Chapitre 46 : Erzic

Par Talharr

Erzic :

Au pied des murailles de Dralan, conquise par Rhazek, Erzic arpentait son camp, toujours irrité.
Il avait cédé aux caprices du roi de Drazyl, mais au moins son armée restait sous son commandement.
Il ne connaît pas le proverbe : diviser pour mieux régner, songea-t-il en souriant.

Le moment venu, lorsque la Terre de Talharr serait tombée, Rhazek mourrait. Pour le bien de tous.

En attendant, mieux valait ne pas éveiller les soupçons. Le roi se croyait maître de son pouvoir retrouvé, mais ses conseillers n’étaient pas dupes. Wosir, surtout, risquait de devenir un obstacle.

Certains Dralkhar avaient été envoyés chercher de nouvelles troupes. Si les batailles continuaient à ce rythme, Drazyl s’épuiserait. Alors il tomberait comme les autres.
La chute d’un roi… et d’un monde.  

Il souriait en se pavanant au sein de ses troupes mais une ombre assombrissait ses pensées : aucune nouvelle de Girzl, l’espion envoyé à Tyril. Il avait promis d’assassiner le roi et de prendre sa place. Voilà presque un mois qu’Erzic tentait en vain de le contacter.

Quelque chose ne va pas… s’ils ont flairé le coup, Girzl est mort. Tyril ne sait peut-être pas encore ce qui se passe dans les royaumes voisins mais quand on viendra sur leurs terres, ils seront prêts, c’est certain… surtout s’ils ont découvert le rôle de Girzl.

Ce royaume-là inquiétait Erzic. Des montagnes de pierre et de fer. Des forges sans fin. Les armes les plus puissantes de Talharr. Les guerriers les plus endurcis, rôdés aux frontières des Terres Abandonnées. Des forteresses inviolables. Et peut-être… ces créatures forgées par magie lors de la dernière guerre.

Les légendes naissent toujours d’une vérité.

Erzic se détourna de ses réflexions pour observer ses troupes et donner des ordres. Hommes, bêtes, abominations : il les considérait tous comme ses semblables. Eux aussi avaient été chassés après la défaite de Malkar. Eux aussi attendaient leur vengeance.

    — Talharr… jura-t-il à voix haute.

Il aura la monnaie de sa pièce.

Des têtes se tournèrent. Crocs, yeux brillants, visages déformés par la rage.
Erzic leva les bras.

    — Oui, mes amis. L’heure approche. Nous reprendrons ce qui nous a été volé. Celui qui nous a rejeté connaîtra notre vengeance !

Un grondement parcourut le camp. Hurlements, boucliers martelés, cris bestiaux.

    — Talharr disparaîtra des mémoires. Malkar est le seul vrai dieu de cette Terre !

La clameur redoubla, jusqu’à faire vibrer les murailles.
Mais Erzic savait : le véritable enjeu n’était pas ici. Il était entre les mains de Calir, le guide choisi par Malkar. Sans lui, ils seraient restés des ombres, terrés dans la poussière.

J’espère qu’il sait ce qu’il fait.

Mais pourquoi douter ? Calir avait été choisi. Le demi-dieu reviendrait, et Tyril tomberait comme les autres.

Soudain, les acclamations s’éteignirent. Des grognements remplacèrent les cris. Rhazek s’avançait, en armure dorée, suivi d’une poignée de soldats.
Encore trop faible, malgré les faveurs de Malkar.

    — Que nous vaut ce plaisir, mon roi ? demanda Erzic.

    — Je suis venu voir la cause de ce vacarme, répondit Rhazek.

Erzic esquissa un sourire.

    — Nous ne faisions que prier Malkar. Aurions-nous commis un crime impardonnable ?

Le roi s’approcha, obligeant les créatures à dégainer, imitées par ses soldats. D’un geste, Erzic calma ses troupes. Rhazek planta son épée dans la terre.

    — Je ne suis pas venu me battre. Mais notre armée est presque prête. Dans quelques jours, nous brûlerons la Forêt Sans Morts.

Des exclamations horrifiées éclatèrent autour d’eux.

Le mage fit un signe à ses troupes de baisser leurs armes. La tension redescendue ils purent parler sérieusement.

    — Ont-ils peur ? ricana le roi.

    — Et ils ont raison, répliqua Erzic. Ce bois est le plus dangereux de toute Talharr. Depuis des siècles, il cache encore les cicatrices de la guerre. Si une bataille éclate sous ses branches...

    — Cette forêt ? Eh bien, nous allons la réduire quelque peu, sourit Rhazek.

Les alliés d’Erzic ne semblèrent pas d’accord avec ces propos. Leur regard traduisait la peur. Était-ce ce que recherchait le roi ?

    — Vous n’avez pas vu ce qu’elles y ont vu. La plupart d’entre elles ont vécu la dernière guerre avant de devoir se terrer dans les Terres Abandonnées. Si un humain tue un seul autre être humain il est maudit mais si une bataille éclate dans cette forêt…

    — Ce sssera la mort assurée pour tousss, intervint une créature aux longues oreilles. Le sang des anciens y coule encore.

Un bref instant, la peur passa dans les yeux de Rhazek. Puis il se ressaisit.

Erzic eut un petit sourire en coin.

   — Ce ne sont que des arbres. Et Malkar est avec nous. Les Dralkhar y mettront le feu, et nous avancerons. Nous sommes d’accord ?

Tous les regards se tournèrent vers Erzic. Il fit mine de réfléchir.

    — Très bien. Nous le ferons, dit-il enfin.

Des protestations fusèrent dans ses rangs, mais il les fit taire d’un geste.

   — Préparez vos troupes, reprit Rhazek. Et souvenez-vous : si vous n’obéissez pas, le sang des anciens sera remplacé par le vôtre.

Il s’éloigna, laissant derrière lui une odeur de fer et de menace.

Erzic attendit que le roi disparaisse pour reprendre la parole.

Il pense pouvoir nous faire diviser avec de la peur ? Il ne nous connait pas.

    — Vous voyez ? Il est fou. Il ignore les véritables histoires. Mais nous, nous savons. Faisons ce qu’il demande. Puis Malkar réglera son sort.

    — Et si les autres royaumes ont laissé des hommes dans la forêt ? demanda la créature aux oreilles pointues.

Un Eldre des anciennes forêts.

    — Alors, nous ne pourrons plus que compter sur Malkar pour nous protéger. Cependant je ne pense pas que le royaume de Cartan prendrait ce risque. Je suis persuadé qu’un jour cette forêt se réveillera, mais pas dans les jours à venir, je vous l’assure, dit Erzic.

Les protestations cessèrent. Des yeux confiants se braquèrent sur lui.

    — Bientôt, mes amis. Quelques sacrifices encore. Et nous réussirons. Que nos cœurs saignent pour Malkar !

Un rugissement unanime secoua le camp. Erzic, au milieu du tumulte, souriait. Ils étaient l’armée du salut de ce monde. Une armée unit par un seul but.

Il sentait sa réussite, sa place auprès de son dieu.

Je suis si proche. Si proche de rendre à ce monde ce qu’il mérite.

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Scribilix
Posté le 18/09/2025
Bon bon bon, pas graand chose à en dire si ce n'est qu'ils vont vraiment la bruler cette foret. A voir si cela leur portera préjudice.
Rapidement sur la forrme :
- Eux aussi attendaient vengeance. (leur vengeance)
- Celui qui nous a rejetés (rejeté il me semble)
Je continue
Talharr
Posté le 18/09/2025
Hello ^^
Oui sûrement pas le chapitre le plus intéressant, je le conçois aha
Je vais voir à la relecture si il sert réellement ou non.
Mais la suite a s'enchainer :)
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