Chapitre 4 : Une arrivée inopinée

Elles, enflammées, léchaient sensuellement les restes des braises. Restes de bûches qui crépitaient joyeusement dans l’âtre. Sa douce chaleur faisait sens. Un corps à corps ardent avec mon moi. Alourdi de vapeurs d’alcool et épris de liberté. Voguant parmi cet océan orangeâtre, je m’y perdis. Je m’inondais dans le doré des flammes. Je ne comptais pas mes larmes. L’écume faisait les jours. Le flot était un rêve d’amour. D’un temps. Un instant infini. Une mer éternelle qui ne serait pas pris(e). Pris pour celle, pas par lui. Seigneur qui mords, seigneur qui nuit. Nuit de braises, soir d’une facétie.

Léchant la brise, bruit cinglant qui me brise. Un fracas. Cela me foudroya.

Me coupant de ma rêverie. Là où rien ne s’assoupit.

Mes deux pupilles, telles celles d’un chat, scintillaient dans la presque pénombre. Elles s’étrécirent à peine que des éclats les encombrent. Des lumières, venant des cieux, mangeaient les ombres.


 

— Hein ?! Quoi ?!! Comment ?!! Où ?!! Qu’est-ce qui se passe ?!!!


 

Haidol, qui était allongé sur le sol, sauta brusquement sur ses deux jambes comme s’il était monté sur ressort. Ne cuvant plus sa tournée, la vue aucunement trouble, il fut surpris de cet état de faits. Il fit l’inspection de la pièce. Rien a signalé à part que...


 

— Dis-moi ! J’étais dans le coma depuis combien de temps pour qu’il fasse déjà jour. Ou non… Ne me dis pas que cela fait des années et qu’on a inventé la machine à remonter dans le temps. Et moi qui avait apprécié de me rendre presque stone.

— Nein. ‘rrête d’débiter des arquebuses. Je crois qu’on est attaqués.

— Attaqués par des aliens ?!! cria-t-il, hautement excité.

— Tu crois encore à ça ?! questionna Endreiz, dubitatif.

— Quoi ? On ne sait jamais. Les Êtres Supérieurs ont bien inventé la Foudre…

— Tu crois qu’on devrait sortir pour voir ce qu’il se passe à l’extérieur.

— Bien sûr et on pourrait se faire canarder aussi.

— C’est ça ou on se fait canarder sans avoir rien pu faire.


 

Le roturier n’attendit pas une seconde, prit un hachoir en carbo-acier qu’il avait sous la main et explosa la porte sans y faire gaffe. Après un moment d’étonnement, qui n’aurait pas dû avoir normalement, son camarade le suivit. Qu’il peut être tête brûlée parfois ! pensa le grand blondinet pendant qu’il essayait de le rattraper dans la forêt. Sans succès.

 

Une fraîcheur nocturne l’accueillit. Il frissonna et ne tarda pas plus que de raison, marchant, courant sur quelques longes. Il traversait les petits bosquets aux arbres touffus et le verger de pruniers. Les arbres. Les branches. Les pierres du sol le firent trébucher. Les fossés passèrent devant ses yeux. Parmi le hululement des chouettes et le craquement des arbres, il reconnaissait à présent les bruits assourdissants qui emplissaient l’atmosphère. C’était ceux d’un moteur à implosion quantique de supra-appareils. Les seuls qui pouvaient en avoir, c’était les membres de l’Intelligentzia Cybernétique. Oui, il se ne trompait pas. Cela l’inquiéta d’autant plus qu’il connaissait le caractère impétueux de son ami et son dégoût envers eux. Il augmenta sa foulée. Des herbes hautes le firent chanceler et des branches lui griffèrent de partout. Dieu qu’il n’aimait pas se presser. Il faillit tomber plusieurs fois tellement il n’y voyait pas grand-chose malgré la source photo-tronique qu’il avait emporté. Il atterrit en plein dans le champ qu’ils avaient labouré le matin même.


 

Après l’éblouissement subit par les projecteurs photo-troniques, il vit finalement ce qu’il avait en face de lui. Il fut estomaqué par l’immensité du navire spatial qui flottait bien au-dessus de leurs têtes. Il rejoignit son compagnon qui était à quelques pas de lui.


 

— Endreiz !! Qu’est-ce qui t’a pris de te jeter dans la gueule du loup ?!!

— Eh ! N’m’fais pas le sermon !! Fallait l’faire !! On est pas d’taille face à eux !!!Maintenant, filons avant qu’…


 

C’était trop tard. Un petit astronef en forme d’aiglon se désolidarisa de la grande masse du vaisseau. Il fonça avec célérité vers eux et leur barra le passage. Une odeur métallique d’engrenages fumant, de poussière dégagé et de carburant les prit à la gorge, les faisant toussoter. Ils se rendirent compte que c’était en fait une monture similaire à un griffon robotique. Après quelques battements de paupières, tout redevint normal. Le bruit des moteurs bidirectionnels de l’engin ne leur vrilla plus les oreilles. Ils découvrirent que quelqu’un était assis dessus, à califourchon. Il démonta de son volatile. L’impact de ses bottines sur la terre fit un halo granuleux autour de lui. Après une petite avancée, l’homme de haute stature enleva son capuchon qui lui cachait le visage pour découvrir une face juvénile et lisse à la barbe rousse. Le silence emplissait l’espace. Seuls ses yeux turquoise les dévisageaient sans rien sous-entendre. De ses muscles proéminents et de son gilet de combat tout de noir clignotant, Haidol déduisit que c’était un moine-soldat. Sans aucun signe annonciateur, il fit encore quelques pas vers eux. Sa mine, blasée, était indéchiffrable.


 

— Laisse-moi t’signifier que si t’y veux la bagarre, t’y es mal parti avec moi. Tu vas t’faire dérouiller ! s’exclama Endreiz en s’interposant entre leur adversaire et son ami.


 

Ce dernier ne s’étonna pas de cette phrase stupide. Cependant, il se lamenta intérieurement : « Avait-on idée d’asticoter un guerrier sur-entraîné pour tuer ? C’était tout Endreiz ça. Tout dans la parole et rien dans la tête. Incroyable qu’on soit encore en vie quand on était comme ça ».

Le moine-soldat émit un rire cristallin qui les fit sursauter. Les yeux écarquillés de terreur et d’incompréhension, ils le regardaient comme s’il était devenu fou. Cela sembla durer une éternité tellement l’instant était saugrenu.


 

— Ah ah ah ! On ne m’avait jamais fait encore ça, cingla-t-il en reprenant son souffle. La plupart se pisse dessus et s’enfuit à toutes jambes dès qu’il me voit mais toi… toi… Tu me défies !! Il faut dire que tu es sacrément idiot ou inconscient, ce qui revient au même.

— Enfoiré !!

— Qu’est-ce qu’il y a ?! Tu veux vraiment te battre ?


 

L’air sombre qu’il afficha les fit frémir. On sentait toute la froideur de l’assassin dans ce regard. Endreiz ne put s’empêcher de déglutir et Haidol de reculer d’un pas. Bien vite, la première impression s’effaça de la figure du rouquin pour laisser place à de la malice et à un fin sourire

.

— Non. Voyons, tu es trop chétif et je ne suis pas venu pour cela. Connaissez-vous une certaine Liana Sheyroun ? Je viens chercher son fils, Endreiz, susurra-t-il, mystérieux.


 

Les muscles de ce dernier se contractèrent en même temps que ceux de sa mâchoire. Il n’avait donc pas le choix. Il allait devoir le combattre. Serrant ses mains autour du hachoir, il se prépara à l’attaque quand une main rustaude se posa sur son épaule.


 

— Arrête ! Ne l’offense pas en commençant un combat que tu ne gagneras pas.

— Comment veux-tu que… ? Y veut m’emmener !!


 

Son vaisseau ne trompait pas Haidol sur les origines du moine-soldat. Il était amiral. Mais qu'est-ce que foutait un amiral là ? Et pour lui ? pensa Endreiz.


 

— Attends avant d’agir. Cela fait mille fois que je te le répète. Tu sais que les Êtres Supérieurs ne te pardonneront pas si tu arrives par chance à blesser l’un de leurs protégés.


 

Le garçon aux mirettes émeraude pesa le pour et le contre et se tenait difficilement à une position. À l’intérieur, cela bouillonnait, autant que dans le ciel. Le vaisseau produisait des volutes d’air puissants qui giflaient les arbres alentour et poudraient la terre sous ses phares. Comme lui, il avait les boyaux qui criaient à la bataille. Un geste de la main d’Haidol lui fit suivre ce qu’il montrait. C’était apparemment en direction du moine-soldat. Celui-ci sortit de sa besace une espèce de parchemin.


 

En face de lui, il n'y avait que méfiance pour son vis-à-vis à ce moment. Le sourire de l’autre s’élargit, dévoilant des dents de loup d’une infinie pureté.


 

— Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas une quelconque sorcellerie. D’ailleurs, je te le laisse un peu pour que tu l’observes plus en détail.


 

Le guerrier fit précautionneusement quelques pas en avant, déposa le document au sol et recula. Avec prudence, Endreiz en fit autant et ramassa le papier pour le lire. C’était une lettre à ce qu’il voyait avec un sceau royal spécifique. Près de lui, Haidol s’y connaissait un peu. Il lui indiqua que c’était un verrou magnéto-tellurique. Vieux moyen de communication et technologie avancée du scellement qui garantissait la confidentialité et la protection du courrier. Le destinataire uniquement pouvait l’ouvrir et aucune attaque quelconque était efficace pour détruire ce message.

Endreiz grogna sur cette tek qui n’était que superficielle pour lui et décacheta l’enveloppe. Le temps qu’il prenne connaissance du contenu, la lune se déplaça d 'un ou deux degrés dans le ciel totalement dégagé de cette nuit étoilée.


 

Tout à coup, les yeux foudroyant et le ton clarifié, il s’insurgea :


 

— De quel commandement divin suis-je en obligation de vous suivre ? Vous n’avez aucun droit sur moi.


 

Un éclair zébra le ciel au-dessus. L’autre appuya sur chaque mot, telle une justification et un impératif qui ne pourrait être défait.


 

— Je suis venu pour toi. Et je ne repartirais pas sans toi.

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Mila
Posté le 02/08/2024
Bonsoir !
Ce chapitre apporte du mystère, avec le monsieur qui vient chercher Endreiz. On en voit aussi que la tek est quand même bien présente, et on en voit de plus en plus. Le début, très pétique, m'a un peu perdue, mais c'était joli. En revanche, je n'ai pas réussi à determiner le point de vue de ce chapitre. Des fois on avait l'impression d'être dans la tête de l'un, puis de l'autre...
Voilà juste quelques remarques :

Une mer éternelle qui ne serait pas pris(e).
=> Je dois juste être pas douée, je n'ai pas compris la parenthèse.

Rien a signalé à part que...
=> SignaleR

Il faillit tomber plusieurs fois tellement, il n’y voyait pas grand-chose malgré la source photo-tronique qu’il avait emporté.
=> La virgule après "tellement" coupe la phrase alors qu'elle n'a pas lieu d'être. La coupure est louche.

...pour découvrir une face juvénile et imberbe à la barbe rousse.
=> Alors là je n'ai pas compris non plus, étant donné que "imberbe" signifie sans barbe, sans poils, il ne peut donc pas avoir de barbe...

C'était un plaisir de lire ce chapitre, à bientôt !
Loup pourpre
Posté le 04/08/2024
Merci de ta lecture. Décidément, je fais des erreurs d'inattention. Je reverrais ce chapitre.
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