Chapitre 42 - Visite à la maison de retraite

Notes de l’auteur : Waouw ! ça y est ! Dernier chapitre de cette version du tome 1... je crois que tout ce que je voulais mettre y est... maintenant grâce à vos commentaires et suggestions, j'ai quelques nouvelles pistes à creuser ! Je relis le tout et je m'y mets ! A tout bientôt ! Et mille mercis de m'avoir lu !!!

Tout le monde se retrouva le dimanche dans la nouvelle chambre de Jeanne. Noémie était arrivée avec ses parents. Elle avait apporté des gâteaux. Aube, Max et leur maman étaient venus en bus. Éléonore avait acheté un beau châle en laine multicolore. Elle avait hésité à en confectionner un elle-même. Elle aurait aimé. Mais quand aurait-elle trouvé le temps entre son travail, la maison et les enfants ? Si seulement, sa mère avait pris le temps de tricoter avec elle. Et Jeanne qui n’en était visiblement plus capable. Non ! Décidément, elle détestait l’idée de la grand-mère-gâteau !

— Cela vous tiendra chaud, annonça-t-elle en l’offrant à la vieille dame.

« Puis cela vous rappellera les couleurs de votre maison » ajouta-t-elle en silence.

Max accrocha au mur le dernier exemplaire de l’affiche pour la fête-réunion. Son dessin de la colline semblait vivant dans le décor froid de la résidence.

Aube déposa son livre d’histoires sur les genoux de Jeanne.

— Je viendrai chaque semaine les lire avec toi ! proposa-t-elle.

La vieille dame accrocha ses mains à celles de la fillette. Elle sourit et versa une larme en même temps.

« Merci ! Merci, ma princesse ! Ma pauvre mémoire trouée est en train de perdre toutes ses histoires... »

 

Même Jean avait pu venir. Puisque la résidence se trouvait en ville, il s’était juste absenté un instant du travail pour les rejoindre. Aube frémit quand elle constata que la fenêtre de Jeanne donnait sur le parc de l’autre côté du fleuve. Derrière les sapins sombres se dressait toujours la tour GigaCom. Dans son ombre, un œil averti devinait les serres et le potager de son père.

— Je vous amène de bonnes nouvelles, annonça celui-ci.

— Qu’est-ce que vous dites ?

Jean s’assit en face d’elle.

— La ville vient d’annoncer officiellement que le projet d’antenne sur la colline est rejeté. Ils ont reculé devant le nombre de signatures de la pétition.

— Combien ? demanda Max excité.

— On dépasse les deux mille, répondit son père.

— Deux mille ! s’exclama son fils.

Il dansait autour du fauteuil de Jeanne.

— Vous vous rendez compte, continua-t-il. Notre pétition a récolté deux mille signatures ! Aube ? Est-ce que tu sais compter jusqu’à deux mille ?

Il ne laissa pas l’occasion à sa sœur de répondre et l’entraîna dans une farandole.

— On est les champions de la pétition, claironna-t-il. On a gagné !

— Presque, précisa Jean. GigaCom introduit un recours, mais cela a peu de chance d’aboutir.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Aube.

— C’est une procédure tout à fait normale, ma chérie, répondit-il. Il n’y a rien à craindre.

« Mais Gordon peut recommencer » s’inquiéta-t-elle en silence. « Et si Ernec revenait ? »

— Je viens d’apprendre que Gordon a démissionné. Il ne travaille plus pour GigaCom, triompha son père.

« Hiraël pense qu’il a sans doute déjà quitté la ville » ajouta-t-il secrètement pour sa fille.

« Mais s’il se trompe ? » insista-t-elle.

« Je fais confiance à ses intuitions » répondit son père.

« Mais qu’est-ce que tu fais de mes intuitions ? » s’entêta Aube. « Et que te disent les tiennes ? »

— Nous allons pouvoir respirer un peu, conclut-il pour couper court aux doutes de sa fille.

Chacun souriait autour de lui, hormis Jeanne qui le fixait intensément. Max reprenait son souffle.

— Je ne comprends rien, mon petit.

— Jeanne. Votre histoire de pétition, c’était une bonne idée.

La vieille dame fronça les sourcils. Son visage était ridé comme un fruit sec ayant atteint la limite entre le bon moment pour être mangé et le risque de dent cassée.

« Je trouve aussi que ce texte était bien écrit » songea-t-elle. « Ah ! S’il y avait encore aujourd’hui assez de gens pour écrire les choses essentielles, pour se parler avec le cœur. »

« Votre idée, elle a réussi ! » insista Jean mentalement.

— Vous ne m’apprenez rien, mon petit, s’exclama-t-elle. Je connaissais la fin de l’histoire depuis le début.

Tout le monde éclata de rire.

 

Quand ils prirent congé de Jeanne, Noémie et Max insistèrent pour raccompagner Jean jusqu’à son association.

— S’il te plaît, papa ! Je n’ai plus vu tes potagers depuis longtemps !

— Oh ! Dites oui ! insista son amie. Papa, maman, ce serait l’occasion de découvrir le travail de Monsieur Kerluen.

« Et nous pourrons voir Hiraël et le lieu où vous avez combattu Gordon et son esprit mauvais ! » ne put s’empêcher de penser très fort Noémie.

Max lui fit un petit signe pour l’approuver.

— Mais est-ce que ce n’est pas encore dangereux ? intervint Aube qui précéda les préoccupations de sa mère.

« Aube ? De quels dangers est-ce que tu parles ? » l’apostropha silencieusement Éléonore.

Aube s’empêcha de penser qu’elle craignait de devoir affronter à nouveau un mage-animal. Peut-être le pire était-il passé ? C’est vrai que le ciel était dégagé. Dans l’immédiat, chacun pouvait espérer une accalmie. Elle se força à adresser un sourire moqueur à sa mère.

— Il y a tous ces morceaux de verre, ajouta-t-elle pour faire bonne figure.

— Non ! rassura son père. Nous avons déjà tout nettoyé. Les réparations avancent bien et personne ne risque rien.

— Dans ce cas, concéda Éléonore.

— Maman et moi, on pourrait rester ici et manger une glace avec Jeanne en vous attendant, proposa Aube. Vous avez vu qu’il y a un glacier juste en face ?

Elle avait cédé à une intuition : aucune envie de courir à l’extérieur, mais besoin de rester au chaud près de sa mère. La fillette sentit le soulagement dans tout le corps de celle-ci. Pour une fois, elles partageaient les mêmes sentiments.

— Une glace ? Pourquoi pas ! accepta-t-elle. Est-ce que tu crois qu’ils ont de la crème fraîche ?

Max et Noémie s’agitèrent.

— Et nous ?

— Une glace ? Mais c’est dégueulasse ! s’emporta le jeune garçon.

Jean entraîna tout le monde vers la sortie.

— Allez ! dit-il. Je vous fais la visite de mes potagers. Et au retour, j’offre une glace à tout le monde !

— Oh merci, monsieur ! s’exclama Noémie.

— Et je t’ai déjà dit que tu pouvais m’appeler Jean.

La fillette haussa les épaules et se tourna vers ses parents.

« Est-ce que vous êtes d’accord ? » demanda-t-elle en pensées.

Les deux adultes n’entendirent pas la question de leur fille. Mais ils la lurent dans les yeux pressants de Jean et des enfants.

— Ma foi, si vous insistez, commença la mère.

— Mais nous ne vous dérangerons pas longtemps, trancha le père.

 

Quand ils furent tous partis, Aube et Éléonore restèrent un moment seules dans le couloir. Elles étaient tendues. Aube s’accrocha à la manche de sa mère. Celle-ci regarda sa fille avec surprise. Elle avait grandi. Il y avait un bon petit bout de temps que Aube n’avait plus réclamé ainsi un câlin. Éléonore serra fort sa fille.

— Maman ? Est-ce que Jeanne va mourir ?

— Oui. Un jour, Jeanne va mourir, ma chérie. Mais ce n’est pas encore pour maintenant.

— Maman, je ne veux pas que tu meures, toi aussi.

— Je t’aime, ma chérie. Je t’aime tellement que je veux que tu sois toujours en sécurité. Alors, hors de question que je meure tant que je devrai te protéger.

Éléonore saisit sa fille par les épaules et l’observa avec une grimace qui voulait dire « Comme tu grandis ma fille ! Je suis fière de ce dont tu es capable ! »

— Enfin, reprit-elle en serrant Aube dans ses bras. Je te protégerai jusqu’au jour où tu pourras te protéger sans moi.

La fillette se blottit contre ce corps chaud et ses paroles douces.

— Moi aussi je t’aime, maman.

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sifriane
Posté le 21/03/2023
Bonjour,

Mettre un point final à une histoire n'est vraiment pas simple, alors félicitations.
On s'embarque avec Aube avec plaisir et on ne voit pas le temps passé. Les thèmes abordés sont vraiment intéressants, les personnages sont bien décrits, crédibles et attachants.

Je ne suis pas du tout apte pour donner des conseils d'écriture, je me contenterais de mon ressenti de lectrice.
A la fin de l'histoire tous les personnages savent communiquer par la pensée. Pour Aube et Max d'accord, et puis ils apprennent à Noémie (un peu trop facilement
?). Mais pour les parents j'ai pas compris, tu en dis trop ou pas assez. Si les révélations doivent être faites dans le tome 2 tu en dis trop je trouve.

Je reviens aussi sur le passage des seringues dans la forêt, même si c'est très intéressant, et qu'il faut que les enfants soient au courant de ça, ce passage n'apporte pas grand-chose à l'histoire (peut-être que si un animaux se blessait avec...)

J'ai trouvé que la fin arrivait trop vite, tout se précipite sans qu'on comprenne tout, et c'est dommage que Max n'y participe pas.

Voilà, j'espère que ça t'aidera un peu pour ta relecture.
Encore bravo, et à bientôt :)
MichaelLambert
Posté le 27/03/2023
Bonjour Sifriane !

Merci pour tes ressentis de lectrice, c'est précieux ! Tu as raison, je n'en dit pas encore assez sur les pouvoirs télépathique, j'en ai conscience et je crois que j'ai laissé trop ça de côté en me disant que ça viendrait dans le tome 2.

Bonne idée qu'un animal soit blessé avec une seringue, ça justifierait en effet plus que je laisse ce passage important pour l'univers.

Oui, la fin est peut-être un peu trop rapide, j'y réfléchis beaucoup et je ne sais pas encore comment développer ça (par contre Aube restera centrale à ce stade et Max en périphérie).

Encore mille mercis pour ta lecture attentive ! A bientôt !
Baladine
Posté le 08/03/2023
Tellement mignonne la scène de la fin ! J'aime que Aube soit capable de ressentir le besoin de sa mère et d'écouter son propre besoin. En effet, elle a beaucoup grandi depuis le début de l'histoire ! Maintenant, elle lit, elle fait du vélo, elle parle avec les animaux, elle a un curieux pouvoir magnétique, elle écoute son intuition, elle vit en harmonie avec les gens qu'elle aime. La scène de la fin, cette nouvelle famille élargie, ça fait chaud au coeur. Et l'ouverture vers une potentielle suite avec Ernec toujours une menace, en arrière plan, est bien amenée.
C'était un plaisir de te lire et de découvrir ton histoire ! Merci de l'avoir partagée !
MichaelLambert
Posté le 27/03/2023
Merci de ton retour final, Claire ! Je suis ravi de voir que les évolutions soient perceptibles au fil du récit et qu'on ait envie de lire une suite ! je me réjouis d'ailleurs de retravailler le manuscrit du tome 1 et de publier le manuscrit du tome 2 dans la foulée !
A bientôt !
Elly Rose
Posté le 09/12/2022
Bonsoir Michael,

Quelle magnifique fin tu nous offres là, pleine de promesses, de suspens, de poésie et d'amour. C'est tout ce qu'il fallait pour conclure cette belle histoire haute en couleur et en émotions!
Un grand merci à toi pour ce récit que tu nous a livré jour après jour!
Je suis vraiment heureuse et fière d'avoir pu m'atteler à cette lecture aussi passionnante qu'émouvante!
Mille merci et encore félicitations!
MichaelLambert
Posté le 10/12/2022
Oh merci à toi pour cette lecture fidèle, attentive et constructive !

Le plus difficile va commencer pour moi maintenant : me dire que j'ai une histoire qui se tient sur l'ensemble, mais réussir à la modifier là où il le faut pour améliorer les détails et ajouter les éléments qui amélioreront la structure et répondront aux questions qui se posent encore après cette première lecture !
Je promets de m'atteler à ça en gardant à l'esprit tous les encouragements que tu m'as transmis dans tes commentaires !

J'ai du travail sur la planche mais je promets aussi de partager dès que possible tout ce que j'ai déjà imaginé pour la suite et le tome 2 !

Encore mille mercis en retour !
Elly Rose
Posté le 10/12/2022
J'ai vraiment été très heureuse de pouvoir suivre cette histoire jour après jour mais l'étape suivante ne pourra qu'être un grand plus.
Je reste entièrement persuadée que, bien que ce ne soit pas le plus simple tu sauras gérer ça d'une main de maître.
Ton mon soutien et mes encouragements pour cette délicate épreuve.

Je serais on ne peut plus attentive à mes notifications pour l'arrivée du début du second tome!

Bonne écriture à toi
Vous lisez