Sa mission
(Camille, Hélène)
Camille arriva en retard au Lycée. Il était 9h15 et le cours commençait à 9h. Elle avait juste eu le temps de faire sa toilette, d’embrasser son frère et en avant pour le cours de littérature. Mme Gruaux pointait son doigt vers le tableau quand Camille entra dans la classe. Sonia devait écrire une série de vers shakespeariens que les élèves avaient dû étudier la veille. Les traits du professeur se crispèrent légèrement à l’approche de Camille.
–– Le motif de votre retard, si je puis me permettre ?
–– Une nuit agitée.
Mme Gruaux se raidit sur place et la renvoya aussitôt à son pupitre. Sonia lui lança un clin d’œil au passage et Camille en fut particulièrement étonnée.
C’est pour dire, Sonia était une jeune fille de 16 ans qui avait tout pour elle et rien pour personne. Elle passait son temps à se vanter de ce qu’elle avait, de ce qu’elle était: l’héritière d’une fortune inestimable. Du moins, c’est ce qu’elle disait.
En vérité, elle menait une vie trop banale à son goût, sans autre héritage qu’un profond chagrin. Le mépris des autres était sa philosophie. Elle usait de sa superbe auprès de tout être humain qui ne se pliait pas à son mode de vie et exceptionnellement à l’égard de Camille envers qui elle éprouvait un dédain plus que remarquable.
Pour ce qui était de sa beauté, aucun commentaire n’était à développer: une parfaite chevelure épaisse, une peau lisse, des yeux d’un bleu somptueux et des courbes sorties d’une toile de Botticelli. C’était au reste, un de ces êtres qui rêvent d’avoir pour unique préoccupation de mener leur vie à leur gré de façon prosaïque et péremptoire.
Camille ne comptait plus le nombre de fois où elle s’était vue insultée et menacée dans la cour de récréation par Sonia et ses sbires. Le plus souvent collée contre un mur avec une bande de cinq filles face à elle.
–– Tu fais ta maligne, commençait l’une.
–– A mon avis, c’est quelque chose qu’on ne fait pas, non, répondait Camille décidée à résister.
–– On t’a demandé d’ouvrir ta gueule connasse ??, lançait une autre.
–– Ouais, tu devrais bouffer un paquet de chewing gum « pue du bec ».
–– Et si on en venait à ce que vous voulez ? Ca ferait gagner du temps non? Si vous savez ce que vous voulez, du moins, avait-elle osé.
–– Putain, je vais lui fermer sa gueule à cette pouf !
–– Attends, on va la tenir pendant que tu la butes cette pute !
C’est là que passait un professeur, et Sonia, restée muette, ricanait en invitant « ses filles » à « dégager de là ».
Les bousculades, tirage de cheveux, insultes, à la sortie de l’école, Camille en avait eu plus qu’en suffisance pour développer un stress-post-traumatique. Ca la blessait, certes, mais si elle ignorait les motivations des autres filles, elle savait pour Sonia. Elle compatissait même…
En échange de son clin d’œil, Camille, étrangère à toute rancune, lui offrit un sourire sincère. Sonia en fit de même. Elle avait ce quelque chose au fond des pupilles qui laissait deviner une profonde amertume, pour qui accepterait de le voir.
–– Comme vous le savez, je vais quitter l’établissement. Je vous avais parlé de ma remplaçante, la semaine dernière et vous aurez l’occasion de la rencontrer dès demain. J’ose espérer que vous lui réserverez un accueil chaleureux et que vous ne lui en ferez pas voir de toutes les couleurs, du moins le premier jour, prononça Mme Gruaux.
–– Pouvez-vous nous rappeler son nom ? questionna Nathan, l’élève le plus distrait de la classe.
–– Mme Delhanges, Amélie Delhanges, plus précisément. Vous avez d’autres questions M. Manaux ?
–– Elle a quel âge ?
–– Je ne pense pas que cela soit un renseignement d’une grande importance et ce sera à elle de voir si elle veut bien vous le dire.
–– Oui mais elle est jeune, elle?
–– Oui, elle est jeune, ELLE, confia-t-elle en se retenant de rire.
Nathan esquissa un sourire coquin et tapa cinq doigts dans les mains de son voisin.
Un peu avant la fin du cours, Camille éprouva un malaise.
–– Je peux me rendre aux toilettes, supplia-t-elle le bras levé.
Mme Gruaux acquiesça.
Enfermée dans les toilettes des filles, Camille souffrait terriblement de maux de tête. Elle se pressait fortement les tempes et murmurait: « Que ça cesse, que ça s’arrête, je vais perdre connaissance ». Elle s’écroula à même le sol, inconsciente.
Au-dessus d’elle, s’envolèrent des hirondelles téméraires qui n’apportaient pas le printemps, suivies d’une pluie de feuilles d’or aux bords édentés.
Des paysages magiques aux milliers de couleurs étrangères les unes aux autres, des plus bouleversantes, des plus ineffables, se peignaient à l’intérieur de ses paupières.
Camille reçut une coulée de feuilles sur sa peau. Leur douceur incomparable venait d’une matière inconnue ayant quelque ressemblance avec la soie et la senteur qu’elles dégageaient faisait penser aux nuits d’été rêvées de tous et connues de personne. On aurait eu peur de les effleurer au risque de les briser sous l’effet d’une caresse.
Là-bas, dans la vallée, s’élevait une fumée gris acier dont les émanations dessinaient des courbes tressées lesquelles se divisaient en nuages veloutés portant en eux un message: le… ma… sa… bachta… ni ! … lema… sabachtani ! Puis, rien ! Un trou. Autre chose.
Le visage intemporel de Sonia apparut inopinément. Ses traits se transformèrent en grimaces défigurées. De sa bouche, jaillissaient des flots de sang. Sur ses joues, des marques de doigts qui n’étaient pas les siens.
7h30. La sonnerie du réveil retentit. Camille eut peine à se lever. Elle replongea sur son lit et se rendormit jusque 8h05. La lune s’était couchée, les oiseaux avaient entamé leur chant matinal et tout semblait s’animer au ralentit. Elle avait comme une impression de déjà vu, de déjà éprouvé.
Au rez-de-chaussée, Mme Lorency buvait son café avant de partir travailler. M. Lorency préparait la voiture. Camille s’éclipsa subrepticement par la sortie de derrière. Il était 9h15 quand elle donna trois coups à la porte. Le cours était commencé depuis un quart d’heure.
Mme Gruaux pointait son doigt vers le tableau dès que Camille entra dans la classe. Sonia devait écrire une série de vers shakespeariens que les élèves avaient dû étudier la veille.
–– Le motif de votre retard, si je puis me permettre ?
–– Une nuit agitée, répondit Camille.
Elle n’en croyait pas ses yeux ni ses oreilles. Mme Gruaux, la renvoya à son pupitre. Camille eut le réflexe de sourire à Sonia mais celle-ci riposta d’un regard méprisant puis tourna la tête avec condescendance. Elle chuchota quelques moqueries à l’oreille de sa voisine et se mit à pouffer de rire en passant ostensiblement la main dans ses cheveux. Sonia était belle, très belle. Camille était triste, très triste.
A la fin du cours, Mme Gruaux entama son discours au sujet de sa remplaçante. Nathan la questionna tandis que Camille souffrait de maux de tête.
–– Je peux me rendre aux toilettes, supplia-t-elle après avoir levé le bras.
Dans les toilettes des filles: des hirondelles, des feuilles d’or aux bords édentés, des paysages fantastiques, des couleurs et des senteurs anonymes, une vallée, de la fumée et des nuages: lema sabachtani ! Un visage défiguré, celui de Sonia. Du sang, des traces et des cris.
Mme Gruaux interrompit cette torpeur. Etourdie, Camille la suivit jusqu’à son bureau. Elle dévisageait Camille sans prononcer une syllabe.
–– « Les hommes éveillés n'ont qu'un monde, mais les hommes endormis ont chacun leur monde », c’est d’Héraclite, dit Mme Gruaux, en souriant légèrement.
Elles s’observèrent un instant, sans mot dire et Camille se souvint de la première fois qu’elle avait croisé Mme Gruaux.
C’était en juin, à la fin de l’année scolaire, un an auparavant. Elle arpentait l’allée des Alouettes qui longeait le bois du Chacrin, une fois de plus égarée dans ses ruminations, quand Mme Gruaux était apparue, élégante et sauvage, frêle et puissante.
Le teint mat, une bouche serrée, une tête démesurément oblongue, dans un corps qui aurait pu être beau si certaines zones ne portaient les cicatrices d’une chair brûlée.
Mais quand on a voué sa vie aux soins et à la protection des siens, quand nos jambes ont parcouru d’innombrables kilomètres sous la neige, dans la tempête et la boue pour, au terme, côtoyer les flammes… Quand on est restée debout sans plier sous les coups de poings et d’objets en tout genre, sous les fracas des mots et les lances de l’humiliation sans cesser d’avancer, ses enfants à bout de bras, sans rien abandonne, on est plus que belle.
Si Camille savait tout cela c’est parce que, dans le courant de l’année scolaire, Mme Gruaux avait fait partie des âmes qui l’appelaient.
Elle savait le calvaire de sa professeure rescapée d’un incendie criminel provoqué par son mari. Il n’avait pas supporté le courage de son épouse quand elle avait enfin décidé de partir à l’étranger. Il les avait retrouvés deux ans plus tard. C’est là qu’il les avait enfermés tous les trois et mis le feu. Elle était parvenue à sortir aux prix d’efforts surhumains pour enfoncer la porte, les fenêtres n’étant pas une solution au 7ème étage. Ses deux enfants, âgés de cinq et sept ans, sa joie de vivre, sa raison de rester vivante n’avaient pu se réveiller, asphyxiés.
Depuis, elle était devenue une terre brûlée et d’exil. Elle avait tenté de se suicider à trois reprises de trois façons différentes et, à chaque fois, ou c’est la mort qui ne voulait pas d’elle ou la vie qui la retenait. Sa souffrance la suivait partout et si par malheur, elle restait inactive, elle la cognait plus fort encore.
Elle avait fini par reprendre des études et réaliser son rêve personnel: être professeure de littérature. Cela le lui avait suffi durant plusieurs années jusqu’au jour où elle éprouva un besoin complètement saugrenu. Elle qui s’était réfugiée aux limites de sa déception pour ne plus jamais se laisser prendre et malgré les dialogues arides qu’elle entretenait avec elle-même, elle sentit qu’elle avait besoin d’amour.
Elle était esseulée. Le plus seul qu’on puisse être et, parfois, être seule avec soi-même peut être une auto-destruction. Seule avec le manque irrémédiable de ses petits, seule rongée par le mal d’avoir survécu. L’unique confort qu’elle s’était accordé, c’était d’inculquer un peu de connaissances, un peu d’elle-même à des enfants ayant le même âge qu’auraient eu les siens…
Elle avait commencé à rêver comme jamais et surtout à se souvenir de ses songes, chose dont elle n’avait pas l’habitude. Chacun d’eux rencontrait la même protagoniste: Camille, une de ses nouvelles élèves.
Camille d’abord en retrait, silencieuse, marchant à ses côtés jusqu’à ce que Mme Gruaux, de son prénom Hélène, décide de lui parler.
Dès lors, s’était amorcée une suite de longs échanges aux cours desquels Hélène déversait son affliction. Après quelques mois et quelques rencontres nocturnes entre elles, elle avait fini par accepter l’invitation régulière de son voisin qui souhaitait l’emmener au restaurant.
L’espoir et le refus d’une relation naissante, d’un bonheur à venir s’étaient entremêlés, surtout qu’Hélène savait que l’espoir pouvait être une illusion qui emporte tout sur son passage. Elle éprouvait toutes les peines du monde à se laisser apprivoiser, allant même jusqu’au sabotage affectif. Elle était terrifiée. Ressentir cet amour l’étourdissait et réactivait tant d’angoisses soigneusement camouflées.
De plus, elle se sentait laide, trop laide avec ses cicatrices sur son corps qu’elle percevait comme une page couverte de phrases commençant donc par une majuscule, une trace et se terminant par un point, une autre trace.
Sa peau lisse c’était ça, oui, un intervalle entre deux « taches ». Cela n’empêchait que cet homme la trouvait belle, superbe même.
Un fait était certain, c’est à ce genre de femme qu’il voulait « appartenir » et à Hélène, plus précisément. La beauté-référence dont on entend constamment parler est banale et inutile… et on se lasse vite des choses inutiles.
Camille l’avait aidée à balayer ses plus grandes craintes et doutes. Et voilà qu’Hélène s’apprêtait à vivre cette merveilleuse aventure en aimant à nouveau et en acceptant d’être aimée.
Elle quitterait son travail pour partir vivre à des milliers de kilomètres, dans son pays natal où un poste équivalent l’attendait. Elle avait décidé d’y couler des jours plus sereins, portant en elle l’amour de ses deux bébés, sa paume contre celle de sa nouvelle vie.
Dans la pièce était tombé un silence nu et sans retour. Elles ne prononcèrent aucune parole mais se mirent à rire à gorge déployée, les joues mouillées.
Hélène se leva, le regard et le sourire doux, posa sa main sur l’épaule de Camille et s’en alla en fermant la porte derrière elle laissant Camille dans sa solitude inconditionnelle.
Elle ne la revit plus jamais.
à la fin du chapitre tu dis qu'e lle est au collége
hors au début de l'histoire , elle est au lycée
je pense qu'a 16 ans on est plutôt en seconde ou premiére....
donc je tendrai plutot pour une lycéenne !
bon ceci n'étant pas le plus important
je voulais revenir sur les deux départs de journée
je me suis un peu retrouvé
dans l'exélent film la journée de la marmotte
je ne sais du coup lequel est le vrai
et surtout une question que je n'ai pas réussi à trancher même aprés relecture
les gens qu'elle croise dans ses rêves elle les croise aussi en vrai
mais se rapellent ils de ce qu'il échangent avec camille dans se monde paralléle que je pourrais nommer le monde du rêve !
Oui j'ai compris qu'elle doit soigner mais j'ai pas encore compris comment
donc je m'en vais lire un autre chapitre
alors oui elle est au lycée et je n'ai pas écrit collège, je viens de vérifier sur mon fichier d'origine.
Alors, oui elle ne peut rêver que des personnes qu'elle croise en vrai.
Merci pour ton commentaire :-)
c'est un de tes lecteur qui en a parlé
j'aime bien toujours lire ce que disent les autres
pour ne pas dire la même chose
milles excuses !
Ce chapitre m'a un peu bousculé et rappelé quelques mauvais souvenir de collège. Je pense que je vais en revivre d'autres en continuant la lecture...
Comme toujours, la structure perturbe un peu surtout que je ne t'ai pas lu depuis un moment. Comme j'aime bien être bousculé dans mes habitudes, j'aime beaucoup. Et étrangement, ça m'a permis de me remettre dans le bain.
La répétition du début du cours est intéressante et permet de poser le personnage de Sonia par rapport à Camille, du moins en partie. On se doute qu'elle va être importante d'une manière ou d'une autre, même si je n'arrive pas à savoir totalement en quoi.
L'histoire de la prof m'a beaucoup touché. Je la trouve à la fois très triste et très belle. Je t'avoue que je suis plus dans l'émotion que dans la critique froide quand je te lis (du coup, mes critiques sont peut-être moins techniques que les autres).
Ton style me fait de plus en plus au flux de pensée comme on peut le voir chez Woolf par exemple. Ca fonctionne en plus parfaitement avec la part d'onirisme de ton récit.
il est malheureusement courant d'avoir ce genre de souvenirs datant du collège... J'espère, cependant, que tu n'en revivras pas d'autres mauvais en me lisant...
La structure perturbe, je ne fais que le constater lol. Je me demande alors si je dois me dire: "ce livre est fait comme ça, du moment qu'on s'y retrouve même si ce n'est pas dans l'immédiat" ou alors: "il faut changer tout ça"...
Le fait que tu sois dans l'émotion est la meilleure chose que tu puisses me dire! Ca me touche car c'est mon but...
Alors merci de le dire si tel est le cas! :-)
Je croise les doigts pour que tu continues d'apprécier.
Bien à toi!
Merci Oriane!
Toujours très agréable à lire, quelques remarques :
"Sonia était une jeune fille de 16 ans qui avait tout pour elle et rien pour personne." -> très belle phrase !
"C’est là que passait un professeur, et Sonia restée muette ricanait en invitant « ses filles » à « dégager de là » -> et Sonia, restée muette, ricanait
"Au-dessus d’elle, s’envolèrent des hirondelles téméraires qui n’apportaient pas le printemps, suivies d’une pluie de feuilles d’or aux bords édentés." Encore une très jolie phrase, bravo !
"7h30. La sonnerie du réveil retentit. Camille eut peine à se lever. Elle replongea sur son lit et se rendormit jusque 8h05. La lune s’était couchée, les oiseaux avaient entamé leur chant matinal et tout semblait s’animer au ralentit. Elle avait comme une impression de déjà vu, de déjà éprouvé.
Au rez-de-chaussée, Mme Lorency buvait son café avant de partir travailler. M. Lorency préparait la voiture. Camille s’éclipsa subrepticement par la sortie de derrière. Il était 9h15 quand elle donna trois coups à la porte. Le cours était commencé depuis 9h." Tu donnes quatre fois l'heure en deux paragraphes, ça fait trop et c'est indigeste à lire. Tu pourrais mettre : "et se rendormit une demi-heure" "le cours était commencé depuis 15 minutes" ou des choses du genre.
Super chute de chapitre !
Bien à toi
Bon, il y a vraiment des images splendides dans ce chapitre... Toujours une structure complexe, mais plus facile à suivre... même si je pense qu'il te faudra sans doute retravailler un peu les liaisons logiques (il faut toujours se rappeler que le "vrai lecteur", celui qui ne te connait pas... il a un regard beaucoup plus froid que les "connaissances internet et RS" ; c'est pour ça qu'il vaut mieux prendre dès le début l'habitude de travailler pour lui). Même sous forme métaphorique, vu qu'on est sur la "frontière de la sphère du rêve", et qu'il s'agit d'une de ses caractéristiques.
Tu pourrais "poser" aussi un peu la narration, l'ancrer dans l'instant.
Exemple, un passage comme : "Enfermée dans les toilettes des filles, Camille souffrait terriblement de maux de tête. Elle se pressait fortement les tempes et murmurait: « Que ça cesse, que ça s’arrête, je vais perdre connaissance ». ."
Pourquoi l'imparfait de narration, qui dénote des actions sur la durée, au lieu d'une suite d'actions courtes (ce qu'elles sont en réalité) ? Comme la dernière phrase : "Elle s’écroula à même le sol, inconsciente".
Une notation que j'ai trouvée excellente "un de ces êtres qui rêvent d’avoir pour unique préoccupation de mener leur vie à leur gré de façon prosaïque et péremptoire."
"mener leur vie à leur gré de façon prosaïque et péremptoire", c'est formidablement bien dit, on voit tout de suite de quel genre de gens tu parles... Néanmoins, il me semble y avoir un tiroir de trop. "Rêver" + "d'avoir pour unique préoccupation"... un de ces êtres qui ont pour unique préoccupation de..." ou "pour seul rêve de..." serait suffisant, amha.
Bisous 🦋
Merci beaucoup pour ton commentaire 😊!
"Travailler dès le début pour le lecteur", je te comprends mais ce sont d'abord mes tripes qui écrivent... pas ma tête... Le lecteur, j'y pense après. C'est pourquoi je retravaille un peu le tout pour qu'il reste "moi" tout en étant accessible.
En ce qui concerne la phrase: "... qui rêve d'avoir pour unique..."...
Si je choisis ces termes, ce n'est pas "technique", ni un hasard, elle rêve vraiment d'avoir cette unique préoccupation car elle ne l'a pas... ce serait changer le sens.
Pour les liaisons logiques, en effet, je pense que le grand point négatif de ce roman est sa structure... Elle est "atypique" comme celle qui se cache derrière lol
Encore merci 🙂🙂
dans ce cas, n'hésite pas à appuyer, à développer, parce que là, du coup c'est un peu rapide pour qu'on comprenne ce que tu veux faire passer. Elle aurait voulu, mais elle n'y arrive pas vraiment, et elle le vit mal... ça a un sens, mais il est assez complexe, quand même. Pas évident au premier abord.
(Bon, ton rapport au lecteur, ça te concerne 😉 garde-toi juste dans un coin de la tête qu'il est roi, qu'il le sait... et que lorsque tu passes aux publications destinées au plus grand nombre, il n'hésite pas à te piler menu en public... même si c'est manifestement lui qui manque des moyens intellectuels ou culturels pour te comprendre 🙄)
Le lecteur est roi... Le client est roi? Ça pose problème car je ne suis pas à vendre. Nous ne sommes pas à vendre sauf pour ceux qui le choisissent. Si le lecteur est roi c'est qu'on lui a mit une couronne sur la tête... ne dit-on pas que le pouvoir que les autres ont sur nous c'est celui qu'on leur donne?
Comme je l'ai déjà dit: retravailler pour être mieux comprise, plus claire, plus accessible, m'améliorer dans le processus de mon écriture, évoluer, faire de mon mieux, etc. Bien sûr que oui. Mais ça ne fera jamais du lecteur le roi... parce que je le décide ainsi. Alors je ne serai pas éditée? Et bien je ne serai pas éditée... Si les gens doivent m'aimer, ce sera telle que je suis et pas un produit de leurs exigences sinon je n'y gagne rien vu que le produit ce n'est pas moi...
Restons qui nous sommes avant tout et si on doit garder quelque chose dans un coin de sa tête c'est d' être et de rester "Ella Palace " ou "Trucmachinchose Bazarchouette" mdr.
Ne nous laissons pas piler comme la glace, éteindre comme le feu, évaporer comme l'eau... soyons libres comme le vent...
Rien n'est plus important que d'être libre d'exister dans notre entière singularité.
Mais c'est ça le jeu: on t'aime et on te déteste pour les mêmes raisons ou par jalousie aussi... bref... Donner de l'importance à ça? C'est ne pas savoir qui on est, c'est se voir dans le regard des autres... Le pouvoir qu'on leur donne...
Si les autres lecteurs s'arrêtent à ce genre de commentaires, c'est qu'ils n'ont pas l'intelligence de penser par eux-mêmes, pour moi, ils ne méritent même pas de te lire...
Si tu ne sais pas être au-dessus de ces cons, reste dans l'ombre...
Si je suis éditée un jour, tout le monde ne me connaîtra pas, tout le monde ne m'aimera pas mais personne ne m'oubliera...
🐛🐛🦋🦋🦋🦋
Matthieu
Désolée de ce silence de quelques jours, j'étais prise dans le travail et les amis. Suite charmante en ce samedi matin paisible. Bonne description des tourments infligés à Camille par Sonia et sa bande. On sentait tout à fait la peine que devait subir Camille aux mains de ses tortionnaires. On se demande aussi pourquoi elle ressent de la compassion envers Sonia. Elle voit son visage intemporel... est-elle une des âmes visitées par Camille?
On aime aussi le chaos dans l'âme de Camille, peut-être que c'est ce qui lui permet de ressentir les ondes des âmes étrangères à la sienne. Et toujours ces mots étranges lema etc... Je me suis demandée si c'était un anagramme... ou du latin? À voir :)
Malgré tout, il me semble que tu m'avais dit que je commencerais à voir se révéler le mystère de Camille vers ce chapitre, mais j'avoue que j'en suis toujours aux balbutiements de la compréhension, ce qui ne rend la chose que plus plaisante.
Félicitations pour ta belle prose!
Merci pour ce commentaire.
Lema Sabachtani est de l'hébreu qui signifie : pourquoi m'as-tu abandonné?
C'est ce que le christ a dit sur sa croix.
Tu posteras bientôt un chapitre?
Ravie de te revoir!
Au plaisir
Je viens de lire cet autre chapitre dans la foulée. Je désirais en apprendre plus sur Camille, cette étrange soigneuse des âmes.
Je trouve que tu as un vrai talent pour décrire et décortiquer les sentiments. C'est un exercice difficile auquel on hésite souvent à se frotter.
Donc Camille soigne les âmes, mais on peut à présent se poser légitiment les questions : à quel prix ? Et qui soignera son âme à elle ?
Le traitement de la journée sous deux éclairages différents, avec le changement d'attitude radical de Sonia, est astucieux. Du coup, on ne sait plus trop qui est la véritable Sonia. Un personnage, deux facettes.
L'histoire particulière avec Mme Gruaux est touchante et très bien racontée. Elle permet de comprendre la fonction salvatrice de Camille.
Si l'on commence à percevoir une suite à l'histoire, la chute demeure un mystère. On erre dans les limbes en cherchant nous aussi une issue, en espérant qu'elle ne soit pas fatale.
Quelques remarques :
-"embrasser son frère" : d'embrasser
-"Camille en avait plus qu’en suffisance" : en avait eu
-"Le plus seule qu’on puisse être " il me semble que c'est "le plus seul" ou "la plus seule"
- "et terminant par un point," et se terminant
c'est une des plus belles choses qu'on puisse me dire: ma capacité à décrire et analyser les sentiments. Ce qui est plus difficile pour moi n'est pas de les décrire et les analyser en soi mais de les ressentir, en partie, au moment où j'écris...
De nombreuses larmes ont coulé pour écrire ce roman, cela fut mon encre, on peut dire. Il faut parvenir à éprouver de l'intérieur des émotions même inconnues...
Avant chaque chapitre, je tremble, j'ai peur, je doute de moi tout le temps!! Et quand il est rédigé, je n'en reviens pas! je me sens tout à coup courageuse lol et puis... ça recommence mdr! Ma touche personnelle, en tant qu'auteure est d'aller loin dans les ressentis, de faire passer un message et d'apporter une touche de "fantastique" dans un monde rationnel.
Concernant Sonia, elle est un peu comme tout le monde, dans le sens où on a plusieurs facettes dont des masques...
J'en parle tout particulièrement au chapitre 7 où je compare l'individu à un illusionniste qui excellerait non pas par l'exploit de ses tours de passe-passe mais parce qu'il sait choisir le bon publique. Je dis que la plus réussie des illusions c'est dans l'ignorance consentie des autres... parce qu'on ne cherche pas vraiment à savoir...
Merci pour tes remarques, je m'y attèle!