Chapitre 44 : Prise de tête et verglas.

 

 
Ayra et Dahlia avaient terminé leurs cours et décidèrent de prendre l’air dans les jardins de Clairval.
Elles descendirent les marches de pierre de l’entrée, et Ayra inspira profondément. L’herbe était encore couverte d’une fine couche de givre, et le soleil peinait à percer à travers les nuages. Comme chaque jour depuis son arrivée, son regard se posa sur le grand sapin décoré. Éteint en plein jour, il s’illuminait dès la fin des cours, et Ayra se surprit à attendre toujours ce moment, comme un petit repère familier.
Dahlia, qui fouillait dans son sac, sortit un casse-croûte et en croqua une bouchée sans attendre.
— Il n’est pas là aujourd’hui… dit-elle, la bouche encore pleine.
— Non… on dirait pas, répondit Ayra, pensive.
Elle ne chercha pas à cacher qu’elle avait remarqué son absence. Il n’y avait plus aucune raison de faire semblant. Depuis quelque temps déjà, Kael occupait une place qu’elle ne parvenait pas à définir, mais qu’elle ne pouvait plus ignorer.
Un petit oiseau au plumage bleu et à la poitrine jaune vint se poser sur la branche nue d’un arbre. À côté, une toile d’araignée givrée accrochée au bois scintillait sous la lumière froide du jour. Ayra observa la scène, troublée sans savoir pourquoi, et esquissa un léger sourire.
Un tapotement soudain sur son épaule la fit sursauter, aussitôt suivi d’un « salut » jovial.
Elle se retourna et sourit à son tour.
— Will…
— Intéressant, ce cours, non ? dit Will, la fossette creusant sa joue.
— Oui, répondit Ayra, un sourire timide aux lèvres.
— Si vous voulez, on pourrait se retrouver, parfois, après les cours… pour comparer nos notes, proposa-t-il en se grattant la tête, un peu gêné. Son regard, pourtant, insistait plus sur elle que sur Dahlia
— Oui, pourquoi pas… souffla Ayra.
— Comme aujourd’hui ? reprit-il en se frottant l’arrière de la nuque, visiblement plein d’espoir.
Ayra ouvrit la bouche pour répondre, mais un mouvement brusque la fit basculer en arrière. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise. Son dos heurta un torse solide, et un bras ferme vint se poser devant sa poitrine, la maintenant contre lui. L’odeur familière, le ton de ses gestes… elle n’eut pas besoin de se retourner pour savoir.
La voix grave s’éleva derrière elle, tranchante, sans appel :
— Ayra ne travaille qu’avec moi.
Elle sentit un frisson la parcourir malgré elle. Ce n’était pas de la peur, pas vraiment… et c’était bien ça qui la troublait.
Elle resta figée, son souffle coupé. Son cœur battait trop vite, étouffé par la proximité, par l’arrogance tranquille qui émanait de lui.
Son regard glissa malgré elle vers Dahlia. La jeune fille, la bouche entrouverte, un morceau de pain suspendu entre ses dents, observait la scène avec des yeux pétillants, à la fois choqués et ravis.
Ayra tenta de s’arracher à l’étreinte, mais Kael resserra son emprise, l’appuyant un peu plus contre lui, comme pour marquer son territoire.
Elle surprit un froncement de sourcils maîtrisé chez Will. Ses poings se serrèrent malgré lui.
— Je pense qu’Ayra est capable de décider par elle-même, dit-il, la voix légèrement tremblante.
— Ça tombe bien, répliqua Kael, sûr de lui, je sais déjà ce qu’elle décidera.
Ayra sentit son ventre se nouer. Will n’avait aucune chance face à Kael. Pas ici, pas comme ça. Elle refusa de le voir humilié davantage.
Elle se débattit un peu, et parvint enfin à se retourner pour faire face à Kael. Ses yeux clairs brillaient d’une lueur dure, assombrie par une noirceur intérieure qui la fit frissonner. Tout son regard n’était tourné que vers Will, comme une lame prête à s’abattre.
Ayra leva ses paumes et les appuya contre son torse, tentant de mettre une distance entre eux.
— Ça suffit ! trancha-t-elle. On devrait y aller.
Elle le repoussa vers l’arrière. Il céda à peine, mais sa main resta fermement posée dans son dos, comme un rappel silencieux : il n’avait pas l’intention de la lâcher.
Elle fit une flexion avec ses jambes pour inciter Kael à reculer avec sa force.
Elle avait l’impression qu’elle n’y arriverait jamais. Tant par sa force brute… que par sa présence écrasante.
Mais, à sa surprise, il céda et recula, l’entraînant avec lui dans son mouvement.
Elle se laissa faire. Elle aurait pu protester, se débattre davantage… pourtant, elle suivit.
Quelques mètres plus loin, elle osa un coup d’œil en arrière.
Will les fixait encore, les poings serrés, le souffle visible dans l’air glacé. Dahlia, elle, avait déjà repris son sandwich, les yeux pétillants d’amusement comme si elle venait d’assister à une scène de théâtre.
Un léger pincement la traversa. Elle avait mal pour Will, mal de l’avoir vu ainsi face à Kael. Mais, au fond d’elle, une vérité s’imposait, implacable : même sans cette confrontation, elle aurait suivi Kael. À n’importe quel moment.
C’était ainsi. Une certitude dérangeante, mais à laquelle elle ne pouvait rien.
Elle inspira, presque résignée, tandis que le bras de Kael restait posé sur ses épaules. Sa chaleur, son poids, l’enveloppaient à mesure qu’ils approchaient du bâtiment.
Arrivés dans le hall, elle se dégagea de son bras et se retourna brusquement.
Il dut s’arrêter net, son regard doré accroché au sien.
— Tu ne peux pas te comporter comme ça avec tout le monde ! lança-t-elle, appuyant son index sur son torse comme pour le repousser.
Un sourire effleura ses lèvres.
— Tout le monde ? Intéressant… mais avec toi, ça marche.
Il se pencha légèrement, son ombre mordant la lumière du hall. Sa main effleura une mèche qu’il fit lentement tourner autour de son doigt, comme s’il savourait ce geste.
— Tu sais très bien que j’ai toujours aimé te mettre en colère, murmura-t-il, un éclat amusé brillant dans ses yeux.
Elle resta immobile, tiraillée entre l’envie de le repousser et l’impossibilité de bouger. Était-ce encore de la provocation, ou une façon détournée de lui dire qu’il voulait la garder près de lui ? Elle refusa d’y croire et choisit la première option.
— Peut-être qu’un jour, je ne réagirai plus… souffla-t-elle, même si son cœur battait si fort qu’il la trahissait déjà.
— Ça, c’est impossible, répondit-il, sûr de lui, comme s’il énonçait une vérité indiscutable.
Elle resta plantée devant lui, le fixant sans ciller. Jamais elle ne détournerait le regard, pas face à lui. Ses prunelles d’or avaient ce quelque chose qui l’agaçait autant qu’il la fascinait.
Et pourtant, au fond d’elle, elle savait qu’il avait raison. Sa provocation constante, cette manière qu’il avait de la pousser dans ses retranchements, tout cela la faisait se sentir étrangement… vivante.
Son cœur battait trop vite, mais elle redressa le menton, refusant de lui donner cette victoire.
Elle avait l’impression de revivre le soir de la tempête, quand tout le monde avait fini par se réfugier chez Mira.
Comme une invitation silencieuse, son propre défi du regard le poussait à s’approcher davantage. Son cœur battait à tout rompre, la chaleur lui montait aux joues malgré elle.
Elle sentit son souffle effleurer sa joue, mais refusa de détourner les yeux. Elle ne voulait pas lui montrer la moindre faiblesse.
Ses doigts glissèrent sur sa joue, déclenchant un frisson incontrôlable le long de sa nuque. Elle inspira doucement, comme pour garder contenance.
Son bras l’attira un peu plus, écrasant sa poitrine contre son torse. L’air se chargeait autour d’eux, chaque battement de son cœur résonnait comme un tambour.
Le regard de Kael s’assombrit d’intensité, et comme si tout était inévitable, ses lèvres s’approchèrent des siennes.
Ses mains encadrèrent son visage, capturant toute son attention. Elle retint sa respiration, son corps vibrant d’une énergie nouvelle.
Leurs lèvres s’effleurèrent à peine…
Une porte à l’étage claqua violemment. Ayra sursauta, profitant de ce bruit pour s’écarter brusquement de Kael.
Le cœur battant encore, elle se rappela soudain qu’ils étaient dans le hall de Clairval. Même désert pour l’instant, n’importe qui pouvait entrer.
Des voix familières résonnèrent aussitôt dans l’escalier.
Elle sentit toujours le regard de Kael sur elle, mais choisit de le fuir en levant les yeux vers la source du bruit.
— Ah, vous voilà ! Ça fait une heure qu’on vous cherche ! lança la voix sévère d’Élika, depuis le haut des marches.
Ayra fut surprise de les voir surgir là, en haut des escaliers. Puis, comme un déclic, elle se souvint : Élika et Eren étaient justement venus inspecter les phénomènes étranges qui troublaient Clairval ces derniers temps.
Elle bafouilla quelques mots incohérents, désignant vaguement l’extérieur du hall.
Élika fronça les sourcils.
— Qu’est-ce qui te prend ? demanda-t-elle en descendant les marches de pierre.
Ayra, elle, n’arrivait plus à rassembler ses pensées. L’intensité de ce qui venait de se passer l’avait complètement déstabilisée. Trop fort, trop brutal. Elle n’était pas prête à affronter ce genre de trouble.
Soudain, une vague glaciale la traversa de l’intérieur, comme si son corps répondait malgré elle à son agitation. L’air autour d’elle sembla se refroidir, réagissant à son désordre intérieur.
Elle inspira profondément et serra les poings, tentant de reprendre le contrôle.
Ayra capta aussitôt le regard singulier d’Élika. Sa sœur avait tout deviné. Comme toujours, un seul coup d’œil suffisait. Elle sentit une vague de honte la traverser : pourquoi fallait-il que ses émotions se lisent si facilement ?
Elle osa tourner la tête vers Kael. Sa mâchoire était crispée, une veine battait à son cou. Il fixait les nouveaux arrivants avec une tension contenue.
Eren rompit le silence :
— Vous aviez raison. Il se passe bien des choses étranges ici.
— Ça, merci, on l’avait compris. Les livres ne volent pas tout seuls, répliqua sèchement Kael.
Ayra vit Eren lui lancer ce regard faussement offensé qu’il réservait toujours à ses échanges avec lui.
— Oui… mais cette fois, on pense avoir trouvé la source.
Il marqua une pause, avant d’ajouter plus bas :
— Le destin.
Le mot tomba comme une pierre dans l’air.
Ayra tourna vivement la tête vers Élika, stupéfaite. L’entendre ainsi, le dire aux garçons, comme si c’était la chose la plus naturelle la fit frissonner.
— Le destin ? Mais qu’est-ce que tu racontes avec ton destin ? lâcha Kael, moqueur.
Élika soutint son regard, bras croisés, implacable.
— J’ai effectué des recherches. Et ce symbole… j’ai fini par trouver ce qu’il signifiait.
Eren renchérit d’un ton sérieux :
— Il revient dans toutes nos enquêtes.
Kael haussa un sourcil.
— Quoi, ton espèce d’escargot ?
— Exactement, répondit Eren.
— Il nous reste à comprendre pourquoi il apparaît, conclut Élika.
— Autant dire que vous n’avez toujours rien, trancha Kael, les bras croisés.
Ayra sentit la morsure de ses mots. Mais au fond, il n’avait pas tort. Tout revenait toujours à ce symbole. Depuis leur arrivée à Clairmont, il s’était imposé : d’abord discret, fugace dans les visions d’Elenor… maintenant plus insistant, comme s’il s’amusait à s’infiltrer dans l’environnement, à se manifester sous leurs yeux.
Ayra remarqua Élika se masser la tempe, comme pour chasser une douleur ou un poids invisible.
— Bon… je pense que j’en ai assez fait pour aujourd’hui. Je préfère rentrer. Ça ira pour toi ? demanda-t-elle à Eren.
— Oui, répondit-il sans hésiter. Je passerai d’abord au bureau pour rédiger un rapport. Et je crois que je vais moi aussi écourter la journée.
Il leva le menton vers la grande vitre en demi-cercle qui surplombait la porte en bois massif.
— Il fait beau, autant en profiter tant qu’on le peut.
— Beau est un grand mot, lança Kael. — Si c’est un air glacial qui te prend à la gorge que tu trouves beau…
Il n’eut pas le temps de finir qu’Eren lui donna un coup de coude discret dans les côtes.
Ayra les observa un instant. Avec son frère, Kael paraissait différent. Plus léger, presque comme un enfant cherchant à piquer pour s’amuser. Rien à voir avec l’attitude qu’il avait face à elle : sûr de lui, dominateur, toujours prêt à imposer sa présence. Ce contraste la troubla plus qu’elle ne voulait l’admettre.
Élika s’approcha d’elle et lui prit doucement le bras.
— Tu as terminé, Ayra ? demanda-t-elle d’un ton trop cordial pour être naturel.
Ayra hésita, partagée entre l’envie de rester et la pression implicite dans la voix de sa sœur. Elle finit par acquiescer d’un signe de tête.
Du coin de l’œil, elle aperçut Kael. Ses poings s’étaient légèrement crispés. Elle n’aurait su dire pourquoi : irritation, contrariété, ou simple réflexe ? Avec lui, il était toujours difficile de savoir ce qui se cachait derrière un geste.
Élika salua les deux frères avec ce calme qui lui était propre, puis entraîna Ayra vers la sortie .Ayra se laissa faire, presque reconnaissante de fuir ce trouble qu’elle n’était pas prête à affronter.
Pendant quelques minutes, elles marchèrent en silence.
Ayra glissa un regard vers sa sœur. Élika fixait les pavés, les mains profondément enfouies dans les poches de sa longue veste. Son regard semblait voilé, perdu quelque part loin d’ici. Ces derniers jours, Ayra la trouvait étrangement soucieuse, plus encore que d’ordinaire.
— Tu ne devrais pas, Ayra… dit enfin Élika d’une voix basse.
Ayra tourna la tête, surprise.
— De quoi ?
Élika inspira doucement avant de relever les yeux vers elle.
— Faire ce que tu fais avec Kael… tu vas en ressortir blessée.
Sa voix n’avait rien de réprobateur. C’était de la compassion, pure et simple.
— Je ne fais rien, répondit-elle en fixant une pierre déjointée de la façade voisine.
Le silence s’installa un moment, seulement troublé par le souffle glacé de la ruelle.
— On ne restera pas ici éternellement, reprit Élika.
— Je le sais, répondit Ayra d’un ton plus sec qu’elle ne l’aurait voulu. Ses mâchoires s’étaient serrées malgré elle. Jusqu’ici, elle s’était laissée porter sans chercher à réfléchir, mais cette piqûre de rappel lui brûlait la patience.
— J’en doute, répliqua Élika, son regard pesant sur elle.
Cette remarque la piqua bien plus qu’elle ne l’aurait cru. Une onde glacée remonta en elle, se logea dans sa poitrine et irradia jusque dans sa gorge.
— Je te dis que ça va aller ! Je ne suis pas si fragile que tu le penses ! lâcha-t-elle d’un ton rapide et tranchant.
Sa voix vibrait de colère. Élika tenta de l’apaiser, adoucissant son expression.
— Je ne pense pas ça… mais—
— Bien sûr que tu le penses ! coupa Ayra, le souffle court. Je le vois dans ton regard, tout le temps !
Ses yeux se plissèrent légèrement, piquants, comme traversés d’un éclat glacé. Son regard, d’ordinaire lumineux, vibrait d’une intensité presque douloureuse, comme si une bourrasque d’air givré s’y était engouffrée. Le froid, lui, ne se retint pas. Il jaillit de son corps avec brutalité, s’étendant sous ses pieds. En un souffle, une plaque de givre se forma, courant en direction de sa sœur.
Élika écarquilla les yeux, prise de court. Elle fit un pas vers Ayra mais le verglas se propagea sous ses semelles. Le sol se déroba, et dans un éclat sec, ses pieds glissèrent vers l’avant. En un instant, elle se retrouva à terre, les fesses écrasées contre les pavés. Ses mains à plat sur le sol gelé, elle inspira vivement, les yeux grands ouverts, son souffle heurté, fixant Ayra sans parvenir à prononcer un mot.
Le premier réflexe d’Ayra fut de scruter autour d’elle, la poitrine soulevée par une respiration heurtée, en éventail.
Personne à l’horizon.
Son regard revint aussitôt sur sa sœur, toujours assise sur le sol, l’air hébété.
— Je suis désolée, je ne voulais pas ! s’exclama-t-elle précipitamment, les mains tendues vers elle.
Élika ouvrit la bouche, hésita, puis sa voix rauque finit par franchir ses lèvres :
— Depuis quand… ?
Elle sembla chercher ses mots, puis reprit avec plus de fermeté :
— Depuis quand tu sais faire ça ?
Ayra s’agenouilla près d’elle et lui prit le bras pour l’aider à se relever.
— Je… je n’ai jamais eu cette force-là, murmura-t-elle, les doigts tremblants.
— Ce n’étaient que des petites choses… un peu de givre, parfois une pointe glacée… mais à Clairval, quand cet objet a surgi sur moi dans le couloir… là, c’est sorti d’un coup.
Elle parlait vite, ses mains accompagnaient ses mots de gestes brusques, comme pour mimer l’explosion qu’elle décrivait.
— Mais pas comme ici… ici, c’était différent, comme si ça venait… de moi, de ce que je ressentais.
Élika ne répondit pas tout de suite. Elle l’écoutait, le visage encore marqué par la surprise, mais déjà tempéré par une attention plus profonde.
— Tu t’éveilles, finit-elle par dire calmement.
— Pourquoi maintenant et pas avant ? demanda Ayra, encore affolée par ce qu’elle venait de faire. Elle sentait toujours ce froid dans son regard, comme une trace persistante, mais il commençait à se dissiper.
— Comme moi avec le feu, comme Elenor avec la clairvoyance… ou la force des autres… Ou peut-être simplement parce que tu l’acceptes, inconsciemment, murmura Élika, son regard perdu dans ses pensées.
Ayra, elle, n’avait pas cette impression. Oui, elle savait qu’il manquait quelque chose en elle, qu’un fil invisible n’était pas encore noué. Mais jamais elle n’avait fait le lien entre ce vide et les pouvoirs qui semblaient surgir malgré elle.
Elle baissa les yeux. Les pavés sombres, imbibés d’humidité, laissaient perler un léger voile de givre qui se dissipait lentement.
— Je crois qu’il est temps de rentrer, souffla-t-elle. Ses pensées s’entrechoquaient trop pour qu’elle puisse les démêler.
— Oui, allons-y, répondit Élika.
Son regard accrocha un instant un petit renne lumineux posé devant une façade. En d’autres temps, il l’aurait fait sourire. Mais cette fois, l’éclat lui sembla presque étranger, trop gai pour l’état de son cœur. Elle détourna vite les yeux, troublée par tout ce qui venait de se produire.
Comme souvent, Élika sembla le sentir. Elle lui prit doucement le bras et l’entraîna vers le haut de la ruelle, en silence.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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