Chapitre 41 : Loreleï – Ponte

Loreleï pria pour que cette virée sur Terre ne signifie pas la perte du père. Alors que la navette touchait le sol, elle se sentit stupide. Elle avait vécu plusieurs années sur le sol terrestre sans jamais avoir peur. Anonyme, elle n’avait jamais craint les chasseurs de Vampires. Même s’ils la trouvaient, un simple charme suffirait à les éloigner.

Loreleï observa Chris qui posait le pied sur l’herbe, en conquérant sûr de lui. Elle le trouva rayonnant, plein de charisme et pulsant de puissance. Il se trouvait chez lui, régnant en maître absolu. Loreleï frémit. Ne risquait-il pas de sombrer par excès de confiance ?

C’était son rôle à elle, et celle de ses sœurs, de le protéger, de l’entourer, de le conseiller comme Malika le faisait. Loreleï reprit confiance. Il lui avait menti certes. Il lui avait caché une compétence et cela aurait pu lui être fatal. Il en avait le droit. Il commandait. Ses choix ne regardaient que lui. Elle n’avait pas à juger. C’était à elle de suivre et de s’adapter, pas l’inverse. Elle le rejoignit.

- Pardonne-moi, murmura-t-elle.

- Je ne t’en veux pas, assura-t-il. Je comprends. Tu es de retour, Loreleï ?

- Oui, père, répondit-elle en souriant.

- Tu m’en vois ravi. Malheureusement, je n’ai pas le temps de te faire réciter trente fois « L’adoration au père ».

Loreleï rit.

- Ça sera pour plus tard, conclut-il.

- Oui, père, sourit-elle.

- Montre-nous comment tu fais pour pondre des milliers de bébés.

- Oui, père.

Les installations n’avaient pas servi depuis trois ans. Loreleï n’avait pas pris le temps de les nettoyer si bien qu’elles dégageaient une ignoble odeur de putréfaction. Les équipes, efficaces, remirent tout en état en un rien de temps.

- Nous sommes capables d’utiliser ces machines mais n’en comprenons pas le but, indiqua un laborantin.

- Baptiste me manque, soupira Chris.

Le Vampire se crispa. Il venait de se prendre une gifle virtuelle. Il ne s’opposa cependant pas au roi.

- Pouvez-vous transporter le tout au palais sans rien casser ? demanda Chris.

Le laborantin observa l’ensemble, échangea un peu avec ses collègues puis hocha la tête.

- Faites, ordonna Chris.

Loreleï eut le temps de réciter deux fois « L’adoration au père » avant de retrouver la pouponnière où, exceptionnellement, les quatre laborantins avaient reçu l’autorisation d’entrer.

- Plus besoin de voir tes filles ? demanda Chris.

- Elles me manquent atrocement, indiqua Loreleï. Je les sais entre de bonnes mains. Ça va mieux.

- J’en suis heureux, sourit Chris.

Son aura s’éclaircit vivement. Loreleï en fut transportée de joie. Son bien-être lui importait réellement.

- Explique-leur, ordonna-t-il en désignant les laborantins.

- Le tube reçoit les œufs puis l’IA prend le relai pour gérer les paramètres : température, courant, oxygène, nutriments…

- Les œufs de quoi ? demanda l’un des quatre désignés.

- Un dessin valant mieux qu’un long discours, puis-je, père ? Tu pourras les ensemencer si tu veux.

- Tu me proposes de baiser ? s’étonna Chris.

- Non, répondit Loreleï en grimaçant. Tu n’auras même pas besoin de me toucher.

- Zut, répondit Chris.

Comme Loreleï baissait le regard, Chris tiqua.

- Je m’attendais à ce que ma remarque te fasse rire. Je suis navré de t’avoir blessé. Ce n’était pas mon but.

Loreleï serra la mâchoire. Elle aurait dû en rire. Le père ne la toucherait jamais. Il respectait son choix. Pourtant, le viol de Caly restait présent. Il la hantait, comme si la main de l’ange marin forçait encore son chemin de vie.

Elle retira sa culotte sans retirer la robe, se cachant du regard de Chris qui fronça les sourcils. Elle ne se cachait pas avant. Elle avait confiance en lui. Ses regards traînants ne la dérangeaient pas. Aujourd’hui, elle ne voulait pas.

Chris ne dit rien mais son regard concerné le faisait pour lui. Loreleï grimpa agilement sur le cylindre, l’ouvrit par le dessus et se glissa dans la trappe, se retrouvant baignée dans le liquide chaud. Elle se concentra, modifiant ses organes internes, altérant légèrement son code génétique, juste assez pour que le miracle soit possible. Il s’agissait d’une mécanique précise que le moindre grain de sable anéantissait.

Sa vulve s’écarta pour laisser passer les sphères molles aussi grosses qu’un poing, accouchement sans douleur mais prenant un temps infini. Loreleï devait se concentrer énormément pour y parvenir. Finalement, la prêtresse du mal se hissa en dehors en prenant grand soin de ne pas égratigner ses merveilles.

Elle se retrouva tremper mais s’en fichait. Elle ne craignait pas le froid. Il allait juste falloir nettoyer mais ce n’était pas bien grave. Elle se tourna vers le roi.

- À ton tour, père. Il faut les ensemencer.

Chris se tourna vers elle.

- Je suppose que je ne peux pas te demander de m’aider ? proposa-t-il en sortant son sexe mou.

Elle n’ignorait pas qu’il pouvait bander et éjaculer à volonté. Elle secoua négativement la tête en souriant. Une bite, elle pouvait en rire. Le roi la fixa longuement, tentant probablement de comprendre. Elle ne voulait pas qu’il lui pose la question, pas devant les laborantins. Elle lui en parlerait, après, plus tard, en privé.

- Moi, je veux bien vous prêter main forte, Majesté, dit un laborantin, rompant l’échange lourd entre le père et la fille.

- Si elle pouvait être douce, je préférerais autant, répliqua Chris.

- Vous savez combien je peux l’être, insista le laborantin.

Chris rit. Loreleï observa le Vampire qui embrassa le roi à pleine bouche tout en lui caressant le sexe avec langueur.

- Quitte à se reproduire, autant y prendre du plaisir, non ? dit Chris à Loreleï qui fixait la scène d’un air intéressé.

La prêtresse du mal dut admettre que le laborantin réalisait une fellation de toute beauté.

- Arrête, dit Chris au bout d’un moment.

Le Vampire se recula en boudant.

- Il faut que j’éjacule dans ce truc, gronda Chris en retour.

Le laborantin haussa les épaules alors que Chris montait souplement sur la cuve.

- Je dois faire quelque chose de particulier ? demanda Chris.

- Des filles pour maximiser les chances mais bon, je n’ai pondu qu’une centaine d’œufs. La probabilité promet qu’aucune ne brillera.

Il hocha la tête puis se déversa dans la cuve en longs jets blancs. Il rengaina son sexe et descendit souplement.

- Qui a ensemencé tes précédents œufs ?

- Moi, répondit Loreleï. Altérer mon code génétique pour créer des gamètes mâles n’est pas très compliqué. En revanche, choisir uniquement des filles demande une certaine maîtrise.

- Je ne te contredirai pas sur ce point, répondit Chris en souriant. Soumaya, Fary et Amya sont donc tes filles, entièrement. Elles n’ont pas de père et tu es toujours vierge.

Loreleï frémit et un liquide glacé parcourut sa colonne vertébrale.

- Je suis la mère et le père de mes trois filles, confirma Loreleï, ignorant volontairement la deuxième assertion.

Chris ne raterait probablement pas l’élision. Les laborantins non plus. Loreleï s’en fichait. Qu’ils la prennent pour une salope s’ils voulaient. Ça ne la dérangeait pas.

Chris hocha la tête. La situation semblait lui convenir.

- J’aurais dû t’appeler Marie, murmura Chris et tout le monde dans la salle rit.

Un fois le calme revenu, Loreleï manipula les machines sous le regard attentif des laborantins, le suceur du roi s’étant relevé pour redevenir très professionnel.

- Combien de temps ? demanda Chris.

- Avant quoi ? Qu’un des œufs ne se transforme en un bébé criard ? Un an.

- Avant de savoir si une étoile va briller, précisa Chris.

- Un ou deux jours, indiqua Loreleï.

- Je vais rester là en ce cas, indiqua Chris avant de se figer.

Elle pouvait percevoir les ondes qu’il émettait pour communiquer mais ne les comprenait pas. Elle resta connectée avec le présent, expliquant aux laborantins le fonctionnement exact des machines, la raison d’être des paramètres. Elle leur relata l’intégralité de ses expériences. Ils furent très attentifs et requirent beaucoup de détails. Loreleï les leur donna volontiers.

Vingt-sept heures après la ponte, Loreleï sortit un œuf de la cuve. Chris s’anima pour le regarder.

- Celle-ci a pris. Le fœtus est formé et bouge. Tu vois ?

Chris acquiesça. Loreleï plaça l’œuf dans sa bouche et le mâcha avant de l’avaler.

- Quoi ? dit-elle sous le regard pénétrant de Chris. Elle ne brillait pas ! Et c’est super bon !

Il rit.

- C’est vrai ? demanda-t-il.

Le suivant fut pour lui. Les quatre laborantins purent goûter eux-aussi ces œufs mous au goût de bœuf. Finalement, aucune étoile ne brilla. Les œufs rassasièrent agréablement les six témoins de cette première expérimentation au palais.

Chris appela Malika. Elle rejoignit la pièce. Loreleï lui expliqua ce qu’elle devait faire tandis que les laborantins nettoyaient la cuve et la rendaient disponible pour une nouvelle utilisation.

Malika se montra perplexe. Ses premières tentatives furent des échecs. Loreleï répétait ses indications, guidait Malika avec précision mais la mère éternelle échouait.

- On croirait que Baptiste est de retour, murmura un laborantin mais forcément, tous les Vampires de la pièce entendirent.

Loreleï ne se laissa pas déconcentrer par cette remarque. Elle pondit elle-même quelques œufs. Chris les féconda, permettant à Malika, le lendemain, de les déguster. Les manger ne l’aida pas à y arriver.

- C’est peut-être parce qu’elle est enceinte, proposa Loreleï.

- Je contrôle très bien mon corps. Mon bébé ne me pose aucune barrière, répliqua Malika.

Loreleï l’ignora.

- Ils n’ont pas le même goût que les tiens, dit Steve, le suceur dont Loreleï connaissait maintenant le nom.

- Ils sont moins salés, annonça Loreleï qui venait de comparer dans sa mémoire parfaite. Malika, tu dois saler le liquide contenu dans les œufs.

- Baptiste, sors de ce corps, lança Steve.

Loreleï lui lança un regard narquois.

- Lui aussi n’utilisait aucun instrument de mesure, seulement ses propres sens, s’expliqua Steve.

Loreleï choisit d’ignorer le laborantin pour redonner son attention à Malika.

- Pas trop non plus, seulement deux pourcents.

Malika acquiesça puis se concentra et pondit un œuf unique.

- Il a l’air très bien, annonça Loreleï en l’observant. On va essayer comme ça.

Malika pondit un millier d’œufs avant de sortir gracieusement de la cuve. Elle se dirigea droit sur Chris et Loreleï choisit de se retourner pour laisser un peu d’intimité aux deux amants que l’idée de baiser en public ne semblait pas déranger pour un sou. L’étreinte se termina sur la cuve. Malika écartant les cuisses au dessus de la trappe permit à Chris de se dégager à l’instant fatidique pour se déverser dans le liquide orangé transparent. Le jet blanchâtre disparut rapidement mais les deux amants n’en avaient pas fini et ils poursuivirent.

Loreleï les ignora pour se concentrer sur les écrans. Les laborantins lui envoyaient des sourires moqueurs.

- Quoi ? gronda Loreleï.

- Baptiste, répondit Steve en souriant. Lui aussi n’était pas très à l’aise avec le sexe.

- Je suis parfaitement à l’aise ! grogna Loreleï.

Les laborantins ricanèrent.

- Je vous rappelle que ce sont mes parents qui jouissent sur un matériel de très haute précision ! s’énerva Loreleï.

- Nous nous éloignons, lança Chris avant de disparaître avec Malika.

- Enfin ! On va pouvoir bosser ! se satisfit Loreleï.

- Baptiste, murmura Steve en riant avant de redevenir sérieux sous le regard noir de Loreleï.

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