Chapitre 42 : Loreleï – Confiance

- Oh putain ! dit Loreleï en regardant la cuve.

- Quoi ? demanda Steve.

- Merde ! Il va falloir en créer d’autres… beaucoup d’autres ! s’exclama Loreleï.

- D’autres quoi ? interrogea Steve qui observait les œufs sans comprendre pourquoi Loreleï tremblait de partout.

- Ils brillent… tous !

- Comment ça ?

- Un millier de prêtresses du bien vont se développer ! Ce cylindre ne peut en mener à terme que trois ou quatre, grand maximum ! Bougez-vous ! Elles ne survivront pas longtemps dans cet état !

- Nous ne pouvons pas y parvenir à quatre. Il faut…

- Je vais vous aider, annonça Loreleï. Chris ne veut pas que d’autres Vampires soient impliqués. Il va falloir qu’on fasse ça à cinq. Maintenant !

Le hurlement fit sursauter les quatre laborantins. Loreleï fut impitoyable. Il était hors de question de perdre ne serait-ce qu’un seul œuf. Chris était passé. Silencieux, il avait observé l’animation en souriant. Malika caressait les cuves avec un bonheur total.

- Voilà qui va me permettre de réaliser enfin un choix, annonça Chris lorsque tous les œufs eurent enfin l’espace nécessaire à leur croissance. Avec une telle manne, je vais pouvoir trier le bon grain de l’ivraie et ne conserver que les prêtresses du mal correspondant à mes critères.

Malika s’était inclinée. L’idée que Chris puisse tuer ses filles lui avait visiblement vrillé les entrailles. Pourtant, elle ne se rebella ni d’un mot, ni d’un geste. Loreleï rayonnait. Elle pourrait enfin vivre avec ses sœurs. De quoi la ravir.

- Avez-vous besoin de Loreleï pour surveiller l’évolution des petites ? demanda Chris aux laborantins.

- Nous préférerions qu’elle reste avec nous, admit Steve.

- Pouvez-vous vous en passer deux ou trois jours ? insista Chris.

Ils échangèrent rapidement avant d’acquiescer. Ils n’étaient pas sereins mais acceptèrent cette concession. Loreleï suivit le père le long de plusieurs couloirs de la pouponnière.

- Tu vas m’amener à Caly, annonça Chris.

Loreleï arrêta de marcher et se crispa. Chris cessa d’avancer et se tourna vers elle. Son regard indiquait sans nul doute que cet ordre n’admettait aucun refus.

- Tu vas m’accompagner, précisa-t-il en lui prenant tendrement les mains, ainsi que tous les Vampires qui se porteront volontaires.

- Caly et ses petits ne survivent qu’en tuant des Vampires et en s’en nourrissant. Aucun de nous ne fera le poids.

- Je ne cherche pas la guerre, rappela Chris. Je veux juste parler mais je n’irai pas la voir sans protection. Malika ne peut pas venir. Le risque qu’elle perde son bébé est trop grand et je ne veux pas risquer de perdre une perle.

Loreleï sourit. Elles auraient toutes leurs chances. À elles de faire leur preuve.

- Anaïs, Emelyne, Shaël et Sarah viendront. En elles, j’ai toute confiance, poursuivit Chris avant de lui désigner une porte.

- Qu’y a-t-il derrière cette porte ? demanda Loreleï.

- Ta dernière épreuve. Survis, Loreleï.

La prêtresse du mal observa la lourde protection en acier. Nul doute que la casser, même pour un Vampire, serait impossible.

- Mes conseils : la méditation aide et fais-toi confiance.

D’un geste, il l’encouragea à avancer. La porte s’ouvrit toute seule devant Loreleï, pour ne dévoiler que l’obscurité la plus profonde. Même des yeux de Vampires ne voyaient rien.

Loreleï entra et le néant l’entoura, un vide complet total, un silence glaçant. Elle se sut seule puis un chuintement léger se fit entendre.

Elle reconnut ce son : le sang d’un Vampire glissant dans ses veines, la légère – presque inaudible – pulsation des vaisseaux sanguins, celle-là même que Caly avait utilisé pour la trouver sur la plage. Le souvenir de la reine sirène la glaça mais elle le repoussa pour revenir au présent.

Loreleï se concentra pour dénombrer quatre chuintements. Les Vampires s’approchaient d’elle. Loreleï se tourna vers la plus proche. Elle activa un sonar mais il ne révéla que le vide. Décontenancée, Loreleï fronça les sourcils.

Son adversaire profita de sa surprise pour attaquer. Les dents du prédateur s’enfichèrent dans son poignet et lui retira son énergie vitale. Des sirènes ? s’étrangla Loreleï en pensées.

Elle agit comme dans l’eau, délaissant son bras au niveau du coude puis évita l’attaque de l’adversaire dans son dos. Un grognement, suivi d’un petit rire, annonça que ses attaquants appréciaient ce moment. Pourquoi Chris l’avait-elle envoyée à la mort ? Elle était censée survivre ? Comment ?

En attaquant, pensa-t-elle. Elle ne devait pas être une proie. Le père lui donnait la possibilité de prouver sa valeur, de dépasser sa peur. Elle comptait bien lui en mettre plein la vue.

Elle baissa la tête pour imiter une position soumise de défense, évita aisément l’attaque venue de la gauche pour immédiatement envoyer son bras vers le cœur de son adversaire de droite. Elle n’eut pas la possibilité de l’atteindre car celui devant elle avait réagi très vite, lui attrapant le poignet.

L’adversaire visé cria de frayeur puis soupira d’aise en constatant que le geste avait été dévié par son compagnon. Loreleï comprit que ceux-là travaillaient de concert, ensemble, en une cohésion parfaite. Dans l’eau, les sirènes n’avaient été qu’un amas grouillant peu coordonné. Elle n’aurait pas les même chances ici. Si dans l’océan, elle avait choisi la fuite, ici, cette option n’était pas disponible.

Loreleï tenta tout de même de s’échapper. Une paire de dents s’enficha dans son bras. Loreleï s’en départit. La suivante fut pour son flan. Elle l’arracha en hurlant de douleur tandis qu’une autre plongea dans sa gorge. Loreleï s’en figea de stupeur. Le geste revêtait une connotation particulière. C’était la marque des Vampires.

Loreleï tomba à genoux, sanglotant tandis que son énergie vitale diminuait rapidement. Les trois autres adversaires ne la mordirent pas, laissant la scène se dérouler, offrant la proie à leur compagnon intrépide.

« Survis », avait-il ordonné avant de lui préciser que la méditation aidait. Loreleï, malgré l’horreur du moment, plongea au plus profond d’un espace de bien-être et de détente si souvent travaillé avec Sarah.

Elle crut sentir une sorte d’assentiment chez ses adversaires, comme s’ils approuvaient sa décision. Loreleï s’en trouva déboussolée. Son corps au bord de la rupture demanda une modification. Pas une mise en hibernation qu’elle savait être synonyme de mort vu la situation. Non ! Une modification corporelle. En méditation, Loreleï n’eut d’autre choix que de subir et le changement se fit.

- Arrête ! ordonna une voix et les dents se retirèrent de la gorge offerte.

Loreleï se jeta sur son agresseur mais les trois autres la retinrent sans effort.

- Loreleï ! Stop ! C’est bon ! Tu as réussi l’épreuve.

La lumière se fit pour dévoiler Anaïs, Emelyne, Shaël et Sarah, cette dernière venant de prononcer ces mots. Loreleï regarda ses sœurs qui l’aidaient à se remettre debout. Elles venaient de l’attaquer ? De boire son sang ? Pourquoi ? Elle se sentit trahie avant de se souvenir que Chris l’avait amenée ici. Cet acte était de son fait. Ses sœurs n’avaient fait qu’obéir. Pourquoi le père avait-il voulu qu’elle subisse une torture aussi ignoble ?

- Rends-lui ce que tu lui as pris, ordonna Sarah à Emelyne.

La prêtresse du mal tendit son bras devant le visage de Loreleï en soupirant.

- Je ne comprends pas, admit Loreleï.

- Tu vas mourir si tu ne te dépêches pas, fit remarquer Sarah. Mords-la et bois son sang. Reprends ton bien.

La mordre ? Comment ça ? De quoi parlait-elle ? Loreleï regarda Sarah qui lui envoya un clin d’œil. C’était ça, la modification que son corps avait faite ? Elle pouvait maintenant boire le sang d’un Vampire et s’en nourrir ? Chris avait fait en sorte de lui offrir le pouvoir de devenir un super prédateur. Il venait de lui prouver sa confiance totale.

- Je ne veux pas te faire de mal, assura Loreleï à Emelyne.

- Mords-la, ordonna Chris en apparaissant devant elle.

Loreleï obéit. Le sang ne monta pas dans les sinus comme d’habitude mais rejoignit directement son cœur et tout son corps ronronna de bonheur. L’énergie qui affluait l’emplissait de bonheur, un nectar divin à l’état pur.

- Stop, ordonna Chris.

Loreleï retira ses dents. Obéir au père était facile, même si sa volonté s’opposait au plus bas instincts de la prêtresse du mal. Elle tomba à genoux devant Chris.

- Merci, père, dit-elle.

- De rien. Allons chercher le reste de mon escorte.

Loreleï se leva mais resta sur place, ne suivant pas Chris.

- Loreleï ! lança Chris, visiblement agacé.

- Aucun Vampire ne sera prêt à affronter Caly et ses petits.

- Ne sous-estime pas les avertis. Certains sont…

- Caly vit dans le fond de l’océan, à plus de dix kilomètres de profondeur, là où nulle lumière ne vient, où l’oxygène est rarissime, où la pression vous écrase.

Chris se figea. Visiblement, celle-là, il ne l’avait pas vue venir.

- J’ai l’habitude de ces conditions et malgré cela, j’ai failli mourir là-bas.

- Tu as survécu, rappela Chris.

- J’ai eu de la chance. Ils m’ont sous-estimée et Caly a mal dosé un geste. Ça s’est joué d’un cheveu. Les petits de Caly ne naissent pas humains. Ils ont d’ailleurs du mal à sortir sur la terre ferme. Ils sont nés dans l’eau. Ils ont vécu au fond de l’océan avant d’être transformés. Ce terrain est leur élément. Ils n’ont pas d’esprit de cohésion ou en tout cas ne l’ont pas utilisé contre moi. Ils jouaient à celui qui attraperait la vilaine espionne. Ils ne m’ont pas prise au sérieux. M’est avis qu’ils ne referont pas deux fois cette erreur.

Chris acquiesça.

- Elle te hait, insista Loreleï. Elle t’en veut de ton inaction, de n’avoir pas su protéger David.

Chris frémit.

- Comment le sais-tu ? demanda Sarah.

- Elle me l’a révélé. Elle me croyait à sa merci, précisa Loreleï avant de se tourner vers Chris. Même toi ne pourra rien contre des millions de sirènes Vampires entraînés à tuer dans ces conditions.

- Il ne faut pas la rencontrer dans son élément, proposa Shaël.

- Elle n’est pas stupide. Elle refusera de sortir pour parlementer, répliqua Loreleï.

- Raconte-nous tout en détails, ordonna Chris. Malika écoute aussi.

Loreleï narra ses recherches de Caly. Admettre sa phobie temporaire de l’eau la remplit de honte. Pouvoir annoncer qu’elle l’avait surpassée la combla de joie. Admettre qu’elle avait trouvé Caly par un hasard total ne fut pas facile.

Lorsqu’elle décrivit le calvaire des sœurs prisonnières, obligées de se statufier, violées sans répit, espionnes pour Caly, prévenant de la présence des prêtresses du mal en approche, attendant en vain la libération, elle ne reçut que bienveillance, compréhension et soutien. Chris lui offrit sa main en réconfort et Loreleï l’accepta volontiers.

Chris demanda à Loreleï de répéter le plus fidèlement possible l’intégralité des ondes perçues lors de sa mission. Il n’y mit aucun sens non plus. La quantité était insuffisante pour percer le mystère de cette langue sous-marine.

- Il faut lui proposer une rencontre dans un milieu liquide mais éloigné de sa forteresse ou de son nid, proposa Emelyne.

- Je doute qu’elle n’ait qu’un seul nid, la contra Loreleï. Je suis tombée sur l’un d’eux par hasard mais à sa place, j’en aurais des centaines !

Emelyne grimaça.

- Il va falloir repérer les lieux d’abord, poursuivit Shaël, s’assurer que ces eaux sont bien neutres. Il faudrait un endroit éloigné des humains afin qu’ils n’entrent pas dans l’équation.

- Pendant que je discuterai avec Caly entouré de vous quatre et de tous les Vampires qui se sentent à l’aise dans le milieu marin, Loreleï, tu te rendras dans la forteresse abyssale pour y libérer tes sœurs.

- Tu veux que… mais…

- De ce que tu as raconté, Caly est très en colère. Je doute qu’elle accepte de libérer des otages aussi facilement. Je prévois un échange explosif et peu constructif. Savoir tes sœurs prisonnières là-bas me ronge l’âme et le cœur. Il faut les libérer. Tu es la plus à même d’y arriver. Tu connais les lieux et tu ne fais qu’un avec l’eau.

- Je n’ai même pas réussi à m’approcher des murs la première fois. J’ai été repérée et mes sœurs me dénonceront au premier regard, rappela Loreleï, à qui l’idée d’y retourner nouait les entrailles.

- Ça m’arrache la gorge de dire ça alors écoute-moi bien.

Loreleï se crispa et donna toute son attention au père.

- Tu n’as pas à y aller toute nue non plus. Je te permets de te rendre aux laboratoires et d’y demander n’importe quoi. Je les ai prévenus. Ils devront se plier en quatre pour toi.

- Les laboratoires ? répéta Loreleï et un sourire commença à se peindre sur son visage.

- Nous nous comprenons, en conclut Chris. Je pense qu’il nous faudra deux jours pour réunir les Vampires et mettre au point notre plan d’action. Cette rencontre ne doit en aucun cas se terminer dans un bain de sang, ni d’un côté, ni de l’autre. Toi, Loreleï, en revanche, tu as le permis de tuer. Élimine toute sirène qui se trouvera sur ton chemin. Sauve tes sœurs, à n’importe quel prix ! Sauf Caly, évidemment. Elle, interdiction de la tuer. C’est ma sœur. Tu peux la blesser ou l’immobiliser, mais pas davantage.

Loreleï hocha la tête en serrant la mâchoire. Elle ne pensait pas survivre à une autre rencontre avec Caly. Elle espéra qu’un face à face ne se produirait pas.

- Va, dit-il.

Elle se retourna mais il l’interpella.

- Loreleï !

Elle se figea.

- Survis, ordonna-t-il.

Elle sourit avant de sortir de la pouponnière. Il était extrêmement rare qu’une prêtresse du mal se promène au palais, surtout seule. D’habitude, elles avaient une mission de protection ou de soutien. Loreleï se sentit libre mais surtout, aimée du père. Cette confiance la portait.

Elle marcha entre les arbres pour rejoindre le petit cabanon ne payant pas de mine au milieu de la forêt aérée. Elle poussa la porte en bois pour se retrouver dans une salle blanche. Une IA gérait les entrées et les sorties. Loreleï avança sans qu’aucune porte ne se ferme devant elle. Elle ressentit une immense puissance courir dans ses veines. Nul, à part Baptiste et Chris lui-même, n’avait jamais eu un tel pouvoir.

Tandis qu’elle marchait, elle visualisait ce dont elle avait besoin. Sa console personnelle lui permit de se repérer dans ce lieu nouveau pour rencontrer les groupes de travail dont elle avait besoin. Ils cessèrent tous leurs activités pour elle, écoutant avec attention ses besoins, la conseillant parfois, la contrant même pour des propositions constructives. Le court délai de deux jours imposa une énorme contrainte mais finalement, Loreleï fut prête dans les temps.

Chris passa la voir avant son départ. Après un rapide embrassade, Loreleï monta à bord de sa navette bourrée d’objets technologiques. Elle décolla et emmena le véhicule au dessus de l’Amazone. Elle descendit au dessus de la forêt puis glissa dans le grand fleuve.

Loreleï espérait que les sirènes, préférant les grands fonds, ne surveilleraient pas les fleuves. Elle suivit l’Amazone jusqu’à l’océan. La navette était censée être invisible. Elle absorbait les ondes. De fait, c’était dangereux car les animaux marins lui rentraient dedans sans la voir, pouvant la détériorer. La navette ajustait ainsi en permanence la trajectoire, rendant le pilotage compliqué. Heureusement, en profondeur, la vie se faisait rare et Loreleï put tenir les commandes sans que l’IA ne s’en mêle.

La pression extérieure monta mais la navette n’en avait cure. Loreleï observa l’horaire. Normalement, Chris venait d’arriver sur Terre et lançait son appel, sous l’eau, message répété à l’attention de Caly, invitation à discuter. Restait à savoir si la reine des abysses répondrait à l’appel. Si elle se trouvait dans la forteresse au moment où Loreleï s'en approchait, la prêtresse du mal échouerait. Elle ne pourrait pas immobiliser Caly sans la tuer. Or elle n’en avait pas le droit. Chris ne lui pardonnerait pas le meurtre de sa sœur.

Loreleï s’approcha tous moteurs éteints de la forteresse, frémissant à la vision de ses reflets rougeoyants. Elle n'avait aucune envie de s'approcher de cet endroit.

« Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. »

Loreleï respira profondément, enfouissant la peur. Elle devait sauver ses sœurs.

La navette s’ancra dans le sol puis un essaim de robots en forme de poisson sortirent de l’eau, imitant à la perfection un banc de donzelles. Le banc navigua un moment, envoya des données à Loreleï qui les enregistra.

D’autres robots sortirent, imitant d’autres formes de vie. L’un d’eux parvint à pénétrer dans la forteresse, lui indiquant les gardes, les couloirs, les escaliers. Pas un gramme d’air. Tout fonctionnait dans l’élément liquide. Caly n’avait pas reproduit l’Atlantide, ville sous-marine mais aérienne quand même. Non, sa forteresse vivait dans l’élément marin.

Les robots indiquaient des sirènes, beaucoup de sirènes, des centaines, estima Loreleï. L’endroit vivait comme n’importe quelle forteresse aérienne. Des gardes mais aussi des cuisiniers, des éleveurs, des agriculteurs ou des agents de nettoyage. De nombreux réparateurs s’activaient sur les murs pour combler les trous ou construire de nouvelles pièces. Des sirènes jouaient. « Peut-être s’entraînent-elles, se dit Loreleï. Après tout, les deux se ressemblent vu de loin. »

Des points verts apparurent sur la carte de la forteresse. Bien sûr, deux se trouvaient à l’entrée. Les autres se trouvaient placés stratégiquement. L’IA détermina la zone de vue des sœurs, laissant quelques rares passages possibles.

Bien sûr, Loreleï commencerait par les deux de l’entrée. Pour les autres, elle verrait ensuite.

Loreleï serra les poings. Seuls sept points verts apparurent à l’écran. Douze sœurs étaient parties. Loreleï espéra que les autres n’avaient tout simplement jamais trouvé Caly, qu’elles étaient sur Terre, à fouiller partout à la recherche de la sœur du père disparue.

« Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. »

Loreleï éloigna sa peine causée par l’idée de la perte de cinq de ses sœurs entre les mains de la sirène maléfique pour se recentrer sur le moment présent. Il s’agissait de ne pas flancher. La fenêtre d’entrée était courte. Chris ne pourrait pas retenir Caly très longtemps.

Elle envoya ses alliés dehors et ordonna la mise en place du filet de sécurité. Les robots filèrent vers les deux sirènes statufiées à l’entrée de la forteresse. Les machines nageantes ne ressemblaient pas du tout à des poissons si on les regardait sous la lumière du jour. Loreleï avait dû insister auprès des laborantins : leur apparence visuelle ne comptait pas. Dans les abysses, aucune lumière ne subsistait rendant inutile une telle considération. En revanche, les sonars rebondissant sur eux renvoyait l’écho d’un parfait poisson. Leurs mouvements comptaient bien davantage que leur apparence.

Les sirènes s’y trompèrent. Les deux sœurs aussi. Nul ne réagit. Les gardes ne s’attaquèrent pas aux poissons abyssaux. Comme Loreleï s’y attendait, ils ne se nourrissaient que des Vampires. Les otaries n’avaient pas plus peur d’eux que les autres créatures marines et pour cause : elles ne faisaient pas partie des proies de ces super prédateurs.

Loreleï, en revanche, en était. Sauf que maintenant armée de ses crocs, l’inverse se trouvait également vrai. Loreleï espéra en savoir assez. Elle se glissa dans l’eau avant de sortir. La pression à l’intérieur de la navette, insupportable pour n’importe quel être humain, empêchait l’eau d’entrer.

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