Chapitre 43 : Le livre des origines - Découvertes

Au fond du trou, Baptiste continuait à lire à voix haute l’ouvrage jeté par d’Helmer.

 

Alors que nous observions un clan de Vampires se reposer pour la journée, Ju chuchota à mon oreille :

- Tu ne trouves pas qu'ils sont nombreux ? Si ça continue comme ça, ils vont finir par exterminer entièrement les humains et alors, de quoi nous nourrirons-nous ?

- Aie confiance en la nature, ma merveille. L'équilibre est la base de sa force, annonçai-je.

Je vivais depuis bien plus longtemps qu’elle. J’avais connu des temps anciens. J’avais foi en notre mère nature. Les saisons passant me donnèrent raison.

Les premiers Vampires s’étalèrent, s’éloignant les uns des autres. Au début, il s’agit avant tout d’une vie solitaire. Rarement, un duo se formait, souvent des gens proches dans leur vie humaine, amants, frères ou sœurs.

Leur nombre augmenta significativement. Dans le même temps, les humains commencèrent à raconter des histoires terrifiantes de tueurs nocturnes aux dents acérées. Les rumeurs enflèrent. Des légendes naquirent. La défense s’organisa. Quelques Vampires tombèrent, le cœur transpercé d’une lame, la tête tranchée ou brûlés vifs.

Nous observions cela avec détachement. Je scrutais ma merveille, craignant qu’elle ne vive mal le meurtre d’un membre de sa famille si chère mais non, elle semblait se complaire dans la situation. Visiblement, la perte de quelques-uns ne la dérangeait pas. Ils étaient si nombreux !

Lorsque le nombre de Vampires devint tel que la quantité de nourriture tomba sous le seuil critique, les prédateurs commencèrent à s’attaquer entre eux, à se sédentariser, s’octroyant les meilleurs territoires, luttant pour les conserver, jouant d’alliances et les trahisons devinrent monnaie courante. Seuls les plus forts survivaient, rendant chaque combat plus dangereux que le précédent. Les nouveaux nés peinaient à subsister. Parfois, plusieurs s’associaient pour abattre un ancien puis s’entre-tuaient. La vie de Vampire n’était plus de tout repos.

Les petits de ma merveille retrouvèrent seuls le cœur comme point faible. Bientôt, tous les Vampires furent au courant. Les ignorants ne survivaient pas. Même les humains le savaient ! Je grimaçai. Cette connaissance augmentait la menace.

- Les humains chasseurs de Vampire ne peuvent rien contre nous, s’amusa ma petite merveille.

Elle explosa d’un rire virevoltant. Je n’étais pas d’accord mais je décidai de ne pas argumenter. Les survivants Vampires devinrent rusés et stratèges. Ils gagnèrent en vitesse et en puissance mais aussi en capacité de camouflage. Les humains s’organisèrent. Ils créèrent des groupes, s’entraînèrent, récoltèrent des informations, surveillèrent, apprirent de leurs erreurs, communiquèrent. La vie devenait rude.

 

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J’observai la technique de combat de deux jeunes Vampires. Du même âge, ils s’étaient croisés par hasard dans un coin sombre. La proie en avait profité pour s’échapper. De quoi alimenter un peu plus les chasseurs de Vampires.

Ils se toisaient, se jaugeant puis se jetèrent l’un sur l’autre. Aucun ne possédait la moindre compétence en combat. Je fus témoin d’une suite incongrue de coups de poing mal dosés, de pieds lancés dans le vide, de chutes, de glissades, d’empoignades de cheveux, de gifles à décrocher une tête humaine.

Je m’amusai de cette incompétence à se battre. Ils étaient mignons. Allaient-ils seulement réussir à se blesser ? Lequel finirait par attaquer pour tuer, et pas ce simulacre ridicule ? Je pariai sur le plus petit. Il avait la volonté de vivre dans le regard.

- Gi ! hurla ma merveille.

Je me détournai du spectacle comique pour courir vers le cri de terreur. Je la savais en train de peindre. Elle créait elle-même son matériel, ses pinceaux, ses encres, ses toiles. Sa technique s’améliorait de jour en jour. Elle appréciait par dessus tout les crépuscules. Le moment était idéal. Je m’étais éloigné pour la laisser dans sa bulle artistique.

Et voilà qu’elle criait ? Que se passait-il ? Rongé d’inquiétude, je la rejoignis en un instant. Je constatai qu’un Vampire tenait son bras dans le torse de ma merveille. Je ne réfléchis pas. Sans attendre, j’arrachai le cœur de cet importun. Ma merveille fondit en larmes et se mit à trembler. Je la pris dans mes bras. Elle venait de frôler la mort. Je n’en revenais pas. Comment était-ce possible ?

Elle s’échappa soudain de mon giron. Je sus qu’elle venait de perdre le contrôle. La faim venait de la saisir. Elle revint quelques instants plus tard, pulsante d’énergie.

- Je ne l’ai pas attaqué ! s’exclama-t-elle. Je peignais, c’est tout !

- Les Vampires attaquent à vue. Un intrus sur leur territoire et paf. C’est la guerre, ma chérie. Certains acceptent une présence neutre. D’autres attaquent sans sommation, maugréai-je. Tu dois être prudente !

- J’ai besoin d’oublier ce qui m’entoure pour peindre ! geignit ma merveille.

Je hochai la tête. Baiser, peindre, ces deux activités entraînaient la même conséquence indésirable.

- Je ne quitterai plus tes côtés, promis-je.

- Je ne veux pas que tu me protèges, gronda ma merveille. Je veux qu’ils ne m’attaquent pas ! Je les ai crées ! Cette agression est intolérable !

- Ils ignorent qui tu es, ce que tu es, répliquai-je. Ce respect que tu demandes, ils ne peuvent pas te l’apporter.

- Il va falloir le leur dire, gronda-t-elle et son regard se fit glacial. Je suis leur créatrice. Ils sont ma famille. On ne s’attaque pas entre membres d’une même famille !

- C’est la guerre, répliquai-je. Ils sont obligés de tuer pour survivre.

- Je veux qu’ils sachent. Je veux qu’ils me reconnaissent.

- Ils sont trop nombreux !

- Pas tous, indiqua ma merveille qui réfléchissait visiblement en même temps qu’elle parlait. Quelques uns, des gouverneurs, qui auraient ma protection à leur charge. Des Vampires triés sur le volet, des forts, des survivants avec lesquels nous créerions une communauté solidaire et puissante.

L’idée n’était pas pour me déplaire. J’étais bien avec ma merveille mais l’idée de discuter avec d’autres gens m’amena un sourire.

- Il existe des clans dans le nord, commençai-je mais ma merveille me coupa.

- Non ! Je ne veux pas de cela. Ces clans où seul le patriarche peut se reproduire et possède l'autorité. Non ! Je veux une communauté libre où chacun pourra s'exprimer sans condition d'âge, de sexe ou d'ancienneté. Solidarité, écoute, partage, protection, soutien sont les maîtres mots de mon monde idéal.

- Comment choisirons-nous les élus ?

- Je m’en charge, si tu veux bien.

- Bien sûr, ma merveille !

C’était sa famille, ses petits, son envie, son besoin. Normal qu’elle s’en charge. Je l’aiderai, la soutiendrai mais qu’elle fut aux commandes me paraissait évident.

Nous nous promenâmes. Ma merveille scrutait les Vampires et enfin, elle en désigna un.

- Pourquoi accepterait-il de nous rejoindre ?

- Il fera tout ce que je lui demanderai, assura Ju.

Je fronçai les sourcils. Je ne comprenais pas. Nous nous approchâmes. Le Vampire blêmit et je le reconnus. C’était l’homme que ma merveille avait transformé, le premier avec lequel elle avait pris le temps, qu’elle avait baisé en le mordant.

Il se figea en la voyant puis tomba à genoux, toujours plus grand qu’elle malgré ce geste.

- Je m’appelle Ju, dit ma merveille. Voici Gi, mon mentor. Tu es mon petit.

- Je m’appelle Blaar. Ordonne et j’obéirai.

J’observais la scène, médusé.

- Je suis heureuse de te retrouver. Tu m’as manqué.

Elle ne me l’avait jamais dit. Elle semblait s’en rendre compte elle-même à l’instant.

- Je suis enchantée que tu aies survécu, annonça-t-elle.

- Ça n’a pas été facile, admit-il. Tu n’as pas vieilli, constata-t-il.

- C’est ma malédiction, pleura ma merveille.

Il fronça les sourcils, exacte réplique de ma propre expression de visage. Il semblait réellement vouloir prendre soin d’elle, autant que moi. Je n’en fus pas jaloux, juste interloqué. Après tout, il ne la connaissait pas.

- Comment puis-je t’être agréable ? demanda le Vampire à genoux.

- J’aimerais créer une communauté de Vampires, sans hiérarchie, avec un lieu commun où chacun pourrait venir à sa guise pour discuter, se poser, être enfin soi-même, un endroit sécurisé où nous n’aurions pas à nous cacher, sans guerre, en paix les uns avec les autres.

J’adorai le principe. Pouvoir vivre sans me cacher, retirer le masque, m’afficher sans risque, partager mon mode de vie, me sentir écouté et compris. Savoir également que malgré les lunes et les saisons, un endroit serait toujours là, accueillant, ouvert, hospitalier.

- C’est impossible, maugréa Blaar. Nous nous battrons toujours pour la nourriture.

- Pas si vous arrêtez de la gaspiller. Je t’apprendrai à mordre sans transformer et enfin, plusieurs Vampires pourront se servir sur la même proie. Quand elle dort, elle ne se rend même pas compte d’avoir été mordue, lui apprit Ju.

Il ouvrit de grands yeux ahuris. Il n’en revenait clairement pas.

- Ensemble, unis, nous serons plus forts, continua Ju. Les découvertes des uns profiteront aux autres. Partage, honnêteté, respect seront les maîtres mot. Nous formerons une famille, une fraternité, une sororité, l’étiquette placée n’a pas d’importance. Gi me l’a dit : c’est la guerre. Je voudrais créer un lieu de paix.

Blaar sourit, une fois encore en écho à mon propre geste. Elle parlait bien, ma merveille. Cela donnait envie. J’avais peur que cela ne fonctionne pas. Réunir des prédateurs au même endroit ? Cela risquait d’échouer. Comment ma merveille le prendrait-elle ? J’avais peur de la chute. Je choisis d’éloigner mes craintes pour la soutenir et l’accompagner dans ce chemin long et difficile, semé d’embûches.

- Des Vampires, avertis des dangers, avertis de la possibilité de se nourrir sans transformer, alliés, main dans la main, répéta Blaar.

- Averti, répétai-je. C’est un beau mot. Si nous étions les « avertis » ?

- J’adore, valida ma merveille. Tous égaux par la connaissance et le savoir partagé. Pas un qui sait quelque chose et le garde pour lui. Pas d’être supérieur qui décide pour les autres.

- Les avertis se respectent, se parlent, communiquent, se protègent les uns les autres, poursuivit Blaar.

- Pas de frontière. Tout averti peut se déplacer librement. Sur le territoire d’un averti, un autre est toujours le bienvenu. Si un averti appelle à l’aide, tout averti qui l’entend lui doit soutien et assistance, s’enthousiasma Ju.

Ça avait l’air tellement beau. Cela était-il seulement réaliste ? N’était-ce pas une chimère, une utopie ?

- Sans regard pour le sexe, l’âge, l’origine, murmura Ju. Tout le monde sera écouté et entendu. Son avis sera respecté. Les décisions seront prises communément.

Ju se tourna vers moi.

- Ces dernières années ont prouvé l’absence des quatre puissants. Ils n’ont jamais montré le bout de leur nez. Nous pouvons cesser de nous cacher et monter en puissance.

- Les quatre puissants ? répéta Blaar en fronçant les sourcils.

- Il faut que les avertis sachent tout. Aucun secret, insista Ju.

- Nous raconterons. Nous expliquerons. Tous les avertis sauront, promis-je.

Nous partîmes en chasse. Je restai en retrait, me contentant de regarder. Blaar et Ju désignaient des Vampires, échangeaient, discutaient, argumentaient. Ju ne cherchait pas à s’imposer, à prendre le dessus sur Blaar. Elle l’écoutait vraiment et respectait son opinion.

Un Vampire rejoignit notre groupe, puis un autre, puis encore un autre. Lorsque nous fûmes une dizaine vint le moment de choisir notre lieu de repli, ce paradis pour les Vampires, immuable, éternel, où nous serions libres d’être nous-même.

Ce lieu ne devait pas être paumé au milieu de nulle part : il nous fallait de la nourriture à proximité. Nous donnâmes tous des propositions, écoutâmes les autres, discutâmes, échangeâmes et finalement, tombâmes d’accord.

Au centre du continent, à égale distance du nord et du sud, se trouvait une civilisation sanglante. L’abondance de sacrifices humains rendait l’endroit très attrayant pour des Vampires. Les immenses temples proposaient des fondations souterraines inutilisées qui offriraient un refuge solide à l’épreuve du temps.

Nous investîmes les lieux, nous y trouvant à nos aises comme si nous avions toujours vécu là. Ma merveille et moi restâmes sur place, tandis que les avertis partaient recruter de nouveaux membres. Les nouveaux venus écoutèrent et apprirent, partagèrent et transmirent, mais…

Ma merveille se désolait. Les avertis, en dehors de Blaar, la fuyaient, détournaient le regard, se taisaient dès qu’elle s’approchait. Son apparence de fillette les gênait. Les membres de la communauté venaient volontiers vers moi, apprenaient, me racontaient leur journée. Si Ju s’approchait, ils gigotaient de malaise, bafouillaient pour finalement prétexter un rendez-vous urgent et s’éloigner.

Ma merveille le prit avec philosophie. Au moins avait-elle sa communauté. Ils étaient là, certains vivant sur place, d’autres ne passant qu’une fois de temps en temps. Ils se répartirent le territoire, discutant de la taille des zones. Chacun devait surveiller la sienne et donner des nouvelles régulières à ses voisins. L’entraide fut montée. Ju en était ravie. Elle observait de loin, un sourire radieux sur les lèvres. Elle comprit qu’elle ne pourrait jamais obtenir davantage et décida de s’en contenter.

- Crois-tu qu’un jour ils passeront outre mon apparence ? demanda-t-elle un matin en peignant une grassette de Moran.

- Les Vampires enfants sont rares et jamais aussi jeunes que toi, rappelai-je. Le cadet des avertis, Elijah, a sept ans et déjà, tout le monde trouve cela jeune. Les Vampires ne s'attaquent pas aux enfants. Pas assez de sang et souvent, les parents protègent leur progéniture. On voit rarement un enfant de quatre ans se promener seul la nuit. C'est plus simple de s'attaquer à un adulte solitaire et plus rentable. De ce fait, nos avertis n'ont pas l'habitude de cette situation. Tu restes un cas isolé.

- Je hais ce corps qui est le mien. Je veux grandir, être écoutée, être regardée, être désirée.

Je la trouvais magnifique mais n’en dis rien. Elle l’aurait très mal pris. Je l’aimais ainsi, ma petite merveille, mon amour, ma fée rousse. Je ne voulais pas qu’elle grandisse. Je la respectais ainsi. Ce n’était pas le cas des autres et elle en était blessée. J’essayai de parler en bien de Ju aux avertis, de leur décrire sa force, son intelligence, sa grandeur. Je crois que cela empira la situation.

Je fis la seule chose à ma disposition : passer du temps avec ma merveille, la complimenter sur ses peintures toujours plus belles, l’écouter, lui offrir mes bras pour des câlins tendres. Tout ça ne suffisait pas, évidemment, mais je n’avais aucune autre option à ma disposition.

 

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- Ce conseil missi est ouvert, indiquai-je.

Tous les cinquante ans, les avertis se réunissaient à Chitchen Itza. Je me tenais sur un fauteuil au fond d’une immense salle. Un averti, ancien architecte, avait crée cet endroit avec une résonance toute particulière. Quiconque se tenait sur l’estrade voyait ses paroles, même murmurées, être portées partout dans la pièce.

Ju avait grimacé en découvrant l’endroit. « Cela ressemble trop à une salle du trône. Tu n’es pas roi. » avait-elle argué. Je m’étais défendu. « Ce n’est pas moi qui ait choisi cela mais la communauté. Ils disent avoir besoin d’un guide, d’une personne vers qui se tourner pour centraliser les demandes avant de les redistribuer. » « Ça devrait être moi » avait-elle gémi. J’étais d’accord avec elle. Les avertis en avaient décidé autrement. Elle accepta leur décision.

- Qui souhaite s’exprimer ? proposai-je.

Blaar s’avança. Il venait rarement à Chitchen Itza. Je vis Ju sourire dans l’assistance. Lui la respectait et lui parlait normalement. Il avait poliment refusé de baiser avec elle et Ju s’était résignée.

- Croyez-vous possible qu'un Vampire découvre par lui-même le contrôle de la procréation ? interrogea Blaar.

- Comment crois-tu que Ju et moi-même l'avons obtenu ? Personne ne nous l'a enseigné ! répondis-je.

- Certes, mais vous avez eu des milliers d'années à votre disposition et aucun combat à mener chaque jour pour survivre.

- C'est vrai, admis-je. Peut-être qu'il a vu l'un de nous agir et en a tiré une leçon.

Blaar hocha la tête. C'était envisageable. Aucun averti ne se cachait pour se nourrir. Que l'un d'eux ait pu être aperçu en train de mordre puis de partir, la victime toujours bien vivante, était possible. Le Vampire, témoin de la scène, pour peu qu'il fut un tout petit peu intelligent, n'aurait pas pu rater la conclusion évidente. Ne restait ensuite plus qu'à s'entraîner. Cela avait dû prendre des siècles pour qu'il y parvienne sans mentor, sans guide, sans lieu sûr où s'exercer. La persévérance de ce Vampire méritait qu'on s'y intéresse.

- J'aimerais bien lui parler, annonça Ju, et lui proposer en personne de nous rejoindre. Cela fait longtemps que je ne suis pas sortie d'ici. Un peu d'air me fera du bien.

Je me figeai. Quitter les temples ? Je souris. L’idée me plut. Courir les chemins. Sentir le vent frais sur mon visage. Me promener avec ma merveille. J’en frémis d’extase.

Nous partîmes dès la fin du conseil missi. Blaar nous accompagna, nous faisant découvrir ses endroits préférés. Nous prîmes notre temps. Ju s’arrêta à chaque nouvelle fleur pour en capter la couleur, chaque essence d’arbre inconnu pour tenter de la transformer en support, chaque roche pour la tailler. Nous restâmes une saison entière sur le bord d’une rivière à regarder Ju s’émerveiller de la qualité de l’argile la bordant.

Nous n’étions pas pressé. Nous profitâmes de ce moment hors du temps. J’appréciai ma liberté retrouvée. Ju adorait nos regards, emplis de respect, si éloignés de ceux qu’elle recevait aux temples.

Nous fûmes reçus par le gouverneur de chaque zone que nous traversions, profitant d’orgies de sang ou découvrant des mets raffinés, de la musique, des danses, des spectacles grandioses. Ju fut chagrinée que toute l’attention soit tournée vers moi et non vers elle mais la marche à trois lui redonnait toujours le sourire.

Lorsque nous arrivâmes enfin sur le territoire de Blaar, le Vampire parvenu avait disparu. Pas moyen de mettre la main dessus. Blaar fouilla le moindre recoin, sans le trouver. Son territoire regorgeait de petits Vampires non avertis.

- J'aurais tellement voulu le rencontrer, lui parler, échanger avec lui. Après tout, il est comme nous. Il a appris tout seul. Quel dommage qu'il soit mort avant, maugréa Ju.

- Je doute qu'il soit mort, répondit Blaar. Il était bien trop puissant pour être tué par les petits Vampires qui ont pris sa place. Non, moi, je dirais qu'il est parti, tout simplement.

- Espérons qu'il refera surface un jour. Je vais dire à tout le monde d'ouvrir grands leurs yeux, annonçai-je.

- Je distribuerai sa description, promit Blaar.

La probabilité de le retrouver était minime mais je gardais espoir. S'il était vivant, il se montrerait bien un jour et ma merveille pourrait lui parler.

Nous prîmes la direction les temples par une autre voie, prenant à nouveau le chemin des écoliers.

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