Chapitre 48 - N2

   Ils ont rallumé l’écran hier matin. Ma victoire aura été brève.

   Pas de visite, ni pour elle ni pour moi. D’ailleurs, les bruits dans le couloir se font de plus en plus rares ces derniers temps. Je m’approche de la porte et pose mes mains contre le champ magnétique. Je m’y suis attaqué hier et j’ai senti sa force, mais elle ne m’a pas mis à terre. Un moment d’espoir.

   Je me remets au travail aujourd’hui. Je me concentre sur mon pouvoir en essayant de le diriger vers l’extrémité de mes bras et je crie en y mettant toute mon énergie. Je tiens un peu plus de cinq minutes. Il y a du progrès, mais l’état dans lequel me laisse l’exercice me fait regretter d’avoir insisté si longtemps.

   Je tombe par terre et m’effondre au milieu de mon symbole. La force des planètes… Parfois, je me demande vraiment si mon don me sert à quoi que ce soit. Il ne m’a toujours pas aidé à sortir d’ici.

   Des heures que je suis assis là à faire glisser mon doigt sur le sol lorsque les vibrations se font ressentir. Je lâche ma dague et plaque mes deux mains sur le béton en fermant les yeux. De très légères vagues d’énergie remontent dans mes bras par intermittence. Parfois, elles durent quelques instants. Parfois, elles ne durent qu’une seconde et puis plus rien pendant des minutes interminables. J’essaye de les garder en moi, mais leur effet est trop bref, comme une simple tape sur l’épaule pour m’encourager à traverser un pont au-dessus d’un précipice.

   Et puis tout à coup, une décharge incroyable. Et là, on me tend une main pour m’aider à traverser ce pont. La vague d’énergie est d’une telle puissance que tous mes muscles se raidissent. Je me sens fort. Extrêmement fort. J’ai chaud. Je n’ai pas ressenti ça depuis longtemps. Une vague de chaleur qui se répand en moi. Qui me fait un bien impensable. C’est comme si, au fil des jours, tout mon corps était devenu aussi froid que les murs de cette cellule. À l’intérieur et à l’extérieur. Et cette bouffée d’énergie le réchauffe d’un coup.

   J’ai l’impression qu’il y a un visage en face de moi. Je ne le reconnais pas, mais je sais que son énergie circule en moi. Je le sens. Je n’ose pas détacher mes mains de mon symbole au sol. C’est de là que se diffuse dans mon corps cette force inouïe et je ne veux pas que ça s’arrête.

   Les minutes passent, puis le point de connexion se retrouve brutalement coupé. Le flux d’énergie reste en moi. Je n’attends pas qu’il s’affaiblisse et je saute sur mes pieds. Je me jette contre la porte avec pour seule pensée de la défoncer complètement. Elle craque. Pas au point de s’ouvrir, ça aurait été trop beau, mais elle a craqué. Ce qui veut dire que j’ai réussi l’espace d’un instant à traverser le champ magnétique pour agir sur le métal. Maintenant, je peux parler de progrès.