Chapitre 41 - Manon

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le quarante-et-unième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Mes yeux rougis fixent un point invisible.

 

J’ai l’impression de ne pas vraiment être là. 

 

J’ai coupé mes émotions, me forçant à ne plus rien ressentir pour ne pas sentir le vide immense que j’ai maintenant au niveau du coeur. 

 

Le canapé ne m’a jamais semblé aussi grand, je suis assise à son bout. Mes genoux repliés contre ma poitrine et mon plaid sur les épaules. J’ai la dégaine de Gollum, les yeux cernés, les cheveux gras, tout est là. D’habitude, je serais enfermée dans ma chambre et j’écouterais en boucle les chansons qui me font du bien. En résumé, Taylor Swift en boucle. Sauf que tout dans ma chambre me le rappelle. Impossible d’être sur mon lit sans penser à lui. Je suis incapable de lire un livre sans penser à ses questions et son intérêt pour tout ce que je fais. 

 

Le pansement qu’Owen a mis sur mon coeur a été arraché par son père et par ma faute. Une fissure qui avait été pendant longtemps ignoré vient de réapparaître.

 

Je ne cesse de me répéter ce que son père m’a dit et les horreurs que j’ai répété.

 

Il me déteste depuis des années. 

 

Je ne le crois pas. 

 

Mais le doute est présent. 

 

Parce que je ne mérite que ça. 

 

Je ne mérite pas d’être aimé. 

 

Personne ne le peut. 

 

Et si cela était possible ce ne serait que passager. 

 

Et cet amour à sens unique n’aurait servi à rien. 

 

Alors, ma décision était la bonne. 

 

Parce qu’aimer c’est faire passer les besoins de l’autre avant les siens.

Ma décision était la bonne. 

 

Le volley-ball doit être sa priorité. 

 

Je ne fais que l’entraîner vers la pente descendante. 

 

Une larme soltaire coule sur ma joue.

 

Aimer c’est savoir dire au revoir à l’autre. 

 

Et cela même si le poids de mon coeur est beaucoup trop lourd.

 

La solitude n’est pas si mal. 

 

Si je me le répète assez, je vais réussir à m’en convaincre. 

 

Mon père n’est pas là et cela même s’il fait tout son possible pour être le plus présent à la maison. Il sait que quelque chose ne va pas. Je suppose qu’il sait que notre relation avec Owen n’est plus au beau fixe puisque je refuse catégoriquement de venir lors des entraînements. Cependant, il ne fait aucun commentaire me laissant libre de partager ma peine si j’en ressens le besoin.

 

La crème glacée est à moitié vide, j’en ai mangé pendant 1h sans interruption. Mais pourtant, cela ne m’a apporté aucun réconfort. Si même cela ne réussit pas à me redonner le sourire je ne vois pas ce qui le pourrait. La sonnette retentit, brisant le silence. Et je m’en veux parce que pendant quelques secondes un élan d’espoir me prend. Je me traîne jusqu’à la porte m’attendant à un livreur d’une énième quantité de romans. Je ne vois pas le problème, je fais vivre les auteurs en achetant leurs romans, ça ne fait qu’augmenter ma PAL. Je m’inquiéterais de sa taille lorsqu’elle me dépassera. Non encore mieux, lorsqu’elle fera deux fois ma taille. 

 

Mais le bruit derrière celui-ci n’a rien d’un livreur. C’est bruyant. Comme des vestiaires. Que je connais trop bien. Et cela fait débrancher mon cerveau. Oubliant tous les gestes de sécurité que je pratique pourtant depuis mon enfance. Horreur pour moi, je ne regarde pas par l’oeillet. 

 

Je me hâte d’ouvrir la porte sur toute l’équipe de volley-ball. 

 

Je ne peux pas me retenir de sourire lorsque je découvre la quinzaine de gaillard sur mon porche et ne sachant pas comme se comporter. Isaac et Elyas sont les plus proches de l’ouverture et me rendent mon sourire automatiquement. Apolline et Camille ont aussi joint la partie et se tiennent en recul. Je jette rapidement un regard sur tous les visages présents, souhaitant déceler la raison de leur venue. 

 

Je ne me rends compte que quelques secondes plus tard de mon erreur. Puisque je ne vois que ça maintenant. Il manque Owen. Et l’équipe de volley-ball n’est pas elle-même sans son capitaine. Je ne sais pas si la tristesse se voit sur mon visage mais je me retrouve écraser dans les bras d’Isaac. Et sans même le décider, je passe de bras en bras, d’accolade en accolade. Tantôt compressé, tantôt plus timide et maladroit. Toute l’équipe me serre dans leur bras et j’ai le plus grand mal à ne pas craquer. Tous restent silencieux, me regardant comme si j’étais à deux doigts de m’écrouler, l’air vibrant d’une compassion silencieuse. Et même si mes larmes ne coulent pas, je sais que leurs yeux perspicaces voient bien au-delà de la surface.

 

Je reprends avant de me laisser complètement submerger par l’émotion : 

 

- Je peux savoir ce que vous faites ici ? Vous n’êtes pas censé avoir entrainement ?

- Tu nous manquais trop sur le banc de touche à nous crier dessus, dit Isaac. 

 

Je lui lance un regard montrant clairement que je ne suis pas dupe. 

 

- Le coach nous a dit être inquiet pour toi et que ce serait sympa si quelques uns d’entre nous pouvait prendre de tes nouvelles, reprend Elyas. 

- Et donc tout le monde est venu ? 

 

Mes yeux se ferment à moitié, tandis que je fronce les sourcils. 

 

- Bien sûr, on voulait prendre tous de tes nouvelles, continue Elyas en me montrant le reste de l’équipe. 

- Et clairement, tu n’étais pas au courant de notre visite. Tu as vu ta gueule ? Tu ne t’es pas lavé depuis combien de temps ?, nous interrompt Isaac comme à son habitude.

- Je n’attendais pas de visite, dis-je pour ma défense. 

- On l’avait clairement compris maintenant tu peux nous laisser rentrer et aller prendre une douche. Je perds du niveau de vue à chaque fois que je te regarde.

- Isaac soit tu es sympa, soit tu dégages, l’interrompt Camille. 

 

Elle se tourne vers moi et me sourit comme si j’allais m’effondrer si elle me brusquait trop. 

 

- Ça te dérange pas si on rentre pour passer un moment avec toi ?

 

Euh, si ça me dérange. 

 

Je suis dégueulasse. 

 

Je pue. 

 

J’ai une sale gueule. 

 

Le salon est sans dessus-dessous. 

 

J’avais l’intention de le ranger avant que mon père rentre.

 

Promis. 

 

- Est-ce que vous pouvez me laisser une vingtaine de minutes ? Le filet et le ballon de volley-ball sont sortis dehors, vous pouvez faire un set ou deux en attendant. 

- Tu sais comment nous convaincre. Les gars qui veut se prendre une râclée ? 

 

Et je ferme la porte avant de m’y adosser pour recentrer mes idées. 

 

Respire, Manon, respire. 

 

Ok.

 

La priorité c’est de transformer la porcherie en salon. Je me hâte d’ouvrir les fenêtres en grand pour faire un courant d’air, je suis certaine que ça sent le fauve. La couverture est pliée en quatre, les mouchoirs ramassés, la glace rangée. Ok, on peut s’en satisfaire pour l’instant. Maintenant, je dois me redonner une apparence humaine. 

 

Je n’ai jamais pris de douche aussi rapidement de ma vie. Mes cheveux sont enroulés dans une serviette et je reprends ma course effrenée. Pendant que je me lavais, je n’ai pensé qu’à la position des télécommandes et des manettes qui n’allaient pas. Je dois les ranger dès maintenant, pour me libérer l’esprit. La petite voix dans ma tête me pousse à retarder le moment où je vais leur ouvrir. 

 

Je ne sais pas pourquoi ils sont là. 

 

Je ne comprends pas pourquoi.

 

Sauf que j’entends toquer. 

 

Je relève les yeux et croise le regard de Camille qui me sourit doucement. Tout en me débarassant de mon turban, j’avance vers la porte vitrée qui donne vers le jardin. Je l’ouvre avec la plus grande discrétion pour ne pas attirer l’attention des garçons qui se disputent un set. 

 

- Tu vas bien ? me demande Camille dès que je franchis le seuil. 

- Toujours.

- Menteuse.

 

Je décide de ne pas relever et de me concentrer sur la situation inconfortable qui m’attend. 

 

- Pourquoi ils sont là ?

- Ils te l’ont dit, ils avaient envie de te voir. 

 

Sauf que je ne les crois pas.

 

- Bon alors, vous allez nous expliquer ce que vous avez avec Owen ? demande Isaac sans préambule tout en continuant à s’agiter de l’autre côté du filet. 

- Qu’est-ce qui te fait dire que j’ai un problème avec lui ?

- Peut-être parce qu’après avoir reçu un message de ta part, il était dans une colère noire puis à son retour de sa visite toujours chez toi, il était plus dans un état de déprime total mais toujours mélangé avec une bonne dose de : je vais devenir le vilain de l’histoire. 

- Pure coïncidence, je réponds automatiquement voulant aussi y croire. 

- Il a voulu jouer au volley-ball, dit-il en faisant un pas vers moi. 

- Il veut toujours jouer au volley-ball. 

- Pas jusqu’à l’épuisement et tu le sais, il continue son avancé. 

- Ca n’est pas plus mal, cela lui fait de l’entraînement. Vous avez bientôt un match important, vous êtes au courant ?

 

Tout le monde nous regarde alors qu'on s’accuse mutuellement. Ils suivent nos échanges comme s’ils s’agissaient d’un match de ping-pong, autant dire que le match de volley-ball qui se déroulait dans mon jardin est complètement oublié. 

 

- Il s’est bourré la gueule après avoir joué. Il m’a trainé au bar et a enchainé les verres jusqu’à plus soif. 

 

Je fais mon maximum pour ne pas réagir mais pourtant je ne peux pas m’empêcher de m’en vouloir. Owen ne boit jamais trop. Il contrôle tout. Comme moi. Et je sais que je ne devrais pas penser ça. Que je n’en n’ai pas le droit. Mais je ne peux pas m’empêcher de le voir bien entouré dans ce bar. Ce n’est pas un secret, les volleyeurs de notre équipe sont toujours bien entourés et sont souvent prise pour cible par les filles du campus. Et Isaac n’est pas le dernier a savoir s’entourer. 

 

C’est bon, j’ai des images en tête maintenant. Owen, saoul. Une femme incroyablement belle à ses côtés. Elle s’installe à ses côtés. Fait une petite blague pour briser la glace. Boit une gorgée directement dans le verre d’Owen prétextant qu’elle a une quinte de toux. Dit que c’est beaucoup trop fort pour elle et qu’elle sent déjà les conséquences de l’alcool. Elle rigole et lui touche l’épaule. Puis quand elle se calme enfin, elle se plaint du froid. Et Owen tombe dans son piège et lui propose sa veste. Et nous savons TOUS comment ça se termine, elle le remercie en l'embrassant ! 

 

Ça brûle, l’image me brûle, les yeux, le coeur, tout à la fois. 

 

Est-ce qu’on peut vomir suite à une image mentale ?

 

- Il ne sait rien passé, rassure-toi. Je renvoyais toutes les femmes qui l’approchait et j’ai dû lâcher un coup que j’avais avec une étudiante qui avait des jambes particulièrement longues pour le ramener chez moi. Tu m’en dois une pour ça d’ailleurs. 

- Comment ça ? Je ne t’ai rien demandé, je m’offusque. 

- Tu aurais vu ta tête, quand tu as imaginé le scénario de sa soirée arrosée. Si je n’avais pas été là, les hyènes pro-volley lui auraient sauté dessus dès que j’aurais eu le dos tourné vers Isabella.

- Il fait ce qu’il veut, ce n’est pas mon copain. 

 

Le mensonge, le mensonge…

 

- C’est vrai, tu l’as plaqué. 

 

Et là, c’est le choc. 

 

Et même si je m’améliore en mensonge, je ne peux empêcher ma bouche de s’ouvrir en grand et d’être prête à gober des mouches. Je freeze, je le sais parce que lorsque le seul neurone qui me reste me demande de fermer la bouche, ma mâchoire se met à trembler sous l’effort. Mon cerveau dijoncte. C’est notre secret. Mon secret. Il me déteste à ce point ? Il savait que je ne voulais pas que l’équipe soit au courant. Et c’est forcément la fuite parce que je n’ai rien dit. L’un des murs que j’ai conservé commence à s’effriter.

 

Non, Manon ! 

 

Tu ne vas pas te mettre à douter de ça ! 

 

Tu connais Owen ! 

 

Il ne ferait pas ça, il y a toujours eu des rumeurs sur nous, avant même que l’on fasse quoi que ce soit ! Voilà, juste une rumeur infondée, comme toujours. On ne panique pas. On ne panique pas. On ne panique pas. Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Je panique là. 

 

- Je ne l’ai pas plaqué, qu’est-ce qu’on t’a encore entendu comme rumeur ?

 

Souffle, Manon. Montre que ce genre de situation te gave.

 

- Pfff. 

 

J’ai dit soufflé, pas provoqué un ouragan ! Et Isaac regarde Elyas. Et je sais que c’est foutu. Que tout le monde dans l’équipe est au courant. Je ne peux même pas nier, parce que toute la rougeur de mon visage que j’avais précédemment en tant soit peu contrôlé.

 

- Tu nous a balancé ? lui dis-je furibonde avec mes yeux qui lui envoient des éclairs.

- Et bim, le piège se referme, Isaac claque des doigts pour ponctuer sa phrase.

- Je te promets que j’ai rien dit, se défend vivement Elyas.

- Tu nous prends pour des débiles ? Tu pensais vraiment qu’on allait rien voir ? On a tous surpris un de vos moments.

- Donc vous saviez depuis tout ce temps ?, je les regarde tous un à un. 

 

Je ne comprends rien. 

 

- Bien sûr, s’exclame Christian. 

- S’embrasser derrière un casier, ce n’est pas vraiment discret, continue Théo faisant rire tout le monde. 

- Vous puyez l’amour, renchérit Tiago.

- Mais pourquoi vous n’avez rien dit ?

- Tu ne voulais pas en parler donc on ne le fait pas. Mais ça n’empêche pas d’en parler entre nous, les paris fusent. Réponds-nous qui à fait le premier pas et quand ?

 

Mon cerveau ne capte pas tout de suite la question et je réponds par automatisme. 

 

- Owen lorsqu’il m’a sauvé d’un lourdaud.

 

Et j’assiste à une des scènes qui me laisse le plus sur le cul. Devant moi, les joueurs s’échangent des billets, râlant et explosant de joie en fonction de leur pari. Je ne peux pas croire ce qui se passe devant moi et la montagne de billets qu’accumule Isaac dans sa paume. Bien sûr, c’est celui qui était le plus proche de la vérité.

 

- Vous aviez parié sur nous ?

- Bien sûr, ça fait des années qu’Owen nous tane avec son amour… Merde c’est quoi le terme qu’il utilise ? 

- Unilatéral, répond en coeur le reste de l’équipe.

- Donc ça nous a forcément interloqué lorsqu’il a arrêté de fantasmer sur une potentielle relation avec toi et votre discrétion légendaire à confirmer tous nos soupçons. 

 

Ok, donc je récapitule. Ils sont au courant du changement de notre relation avec Owen. Ils ne m’ont en pas parlé parce qu’ils ne voulaient pas me gêner. Et ils ont parié sur nous, les petis cons. Mais alors, pourquoi sont-ils là ? Ils devraient me détester, je viens de repousser leur meilleur ami et apparemment il ne l’a pas très bien pris. Ils me suivent à l’intérieur de la maison alors que je réfléchis et que je tente de trouver une logique à la situation.

 

Sans aucun préambule, ils se laissent tous tomber sur le canapé et les meubles aux alentours. Je prends la première excuse qui me vient pour m’éloigner quelque secondes et réfléchir. Je n’arrive pas à comprendre la situation et ça a le don de me faire stresser. La cuisine est mon refuge alors que je prépare un rapide plateau avec des boissons fraîches et des gâteaux si jamais ils ont un petit creux. Les questions se succèdent au rythme que j’ouvre et referme les portes des placards. Aucune réponse ne me satisfait et les bruits provenant de la pièce d’à côté me ramène à l’instant présent. 

 

La discussion animée autour du match ayant eu lieu dans mon jardin me tire un léger sourire. Je dépose le plateau et sert tout le monde avant de me laisser tomber sur un coussin à côté de la table basse. Je ne me mêle pas à la conversation. J’écoute et je m’abreuve de leur présence. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point ils me manquaient.

 

- Je ne suis pas imbu de moi-même, je dis juste que je suis le meilleur, s’offusque Isaac avant de prendre une gorgée du verre devant sa place. 

- C’est la même chose Is, répond Elyas en tentant de conserver son air sérieux.

- Je ne fais qu’énoncer des faits, comme que Man-Man a plaqué Owen.

 

Et l’attention est une nouvelle fois sur moi. Je lui lance un regard noir avant de me soulever légèrement et de lui lancer le coussin sur lequel j’étais assise. J’ai la folle envie de nier et de dire que je ne l’ai pas plaqué parce que l’on était pas officiellement ensemble. Mais je sais déjà que ce mensonge ne servirait à rien. Même moi je n’y crois plus. Je refusais de mettre un nom sur notre relation parce qu’être en couple ça fait peur. Mais c’est ce que l’on était.

 

- Est-ce que l’on a droit de savoir pourquoi on doit supporter la mauvaise humeur de notre capitaine ?, demande Marcus, l’un de nos attaquants.  

- Ca ne vous regarde pas.

- Un peu quand même, renchéris Julien.

 

Camille se rapproche discrètement de moi, délaissant les bras de Tiago. Quoi ? J’ai loupé un épisode là non ? Il faudra qu’on en parle.  

 

- Les gars, qu’est-ce que je vous avais dis avant ? demande Isaac sans pour autant lever les yeux de la partie qu’il a lancé sur son téléphone. 

- On ne fait pas chier Man-Man avec Owen, répond l’équipe de géants en coeur. 

- Parfait, putain yes, headshot !

 

Un silence se forme autour de la victoire tout sauf discrète d’Isaac. Il comprend rapidement sa faute et s’excuse avec un sourire poli avant de ranger son téléphone dans sa poche. Sauf que tout le monde me regarde, m’analysant comme si j’étais sur le point de m'effondrer à chaque instant. Je ne le supporte plus. 

 

- Bon, est-ce que vous pouvez m’expliquer pourquoi vous êtes là ? Les deux louloutes, je peux comprendre mais vous, vous devriez me jeter des pierres et être avec Owen.

- Mais de quoi est-ce que tu parles ? répond automatiquement Théo.

- Owen est votre capitaine et votre ami alors je ne comprends pas pourquoi vous ne prenez pas son parti. 

- Mais on ne va pas prendre de parti ! s’exclame Elyas faisant sursauter Apolline qui est à ses côtés. 

- Mais vous devriez ! Déjà je lui tuais ses stats quand il était avec moi, ce qui avait un impact direct sur vos matchs et votre qualification. Et en plus, je le plaque et lui interdis de venir me voir en utilisant mon voeu. 

 

Je ne me rends pas compte tout de suite de la bombe que je viens de lancer. 

 

- Waouh, waouh, waouh… On a pris l’autoroute de la connerie là ? Alors, premièrement, Owen est mon meilleur pote mais toi tu es ma petite soeur donc je ne prendrais aucun parti, répond Isaac. 

- Attend, je l’interromps sans aucune hésitation. Tu ne les entends pas ? Les violons que tu viens de me sortir. 

- Mais c’est pas possible d’être aussi intelligente et débile à la fois. Tu es vraiment aveugle. Tu vois pas qu’Owen est amoureux de toi depuis des années alors qu’il bavait dès que tu étais dans un rayon de 100 mètres et tu te rends pas compte que toute l’équipe te considère comme sa famille. 

 

Je cligne des yeux sous le choc de ses dernières phrases, mettant du temps à comprendre leurs signifactions. 

 

- Vous ne m’appréciez pas comme ça. 

- Est-que tu te rends compte du nombre de conneries à la minute que tu sors ? dit Isaac avant de quitter la pièce.

Mal à l’aise, je gratte ma main jusqu’à avoir une légère plaque qui se dessine. 

 

- Manon, j’ai une question pour toi reprend Elyas. 

- Je ne suis pas certaine de vouloir y répondre. 

- Tu n’es pas obligé. Pourquoi est-ce que je suis le seul à avoir un verre différent ?

- Parce que tu n’aimes pas le jus d’orange, tu préfères le jus de pomme. C’était vraiment ça ta question ?

- Ok et pourquoi tu as mis un gâteau différent à Théo ?

- Il est allergique aux noisettes, je réponds en levant les yeux au ciel.

- Donc si je comprends bien, tu nous apprécies assez pour te souvenir de tous ces détails sur nous mais nous n’avons pas le droit d’être attaché à toi et te considérer comme un membre de notre famille ?

- Ce n’est pas ça… je soupire en comprenant doucement où il veut en venir.

- Manon, est-ce que tu te rends compte que pour certains d’entre nous, tu en fais plus que la moitié de notre famille ? 

 

J’ouvre la bouche pour l’interrompre. 

 

- Laisse-moi terminer s’il-te-plaît. Ca fait des années que l’on te connaît, qu’on te voit courir à chaque entraînement pour remplir nos gourdes, que tu fais attention à nos collations, à nos allergies, à nos préférences, que tu prépares 150 trousses de secours au cas où on se fera mal pendant un match et tu pensais vraiment que l’on allait pas s’attacher à toi ?

- Ce n’est rien du tout, je ne mérite pas d’être aussi importante pour vous. 

- Pour toi, peut-être. Mais nous, on t’a choisi. On ne peut pas décider de nos liens familiaux mais pour ceux du coeur, on fait ce que l’on veut. Et toi, miss tu as raflé tous nos coeurs à l’instant où tu es entré dans notre vestiaire pour nous dire que ton père nous attendait pour l’entraînement.

- Alors moi c’est quand elle m’a fait des gauffres parce que je lui avais dis que celle de ma grand-mère me manquait, reprend Marcus. 

- Quand tu as fait envoyé des fleurs à ma mère lorsque je t’ai dit qu’on lui avait décelé un cancer, continue Mohamed. 

 

Tous leurs regards se posent sur moi et je me sens envahir d’une étrange cocon. Et je crois que l’une de mes cicatrices s’estompe un peu. Des pas retentissent au niveau de l’arche donnant sur le salon, Isaac qui y était adossé depuis je ne sais pas combien de temps, s’avance jusqu’à nous.

 

- Maintenant, p’tite soeur. Est-ce que tu peux m’expliquer qui t’a foutu en tête que tu ne mêritais pas notre affeciion et que tu étais négative pour Owen et notre équipe ?

 

Merde, Isaac n’a pas oublié.

 

Je ne réponds pas, me contentant de me ratatiner sâchant pertinemment que je vais me faire engueuler. 

 

- Owen est un sportif et un putain de bon, il sait gérer ses émotions pour ne pas les laisser influencer son jeu. Cependant, il est toujours meilleur quand tu es dans les parages, je pense qu’il ne s’en rend même pas compte mais il veut t’impressionner ce petit con en ayant un jeu parfait. Alors ouais tu influences ses stats, tu le rends meilleur et chaque match auquel tu assistes nous rapproche de notre victoire au championnat et lui de sa place dans une équipe sélect. 


 

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