Les survivants du groupe de Rebelles de Ryloth étaient revenus à bord du Starbird. Le grand vaisseau blanc de la Chancelière stationnait sur l’orbite de Sullust, où une grande réunion devait se tenir dans les semaines prochaines. La nouvelle de la libération des Twi’leks s’était répandue dans toute l’Alliance, et avait galvanisé toutes les troupes. Avec la récupération de la base Rebelle sur Yavin IV par les trois escadrons venus en aide au groupe du chasseur, une bonne humeur étrange errait au-dessus de la Rébellion, qui devait néanmoins se remettre d’une énorme perte. Plus de mille quatre cents Rebelles étaient morts sur Ryloth, dont un grand nombre de commanditaires. Personne ne savait combien exactement étaient tombés au combat. Plusieurs étaient portés disparus également. Deux dizaines de Rebelles, qui s'étaient cachés dans la forêt du clan Tualin, ne donnaient aucune nouvelle. Il était possible, dans la précipitation qui s’était ensuivie après l’arrivée du Destroyer Impérial, que leurs moyens de communications avaient été abandonnés ou tout simplement détruits. Le clan Tualin était en train de mener des battues pour les retrouver, morts ou vivants, sans grand succès. Il fallait dire que la forêt Tualin, grande et vaste, était un véritable labyrinthe pour tous ceux qui ne le connaissaient pas. Il y avait d’innombrables cachettes introuvables, ce qui laissait au groupe de Rebelles des endroits où se terrer dans l’atteinte, permettant ainsi à l’espoir de les revoir en vie se maintenir.
La Division Wolffe se nourrissait de cet espoir, qui lui donnait le courage de continuer sa routine comme si elle n’avait pas perdu la majorité de ses membres à la Bataille de Ryloth. De toutes les autres divisions, c’était elle qui avait subi le plus de pertes, puisqu’elle s’occupait de la Base Daala. Les autres bases Impériales de la planète des Twi’leks n’avaient pas reçu autant de soutien, sinon aucun, de la part du Destroyer. Les divisions assignées à ces bases n’avaient donc pas perdu énormément de soldats. Pendant trois semaines, les Rebelles faisaient le deuil de leurs frères d’armes tués en action, affirmant tous leur soutien aux Loups. Même Orn, qui pourtant ne faisait pas officiellement partie de cette division, avait reçu des condoléances pour la mort de Rusk. S’il les avait acceptées, le chasseur était néanmoins resté longtemps cloîtré dans les quartiers des Loups, n’ayant pas le cœur à parler. Il avait nettoyé avec vigueur et tristesse son armure, qui était redevenue plus noire que rouge. Ce nettoyage avait été difficile pour lui. En observant l’eau chasser les taches de sang, qui avaient goutté longuement au sol pour disparaître, Orn avait eu l’impression d’effacer les dernières traces du passage de Rusk dans la Galaxie. Cela n’était pas vrai, il le savait, car la Division Wolffe, l’Escadron Rogue, le clan Tualin et même lui ne se souvenaient que trop de cet ancien pilote, qui n’avait fait que combattre. C’était un maigre réconfort, mais était tout de même bienvenue dans l’esprit du Twi’lek, qui devait à Rusk sa vie.
Lors de ces trois semaines, après la courte cérémonie dédiée aux morts, Mon Mothma avait tenu à remercier les survivants, et notamment Cara Dune et Orn pour leurs actes. La Générale Rebelle, déjà haute commanditaire, reçut la Médaille d’Honneur, la plus grande distinction possible, tout comme Rusk, à titre posthume. Le chasseur, quant à lui obtint le grade de Capitaine, bien qu’en tant que propriétaire du Chasseur Couronné, il l’était naturellement. C’était donc une nomination plus symbolique que pratique, car cela signait l’entrée définitive du Twi’lek dans l’Alliance Rebelle, et le rendait digne de confiance aux yeux de tous. S’il était touché par un tel geste, c’était le soutien que Cara lui avait apporté à leur retour qui avait été pour lui la chose la plus belle et incroyable. Bien sûr, la Rebelle aux cheveux noirs l’impressionnait toujours, mais en lui offrant sa confiance et son soutien, il savait que c’était sa manière à elle de montrer qu’elle tournait la page. Elle avait toujours associé Orn à la destruction de sa planète natale, mais enfin elle avait réussi à se défaire de cette emprise que l’Empire avait eue sur elle, bien que le souvenir d’Alderaan et de sa famille soit toujours douloureux. Orn l’admirait pour cela, surtout qu’elle avait raison de faire son deuil entièrement et de continuer à se battre. Le combat de la Rébellion était loin d’être terminé, et nul ne savait que ce l’Empereur préparait de son côté, bien caché du reste de la Galaxie. Il fallait pour les Rebelles non pas oublier leurs morts, mais tourner la page, pour pouvoir continuer dans leur lutte contre l’Empire sans pour autant être ralentis par leurs sentiments. La plupart le faisait déjà automatiquement, habituée à ces pertes. Certains, dont Orn, n'avaient pas cette habitude, cependant, et prenaient donc plus de temps à finir leur deuil et à se mettre dans la perspective de nouveaux combats.
Les trois semaines les avaient aidés à faire cela, mais plus le temps passait, plus une certaine angoisse planait sur le Starbird. Contrairement aux autres escadrons, les pilotes de l’Escadron Rogue n’étaient toujours pas revenus, tout comme les autres Rebelles participant à leur mission. Cette mission n’avait pour Orn que des secrets. Tout ce qu’il en savait, c’était qu’elle était importante, et que peu de survivants étaient attendus. Il voyait néanmoins les Généraux et les Amiraux aller et venir dans le bureau de la Chancelière, agités et inquiets. Mothma ne sortait que très rarement de ses quartiers, et lorsqu’elle le faisait, elle semblait fatiguée et craintive. De ce que le chasseur avait réussi à entendre dans les couloirs du vaisseau, ils n’avaient aucune nouvelle des Rebelles en mission. Si cela pouvait simplement signifier qu’ils ne pouvaient pas communiquer, il était bien plus probable qu’ils étaient morts, ou bien capturés. Si tel était le cas, alors cette mission avait échoué, et il faudrait que la Rébellion s’engage dans un conflit direct contre l’Empire. Mothma voulait à tout prix éviter cela. L’Alliance ne pouvait pas se permettre une telle position, à moins d’être sûr d’anéantir cette dictature dans une ultime et décisive bataille.
Pendant ces trois semaines, Twik resta dans le Vautour Couronné, ne voulant pas se mêler aux Rebelles. Il n’était pas habitué aux larges foules et aux vaisseaux remplis comme le Starbird. Ainsi, Orn allait régulièrement dans le hangar, pour tenir compagnie à son co-pilote. Leurs discussions étaient souvent dénuées de véritables enjeux, et le droïde refusait toujours d’accepter les remerciements du Twi’lek pour avoir appelé les trois escadrons pour les secourir. Il avait également refusé de manière catégorique de participer à la cérémonie des honneurs pour ceux qui avaient fait preuve de bravoure ; non pas par élan de modestie, mais parce qu’il ne supportait pas toute cette attention. Toute sa vie, il avait vécu seul avec Orn dans le Vautour. Seuls Nasha et Fett avaient bouleversé ce mode de vie, mais c’était déjà beaucoup pour lui. Orn respectait cela, et le comprenait sans mal. Lui aussi avait vécu de grands changements, bien que pour la majorité, il avait été volontaire et n’avait pas agi par peur de perdre son co-pilote, contrairement à Twik. Si le Twi’lek se sentait coupable d’avoir entraîné son ami dans ses décisions aux conséquences lourdes, il savait que son co-pilote ne l’aurait jamais laissé faire tout cela seul. Il n’aurait pas non plus accepté que le chasseur reste seul sans agir, à se morfondre dans sa grotte comme il l’avait fait pendant des mois. Ainsi, pour s’excuser et le remercier en même temps, Orn restait donc longtemps dans le Vautour Couronné, à discuter de tout et de rien.
Souvent, Twik demandait des nouvelles de Nasha, mais le chasseur savait seulement que son amie était une Générale et admirée par les Rebelles la connaissant. Il avait pourtant tenté d’avoir quelques informations sur elle, pour s’assurer de son bien-être, mais elle était actuellement en mission, et l’Alliance n’avait que la certitude de sa vie. Le Twi’lek soupçonnait Nasha de faire partie de la mission dangereuse et décisive qui occupait tant les esprits des hauts commanditaires. Difficile alors de ne pas s’inquiéter pour elle, mais les deux mercenaires se rassuraient en parlant des capacités incroyables de leur amie intelligente et maligne qu’ils avaient observées. Elle avait tout de même créé une arme à partir d’un fil électrique et d’une pile. Nasha pouvait réussir n’importe quelle mission. Elle était intelligente et créative, ainsi que pleine de ressources. Twik et Orn se devaient de lui faire confiance, et simplement espérer qu’elle revienne en vie. De plus, elle possédait l’armure Mandalorienne de Xyrr, et n’était certainement pas la seule ingénieure dans cette mission. Tous ces éléments donnaient au reste de l’équipage du Vautour Couronné des appuis sur lesquels se reposer pour calmer leur inquiétude et leur angoisse.
Le chasseur s’était également renseigné sur les occupations de l’équipage du Faucon Millénium, qui n’était plus sur le Starbird. Leia et ses amis étaient partie assurer le bon fonctionnement de la base Rebelle sur Yavin IV, après sa reconquête par les Escadrons Écho, Bleu, et Rouge. La Princesse d’Alderaan devait organiser des divisions et remettre la base en ordre. Elle s’occupait également de récupérer les potentielles informations et matériel laissés par les Impériaux qui avaient occupé cette base. Selon Rex, un vieux Clone Trooper de la Division Wolffe, le vaisseau de Solo ne devrait pas tarder à revenir, car la Chancelière Mothma voulait s’entourer de ses Généraux pour savoir que faire en cas d’échec de la mission en cours. Si le Starbird était stationné près de Sullust, c’était justement pour attendre les Rebelles en mission, qui étaient déjà en retard d’une semaine. Rien ne semblait pouvoir sortir les combattants terrés sur le vaisseau de la Chancelière de cette atmosphère maussade, qui empirait de jour en jour. Orn se laissait lui aussi prendre par ce désespoir naissant, et Twik n’était d’aucune aide. Bien qu’il ne fût pas rude avec son co-pilote, le droïde était réaliste. Les Rebelles en mission, s’ils revenaient, ne seraient que peu et ne viendraient pas en vainqueurs. Les ingénieurs de cette mission, loin de l’action mais pourtant essentiels à la survie de leurs frères d’armes, reviendraient sûrement, et sans doute seuls.
Sur la dernière semaine, l’inquiétude devint une habitude, un état constant qui serrait éternellement la gorge des Rebelles. Ils leur semblaient suffoquer, étouffer, face à ce manque de réponse. Mon Mothma ne sortait même plus de son bureau, et les Généraux n'y entraient plus. Orn ne discutait presque plus avec Twik dans le Vautour, car rien ne pouvait les distraire de l’angoisse régnant dans le vaisseau blanc. Lorsqu'un jour le chasseur descendit du Vautour, après une énième discussion vide de sens, il se fit bousculer par un frère d’arme. D’abord surpris, il se tourna vers celui qui venait de passer avant de se rendre compte que ce n’était pas le seul à se précipiter vers l’entrée des vaisseaux du hangar. De nombreux autres Rebelles y courraient, passant outre le Twi’lek perdu. Voulant connaître la raison de cette agitation soudaine, qui brisait la triste monotonie des trois semaines, il se mit à les suivre, en rattrapant certains dans sa hâte. Une grande foule s’était réunie autour de l’entrée, où Orn entendait des vaisseaux de combat se poser. Jouant des coudes, il s’avança pour rejoindre la première ligne, et manqua de lâcher un cri d’exclamation.
Devant lui, trois X-Wings, fins engins spatiaux de guerre, étaient au sol, amochés et sales. Leurs pilotes, trois Rebelles portant des casques blancs arrondis à la visière orangée, s’avancèrent doucement, fatigués et las de leur mission enfin terminée. Le symbole de la Rébellion sur leur casque était surmonté d’une petite inscription, qui permit à Orn de reconnaître l’Escadron Rogue, l’ancien escadron de Rusk. Ils avaient été dix à être partis rejoindre les Rebelles en mission. Neuf avaient donc été descendus par les forces Impériales, mais le faible sourire des pilotes survivants et de leur Général, Ikar, indiquait qu’ils avaient tout de même réussi, malgré leur perte. Rusk avait donc eu raison, lorsqu’il avait dit au chasseur de ne pas s’attendre à les revoir tous. Que ce soit la mission "Liberté" ou cette mission secrète, il semblait que le prix de la victoire était toujours payé dans les larmes mélangées au sang.
Dès que les pilotes se mirent à s’avancer pour retrouver leurs frères d’arme, la voix fatiguée de la Chancelière Rebelle retentit dans tout le hangar, à l’aide de haut-parleurs dissimulés dans les murs blancs. Elle intima à tous de se réunir immédiatement dans la salle centrale, pour mettre en place leur action prochaine. Mothma semblait pressée, car elle ne prit pas la peine d’annoncer le retour des Rebelles tant attendus. Sans pouvoir prendre de pause, les pilotes de l’Escadron Rogue se mirent en route, suivis des autres Rebelles, qui profitèrent du trajet pour leurs donner toutes les nouvelles des autres missions. Le chasseur hésitait à s’approcher du Général Ikar. Il voulait lui annoncer lui-même la mort de Rusk, car il avait été là lors de ses derniers instants. Cependant, Orn ne le connaissait pas très bien, et ne savait pas si, contrairement aux autres Rebelles au courant des détails de la mission "Liberté", Ikar le considérait comme l’un des leurs. De plus, il ne voulait pas préoccuper davantage les esprits des pilotes, qui avaient déjà la mort de leurs camarades à pleurer, et une réunion à rejoindre. Une fois dans les couloirs du vaisseau, le Twi’lek sentit que l’atmosphère avait changé. Elle n’était plus morose comme avant, mais au contraire, elle était plus légère, plus aérienne, permettant ainsi aux Rebelles de relever la tête et d’enfin sourire. Les visages s’illuminaient à la vue des pilotes, qui furent bientôt rejoints par les forces terrestres de leur mission.
Les Shock Troopers n’étaient que cinq, laissant le loisir à Orn de s’imaginer le nombre de Rebelles qui étaient partie du Starbird pour participer à cette mission. Il entendait autour de lui, des frères d’armes se poser cette même question, et frissonna lorsque la réponse atteignit ses oreilles. Les Impériaux avaient fait un vrai carnage. Ce n’était pas étonnant qu’aucune communication n’avait été faite aux hauts commanditaires dans de telles conditions. Twik cependant avait eu raison : les ingénieurs qui avaient participé à cette mission, au nombre de trois, étaient tous en vie, et désormais en sécurité. Nasha était donc loin du danger, même si son ami savait pertinemment qu’elle se remettrait en action dès que possible. Un sourire se dessina sur les lèvres du Twi’lek, qui ressentait la légère joie animant le large vaisseau blanc. En parcourant les couloirs peuplés et où les rires commençaient à se faire entendre, Orn aperçut, derrière les hublots donnant vue sur l’espace, l’entièreté de la flotte Rebelle. Quelques fois, il voyait un navire apparaître en une fraction de seconde, qui venait de sortir de l’hyperespace pour rejoindre la Chancelière et donner ses avis sur les prochaines décisions à prendre.
La salle centrale du Starbird n’avait pas changé depuis que le chasseur avait expliqué le plan à suivre pour libérer Ryloth. Des bancs blancs entouraient toujours le poste de contrôle circulaire, où derrière se tenait la Chancelière, accompagnée de plusieurs Généraux et d’Amiraux. Elle semblait troublée, et l’arrivée des Rebelles présumés morts ne lui avait apporté aucun repos. Ses courts cheveux roux entouraient son visage crispé, et si une main tenait une carte de données mystérieuses, l’autre triturait sa longue toge blanche et dorée. Mothma attendait patiemment que tous trouvent leur place. Sans se poser de question, Orn rejoignit la Division Wolffe, s’asseyant à côté d’un Togruta jaune. Il aperçut Leia et Solo, qui se réunirent avec Lando, devenu Général. Le Twi’lek échangea un sourire avec la jeune Rebelle, avant de reporter son attention sur Mon Mothma, qui leva la main pour demander le silence et l’attention. Sa requête fut accordée par l’assemblée de Rebelles dont les murmures moururent progressivement, et tous attendaient maintenant sa prise de parole.
Elle soupira, avant d’insérer la carte de données dans le poste de contrôle. Un hologramme bleu apparut, montrant ce qui ressemblait à première abord à une lune. Un silence de plomb tomba sur toute la salle lorsqu’ils comprirent ce qu’ils regardaient. Une Étoile Noire, une tueuse de planète, se dressait devant eux en tant qu’hologramme. Un détail cependant la différenciait de sa prédécesseuse. Elle n’était pas finie. Tout un pan de cette nouvelle station orbitale était en morceaux, en cours de construction. Un creux rompait la monotonie de sa forme ronde imparfaite, que Orn reconnut comme étant l’endroit où le laser destructeur s’élançait pour frapper sa cible massive. Ainsi, l’Empire était en train de reconstruire son arme la plus fatale et la plus terrifiante. Instinctivement, le chasseur tourna la tête vers Cara, dont le visage était blanc. Certains s’échangèrent des regards de désespoir ou de peur. Tous avaient encore la mémoire de la destruction d’Alderaan ancrée à leur mémoire. Leia, quant à elle, serrait la mâchoire, en proie à la culpabilité et à la rage. Elle jeta un regard déterminé à la Chancelière, lui signifiant qu’elle était prête à tout pour détruire cette atrocité. Enfin, Mothma se mit à parler, écoutée attentivement par tous.
"Les données rapportées par nos Rebelles sur Endor nous donnent l’exacte position de la nouvelle Station Orbitale Impériale, ainsi que des informations précieuses et à notre avantage. Le système d’armement de cette Étoile Noire n’est pas encore opérationnel, et les flottes de l’Empire sont toutes dispersées dans la Galaxie pour tenter de nous provoquer, laissant donc la Station sans grande protection. Plus important encore… Nos camarades nous ont appris que l’Empereur lui-même supervise personnellement les dernières étapes de la construction de la nouvelle Étoile Noire," annonça-t-elle.
Un frisson d’excitation parcourut l'assemblée, qui voyait déjà l’Empereur mourir avec son arme et son gouvernement. Seul Orn baissa les yeux, intimidé par cette nouvelle. Rien que d’entendre ce mot, il avait peur. Si Vador avait été dangereux et sans pitié, son maître, l’Empereur, le tenait en respect. Le chasseur n’osait pas imaginer quel genre d’homme avait ce pouvoir. Mothma, pourtant, se sentit obligée de calmer les ardeurs des Rebelles.
"Beaucoup d’entre nous sont morts pour nous rapporter cette information… Amiral Ackbar, je vous prie," dit-elle d’une voix douce et calme.
L’Amiral en question s’avança d’un pas lourd et solennel. Ackbar était un Mon Calamari, de la planète Mon Cala. Fier et digne, l’Amiral était connu par tous les Impériaux, pour être redoutable et stratège. La peau rouge et les yeux bleus, il avait une forme humanoïde, mais sa tête était large et haute, et ses yeux, écartés, étaient globuleux. Les Mon Calamari étaient des amphibiens, et ressemblaient aux yeux du chasseur à de véritables poissons à forme humaine. Il éprouvait une grande admiration envers l’Amiral Ackbar, sachant qu’il avait de nombreuses fois mis en échec l’Empire - et même une fois, le Vautour Couronné. Le stratège Rebelle pointa sur l’hologramme de l’Étoile Noire une grande sphère transparente qui entourait la Station Orbitale.
"L’Étoile Noire est en orbite autour de la Lune forestière d’Endor. Bien qu’elle ne soit pas encore opérationnelle, son système de défense est redoutablement efficace. Comme vous pouvez le voir ici, un grand bouclier d’énergie la protège. Ce bouclier est généré par une base Impériale sur la Lune d’Endor, et doit impérativement être désactivé si nous souhaitons attaquer. Une fois le bouclier désactivé, nos gros navires vont établir un périmètre tandis que nos vaisseaux de combat attaqueront la Station pour détruire son réacteur principal. Le Général Calrissian s’est porté volontaire pour mener l’attaque. Il sera accompagné par les Escadrons Bleu, Rouge, Écho, Vert et Rogue. Je donne maintenant la parole à la Générale Madine," expliqua Ackbar de sa voix grave, qui laissa la place à une grande femme à la peau sombre et au nez aquilin.
"Nous avons volé une petite navette Impériale. En utilisant un code Impérial, une équipe terrestre va se poser sur la Lune et désactiver le générateur du bouclier. Général Solo, votre équipe est-elle prête ?" demande-t-elle en se tournant vers le contrebandier.
Orn haussa les sourcils, surpris. Il avait toujours vu ce mercenaire comme un lâche opportuniste, et bien que Solo eût intégré la Rébellion, le chasseur ne s’était pas attendu à le voir diriger une opération aussi risquée et importante. Même Leia avait l’air étonnée, tout en étant admirative.
"J’ai mon équipe, mais je n’ai pas encore un équipage pour la navette," répondit-il d’un air arrogant mais embêté.
Son co-pilote, Chewbacca, se porta immédiatement volontaire en poussant un grand grognement, suivi de Leia, qui esquissait un grand sourire. En même temps, une porte s'ouvrit en coulissant, et Luke Skywalker entra dans la salle centrale. Il se porta volontaire avant de rejoindre son groupe d’amis, qui l’accueillit les bras ouverts, avec de grands sourires. La Générale Madine leva les yeux au ciel, ne réussissant pas à dissimuler son amusement, avant de laisser la place au Général Ikar, chef de l’Escadron Rogue. Il annonça aux Rebelles qu’il cherchait des volontaires pour remplir les places laissées vacantes par ses camarades morts au combat. S’il ne demandait pas de réponse immédiate, il précisa que les éventuels volontaires devaient garder en tête que l’attaque de l’Étoile Noire était une opération dangereuse et demandait une maîtrise de vaisseau parfaite. Quelques autres escadrons firent ce même appel, avant que la Chancelière ne se lève pour clore la réunion. Comme un seul homme, les Rebelles se levèrent tous dans une cacophonie de conversations excitées et inquiètes.
Le début de la fin du combat contre l’Empire venait de commencer, tous le sentaient. Orn lui-même le savait, mais il en était intimidé, presque effrayé. Il ne savait pas encore quel rôle il avait dans cette prochaine bataille décisive qui visait non seulement à détruire la nouvelle Station Orbitale, mais également à tuer l’Empereur et son Empire. Le chasseur avait hâte de savoir ce qu’il devait faire - il pensait rejoindre la flotte Rebelle pour détruire l’Étoile Noire - et rêvait de mettre fin, une fois pour toutes, aux mensonges de l’Empire, malgré la peur. Suivant ses camarades de la Division Wolffe en partageant une partie de leur humeur enthousiaste, il s’arrêta lorsque l’on appela son nom. Laissant les autres Rebelles sortir de la salle centrale, il se retourna, et fut surpris de voir le Général Ikar lui faire signe de venir. Orn s’exécuta avec curiosité, descendant les marches et circulant entre les bancs et les Rebelles. Une fois arrivé au niveau du chef d’escadron, ce dernier esquissa un sourire. Le Général d’escadron était un Mirialen, comme le témoignait sa peau verte et ses tatouages tribaux au visage. Il dépassait Orn d’une tête, et il portait une tenue orange, typique des pilotes Rebelles. Son casque arrondi et noir, dont la visière était orangée également, était dans sa main.
"Capitaine Orn," l’accueillit-il. "Je sais que ce n’est pas le principe du volontariat, mais j’aimerais te proposer d’être mon ailier lors de l’assaut sur l’Étoile Noire. La Générale Nouhr m’a dit que tu as aidé les escadrons sur Ryloth avec une maîtrise admirable.
— J’étais au sol lorsqu’ils sont arrivés. C’est mon co-pilote qui a assisté les pilotes," répondit le chasseur, maudissant Twik pour sa discrétion.
Visiblement, cela suscita un plus grand enthousiasme qu’avant chez le pilote à la peau verte.
"Si le co-pilote est aussi doué, alors le pilote est encore meilleur. Mon offre tient toujours, Capitaine," dit-il d’un ton enjoué.
Orn hocha la tête en signe de remerciement.
"Merci pour cette offre et pour votre confiance, Général Ikar. Être votre ailier est un grand honneur, et j’espère être à la hauteur de vos attentes," dit-il finalement, un faible sourire aux lèvres.
"Et tu le seras, je n'en ai aucun doute. Bienvenue dans mon escadron, Rogue Deux," lança Ikar avec un sourire.
Le concerné fronça les sourcils, ne comprenant pas. L’ailier du Général était celui qui assistait de chef d’escadron, et le remplaçait si ce dernier au combat. De fait, l'ailier était assigné le numéro un, et non deux. Alors qu'il allait faire une remarque, le Général le devança, ayant vu sa confusion.
"L’Escadron Rogue a été foncé en honneur au groupe de Rebelles, dirigé par Jyn Erso et Cassian Andor, qui ont volé les plans de la première Étoile Noire, sur Scariff. Ils ont désobéi aux ordres de la Chancelière, et sont partis trouver les plans, en volant au passage un vaisseau Rebelle, en choisissant le nom de code "Rogue One". Ils ont réussi à nous transmettre les plans de l’Étoile Noire et ont sauvé un nombre inimaginable de vies… Mais ils étaient à peine une dizaine. Ils sont tous morts sur Scariff, et pour ne pas oublier leur sacrifice, l’ailier du Général prend le nom de "Rogue Deux"," expliqua Ikar avec un sourire dont une tristesse se dégageait.
Orn hocha la tête, comprenant parfaitement la raison. Il se rappelait l’état dans lequel la planète tropicale Scariff était, lorsqu’il vit l’Étoile Noire pour la première fois. La planète avait été entièrement défigurée par ce qu’il avait deviné être la Station Orbitale Impériale. Des forêts entières avaient été décimées, les plages avaient été détruites ; et avec elles, la poignée de Rebelles partis pour tenter de sauver la Rébellion. Il savait aussi que Scariff était entourée d’un bouclier d’énergie, et que l’Empire gardait un œil attentif sur ce qu’il se passait à la surface. Que le groupe de Rebelles ait réussi à voler des plans aussi importants relevait d’un miracle ou d’un talent exceptionnel. Nul doute qu’ils avaient su qu’ils s’étaient engagés dans une mission où leur mort était l’unique issue.
Le chasseur était honoré de rejoindre un tel escadron. D’un autre côté, c’était aussi intimidant. Il devait se montrer digne des Rebelles de Jyn Erso, être prêt à se sacrifier pour permettre la victoire de la Rébellion et la chute de l’Empire. En étant désormais l’ailier du Général Ikar, il avait sur ses épaules une grande responsabilité, ainsi qu’un héritage qui le dépassait entre ses mains. Orn se devait d'être digne des Rebelles de Rogue Un, et les rejoindre dans la mort, si tel était son destin.