La flotte Rebelle arriva près de l’Étoile Noire. Un à un, les vaisseaux apparaissaient, sortant de l’hyperespace et s’arrêtant violemment aux côtés des autres navires spatiaux de l’Alliance. Tous formaient ensemble un amas de vaisseaux, devant lequel se trouvait le Faucon Millénium. Illuminant le chemin par ses réacteurs arrières, le fin vaisseau aplati s’avançait doucement vers la Station Orbitale. Les autres pilotes le suivaient avec une lenteur prudente. Les escadrons, prêts à mener l’attaque, se tenaient devant les gros vaisseaux des hauts commanditaires de la Rébellion, qui gardaient un œil attentif sur les environs. Pourtant, tout était calme. Les étoiles lointaines brillaient doucement autour d’eux, et la lune d’Endor, grande et majestueuse, tournoyait lentement. La moitié de la lune était plongée dans l’obscurité, mais sa surface, verte et couverte de fins nuages, était toujours visible. Étant une lune tropicale, une large étendue d’un bleu profond recouvrait l’astre, et laissait parfois la place à des immenses taches d’un vert presque émeraude. Les nuages au-dessus, cachant la majeure partie des paysages lointains, se mouvaient discrètement, comme un serpent qui tentait de recouvrir l’entièreté du satellite. Si la lune d’Endor était magnifique, sa beauté était ternie par la sombre Station Impériale. Pas encore finie, la nouvelle Étoile Noire avait la moitié de sa structure en morceaux, comme si elle avait déjà été détruite. Cela la rendait encore plus terrifiante que la précédente tueuse de planètes, car elle semblait bien plus sinistre.
La promesse d’une destruction était ancrée dans son apparence, comme si elle montrait à la Galaxie ce qu’elle réservait pour les mondes qui oseraient se dresser contre elle. Orn échangea un regard inquiet avec Twik. Tous deux ne se souvenaient que trop bien de la disparition d’Alderaan, du grand laser vert qui s’était précipité sur la planète pour la réduire en un champ de débris et de cadavres. Il était difficile d’oublier la panique et la terreur profonde qui les avaient envahis en voyant, sous leurs yeux, mourir deux milliards de personnes, en une fraction de seconde. Le plus effrayant avait été le silence. Le même silence qui, désormais, régnait tout autour de la flotte Rebelle, se faufilant entre les vaisseaux et pénétrant avec froideur le cœur des pilotes. Aucun des combattants n’osait prononcer un mot, trop terrifiés par ce silence qui demandait le respect. Même Twik ne disait rien, ressentant au plus profond de lui-même ce malaise et cette peur glaciale. Il n’avait pas besoin de voir le visage de son co-pilote pour savoir que celui-ci était aussi pâle que ses taches de vitiligo.
Les vaisseaux continuèrent leur chemin sinistre et alourdi par l’absence cruelle de bruit. Lorsqu’ils furent arrivés à quelques kilomètres de la Station Orbitale, tous s’immobilisèrent, et attendirent. Il n’y avait qu’eux et l’Étoile Noire, qui les regardait sévèrement. Orn ne pouvait s’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment. Certes, tout semblait se dérouler selon le plan. Aucun vaisseau Impérial n’était visible, ce qui était bon signe, puisque l’Empire n’était pas censé savoir que la flotte Rebelle était ici.
Pour autant, il semblait au chasseur que quelque chose clochait. Un minuscule détail leur échappait, il le sentait. Et ce minuscule détail ne présageait qu’une défaite de l’Alliance. Le Twi’lek s’agita sur son siège, essayant d’ignorer son mal-être. Il jeta un œil inquiet sur le radar confectionné par Nasha. Rien. Pas l’ombre d’un vaisseau inconnu en approche. Pas un seul bouclier autour de la Station Orbitale. Tout était normal. Orn n’avait aucune raison de douter, de s’inquiéter. Mais ce sentiment ne le quittait pas malgré ces preuves. Il lâcha un soupir tremblotant, puis regarda autour de lui. Il ne voyait que les vaisseaux des Rebelles, que le Général Ikar, devant lui, et Sienna à côté. Aucune voix ne s’élevait pour rejoindre ses craintes qu’il gardait tues. Le chasseur espérait pourtant que quelqu’un dise quelque chose. Le silence devenait insupportable, amplifiant sa peur et son effroi. Il n’entendait que sa respiration et les battements précipités et puissants de son cœur contre sa poitrine. Il jeta un regard à Twik, qui ne disait rien. Le droïde ne semblait pas partager son inquiétude. Contrairement à son co-pilote, il ne restait immobile, gardant les yeux fixés sur l’objectif. Pourtant, il sentait l’agitation qui animait son ami. Il ne la comprenait pas. Après tout, le radar n’indiquait rien.
Cela était, pour le droïde, suffisant pour être assuré de la réussite de leur plan. Il ne disait rien, cependant, sachant parfaitement que ses mots ne seraient d’aucune aide. Twik espérait simplement que le trouble de son ami était injustifié. La véritable bataille décisive de l’Alliance se faisait sur la lune, et non dans l’Espace. Les pilotes s’étaient préparés à un aller-retour simple à Sullust, sur le Starbird. Si un affrontement imprévu se déroulait, nul doute que le désordre risquait de s’installer dans leurs rangs. Orn s’y attendait, cependant. Il était presque sûr qu’une menace sournoise se préparait, tapie dans l’ombre de l’Étoile Noire. L’attente ne faisait que retarder la sentence de cette menace, mais rien ne la ferait partir, le chasseur le savait. Ses craintes, au fil des secondes, se solidifiaient, et devenaient une certitude. Instinctivement, il s’empara du sabre-laser de Taano. Il sentit le froid du métal mordre son gant et faire son chemin vers la peau. Tenir l’arme antique le rassurait. Taano était avec eux. Fermant les yeux un instant pour calmer les pensées sombres qui s’étaient installées en lui, Orn sursauta lorsque le silence pesant fut brisé par le crépitement de son communicateur au poste de contrôle, d’où s’éleva la voix suave et déterminée de Lando.
"Tous les escadrons, au rapport.
— Rogue Leader, en attente.
— Red Leader, en attente.
— Écho Leader, en attente."
Deux autres chefs d’escadrons répondirent, avant que le Général Ikar ne prenne les avants.
"Que tous les escadrons se mettent en position de combat," ordonna-t-il.
Tous les vaisseaux des escadrons se mirent en mouvement, avançant d’un seul homme vers la Station Orbitale. Les X-Wings rouges et blancs étendirent leurs ailes, qui formèrent un grand "X" dont le centre était le vaisseau. D’autres petits engins, verticaux et entièrement blancs, imitèrent les X-Wings, mais leurs ailes décrivirent une grande croix. Seuls le Vautour Couronné et le Faucon Millénium ne changèrent pas de conformation. Les deux vaisseaux, bien qu’ils étaient radicalement opposés, n’avaient besoin de rien pour être en position de combat. Dans le nuage formé par les soixante pilotes des escadrons, le Vautour et le Faucon faisaient tache, brisant la monotonie des vaisseaux identiques. Tous, avec leurs réacteurs, illuminaient le vide de l’Espace, comme un groupe de lucioles qui s’élançaient gracieusement vers un arbre. Cependant, ce n’était pas avec un cœur léger que les pilotes avançaient. Ils avaient tous un air grave plaqué au visage, résultat d’un mélange entre la concentration et l’appréhension. Aucun ne se permettait d’être sûr dans leur victoire pourtant si proche. Ils avaient peur que ces pensées ne fassent fuir cette fin si attendue. Depuis des années, la plupart de ces pilotes s’étaient combattus avec fougue et courage pour restaurer la République et regagner leur liberté. Ils avaient vu leurs frères d’armes mourir devant eux ou dans leurs bras. Ils avaient aperçu les horreurs des blessures. Ils avaient perdu des membres, gagné des cicatrices, s’étaient relevés à chaque fois qu’ils étaient tombés sous la force d’une bombe ou d’un tir presque mortel.
Certains, comme Sienna, n’avaient connu que cela. La guerre, la lutte, la peur et la rage faisaient partie de leur quotidien. Ils ne voulaient pas se faire de fausses espérances, ils ne le pouvaient pas. Ils craignaient trop que l’espoir et la hâte qui les animaient ne se transforment en la plus terrible des blessures. Pourtant, les Rébellions étaient construites sur l’espoir. Tous le savaient. Mais aucun n’avait le courage de s’appuyer sur cela en voyant l’Étoile Noire grossir au fur et à mesure qu’ils approchaient. Seule dans son vaisseau, Sienna refoulait ses larmes, ne sachant ce que la fin du combat allait signifier pour elle, qui n’avait plus de famille. Les deux Lasats de l’Escadron Rogue n’osaient pas imaginer un avenir sans être chassés et persécutés. Orn, de son côté, n’arrivait pas à apercevoir la possibilité d’une victoire de l’Alliance. Cette ambiance qui survolait les escadrons était étrange. Un espoir timide les enveloppait, trop terni par des années de luttes à attendre que la dernière bataille ne vienne. Mais, maintenant qu’elle était venue, qu’elle se tenait devant les Rebelles, ne demandant qu’à être conquise, les pilotes prenaient peur. Les mots de l’Amiral Ackbar, dans leur communicateur, n’arrivèrent pas à les rassurer.
"Que la Force soit avec nous," lança-t-il sans attendre de réponse.
Si cette puissance mystique était parmi eux, les escadrons ne le ressentaient pas. Il était difficile de trouver un réconfort dans cette prière que beaucoup d'entre eux disaient. Les Jedi étaient tous morts, la Force ne les avait pas protégés de la Grande Purge qui les avait tués un à un, par les mains d’amis. Si cette Force était avec eux, ils espéraient qu’elle ne leur ferait pas défaut et qu’ils ne connaîtraient pas le même sort que les Chevaliers d’antan. Relâchant enfin le sabre-laser de Taano, Orn mit ses deux mains sur les commandes du Vautour, imité par Twik, qui gardait un œil sur les messages du vaisseau. Le chasseur poussa un long soupir pour se calmer, se préparant mentalement à l’attaque. Une fois le réacteur principal de l’Étoile Noire détruit, les pilotes n’avaient que quelques secondes pour se mettre en sécurité et éviter de mourir dans l’explosion de la Station Orbitale. Il fallait donc agir vite et avec précision. Orn savait faire cela, mais le contexte était bien différent d’une simple course de module où l’unique chose à gagner était le prestige. L’enjeu était plus grand, plus grave, plus important que tout. Ce n’était pas pour le prestige que tous ces pilotes étaient réunis autour de lui, suivant avec une détermination implacable le Faucon Millénium. C’était pour la liberté, pour la vie et la vérité. Le chasseur rompait définitivement avec son passé tristement glorieux. Ce n’était pas la première chose qu’il faisait pour les autres, ni même la dernière, mais c’était la première fois qu’il se battait pour la Galaxie, et non pour ceux qu’il connaissait et pour se donner bonne conscience. Il n’y avait rien pour lui à la fin de cette bataille, seulement la certitude d’avoir rendu la Galaxie meilleure.
Ce fut cette pensée qui le poussa à affermir sa poigne sur les commandes du Vautour. Il était prêt à tout donner pour cela. Même sa vie, s’il le fallait. Alors il continuait son chemin parmi les Rebelles, s’approchant dangereusement près de l’Étoile Noire, où se terrait l’Empereur et son bras droit. La Station Impériale était immobile, comme si elle méprisait la soixantaine de vaisseaux qui se précipitait vers elle. D’un gris sombre, sa surface presque lisse était mouchetée de petits points lumineux, et sur sa partie supérieure se dessinait une sorte de crevasse, d’où pouvait sortir un rayon vert à la puissance redoutable. Cependant, sa présence n’inquiétait pas la flotte des Rebelles. Selon les espions, l’Étoile Noire n’était pas encore fonctionnelle. Ils n’avaient donc aucune raison de se soucier d’une potentielle attaque de la part de la Station Orbitale. Pourtant, ce n’était pas Orn, mais bien Twik qui commença à s’agiter à son tour. Le chasseur lui jeta un regard d’incompréhension.
"Le radar ne dit rien sur le bouclier de l’Étoile…," expliqua le droïde.
"C’est normal, non ? Si le bouclier n’est pas activé, le radar ne doit rien capter.
— Je ne sais pas… Ça me paraît étrange," continua Twik, préoccupé.
Si son co-pilote ne savait quoi dire, il semblait que les autres pilotes partageaient les craintes du robot, puisque la voix de Lando, pressée et inquiète, s’éleva du poste de contrôle, retentissant dans le Vautour Couronné.
"Arrêtez l’attaque ! Le bouclier est toujours activé !
— Je ne détecte rien… Es-tu sûr de toi ?" demanda la Générale Nouhr.
"Tournez ! À tous les vaisseaux, tournez !" cria Lando, sans prendre la peine de répondre à la chef de l’Escadron Écho.
Orn ne prit pas le temps d’échanger un regard inquiet avec son co-pilote. De toutes ses forces, il fit violemment tourner son vaisseau vers la gauche, en même temps que les autres pilotes. Ils devaient à tout prix éviter de foncer dans le bouclier, au risque de mourir. Tous les escadrons engagèrent donc leur retraite, et tous firent un virage serré pour rejoindre le reste de la flotte Rebelle. Un danger venait d’être évité, mais ils devaient rapidement se mettre en sécurité. Si le bouclier était toujours là, alors l’équipe de Solo avait probablement échoué. Si tel était le cas, l’Empire devait se douter que la flotte Rebelle allait tenter d’attaquer la Station Orbitale.
Bientôt, les escadrons furent imités par les grands croiseurs des Amiraux, restés derrière. L’Amiral Ackbar donna les instructions pour que les pilotes se mettent en sécurité, mais alors qu’ils s’apprêtèrent à les mettre en œuvre, le sang de tous les pilotes se glaça. Des cris retentirent dans les communications, pour alerter les escadrons, mais il était trop tard, et les pilotes le savaient déjà. Orn ne les écoutait pas, ne les entendait pas. Il lui semblait se trouver dans un rêve - ou plutôt un cauchemar - mais il savait que c’était la réalité. Une réalité cruelle, certes, mais la réalité. Et le désespoir s’empara des pilotes, qui déjà avaient oublié la victoire qui s’était tenue devant eux, comme on oubliait la promesse d’un être lorsque ce dernier mourrait. Orn échangea cette fois-ci un regard avec Twik. Ce dernier hocha la tête, avant d’activer gravement les canons du Vautour Couronné. Le droïde se pencha ensuite sur le radar et les alarmes du vaisseau, prêt à alerter son co-pilote en cas de problème. Le chasseur, de son côté, fixa avec détermination et rage la flotte Impériale qui se dressait devant eux, empêchant tout repli des Rebelles. C’était un piège, et les Impériaux tenaient leurs ennemis dans leurs filets. Plusieurs Destroyers se tenaient derrière la flotte de l’Alliance, accompagnés de plusieurs centaines d’autres vaisseaux. Toute la Flotte Impériale était réunie, prête à écraser la Rébellion.
Sans surprise, d’innombrables petits vaisseaux Impériaux blancs se précipitèrent vers les pilotes dans un vacarme assourdissant, ouvrant le feu sans attendre. Si une certaine panique s’empara des escadrons Rebelles, Lando, de par son charisme naturel, les calma et réussit à réinstaurer l’ordre dans leurs rangs. Les pilotes suivirent ses ordres et accélérèrent à une vitesse de combat, puis se mirent à riposter sans ménagement. Il fallait protéger les grands croiseurs, tout en restant hors de la portée des tirs ennemis. Si cela semblait impossible, les Rebelles savaient que c’était la seule solution. Ils étaient coincés ici, près de la Station Orbitale en dormance, et devaient attendre que leurs alliés sur la lune d’Endor désactivent le bouclier, s’ils étaient encore en vie.
Orn slalomait entre les vaisseaux ennemis et amis, évitant les tirs et ripostant dès que possible. En tant qu’ailier du Général Ikar, il devait rester près de lui, et le protéger dès qu’il le pouvait. Déjà il communiqua à son chef d'escadron de virer vers la droite pour éviter un tir, tandis que Sienna, sur le coup, abattit le vaisseau Impérial qui menaçait son supérieur. Puis soudain, la voix d’un pilote de l’Escadron Écho retentit dans le Vautour Couronné.
"Rogue Deux, vous avez trois Impériaux au-dessus de vous !
— Ici Red Leader, je m’en occupe !"
Orn remercia les deux pilotes tout en menant le Vautour vers les immenses Destroyers ennemis. Tentant de semer ses agresseurs, le chasseur lança son vaisseau dans une manœuvre risquée. Accélérant sa vitesse, il commença à foncer vers un Destroyer, sans prendre compte des commentaires de Twik, qui, instinctivement, s’accrocha à son siège.
"Orn, si tu nous tues, je vais te le faire regretter pour l’éternité !" tempêta le droïde en voyant le grand navire s’approcher à une vitesse folle.
Le concerné ne daigna pas répondre. À la place, il braqua simplement les commandes, forçant le Vautour à remonter à la verticale, évitant de près le Destroyer immobile. Derrière lui, deux des pilotes Impériaux tombèrent dans son piège et s’écrasèrent contre le navire Impérial. Ne sachant pas s’il était en sécurité, Orn coupa les moteurs du Vautour Couronné, provoquant chez son co-pilote un cri étranglé. Leur vaisseau sembla s’immobiliser un instant dans l’Espace, avant de descendre avec une rapidité folle vers le bas.
"Rogue Deux, vous êtes officiellement débarrassé de ces trois Imp’ !" déclara avec légèreté le Red Leader, dans le communicateur du Vautour.
Poussant un soupir de soulagement, le Twi’lek réactiva les moteurs, esquissant un sourire lorsque Twik remercia la Force pour leur survie. En une fraction de seconde, le Vautour se stabilisa, puis repartit rejoindre le Général Ikar, en proie à deux vaisseaux Impériaux.
"Parle-moi, Orn !" lança-t-il, ne sachant pas exactement où le danger se trouvait.
"Deux Impériaux vous collent, mais ils sont dans ma ligne de mire ! Continuez à voler, mais ne faites pas de mouvements brusques. Je suis derrière vous.
— Je te fais confiance, Rogue Deux !"
Le Rogue Leader fit comme le chasseur lui avait demandé. Il resta sur sa trajectoire, malgré le danger que cela représentait pour lui. Le Vautour Couronné, rapide, s’élança vers lui, et Twik, d’un geste expert, abattit un des vaisseaux blancs. Le second, prenant connaissance de la menace derrière lui, brisa sa trajectoire et tenta une échappatoire, mais le X-Wing d’un des Lasats, Rogue Cinq, le descendit sans pitié, profitant de son approche discrète. Cependant, leur joie fut de courte durée. Un des frères Zabraks venait d’être atteint par un tir ennemi, et avait perdu le contrôle de son vaisseau. Se précipitant à toute allure vers un croiseur Rebelle, le pilote condamné hurla dans son communicateur, demandant aux autres pilotes de s’écarter et de l’abattre pour ne pas endommager le croiseur. Twik questionna Orn du regard, mais ce dernier regardait avec horreur le vaisseau se diriger vers sa perte. Sa terreur fut brisée par l’intervention soudaine du deuxième frère, qui répondit à la demande du pilote. Un grand choc s’installa dans l’Escadron Rogue, dont les membres ne savaient que dire. Le chasseur sentait ses bras trembler doucement tandis qu’il réalisait lentement ce qui venait de se dérouler sous ses yeux. Un Rebelle venait de tuer son frère, à la demande de ce dernier. Orn ne pouvait s’empêcher de baisser la tête, affirmant son inutile respect et soutien au Zabrak survivant, qui ne répondait pas aux appels attristés de Sienna. La première perte du côté des Rebelles venait de se faire, mais tous savaient que ce n’était pas la dernière, bien au contraire. D’ailleurs, une voix s’éleva dans les communications, brisant le léger silence qui s’était emparé de l’Escadron Rogue, apportant la nouvelle de la mort de la Général Nouhr.
Si sa vie et celle du frère Zabrak s’étaient arrêtées, le combat continuait, et les pilotes dont le nombre diminuait avec une lenteur cruelle devaient toujours se battre. Orn sortit de sa torpeur pour se précipiter aux côtés du Général Ikar, et tous deux se démenèrent pour abattre des Impériaux et survivre à leurs tirs implacables. Il semblait au chasseur qu’il faisait face à une hydre. Plus il tuait de pilotes ennemis, plus les rangs de la flotte Impériale grossissaient et envahissaient l’Espace sombre et froid. Les deux mercenaires du Vautour ne savaient pas combien de temps ils avaient passé à esquiver les tirs incessants et les vaisseaux, et à riposter dès que l’occasion se présentait. Tout ce qu’ils savaient, c’était que leurs pertes continuaient, puisqu’un troisième pilote, de l’Escadron Or - l’escadron de Lando - fut abattu près de l’Étoile Noire. Les Destroyers de l’Empire n’avaient cependant fait aucun mouvement depuis le début de la bataille d’Endor. Ils étaient toujours immobiles, regardant d’un air détaché les affrontements qui se déroulaient sous eux. Orn ne leur prêtait pas d’attention, se concentrant plutôt sur les petits engins blancs Impériaux, qui ne faisaient qu’engager les combats sans relâche.
Du coin de l’œil, Orn aperçut une lueur verte. Sentant ses os se glacer, il dirigea le Vautour vers l’Étoile Noire pour confirmer sa crainte. La Station Orbitale était entièrement opérationnelle. Déjà plusieurs rayons verdâtres se rejoignirent au centre de la crevasse de la fausse Étoile, formant ensemble un unique trait vert, qui se précipita sans ménagement sur un des croiseurs Rebelles. Frappant l’immense vaisseau avec violence, le rayon destructeur disparut aussi rapidement qu’il était apparu, laissant le croiseur Rebelle descendre lentement vers les abîmes de l’Espace, tandis que les membres de son équipage qui avaient survécu se précipitèrent vers les capsules de sauvetage. Aucun Rebelle n’osa prendre la parole pendant plusieurs secondes, trop choqués par ce qu’il s’était déroulé sous leurs yeux. Leur dernière certitude venait de se briser. La Station Orbitale était opérationnelle. Son rayon destructeur était libre de continuer à détruire un à un les vaisseaux de la flotte de l’Alliance.
Pour la Rébellion, la bataille était devenue le scénario catastrophe qu’aucun d’entre eux n’avait pensé possible. L’Étoile Noire était armée, toujours protégée par son bouclier, et la Flotte Impériale encerclaient les combattants, les empêchant de fuir avec facilité et sans crainte. Orn échangea un regard désespéré avec Twik. Il ne pouvait rien faire, tout comme les autres pilotes. Il était impuissant, et il lui semblait que, désormais, le seul objectif des Rebelles était de survivre. L’idée d’arracher la Galaxie aux mains de l’Empire était devenue comme un mirage, un rêve lointain qui se voulait inatteignable. Déjà les escadrons se mettaient en position de repli, tout en évitant les attaques répétées des vaisseaux Impériaux. Si l’équipe de Solo était toujours en vie, alors il fallait qu’elle désactive le bouclier de l’Étoile immédiatement. Sinon, la flotte Rebelle n’avait d’autre choix que de sonner la retraite. Seulement, Orn, comme tous ses camarades, ne voulait pas abandonner, voulait encore croire à la victoire, aussi impensable fit-elle. Car ils avaient ici la seule et unique occasion d’empêcher la Station Orbitale de suivre le sombre et sinistre chemin de sa prédécesseuse, et de mettre enfin un terme à l’Empire. Une telle occasion ne se représenterait pas. C’était, pour l’Alliance, maintenant ou jamais. Avec le bouclier de la Station toujours activé et protégeant fièrement ce qu’il contenait, il semblait que les Rebelles étaient impuissants. Si le chasseur voulait refuser la défaite, il n’avait pourtant pas le choix. La victoire se mettait de plus en plus hors de leur portée à chaque seconde qui passait. Cela, les hauts commanditaires Rebelles le savaient. Malgré leurs sentiments de rage, ils préféraient tous fuir et continuer le combat, plutôt que de rester, et de se laisser mourir avec lenteur et effroi.
"Ici Home One. Que tous les escadrons se préparent à se replier," lança l’Amiral Ackbar de sa voix nasillarde, le ton dénué de toute émotion.
"Nous n’aurons pas d’autre chance comme celle-ci, Amiral," contesta Lando, la voix serrée par le désespoir qui se faisait refouler.
"Nous n’avons pas le choix, Général Calrissian. Nos croiseurs ne peuvent pas faire face à une telle puissance de feu.
— Han va réussir, je le sais ! Nous devons lui laisser plus de temps."
Le silence accueillit la supplication cachée de Lando. Puis, finalement, un grésillement se fit entendre, avant de laisser sa place à la voix de l’Amiral Ackbar.
"Très bien… Dans dix minutes, si le bouclier n’est toujours pas désactivé, je sonne la retraite," finit-il par annoncer, cédant à la demande de Calrissian.
"Ici Gold Leader ! Pendant que Han s’occupe du bouclier, faisons regretter à ces Impériaux d’avoir croisé notre chemin !" lança Lando, avec le peu d’entrain qui lui restait.
Joignant le geste à la parole, le Faucon Millénium s’élança vers la Flotte Impériale immobile, abattant plusieurs vaisseaux blancs à son passage. Les escadrons suivirent les ordres et se lancèrent vers les immenses Destroyers, se préparant à une énième attaque. Orn évita de justesse un vaisseau Impérial, avant de signaler à Twik d’ouvrir le feu une fois assez proche d’un Destroyer. Le droïde s’exécuta sans un mot, prenant pour cible la tour de contrôle du navire géant, seul point faible que ce Goliath possédait. Les autres membres de l'Escadron Rogue l’imitèrent, et s’approchèrent à une vitesse dangereuse du Destroyer, visant sa tour de contrôle. Si quelques vaisseaux TIE Impériaux à leur poursuite s’écrasèrent contre les grands croiseurs environnants, deux pilotes Rebelles connurent le même sort, tandis que d’autres périrent sous les tirs ennemis. Néanmoins, les escadrons n’abandonnaient pas, et continuaient à prendre pour cible les Destroyers de l’Empire, tandis que les croiseurs de l’Alliance évitaient les attaques de l’Étoile Noire. Malheureusement, ces gros vaisseaux n’étaient pas assez rapides, et déjà trois autres furent abattu par le rayon vert mortel de la Station Orbitale. Le temps semblait cruellement lent et rapide à la fois, et Orn devait attaquer tout en se protégeant pendant plusieurs minutes intolérables et emplies de danger. Se battre comme cela, avec la rage du désespoir, dans une attente qui se faisait longue, commençait à perdre de son sens.
Les pilotes risquaient leur vie peut-être inutilement. Twik hésitait à faire part de ses doutes quant à la nécessité d’une telle attaque aussi dangereuse, quand, enfin, la tour du Destroyer se brisa, tombant lourdement sur le vaisseau qui la portait. Comme un seul homme, les pilotes s’écartèrent du navire immense, qui, illuminant les vaisseaux autour de lui, explosa avec difficulté. Le premier Destroyer venait de tomber. Cependant, les rires et les cris de joie des pilotes ne retentirent pas dans les communications. Ils avaient perdu plusieurs frères d’arme rien qu’en menant cette attaque, alors qu’ils étaient censés s’occuper de l’Étoile Noire. Ils étaient dans le flou total, continuant à se battre sans trop savoir pourquoi. Ils n’avaient aucune manière de savoir si le bouclier était abaissé ou non, puisque les Impériaux avaient tout fait pour brouiller les pistes. Twik cherchait inlassablement un moyen d’en avoir connaissance, ne prenant pas la peine de critiquer les trajectoires opposées et risquées que son co-pilote suivait. La colère le gagnant, le droïde dût se faire à l’évidence. Il n’avait aucune idée pour réparer ce problème, mais il avait besoin d’une solution immédiatement. Il soupira, n’écoutant que d’une oreille lorsqu’une voix féminine se fit entendre à travers la communication.
"À tous les pilotes, ici la Générale Nasha. Je -"
Une explosion se fit entendre derrière la voix de la jeune Twi’lek, tandis que le chasseur fronçait les sourcils à cette voix si familière et rassurante. Nasha était là. Certes, elle n’était pas avec eux dans le Vautour Couronné, mais c’était tout comme.
"Je viens, à la demande de l’Amiral Ackbar, de détourner le décryptage Impérial. Vous pouvez maintenant tous voir si le bouclier est activé ou non. Tenez bon… Nous avons presque réussi," reprit-elle avant de couper la communication, sans laisser le temps à son ami de lui parler.
Twik prit quelques secondes pour réaliser à qui appartenait la voix, puis se tourna vers son co-pilote, qui souriait. Les deux mercenaires n’avaient jamais imaginé que, dans une telle situation, leur amie réapparaisse pour les aider de justesse. Comme Orn l’avait soupçonné, Nasha était sur la lune d’Endor, et faisait partie de l’équipe de Solo. Ce n’était pas étonnant, puisqu’une telle mission demandait une connaissance accrue de la technologie. L’entendre était comme un baume au cœur, c’était la pièce manquante qui permettait au chasseur de retrouver tout son courage et son espoir.
Nasha était quelque part sur la grande lune verte et bleue, à tenter de désactiver le bouclier de la Station Orbitale. Pour Orn, si son amie participait à cette mission, il n’y avait que la réussite qui était possible. Les affrontements rudes et sans pitié de la flotte Rebelle reprenaient enfin une signification. Les pilotes devaient simplement attendre encore un peu, survivre quelques minutes de plus, pour enfin détruire l’Étoile Noire lorsque son bouclier ne serait plus. Les deux mercenaires du Vautour Couronné avaient une confiance sans faille envers leur amie à la peau violacée. Ils savaient qu’elle allait réussir. Avec cette nouvelle certitude qui était la bienvenue, le vaisseau noir et rouge s’élança de nouveau entre les navires Impériaux, suivi des autres pilotes, regalvanisés. Se battre en sachant que l’attente n’était pas inutile leur donnait une nouvelle force. Les escadrons se protégeaient les uns les autres, zigzagant entre les vaisseaux ennemis, et abattant ceux qui menaçaient leurs frères d’arme. Orn était toujours près du Général Ikar. Tous deux formaient un duo redoutable, qui ne reculait pas devant les manœuvres dangereuses.
Le Faucon Millénium était tout aussi déterminé, sinon plus. Le vaisseau le plus rapide de la Galaxie semblait s'amuser à s’approcher trop près des Destroyers avant de virer à droite ou à gauche, laissant les Impériaux le poursuivant s’écraser contre les immenses vaisseaux gris. De temps à autre, la terreur reprenait le dessus chez les Rebelles, lorsqu’un rayon vert illuminait les deux flottes ennemies pour aller se projeter avec force contre un croiseur de l’Alliance. Trois grands vaisseaux avaient déjà été perdus par la faute de l’Étoile Noire, dont la précision était redoutable. Mais avec les informations et les instructions apportées par Nasha, impossible pour l’Amiral Ackbar de sonner la retraite. Comme l’avait dit Lando, les Rebelles n’auraient pas d’autre chance comme celle-ci devant eux, et sur la lune d’Endor, l’équipe de Solo était toujours en vie et œuvrait pour désactiver le bouclier. Ce n’était plus qu’une question de temps. Il fallait simplement tenir le coup pendant quelques minutes encore.
Un bip se fit entendre sur le radar de Nasha. L’équipe du contrebandier avait réussi.
"Ici Gold Leader ! Le bouclier vient d’être désactivé ! Tous les escadrons, avec moi. Il est temps de faire exploser cette Station," cria Lando dans le communicateur.
Comme un seul homme, tous les pilotes cessèrent de poursuivre les Impériaux ou de tenter de détruire les Destroyers. Ils firent tous demi-tour avec une vitesse folle, suivant le Faucon Millénium avec une concentration exemplaire. Rapides comme ils étaient, les Impériaux n’étaient plus sur leurs talons, et une distance se creusa entre les escadrons Rebelles et la Flotte Impériale. Twik gardait un œil attentif sur le radar, prêt à prévenir son co-pilote d’un éventuel danger. De toutes manières, ce dernier ne se faisait pas d’illusion. Les vaisseaux TIE de l’Empire ne tarderaient pas à les rattraper, il le savait. Tous les pilotes s’élançaient vers la grande Station Orbitale, qui se faisait de plus en plus grande à chaque seconde. Ils rasèrent la surface grise et encore en cours de construction de l’Étoile, cherchant le tunnel menant au réacteur principal.
Pour le chasseur, c’était comme s’il se retrouvait des années en arrière, sur un module de course à Tatooine. Ses vieux réflexes reprirent le contrôle, et il naviguait avec agilité entre les différentes tourelles de la Station. Devant lui, le Faucon Millénium et le Général Ikar faisaient preuve d’une maîtrise inégalée, et ne diminuaient pas leur vitesse. Derrière le Vautour, cependant, certains pilotes avaient du mal à maintenir la vitesse élevée tout en évitant les nombreux obstacles mortels. Tous se faisaient violence, et continuaient à persévérer, suivant le vaisseau du Gold Leader en silence. Quelques ailiers utilisaient leurs communications pour prévenir leur coéquipier d’un danger à contourner, et la cohésion entre les escadrons leur permirent d’atteindre le tunnel sans aucune perte ni aucun accroc. L’un après l’autre, les pilotes s’engagèrent dans le tunnel qui débouchait sur le réacteur. En même temps, tout un escadron de vaisseaux Impériaux arriva avec une rapidité effrayante, dans un bruit assourdissant. Déjà ils abattirent deux pilotes Rebelles, mais Orn s’engagea dans le tunnel et ne pouvait plus voir si l’un des leurs était touché. S’il ne le voyait plus, il l’entendait à travers ses communications, et trois autres pilotes annoncèrent être touchés avant même de s’être engouffrés dans le long tunnel. Le chasseur se retrouva plongé dans l’obscurité, entouré de murs étroits et grisâtres.
Les seules lumières qui éclairaient le chemin étaient celles des moteurs des vaisseaux Rebelles, qui ne pouvaient pas faire demi-tour ni se cacher. Ils n’étaient plus qu’une vingtaine à avoir survécu à la longue attente, et malgré leurs efforts, les Impériaux étaient toujours aussi nombreux. Contre les murs retentissaient le bruit particulier des vaisseaux de la Flotte de l’Empire. Les dix Rebelles engagés dans le tunnel métallique savaient que, derrière eux, se trouvaient au moins six ennemis, qui se rapprochaient dangereusement. Ils ne pouvaient pas accélérer, car déjà les murs se rapprochaient et rendaient la manœuvre presque mortelle. Si un vaisseau Impérial s’écrasa contre un de ces murs, un autre réussit à abattre Sienna. La Rebelle força son engin à s’arrêter brutalement, et, comme elle l’avait prévu, un Impérial, qui n’avait pas eu le temps de ralentir, fonça dans son vaisseau. Une explosion s’ensuivit, mais Orn traversa le nuage de fumée, ignorant la tristesse qui le menaçait.
L’assaut continuait malgré la mort de Sienna, et les quatre Impériaux restant demeuraient derrière les Rebelles. Les pilotes n’avaient aucun moyen de les semer, et leurs tirs se rapprochaient dangereusement du Vautour. En évitant une attaque, Orn s’approcha trop près du mur à sa droite, et une secousse violente s’empara du Vautour. Twik lâcha un petit cri de surprise, avant de regarder avec fureur son ami.
"Notre canon droit est endommagé !
— Alors utilise le canon gauche !" rétorqua le chasseur, dont le cœur battait la chamade.
Si Twik s’apprêtait à répondre, Orn ne le sut pas, car la voix de Lando sortit du communicateur.
"Il faut se séparer ! Rogue Leader, Rogue Deux, avec moi ! Les autres, prenez le tunnel droit !" ordonna-t-il.
Les pilotes s’exécutèrent. Alors que le tunnel se sépara en deux voies, le Faucon Millénium vira à gauche, suivi par Ikar et le chasseur. À côté d’eux, les autres pilotes s’engagèrent à droite, amenant avec eux deux Impériaux. Les deux autres suivirent donc le Faucon Millénium, tirant frénétiquement sur les trois pilotes Rebelles. Éviter les tirs tout en évitant les murs était devenu presque impossible, mais Orn savait qu’ils s’approchaient du réacteur principal. Ils devaient réussir. Accélérant davantage, le chasseur se retrouva devant Ikar, qui déclara vouloir assurer leurs arrières. Après un énième virage, cependant, le radar de Nasha se mit à bipper frénétiquement. Un tir ennemi allait bientôt atteindre le Vautour pour l’abattre.
"Je vais être descendu !" lança Orn dans son communicateur, la voix serrée par la panique.
"Ne fais rien, je m’en occupe !" répondit Ikar.
Joignant le geste à la parole, le Général accéléra d’un coup, avant de s’interposer entre le tir ennemi et le Vautour. Orn manqua d’hurler en voyant une nouvelle fois un Rebelle se sacrifier pour lui. Il se força à garder les yeux fixés sur sa trajectoire, chassant les larmes qui bordaient ses yeux en clignant frénétiquement. Il ne regarda pas le vaisseau du Général Ikar s’écraser contre le mur gauche, tout en abattant un des Impériaux, l’entraînant dans sa chute. Aucun des deux pilotes restants ne purent prendre le temps de se remettre de cette perte soudaine, car déjà un autre virage se présentait devant eux. Maîtrisant leurs vaisseaux avec difficulté, Lando et Orn continuèrent son chemin, lorsqu'un tir soudain atteignit le Vautour. Le vaisseau vacilla avant de se remettre de l’attaque, continuant comme si le tir n’avait rien fait.
"Parle-moi, Twik.
— Le… Notre accélérateur est H.S. ! Tu peux maintenir cette vitesse, mais tu ne dois absolument pas freiner, sinon…
— On est coincé dans l’Étoile Noire," compléta sombrement Orn.
Suivant toujours le Faucon, le chasseur s’inquiétait du dernier pilote Impérial derrière eux. Ils n’étaient plus que deux Rebelles à pouvoir atteindre et détruire le réacteur principal. Si l’un des deux était abattu, il n’y aurait plus personne pour protéger celui qui survivrait de la menace derrière. Pour Orn, il n’y avait plus qu’une seule solution. Il fallait abattre le vaisseau Impérial avant qu’il ne tue soit Lando, soit lui. Seulement, Lando avait le vaisseau le plus rapide de la Galaxie, et était un pilote exceptionnel, qui n’avait pour le moment eu aucun accroc, contrairement à Orn et aux autres pilotes Rebelles. Le chasseur savait donc ce qu’il lui restait à faire.
"Twik, je suis désolé, mais je crois que ça va être notre dernier vol," souffla-t-il.
Son co-pilote hocha la tête, comprenant ce que son ami avait comme plan.
"Il faut bien une fin digne de ce nom pour mon vaisseau," répondit-il, arrachant un faible sourire au Twi’lek.
Ce dernier se prépara à réaliser sa manœuvre, quand, d’un coup, le tunnel s’agrandit et s’illumina. Ils venaient d’arriver dans une sorte de grande salle circulaire, où, au beau milieu, se trouvait le réacteur. Rond et immense, il était relié à un deux murs, en haut et en bas. D’un gris clair, il semblait être fait d’argent. Orn ne prit pas le temps d’admirer cette machinerie magnifique et avancée. Il savait, grâce au radar, que le vaisseau Impérial s’approchait dangereusement du Faucon Millénium. Il lâcha un soupir, avant de freiner brutalement.
"Orn, qu’est-ce que tu fais ?! Ton accélérateur ne fonctionne plus, tu ne vas pas pouvoir survivre à l’explosion si tu ralentis !" hurla Lando à travers le communicateur, sa voix percée par l’incompréhension et la panique.
Le concerné ne prit pas la peine de répondre à Calrissian, qui ne lui apprenait rien. Il continua à freiner, jusqu’à ce qu’il se retrouve derrière le dernier vaisseau Impérial. D’un tir expert, il abattit le pilote de l’Empire, tandis que Lando tirait frénétiquement sur le réacteur, comprenant que le chasseur venait de lui sauver la vie. Orn échangea un sourire avec Twik, avant de lui murmurer un remerciement.
Devant lui, le réacteur commença à tomber avant de s'effondrer sur le mur en dessous, provoquant une immense explosion. Tenter de partir de la salle du réacteur ne servait à rien, le Twi’lek le savait. Il avait perdu de vue le Faucon Millénium, mais il avait la certitude que Lando était déjà en sécurité. Rapidement, le Vautour fut secoué de toute part, et bientôt, se retrouva entouré par la fumée et les flammes de la violente explosion. Orn ferma les yeux, tout en laissant un sourire satisfait éclaircir son visage. Ses pensées dérivèrent vers Boba Fett. Il ne le reverrait pas, il le savait. Jamais il ne pourrait dire à son Mandalorien qu’il lui avait pardonné, qu’il l’aimait et aurait voulu mourir à ses côtés. Le chasseur savait pourtant que son compagnon serait fier de lui, et trouverait un réconfort dans la certitude que son sacrifice n’était pas inutile, bien au contraire. Il rouvrit les yeux. Penser à Fett ne lui apportait qu’un seul réconfort : celui de savoir que son compagnon lui avait survécu. La dernière chose qu’il vit était le rouge du cœur de l’explosion puis le noir de ses paupières, tandis qu’il sentit sa conscience s’éteindre doucement, dans le tumulte qui agitait le Vautour Couronné.