Chapitre 42.

Notes de l’auteur : Bonne lecture !

Chapitre 42

“Cet harpon servait à la chasse aux baleines avant qu’elle ne soit interdite… je ne sais pas quelles bêtes vous êtes après mais elle sera suffisante.

-Parfait, jugea Chad.”

Anak glissa un regard sur Valérian qui avait détourné le regard de honte et dont la mâchoire était férocement crispée. La mention du massacre dont la population de baleines avait souffert pour le commerce de leur graisse avait réveillé de vieux démons chez Valérian et Anak dut réfréner son envie de lui prendre la main pour lui témoigner son soutien. Les humains s’étaient rendus coupables de bons nombre d'atrocités à l’encontre du monde océanique et même si elle ne pensait pas que la haine puisse être la solution à quoique ce soit, elle pouvait comprendre celle que les sirènes nourrissaient pour son espèce. 

“On en voudrait deux des comme ça, plus des fusils mitrailleurs automatiques, déclara Chad sans ciller. 

-Aucun souci, je vous fournirai ça.”

Peu de législations encadraient le commerce des armes sur Tenochtitlan et il était presque aussi facile d’acheter un AK40 qu’un chausson aux pommes. Ce qui arrangeait bien leurs affaires présentes. Sans compter que les prix des armes étaient très abordables dans le monde aztèque. 

“Par contre, on veut les essayer avant, décréta Chad.

-Le contraire m’aurait étonné, répliqua le vendeur avant de leur indiquer, notre stand d’essai est derrière.”

OoOoOo

“On aura tout ce qu’il nous faut… même si j’ai hésité à prendre un lance-roquette pour couler le Kozak si jamais il revient à la charge, exposa Chad, mais Nanak m’a fait une scène donc, je l’ai pas pris…

-C’est plus trop de la légitime défense avec un lance-roquette ! argumenta la concernée.

-Certes, mais ils l’auraient pas volé !

-Je pense qu’Anak a raison…, intervint Apollo, ce serait bien trop risqué…”

Chad leva les yeux au plafond du bar-dansant où ils avaient élu domicile pour la soirée. Les autres devaient les rejoindre prochainement mais Apollo avait été le plus rapide. Ce qui n’étonnait nullement Anak. L’ancien militaire bantou ne voudrait jamais perdre ne serait-ce qu’une minute en la douce compagnie de Chad. 

“Bon, de toute façon, demain, on va tous s’entrainer au tir, annonça Chad, parce que lance-roquette ou pas, si ces bâtards reviennent, faudra les mater d’une manière ou d’une autre !

-On sera prêts, mon amour, confirma Apollo avant de proposer, mais si on allait danser ?

-Hm…”

Et suite à ce marmonnement approbateur, Chad se leva de table, tout en déposant une main protectrice sur l’une des blessures qui continuait à lui faire mal, pour accompagner son petit-ami non sans lancer un coup d'œil à sa meilleure amie. 

“Tu viens, Nanak ?”

A l’offre, ses yeux se tournèrent discrètement vers Valérian qui écrasait pensivement le sucre au fond de son cocktail. En ordre général, elle ne refusait jamais la possibilité de danser qui comptait parmi ses activités préférées mais elle n’aimait pas l’idée de le laisser seul à table. A fortiori quand il était clairement touché par une humeur maussade. 

“Je viendrai à la prochaine, répondit-elle, je n’aime pas trop la musique qui passe.

-C’est ça, grommela Chad dans sa barbe, prends-moi pour un con…”

Anak feignit une heureuse surdité tandis qu’Apollo guidait son ami vers la piste de danse. 

“Il ne fallait pas rester pour moi,” constata Valérian en levant les yeux vers elle.

Elle fut un peu surprise qu’il ait non seulement entendu l’échange mais aussi qu’il ait cerné la raison de son refus. Elle avait pourtant cru qu’il était alors trop perdu dans ses pensées pour les écouter. S’accoudant à la table pour mieux le regarder, elle lui demanda alors : 

“Ça ne va pas ?

-Je n’aime pas l’éventualité d’un nouveau conflit, révéla-t-il gravement, armé, pour ne rien arranger. Ces fusils et harpons peuvent être aisément retournés contre nous.

-Nous serons prudents, assura-t-elle. Je suis surtout désolée qu’on doive utiliser des armes qui étaient utilisées pour tuer des baleines.”

Ce fut à son tour d’être marqué par l’étonnement. La nuit commençait à tomber et devant l’avancée des pénombres dans les rues, les gérants du bar allumèrent les néons qui flashèrent en bleu, rouge et rose aux quatre coins de la pièce. Les couleurs créèrent un magnifique patchwork de lumières sur le beau visage de Valérian et elle ne s’en plaignit pas une seule seconde.

“Le harpon n’est pas coupable, décida Valérian.

-Les humains le sont, admit Anak tristement. En un sens, tu sais, je comprends pourquoi vous nous détestez tant.

-Non, c’est faux, refusa-t-il, nous avons tort. Les sirènes ne sont pas si innocentes qu’on aime le prétendre. Vos légendes disaient vrai, nos ancêtres vous ont dévoré sans pitié pendant des millénaires. Vous ne faisiez que vous défendre.”

Valérian poussa un court soupir avant de conclure : 

“Les sirènes ne sont que des humains avec des nageoires et vous n’êtes que des sirènes avec des jambes. Nos deux espèces n’ont que très peu de différences, en définitive.

-Ca a l’air de te faire de la peine…

-Un peu, avoua-t-il, je me sens idiot et ignorant pour toutes les pensées injustes que j’ai pu avoir envers les humains.”

Anak lui offrit un petit sourire pour le consoler mais elle était surtout heureuse d’entendre qu’il avait enterré toute cette colère et rancœur qu’il avait entretenu pour son espèce. Plus heureuse encore que de le voir aboutir à la même conclusion qu’elle. Ils avaient par le passé représenté le monstre de l’autre ; elle avait eu peur de sa queue de poisson et de sa bouche pleine de dents ; il avait voué une haine pour tous ses semblables et par elle, par association, pour des crimes dont elle était parfaitement étrangère. Mais au diable le passé et ses vieilles légendes, ils étaient les mêmes et il n’y avait pas de monstre ici bas. Même les calamars géants avaient leur propre raison d’être et leur place sur cette planète. Ils pouvaient tous vivre en harmonie que ce soit sur terre ou sur la mer, même en dessous. 

“Si je n’avais pas été si sûr de mes préjugés, je ne t’aurais jamais fait tout ce mal et ça… j’ai du mal à l’accepter.”

Un tel aveu lança le coeur d’Anak au triple galop et elle baissa un instant les yeux pour ne pas vaciller. Valérian avait pris cette fâcheuse habitude de l’assaillir de déclarations sans même l’en avertir auparavant et sans sourciller non plus. Et elle se retrouvait là, fébrile et ébranlée, tandis qu’il la regardait avec toute la sobriété du monde comme s’il ne venait pas de lui lancer une véritable bombe de laquelle elle devait encore se relever. 

Après avoir pris une seconde ou deux pour reprendre contenance, elle releva les yeux sur lui et il était effectivement là à attendre patiemment une réponse. Peu à peu, une résolution s’installait dans le cœur d’Anak.

“Je ne t’en veux plus, Valérian, lui apprit-elle doucement.

-Tu devrais, pourtant.

-Ah bon ? demanda-t-elle sur un ton de défi qui haussa ses sourcils. Tu préfères peut-être que je te déteste pour toujours ?”

Elle s’était rapproché subrepticement de lui et la bouche entrou’verte, Valérian parut un instant analyser cette situation qui se révélait tout à coup bien plus prometteuse et quelque peu inespérée. Ils restèrent ainsi figés à quelques centimètres l’un de l’autre et parfaitement indifférent à tout ce qui pouvait bien se passer aux alentours, que ce soit les serveurs qui courraient d’une table à l’autre et de forts consommateurs qui chantaient à tue-tête une chanson paillarde qui invitait à la célébration et à l’ivresse. 

“Non, souffla-t-il, surtout pas.

-Je suis d’accord.”

Ce fut donc sans vergogne qu’elle trancha la distance entre eux de sa bouche qu’elle plaque contre la sienne, glissant une main contre sa nuque pour l’attirer contre elle, et il reçut cette remise de peine avec la juste reconnaissance, cédant sans contrainte aucune à l’invitation. Après un long baiser, Anak se recula un peu pour rire devant la mine un peu médusée de Valérian qui ne croyait encore pas tout à fait en sa chance. 

“J’aime bien cette musique par contre, annonça-t-elle avec entrain, allons danser !”

OoOoOo

“Tu ne veux pas qu’on continue encore un peu à danser ?

-Faut bien qu’on retourne les voir ! contra Anak. Ils nous font des signes depuis tout à l’heure…

-Oui mais Chad va assurément faire une remarque…”

Devant la tête endeuillée de Valérian qui refusait encore d’avancer tout en la retenant avec lui au milieu de la piste danse, Anak ne put retenir un rire, échouant complètement à compatir à sa souffrance. Ils avaient enchainé les danses et Anak ne comprenait pas pourquoi il rechignait tant à retourner à la table où Sibéal, Nialh et Moh étaient arrivés.

“Mais non, le rassura-t-elle en posant une main rassurante sur son pectoral, Chad ne dira rien…”

Le visage de Valérian se para d’une mine dubitative mais il ne résista plus lorsqu’elle le guida, la main dans la sienne, jusqu’à la table. Le petit groupe les vit aussitôt arriver et ils arboraient tous le même air malicieux, ayant chacun deviné ce qui était advenu entre Valérian et elle. Ils s’assirent donc près d’eux, Anak avec un grand sourire au visage et Valérian, avec davantage de prudence.

“Dis, Nanouille, si c’était pour le reprendre, t’aurais pas pu le faire un peu plus tôt ? cingla Chad. Il a fait la gueule toute la journée, c’était un calvaire de l’avoir dans les pattes…

-Chut, Chad, rho,” se plaignit Anak.

Elle tourna un regard désolé vers Valérian qui ne réagit qu’à peine, s’étant judicieusement résigné à son triste sort, et elle posa une main solidaire sur sa cuisse. Apollo se pencha vers elle pour lui glisser un aveu loin des oreilles de son cher et tendre :

“Je suis content pour toi.

-Merci, Apollo, lui murmura-t-elle.

-Bon du coup, Nanouille, la prochaine tournée est pour toi, l’informa Chad avant de se tourner vers Valérian, et tu te chargeras bien de celle d’après, Valérian ?

-Oui, avec plaisir.”

Satisfait de cette réponse, Chad opina du chef, tout de suite de nettement meilleure humeur. Anak secoua la tête avec dérision tout en souriant à Sibéal et Moh qui partageaient la même joie face à ce dénouement romantique bienheureux, et elle leur articula silencieusement qu’elle leur dirait tout dans les moindres détails. Ce qui ne tomba pas dans les yeux d’un aveugle en ce qui concernait  Nialh, assis à gauche de Sibéal, et celui-ci s’écria bien fort : 

“Bien sûr qu’on veut tout savoir !!”

OoOoOo

“Ca sert à rien… je suis nulle, s’apitoya Sibéal, en plus, je ne pense pas être capable de tirer.”

Anak regarda avec compassion son amie dont les yeux lorgnaient avec vigilance le poster mural qui représentait un fusil à lunettes. Pour faire une pause, elles étaient sorties de la grande salle où ils étaient tous allés pour s'entraîner au tir et la répétition des coups assourdissants leur parvenaient malgré les murs insonorisés qui les séparait. Apollo, Murdock et Chad étant les trois plus qualifiés en la matière, ils les avaient arrosés de conseils. Cela leur faisait du bien à tous, même à Yakta et à elle-même qui savaient tirer sans pour autant être des expertes. Jusque-là, elles n’avaient jamais eu besoin de savoir viser avec justesse, ni de savoir manier un fusil mitrailleur, mais leurs circonstances avaient radicalement changé depuis.

“Tu n’as pas à tirer si tu n’en as pas envie, la rassura Anak, une arme a déjà un effet dissuasif en soi. Faut surtout ne pas montrer que tu ne comptes pas l’utiliser !

-Je tâcherai de m’en souvenir.”

Anak déboucha la bouteille d’eau minérale qu’elle avait acheté dans le distributeur des lieux et elle répartit le contenu dans les deux gobelets en carton. Sibéal se rapprocha d’elle avec un sourire taquin pour lui glisser, quelques étincelles pétillant dans ses yeux clairs : 

“Valérian est pas plus doué que moi, d’ailleurs… en même temps, ça aiderait s’il regardait plus les cibles qu’il ne te regarde, toi…”

Un petit sourire de plaisir réhaussa les pommettes d’Anak et elle décocha un regard malicieux vers son amie. 

“Rhalalala, fit-elle, heureusement que je suis là pour le protéger…

-Tu m’étonnes ! approuva Sibéal.

-Et excuse-moi de passer du triton au demi-nain mais j’ai comme l’impression que ça va bien mieux entre Murdock et toi…”

Face à la boutade, Sibéal s’esclaffa et accepta le gobelet qu’Anak lui tendait d’où lui le liquide émettait une jolie mélodie gazouillante avec la multitude de bulles gazeuses qui perçaient la surface.

“Oui, on a pu parler, relata Sib, et ça nous a fait du bien mais… j’ai quand même peur d’avoir brisé quelque chose entre nous.”

La phrase provoqua un froncement de sourcils inquiet chez Anak et elles s’assirent sur les tabourets du snack de la salle de repos. 

“Comment ça ? 

-Ben… tu sais quand je l’ai repoussé et que je lui ai dit que ça ne serait pas possible entre nous, se remémora Sibéal avec une pointe de honte, tout ça pour Gauvain… J’ai peur que maintenant… que maintenant…”

Hésitante, cherchant ses mots, Sibéal triturait les rebords en carton de son eau gazeuse, ses yeux voyageant à vive allure entre sa boisson et Anak comme pour vérifier l’absence de jugement chez son amie. Un sourire patient au coin des lèvres, Anak attendit que Sibéal se décide sur la formulation de ses pensées tandis qu’elle-même commençait à les deviner. Quand son amie eut bataillé trop longtemps avec sa confession, Anak essaya de l’aider.

“Tu as peur que Murdock ne veuille peut-être plus de toi ?”

Sibéal leva des yeux craintifs sur Anak avant de se voir son sourire avenant. 

“Oui…, avoua Sib, mon dieu, je suis idiote, hein ?

-Pas du tout, assura vivement Anak, quelqu’un d’idiot n’aurait jamais déchiffré mon message codé.”

Sibéal sourit avec reconnaissance à l’argument. 

“Mais si tu veux mon avis, Sibby, il faut plus qu’un râteau pour faire peur à notre capitaine !

-Et s’il pense que je le prends comme remplacement ?

-Je pense pas qu’il puisse croire ça…”

A l'évocation subtile de l’égo important que Murdock emportait partout avec lui, Sib ne put que rire, toute son angoisse s’évanouissant distinctement avant de reconnaître avec humour :

“Maintenant que tu le dis…”

OoOoOo

“J’aimerais pouvoir passer la traversée avec toi mais ça m’étonnerait que Yakta m'autorise de si tôt à remettre le  pied sur votre bateau…

-Mais non, temporisa Anak, elle ne te déteste presque plus… après tout, tu as aidé à tous nous sauver ! Le Yak te doit une fière chandelle.”

Valérian s’obligea à sourire devant les tentatives acharnées de sa petite-amie pour lui remonter le moral. C’était le jour du grand départ, et ils espéraient tous que ce soit l’un des derniers sur le long chemin qui devait les mener jusqu’à ce lieu sacré où ils pourraient enfin lever la malédiction du Dieu de l’Océan. 

Debout sur le quai, les différents équipages se devaient donc de faire leur au-revoirs jusqu’au prochain point de mouillage et c’était particulièrement difficile pour Apollo et Chad ainsi que pour Valérian et elle-même. La dernière fois qu’ils s’étaient séparés pour une période de temps qu’ils avaient cru courte, ce n’avait pas été le cas, loin de là. Des kilomètres et des kilomètres s’étaient creusés entre eux sans aucun moyen de communication et pire que tout, des dangers insoupçonnés et mortels s’étaient dressés entre eux. Ils avaient maintenant conscience que la mission qui était la leur les poussait sur une route sinueuse le long de laquelle le danger pouvait surgir sans prévenir et que les séparations n’étaient pas sans conséquence.

Anak avait le cœur lourd alors que Valérian la gardait contre elle comme s’il lui en coûtait beaucoup d’accepter de la relâcher bientôt. Ils ne s’étaient retrouvés vraiment que l’avant-veille et déjà il leur fallait se séparer. Anak en venait à regretter de ne pas l’avoir pardonné plus tôt.

“En tout cas, elle ne me regarde pas d’un très bon œil…,” relança Valérian.

En effet, Yakta les observait par accoups depuis le pont alors qu’elle attendait que son équipage la rejoigne enfin mais les embrassades s'éternisaient sur le quai. La capitaine du catamaran ne se montrait pas ouvertement hostile mais sur la réserve, elle les guettait d’un œil un peu froncé. 

“Elle est juste inquiète pour moi, c’est son tempérament, lui expliqua Anak doucement avant de se reculer un peu dans les bras de Valérian,  et d’ailleurs, il vaut mieux que j’y aille pour qu’elle ne perde pas patience…

-On a besoin de ton aide à bord, Valérian, lui apprit sa sœur du bout du ponton.

-J’arrive.”

Laureline ne dissimula pas son mouvement d’humeur devant cette réponse évasive et elle argumenta sans attendre : 

“Vous vous reverrez vite ! Et plus tôt on partira, plus vite ce sera !”

Valérian poussa un profond soupir irrité en jetant un regard agacé vers sa sœur jumelle. Même si cette dernière ne l’avait pas exprimé à haute voix, Anak se doutait qu’elle n’était pas plus enjouée de leur réconciliation que Yakta l’était mais Laureline faisait preuve de nettement plus d’indifférence à leur égard. Ça avait d’ailleurs tendance à arranger Anak. Laureline était certes venue prêter main-forte à son frère sur le Kozak mais elle savait que ça n’avait été en aucun cas pour aider le Yak. En outre, Anak se souvenait de chacune des paroles que Laureline avait prononcé à son sujet alors qu’elle se tenait dans l’ombre du couloir et elle ne tenait pas à se rapprocher d’une quelconque façon de la sirène. Si Anak se montrait aimable et avenante avec elle, c’était en grande partie par égard pour Valérian.

Anak se hissa sur la pointe de ses pieds pour coller une bise sur les lèvres de Valérian.

“Ne la fais pas attendre, dit-elle, elle a raison, après tout, on se reverra bientôt !

-C’est que parfois elle peut être si… bref, oui et j’ai déjà hâte.”

Et il se pencha pour l’embrasser pour de vrai, un peu comme si ça pouvait être la dernière fois. 


 

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