oiseau avait toujours la bougeotte.
— Marta, pourquoi ce genre de choses n'arrive qu'à vous ? siffla le second, avec un accent rugueux.
Le ton de voix du jeune homme était aussi raffiné et amusé, que celui de son domestique, froid et inflexible. Marta se confondit en excuses. Son maître tendit une main vers Bérénice :
—Lysandre. Voici mon valet, Pierre et vous avez déjà eu l’occasion de rencontrer Marta. Sans vous, la plupart de mes bagages, auraient été disséminés aux quatre coins de Paris.
Bérénice la saisit, se dévissant le cou pour croiser le regard de Lysandre.
— Je n’ai pas fait grand-chose. Marta était sur le point de l’arrêter d’elle-même, répondit-elle, pas tout à fait honnête. Et il n'en ressortira pas indemne. Elle l’a maudit sur plusieurs générations.
Marta rosit de plaisir, agrippée fermement à sa valise de peur que celle-ci ne s’échappe de nouveau. Bérénice se présenta :
—Bérénice Vasari.
Lysandre hocha la tête, son attention accaparée par Icare qui voletait dans tous les sens. L’oiseau mécanique coinça son bec sous l’oreille de Bérénice, presque timide.
— Quelle créature impressionnante ! Son mécanisme est si bien ficelé. Je ne connais pas beaucoup d’Habiles capables d’un tel travail !
Les Habiles.
Ces employés du gouvernement relevaient pour les provinciaux, davantage du mythe que de la réalité. Sans en avoir déjà rencontré, Bérénice avait déjà vu quelques-unes de leurs machines. Leurs talents dans le domaine des sciences leur permettaient d’inventer et donner vie aux matériaux. Ils étaient capables de réaliser des mécaniques ingénieuses.
Bérénice avait bien vite compris qu’Icare devait être une de leurs œuvres. Il ressemblait en tout point à un oiseau, sauf qu’il surpassait son modèle en intelligence et en force. Ainsi, elle ne s’étonna pas des conclusions tirées par Lysandre. Elle se demandait plutôt comment un tel objet, extrêmement cher, rare et convoité, avait atterri chez elle.
— Vous en parlez librement ? C’est étonnant ! remarqua Bérénice. Les Habiles ne sont pas très appréciés. En Province, utiliser le mot « Habile » peut être pire que d’utiliser celui de « sorcière ».
Ce n’était pas peu dire. Bérénice, bien que jusqu’ici à l’écart des querelles qui se tenaient au sujet des Habiles, savaient que ceux-ci, gardaient la population dans l’ignorance sur l’étendue de leur don. Ils s’excluaient de la société… ce qui n’était pas du tout apprécié. Même l’État s’en méfiait. La Société de géographie avait toujours refusé que les Habiles travaillent pour eux.
— C’est vrai, concéda Lysandre. Mais Je me méfie des croyances. La plupart des machines ici sont de leur fait.
Bérénice acquiesça. Lysandre semblait être bien plus informé que ce qu’il laissait paraître.
— Vous avez déjà rencontré des Habiles, constata-t-elle à voix haute.
— En effet, j’en connais quelques-uns, fit-il amusé en se tournant vers son valet.
Pierre rebondit en pointant du doigt Icare :
— Un tel objet n’est pas à la portée de n’importe qui. Si j’étais à votre place, j’en prendrais grand soin et j’éviterais de l’exposer comme vous le faites.
Lysandre reprit :
— Pierre a raison, même si ses manières sont brusques. J’en connais qui payeraient le prix fort pour vous l’arracher.
— Sans lui, je vous rappelle que vous seriez encore en train de courir après votre bagage, monsieur, lança Bérénice, railleuse.
Son effronterie amusa Lysandre qui inclina son chapeau. Néanmoins, Bérénice ne prit pas le conseil à la légère. Elle présenta sa besace à Icare qui, bon gré mal gré, referma ses ailes sur son corps pour plonger dans le sac et disparaître.
— C’est un cadeau de mon père. Il m’est très précieux.
Pierre murmura à ce moment précis :
— Quel drôle d’oiseau…
Lysandre acquiesça. Tous deux parler de Bérénice et non d’Icare. Sa façon de se conduire étaient peu conventionnels, son aplomb amusant.
— Me feriez-vous le plaisir de nous laisser vous conduire chez vous en guise de dédommagement ? proposa Lysandre en se courbant de tout son long vers elle.
— Avec plaisir ! Je dois me rendre à une adresse près du jardin du Luxembourg, serait-ce un trop long détour pour vous ?
— Aucunement ! Allons donc, en voiture ! lança Lysandre dans un clin d’œil.
Reconnaissante, Bérénice farfouilla dans son sac pour tendre au valet un papier sur lequel était inscrit à la va-vite une adresse.
À la lecture de sa destination, Pierre écarquilla les yeux et arrêta d’un geste Lysandre qui se dirigeait d’un pas ferme vers la voiture. Ce dernier ne cacha pas son étonnement :
— Décidément, Bérénice, vous êtes pleine de surprise. Les Lépine ne sont pas n’importe quelle famille !
Bérénice se mordit les lèvres, embarrassée. Comment lui avouer que d’eux, elle ignorait tout. Parmi les affaires de son père, elle avait trouvé un carnet sur lequel des esquisses d’Icare avaient été dessinées. Dans ce même carnet, figurait une liste d’individus, parmi lesquels se trouvaient les Lépine, domiciliés à Paris. Bérénice leur avait alors envoyé une lettre pour leur demander de l’héberger pendant quelque temps. A sa grande surprise, ils lui avaient répondu favorablement, l’attendant dès la semaine d’après…
— Les Lépine ? Je ne les connais pas vraiment, avoua-t-elle. En revanche, vous, oui !
Lysandre l’incita à reprendre leur marche et répondit en hochant la tête :
— Mais de quel coin obscur, venez-vous pour ne pas avoir entendu parler d’eux ? C’est une des familles les plus riches du pays. Leurs ancêtres possédaient des mines de pierres précieuses, je crois. Octave Lépine fait partie des proches de l’empereur !
Bérénice stupéfaite, croisa le regard émerveillé de Marta. Elle se sentait bien moins enthousiaste que la domestique. Quelle idée avait-elle eu de les contacter sans se renseigner ? Un proche de l’empereur comme hôte… voilà une excellente idée pour vivre incognito à Paris… Elle aurait dû se méfier dès le départ de cette liste !
— Je l’ignorais, reprit Bérénice en évitant de justesse un porteur de malles.
— Si mes souvenirs ne me font pas défaut, ce sont des gens accueillants, la rassura Lysandre. Ils seront ravis d’avoir une petite protégée comme vous.
Bérénice acquiesça, faussement rassurée. Chaque problème en son temps. Si vivre chez les Lépine s’avérait compliqué, elle pourrait toujours prendre la poudre d’escampette. Ce ne serait pas la première fois.
— Quand les avez-vous vus pour la dernière fois ?
— Il y a de ça des années. Je connais surtout leur fille. Héloïse est une des personnes les plus passionnantes qu'il m'ait été de rencontrer. Faites attention, lança-t-il avec malice en pointant un doigt vers Bérénice. Héloïse est bien plus subtile qu’elle aime à le laisser croire. Ne vous laissez pas prendre au piège.
Lorsqu’ils atteignirent la voiture, il lui ouvrit la porte et elle se glissa à l’intérieur, soulagée. Les deux employés s’assirent aux côtés du cocher et le fiacre s’ébranla.
Bérénice s’enfonça dans la banquette, le dos douloureux après une journée de voyage en seconde classe. Lysandre jeta un coup d’œil au titre du journal posé à côté de lui et sourit. Il le tendit immédiatement à Bérénice :
— Constatez par vous-même ce que je vous disais.
Sur la une s’étalait en gros titres :
OCTAVE LEPINE – L’HOMME DERRIÈRE L’EXPOSITION UNIVERSELLE
Interview du célèbre homme à la tête d’une formidable entreprise
En dessous, la photographie de deux individus en haut de forme et costume se serrant la main illustrait le journal. L'un d'eux était celui chez qui elle allait vivre. Lysandre n’ignorait rien des grands de ce monde. Piquée par la curiosité, elle demanda :
— D’ailleurs, je ne vous ai même pas demandé…vous venez pour l’exposition universelle ?
Lysandre desserra son foulard rouge, croisa ses jambes sans fin et soupira :
— Je ne manquerai ça pour rien au monde ! Mais non, ce n’est pas le principal motif de ma venue… Non, je viens ici récupérer un bien qui m’appartient et que l’on m’a volé.
— Que vous a-t-on pris ? s’exclama Bérénice, désolée.
— Mon emblème.
Lysandre avait lâché ces derniers mots d’un air maussade, jouant avec son chapeau d’une main distraite. Sa tête frôlait le plafond de la voiture et il scrutait Bérénice comme s’il cherchait à lire en elle. La conversation avait pris une tournure bien plus sérieuse. Bérénice se redressa, demandant avec prudence :
— Un emblème ? … vous êtes donc noble, n’est-ce pas ? Mais qu’est-ce qu’un emblème ? Je pensais que c’était le blason d’une famille… Un symbole pour la représenter.
Lysandre se pencha vers elle et lui glissa sur le ton de la confidence :
— Vous avez juste, mais c’est bien plus encore. Voler un emblème, c’est la chose la plus grave qu’on puisse faire à un noble et j’attends de le retrouver depuis très longtemps.
Bérénice prit un ton badin espérant renouer avec l’humeur enjouée des premiers échanges :
— Vous savez les voleurs, c’est mon quotidien. Je suis géographe et travaille souvent dans les chantiers archéologiques… Là-bas, vous pouvez être sûr d'en croiser au moins un ou deux. Si vous avez besoin d’aide, je suis une experte pour leur tirer les oreilles.
— Lorsque je l’aurai trouvé, je ferai appel à vous ! Vous serez mes bras, si je manque de force au combat !
— Pour tout vous dire, le dernier, je l’ai assommé avec une planche de bois. Il doit être toujours à la même place actuellement.
« Accompagné d’Hippolyte », songea-t-elle. Lysandre siffla, la tête penchée.
— Rappelez-moi de ne jamais rien vous voler !
Il reprit avec sérieux :
— Quel courage ! Une femme travaillant pour la Société de Géographie… A mon souvenir, il s’agissait d’une vieille bande de roublards aux réunions barbantes. La seule chose qui y était intéressante était le whisky écossais. Oui… et il y coulait à flot !
La voiture remonta un grand boulevard perpendiculaire à la gare et soudainement Bérénice aperçut la Seine. Le fleuve s’étendait vers l’île Saint Louis qu’elle distinguait déjà. Tous ces lieux lui étaient à la fois familiers et étrangers, comme à chaque fois qu’elle tombait sur un monument découvert dans ses livres.
— Je ne participe pas à toutes ces frasques. J’ai été embauchée par la Société, sans jamais y avoir mis un pied. Eux lisent et analysent les dossiers que j’envoie, c’est tout !
— C’est pas vrai ? fit Lysandre. Ils ne sortent jamais de Paris ?
— Vous n’imaginez pas. L’aventure leur fait peur ! L’idée de partir sur le terrain les terrifie. Je suis chargée de faire le « sale boulot » quand ils récupèrent les honneurs et la gloire.
— Ils ont du toupet, répondit Lysandre en se frottant le menton, pensif. Vous devriez profiter de votre venue à Paris pour leur expliquer votre façon de penser.
— Cette situation me convient très bien. J’aime ce que je fais, soupira-t-elle. Je compte avoir achevé mon tour du monde avant mes trente ans. Je trouve juste dommage de devoir compter sans leur reconnaissance.
Bérénice discernait le dos de Notre-Dame de Paris. Son immense nef et ses arcs-boutants lui donnaient un air à la fois démesuré et tentaculaire. De part et d’autre de la rive, l’air plus respirable l’apaisa.
— Lorsque vous vous sentirez nostalgique - et cela arrive à tout Parisien qui se respecte - N’oubliez pas de venir faire un tour par ici. Il n’y a pas meilleur remède pour éclaircir les idées, murmura Lysandre, lui aussi hypnotisé par la cathédrale.
Bérénice voulait bien le croire et trouva ses paroles soudainement réconfortantes.
— C’est ironique, fit-t-elle. J’ai parcouru tous les continents… et pourtant je n’ai jamais mis les pieds dans la capitale de mon propre pays.
Du moins, elle ne s’en souvenait pas. Son père avait fait en sorte qu’ils quittent la ville avant qu’elle ne soit assez grande pour se faire des souvenirs.
Penchée à la fenêtre de la voiture, elle contemplait les quais de Seine. Les bouquinistes fumaient, discutant entre eux. Les gouvernantes se promenaient sans jamais quitter de l’œil les enfants qui jouaient autour d’elles. Les mouettes dansaient dans le ciel, parfois l’une d’elles plongeait vers la Seine. Bérénice aperçut même un pêcheur qui lançait sa canne dans les profondeurs du fleuve.
— Vous venez pour la Société de géographie ? Pensez-vous que vous serez bien accueillie ?
— Par les géographes ? soupira Bérénice, reportant son attention sur son compagnon de route. Non, je ne pense pas. Je vais devoir me battre. Je veux leur faire entendre raison sur les problèmes que j’ai rencontré en Égypte.
— Ce ne sera pas à leur goût, j’imagine ?
— C’est un euphémisme. Lorsque je les ai au téléphone, je leur parle « préservation du patrimoine Égyptien et lutte contre le pillage », ils me répondent « coupes budgétaires ».
Le fiacre s’enfonça à nouveau dans les grandes allées en travaux. Fiévreuse, toute la ville se préparait pour l’exposition universelle.
— Je peux vous assurer que j’aurais droit au même accueil que vous ! Trinquons. Aux pestiférés ! s’exclama Lysandre tout en tendant vers Bérénice un verre imaginaire.
Bérénice mima son geste et se laissa bercer par les mouvements des roues sur le pavé. Petit à petit, les routes se firent plus petites, plus ombragées.
— Nous entrons dans l’un des quartiers les plus vieux de Paris.
À la Bastille, ils se perdirent dans le dédale des allées. Bérénice confondit les rues, les passages et les immeubles. Elle, qui tout sa vie avait fui ces rues bien rangées, ces espaces policés et élégants d'Europe, s’y habituerait-elle un jour ?
Soudain ils s’arrêtèrent devant une grande porte en bois d’où entraient et sortaient, affairés, des hommes et des femmes vêtus d’un uniforme élégant, bleu roi. Devant le coup d’œil surpris que lança Bérénice à Lysandre celui-ci lui répondit :
— Je dois faire un arrêt ici, je n’en ai pas pour longtemps, ensuite je vous conduirai chez les Lépine.
— Qu’est-ce que ce bâtiment ?
Lysandre eut un sourire, comme s’il devinait déjà la future réaction de Bérénice :
— L’Hôtel Mortier de Sandreville.
Le ministère des Habiles. S’il y avait bien un endroit où Icare avait pu être créé, c’était ici.
L’ambiance de ce chapitre est tellement différente de celle du précédent qu’on dirait qu’un certain temps s’est passé entre les deux. Me trompé-je ? Bérénice semble avoir surmonté son chagrin et sa colère, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain.
Si j’ai bien compris, la rencontre avec Lysandre est fortuite ; l’épisode du voleur est donc, paradoxalement, un coup de chance. Enfin… à condition que Lysandre soit un « gentil ». Comme Bérénice, il semble s’affranchir de certaines conventions, alors j’espère qu’ils seront amis.
Coquilles et remarques :
— costume sombre, haut-de-forme immaculé et épais foulard rouge autour du cou [L’adjectif « immaculé » m’étonne. Puisque c’est normal que son chapeau ne soit pas taché, veux-tu dire qu’il est blanc ? C’est étrange, avec un costume sombre.]
— A ses côtés se tenait son domestique [À]
— A sa suite, une domestique rondelette dodelinait [À]
— Treize heures tapantes qu’il avait dit… Il a de l’humour. [Virgule après « tapantes ».]
— Elle avait dû troquer les caftans portés en Égypte pour une robe bleue sobre. [Normalement on troque (comme on échange) une chose contre une autre. On voit les deux, mais « contre » est préférable. Voir ici : http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3604]
— Surprise, aucun son ne s’échappa de sa bouche. Elle eut le souffle coupé. [Syntaxe : l’apposition doit se rapporter au sujet du verbe conjugué. Voir ici : http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=2&t1=&id=4710. Je propose : « Dans sa surprise, aucun son ne s’échappa de sa bouche ». Autre option : « Surprise, elle eut le souffle coupé. Aucun son ne s’échappa de sa bouche. »]
— Devant elle, courrait la domestique qui accompagnait le noble. Sur son front perlait de grosses gouttes de sueur. [Pas de virgule après « Devant elle » (inversion du sujet) / courait ; « courrait » est la forme du conditionnel présent / perlaient]
— Si j’étais ta mère je te pendrais par les pieds, petit voyou. A l’aide ! A l’aide ! [Virgule après « ta mère » / À (les deux fois).]
— maintenue sous une carapace de fer, une pierre couleur bleue [une pierre de couleur bleue]
— Le voleur cavalait, bondissait, réalisait quelques acrobaties, et par mégarde, s’accrochait parfois à quelques passants. Le colibri plongea vers la foule. Icare attaqua du bec en frappant fort dans le thorax, une fois, puis une deuxième fois. [Pas de virgules avant « et » / placer « par mégarde entre deux virgules » / On dirait que « le colibri » et « Icare » ne désignent pas le même animal. Je propose quelque chose comme : « Le colibri plongea vers la foule et attaqua du bec le fuyard en le frappant dans le thorax avec force ».]
— Va-t’en sale oiseau de malheur ! [Virgule avant « sale ».]
— Il abandonna les affaires de la domestique, trop accaparé à se débarrasser d’Icare [trop occupé à se débarrasser ; d’autant plus que tu emploies « accaparée » plus loin.]
—Oh, madame est drôlement douée avec son oiseau. Quelle force ! [Je mettrais une virgule après « douée ».]
— Quelle misère si j’avais perdu les bagages de mon maître. [Virgule après « misère » / point d’exclamation ou points de suspension à la fin de la phrase, suivant la nuance que tu veux exprimer.]
— Médusée, la domestique dévisagea Bérénice et l’oiseau mécanique, avant de se reprendre [Il manque le point à la fin de la phrase.]
— Ce dernier, plus âgé que Bérénice de quelques années, dénotait autant qu’elle dans cet ordre parisien [détonnait ; cette faute est d’autant plus étonnante que précédemment, tu as employé le verbe « détonner » dans le même sens.]
— Il dégageait un aspect assez farouche que son sage costume de domestique s’efforçait de modérer. [Un vêtement ne peut pas s’efforcer de faire quoi que ce soit : Je propose « visait à » ou « tendant à ». (En plus, on retrouve le verbe « s’efforçaient » un peu plus loin).]
— Plus petit que son employeur, sa stature était digne d’un boxeur. [Syntaxe ; je propose : « Plus petit que son employeur, il présentait (ou « possédait ») une stature digne d’un boxeur ».]
— par un haut de forme qui renforçait encore davantage cette impression [haut-de-forme ; tu l’as écrit juste précédemment]
— Marta, pourquoi ce genre de choses n'arrive qu'à vous ? siffla le second, avec un accent rugueux. [Pas de virgule avant « avec ».]
— Le ton de voix du jeune homme était aussi raffiné et amusé, que celui de son domestique, froid et inflexible. [Tournure : « Le ton de voix du jeune homme était aussi raffiné et amusé que celui de son domestique était froid et inflexible ».]
— Voici mon valet, Pierre et vous avez déjà eu l’occasion de rencontrer Marta. Sans vous, la plupart de mes bagages, auraient été disséminés aux quatre coins de Paris. [Il faut placer « Pierre » entre deux virgules. / Pas de virgule après « bagages » ; on ne met pas de virgule entre le sujet et le verbe.]
— Bérénice la saisit, se dévissant le cou pour croiser le regard de Lysandre. [J’ai dû relire ce qui précède pour comprendre ce qu’elle saisit.]
— talents dans le domaine des sciences leur permettaient d’inventer et donner vie aux matériaux. [Syntaxe bancale : « leur permettaient d’inventer et de donner vie aux matériaux » ou « leur permettaient d’inventer des matériaux et leur donner vie », suivant la nuance que tu veux exprimer.]
— Ainsi, elle ne s’étonna pas des conclusions tirées par Lysandre. [Je propose : « Aussi, elle ne s’étonna pas » ou « Aussi ne s’étonna-t-elle pas ».]
— En Province, utiliser le mot « Habile » peut être pire que d’utiliser celui de « sorcière » [En province / « pire qu’utiliser » suffirait.]
— Bérénice, bien que jusqu’ici à l’écart des querelles qui se tenaient au sujet des Habiles, savaient que ceux-ci, gardaient la population dans l’ignorance [savait / pas de virgule après « ceux-ci » pour ne pas séparer le verbe du sujet]
— Ils s’excluaient de la société… ce qui n’était pas du tout apprécié. [Une virgule serait préférable.]
— La Société de géographie avait toujours refusé que les Habiles travaillent pour eux [pour elle (la société)]
— C’est vrai, concéda Lysandre. Mais Je me méfie des croyances. [Mais je]
—En effet, j’en connais quelques-uns, fit-il amusé en se tournant vers son valet. [Placer « amusé » entre deux virgules ou, pour éviter d’avoir trop de virgules : « fit-il d’un air amusé en se tournant vers son valet ».]
— pour plonger dans le sac et disparaître. [Il faut être conséquente : si tu emploies la graphie rectifiée, il faut le faire partout.]
—Tous deux parler de Bérénice et non d’Icare [parlaient]
— Sa façon de se conduire étaient peu conventionnels, son aplomb amusant [était peu conventionnelle]
— proposa Lysandre en se courbant de tout son long vers elle. [Si on peut s’étaler de tout son long, on ne peut pas se courber de tout son long. Il faudrait reformuler.]
— un papier sur lequel était inscrit à la va-vite une adresse [inscrite]
— Comment lui avouer que d’eux, elle ignorait tout. [Point d’interrogation, même si on n’attend pas de réponse.]
— Dans ce même carnet, figurait une liste d’individus, parmi lesquels se trouvaient les Lépine [Pas de virgule après « carnet » (inversion du sujet) / pas de virgule avant « parmi lesquels ».]
— A sa grande surprise, ils lui avaient répondu favorablement [À]
— Lysandre l’incita à reprendre leur marche et répondit en hochant la tête [Syntaxe : à elle seule, elle ne peut pas reprendre leur marche. Il faudrait reformuler.]
— Bérénice stupéfaite, croisa le regard émerveillé de Marta. [Placer « stupéfaite » entre deux virgules.]
— Elle aurait dû se méfier dès le départ de cette liste ! [Je propose « Elle aurait dû se méfier de cette liste dès le départ ! » ; ça évite l’association « le départ de cette liste ».]
— Si mes souvenirs ne me font pas défaut, ce sont des gens accueillants, la rassura Lysandre. [Si ses souvenirs lui font défaut, c’est qu’il a oublié. Je propose « Si mes souvenirs sont bons ». / Pour l’incise, je propose « fit (dit, ajouta, précisa) Lysandre pour la rassurer ». « Rassurer » n’est pas un verbe de parole ni un verbe auquel se superpose naturellement l’idée de parole.]
— Héloïse est une des personnes les plus passionnantes qu'il m'ait été de rencontrer [qu'il m'ait été donné de rencontrer]
— OCTAVE LEPINE – [LÉPINE]
— la photographie de deux individus en haut de forme et costume [haut-de-forme]
— Je ne manquerai ça pour rien au monde ! [manquerais ; conditionnel présent]
— Je pensais que c’était le blason d’une famille… Un symbole pour la représenter. [Si elle n’hésitait pas, on mettrait une virgule ; il faut donc une minuscule à « un symbole ».]
— Vous avez juste, mais c’est bien plus encore. [« C’est juste » ou « Vous avez raison » seraient préférables.]
— Bérénice prit un ton badin espérant renouer avec l’humeur [Virgule avant « espérant ».]
— Vous savez les voleurs, c’est mon quotidien. [Virgule après « Vous savez ».]
— Vous serez mes bras, si je manque de force au combat ! [Pas de virgule avant « si ».]
— A mon souvenir, il s’agissait d’une vieille bande de roublards [Je dirais plutôt « Dans mon souvenir ».]
— Oui… et il y coulait à flot ! [à flots]
— La voiture remonta un grand boulevard perpendiculaire à la gare et soudainement Bérénice aperçut la Seine. [Il faudrait mettre une virgule, soit avant « et », soit après « soudainement ».]
— Le fleuve s’étendait vers l’île Saint Louis qu’elle distinguait déjà. [Saint-Louis]
— J’ai été embauchée par la Société, sans jamais y avoir mis un pied. [Pas de virgule avant « sans ».]
— Lorsque vous vous sentirez nostalgique - et cela arrive à tout Parisien qui se respecte - N’oubliez pas de venir faire un tour par ici. [Il faut des tirets cadratins ou demi-cadratins / virgule après le tiret fermant / n’oubliez pas.]
— C’est ironique, fit-t-elle [fit-elle]
— sur les problèmes que j’ai rencontré en Égypte [rencontrés]
— « préservation du patrimoine Égyptien et lutte contre le pillage » [égyptien ; pas de majuscule à l’adjectif]
— Je peux vous assurer que j’aurais droit au même accueil que vous ! [« j’aurai droit », futur simple, s’il a l’intention d’y aller », mais « j’aurais droit », conditionnel présent, si ce n’est pas le cas]
— Elle, qui tout sa vie avait fui ces rues bien rangées [Elle qui (sans virgule) / toute sa vie]
— une grande porte en bois d’où entraient et sortaient, affairés, des hommes et des femmes [par où ; il faut une préposition qui convient aux deux verbes]
— Devant le coup d’œil surpris que lança Bérénice à Lysandre celui-ci lui répondit [Virgule avant « celui-ci ».]
— S’il y avait bien un endroit où Icare avait pu être créé, c’était ici. [Je dirais plutôt : « S’il y avait un endroit où Icare avait pu être créé, c’était bien ici. »]
Dans ce chapitre, tu emploies trop souvent « lança » et « fit » comme verbes d’incise. Il faudrait recourir à des synonymes.
J’ai beaucoup aimé découvrir Paris en même temps que Bérénice. J’avais la sensation de pouvoir respirer moi aussi les odeurs de charbon. Plus j’avance, plus je me rends compte que tu fais preuve d’une belle maîtrise des descriptions. En quelques mots à peine, j’arrive à tout visualiser. C’est très agréable pour se mettre dans l’ambiance !
J’ai beaucoup aimé l’arrivée de ces nouveaux personnages. Je suis particulièrement intriguée par Pierre, le valet. J’ai été un peu surprise qu’il soit si familier avec son maître, mais peut-être que Lysandre fait exception au sein de son milieu. J’attends aussi avec impatience d’en apprendre plus à son sujet !
Quelques remarques :
- Je trouve que Bérénice a un peu vite oublié sa tristesse et sa colère envers le gouvernement français. Au début du chapitre, elle est émerveillée par sa découverte de Paris, ce que l’on peut comprendre, mais elle semble trop légère, trop insouciante par rapport aux dernières semaines qu’elle a vécues. De mon point de vue, une ou deux petites phrases d’introspection permettrait de faire une transition en douceur. À toi de voir bien entendu ;)
- J’ai été un peu surprise de la conclusion tirée par Bérénice quant à son oiseau mécanique. Il me semblait que dans le chapitre 2, tu nous avais laissé entrevoir qu’Icare était de confection égyptienne. Du coup, je t’avoue que j’ai été un peu perdue. Voulais-tu simplement nous faire comprendre que les Égyptiens utilisaient la pierre pour des usages similaires ? Si c’est le cas, il faudrait peut-être introduire en un mot ou deux les Habiles dans ce même chapitre pour qu’on ne soit pas dans la confusion.
- « Même l’Etat s’en méfiait » : je chipote encore (ma spécialité tu l’auras compris xD) mais un peu plus haut tu nous apprends que les Habiles sont des employés du gouvernement. C’est un peu paradoxal que ce même gouvernement se méfie d’eux non ? À moins que ce ne soient d’autres services dépendants de l’État qui sont méfiants, à l’instar de la Société de géographie ?
- « Je connais surtout leur fille : Héloise est une des personnes les plus passionnantes qu'il m'ait été de rencontrer. » : donné de rencontrer ?
À très vite pour la suite :)
Effectivement, c'est vrai que je commente au fil des chapitres, ce qui ne me permet pas d'avoir une vue d'ensemble. Je vais continuer en gardant cette idée en tête ;)
En tout cas, l'ambiance parisienne me plaît très bien aussi et j'ai hâte d'en apprendre plus sur ces.... Habiles
J'ai bien aimé ce chapitre, particulièrement le début avec l'arrivée de Bérénice dans la gare. Je trouve l'ambiance particulièrement bien rendue, je m'y serais crue ! Je trouve Lysandre particulièrement intrigant, la scène avec Icare est super. Il y a un peu de flou au moment où Bérénice est heurtée par le voleur, peut-être au niveau de la concordance des temps. Tu dis d'abord que B chute, qu'elle a le souffle coupé, mais ensuite que pendant sa chute, elle heurte sa valise. C'est d'abord une action continue puis une action courte. Tu pourrais peut-être commencer par le fait qu'elle est bousculée par un coup violent, qu'elle chancelle, qu'elle heurte sa valise et qu'elle tombe, ce qui lui coupe le souffle, qqch dans le genre. Qu'en penses-tu ? J'ai remarqué la même chose au moment où elle heurte Lysandre.
"Il se retrouva en moins de deux à terre" = l'expression en moins de deux ne colle pas avec le reste de ton style je trouve.
Sinon, il est clair que Lysandre cache beaucoup de choses ... j'ai hâte d'en savoir plus sur lui ! Quel genre d'homme conduirait Bérénice au QG des Habiles et en parlerait ainsi librement ? Intrigant !
Ah, voilà l’arrivée à Paris. C’est drôle, dans mon histoire il y a aussi une héroïne qui arrive à paris par le train, mais gare Montparnasse, et 5 ans plus tard… ^^
Hum, tu dis qu’elle a des vêtements de seconde main, mais jusqu’ici, on n’a jamais eu le sentiment qu’elle était pauvre ou manquait d’argent. Du coup, peut-être faudrait-il l’expliquer un peu plus ou le préciser un peu plus tôt…
J’ai un peu tiqué sur le fait que Bérénice demande aux Lépine de l’héberger (plusieurs mois !) sans s’être renseignée sur eux. Après tout, elle ignore s’ils font partie des amis ou ennemis de son père. Pour quelqu’un qui est censé faire une enquête et devoir en même temps se garder des hommes de l’empereur, je trouve ça quand même très léger, or elle ne m’a pas paru idiote ou écervelée jusqu’ici.
Sinon, j’ai bien aimé la rencontre avec Lysandre, qui semble avoir des secrets lui aussi. Je me demande si par la suite, ils vont être du même côté ?
Détails
une robe bleue sobre, mais qui, pour ce qu’elle valait, restait la plus élégante de son armoire : pourquoi ce « mais » ?
il y avait quelques choses chez eux de si lisses, pâles et élégants : singulier (quelque chose/lisse/pâle/élégant)
C’était lui qui l’avait faite tombée : l’avait fait tomber
Reprenant son souffle, soulagée, elle haleta à Bérénice : je ne crois pas qu’on puisse haleter à quelqu’un… C’est purement intransitif
plus petit que son employeur, il conservait une stature digne d’un boxeur : pourquoi conserver ?
Un voleur dans les environs Marta et : Un voleur dans les environs, Marta, et
auraient été disséminés dans les quatre coins de Paris : aux quatre coins ?
Ils seront ravis d’avoir une petite protégée comme vous : comment sait-il qu’elle va être leur protégée ? Rien dans ce qu’elle a dit ne l’indique.
il s’agissait d’une vieille bande de roublards aux réunions barbantes : pourquoi « roublards » ? (roublard = personne rusée)
Tu as quelques problèmes avec des virgules manquantes ou mal placées dans ce chapitre. Comme ça ne m’a pas frappée avant, c’est peut-être un pb de relecture ?
Pour les Lépine, c'est un des problèmes de mon histoire, j'ai des difficultés à expliquer la légitimité que Bérénice pourrait avoir à séjourner chez eux. Après je sais que cela se faisait beaucoup dans les familles de l'époque. Et c'est vrai qu'elle devrait en savoir un minimum sur eux (au moins les racontars). En tout cas, bizarrement, j'aime le fait que tu relèves ce bug, parce que moi-même je le voyais, mais me disais "sur un malentendu, ça passe"...héhé non ça passe pas ! il va falloir que je me plonge là-dessus, mais j'ai déjà passé trop de temps à me casser la tête dessus...AHHHH ça m'énerve ! Pour Lysandre, je te laisse lire la suite, on va vite découvrir des éléments sur lui. Je note tes remarques sur la forme et change cela au plus vite ! ) merci pour ton oeil de lynx et tes remarques judicieuses !
J'ai repris avec beaucoup de plaisir la lecture où je l'avais laissée. Ce concept de petit oiseau mécanique me plaît terriblement, je te l'ai déjà dit !
J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce chapitre ! Je te retourne ce que tu m'as dit, je te sens sur les traces d'Indiana Jones et j'adore ce genre d'aventures, surtout si une avancée scientifique s'y mêle.
Je sentais que Lysandre cachait bien son jeu sous ses airs de petit malin poli. Trop chouette comme fin de chapitre.
Je trouve que les descriptions de tes personnages sont très réussies (la domestique m'a beaucoup fait rire, je l'ai très nettement imaginé claudiquer à cause du contrepoids de la valise).
Voici mes remarques :
"Au rythme effréné de la gare, Bérénice découvrait Paris au moment de l'exposition universelle de 1900." : j'ai trouvé cette information amenée trop brusquement, comme dans un manuel d'Histoire. Peut-être que le lecteur peut l'apprendre via un autre moyen ? Une affiche ? Un journal ?
"Jamais encore n’avait-elle vu autant de machines" : il me semble que l'inversion est curieuse ici, qu'en penses-tu ?
"Elle s’y vit alors qu’elle enfonçait avec vigueur son canotier sur la tête." : j'ai tiqué sur la formule...
"un ouvrage des Habiles" : je t'avoue qu'un instant, j'ai remonté le fil de la lecture pour vérifier à quel moment j'avais laissé passer cette info au sujet d'un LIVRE. Il m'a fallut 5 minutes avant de comprendre que tu parlais d'ouvrage en tant qu'invention/création...!