L'homme à la ceinture de cuir
(Camille, Sonia, l'homme)
Il ne lui avait jamais été offert de contempler pareille splendeur sous des traits humains. Pour elle, et pour les autres aussi d’ailleurs, il était bien question de splendeur avec tout l’éclat que ce mot implique. De longs cheveux dorés, flamboyants, rayonnants ; des yeux sombres, énigmatiques, gourmands de vitalité ; un teint resplendissant de soleil et une bouche pure et innocente à se moquer des beautés connues dans le monde.
Melle Delhanges ramenait à elle tous les sourires et les larmes qu’il fût permis d’admirer. Chez certaines personnes, elle avait d’ailleurs le don de provoquer cette force étrangère et troublante, cet état inouï de plénitude, ce petit pincement au cœur qui tantôt picote tantôt déchire, ce on ne sait quoi qui faisait basculer d’une vie à une autre. Ce tout aurait désormais la voix apaisante et palatalisée, le sourire douloureux et transcendant, d’Amélie Delhanges.
C’était ce que Sonia pensait et cette vision représentait ce qu’elle désirait être ou devenir. Elle aurait pu voir défiler le Château de Versailles en Espagne à cheval entre Pékin et Genève, les chutes du Niagara dans son jardin, des plages ensoleillées dominées d’un Iceberg autour duquel auraient trinqué des papous en tutus roses, des voiliers au firmament, Jupiter piquer une tête dans la Mer Noire, des constellations à en perdre le Nord, un crocodile pleurer comme une baleine, l’Atlantide ressuscité, le Nil caressant le Sahara avec des baguettes chinoises, l’Himalaya faisant la cour à la Cordillère des Andes, la Tour Eiffel entamer une partie d’Echec avec Big Ben qui jouerait du Mozart en Grèce, et la Statue de la liberté, ivre morte, se balader pieds nus sur les Champs-Élysées, et le Pape, les fesses à l’air, couché sur une luge en chute libre le long du Mont-Blanc, et Venise plus morte que jamais démolie à coups de klaxons, rien n’aurait altéré cet instant à présent harmonisé par les mouvements d’Amélie Delhanges.
Comment l’apparition de quelqu’un pouvait-elle avoir pareil effet ? Sonia avait marché, dansé, bu, mangé, elle avait pris des habitudes, elle en avait perdu d’autres, elle s’était amusée, ennuyée, elle connaissait les arbres, les rivières, les nuages, le soleil et la pluie, elle avait vaqué à ses occupations sans prendre conscience de leur nécessité comme de leur absurdité.
Et subitement, voilà que tout s’effondrait, ou plutôt non: tout s’effaçait. Sa vie qui lui avait paru jusque-là suffisante, lui apparaissait maintenant insignifiante mais surtout étrangère parce que sa vérité la plus profonde venait de se matérialiser sous ses yeux. Si elle avait pu, elle lui aurait volé sa peau.
Comment était-il possible d’exister sans connaître quelqu’un comme Amélie Delhanges, avait-elle fini par se dire ? Mais qu’avait-elle de si particulier cette Amélie ? Un on ne sait quoi d’inaccessible, quelque chose dans les yeux, dans le geste. Elle faisait partie de ces gens sur qui tout le monde se retourne mais à qui personne n’ose dire un mot.
Sonia éprouvait un mal monstrueux à se l’avouer mais elle était face à la réplique exacte de ce qu’elle avait toujours voulu devenir: intouchable.
Il est des sensations, des phénomènes, des sentiments indescriptibles et même lorsque l’on parvient à trouver l’un ou l’autre mot, on reste toujours dans la frustration de ne pouvoir exprimer leur vérité, car tout reste au fond indicible. Puis, en une seconde, cet indicible vient à dire son nom sous une forme humaine. Sonia n’en revenait pas et ne semblait pas être la seule .
C’est pour dire, chaque élève buvait les paroles de leur professeure. Certains restaient bouche bée, d’autres se tenaient le cœur ou mettaient leur main sur leurs lèvres, sur leur front. Etait-ce sa beauté éreintante ? Etait-ce son intelligence implacable ? Son odeur enivrante ? Sa voix apaisante ?
Uniquement Camille semblait sortir du lot. Pour ne pas changer, Camille faisait contraste et cela exécrait Sonia. Elle ne semblait pas sous le charme. Elle plissait les yeux comme si elle était en train de filtrer sa professeure.
Curieusement, Melle Delhanges l’observait de la même façon, avec intensité, on aurait presque dit avec considération. Elles avaient l’air songeur. Sonia aurait donné beaucoup pour connaitre leurs pensées. Mais ce don ne lui appartenait pas…
Camille, toujours solitaire, énigmatique, extraordinaire, faisait peur. Sonia n’en avait jamais parlé à quiconque mais elle éprouvait constamment un malaise en sa présence. Elle ne savait pas se l’expliquer.
Quand elle posait son attention sur une chose ou un être, elle semblait les pénétrer au point de tout connaître jusqu’à leur essence. Dans la seconde qui suivit, Camille se retourna sur Sonia laquelle afficha son immuable dédain masquant ainsi le courant de frissons qui lui parcourait l’épiderme.
Son portable se mit à vibrer, Sonia enfuit sa main à l’intérieur de sa poche. Elle reconnut le numéro, c’était lui. Non, pas aujourd’hui ! Pourquoi venir gâcher cette somptueuse journée ? pensa-t-elle. Comme elle n’avait pas répondu à son interlocuteur, Sonia reçut un message. Il indiquait: « R-D-V à 18h à l’ancienne abbaye. Sois là !!! ».
Dans moins de deux heures, un drame allait se produire. Sonia se sentit vaseuse, comme ivre, elle s’apprêtait à subir les coups et les blessures de sa propre folie.
Elle entrait en transe, dans un état second, elle s’habillait d’une nouvelle nature, une deuxième peau.
Tout avait commencé un an plus tôt. Elle ne s’appartenait plus et avait décidé d’offrir ce qu’il lui restait de dignité à un inconnu qu’elle appellerait désormais: l’homme à la ceinture de cuir.
Elle avait appris que l’on pouvait mourir plusieurs fois dans une vie. Elle avait aussi réalisé que son destin était aussi simple et que cela lui suffirait largement puisque c’était tout ce dont elle se sentait digne.
Sonia marchait la tête haute, portait toujours de prestigieux vêtements dont elle prenait plaisir à vanter les marques, elle parlait souvent la bouche en cul de poule en appuyant sur la plupart des consonnes, elle balayait sa chevelure soyeuse d’un revers de main quand elle était contrariée et ses larmes l’empêchaient de dormir chaque nuit sans exception.
Elle était face à son silence et sa déréliction. Il était trop tard, elle se devait d’aller jusqu’au bout, peu importaient les conséquences. Elle ne savait pas si elle faisait bien ou mal. Sa réflexion la menait parfois à penser que rien de tout cela n’aurait dû avoir lieu mais… pour des raisons qui échappaient complètement à sa raison, elle était sous une emprise indomptable.
Elle avait maintes fois essayé de trouver une oreille attentive, amie, mais ses efforts restaient vains, écrasés par la peur. Et puis, on ne lui avait jamais posé la moindre question.
Tant de temps, tant d’espoir bafoués, réduits à néant aux pieds du silence: le vide appelle le vide. Un silence sans issue de secours. Un silence blanc ! Un silence violent ! Ses blessures, elle les gardait sur elle, en elle. Elles s’effaceraient avec le temps, derrière ses pulls à cols roulés, remplacées par d’autres, elles s’effaceraient peut-être en même temps que l’homme à la ceinture de cuir.
La fin du cours se passa dans une sérénité absolue, sous la tutelle angélique d’Amélie Delhanges devant laquelle le moindre problème devait sans doute se mettre à genoux, du moins c’est ce que les gens qui ne savent pas pensent devant le magnifique.
Assise sur une pierre devant la vieille abbaye, Sonia était à bout de nerfs. A bout de forces, au bout du rouleau, mais pas au bout du tunnel. La lumière s’était éteinte dans son esprit, elle la cherchait désespérément, à tâtons, les yeux ouverts, aveugles, elle heurtait les obstacles les uns à la suite des autres, tournait en rond, la porte était peut-être tout près, toute prête, mais où ? Tout s’était éteint non pas un an auparavant mais depuis plus longtemps encore, le jour où elle avait compris.
Elle avait compris qu’elle aurait toujours froid, qu’elle pleurerait le plus que l’on puisse pleurer, elle avait compris que la vie ne serait qu’un sempiternel état de manque, qu’elle serait seule contre tout, contre tous, qu’elle souffrirait jusqu’à sa mort. Sonia l’avait compris tout de suite. La lumière s’était éteinte à l’instant même où elle était venue au monde.
Elle éprouvait encore le mal de la semaine dernière. Elle plongea la main entre ses cuisses. Le fait d’y penser déclenchait des spasmes à la hauteur de son pubis. Elle re-sentait les brûlures de cigarette écrasée sur ses seins, sur les mamelons, là où ça fait hurler de mal.
Entre le nombril et le mont de Vénus, une étoile avait été tailladée au rasoir. Elle portait des marques bleues sur les omoplates, dans le bas du dos, sur ses fesses, des traces rouges entre les jambes, aux deux chevilles, aux creux des pieds. Sur sa nuque et son cou, la ceinture avait laissé sa signature pour lui rappeler qu’elle était une chienne à ses heures.
Elle revoyait tous ces gadgets, objets obligatoires et sacrés de son maître, indispensables aux sacrifices: godemichés, ceinture, canifs, aiguilles, ciseaux, bougies, scalpel, épingles, rasoirs, fourchettes, cure-dents, masques et d’autres choses dont elle ignorait les noms mais ne connaissait que trop bien leur utilisation et les cicatrices qu’elles lui léguaient.
L’intensité de son mal de vivre était à peine éprouvable. Elle possédait un trou qui lui tenait lieu de cœur, une carence comme silhouette et un manque à la place de l’âme.
Sa respiration s’interrompit quelques secondes. Elle vit le visage de l’homme à la ceinture de cuir apparaître comme un souvenir lointain. Elle retint son émotion. Elle avait mal partout, dedans comme dehors ! Elle crut s’évanouir.
Quelques ratés plus tard, elle parvint à entendre les battements de son cœur. Son cœur battait à nouveau, était-ce un soulagement ? Il battait à le sentir tambouriner dans sa poitrine, lui rappelant combien il désirait s’enfuir. Son cœur ne voulait plus d’elle. Il voulait à n’importe quel prix, s’échapper de sa prison. C’est peut-être pour cela qu’il s’était arrêté. Il voulait se suicider.
L’homme à la ceinture de cuir arriva enfin face à elle. Il avait l’air de mauvaise humeur. Il ne lui adressa aucune parole.
Ce soir, il avait décidé qu’ils n’iraient pas dans un building abandonné, ni à la lisière d’un bois ou dans une usine désaffectée. Leur séance aurait lieu à l’intérieur d’une petite chapelle délaissée du commun des mortels.
Cela angoissait Sonia d’accomplir de tels actes dans un lieu saint. Elle aurait de loin préféré une chambre d’hôtel morose et transpirante de sexe où elle se donnerait à un homme sans nom comme le ferait une putain. L’idée de passer sous un corps puant de sueur dont le plaisir passe à travers une violence innommable lui apportait une certaine jouissance, quelque part, même si elle n’osait pas se l’avouer.
–– Suis-moi, lui lança-t-il brutalement.
Dans la pénombre, on devinait difficilement sa silhouette menue dont les formes se découpaient dans le ciel. Sonia obéit consciencieusement. En marchant, elle s’imaginait de retour chez elle. Elle se glisserait sous la douche, habillée. Elle commencerait par savonner ses vêtements sentant le sperme et la sueur.
Après s’être dévêtue, elle laisserait couler l’eau bouillante sur son corps meurtri. Elle brûlerait ses blessures comme pour les désinfecter. La douleur serait encore plus intense. Le mal s’en irait ainsi. Peut-être que le sang sortirait de la même manière que la dernière fois.
Elle alternerait le chaud et le froid sans savoir lequel convient le mieux. Elle urinerait longuement sous la douche. Il ferait rouge sous ses pieds, sur son essuie de bain, le rideau, la savonnette, tout aurait sa couleur préférée.
Comme d’habitude, elle aurait encore le sentiment de se trouver sur les lieux du crime. Elle serait imprégnée de tout ce qu’elle viendrait de subir. Elle se placerait nue devant le miroir. En prenant la précaution de ne pas croiser son regard, elle contemplerait les écorchures, les plaies précises accomplies avec professionnalisme.
Elle se sentirait laide, repoussante. Un tas de questions se bousculeraient en elle: les raisons de cette destruction, cet homme, son plaisir, son dégoût, son désir, sa peur. Délicatement, elle toucherait sa peau. Elle caresserait ses seins, son ventre, avec lenteur. Elle descendrait plus bas, frôlerait sa féminité assassinée et pousserait un cri.
–– Je vais te faire ce que tu aimes tant ! lança l’homme.
Que savait-il de ses désirs ? Ne savait-elle pas mieux que quiconque ce qu’elle voulait? Peut-être pas, se répétait-elle. Il décidait pour elle. Si elle voulait être honnête avec elle-même, elle se devait d’être monstrueuse.
–– Bon, magne-toi le cul, j’ai pas envie que tes parents se demandent où tu es. Quoi que... ils sont apparemment aveugles...
A ces mots, Sonia pensa: « Oui... ma mère est aveugle et mon père ne sait pas que j’existe, je ne sais pas qui il est... mais ma mère quand même ! C’est incroyable ce qu’on connaît mal les gens avec lesquels on vit ».
L’homme à la ceinture de cuir lui tendit une gélule.
–– Ne l’oublie pas, si tu veux te sentir plus à l’aise. Sonia l’avala sans hésitation.
Après l’avoir attachée au pied de l’autel, il lui ordonna:
–– Caresse-toi maintenant. Oui, c’est ça, continue! Voilà, doucement pour commencer, ne t’arrête pas. C’est bon, petite garce. Tu t’imagines tout à l’heure quand ce sera moi à la place, tu vas adorer, tu verras. Ferme-les yeux! Bientôt je vais te toucher, tu sais pas avec quoi ni sur quelle partie de ton corps je le ferai. Je vais te toucher...
La gélule commençait à faire son effet. Sonia se détendait petit à petit et venait l’appétit.
–– Tu voudrais savoir où, n’est-ce pas?, reprit-il. Ce sera sur ton ventre... non, entre tes cuisses, ou sur ta bouche.
A ce même instant, il pressa sa virilité contre sa bouche.
–– Tu sais ce qu’il te reste à faire, gémit-il.
Sonia accomplit cet acte, lentement, en toute impunité, sans honte.
–– Ca te plait, sale garce, Dis-le!
Sonia hocha la tête mais ce n’était pas suffisant.
–– Dis-le, salope! hurla-t-il en la giflant de plein fouet.
Elle s’exécuta, sans se plaindre. Sonia se demandait que serait la suite, jusqu’où irait-il cette fois. Elle se décontractait de plus en plus, ses gestes obéissaient, son esprit se débattait. De toutes ses forces, elle aurait aimé appeler “à l’aide!”. Qu’on vienne la sauver d’elle-même.
A quelques dizaines de mètres, dehors, les cris des cloches retentirent en même temps que les siens. Sonia était agenouillée, les mains attachées dans le dos, un masque sur le visage. Il comportait quatre trous: deux pour voir, un pour respirer et l’autre pour avaler.
L’homme à la ceinture de cuir la saisit par les cheveux, il lui montrait d’horribles ustensiles dont il s’apprêtait à lui faire découvrir les nombreuses possibilités. Il tira sur ses jambes, la traînant au bord d’un égout pour y plonger sa tête. La voir étouffer sous les résidus le faisait rire.
Puis, il la flagella violemment à l’aide de sa ceinture. Il sortit Sonia de sa longue apnée et écrasa sa joue contre une paroi. Le maître planta une dizaine d’aiguilles dans sa chair, à l’entrée de son intimité, avant de la pénétrer de ses doigts. Il quitta l’endroit le plus intime de sa personne, glissa ses mains sur ses reins, remonta vers son cou, attrapa ses épaules et la ballota plus vers l’avant.
Ses seins offerts, Sonia se doutait de l’enfer à venir. En effet, il y enfonça deux épingles de sûreté et une douleur lancinante la pétrifia de manière radicale. Elle l’entendait chipoter de-ci, de-là et sa peur s’intensifiait davantage. Sonia serrait les dents, crispait les poings, contractait tous ses muscles.
D’un geste, il la souleva du sol, l’emporta sur un banc, arracha son masque, lui envoya quelques gifles, lui banda la vue. Elle entendit tomber quelqu’objet métallique.
Tout à coup, des menottes enlacèrent ses chevilles, ses mains, elle entendit le bruit sourd d’un rasoir électrique qu’elle sentit s’enfoncer vivement en elle, les coups de ceinture sur ses fesses, ses épaules, son dos, ses mollets, ses cuisses, des petits clous aux creux des pieds, un godemiché à la place du rasoir, un plus gros encore, et du sang qui coule.
Devant sa terre labourée, dévastée, quelque chose de différent, aussi dur, vif, souple, un peu mouillé. Son clitoris était en feu, découpé, ses lèvres pleuraient, déchirées à ne plus rien éprouver. A l’intérieur, c’était le chaos. Plus personne ne voudrait y entrer, c’était sale, ça puait, c’était moche. Rien ne pourrait changer cela, elle aurait beau laver, laver, laver, c’était trop tard.
On entra en elle. Son vagin dégoulinait, il était un puits sans fond, un dépotoir, il cognait contre sa peau, son coeur battait dans son ventre, transpercé de toutes parts.
Elle tenta de tout oublier, se projeter ailleurs, un autre lieu, une autre époque, le plus loin possible mais la terreur serait toujours parvenue à la rattraper, elle pourrait courir à toutes jambes, elle resterait une pauvre gazelle poursuivie et dévorée par une meute de lions affamés. L’infâme prédateur a violé son nid, saccagé ses oeufs, détruit sa vie.
Sonia se raidit, se tordit, secoua la tête, se mordit les lèvres, écrasa ses poings contre le banc, demanda pitié, le bourreau n’entendait rien, il était ivre de violence. Alors elle se laissa faire, elle abandonna son corps et tenta de chasser son âme.
Il cria:
–– Dis encore sale pute! Dis s’il te plaît, dis-le ou je te tue !
–– S’il te plaît, murmura Sonia.
S’il te plaît, sois satisfait. S’il te plaît continue, ne t’arrête pas, tue-moi. Existait-il assez d’amour qui puisse réparer tout ce mal ? Ou fallait-il traiter le mal par le mal ?
L’animal grimpait le long de son tronc, très haut, très vite. Le prédateur s’élançait à tout rompre, sa virilité augmentait, elle gonflait à en être au bord de l’explosion. Dans la course, sa vue devenue floue, elle aperçut une croix qui trônait derrière l’autel, le christ la fixait.
–– Je vais t’arroser, viens là que je te l’enfonce dans la bouche, d’abord.
L’homme à la ceinture de cuir allait et venait à fond de train. Cela prit quelques minutes, une éternité.
–– Oh oui! C’est ça petite putain ! Ne bouge plus, laisse-toi faire ! Tu la sens, tu la sens dans ta bouche, elle te chatouille le gosier hein ? T’adores ça, je sais qu’t’adores ça !
Dans un gémissement de plaisir, l’homme à la ceinture de cuir répandit son liquide gluant sur le visage éteint de Sonia et il l’abandonna là, au milieu de sa pourriture où elle s’évanouit d’épuisement.
mais là au lieu de comprendre
je suis plus dans le brouillard encore
elle n'est pas attachée et elle avait le choix de venir ou pas
donc je suppose qu'elle est consentante
mais vois tu
si je trouve que tout est bien écrit
la aussi
j'ai l'impression d'avoir des bouts à chaque fois
et le fil conducteur de tout ça
tous ces gens malheureux
soit prisoniérs de eux même ou de leur entourage
je pense que camille et son grimoire est la pour les sauver
mais
donc je vais continuer
pour comprendre !
C'est comme quand on va chez un psy, la psy te voit on va dire une fois semaine et reçoit des morceaux de ton histoire à chaque fois et, entre temps, elle voit d'autres patients... et elle "aide" tout ce petit monde en même temps... ;-)
Merci beaucoup pour ta lecture et tes commentaires!! peut-être aurais-tu plus "facile" avec l'audio pour la compréhension, il paraît que ça change un peu la donne...
Je poursuis ma lecture et j’accroche toujours. Je ne voudrais pas me répéter par rapport aux autres commentaires et ma remarque tiens plus de la digression finalement. Ton approche du SM me turlupine un peu car Sonia, aussi perdue soit elle, ne consent pas avec ce qu’on lui fait subir. Et finalement, j’ai eu le sentiment de lire une caricature de SM alors que le consentement est au coeur de la pratique et qu’il est normalement possible de mettre le hola quand l’un des partenaires le souhaite.
Après, je comprends bien ce que tu vises dans ce chapitre, belle démonstration de relation abusive et de perdition, simplement, il serait peut être plus correct de ne pas étiqueter les échangent des protagonistes comme étant des jeux de BDSM: cela n’a rien d’un jeu réciproque !
La pauvre Sonia aurait besoin d’aide en tout cas.
Bien à toi !
Merci beaucoup pour ta lecture et tes suggestions.
C'est plus complexe que ça...
Il y a consentement ici mais avec profit et abus d' un sadique. Il n'y a pas de jeu ici. Il y a un hola quand on joue, en effet.....
Il est sado, elle est maso. Elle se punit d'être. Elle existe comme cela.
Relis bien. Jamais je ne parle de jeu!
On est pas dans Fifty Sade où il y a le plaisir des 2... lol
Il est question d'un rapport sado-masochiste avec abus d'un adulte sur une enfant même si elle est consentante... ce n'est absolument pas pareil qu'un jeu SM...
Et heureusement lol...
Encore une fois, c'est plus complexe que cela...
Une expérience n'est pas l'autre... Un ressenti n'est pas l'autre...
Je n'est pas voulu parler du SM dont je n'ai que faire et que je ne dénonce absolument pas car il n'y a rien à dénoncer.
J'ai voulu parler d'un enfer. Et celui-ci en est un...
J'espère ne pas t'avoir heurtée. J'espère aussi que tu comprends mieux mon chapitre 😊😊😊
Et encore merci ! 🙂
Finalement, ce n’est que mon point de vue de créatrice et cela ne remet pas en cause tes choix d’écrivaine. Je crois que mon cerveau a été biaisé par la note de l’auteur et je m’attendais à une approche différente.
Bref, merci pour tes éclaircissements.
Je n'ai pas besoin d'insister sur l'aspect consentement, c'est assez clair, surtout que nous sommes ici au chapitre 5, il reste des choses à dire 🙂😉
La note du début dit qu'il y a des scènes de sado-masochisme, on ne peut être plus claire. La définition simple du sado-masochisme est un comportement qui associe sadisme et masochisme. Si on va plus loin, il est question d'éprouver du plaisir par le biais de cet acte. Ici, elle n'éprouve pas de plaisir sexuel mais un bénéfice secondaire à travers le choix qu'elle fait.
Là où tu es biaisée, c'est dans ta propre définition du terme, dans ta propre approche de cette pratique qui diffère de ce que tu comprends dans ce chapitre.
Bien à toi 🙂🙂
Voilà un chapitre particulier, je dirais. La note avant pour prévenir n'est pas de trop.
Ca change de ce qu'on a pu voir jusqu'à maintenant. La violence était présente mais pas aussi explicite. Et, pour tout te dire, je préférais peut-être. Là, on est vraiment devant le fait accompli, on a pas le choix, on voit ce qu'il se passe. De plus, les raisons qui font qu'elle s'adonne à ce genre de sexualité rendent la chose encore plus forte, plus violente (j'ai l'impression de passer mon temps à écrire violente dis donc). Et du coup, l'Enfer de Sonia, son cauchemar, marque énormément. Sur ce point, je pense que tu as réussi ton pari avec ce chapitre.
Je me demande vraiment comment Camille va intervenir dans l'histoire de Sonia. Idem pour Amelie Delhanges d'ailleurs, son introduction semble donner une sorte de lueur d'espoir dans la pénombre qu'est la vie de Sonia
merci pour ta lecture et ton commentaire :-)
Je te laisse découvrir la suite qui répondra évidemment à ta question...
Bien à toi
Alors ... Comment dire... Ce chapitre m'a personnellement mis assez mal à l'aise, (le fait de ne pas comprendre ce qui mène le personnage à s'infliger ça principalement) mais bon j'imagine que c'est le but. Du coup je sais pas du tout à quoi m'attendre pour la suite.
Je pense que tu devrais mettre un limite d'âge au moins pour ce chapitre, l'avertissement est (à mon avis) pas suffisant.
Sinon, c'est toujours très bien écrit, ça rien à dire.
Un petite remarque :
"Ca te plait, sale garce," -> plaît
La limite d'âge est là depuis le départ... Dès le titre du livre 😉
Au plaisir
C'est parce que sur un autre roman avec une limite d'âge de 18 ans, on avait un message du genre (voulez-vous quand même accéder oui/non)
Ça me fait plaisir que tu me lises.
J'essaye, à chaque chapitre, de faire ressentir les émotions des personnages au lecteur.
En effet, ce chapitre est dur...
Merci encore!
Bien à toi,
Ella
On sort de ce chapitre complètement essoré. Il est d'une dureté indescriptible et soulève de nombreuses questions : qu'est-ce-qui dans la vie de Sonia a pu provoquer un tel dégoût d'elle même ? Il existe maintes manières de mourir, celle-ci est particulièrement atroce car elle détruit l'âme en détruisant le corps. La seule indifférence des parents peut-elle provoquer un tel désir d'effacement ? Qu'est -ce qui justifie un tel déchaînement de violence ? On a le sentiment que seule la souffrance donne à Sonia le sentiment d'être encore vivante. C'est terrible.
J'imagine que Camille et peut-être l'étrange professeur apporteront réponse et remède . Je l'espère.
Moins sombre la première partie, Amélie Delhanges à travers les yeux de Sonia, c'est un feu d'artifice d'images et de sensations. Le sentiment de sidération général qu'elle suscite est très bien exprimé.
Sonia dissimule sa véritable personnalité, Camille l'effraie. Ne pourrait-elle trouver en elle une alliée ?
En conclusion, chapitre redoutable, avec une tension soutenue et parfois insoutenable. La suite apaisera-t-elle le lecteur ?
Quelques remarques :
- " Et subitement, voilà que tout s’effondre..." que tout s'effondrait/s'effaçait
- "Elle entrait en transe... " Elle entrerait / elle s'habillerait , c'est une action future.
- "Elle retenait son émotion" : elle retint
- "lui rappelait combien" : lui rappelant
Pour répondre à ta question, l'absence du père et l'indifférence de la mère peuvent être vécus comme un terrible traumatisme. Peut-être le pire qui soit car ce à quoi elle s'adonne n'est pas le pire mais bien une conséquence. Alors oui, c'est très suffisant surtout en fonction des troubles qu'on peut développer...
A chacun sa façon de réagir et il en existe de terribles. C'est une réalité de notre monde parmi d'autres...
J'ai surtout voulu exprimer son enfer intérieur et j'ai du y aller fort (décrire les faits) pour qu'on se rende un peu (oui, juste un peu) compte de son atrocité...
Les réponses arrivent...
Merci pour ton implication, je suis très touchée et je vais faire les changements de suite.