— Vous avez observé qu’il a grossi dernièrement ?
Jade hocha la tête avec un mélange de conviction et d’inquiétude.
— Oui, je suis même persuadée qu’il n’a jamais été aussi imposant.
La femme à la longue natte rouge posa ses yeux de reptile sur elle, et se détourna du corbeau.
— Ça peut s’expliquer simplement. La douleur est devenue plus forte, moins supportable.
Jade évita les yeux jaune pour poser son regard sur Mayeva qui se tenait sur sa droite, tout près du boudoir où elle était assise. Les yeux gris de la servante étaient comme recouverts d’un voile de désolation. Maîtresse Zadila posa encore ses mains sur le pelage du corbeau, qui émit un petit cri. De ses doigts, elle parcourut le corps de Neven, de haut en bas, avant de lâcher prise pour se tourner vers la reine.
— Pas de quoi s’inquiéter. À l’avenir, il faudra juste surveiller. Comment il se porte, comment il agit. Vous avez quelqu’un au palais qui s’y connait en dolma ?
La reine d’Indeya hésita, fixant le plafond d’un air pensif.
— Je ne saurai dire. Il s’agit d’une manifestation du Chaos, donc sans doute que Madame Ren en sait quelque chose, mais je crains que ce ne soit pas sa spécialité. En tout cas, pas comme cela l’est pour vous.
— Si nécessaire, vous faites parvenir une missive au roi de Galvin. Je ferai le voyage. Le dolma doit être examiné une fois par an.
— Très bien, acquiesça Jade, avant de capter le regard étrange. Mais dites-moi, quels sont les risques pour le dolma, ou pour son propriétaire ?
— Si le dolma grossit trop et trop vite, ça indique une perte de contrôle du propriétaire. Ça peut se répercuter sur la santé du propriétaire mais aussi sur le dolma. J’ai vu quelques cas de dolma qui devenaient fous et se retournaient contre leur propriétaire pour les détruire, mais c’est très rare. Sinon, il y a le risque que le dolma devienne tellement puissant qu’il prenne une autre forme, mais ça c’est qu’une légende à ce jour.
Les yeux de Jade fixèrent le reflet du miroir, hagards.
— Être dévoré par sa propre souffrance… murmura-t-elle.
Zadila ne répondit pas. Elle s’éloigna simplement et s’apprêtait à quitter la pièce quand elle sembla se souvenir d’un détail.
— Mais rassurez-vous. Toutes ces complications, c’est rarissime. On en parle que dans les livres. Quionn Senti y a consacré quelques paragraphes dans un de ses ouvrages, et quelques auteurs du Nihil ont participé à répandre la légende, mais c’est tout. À ce stade, c’est juste ça : une légende.
— Je vois, répondit Jade les lèvres serrées. J’espère sincèrement que vous avez raison, Zadila.
— Moi aussi.
Quelques coups discrets retentirent contre la porte, et après l’invitation de la reine, les battants s’ouvrirent sur Orme et Fræne vêtus de leur habituelle tunique pourpre. Jade les accueillit dans un sourire las.
— Pour le reste, je vous laisse avec les médecins, annonça Zadila, ses prunelles de reptile se posant sur les nouveaux venus.
— Merci pour votre aide, Zadila. Je vous souhaite bon voyage, à vous et au roi Amalric de Galvin.
La Chuchoteuse ne répondit pas, au lieu de cela, elle se glissa derrière les médecins, fermant le battant de bois rouge derrière elle.
La reine d’Indeya croisa les prunelles sombres de Mayeva, et accepta sa main tendue. Elle se laissa guider jusqu’au lit et s’y allongea avec langueur. Elle observa les deux médecins qui s’approchaient d’elle avec une douceur et une précaution évidentes.
— Oh, par pitié, enlevez ces excuses insensées de votre regard.
Orme et Fræne baissèrent la tête, vaincus, et débutèrent l’examen de la reine et de son futur héritier.
***
L’audience de la salle du trône se préparait au-dessus de sa tête, dans le grand hall du Palais des Lumières. La reine Diane était convoquée devant le roi d’Indeya pour être auditionnée sur les actes de torture et d’assassinat perpétrés contre le Général Ighnar. Jade avait été invitée à siéger aux côtés du roi Christian durant l’interrogatoire, qui était par ailleurs accessible au public. La nouvelle reine d’Indeya n’avait pas eu le cœur à refuser une telle preuve de confiance.
Il ne subsistait aucun doute sur la présence des membres de la Table des Dix, qui voudraient sans nul doute obtenir des réponses à leurs interrogations avant de repartir pour leurs terres respectives.
Cependant, une ombre, une incertitude planait sur la perspective de cette audience et étouffait l’esprit de Jade, bien qu’elle ne puisse tout à fait l’identifier. La conscience, bien enfouie au plus profond de ses entrailles, qu’il manquait une pièce capitale qui permettrait de terminer le jeu, et qu’elle ne savait ni trouver, ni utiliser. Pour oublier, elle avait pris la décision de descendre dans les sous-sols et rendre visite à Uriah, pour ce qui serait peut-être la dernière fois.
En arrivant dans le couloir creusé dans la roche et éclairé par de maigres torches, la reine d’Indeya fut surprise de trouver la porte de la chambre du jeune homme déjà entrouverte. Elle se faufila discrètement dans la petite pièce, non sans avoir au préalable jeté un œil furtif des deux côtés du corridor. Non surprise de découvrir Jeanne au chevet du garçon, elle ne put retenir une inspiration de surprise lorsqu’elle remarqua la présence d’un vieil homme aux yeux pétillants qui se tenait droit, non loin du petit lit.
— Maître Cujas, l’appela-t-elle, sa voix partagée entre l’étonnement et la malice. Quel plaisir de vous voir ici. Vous n’êtes donc plus prisonnier de la reine Diane, à ce que je vois.
— Le plaisir est partagé, princesse, répondit l’ancien précepteur dans un rictus énigmatique. Et pour vous répondre, le Premier ministre d’Indeya a jugé bon de m’octroyer une suite personnelle après la révélation de ma captivité à la Table des Dix.
— Une bien sage décision, commenta Jade dans un sourire en coin. Je demande comment la reine Diane a pu espérer que votre captivité demeurerait secrète.
— Je pense que ce n’était pas là sa plus grande crainte, intervint Jeanne d’un ton assuré. Elle n’a pas eu besoin de se servir du Léopard Blanc pour faire pression sur vous, et alors la présence d’Emile Cujas ne lui était plus utile. Cela ne participe certes pas à redorer son image, mais…
Le visage de Cujas s’assombrit soudain, donnant presque une teinte grisâtre à ses cheveux et à sa barbe resplendissantes.
— Plus rien ne pourra redorer son image, à présent. Il ne reste plus rien.
Jade baissa les yeux à son tour, tandis que Jeanne observait ses deux interlocuteurs alternativement, les sourcils froncés. Puis, elle hocha la tête sombrement.
— Je le crains. Les accusations qui pèsent désormais sur elle ne laissent que peu d’espoir quant à une potentielle rédemption, en effet.
Un étrange sourire, mélancolique et acide, tordit les lèvres roses de la reine, telle une petite victoire amère. Une fois le silence de retour, Jade se dirigea lentement vers le lit et lorsque ses yeux tombèrent sur le visage bouffi, craquelé de cicatrices, les paupières closes et gonflées d’Uriah, son rictus s’évanouit instantanément. Avec un regard entendu échangé avec l’Intendante du Palais, elle s’installa à son tour au chevet du petit lit.
Uriah tressaillit à l’entente du mouvement de tissu près de lui, les sens en alerte. Sa tête appuyée contre le mur vierge bougea imperceptiblement, et ses lèvres sèches s’ouvrirent.
— Panthère… Noire… murmura-t-il.
Jade sourit, et après avoir recueilli l’avis silencieux de Jeanne, elle tendit lentement une main.
— Oui, Uriah. Je suis là.
La respiration du garçon se fit sifflante, et il se mit à gigoter, jusqu’à ce que la main froide de Jade se pose sur son avant-bras.
— Vous… Vous êtes… libre ?
Un sourire attendri anima les lèvres roses, et Jade raffermit doucement sa prise sur le bras d’Uriah.
— Oui, Uriah. Jusqu’au départ des invités diplomatiques, et avant ma possible condamnation par la Justice d’Indeya, je demeure libre.
— Et… Et…
— Et toi aussi, Uriah, compléta Jade, son ton toujours caressant.
— Il n’y aura pas de procès dirigé contre toi, ajouta Jeanne sans une once d’hésitation. J’y veillerai. Je te donne ma parole.
— C’est… C’est vrai ? s’exclama Uriah, manquant de s’étrangler en retenant une quinte de toux.
Jade jeta un regard ahuri par-dessus son épaule, et lorsque ses yeux émeraude croisèrent les prunelles brillantes de détermination de Jeanne, son rictus se fit taquin.
— Êtes-vous en train d’abandonner votre impartialité, Intendante du Palais ?
Les épaules de Jeanne se tendirent, avant qu’elle ne secoue la tête.
— Absolument pas. Cela relève simplement de l’évidence. La Justice d’Indeya ne se fera pas le bourreau d’un enfant de quatorze ans, qui plus est lorsqu’il se trouve dans un état de santé aussi fragile. Le roi Christian a plusieurs fois répété qu’il ne poursuivrait pas Uriah. C’est une règle fondamentale en Indeya.
La reine acquiesça, la tête penchée, l’air pensif, avant de reporter son attention sur le jeune homme.
— Tu vois, Uriah, tu n’as pas à t’inquiéter. Tu n’auras pas de problème lié au fait que tu as fait partie des Panthères. Le Royaume d’Indeya veillera à ce que tu guérisses complètement, tu seras toujours le bienvenu ici.
Soudain, la main entourée de bandages, qui semblaient enfin propres et secs, saisit la main de la reine dans une poigne ferme, désespérée.
— Je… Je veux… pas… Ospales… Plus jamais !
Un voile sombre recouvrit les yeux de la Panthère Noire.
— Je le sais, Uriah. Je sais. Sois-en assuré : tu n’y retourneras jamais.
Sa voix semblait alors être destinée à nul autre qu’au vide.
— Et moi non plus, souffla-t-elle.
À ces mots, le garçon parut se détendre, et sa tête se reposa contre le mur. Une respiration saccadée s’échappait encore de ses lèvres rougies, mais un calme relatif paraissaient l’avoir enveloppé à nouveau. Ses longues expirations laissaient presque croire qu’il avait cédé de nouveau sommeil. Sa main glissa lentement de celle de Jade, et cette dernière se tourna vers l’Intendante du Palais, les sourcils froncés d’inquiétude.
— Comment va-t-il ? Qu’ont dit les médecins du Palais des Lumières ? Guérira-t-il au moins un jour ?
L’éclat obscur qui traversa les yeux noisette de Jeanne fut un indice éloquent, mais cette dernière répondit tout de même d’une voix éteinte.
— Mise à part sa vue, il semblerait que ses blessures physiques ne seront pas à l’origine de séquelles à vie. Il gardera toujours des cicatrices, sans nul doute, mais ses blessures devraient guérir un jour, même si ce ne sera pas avant plusieurs mois. Et…
Elle s’interrompit, sa voix soudain rouillée, comme si encombrée par des déchets dont elle voulait se débarrasser.
— S’agissant des séquelles psychologiques, en revanche, j’ai peur que… Il n’en guérisse jamais.
— Les séquelles psychologiques… murmura Jade, posant ses yeux assombris sur Uriah. Quelles sont-elles ?
— Selon Fræne, sa mémoire est profondément affectée. Une grande partie de ce qu’il a vécu dans les cachots des Ospales demeure confuse et à jour impossible à reconstituer. C’est comme s’il s’agissait de rêves et de cauchemars qui s’entremêlent, sans queue ni tête. Ses déclarations sont contradictoires et parfaitement dénuées de sens.
— Je crois qu’il vaut mieux, pour lui et pour nous, qu’il ne se souvienne pas de ses tourments… déclara Cujas, l’air absent.
La Panthère Noire partagea un regard désemparé avec son Léopard Blanc, tandis que Jeanne secouait la tête, contrariée.
— Je suis bien d’accord avec vous. Cependant, cela peut représenter une difficulté. Si, cet après-midi, la reine Diane appelle Uriah comme témoin et qu’il est requis de raconter ce qu’il a vu, ses déclarations pourront décrédibiliser notre cause. Le roi Christian est un homme sage et logique, aussi, même s’il s’agit de la reine Diane, il ne pourra l’inculper sur la base de déclarations insensées.
— Et cela me semble on ne peut plus juste, renchérit Jade, ses yeux toujours fixés sur la forme allongée d’Uriah. Ne vous inquiétez pas, Intendante du Palais. Si le témoignage d’Uriah ne peut être exploité, nous pourrons toujours compter sur celui de la reine Katherine.
Une fine grimace déforma les lèvres fines de Jeanne.
— Si le roi Christian et le public acceptent les paroles d’un tableau en guise de témoin. Nous ignorons encore tout de ce phénomène magique, et même son auteure ne semble pas en connaître les tenants et aboutissants.
Jade poussa un soupir à peine audible, tandis qu’elle posait une main sur le front inanimé d’Uriah.
— J’en ai bien conscience. Néanmoins, Katherine est le seul témoin dont je dispose. Je n’ai pas le choix. Le Premier Ministre m’a promis qu’il m’aiderait à faire accepter la présence du tableau.
Jeanne hocha la tête lentement, l’air pensif.
— Si le Premier ministre vous l’a affirmé, alors il tiendra promesse. Heureusement que nous pouvons compter sur les déclarations du… spectre de la reine Katherine. Seules, les déclarations d’Uriah pourraient parfaitement ridiculiser l’accusation que nous portons contre la reine Diane.
— Ce n’est pas vraiment une accusation dirigée contre la reine Diane, remarqua Cujas d’une voix lointaine. Le royaume d’Indeya ne peut rien reprocher à la reine Diane puisqu’elle n’est pas celle qui a porté le poignard contre le Général Ighnar.
— Oui, officiellement, concéda Jeanne, les sourcils froncés, la reine Diane est auditionnée en tant que complice d’Esma et afin qu’elle nous donne plus d’informations sur cette dernière. Mais officieusement, le roi et le Premier ministre sont bien conscients qu’elle est la réelle responsable de l’assassinat d’Ighnar.
— Cela m’étonnerait que la reine Diane accepte de délivrer ne serait-ce qu’une seule information sur Esma, objecta Jade, les lèvres serrées. Pour une raison que j’ignore, elle semble la protéger.
— Esma… Diane…
Emile Cujas, l’Intendante du Palais et la reine d’Indeya se figèrent, et leur regard fusa vers le garçon allongé qui se redressait difficilement, parlant d’une voix pâteuse, enrouée.
— C’est… les mêmes… Esma… existe… pas.
Jade ouvrit de grands yeux avant de s’avancer vers le jeune homme qui se tenait désormais assis, la tête appuyée contre le mur et la respiration fuyante.
— Esma n’existe pas ? Que veux-tu dire, Uriah ? murmura-t-elle.
— N’y faites pas attention, Votre Majesté, retentit la voix de Jeanne derrière elle, plus proche qu’auparavant. Sa mémoire est confuse. Il reste encore persuadé que Diane et Esma sont une seule et même personne. Cela n’a aucun sens. Vous l’avez vu vous-même : vous vous êtes retrouvée face à la reine Diane, accompagnée d’Esma.
— La torture provoque ces problèmes de mémoire et ces épisodes de folie, acquiesça Cujas, un éclat sombre traversant ses yeux bleu clair.
Jade observa à tour de rôle l’Intendante du Palais et son ancien précepteur, qui partageaient un regard désolé, désespéré. Elle reporta son attention sur Uriah.
Soudain, ce dernier tendit une main et vint capturer celle de la reine d’Indeya dans une poigne presque violente, inattendue.
— Panthère… Noire… écoutez… grommela-t-il avec difficulté. J’vous… est-ce que… j’vous ai… déjà… menti ?
Interdite, Jade rendit son étreinte aux doigts frêles d’Uriah.
— Non, jamais, Uriah. Jamais.
— S’vous plait… croyez… moi.
— Je te crois, Uriah.
— Votre Majesté, répéta Jeanne, la voix brisée. Je vous en conjure, n’écoutez pas ce qu’il dit. Il pense détenir la vérité, mais…
— Le Chaos… reprit Uriah, sa voix devenue un gargouillis inhumain. J’sens…
— Que sens-tu, Uriah ? demanda Jade, un espoir fou tremblant dans sa voix.
— Son… Chaos… Je le… sens. Esma… Diane… Le Chaos… C’est le… même.
— Cela me semble plutôt logique, répliqua Jeanne. Elles sont très similaires, elles partagent les mêmes intérêts, les mêmes motivations, et…
— Non ! cria soudain Uriah, dans un sanglot étouffé. Comprends… pas. L’énergie… La magie… Le Chaos… C’est la… même.
— Alors, Esma posséderait la magie du Chaos ? s’interrogea Cujas, comme pour lui-même.
— Sans doute, reconnut Jade. Mais la reine Diane ne possède pas la magie, de cela, j’en suis persuadée.
— Un jour… j’sais pas… quand…
Tous se turent pour tenter de comprendre les murmures saccadés d’Uriah.
— Esma… est… v’nue. Ici. Ren était… pas là. Esma, j’ai… r’connu… sa voix. Joie… folie. J’sais pas, j’ai…
Il se mit à trembler de manière incontrôlable, une lueur triste traversa le regard de Jade et sans réfléchir, elle s’assit sur le coin du lit et appliqua une main froide sur le front d’Uriah. Ses tressautements se calmèrent, mais sa voix demeura embrouillée de larmes tues.
— Paniqué… si peur… dégoût. J’voulais… vomir. Elle… rigolait. Le… monstre. Elle s’est… penchée sur… moi. Ses ch’veux... Ils m’ont… caressé… Ça f’sait juste…
Sa gorge se gonfla soudain, et il sembla ravaler un hoquet.
— Mal.
— Je suis désolée, Uriah, chuchota Jade. Que s’est-il passé ensuite ?
— Votre Majesté, intervint Jeanne. Ce n’est probablement qu’un rêve ou une hallucination qu’il est en train de vous raconter. Nous ferions mieux de le laisser se reposer.
— Je le sais, Jeanne, répondit Jade d’un ton ferme. Mais je souhaite tout de même l’écouter. Je t’en prie, Uriah, continue.
Et Uriah reprit, la voix brisée.
— Après, elle… a dit… « Tu… Tu pleures ? C’est… dommage ». Et elle… elle… a touché mes ch’veux… passé sa main d’dans. Elle a touché des… mèches… pour les étaler… sur mon… front. J’me suis débattu… Elle a juste… rigolé. J’ai appelé… à l’aide… Quand Ren est… arrivée, Esma… plus là.
Le garçon prit une inspiration profonde, découpée en mille morceaux, et Jade opina du chef avec une lenteur hypnotique, les yeux hagards. Jeanne s’approcha alors et s’assit aux côtés de la reine. Sans un mot, elle aida Uriah à se recoucher et apposa la fine couverture de lin sur le corps tremblant, le regard voilé.
Puis, la reine d’Indeya se leva d’un mouvement décidé, déterminé. Sans hésitation, elle marcha pour aller se planter devant son ancien précepteur.
— Maître Cujas, que ferez-vous une fois l’audience terminée et tous les souverains rentrés dans leur royaume ? demanda-t-elle d’une voix douce.
— Ma foi, répondit-il dans un sourire lunaire, si Indeya ne projette pas de m’inculper pour mon rôle de Léopard Blanc, je m’en irais continuer mon œuvre insensée, je crois ?
— Vous ne pouvez pas retourner en Ospales, chuchota Jade. Pas tant que la reine Diane est au pouvoir.
Le sourire de Cujas s’élargit et devint plus insaisissable encore. Puis, il prit la main gauche de la reine entre ses doigts rachitiques et la porta contre ses lèvres. Dans une petite courbette, il baisa la main de son ancienne élève et complice de résistance.
— Je le sais, princesse, minauda-t-il. Ne vous en faites pas pour moi. Où que je sois, je trouverai le moyen de vous servir, Panthère Noire. Toujours.
La reine d’Indeya lui rendit son rictus et retira sa main de son étreinte.
— Je n’en ai jamais douté, Léopard Blanc.
Et Jade se détourna de son précepteur, comme à regret, pour se diriger vers la porte. La voix interrogative de l’Intendante du Palais la stoppa dans son élan.
— Votre Majesté, si cela n’est pas indiscret, où allez-vous ? L’audience va bientôt commencer, et…
— Ne craignez rien, Intendante du Palais, répondit Jade, sa voix lourde de non-dits. Je serai bien présente pour assister à l’audition de la reine Diane. Mais entre-temps, il y a quelque chose que je dois vérifier… Et quelqu’un que je vois voir. Si vous voulez bien m’excuser.
Sans se retourner, la reine d’Indeya franchit le pas de la porte et disparut dans le couloir plongé dans l’obscurité.
Je suis assez étonné qu'on passe du chapitre précédent à celui-ci sans transition, sans qu'aucune mention soit fait à l'évènement assez extraordinaire qui a eu lieu à la Table avec les dieux, comme si ça n'était qu'une parenthèse.
Sinon, j'ai beaucoup aimé ce chapitre. Uriah semble vouloir dire des choses importants, et l'insistance de Jeanne à vouloir le faire taire me paraît un peu suspecte. Je me fais peut-être des idées mais j'ai la sensation qu'elle pourrait ne pas être aussi blanche que ça...
L'audition à venir de Diane va être super intéressante. C'est sympa de voir déjà les premiers calculs et stratégies se mettre en place, qui seront les témoins etc... Je suis très curieux de la stratégie de défense que va choisir Didi (=
Un plaisir cette séance de lecture, surtout que ça faisait un bout de temps^^
A bientôt !
Alors j'avoue que pour le fait que les évènements passés ne soient pas mentionnés, moi j'avais pensé ces scènes comme se déroulant au moins un jour après les évènements du chapitre d'avant et que donc les discussions auraient eu lieu entre temps mais je les passe juste sous silence, parce qu'après tout le lecteur a assisté à tout x) Mais peut-être que je devrais en parler sous forme d'ellipse pour rendre la chose plus claire je ne sais pas !
Ahah, j'adore ta méfiance vis à vis de Jeanne, c'est rigolo la manie qu'ont les gens de se méfier des gens les plus gentils (ce n'est pas que toi, je me souviens de beaucoup qui se méfiaient d'elle mais aussi de Juliette qui était "trop gentille" apparemment) xD J'avoue ça m'amuse beaucoup ! Je te laisse découvrir si tes soupçons sont justifiés.
Effectivement, tu peux avoir hâte de l'audition de Diane ! Elle ne vient pas immédiatement, mais elle va venir évidemment x)
Merci beaucoup pour tous ces commentaires que tu m'as laissés, t'étais vraiment motivé cette semaine et c'est beaucoup trop adorable !
Je reviens bientôt sur l'ADD moi ;)
En attendant, bisous !
eheh oui, j'ai un peu tendance à me méfier de tout le monde (notamment depuis que j'ai lu les Princes Liés d'Isapass ^^), ne jamais baisser sa garde !
Oui, ça faisait longtemps que je n'avais plus autant lu^^ C'était l'occasion avant le début de mon stage.
A bientôt (=
Merci beaucoup pour ta lecture en tout cas !
Et je te souhaite un bon stage :) (C'est où au fait ton stage ? Fin c'est pas trop l'endroit pour demander mais je suis curieuse ahah)
A bientôt ;)
Il y a pas d'endroits pour discuter xD
D'accord ça m'a l'air super intéressant ! J'espère que tu apprendras beaucoup et que ça te plaira ;)
Oui, j'espère aussi !
"— Absolument pas. Cela relève simplement de l’évidence. La Justice d’Indeya ne se fera pas le bourreau d’un enfant de quatorze ans, qui plus est lorsqu’il se trouve dans un état de santé aussi fragile. Le roi Christian a plusieurs fois répété qu’il ne poursuivrait pas Uriah. C’est une règle fondamentale en Indeya." merci pour lui <3
" Tu n’auras pas de problème lié au fait que tu as fait partie des Panthères." aies* plutôt que as* , non ?
"Soudain, la main entourée de bandages, qui semblaient enfin propres et secs, saisit la main de la reine dans une poigne ferme, désespérée." suggestion pour éviter la rep. de main : saisit celle* de la reine...
"Une respiration saccadée s’échappait encore de ses lèvres rougies, mais un calme relatif paraissaient l’avoir enveloppé à nouveau. " paraissait*, non ?
"— S’agissant des séquelles psychologiques, en revanche, j’ai peur que… Il n’en guérisse jamais." Triste, mais logique ;-;
Elle va voir qui ? Diane ? Gina ? J'ai bien d'autres personnes en tête, comme Marina, mais je me demande ce qu'elle compte faire. J'ai hâte de voir la suite. Pauvre Uriah ;-; Il me fend le coeur.
Oui le pauvre Uriah... :/ Heureusement qu'en plus de tout ce qu'il vit il n'a pas à gérer un procès contre lui xD J'aime l'injustice (non) mais j'ai mes propres limites lol.
"aies* plutôt que as* , non ?" --> Et non, dans ce cas je suis à peu près sûre qu'on conjugue au présent et pas au subjonctif, on est sur un fait connu et pas hypothétique ;)
Merci pour tes p'tites notes je vais corriger ça !
Ahah j'adore tes théories sur toutes les personnes que Jade pourrait aller voir xD En vrai, elle aurait une bonne raison d'aller voir toutes celles que tu cites, mais non, celle qu'elle va aller voir n'est pas dans la liste héhé :P Je te laisse découvrir ça par la suite ;)
Merci pour ton commentaire tout mignon, à tout bientôt <3