Chapitre 41 : Héritage

Clave se débattit pour se libérer des chaînes. Elle n’avait jamais vu ce type de magie avant : elle était noire comme la nuit. Noah ne lui avait jamais dit qu’il était capable de faire ça. 

La jeune fille ne savait pas quoi penser. Elle voulait juste aller pleurer dans un coin sombre et ne plus bouger du tout, mais elle devait rester forte et garder son sang-froid. Grâce à sa propre magie, elle réussit à briser ses entraves. Elle se releva et se plaça devant la porte par laquelle Noah était passé. Elle s'était refermée : il fallait le code du pendentif. Cependant, elle ne le connaissait pas. Elle était trop choquée pour l'avoir mémorisé quand Noah l'avait dit. Elle n'était même pas sûre d’en être réellement capable.

“Comment Noah a-t-il trouvé le code…?”

Puis la jeune fille eut une illumination : le code était-il la suite de nombres qu’elle avait vu sur son épaule quand Arthur l’avait rendue sa servante ? Noah l'avait-il regardé quand ils avaient dormi dans la même chambre, au château ?

À moins que Marcus, le connaissant peut-être, lui ait dit…

Elle ouvrit les deux boutons du haut de son col de chemise et fit glisser sa manche en dessous de son épaule gauche. Les lettres étaient là, comme elles l’avaient toujours été depuis que Clave était devenue une servante, puis avait été libérée. Cela lui semblait remonter il y a si longtemps…

Clave regarda le code tatoué sur sa peau et, concentrée, fit glisser son index le long des écritures pour les lire, car elles étaient à l’envers par rapport à son regard.

“C… 6… L… 3…”

Quand elle eut fini de le déchiffrer, cela donnait…

– C6L32A6V1E2, murmura-t-elle.

Aussitôt que ces lettres et ces chiffres sortirent de sa bouche, la porte se rouvrit de nouveau. La jeune fille se tourna lentement vers l’entrée, vers le chemin menant à la Couronne, et, en prenant une grande inspiration déterminée, elle s’avança dans le passage, à la poursuite de Noah.

Elle aperçut une lumière après avoir parcouru à peine une dizaine de mètres. Elle accéléra le pas, anxieuse. Elle voulait appeler Noah, mais elle sentait que ce n’était pas une bonne idée. Elle n'avait aucune idée de ce qu’il prévoyait de faire ni de pourquoi il le faisait, mais c'était sûrement pour une bonne raison. Il ne pouvait pas l'avoir trahie, jamais.

La jeune fille arriva ensuite dans une immense salle en forme de dôme aux parois dorées. Ce qu’elle remarque en premier fut le large piédestal qui se tenait au centre, sur lequel reposait la Couronne. Puis ensuite, elle vit Noah, étendu au sol. Il ne bougeait pas.

– Noah ? s'écria la blonde, paniquée.

Elle se précipita vers lui et s’accroupit à ses côtés. Le jeune homme avait le visage tordu dans une expression de douleur.

Clave comprit rapidement qu’il avait tenté de s'emparer de la Couronne, mais qu’il n’avait pas réussi. Cela faisait encore plus douter la jeune fille. Allait-elle vraiment en être capable ?

“Je dois le faire” fut sa seule pensée.

Puis elle se leva et attrapa la Couronne à deux mains. De la magie dorée commença à grésiller autour de ses paumes. C'était assez chaud mais supportable. Alors Clave retira la Couronne de son socle et, délicatement, la posa sur le haut de sa tête. Aussitôt, un long frisson brûlant la parcourut et elle tomba sur lourdement sur le sol, à genoux. Elle pensa un instant à enlever la Couronne de sa tête et tout son corps était paralysé ; elle n'arrivait pas à bouger. Elle se mit à haleter.

Son cœur battait de plus en plus vite.

Sa vision devenait de plus en plus brouillée.

Jusqu'à ce que le noir s'abatte sur elle.

– Mystic, écoute-moi ! s'écria une voix.

Clave mis un moment à réagir et à se tourner vers la personne qui avait dit son nom, mais quand elle le fit, elle se rendit compte que ce n'était pas véritablement elle qu'on appelait.

Elle reconnut immédiatement les personnes qui se tenaient devant elle : c'était elle-même et Ruby. Elles étaient agenouillées sur le sol et Mystic pleurait à chaudes larmes. 

– Je ne veux pas faire ça… Je ne peux pas ! gémissait-elle.

C'est à ce moment que Clave remarqua que la reine tendait un long couteau à la princesse, et que sa lame était pointée vers son estomac.

“Elle voulait que Mystic… Enfin, je veux dire, je la tue ? Mais je ne l’ai pas fait, n’est-ce pas…?”

Ruby, qui commençait également à avoir les larmes aux yeux, posa sa main sur la joue de Mystic.

– Je suis désolée, sœurette… Je vais mourir, de toute manière…

Alors Mystic prit doucement le couteau entre ses doigts et murmura :

– Pardon, Ruby, pardon… Je t'aime…

La reine sourit, puis sa sœur lui enfonça la lame dans le ventre.