L’Hôtel Mortier de Sandreville, au 26 rue des Francs Bourgeois, était le ministère des Habiles. Le bâtiment à quatre étages était massif, quasiment féodal. De longs pilastres encadraient les nombreuses fenêtres et l’épaisse porte en bois. Sans ornementations délicates, ni fleurs aux balcons, la façade sévère contrastait avec le reste du quartier. Bérénice laissa échapper le fond de sa pensée :
— Les architectes n’ont pas fait les choses à moitié ! Celui qui a construit ce bâtiment a fait une véritable forteresse…
Lysandre lui jeta un regard amusé et descendit rapidement de la voiture. Pierre bondit à sa suite, tandis que son maître jaugeait le bâtiment. Il lui répondit :
— Ici sont conservés les machines les plus dangereuses et précieuses de l'empire... Croyez-moi, si j'étais l'empereur, je n'en ferais pas moins.
Bérénice ouvrit la porte de la voiture et la main de Pierre se tendit vers elle pour l’aider à descendre le marchepied. Elle l’accepta et lança :
— Je vous accompagne à l’intérieur du ministère !
Lysandre resta un instant interdit :
— Avec plaisir, mais comme vous pouvez le constater le ministère des Habiles est le ministère le plus secret de l’empereur. Je doute qu’on vous laisse nous suivre à l’étage. Ils peuvent être un peu tatillon sur la sécurité.
Il hésita un instant, puis s’enquit :
— Et pourquoi cet intérêt pour les Habiles ?
- Qui ne rêverait pas de visiter leur antre ? répondit-elle sans cacher sa curiosité.
— Leur antre… Un surnom qui va à ravir au ministère ! reprit Lysandre, en s’esclaffant. Mais est-ce bien la seule raison ?
Les regards de Pierre et Lysandre braqués sur son visage, Bérénice tenta de s’expliquer sans trop en dévoiler :
— Vous avez vu Icare, mais j’ai un autre objet qui appartenait à mon père. Je n’ai aucune idée de ce à quoi il peut servir et je suis persuadée qu’il a été fait par un Habile. Peut-être que quelqu’un pourra me renseigner ?
Lysandre hocha la tête et lança d’un ton jovial :
— Je ne peux rien vous garantir, mais allons-y !
La porte d’entrée les laissa un instant perplexe. Il n’y avait aucune poignée ni battant. Un unique bouton cuivré se trouvait au niveau du visage de Bérénice. Lysandre appuya dessus et des rouages s’actionnèrent. L’épaisse porte se plia comme un accordéon sous le regard ébahi de Bérénice. En de rares occasions, elle avait assisté aux prouesses des Habiles, mais ne cessait de s’émerveiller à chaque fois.
Ils arrivèrent dans un hall dans lequel circulaient les employés en uniforme bleu. Bérénice n’avait d’yeux que pour eux. Lysandre s’en aperçut :
— Difficile de ne pas être fascinée, n’est-ce pas ? Imaginez Bérénice, certains Habiles ont créé des mécanismes assez intelligents et astucieux pour permettre à la Tour Eiffel de se déplacer dans Paris.
— Comment est-ce possible ? chuchota-t-elle. Elle qui avait déjà des difficultés à imaginer l'immense structure de fer… la voir gambader dans les avenues parisiennes était au-delà de l’imaginable.
— Ils lui ont installé des jambes mécaniques sur chaque pilier. Ainsi, elle peut librement déambuler dans Paris, toute la journée… Et bien sûr, elle prend soin d’éviter les grands immeubles. Les Parisiens ont pris l’habitude de toujours lever la tête et reconnaître le bruit que font ses jambes d’acier… Ils évitent ainsi de se faire écraser comme des fourmis.
Pierre s’exclama de sa voix nordique :
— Les Français ne cessent de m’étonner ! Pour vous, les Habiles sont tour à tour trop mystérieux, trop sombres, trop étranges… trop ceci, trop cela… Mais cette Tour Eiffel qui ne sait que marcher vous fascine !
Dans sa bouche « tour à tour » sonnait comme des roulements de tambours. Bérénice frissonna, malgré elle, intimidée.
— Ce n’est pas totalement vrai. La population adore ce que les Habiles ont fait pour la poste. Grâce aux bras mécaniques et à leur mémorisation des adresses, le courrier a fait des progrès remarquables. Pour moi ce sont de vrais artistes, conclut Lysandre.
Bérénice dévora du regard l’éblouissant décor du hall d’entrée. Avec ses moulures raffinées et ses dorures, il était majestueux. Ils passèrent devant une porte sur laquelle était inscrit : « Habiletés au cours des siècles ».
— Pierre, reprit Lysandre. Rappelle-moi, comment se fait appeler Dimitri aujourd’hui ?
— Dimitri Chapelier, je crois.
Lysandre s’approcha du bureau d’accueil et demanda poliment :
— Pourriez-vous indiquer à Dimitri Chapelier, Habile de première classe qu’il est attendu à l’accueil ?
Bérénice se tenait en retrait. L’interlocutrice de Lysandre, une vieille dame peu commode, sa cigarette au bec, expirait sa fumée dans leur direction. Elle scruta le jeune homme, sans que celui-ci ne se départisse de son sourire, puis fit d’une voix caverneuse :
— Faut que ce soit pour une bonne raison. J’mets quoi ?
Cette secrétaire était d’une impolitesse excessive. Elle commença à griffonner un mot, puis rejeta la fumée de sa cigarette au visage de Bérénice.
— Dites-lui, que Lysandre Cœurderoy veut le rencontrer. Cela devrait suffire à le faire venir, reprit-il d’une voix aussi douce et agréable que celle de la réceptionniste était hargneuse.
Ébahie, elle releva la tête, croisant le regard tout aussi stupéfait de Bérénice. Elle rédigea la suite du mot en silence et une fois qu’il fut achevé, le plia. A ses côtés, contre un mur, un immense tube métallique s’enfonçait dans le plafond. Elle rapprocha le mot de l’ouverture du tube et appuya sur une sorte de bouton. Le message fut aspiré bruyamment jusqu’à se perdre dans les étages supérieurs. La réceptionniste bredouilla, fébrile :
— Votre message est bien parti, monsieur Cœurderoy.
« Elle s’est miraculeusement transformée en une guimauve de politesse » réalisa Bérénice, estomaquée.
— Nous attendrons dans le petit salon, reprit Lysandre avec un sourire malicieux.
Bérénice le suivit. La salle d’attente était vide, pourtant elle chuchota :
— Vous ne me l’aviez pas dit.
Son ton était presque accusateur. Lysandre s’en amusa et demanda, innocent :
— Qu’est-ce que je ne vous ai pas dit ?
— Votre nom.
Bérénice chercha ses mots sans succès. Elle fixa l’horloge en face d’elle, sans qu’une formulation adéquate ne lui vienne à l’esprit. Nerveuse, elle caressa son sac, dans lequel Icare siffla, puis se jeta à l’eau :
— Serait-ce possible que vous ayez un lien de parenté avec l’empereur ? Êtes-vous son neveu ?
Jusque-là adossé au mur, Pierre se redressa, en alerte. Lysandre l’arrêta d’un geste, le regard penché vers Bérénice qui atteignait tout juste ses épaules :
— Je suis bien son neveu. Mais, à part ce fâcheux lien de parenté… Nous n’avons pas grand-chose en commun.
Lysandre était donc l’indésirable neveu de l’empereur. Bérénice avait entendu dire qu’à sa prise de pouvoir, l’empereur Louis avait chassé de la capitale les enfants de son frère. Que faisait-il donc là ?
— Ne soyez pas gênée Bérénice, reprit-il. Je n’ai pas mis un pied à la cour depuis plus d’une dizaine d’années. Je n’ai rien de très impérial.
Bérénice ne pouvait oublier pareille nouvelle. Catastrophée, elle réalisa :
— Dire que je vous ai raconté mes mésaventures comme à un camarade !
— Et c’est ce que je voulais. J'ai été déshérité… Donc tout va bien !
« Tout va bien…En effet », pensa Bérénice.
Bérénice sursauta lorsque l’horloge fit un bruit assourdissant. Elle grinça, souffla puis fit sonner son carillon. Sous le cadran, son coffre s’ouvrit, laissant apercevoir les rouages de la pendule. Un bras mécanique émergea et se déplia tout en maintenant entre deux pinces une enveloppe de papier. Pierre la récupéra, laissant les mécanismes retourner dans le ventre de l’horloge. Lysandre, une fois le papier entre les mains put lire à voix haute :
« Accident de traineaux avec les stagiaires au troisième étage – je règle ce problème et j’arrive. Dimitri. »
Lysandre haussa les épaules en lançant un clin d’œil à Bérénice :
— C’est la pire excuse qu’il ne m’ait jamais donnée. Cet homme est un éternel retardataire.
Bérénice essaya de visualiser comment un accident de traineau avait pu survenir au troisième étage. Ses deux compagnons ne trouvèrent pas l'idée absurde. Pierre conserva son flegme, tandis que Lysandre soupira, desserra son foulard rouge puis renfonça son haut de forme sur sa tête.
— Qui est-ce ?
Il devait être assez important pour que le neveu de l'empereur daigne le retrouver dès son arrivée sur Paris…
— Dimitri ? C’est un Habile, l’un des meilleurs ! Ils sont peu à pouvoir entrer cette catégorie. Il faut un certain don, beaucoup de travail et de l’imagination à revendre !
— Ne lui dites pas ça, il devient rapidement suffisant, prévint Pierre.
En face du hall, des pas retentirent, accaparant leur attention. Un homme descendait les escaliers, le pas rapide, pris dans ses pensées.
Il portait la tenue la plus abracadabrante que Bérénice n’ait jamais vue. Et pourtant, elle en avait vu de l’originalité à travers ces voyages, mais jamais à ce point-là. Son veston vert détonnait avec un pantalon orange criard et ses cheveux châtain foncé étaient en bataille, comme si on les lui avait rageusement tirés.
Bérénice ne put s’empêcher de penser, amusée :
« Avec ses étranges lunettes aux verres de différentes couleurs, il fait un peu savant fou. »
En effet, pour couronner le tout, étaient juchées sur son nez des lunettes à double foyer de multiples couleurs.
De sa main gantée, il tenait un chiffon couvert de suie, qu’il rangea dans la poche de son pantalon et il remit ses bésicles dans son veston. Perdu dans ses pensées, il se dirigeait vers eux. Ce ne pouvait être que Dimitri Chapelier.
Il redressa la tête et étreignit Lysandre avec chaleur. Ce dernier s’exclama :
— Dimitri ! Je ne pensais pas avoir droit à de telles retrouvailles !
Dimitri fit une accolade à un Pierre très embarrassé, puis jeta un coup d’œil à Bérénice. Il lui tendit la main pour la saluer. Interdite, Bérénice accepta la poignée ferme de l’inconnu. Lysandre reprit avec amusement :
— Accident de traineaux, dis-tu ?
— Nous préparons le voyage de Philéas Hawkins en Arctique. Un stagiaire a mal réglé un des traineaux… Je dois réparer la fenêtre que le traineau a traversé, soupira Dimitri, mi-catastrophé, mi-amusé.
Bérénice n’en croyait pas ses oreilles. Le Philéas Hawkins ? C’était un des hommes les plus célèbres du monde. Écrivain, aventurier et géographe, il parcourait la planète, aidé des inventions des Habiles, amoureux des grands espaces et des contrées hostiles. L’aventurière, qui sommeillait en elle, brûlait de rencontrer un tel homme. Il était une légende !
Dimitri invita Pierre et Lysandre à le suivre à l’étage :
— Venez, je vais vous montrer mon atelier. Tu pourras m’expliquer ce qui t’amène ici !
Lysandre jeta un coup d’œil à Bérénice, gêné de la laisser derrière eux. Il fut le seul à s’en soucier. Alors que les trois hommes montaient les marches, elle put entendre :
— Tu vas voir, j’ai plein d’inventions là-haut qui vont te plaire ! Chaque année, nous faisons de vrais progrès !
— En tout cas, tes manières, elles, ne se sont vraiment pas améliorées après toutes ces années, fit Lysandre d’un ton badin en adressant un dernier regard à Bérénice.
Seule dans la salle d’attente, celle-ci se rapprocha de la réceptionniste qui l’ignorait avec application. « Apparemment, il faut être de sang impérial pour avoir droit à un peu de politesse de sa part. » réalisa-t-elle. Des Habiles, facilement reconnaissables par leurs uniformes bleu-roi, traversaient le couloir sans se soucier d’elle, discrets et empressés.
Prenant son courage à deux mains, Bérénice s’éclaircit la gorge et demanda :
— Comment faire pour obtenir un renseignement sur un objet ? Je suis persuadée qu’il a été réalisé par les Habiles.
La réceptionniste montra un écriteau : « Interdit au public, sauf présentation d’un justificatif (pertinent). » Bérénice inspira profondément. Difficile d’être agréable avec cette femme-là.
— Comme trois quarts des gens, ma p’tite dame, répondit la réceptionniste. On n’est pas très bavard ici. C’est l’ministère. Vous avez un vrai justificatif ?
Elle avait une voix cassée, comme striée par un vieux phonographe. Agacée, Bérénice se pencha sur le comptoir et utilisa les grands moyens :
— Non. Aucun. Pourtant, vous avez bien servi mon ami tout à l’heure. J’ai l’impression que les visiteurs ne sont pas tous traités de façon égale, ici. Peut-être pourriez-vous y mettre un peu plus de bonne volonté ? Je me demande ce que penserait monsieur Cœurderoy de votre attitude…
La réceptionniste eut un geste de recul. Bérénice aurait pu être embarrassée de ce coup bas - jamais elle ne se plaindrait de cet incident auprès de Lysandre - mais n’en montra rien. Son interlocutrice hésita un instant et répondit encore plus revêche, si cela était possible :
— Ici, ça travaille pour les demandes qui viennent de l’État et pas pour n’importe qui. Mais, vous avez de la chance. Le ministère des Habiles ouvrira une section durant l’exposition universelle. Vous pourrez trouver des Habiles pour vous aider là-bas. Mais seulement là-bas.
Ainsi, à l’exposition universelle, Bérénice trouverait peut-être des réponses à ses questions. Cela lui suffisait.
— Et quand est-ce que l’exposition universelle ouvrira-t-elle ses portes ?
— Le 14 avril. Il y aura tous les jours des Habiles pour vous répondre. Faudra voir avec eux. Maintenant du balai !
Encore cinq jours à attendre !
Le guichet se referma dans un grand « bang ». Bérénice fit un bond et le fusilla du regard. Elle se trouvait à présent seule. La tentation était trop forte. L’occasion de se retrouver dans un tel bâtiment était trop belle et ne se reproduirait pas de sitôt.
Elle se glissa dans la salle « Habiletés au cours des siècles » qu’elle avait entraperçue en entrant dans le hall.
Un musée des Habiles. De partout, étaient exposées des œuvres d’Habiles. Devant chacune d’elles, une pancarte expliquait leur création. Des photographies s’étalaient sur un mur. Hommes politiques et Habiles se félicitaient. Des médailles, diplômes de brevets et autres distinctions honorifiques étaient suspendus. Et beaucoup de poussière. L’heure de gloire des Habiles semblait révolue.
Bérénice déambula de machine en machine, comme une enfant. Certaines étaient amusantes. Un automate prestidigitateur du seizième siècle la fixait en souriant, un haut de forme à la main. C’était une des premières inventions des Habiles.
— Effrayant, ne put-elle s’empêcher de chuchoter en surveillant du coin de l’œil une guillotine à la mécanique autonome qui gardait en elle la mémoire des dossiers criminels et jouait à la fois le rôle de juge et de bourreau.
Une cafetière ne cessait de siffler et bondir sur place, comme si elle était atteinte d’un trop plein de caféine. Un plafonnier s’allumait par intervalles irréguliers. Des marionnettes faisaient un spectacle toutes seules.
Au milieu de son parcours, elle s’arrêta soudainement, chancelante.
En face d’elle, protégé par du verre, se tenait quelque chose qui attira particulièrement son attention.
— Impossible, souffla-t-elle.
Bérénice fouilla précipitamment dans son sac, ses mains tremblantes. Elle sortit une réplique plus élaborée et sophistiquée de l’objet qui se trouvait sous ses yeux.
C’était un cylindre en or massif autour duquel s’enroulaient six rouleaux d’ivoire fixés par du cuivre. Dans chacun de ces rouleaux se dessinaient les lettres de l’alphabet. L’œuvre en vitrine, qu’un écriteau nommé « cryptex » était figée tandis que celle de Bérénice ne cessait de bouger. Les lettres allaient dans un sens, parfois dans un autre. Aucune indication ne lui permit d’en apprendre davantage sur la nature du cryptex, cet objet retrouvé dans le même coffre qu’Icare.
Alors qu’elle replongeait le cryptex dans son sac, Bérénice se retourna vers le mur des commémorations et récompenses. Elle se figea devant l’une d’elles. Patinée, la plaque aurait pu facilement passer inaperçue. Bérénice ne la quitta pas des yeux, le cœur battant à mille à l’heure. Écrits en lettres calligraphiées, figuraient ces quelques mots :
A la mémoire d’Antoine Savary,
Confrère, conseillé et ami,
Habile parmi les Habiles.
Vivre en bonne société, collégialement, moralement, et studieusement
1848 – 1878
Antoine Savary… Sur cette plaque se trouvait le nom de son père - son vrai nom - reconnu par les Habiles comme l’un des leurs. Et si Hubert avait dit la vérité ? Son père, incapable de réparer un évier ou une chasse d’eau, pouvait-il vraiment être un Habile ?
Il avait légué à Bérénice un cryptex et un oiseau mécanisé. Et son nom figurait parmi les plus grands Habiles de l’empire. Elle approcha sa main de la plaque en or, incrustée au mur et épousa de sa main chacune des lettres formant le prénom d’Antoine. Pourquoi son père était-il mort ?
— Lysandre, reviens à la raison ! Tu dois retourner à Marseille. Ta vie est là-bas, entendit-elle.
Bérénice s’affola. Elle n’avait sans doute rien à faire dans cette pièce-là. Elle fixa la plaque commémorative, retenant chacune des inscriptions jusqu’aux traces de patine et retourna sur ses pas. Dans sa course, elle distingua Lysandre, quelques marches en dessous de Dimitri. Il lança un regard accusateur vers ce dernier tout en sifflant :
— Toi, plus que quiconque, devrais comprendre ma démarche !
Puis de reprendre un ton plus bas :
— Je ne lâcherai rien, même si tu désapprouves.
Bérénice s’assit sur l’un des sièges de la salle d’attente. Dimitri reprit :
— Alors tu sais que je t’en empêcherai par tous les moyens. Tu n’es pas en sûreté ici, il faut que tu rentres.
— On verra. Je ne veux pas être lâche. Je tenterai le tout pour le tout, quitte à en perdre la vie !
— Tu crois que ça vaut vraiment le coup ? Si tu y arrives, le peuple sera content, mais si tu échoues, personne ne te pleurera.
— Tu as tort ! Une partie du peuple est déjà derrière moi. Toi, en revanche, tu préfères vendre ton âme au diable pour pouvoir travailler sur tes jouets !
Un grondement se fit entendre. Cette remarque n’était pas du goût de Dimitri.
Pierre intervient comme pour calmer le jeu. Attentive, Bérénice ne perçut plus qu’une phrase de Dimitri au sein de la discussion qui se tenait plus haut :
— Je comprendrais que tu m’en veuilles, mais je le fais pour ta sécurité.
Bérénice ne voulait pas écouter aux portes. Elle avait ses propres affaires à régler, celles de Lysandre ne la concernaient pas. Pourtant elle ne put rater ses dernières paroles :
— J’accomplirai ma tâche, quel qu’en soit le prix à payer.
Bérénice sentit ses doigts se figer sur son sac. Lysandre voulait reprendre le trône usurpé par son oncle.
La réceptionniste semble avoir été engagée comme repoussoir. :-)
C’est amusant, le fait que l’oiseau mécanique et le cryptex aient été fabriqués par Antoine semble devoir être une révélation, mais c’est ce que j’ai pensé dès le départ.
En revanche, la révélation à propos de Lysandre qui veut reprendre le trône usurpé par son oncle m’a donné l’impression d’avoir loupé quelque chose. Sa relation avec Dimitri ne me semble pas claire : qui sont-ils l’un par rapport à l’autre ? Sont-ils censés être alliés ou antagonistes ? Ou conserves-tu volontairement ambiguïté ?
Coquilles et remarques :
— L’Hôtel Mortier de Sandreville, au 26 rue des Francs Bourgeois, était le ministère des Habiles. [Il semble que le nom de la rue s’écrit plutôt rue des Francs-Bourgeois.]
— Sans ornementations délicates, ni fleurs aux balcons[Pas de virgule avnat « ni ».]
— Ici sont conservés les machines les plus dangereuses et précieuses de l'empire... [conservées]
— Avec plaisir, mais comme vous pouvez le constater le ministère des Habiles est le ministère le plus secret de l’empereur. / Ils peuvent être un peu tatillon sur la sécurité. [Virgule après « constater » / tatillons]
— Qui ne rêverait pas de visiter leur antre ? répondit-elle sans cacher sa curiosité. [Il y a une affreuse puce ronde à la place du tiret.]
— Un surnom qui va à ravir au ministère ! reprit Lysandre, en s’esclaffant. [Pas de virgule avant « en ».]
— La porte d’entrée les laissa un instant perplexe [perplexes]
— En de rares occasions, elle avait assisté aux prouesses des Habiles, mais ne cessait de s’émerveiller à chaque fois [mais elle ne cessait ; il faut répéter le sujet (les verbes ne sont pas conjugués au même temps)]
— Ils arrivèrent dans un hall dans lequel circulaient les employés en uniforme bleu. [Il y a deux fois « dans ».]
— Imaginez Bérénice, certains Habiles ont créé des mécanismes assez intelligents et astucieux pour permettre à la Tour Eiffel de se déplacer dans Paris. [Virgule avant « Bérénice » / la tour Eiffel]
— Elle qui avait déjà des difficultés à imaginer l'immense structure de fer… la voir gambader dans les avenues parisiennes était au-delà de l’imaginable. [Il y a un souci de syntaxe et une répétition. Je propose : « Pour elle qui avait déjà des difficultés à se représenter l'immense structure de fer… la voir gambader dans les avenues parisiennes était au-delà de l’imaginable ».]
— Mais cette Tour Eiffel qui ne sait que marcher vous fascine ! [cette tour Eiffel]
— Dans sa bouche « tour à tour » sonnait comme des roulements de tambours. Bérénice frissonna, malgré elle, intimidée. [Virgule après « bouche » / pas de virgule après « frissonna »]
— Pierre, reprit Lysandre. Rappelle-moi, comment se fait appeler Dimitri aujourd’hui ? [Pounctuation : « Pierre, reprit Lysandre, rappelle-moi : comment se fait appeler Dimitri aujourd’hui ? »]
— Pourriez-vous indiquer à Dimitri Chapelier, Habile de première classe qu’il est attendu à l’accueil ? [Je dirais plutôt « annoncer ».]
— Elle scruta le jeune homme, sans que celui-ci ne se départisse de son sourire, puis fit d’une voix caverneuse [pas de « ne » après « sans que » / ou « ne se départît », subjonctif imparfait, peut-être ?]
—Dites-lui, que Lysandre Cœurderoy veut le rencontrer. [Pas de virgule avant « que ».]
— Elle rédigea la suite du mot en silence et une fois qu’il fut achevé, le plia. A ses côtés, contre un mur [Il faudrait placer « une fois qu’il fut achevé » entre deux virgules / À.]
— « Elle s’est miraculeusement transformée en une guimauve de politesse » réalisa Bérénice, estomaquée [« remarqua » ou « constata », seraient préférables ; voir ici : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/DNP0702]
— Elle fixa l’horloge en face d’elle, sans qu’une formulation adéquate ne lui vienne à l’esprit. [Pas de virgule avant « sans », pas de « ne » après « sans qu’ »]
— Mais, à part ce fâcheux lien de parenté… Nous n’avons pas grand-chose en commun. [S’il ne marquait pas de pause, on mettrait une virgule ; il faut donc une minuscule à « nous ».]
— Ne soyez pas gênée Bérénice, reprit-il. [Virgule avant « Bérénice ».]
— Bérénice ne pouvait oublier pareille nouvelle. Catastrophée, elle réalisa [Je propose : Catastrophée, elle comprit (ou « se rendit compte de ») la situation.]
— « Tout va bien…En effet », pensa Bérénice. [Minuscule à « en effet » ; c’est la même phrase.]
— « Accident de traineaux avec les stagiaires au troisième étage – je règle ce problème et j’arrive. Dimitri. » [Accident de traineau]
— C’est la pire excuse qu’il ne m’ait jamais donnée [qu’il m’ait jamais donnée ; ici, « jamais » est employé dans le sens de « une fois, un jour » et ne fait donc pas partie d’une négation]
— Lysandre soupira, desserra son foulard rouge puis renfonça son haut de forme sur sa tête [son haut-de-forme]
— Il devait être assez important pour que le neveu de l'empereur daigne le retrouver dès son arrivée sur Paris… [Voir à partir de quand on s’est mis à dire « sur Paris ».]
— Ils sont peu à pouvoir entrer cette catégorie [entrer dans]
— Il portait la tenue la plus abracadabrante que Bérénice n’ait jamais vue [que Bérénice ait jamais vue ; ce n’est pas une négation (voir plus haut)]
— Et pourtant, elle en avait vu de l’originalité à travers ces voyages, mais jamais à ce point-là [ses voyages]
— Il lui tendit la main pour la saluer. Interdite, Bérénice accepta la poignée ferme de l’inconnu [On ne peut pas dire simplement « poignée » pour « poignée de main ». Il faudrait reformuler.]
— Accident de traineaux, dis-tu ? [de traineau]
— Je dois réparer la fenêtre que le traineau a traversé, soupira Dimitri [traversée]
— Écrivain, aventurier et géographe, il parcourait la planète, aidé des inventions des Habiles, amoureux des grands espaces et des contrées hostiles. [C’est étrange de placer des appositions avant et après le verbe conjugué. Il faudrait scinder la phrase.]
— L’aventurière, qui sommeillait en elle, brûlait de rencontrer un tel homme. [Il ne faut surtout pas placer « qui sommeillait en elle » entre deux virgules ; ce n’est pas une indication accessoire qu’on pourrait enlever sans modifier le sens de la phrase. Il faut enlever les deux virgules.]
— « Apparemment, il faut être de sang impérial pour avoir droit à un peu de politesse de sa part. » réalisa-t-elle [Je propose « se dit-elle » ou « remarqua-t-elle ».]
— facilement reconnaissables par leurs uniformes bleu-roi [bleu roi]
— Bérénice aurait pu être embarrassée de ce coup bas - jamais elle ne se plaindrait de cet incident auprès de Lysandre - mais n’en montra rien. [Il faut des tirets longs et une virgule après le tiret fermant.]
— Son interlocutrice hésita un instant et répondit encore plus revêche, si cela était possible [Virgule après « répondit ».]
— Mais, vous avez de la chance. [Pas de virgule après « Mais ».]
— Et quand est-ce que l’exposition universelle ouvrira-t-elle ses portes ? [« Et quand est-ce que l’exposition universelle ouvrira ses portes ? » ou « Et quand l’exposition universelle ouvrira-t-elle ses portes ? » ; « est-ce que » n’est jamais suivi d’une inversion.]
— Maintenant du balai ! [Virgule après « Maintenant ».]
— De partout, étaient exposées des œuvres d’Habiles. [La phrase est bancale : elles ne peuvent pas être exposées de partout. Quand il y a inversion du verbe et du sujet, le complément en début de phase ne doit pas être suivi d’une virgule.]
— Un automate prestidigitateur du seizième siècle la fixait en souriant, un haut de forme à la main [un haut-de-forme]
— comme si elle était atteinte d’un trop plein de caféine [d’un trop-plein ; le substantif prend un trait d’union]
— Un plafonnier s’allumait par intervalles irréguliers [à intervalles irréguliers]
— Bérénice fouilla précipitamment dans son sac, ses mains tremblantes. Elle sortit une réplique plus élaborée et sophistiquée de l’objet qui se trouvait sous ses yeux. [Je dirais « les mains tremblantes » / perfectionnée ; « sophistiquée » est un anglicisme.]
— L’œuvre en vitrine, qu’un écriteau nommé « cryptex » était figée tandis que celle de Bérénice ne cessait de bouger [nommait / virgule avant « tandis que »]
— A la mémoire d’Antoine Savary, / Confrère, conseillé et ami [À / conseiller]
— Sur cette plaque se trouvait le nom de son père - son vrai nom - reconnu par les Habiles comme l’un des leurs. [Il faut des tirets longs. La phrase est bancale : c’est son père, pas son nom, qui est reconnu. Je propose : « Sur cette plaque se trouvait le nom de son père — son vrai nom. Il était donc reconnu par les Habiles comme l’un des leurs ».]
— Elle approcha sa main de la plaque en or, incrustée au mur [Pas de virgule avant « incrustée ».]
— Cette remarque n’était pas du goût de Dimitri [au goût de]
— Pierre intervient comme pour calmer le jeu [« intervint », suivi d’une virgule]
— Pourtant elle ne put rater ses dernières paroles [manquer ; « rater » est familier]
Aaaaah mais je n’avais pas du tout venir le coup que Lysandre était un Coeurderoy ! Bien joué sur ce coup, j’en suis restée sur les fesses ! J’aime déjà beaucoup ce Dimitri et je suis très intriguée sur ce Philéas qui donne à ton histoire des airs de Jules Verne (que j’ai toujours adoré). La Tour Eiffel qui marche est une superbe trouvaille, je l’ai très bien visualisée xD
Petit détail : j’ai été un surprise que Bérénice puisse se déplacer si librement dans le bâtiment, puisque Lysandre avait insisté sur son aspect de forteresse. Je m’attendais à voir, peut-être pas la police ou des soldats, mais au moins des agents de sécurité. Cela dit, c’est vrai qu’elle reste au rez-de-chaussée, donc ce n’est peut-être pas bien important.
En tout cas je me suis régalée de découvrir toutes ses machines que tu décris si bien. Le rebondissement avec la révélation sur Antoine était très chouette, habilement placé (désolée pour le mauvais jeu de mot xD). J’ai un peu hésité quand Bérénice a demandé s’il était possible de faire expertiser un objet, croyant qu’elle parlait d’Icare (et pourtant Lysandre était déjà au courant), mais en y réfléchissant à l’issue de ce chapitre, je me dis qu’elle pensait peut-être au cryptex que son père lui a légué ? Bon c’est un micro-détail, hein, n’y fais pas attention si ça n’a fait réagir que moi ;)
Bon, encore une fois en tout cas je me suis régalée. Merci de me faire rêver avec cette belle histoire !
Oulàlà que de révélations dans ce chapitre ! Lysandre qui est de la famille impériale, le père de Bérénice qui était un Habile, c'est excellent !
J'ai adoré aussi le personnage de Philéas et l'accident de traîneau, c'est super bien trouvé ! J'aime bien le décalage dans ton histoire entre les explications scientifiques, l'avancée technologique avec les machines des Habiles, et le côté fantaisiste et excentrique de certains personnages, c'est drôle et on ne s'ennuie jamais,, j'adore !
Je suis très curieuse de savoir ce que renferme le cryptex !
J'ai déjà lu la suite, j'ai adoré, je te supplie d'écrire bien vite la suite, c'est trop frustrant de ne pas savoir ^^ je vais aller commenter correctement dans la journée !
C'est trop chouette ! Je suis hyper enthousiasmée par ton histoire.
J'apprécie beaucoup les dialogues qui sont bien fluides et pas artificiels du tout. C'est mon gros problème, ça. Donc je suis admirative.
Concernant les personnages, tu as réussis à leur donné de la trempe ! La standardiste, je l'adore :D Bérénice aussi, elle me plaît bien. Pas complètement délurée, un caractère tenace et aventureux, maligne !
Ensuite l'univers que tu dépeins, c'est magique. Paris, des inventeurs, des machines étonnantes (gros coup de coeur pour la pendule qui réceptionne les messages !).
J'ai hâte de savoir à quoi sert le cryptex, quel était vraiment le rôle de son père et comment Lysandre va s'y prendre pour détrôner l'empereur. Je suis d'accord avec Bérénice, 5 jours, c'est trop long ;)
Juste un détail : "Concentré et perdu dans ses pensées, il se dirigeait vers eux les yeux rivés sur le sol" > de suite après, il étreint Lysandre. Ca m'a semblé étrange, comme s'il manquait une étape ?
Je trouve que Joey et Bérénice se rejoignent un peu, même si, Joey est plus courageuse et ose plus.
Merci pour l’univers, j’ai toujours peur que ce ne soit pas assez, que je ne donne que quelques détails qui sont insuffisants. Pour le cryptex, on en apprendra plus dès le chapitre 8 normalement ! mais les vraies réponses ne viendront que dans trèssss longtemps.
Je note ta remarque et vais relire le chapitre pour voir si en effet, il manque une étape. J’ai beaucoup travaillé ce chapitre et du coup, parfois à vouloir élaguer, j’enlève l’important hihi. Merci pour tes précieux retours !
Si je comprends bien, Lysandre est le fils du précédent empereur, et a été écarté par son oncle. Peut-être avais-tu mentionné cette histoire d’usurpation, mais ce serait bien de le préciser un peu plus avant : est-ce que le père de lysandre a été tué par son frère ? ou est-il port naturellement ? Il me semble qu’ne meilleure connaissance du la situation rendrait plus « puissante » la révélation de l’identité de Lysandre, et son ambition de reprendre sa place.
Détails
si j'étais à la place de l'empereur, je n'en ferai pas moins : ferais
Il hésita un instant, puis s’enquerra : s’enquit
Je vous rappelle que j'ai été déshérité : il lui a dit au chap précédent qu’on lui avait volé son emblème, mais pas qu’il avait été déshérité. Peut-être que cela signifie la même chose, mais cela ne m’a pas paru évident…
Des photographies s’entassaient sur un mur : le verbe ne convient pas (entasser : mettre en tas. Sur un mur ?)
Et si Hubert avait dit la vérité ? Lui qui n’avait jamais été capable de réparer un évier ou une chasse d’eau, pouvait-il vraiment être un Habile ? est-ce que « lui » se réfère à son père ? dans ce cas il faut le rappeler, parce que le sujet de la phrase précédente est « hubert »
La voix de l’héritier impérial : tu viens de dire qu’il avait été déshérité ?