Le narrateur :
Zorg alla dans la chambre de sa fille et raconta un soir à Cordélia quand elle eut à peu près dix ans comment il trouva le meilleur chasseur de lapin, il le nomma le chasseur de lapin ultime.
Cordélia. — Papa, j’aimerais bien avoir un animal de compagnie.
Zorg. — Tu n’y pense pas, les animaux ne sont pas des jouets, on doit s’en occuper au quotidien.
Cordélia. — Mais j'en veux un !
Zorg. — Tu veux quoi ?
Cordélia. — Un chien.
Zorg. — Ces sales bêtes !
Cordélia. — Tu n’as pas de chien !
Zorg. — Parce que moi contrairement à toi j’ai dû en dresser un.
Cordélia. — Ça n'a pas l’air d’être infaisable.
Zorg. — Le monstre que j’ai dressé fait plus de trois fois ta taille.
Cordélia. — Je vois, il n’était pas doué pour les missions où la discrétion prime. On doit le voir de loin.
Zorg. — Petite maline ! Il a deux têtes de plus que toi.
Cordélia. — Et toi tu ne savais plus où donner de la tête.
Zorg. — Pour ton information, avec ses trois têtes, ce chien est un excellent chasseur.
Cordélia. — Et il chasse quoi ?
Zorg. — Le petit gibier.
Cordélia. — Un tel monstre et il se contente du petit gibier.
Zorg. — C’est le résultat d’un bon dressage, je ne voulais pas qu'il s’attaque à n’importe qui alors je lui ai donné une cible.
Cordélia. — Une cible !
Zorg. — Je lui ai appris à chasser le lapin et malgré ses trois têtes il lui a fallu un long moment pour comprendre ce qu'il devait me rapporter.
Cordélia. — Que t’a-t-il rapporté ?
Zorg. — Des tas de choses, des gens, divers animaux.
Cordélia. — À la fin, il a réussi ?
Zorg. — Oui, maintenant il n’y a pas de meilleur chasseur de lapin, j’ai même mangé plusieurs fois ce qu’il m’a rapporté.
Cordélia. — Tu manges du lapin?
Zorg. — Tu en manges aussi. Tu sais la bonne viande dans ton assiette.
Cordélia. — Pourquoi on ne m’a jamais dit ce que je mangeais ?
Zorg. — Pour que tu finisses ton assiette.
Cordélia. — C’est de la traîtrise !
Zorg. — Une idée de ta mère, elle te pensait sensible.
Cordélia. — Je ne suis pas une faible !
Zorg. — Tu es bien ma fille. Ce chien est très obéissant maintenant. Tu veux l’accompagner pour sa prochaine chasse ?
Cordélia. — J’en serai ravie ! Je te rapporterai ton repas et il sera copieux.
Zorg. — Viens avec moi, je vais te le présenter.
Cordélia. — Il s’appelle comment ?
Zorg. — Il a porté plusieurs noms depuis que je le connais mais moi je l’appelle Trinita.
Ils sortent ensemble.