Un long silence gagna la salle illuminée de blanc et d’or. L’air marin vint animer quelques mèches de cheveux sur les crânes des souverains. Et Marina reprit son discours, infatigable.
— Et pourtant, les femmes existent. Et il faut leur trouver une utilité, un rôle à jouer, dans ce monde qui ne les voit pas. Alors on les marie, on les déplace d’un royaume à l’autre. On en fait des cadeaux diplomatiques, des gages de bonne foi, des garanties de paix. Je ne sais pas pour vous, mais à mes yeux, il n’y a pas de doute à avoir. Notre dynastie est damnée parce qu’elle enlève aux femmes le droit d’être. D’individu, elles deviennent un intérêt.
Pendant un long moment, elle posa son regard sur Diane, et le regard froid semblait avoir perdu de son tranchant, sa glace paraissait s’être disloquée, remplacée par de la lave en fusion. Une passion, une détermination les faisaient briller d’un éclat éblouissant, presque chaleureux.
Des glaces enflammées.
Marina déglutit avec lenteur, et détourna la tête.
— J’entends votre raisonnement, Madame la Présidente, répondit Christian. Mais ne croyez-vous pas qu’en introduisant la possibilité de régner par association, nous avons éliminé cette menace du mariage forcé ? Et ainsi, la dynastie ne trouvera plus d’intérêt à marier les femmes aux rois voisins ?
Marina pencha la tête dans un demi-acquiescement incertain.
— Cela diminue le risque en effet, parce que le système de l’i'horana oblige à recueillir le consentement des deux personnes. Mais cela n’empêchera pas des associations d’intérêt pour autant, qui pourront être utilisées contre des jeunes héritières influençables, notamment.
— Certes. Néanmoins, nous ne pouvons tout de même pas empêcher les royaumes de réaliser des associations diplomatiques, nota Garance. Cela relève de la souveraineté de chaque pays, et de la liberté de chaque roi et reine.
— Non, bien sûr que non, répliqua Marina, sèche. Ce qu’il nous faut empêcher, c’est l’utilisation des femmes comme un enjeu diplomatique. Pour le reste, nous sommes tous libres de nous associer, comme nous l’a expliqué la cheffe Taravahë.
Cette dernière lui offrit un sourire large, dévoilant ses dents d’une blancheur pure.
— Et pour empêcher la dynastie d’utiliser ses héritières comme un outil, il faut simplement leur donner un autre rôle. Un rôle d’individu. Un rôle de pouvoir. Le même que celui des hommes.
— Eh bien, pour ça il suffit de l’écrire dans la Loi Sacrée, non ? proposa Juliette, son visage illuminé par l’espoir. Il suffit de préciser que les femmes peuvent gouverner comme les hommes ?
Alors que Marina ouvrait la bouche pour répliquer, elle fut devancée par le roi Amalric.
— Non mais attendez un instant. Il y a quelque chose qui m’échappe, marmonna-t-il, ses sourcils blancs froncés. Pourquoi écrire quelque chose qu’on sait déjà ? Évidemment que les femmes peuvent gouverner, je veux dire… Regardez-nous… Regardez-vous ! s’écria-t-il soudain, désignant toute l’assemblée d’un mouvement circulaire de la main. Il y a un grand nombre de reines autour de cette Table. On le sait, nos peuples le savent aussi. Alors à quoi bon mettre sur le papier une évidence qui nous crève les yeux ?
Un court silence prit d’assaut la grande salle, tandis que les regards volaient du roi de Galvin vers la reine d’Elesther. Cette dernière posa ses longues mains sur le marbre dans un geste déterminé, calculateur, mais ce ne fut pas elle qui répondit.
— Je crois qu’il est parfois prudent et bienvenu d’acter des acquis, afin de s’assurer qu’ils ne puissent pas être remis en cause, dit Christian, magnanime.
— Ça, c’est vrai, renchérit Juliette.
— D’accord, accepta Amalric entre ses dents. Admettons que ce soit nécessaire. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi vous considérez que le rôle des femmes est différent de celui des hommes. Cela fait maintenant plusieurs décennies que des femmes gouvernent, et cela ne semble pas poser de problème. Quand l’héritière est une femme, elle monte sur le trône, je ne vois pas…
— Sauf lorsqu’elle est forcée d’épouser un souverain d’un pays voisin, l’interrompit Juliette d’une voix morne.
— Ou lorsqu’elle s’enfuit, disparait dans la nature ou décide de s’engager dans la résistance, compléta Marina, son ton cassant, impatient.
— Oui, soupira Amalric. Mais ça, c’est son choix. Si elle ne veut pas régner…
— Vous avez toujours eu du mal à comprendre les choses, mon chère frère, le coupa une voix blanche, glaciale. Ce n’est pourtant pas faute de vous le répéter, maintes et maintes fois. Vous l’avez vu vous-même, la reine Marina vous l’a expliqué, et pourtant vous ne comprenez toujours pas. La fuite, la peur, le rejet ou encore la haine sont des comportements et des émotions qui répondent à une situation initiale, à une provocation antérieure. Ils ne sont pas une action, mais une réaction. Ces choix-là, aussi extrêmes soient-ils, ont tous été motivés par une même raison. Et je crois que cette raison n’est autre que l’injustice.
— L’injustice… répéta Eléanor, le regard perdu dans le vide. Mais l’injustice… De quoi… De qui ?
— L’injustice des femmes, reine Eléanor, répondit Diane d’un ton égal. L’injustice qui a dicté un jour que par principe, l’aîné est un homme. L’injustice qui a dicté que si l’aînée est une femme, elle devra se battre plus que si elle était autre. Se battre plus pour elle, et en attendre moins des autres. L’injustice qui a décidé qu’elle devrait frapper plus fort pour obtenir moins. Se battre encore et toujours, envers et contre tous, pour le respect, la reconnaissance, l’existence.
Les poings fermés de Diane commencèrent à tressauter presque imperceptiblement. Doucement, prudemment, le roi Léon approcha sa large main de celle de son épouse, et alors qu’il effleurait le dos de sa main, Diane repoussa ses doigts hésitants d’une frappe violente, impitoyable. Dans un sursaut, Léon retira sa main et la cacha sous la table, tête courbée, honteux. Marina fixa la reine des Ospales d’un regard indéchiffrable, contrairement aux yeux profonds, emplis de colère de Jade qui ne quittaient plus les prunelles d’acier de sa mère.
— Je crois que c’est là que réside le problème, en effet, reprit Marina, posant son regard sur le roi Amalric qui écarquillait les yeux d’incrédulité. Pendant des siècles, les aînés ont été des hommes, et ainsi le pouvoir a été aux hommes. Et puis, très récemment, les reines se sont mis à enfanter de plus en plus de filles, sans que nul ne sache pourquoi. Et les aînées devinrent femmes. Mais comment faire accepter toutes ces reines à ceux qui n’ont toujours connu que des rois ? Celles qui n’avaient aucun pouvoir avaient soudain tous les pouvoirs. La Loi Sacrée n’a jamais dit que les femmes ne pouvaient pas régner, c’est vrai. Mais elle n’a jamais dit non plus qu’elles pouvaient le faire.
— Oui, en fait, on est un peu dans une impasse, conclut Juliette, l’air pensif.
— Le silence… de la loi… crée un paradoxe.
Marina tourna la tête vivement en direction d’Eléanor, qui avait parlé de cette même voix éteinte, lointaine. La reine d’Elesther lui adressa un regard plein de curiosité.
— Que sous-entendez-vous lorsque vous parlez de paradoxe, reine Eléanor ? l’encouragea-t-elle.
— Euh… Eh bien… C’est… C’est les personnes qui… ont le plus de pouvoir dans les faits… depuis un certain nombre d’années… alors qu’elles sont oubliées… inexistantes… dans la Loi qui gouverne la dynastie depuis des siècles. C’est comme si c’étaient… des fantômes…
Elle s’interrompit, ses prunelles marron sale croisèrent un instant les iris brillants d’expectative de Marina, ignorant le regard acerbe que lui lançait Valmec.
— Voilà, dit-elle, sa voix prenant quelques décibels, s’affirmant soudain. C’est comme si le monde était dirigé par des fantômes.
Les lèvres rouges de Marina se tordirent dans un rictus chaud, sincère.
— Exactement. Et je crois que c’est là que se cache l’origine de la malédiction de la Dynastie des Damnées.
— Et les vivants ont toujours craint l’apparition des fantômes… qu’ils soient passés ou présents.
Les regards virèrent en direction de la reine des Ospales qui étrangement avait parlé d’une voix ni dure ni mielleuse, mais d’un ton qui paraissait appartenir à un autre temps, à un autre lieu, peut-être là où son regard vide s’était perdu.
— Diane, l’appela Amalric d’un ton qui se voulait rassurant. Tu sais bien que ce n’est pas vrai pour tout le monde. Si je n’avais pas été l’aîné, tu sais bien que Père t’aurait légué le royaume. Il t’a toujours préférée à Danae et à moi, alors…
— Tais-toi.
L’ordre tomba comme une lame tranchant une gorge. Avec violence, rapidité, imprévisibilité. Sans pitié. Amalric resta un instant bouche bée, dévisageant sa sœur comme si elle venait de perdre l’esprit. Marina fixait également la reine Diane, mais son regard mordoré était dénué de toute rage ou de toute émotion.
Il contemplait, observait, disséquait.
Sans juger.
Alors, le regard pâle de la reine des Ospales captura les iris enflammés de Marina, les retint prisonniers dans leur cage de glace.
Jusqu’à ce qu’une voix brise le silence.
— Madame la Présidente, l’interpella le Dévoué Daryn depuis son pupitre. Il commence à se faire tard. Les débats ont débuté en retard aujourd’hui, et ils semblent loin d’être achevés. Peut-être pouvez-vous interrompre les débats pour aujourd’hui et reprendre demain à l’aube ?
Marina arracha son regard à celui de Diane pour porter son attention sur le Dévoué, avant de balayer l’assemblée des yeux.
— Vous avez raison. Si personne n’y voit d’inconvénient, je crois en effet qu’il vaut mieux continuer les débats demain matin, après une nuit de repos. Nous pourrons mieux réfléchir ensemble sur ce paradoxe et comment le contrer. Si quelqu’un s’oppose à cet ajournement, qu’il se manifeste dès à présent.
La masse de souverains et souveraines demeura tout aussi immobile que la surface d’un lac limpide, et Marina hocha la tête. D’un mouvement leste, elle se leva et repoussa sa chaise. Elle fut tout de suite imitée par les autres souverains. Un brouhaha se leva lentement tandis que les membres de la Table commençaient à converser entre eux et avec leurs Attendants. Le Chancelier d’Elesther rejoignit son frère et la reine d’Indeya, et Marina prit la direction de la sortie.
***
Le banquet du soir touchait à sa fin alors que l’orbe lunaire glissait derrière d’épais nuages noirs, au-delà de la cime des arbres. La plupart des larges plats blancs étaient aussi vides et propres que s’ils n’avaient jamais servi. Après un bref contact avec la reine Eléanor, la reine Marina s’éloigna des tables pour s’extirper de la salle. Une fois dissimulée dans l’obscurité réconfortante du couloir, elle prit la direction des grands escaliers, qu’elle descendit d’un pas mesuré et assuré. Dans le couloir du rez-de-chaussée, les éclats de voix provenant de l’étage étaient presque inaudibles, étouffés par les hauts plafonds et les épais parquets. Elle ouvrit les portes-fenêtres qui donnaient sur le jardin et soupira d’aise au contact de l’air frais de la nuit. Le brouhaha de l’étage lui parvint par la fenêtre ouverte du balcon, mais il lui paraissait lointain, irréel. Dans une démarche légère, elle s’élança sur le chemin de graviers pour rejoindre la fontaine, quand une voix l’appela, la forçant à l’immobilité.
— Madame la Présidente, puis-je vous toucher un mot ?
La chaleur qui dormait, latente, dans tout son corps se liquéfia et se répandit dans tous ses membres. Elle serra la mâchoire et joignit ses mains devant elle pour maintenir son impassibilité. Elle reprit alors sa marche, indifférente.
— Si vous le souhaitez. Je ne vous empêcherai pas de me suivre.
Les petits cailloux blancs crissèrent derrière elle, mais infiniment moins que ceux sous ses pieds. Lorsqu’elle arriva devant la fontaine, elle vit du coin de l’œil la haute figure blanche. Elle risqua un regard discret dans sa direction. Les cheveux blancs de Diane regroupés dans un chignon, alimenté par plusieurs fines tresses, brillaient sous les rayons épars de la lune. Dans la pénombre, ses yeux paraissaient plus purs, plus glaçants encore que sous la lumière chaude du soleil. Puis sa voix glissante comme le verre retentit, tout près d’elle.
— Cela vous a peut-être échappé, mais je vous ai observée avec attention pendant les débats à la Table des Dix. Elle marqua une pause, mais son regard demeurait happé par les étoiles, et elle ne sembla pas remarquer les yeux de flamme braqués sur elle, prêts à imploser.
— Je me demande, ajouta-t-elle, sa voix se faisant murmure. Êtes-vous bien certaine que nos choix nous dépassent ? Ou préférez-vous simplement vous raccrocher à cet espoir pour ne plus voir les cicatrices de votre âme une fois la nuit tombée ?
Un frisson transperça le dos de Marina, comme un serpent de glace s’insinuant sous sa peau.
— Si vous m’avez suivie uniquement dans le but de me rappeler mes erreurs passées, je vous suggère de repartir tout de suite. Ni vous ni moi n’avons un quelconque intérêt à poursuivre cette conversation.
— Je ne suis pas d’accord avec vous. Je crois au contraire que cette discussion bénéficierait autant à vous qu’à moi…
Marina se tourna brusquement vers Diane, ses bras tendus le long de son corps, ses poings serrés pour dissimuler la rougeur qui pointait au bout de ses ongles.
— Pourquoi souhaitiez-vous vous entretenir avec moi ce soir spécialement ? À quoi bon ? Si vous souhaitiez me rallier à votre cause, il est un peu trop tard. Les débats se terminent demain.
Un sourire lugubre, luminescent naquit sur les lèvres pâles.
— Je n’ai pas besoin de vous rallier à ma cause. Vous ne le reconnaîtrez sans doute jamais, mais en réalité, vous l’avez toujours été sans le savoir. Nous sommes du même côté, depuis le début. Nos idéaux sont bien plus proches que ce que quiconque pourrait croire, vous et moi y compris.
Une lourde expiration irritée quitta la bouche de Marina.
— Je ne suis pas certaine de connaitre vos idéaux, et encore moins de le vouloir. En revanche, ce que je sais, c’est que nous ne partageons pas les mêmes idéaux, ni la même vision du pouvoir. Là où j’ai su reconnaître ma folie meurtrière, vous semblez encore vous en délecter un peu plus chaque jour.
— Vous reconnaissez alors qu’il existe des similitudes évidentes entre nous, minauda la reine des Ospales. Il est inutile de le nier en ma présence, Marina. Tout comme moi, vous vous êtes enorgueillie de votre puissance jusqu’à en faire une arme de destruction. Par pitié, ne vous octroyez pas la gloire de la repentance. N’oubliez pas qui vous l’a offerte. La seule différence entre vous et moi est que vous avez su accueillir au bon moment une… aide qui a avalé le Chaos à votre place.
Marina écarquilla les yeux et décrivit un pas en avant contre son gré.
— Que venez-vous de dire ? Comment savez-vous…
— Avouez-le, l’ignora Diane, capturant enfin les iris enflammés dans ses prunelles de glace. Nous partageons au moins un même rêve. Garder le pouvoir qui nous revient, gagner le respect que nous méritons. Certains possèdent tout cela à la naissance. D’autres doivent se battre toute leur vie pour l’obtenir. Certains combattent à coup de sourires et de mensonges, d’autres préfèrent éviter le reflet du miroir et se transforment en monstre. Nul ne sait lequel des deux est le plus cruel. Entre le mensonge et le monstre, même le miroir le plus honnête s’y tromperait…
Pendant un long moment, Marina fixa Diane sans un mot, ses lèvres écarlates formant une ligne close, interdite, avant de se détourner brusquement.
— Vos discours ont la beauté de l’arrogance, claqua-t-elle, croisant les bras sous sa poitrine. Je suis navrée, mais je n’y suis que peu sensible. Et je demeure persuadée que nous partageons à peu près rien.
— Détrompez-vous, objecta Diane, sa voix soudain soyeuse, sirupeuse, plus proche encore qu’auparavant. Ne partageons-nous pas au moins… nos larmes ?
Un éclat bleuté, étrangement vivant traversa les pupilles de Diane, et sans réfléchir, Marina tendit une main indécise vers la reine des Ospales.
— Que… Que venez-vous de dire ? Vos yeux… Qu’est-il arrivé à vos yeux ?
Pour toute réponse, Diane saisit la main de Marina. Au contact des doigts aussi froids et coupants que le métal, une fraîcheur presque apaisante, familière, pénétra la main de la reine d’Elesther, si bien qu’elle se trouva incapable de l’extraire de cette éteinte.
La reine des Ospales fixa longuement leurs mains enlacées. Les doigts de Marina s’allumaient un à un, ses ongles comme des braises en fusion. D’obscur et inquiétant, le rictus de Diane devint fou, aliéné.
— N’essayez pas de déjouer les apparences, Marina. Elles sont plus puissantes que nous.
Interloquée, la reine d’Elesther ne trouva mot à dire, et lorsque Diane lâcha enfin son emprise, sa main retomba contre ses flancs telle une branche morte. La reine des Ospales fit volte-face et s’éloigna dans un bruit de froissement de tissu élégant. Les motifs pâles brodés sur sa robe bleu glace, à peine visibles le jour, scintillaient désormais à la lueur de la lune.
— Je crois qu’il est temps pour vous de prendre un peu de repos, Madame la Présidente. La journée sera longue demain, et nous aurons tous besoin de votre plus grande attention.
Marina observa Diane alors qu’elle se dirigeait vers les portes entrouvertes sans broncher. Puis, lorsqu’elle sortit enfin de sa torpeur, elle s’élança à sa poursuite.
— Attendez ! Vous…
Un mouvement furtif dans son champ de vision périphérique lui intima le silence. Elle détourna le regard à contre-cœur de la reine des Ospales qui s’apprêtait à disparaitre dans le couloir pour observer le coin du jardin, là où les buissons se rejoignaient dans un massif haut et touffu.
Au milieu des branches, une haute silhouette vêtue de blanc se dressait, fluide et élastique, ses cheveux de blé volant au vent. La respiration se coinça dans sa gorge, et tous ses mouvements devinrent saccadés lorsqu’elle accéléra le pas. Elle tendit une main désespérée.
— Esma… Esma, que fais-tu ici ?
Puis, sa voix se fit rauque, urgente.
— Il faut que tu partes, ne reste pas ici ! Tu…
Elle jeta un œil vers la porte. Diane se tenait droite, de profil, figée près des portes-fenêtres. Ses yeux de diamant braqués sur elle paraissaient avoir emprisonné la lune.
Elle détourna le regard, mais lorsque ses yeux retrouvèrent la direction des buissons, seul le noir et le vide l’accueillirent.
— C’est impossible… murmura-t-elle pour elle-même. Esma… Tu étais juste là…
— Madame la Présidente, retentit la voix narquoise au loin. Je crois qu’il est temps pour vous d’aller vous retirer.
Ses yeux mordorés s’illuminèrent d’une lueur menaçante, et elle leva une main. Des flammes léchèrent le bout de ses ongles et de ses doigts, et coururent en direction de Diane.
Le petit arbuste aux feuilles éparses qui trônait à gauche des immenses portes vitrées prit feu instantanément. Marina poussa un juron bruyant, et referma le poing avec hargne. Elle se laissa choir sur le rebord de la fontaine en marbre.
Son feu avait refusé de toucher Diane.
Et la porte menant au couloir se referma dans un claquement sourd.
Le son régulier de la respiration de Lapsi et de l’eau clapotant sur les écailles du dragon allongé permirent à la reine d’Elesther de retrouver un semblant de calme.
La statue de la déesse Hermine portait sur elle un regard scrutateur.
2e commentaire de l'aprèm^^
Très très cool la suite des débats sur la condition des féminines. J'ai beaucoup aimé, ça répond largement aux exigences de mon commentaire précédent. ^^
Il y a des petites pépites dans les dialogues (comme d'hab), notamment :
"— Je crois qu’il est parfois prudent et bienvenu d’acter des acquis, afin de s’assurer qu’ils ne puissent pas être remis en cause, dit Christian, magnanime." ahlala christou, il parle peu mais juste !
"L’injustice des femmes, reine Eléanor, répondit Diane d’un ton égal. L’injustice qui a dicté un jour que par principe, l’aîné est un homme. L’injustice qui a dicté que si l’aînée est une femme, elle devra se battre plus que si elle était autre. Se battre plus pour elle, et en attendre moins des autres. L’injustice qui a décidé qu’elle devrait frapper plus fort pour obtenir moins. Se battre encore et toujours, envers et contre tous, pour le respect, la reconnaissance, l’existence." Juste super beau ! Bravo Didi (=
Très très cool le petit affrontement entre Diane et Marina. Tu commences (même s'il y avait déjà des pistes plus tôt) à dévoiler de nouveaux aspects du personnage de Diane qui le rendent vraiment plus nuancés qu'au début. C'est clair que le parallèle avec Marina fonctionne avec pas mal de points communs. J'espère que l'exploration du perso de Diane se poursuivra dans les prochains chapitres !
Toujours un plaisir de te lire,
A bientôt !
Merci pour ton commentaire encore une fois :)
Bon eh bien je suis soulagée de voir que la suite des dialogues t'ont plu et ont été à la hauteur de tes attentes héhé ^^ Effectivement comme t'as dû le voir le chapitre d'avant n'était que l'introduction du débat ahah
Merci aussi pour toutes les répliques que tu as notées, effectivement Christian parle peu mais ses paroles sont en général posées et sages, comme ici ! Et merci de noter que Diane peut parfois avoir de beaux discours et de bonnes idées, même si son comportement et son idéologie font quand même peur 99% du temps x)
Et oui effectivement petit à petit, Diane dévoile un peu plus sur elle et bien sûr d'autres dévoilements sont à venir tu t'en doutes, j'ai hâte d'avoir ton avis là-dessus d'ailleurs ! Et oui, elle forme une bonne opposition avec Marina, même si clairement parfois elles pourraient totalement se rejoindre sur certains aspects (notamment celui-là dans ce chapitre)! C'est ça que j'aime entre ces deux : l'autre a été un monstre et est terrorisée par l'idée d'en redevenir un, l'autre en est un et ne voit pas d'autre solution pour survivre/prospérer ! Ce qui fait qu'elles sont pas forcément opposées dans leurs idées, pas toujours, mais au niveau des actions, si ^^
Merci encore pour tes commentaires adorables, à tout bientôt !
J'ai un seum de malade, je t'avais un joli com et tout et j'avais pourtant copier avant de valider le com, mais je sais pas mon ordi sur la pente de la dégénérescence (non, ça va pas devenir une de ces vilaines bêtes à tuer xD il agonise juste de sa fin de vie d'ordi :'D ) à tout fait planter et du coup, outre le fait que je me soit fait déco, n'a rien sauvegarder ;-;
Je sais plus ce que j'avais mis, mais grosso modo je disais que ça en dévoilait pas mal entre Diane et Marina et en même temps, ça laissait des zones d'ombres qui donne encore plus envie de lire la suite. De savoir pourquoi Esma s'est volatilisée d'un coup. Genre, c'est Diane qui l'a fait partir ou Esma solo qui a choisie de partir ? Le fait que Marina regarde Diane l'ayant ramener à la "raison" si on peut dire ça comme ça xD Ou encore autre chose que j'imagine pas. Pleins de bébés hypothèses fusent dans mon cerveau en demande de la suite.
Cerveau en PLS en ayant lu "on entre dans le début de la fin" ;-; ce drame. Je sais qu'il faut que ça arrive. Je sais, mais j'veux pas ;-; Combien qu'y reste de chapitres ? Que je me fasse une idée et que j'me prépare mentalement xD
À bientouillou pour les suitouillou et des bisouillou <3
Aïe aïe aïe, j'ai cru comprendre que ton ordi t'en faisait voir de toutes les couleurs, j'espère que tu vas t'en sortir avec ces galères :/
Contente que la dynamique Marina/Diane fonctionne bien dans ce chapitre, ça permet d'entrevoir une autre facette de Diane (et de Marina aussi tiens ahah), mais effectivement j'espère garder encore quelques mystères pour la suite héhé
Sur la disparition subite d'Esma, c'est vrai que les deux se tiennent honnêtement, je n'en dirai pas plus :P
Hâte d'avoir tes hypothèses dans les chapitres suivants ahah
Alors... Il reste 8 chapitres en comptant l'épilogue, mais la plupart seront coupés en 2 (voire 3) donc je dirais qu'il te reste encore quelques semaines de répit avant la fin quand même xD
Merci pour ton commentaire adorable comme d'habitude et à bientouille, bisouilles <3