Chapitre 41 : Le début de la fin

Le hangar du Starbird fourmillaient de pilotes qui couraient dans tous les sens, à la recherche de leur vaisseau ou de leurs camarades. Les conversations battaient leur plein, des exclamations fusaient de toutes parts, des ordres retentissaient entre les murs, atteignant les oreilles de tous. Certains vaisseaux démarraient déjà, faisant chauffer leurs réacteurs bruyants et assourdissants. Des rires éclataient çà et là, des débats faisaient rage, et les chefs d’escadron cherchaient avec difficulté leurs pilotes. D’autres Rebelles embrassaient leurs amis, les voyant peut-être pour la dernière fois. Certains souhaitaient aux pilotes bonne chance, tandis que des frères d’armes faisaient leurs adieux, les yeux brillants. L’atmosphère était contrastée, percée d’échanges larmoyants et de rires amicaux. Les Rebelles bougeaient dans tous les sens, traversant, l’air grave ou au contraire confiant, le grand hangar. Tous ne pensaient qu’à la bataille prochaine, à la fois aérienne et terrestre, qui devait être leur dernier combat. Si tout se passait selon le plan élaboré par Mon Mothma et ses hauts commanditaires, la nouvelle Étoile Noire devait exploser, avec l’Empereur à l’intérieur. La longue et infinie lutte que l’Alliance menait contre l’Empire depuis la chute des Jedi prenait enfin fin, pour le meilleur ou pour le pire. Mais personne ne se faisait d’illusion.

Ce meilleur, s’il arrivait, ne serait gagné qu’au prix d’un ultime sacrifice. De nombreux Rebelles dans ce hangar n’allaient jamais revenir. Tous le savaient, mais la plupart décidait de l’ignorer, préférant échanger des rires plutôt que des pleurs. Ils profitaient de ces derniers instants avec leurs frères d’arme, et gardaient dans leur cœur les visages et les sourires de leurs amis. Les plus âgés des combattants, bien souvent des Clones ayant quitté l’Empire, étaient les plus sereins. Ils avaient voué leur vie à la Rébellion, et étaient prêts à ne pas voir leur Galaxie enfin libre. Ils ne se battaient plus pour eux. Ils ne pensaient qu’aux générations futures, et savaient que les combats futurs - s’il y en avait - étaient entre de bonnes mains. Les plus jeunes, quant à eux, s’inquiétaient de ce dernier combat. Ils avaient peur que leurs efforts fussent vains, et que l’Empire continue à sévir, avec sa terrible arme destructive. Si la Rébellion perdait ce combat, il était certain que de nombreuses planètes comme Chandrila, Ryloth ou encore Naboo ne subissent la colère terrible de l’Empereur et rejoignent Alderaan. Cette bataille décisive allait sceller le sort de millions d’êtres. Il fallait gagner, ou bien tout recommencer. L’Alliance ne pouvait se permettre ce deuxième cas, après les innombrables vies perdues au fil des missions et des libérations de planètes. 

Au milieu de ce tumulte et de ces aller-retours des Rebelles, Orn se dirigeait avec difficulté vers Ikar et Lando, en pleine préparation de l’attaque aérienne. Le chasseur jouait des coudes entre les combattants, trop occupés pour laisser les autres passer. Il devait aussi slalomer entre les nombreux vaisseaux et petits droïdes astromécaniciens, se faisant insulter par les robots les plus intrépides. Le Twi’lek avait laissé Twik dans le Vautour Couronné. Ce dernier était horrifié par toute l’agitation qui s’élevait autour de son vaisseau, et il espérait qu’aucun Rebelle n’abîme le Vautour. Celui qui aurait le malheur d'écailler la peinture noire et rouge du navire spatial devrait faire face à sa fureur. Orn prenait donc le temps de prévenir ses frères d’arme qui se dirigeaient vers son vaisseau de faire extrêmement attention, au risque de s’attirer la haine d’un co-pilote redoutable et terrifiant.

Le chasseur ne serait pas étonné de trouver plus d’un Rebelle traumatisé par les droïdes de combat à la fin des préparations. En vérité, il partageait les craintes de Twik, mais ne pouvait pas rester en tout temps prêt du Vautour Couronné pour le protéger des Rebelles inattentifs ou inconscients. Le Twi’lek avait déjà accepté le sort de son vaisseau, qui reviendrait de cette bataille spatiale en mauvais état, s’il revenait. Alors il laissait à son co-pilote la charge de préserver le Vautour du mieux qu’il le puisse, tandis que le chasseur tentait de se frayer un chemin dans le hangar rempli pour assister à la mise en place du plan. Lorsqu’enfin il atteignit le groupe de pilotes réunis autour du Faucon Millénium, il échangea un sourire avec Lando malgré son casque, et écouta le Général Ikar. Ce dernier, dont les yeux d’un noir profond étaient assortis à ses tatouages traditionnels sur ses joues, expliquait en détails ce que les escadrons devaient faire. À côté de lui, la Générale Nouhr acquiesçait de temps à autre, éclaircissant certains points. La mission des pilotes était de détruire l’Étoile Noire. Toute la flotte Rebelle serait réunie au-dessus de la Lune d’Endor pour engager le combat. Les plus grands vaisseaux, ceux de guerre donc, devaient protéger les plus petits vaisseaux de combat. Ces derniers avaient pour mission de détruire le réacteur principal de la Station Orbitale Impérial, ce qui aurait comme effet l’explosion de l’Étoile et de tout ce qu’elle renfermait.

Lando, qui dirigeait l’assaut sur la Station, était à la tête de l’attaque. C’était lui qui devait emmener les vaisseaux de combat au réacteur principal, et, si tout se passait sans accroc, c’était également lui qui devait le détruire. Un sourire arrogant et charmant animait le visage de l’administrateur de la Cité des Nuages, qui discutait avec Han Solo. Le contrebandier lui avait confié pour la mission son vaisseau, bien que le Faucon Millénium ait appartenu à Lando, bien avant son ami. Pour Orn, c’était presque inconcevable que deux mercenaires comme eux, qui n’avaient pensé qu’à leurs intérêts, dirigent ensemble deux missions dangereuses et mortelles pour tenter de protéger la Galaxie. Le chasseur savait également que la même chose s’appliquait à lui. Il avait été pendant longtemps le bras armé de l’Empire, et avait assassiné d’innombrables Rebelles. Pourtant, voilà désormais qu’il était l’ailier d’un Général de l’Alliance. 

Une fois la réunion terminée, Orn s’avança pour rejoindre Lando et Solo, qui l’accueillirent avec des sourires fiers. 

"Voilà le fameux Rogue Deux ! Qu’est-ce que ça te fait, d’être un vrai Rebelle ?" demanda le contrebandier avec un ton presque moqueur. 

Le concerné leva les yeux au ciel, souriant légèrement.

"C’est aussi étrange que de te voir mener une mission plutôt que de fuir l’Empire…," musa-t-il.

Le capitaine du Faucon Millénium posa une main sur son cœur, comme s’il venait d’être atteint par un tir de blaster, tout en faisant une moue faussement outrée. 

"Autrement dit, c’est extrêmement étrange," intervint Lando, les yeux pétillants de malice. 

Solo jeta un regard meurtrier à son ami, ne comprenant pas pourquoi ce dernier se liguait contre lui avec le Twi’lek. Sans se soucier du contrebandier, Calrissian se tourna vers Orn, avec un petit air satisfait qui ne présageait rien de bon.

"Si l’on m'avait dit un jour que le Chasseur Impérial serait sous mes ordres…," lança-t-il d’une voix mielleuse. 

Orn ne put s’empêcher de lâcher un soupir, n’aimant pas ce rappel qui froissait son égo. Il s’avança en faisant signe à Lando de venir vers lui, ce qu’il fit, toujours souriant avec ses dents éclatantes. D’un geste discret, le Twi’lek s’empara de son taser sous sa cape de sa main gauche, un petit sourire caché par son casque. Lorsqu’il fut assez près du véritable propriétaire du Faucon Millénium, il plaqua son arme non létale contre le cou de Calrissian, avant de l’activer au plus bas niveau. Électrisé, ce dernier poussa un petit cri de douleur face à ce coup de jus inoffensif, avant de s’écarter rapidement de son agresseur, qui le regardait en penchant la tête d’un air qui se voulait dangereux. À côté d’eux, Solo, qui avait d’abord sursauté, éclata de rire devant l’expression de douleur et de choc de son ami. Ce dernier portait une main à son cou, observant le chasseur avec incompréhension. 

"Ne me fait pas regretter d’aider la Rébellion," lança le Twi’lek d’un ton léger.

"Finalement, Orn, je retire tout ce que j’ai dit sur toi… Tu es vraiment un type bien," s’exclama Solo entre deux fou-rires. 

Le chasseur lâcha un rire sincère à cette remarque. Il n’était pas surpris d’une telle déclaration de la part du contrebandier. S’il n’avait jamais cherché à obtenir son amitié, Orn devait admettre qu’il était bon d’abandonner la méfiance et le mépris, pour enfin laisser place à une entente paisible, sans conflit. Lando, de son côté, se remettait de son égo blessé, tout en réprimant un sourire. Il devait admettre qu’il avait pris un risque en se vantant de la réalité de leur mission, mais il ne le regrettait pas le moins du monde. Calrissian voulait tester les limites du chasseur, maintenant qu’il n’était plus un ennemi. Depuis leur alliance pour libérer Solo et Leia de Jabba le Hutt, Orn ne paraissait plus aussi intimidant et mystérieux. Bien sûr, son casque empêchait les autres de connaître son identité, mais en aidant l’équipage du Faucon Millénium et en rejoignant la Rébellion, il avait dit bien plus que son origine. Lando était content, presque rassuré, de le compter parmi eux. En plus d’être un pilote hors-pair, la présence du Twi’lek était un avantage.

Selon les espions Rebelles, la trahison du chasseur était passée inaperçue, car les officiers Impériaux étaient plus concentrés sur la libération sanglante de Ryloth et la mort de la Moff Hekat. Cela signifiait que les soldats et les pilotes de l’Empire ne s’attendaient pas à voir le Vautour Couronné dans la flotte de l’Alliance, ni à l’affronter. Un tel moment de confusion de la part de la flotte Impériale, même si elle ne durerait probablement que quelques secondes, permettrait aux Rebelles de prendre l’avantage de la situation pour passer rapidement à l’action. Lando savait que la présence du Twi’lek pouvait même être décisive dans une telle bataille. Ce dernier avait combattu aux côtés des pilotes Impériaux ; il connaissait donc leurs techniques, ce qui était un atout précieux pour cet affrontement si important. L’administrateur de la Cité des Nuages s’était engagé, avec les autres pilotes de la Rébellion, dans une mission dangereuse. Avoir Orn à ses côtés, qui pouvait le conseiller, le protéger ou encore le guider, était rassurant. Lando ne l’avait jamais vu échouer. Sans rancune, il signala à Orn d’aller rejoindre son escadron pour mieux connaître ses compagnons de vol, avant de suivre Solo, qui était demandé par Leia pour commencer les préparatifs. Ils quittèrent donc le Twi’leks avec des sourires. Solo lui souhaita bonne chance, tandis que Calrissian lui donna rendez-vous dans les airs.

Le chasseur suivit le conseil de son ami, et se dirigea vers les X-Wings rouges et blancs de l’Escadron Rogue. Tout autour de ces petits vaisseaux fins, onze pilotes, tous habillés en orange, discutaient entre eux. Certains portaient déjà leur casque arrondi. Les discussions faiblirent à l’arrivée du Twi’lek, qui fut accueilli par Ikar avec un sourire sincère. Il avait déjà mis au courant tout l’Escadron de sa nouvelle recrue et du nouvel ailier. S’il était un peu inquiet de la réaction des autres pilotes, ces derniers l’accueillirent dans leurs rangs avec joie et bienveillance. Quelques-uns le félicitèrent pour la libération de Ryloth, tandis que d’autres exprimèrent leur hâte de le voir à l’action. Le chasseur ne partageait pas leur enthousiasme, cependant. Il avait peur de cet affrontement final et direct. La présence de l’Empereur dans la nouvelle Étoile Noire était pour un lui un danger que tous ignoraient, trop obnubilés par la perspective de la victoire. Les Rebelles ne pouvait pas comprendre cette peur profonde que le chasseur éprouvait. Seule une poignée d’entre eux avait aperçu Vador et connut la frayeur constante qui avait accompagné Orn tout le long de son service à l’Empire. Si Vador lui-même craignait l’Empereur, malgré tous les pouvoirs qu’il détenait, alors le chasseur n’osait même pas imaginer quelle puissance il avait en sa possession comparée à son bras droit. Cela, les pilotes de l’Escadron Rogue et leurs frères d’arme ne semblaient pas le réaliser.

En un sens, cela était plutôt positif, car sinon, l’Alliance se retrouverait fortement diminuée en effectif. L’ignorance était parfois bénéfique, et permettait aux pilotes de discuter avec légèreté de leur prochain combat, bien que certains semblaient graves. Ils désiraient plus que tout que ce combat soit le dernier, mais tout dépendrait de la force terrestre dirigée par Solo. Ce dernier devait, avec son équipe, désactiver le bouclier qui entourait la Station Orbitale. S’ils étaient suffisamment efficaces, les pilotes pourraient rapidement passer à l’attaque et éviter un affrontement avec la flotte Impériale. Cette dernière devrait, selon les attentes des Rebelles, être bien plus puissante qu’à son habitude, puisqu’elle ne protégerait pas seulement l’Étoile Noire, mais également l’Empereur. Cela ne semblait cependant pas effrayer les pilotes de l’Alliance, qui prenaient un certain plaisir à mépriser les pilotes Impériaux. Tout comme les Stormtroopers, la puissance de la flotte de l’Empire résidait dans son nombre. Ses pilotes n’avaient que peu d’entraînement, et seuls les Death Troopers étaient redoutables en vol. Pour autant, la flotte Impériale avait fait couler une cascade de sang, laissant souvent les pilotes de la Rébellion blessés comme l’était Rusk, ou bien morts.

Si Orn ne prenait pas énormément part aux conversations des membres de l'Escadron Rogue, il les écoutait attentivement. S’ils voulaient réussir cette mission, ils devaient se faire confiance et se connaître. Ainsi, le chasseur se contentait de hocher la tête pour montrer son soutien, ou au contraire intervenait lorsqu’il n’était pas d’accord ou détenait une information importante. Les onze pilotes de l’escadron appréciaient entendre son expérience et son avis. Beaucoup connaissaient déjà des éléments sur le Twi’lek, car ils étaient amis avec des membres de la Division Wolffe. Ils lui accordaient donc déjà une grande confiance, et certains n’hésitèrent pas à demander des détails sur le déroulement de la Mission "Liberté". Orn se plia à cette demande avec une calme tristesse. Le chasseur leur raconta tout, de l'explosion trop hâtive de la Base Daala à l’arrivée des escadrons Rebelles, tout en passant par le sacrifice de Rusk. Tout l’Escadron Rogue savait déjà que Rusk était mort au combat, mais aucun ne connaissait les détails de son décès. Ils écoutèrent donc avec des visages graves son récit, trouvant un réconfort en la présence dans leur escadron de celui pour qui leur ami était mort. Le Général Ikar semblait être le plus affecté. Rusk avait été son ailier avant son accident, et les deux pilotes avaient été très proches. Qu’il soit mort loin de ses anciens camarades était pour eux une pensée presque insupportable. Tous auraient aimé être présents parmi les escadrons qui avaient sauvé leurs frères d’arme cloués au sol ; mais leur mission avait été trop chronophage, et ils avaient eu beaucoup de pertes. De fait, Orn n’était pas le seul nouveau dans l’Escadron Rogue, bien qu’il fût le seul à ne pas connaître les pilotes. Tous étaient très différents, et, de loin, personne n’aurait pensé qu’ils étaient une équipe soudée et dont déjà une certaine complicité se faisait ressentir. Il n’y avait presque aucun humain, excepté deux pilotes.

Orn retrouvait donc une autre Twi’lek à la peau bleue qui s’appelait Syctha, du clan Nercathi. Il y avait également deux frères Zabraks à la peau orangée, originaires de Dathomir. Tatoués sur tout leur visage, de petites cornes blanchâtres ornaient leur crâne. Si, comme chaque individu de leur espèce, ils paraissaient intimidants et peu avenants, ils étaient en réalité extrêmement accueillants, et ne faisaient que de demander au Twi’lek si lui aussi venait de Dathomir, poussés par les rumeurs lancées par Lando. Une Kel Dor était aussi présente dans le groupe de pilotes. À l'apparence humanoïde, elle portait constamment un masque qui lui permettait de survivre aux atmosphères autres que celle de sa planète natale. La Kel Dor avait comme ailier un Nautolan à la peau verte et aux grands yeux entièrement noir. Ses cheveux étaient en réalité des appendices qui retombaient sur son dos, qui, expliqua-t-il, avaient la capacité de capter les émotions d’autrui. L’ailier de la Twi’lek Syctha était une Pantorienne à la peau bleutée et aux yeux jaunes. Deux autres pilotes étaient des Lasats. Digitigrades et à l’apparence féline, les deux aliens étaient géants à la peau violacée, qui impressionnaient Orn. Le chasseur n’avait jamais vu de Lasats auparavant, car cette espèce était discrète et fuyait l’Empire qui les chassait.

Ce n’était pourtant pas eux qui intriguaient le plus Orn, mais une humaine. La peau noire et les cheveux tressés retombant en une queue-de-cheval, elle semblait avoir à peine la vingtaine. Contrairement à la majorité des pilotes de l’escadron, elle faisait partie de cette équipe depuis longtemps, et avait participé à la mission pour récupérer les plans de l’Étoile Noire. Étant donné son jeune âge, elle devait être une pilote exceptionnelle, et rappelait au chausseur la Moff Dyann Hekat, elle aussi prodige.

À côté des autres membres de l’escadron, elle semblait petite, presque enfantine, mais l’expression qui perçait dans ses yeux ne trompait personne. Son regard témoignait d’une expérience de combat longue et rude, et avait les reflets d’une vie trop rude et pleine de sacrifices. Orn ne pouvait s’empêchait de se demander à quel âge elle avait rejoint la Rébellion. Elle était bien trop jeune pour avoir connu la République ou l’avènement de l’Empire. Le chasseur se demandait également où étaient ses parents. Pour qu’une femme aussi jeune fasse partie de l’Alliance, quelque chose devait être arrivé à sa planète ou à sa famille. Peut-être venait-elle d’Alderaan, ou de Raada. Lorsqu’elle croisa le regard du chasseur, elle esquissa un sourire, et s’avança vers lui d’un pas léger.

"Bienvenue dans notre escadron, Orn. Je suis Sienna," se présenta-t-elle en tendant sa main libre - son autre main portant son casque.

Le chasseur lui serra la main avec un sourire, tout en observant la dénommée Sienna, et la remercia de son accueil. Derrière lui, Solo passait entre les Rebelles s’apprêtant à décoller avec son équipage sur la lune d’Endor. La jeune pilote l’observa un instant avec le Twi’lek, qui fit un signe de la main au contrebandier qui l’avait aperçu. L’Escadron Rogue n’allait donc pas tarder à décoller, avec le reste de la flotte Rebelle.

"Il a de la chance…," souffla Sienna d’un ton qui semblait désapprobateur. 

Orn se tourna vers elle, ne comprenant pas. Visiblement, son trouble fut perçu par la jeune pilote.

"Il part en mission comme si ce n’était rien, comme si ce n’était qu’un jeu pour lui… Nous n’avons pas tous ce privilège," expliqua-t-elle, avec une voix qui maîtrisait sa colère.

"Quel privilège ?

— Celui de choisir ses combats. Certains d’entre nous n’ont pas eu cette chance. Je n’ai pas eu cette chance. Mais nous ne pouvons pas tous quitter ou rejoindre la Rébellion quand ça nous arrange. Pour lui, ce combat n’est qu’un divertissement, une aide qu’il apporte à une amie. Mais pour nous… Ce combat, c’est notre vie," dit Sienna d’un ton déterminé et ferme.

"Quel âge avais-tu quand tu as rejoint l’Alliance ?" demanda Orn, qui craignait la réponse.

"Trois ans. Je n’ai commencé à me battre que lorsque j’avais dix ans. Je ne me souviens même pas de mon village natal, sur Zeffo. Tout ce que je sais, c’est que mon père a donné sa vie pour que ma mère et moi puissions fuir l’Empire. Nous avons été sauvées par des Partisans, et puis, après Kashyyyk, nous avons rejoint la Rébellion. Je ne me rappelle plus des Partisans, mais ma mère m’a toujours dit qu’un Jedi avec un droïde les avait aidés à libérer des Wookies. 

— Elle est morte, n’est-ce pas ?

— Elle était en mission sur Mapuzo, pour aider un groupe de Rebelles. Mais l’Empire est venu, avec des Inquisiteurs, et l’ont tuée," répondit-elle en baissant légèrement les yeux.

Orn hocha la tête, compatissant. Il comprenait tout ce que la jeune pilote venait de dire, et il ne pouvait pas la contredire. Elle ne se trompait pas sur Lando et Solo, qui n’avaient jamais pensé à affronter l’Empire jusqu’à ce qu’ils se retrouvèrent piégés par les Impériaux. Si Vador n’avait jamais ordonné que le contrebandier soit cryogénisé, l’administrateur de la Cité des Nuages aurait continué sa vie paisible. S’il n’avait jamais croisé le chemin de Leia, Solo n’aurait pas rejoint la Rébellion, et serait toujours seul avec son co-pilote. Orn n’était pas différent, il le savait. S’il n’avait jamais appris la vérité sur la mort de Taano, il serait resté dans les rangs de l’Empire. Il lui avait fallu tout de même un certain temps pour se résoudre à aider l’Alliance, et si l’équipage du Faucon Millénium n’avait pas croisé son chemin, il n’aurait rien fait. Nasha, quant à elle, avait aidé la Rébellion dès qu’elle l’avait pu ; elle avait toujours vécu en elle ce combat pour la liberté, tout comme Leia.

Le chasseur ne pouvait que les admirer, elles, Sienna, et tous les Rebelles qui luttaient depuis toujours. Les Clones, les Alderaanniens, et bien d’autres encore n’avaient pas eu le choix qui s’était présenté au Twi’lek. Arraché à ses pensées par la voix du Général Ikar qui sonnait le signal du départ, il réajusta sa capuche avant de souhaiter bonne chance à ses coéquipiers. Sienna lui lança un sourire, puis lui dit que s’il avait besoin d’elle, il lui suffisait de demander l’aide de Rogue Trois. La remerciant et lui donnant rendez-vous dans l’Espace, Orn se précipita en même temps que tous les autres pilotes du hangar dans son vaisseau. Le Vautour, intact malgré l’agitation, était entièrement paré au décollage, grâce à Twik, qui affichait un air grave. Le chasseur se posa dans son siège, s’empara des commandes de son vaisseau, avant d’échanger un regard avec son ami. Les yeux fixés sur le vaisseau du Rogue Leader, Ikar, il attendait avec impatience le départ.

Quand le X-Wing du Général se dirigea vers la sortie avec une lenteur cruelle et douloureuse, Orn fit avancer son vaisseau en même temps que les autres membres de l’Escadron Rogue. Le cœur serré et les mains crispées sur les commandes, il amorça le décollage. Les douze vaisseaux de l’escadron s’élancèrent dans le vide qu’était l’Espace, avec les encouragements des autres Rebelles. Puis, à la demande du Général Ikar, tous enclenchèrent la vitesse-lumière. Le Vautour Couronné, avec les autres pilotes, se retrouva dans l’hyperespace, se dirigeant avec une vitesse folle vers l’Étoile Noire. Dans quelques instants, la bataille finale allait s’engager, et le destin de la Galaxie allait être scellé.

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